10 du mat' numero 3 20012016

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Les salafistes traqués sur la toile p.3 La place de la religion dans les médias p.6 La main de Dieu devenue réalité p.7 www.10dumat.iscpalyon.com Actualité, analyse et dérision, tout sur les religions à Lyon PROMOTION 2015 / 2016 - ISCPA - J3 - MERCREDI 20 JANVIER 2016 N° 3 JUIFS DE FRANCE : UN AVENIR MOSSAD

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Découvrez le numéro 3 du 10duMat réalisé par les étudiants en spécialisation presse écrite de l'ISCPA Lyon.

Transcript of 10 du mat' numero 3 20012016

Les salafistes traqués sur la toile p.3

La place de la religion dans les médias p.6

La main de Dieu devenue réalité p.7

www.10dumat.iscpalyon.com

Actualité, analyse et dérision, tout sur les religions à LyonPR

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JUIFS DE FRANCE : UN AVENIR

MOSSAD

EDITOPaul Dalasrédacteur

Estimées lectrices, estimés lecteurs,

Depuis trois jours nous vous proposons ce canard qui, toute la rédaction l’espère, vous informe, vous fait sourire, vous

indigne et vous soutire, à la lecture de certains titres, un rire jaune voire moutarde. Hier, pendant que ce journal était distribué dans les couloirs du campus René Cassin, une jeune fille l’a refusé avec comme explication : « Ah mais moi, je musulmane ». Que sous-entendait cette étudiante ? Que de par sa confession, l’actualité ou le traitement de ques-tions de fond sur les religions ne la concernait pas ? Qu’elle ne voulait rien lire qui puisse s’attaquer à sa propre religion ? Ou simplement a-t-elle voulu nous signifier sa fierté d’appartenir à une commu-nauté, nous considérant ainsi comme ses détrac-teurs ? Peu importe la réponse, cette jeune fille a renvoyé la rédaction du 10 du mat’ à se question-ner sur ses intentions.

L’ambition de ce quotidien est justement de ne s’in-terdire le traitement d’aucun sujet et d’apporter un regard critique sur l’un des thèmes le plus clivant de notre société. Il faut débrider les conversations, chercher à ouvrir le débat et avoir le courage de ne pas rester campé sur ses positions. Pour y arri-ver peut-être avons nous besoin de provoquer, car nous avons toujours eu besoin de provocateurs, la religion, aujourd’hui, plus que jamais.

Le monde des religions

La Gambie du califatAprès avoir changé la langue officielle, passant de l’anglais à l’arabe en mars 2014 puis proclamé la Gambie comme étant un « Etat islamique » en décembre 2015, le chef d’Etat gambien Yahya Jammeh a déclaré le voile obligatoire dans les administrations publiques.

C’est un nouveau cap que vient de franchir le dictateur Yahya Jammeh. Afin de se rapprocher des pays arabes, le président, qui dirige le pays depuis son coup d’Etat en 1994, a décidé de rendre le voile obliga-toire dans les administrations publiques, et ce même si les fonctionnaires ne sont pas musulmanes. Une

décision jugée « inconstitutionnelle » et « illégale » par Ousainou Darboe, secrétaire général du Parti démocrate uni, principale force d’opposition dans ce pays de 2 millions d’habitants, composé à 90% de musulmans. Une décision qui interpelle dans la région puisque la communauté économique des Etats d’Afrique de l’ouest (Cédéao) avait conseillé aux Etats africains l’interdiction du port du voile intégral, en réaction aux multiples attaques du groupe terroriste Boko Haram, lors desquelles des femmes kamikazes portaient des ceintures explosives sous leur voile. La République du Congo a été le premier pays à prendre cette initiative en mai 2015, avant que le Tchad, le Cameroun et le Niger ne lui emboîtent le pas. Pour Bénédicte Jeannerod, directrice France de Human Rights Watch, « cette mesure s’ajoute au mille-feuille de décrets violant les droits de l’homme, pesant sur la société civile, et visant à harceler les minorités religieuses du pays ».

Nouveau :les

kippastichesC’est une tendance qui prend de plus en

plus d’ampleur : la kippa en cheveux. Au premier abord, plutôt rebutant, le

concept fait, malgré tout, son chemin depuis six mois avec la recrudescence des actes antisé-mites en Europe et en Israël. Le coiffeur Shalom Koresh est à l’initiative de ce drôle de couvre-chef, presque indiscernable sur la tête. « Depuis les événements en France, j’ai reçu encore plus de mails réclamant des kippas, donc mes ventes vont décoller », assurait-il au Huffington Post. À base de cheveux synthétiques ou naturels, les clients peuvent choisir parmi une gamme de couleur et d’épaisseur de cheveux. Mais la kippa discrète a un prix : comptez entre 50 et 70 euros pour ces kippas d’un nouveau genre, contre 5 euros pour une kippa classique.

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Une bénédiction pour les bêtes

À l’occasion de la fête de Saint Antoine Le Grand, le prêtre Denis Richard a proposé, pour la première fois à Angers, une bé-

nédiction pour les animaux. Dimanche midi, plu-sieurs dizaines de personnes se sont pressées sur le parvis de l’église Sainte-Bernadette ac-compagnées de leurs animaux de compagnie en tout genre : chiens, chats, poissons emmenés à même le bocal, mais aussi des chiens d’aveugle. Tous ont défilé devant le bénitier pour recevoir l’onction.

Provoquer n’est pas jugé

Directrice de la publicationIsabelle DumasDirecteur de la rédactionClaire PourprixRédacteur en chefDavid HernandezRédacteursAxel Poulain, Lilian Gaubert, Laura Turc, Florentin Perrier, Maxime Feuillet, Leo Roynette, Léa Masseguin, Charline Bakowski, Hugo Borrel, Charlène Ravella, Pierre-Antoine Barrut, Arnaud Bastion, Johanne-Eva Desvages, Paul Dalas, Stéphane Monier, Morgan Couturier.

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Pour réagir et approfondir la lecture

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77%samedi dernier. À l’origine de cette liste de noms, l’archevêque Mgr Peter Sartain, qui, « dans un but de transparence », a voulu révéler les coupables ayant exercé dans son diocèse de 1920 à 2008. C’est d’ail-leurs 580 000 dollars (532 500 €) qui ont été dépensés par le diocèse depuis dix ans pour les soins et l’accompagnement des victimes.

c’est le nombre de prêtres et religieux coupables d’abus sexuels sur mineurs qui ont

été dénoncés par le diocèse américain de Seattle,

Actualité

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Johanne Eva Desvages

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« la priorité c’est déja’ de sortir de cette vision qu’on a que les mosquées sont des sources de radicalisation »

Pour contrer la prolifération de sites internet salafistes, plusieurs imams et associations musulmanes françaises travaillent à la création de sites web prônant un discours plus modéré pour tenter de ramener les fidèles sur le droit chemin. À Lyon, les mosquées et associations tentent tant bien que mal de lutter contre cette cyber-radicalisation.

I ls sont plusieurs à vouloir en découdre avec les sites salafistes. Les actuels ou anciens imams de Valence, Montpellier et Bordeaux, Tareq Oubrou, Abdallah

Dliouah et Farid Darouf ont pour projet commun la créa-tion de sites internet pour lutter contre les sites web salafistes. Une idée qui a reçu le soutien de la région lyonnaise. Leur priorité est de mettre en ligne un dis-cours modéré, tout en proposant une plateforme de dis-cussion afin de répondre aux questions des fidèles. Le président du Conseil régional du culte musulman (CRCM) de la région Rhône-Alpes, Laid Bendidi, l’assure, des mesures similaires ont déjà été mises en place à Lyon. « Nos imams se spécialisent dans la création de comptes Facebook et de blogs ». Désormais, le site internet du CRCM est utilisé « contre le radicalisme, alors que ce n’était pas le but à sa création ».

Mais pour d’autres imams de Lyon, la création de sites similaires n’est pas envisageable: « on nous en de-mande déjà trop, il faut lutter contre la radicalisation, ouvrir nos por tes (…). On est très sollicités et on es-saie de faire ce qu’on peut », s’alarme Kamel Kabtane, recteur de la Grande mosquée de Lyon. De plus, « nous n’avons pas les moyens humains pour ça. Il faudrait avoir des personnes compétentes qui restent derrière l’ordinateur toute la journée pour s’occuper du site ». Selon Laid Bendidi, le problème est sur tout financier, car « on utilise Facebook et les blogs » par manque d’argent, alors que les salafistes sont mieux référencés et peuvent avoir plus d’impact. Mais pour le recteur de la Grande mosquée de Lyon, « la priorité c’est déjà de sor tir de cette vision qu’on a que les mosquées sont des sources de radicalisation ».

Il y a encore quelques décennies, le salafisme représentait la forme originelle de l’islam, « mais dans la connotation actuelle c’est une doctrine très rigoriste », indique Laid Bendidi. « Les femmes ne peuvent pas conduire, ni saluer une autre femme dans la rue etc. ». Le salafisme rejette également toutes les fêtes, musulmanes ou non. Et le débat est plus que jamais présent sur le web. En tapant dans la barre de recherche Google « anniversaire islam », on tombe immédiatement sur un forum où certaines réactions vont même jusqu’à interdire de fêter « mawlid », qui célèbre la naissance du prophète.

La chef de l’Etat major du département du Rhône, Sylvie Ruer, que nous avons contactée, n’a pas souhaité répondre à nos questions. Difficile de connaître le nombre exact de sites salafistes accessibles sur internet ni le pourcentage de personnes qui se seraient radicalisées par le biais de ces sites. Beaucoup se créent et disparaissent régulièrement. En 2014, le site mon-islam.com, alors premier réseau social musulman de France, avait beaucoup fait parler de lui après la publication de centaines de vidéos soutenant les jihadistes au Mali et en Syrie, ce qui a conduit à sa suppression défi-nitive.

Et du salafisme au jihadisme, il n’y a qu’un pas. « Non seu-lement les salafistes sont dangereux pour nous les musul-mans mais ils sont aussi dangereux pour toute la société, ils refusent le dialogue avec les autres religions », indique le président du CRCM. Et pour contrer la radicalisation, il orga-nise de nombreuses conférences et séminaires. Laid Bendidi a également présenté au préfet du Rhône différentes idées telles que dispenser dans les mosquées des cours de langue arabe jusqu’à l’âge de 18 ans au lieu de 14 ans ou encore donner davantage de responsabilités à la femme au sein des mosquées et associations.

Les mosquées se mettent au web pour lutter contre les salafistes

Kamel Kabtane, recteur de la Grande

mosquée de Lyon

Le recteur de la Grande mosquée de Lyon s’implique dans le projet © mosquee-lyon.org

Le dossier

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Depuis l’attaque de l’Hyper Cacher et à la demande du président israélien, Benyamin Netanyahou, des milliers de juifs français se lancent dans un exode vers l’Israël. La communauté israélite lyonnaise n’est pas épargnée, elle qui trouve dans la Terre sainte, un moyen de s’épanouir et d’échapper aux per-sécutions.

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Léa Masseguin Morgan Couturier

Àl’ouest rien de nouveau. L’antisémi-tisme y a pris racine, pour se déve-lopper au rythme des moqueries, des

quolibets, devenant au passage la cible privilé-giée des terroristes, amateurs depuis deux ans des terres occidentales. Lassée, découragée, la communauté juive s’est donc (re)tournée vers sa terre sacrée : Israël. En plein boom depuis les attaques de Mohammed Merah ou de l’Hy-per Cacher, l’alyah (l’immigration en Terre sainte, en hébreux), a trouvé écho auprès de Benya-min Netanyahou, lequel appelait, au lendemain des attentats de Copenhague et un mois après la prise d’otage parisienne, « tous les juifs d’Eu-rope » à revenir dans leur « foyer ». « Je le dis Israël vous attend les bras ouverts », annonçait-il en pleine période électorale. L’idée a suivi son cours, faisant du millésime 2015 l’un des plus exponentiels en terme de départ. En effet, sur le sol français, près de 8 000 juifs ont pris la décision de prendre leur envol en 2015 (contre 2 000 entre 2002 et 2012), soit 800 personnes de plus que l’année précédente. Un exode massif donc, expliqué par un certain mal de vivre.

« Israël est une démocratie où il fait bon vivre »« Israël est un pays jeune, c’est une démo-cratie, où il fait bon vivre, présente Richard Wertenschlag, le grand rabbin de Lyon. Les

jeunes voient plus d’avenir là-bas, il y a beau-coup d’avancées dans tous les domaines. Outre la peur, nous souffrons également d’une grande intolérance de plus en plus réelle de la part des universités françaises. Les élèves ne peuvent plus composer. Soit on fait une pression pour qu’ils renoncent à la pratique du judaïsme, soit ils sont obligés de partir. En France, on est en train de découvrir un problème et on n’a pas encore les solutions adéquates. C’est normal, quand on est dans un pays où on se sent en danger, on part. »

400 juifs quittent Lyon chaque annéeDu propre aveu du grand rabbin de Lyon, la com-munauté lyonnaise de 30 000 adeptes s’oriente alors vers cet eldorado israélite. La protection militaire, imposée devant les synagogues, n’a pas freiné le mouvement. Et chaque année, c’est plus de 400 juifs de la Métropole de Lyon, qui viennent lui réclamer le certificat de judaïcité, ce fameux sésame pour un retour « au pays ». Parmi eux, des jeunes essentiellement : « Sur les deux dernières années, j’ai vu 160 enfants mineurs partir, poursuit Richard Wertenschlag. Mais il y a de tout. Il y a aussi des gens que l’on ne voit ja-mais dans les synagogues. C’est très hétéroclite. On a ainsi des jeunes qui partent en Israël et les anciens les rejoignent. Ou les anciens prennent leur retraite là-bas et finalement les jeunes les

rejoignent. Quand je reçois ces personnes, elles aiment la France, il faut le savoir. Mais, ils ne voient pas leur avenir ici parce que c’est difficile aujourd’hui pour un juif pratiquant de pouvoir travailler en respectant les cultes. Mais ceux qui travaillent pour le vivre-ensemble ne doivent pas se décourager ».

Les juifs ont peur A chaque fois qu’il se rend à la synagogue, Clé-ment, étudiant lyonnais juif, reste sur ses gardes. Il ne porte pas la kippa mais confie devoir ca-cher son collier lorsqu’il se rend dans certains endroits où il craint d’être agressé, insulté, ou tout simplement regardé comme un homme différent : « De voir certaines personnes juives se faire agresser par le simple port d’une kippa me conforte dans le fait que nous devons vivre « cachés » pour ne pas subir de telles atrocités », avoue-t-il. Pour autant, même si beaucoup de personnes de son entourage ont quitté la France, lui, n’envisage pas quitter celle qui l’a « éduqué », « lui a donné du travail » et « le défend du dan-ger ». Mais les actes antisémites se multiplient et Clément, comme le reste de la communauté juive, craint pour son avenir et pour celui de ses enfants. « Aujourd’hui, nous avons le sentiment d’être rejetés. Nous voulons la France, mais si la population française ne veut pas de nous, mal-heureusement nous allons devoir la quitter ».

Israël, la paix promise

Environ 8000 juifs dont 400 à Lyon ont fui la France pour Israël en 2015 ©DR

Vous êtes l’auteur du livre « Pourquoi les juifs quittent la France ».

Quelle est la raison du départ des juifs de l’hexagone ? Quel est leur ressenti aujourd’hui ? Ils partent principalement pour Is-raël, à plus de 80% (le reste part au Canada, aux USA, en Angleterre) et avant tout par sionisme - l’idée que leur pays est Israël mais ils atten-daient d’avoir une vraie motivation pour partir -, mais aussi à cause de la situation économique et sécuri-taire et surtout de l’impression qu’il n’y a pas d’avenir pour eux et

leurs enfants en France. Les juifs de Paris se sentent encore relativement en sécurité mais ne pensent pas que ça va durer. Il existe aussi une minorité qui ne voit pas vraiment de problème.

Selon vous, peut-on parler d’antisémitisme aujourd’hui en France ?Oui, il est concentré surtout dans la communauté musulmane, l’extrême gauche et l’extrême droite. Il se cache souvent derrière un antisio-nisme qui sert juste de cache-sexe.

Dans un entretien avec The Times of Israel, vous avez dé-claré que le départ des juifs était un symptôme d’une crise grave en France. Que vou-lez-vous dire par là ? Si une communauté bien intégrée, plutôt aisée en moyenne et qui se sent française, en vient à quitter le pays, c’est que quelque chose ne

va pas en France. Le pays est à la dérive, entre un Etat à la fois omni-présent et impotent, et des élites qui ont tout fait pour encourager la dé-testation de la culture et de l’identité française, ce qui n’a pas aidé l’inté-gration des immigrés, au contraire.

Vous avez fait votre alyah (le fait d’immigrer en Israël ndlr) il y a presque vingt ans. Cela vous a-t-il été bénéfique ? Pourquoi ? Je suis parti uniquement par sio-nisme, je n’ai presque jamais connu l’antisémitisme et je n’avais aucun problème économique. Je suis juste rentré à ma maison, et je suis très heureux ici, je me sens chez moi, dans mon pays, et pas membre d’une minorité au sein d’une com-munauté nationale plus large. Je me consacre à ce qui m’intéresse, en particulier la politique, et je ne me sens plus énormément concerné par ce qui se passe en France.

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« Quelque chose ne va pas en France »

De plus en plus de juifs (environ 8 000 en 2015) quittent la France pour rejoindre lsraël. Pour quelles raisons fuient-ils l’hexagone ? Les explications de Benyamin Lachkar, auteur du livre « Pourquoi les juifs quittent la France ».

En tant que juifs, envisagez-vous de quitter

la France ?

Binyamin Lachkar ©DR

Shirel : « Non, jamais ! Nous avons peur mais nous nous sentons

relativement en sécurité ».

Rivka : « Dans mon entourage, certains veulent partir car ils ne se sentent pas protégés. Moi, je veux partir, mais pas à cause

des actes antisémites ».

Dina : « Non, car cela donnerait raison aux terroristes. On ne doit

pas se sauver de la France, le pays des droits de l’Homme ».

Nous avons posé la question à trois jeunes Rhonalpines de confession

juive. Avec la montée des actes an-tisémites imaginez-vous partir vivre

en Israël.

Média

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La religion fait-elle encore recette dans les médias ?

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Stéphane Monier Florentin Perrier

Selon une étude publiée par l'institut CSA en 2013, 35 % de la population française se considérait irréligieuse en 2012. Pourtant, dans les différents médias, la thématique de la religion est récurrente et l'audience est (souvent) au rendez-vous.

"La religion est une affaire du dimanche », expliquait l’écrivain allemand, Georg Christoph Lichtenberg. Si ce n’est pas

tout à fait vrai pour les deux autres grands mé-dias (radio et presse écrite), cette missive prend tout son sens dans le l’audiovisuel. En effet, la « petite lucarne » propose bon nombre d’émissions à caractère religieux, presque toutes diffusées le dimanche. Le Jour du Seigneur, diffusée sur France 2, est incontestablement la plus célèbre. Elle est aussi la plus vieille émission de la télévi-sion française à être encore diffusée. Composée d’un magazine, de la messe en direct puis d’un autre magazine d’actualité, la formule plaît. La preuve en est, selon Médiamétrie, « l’audience de l’émission est en augmentation ces trois der-nières années ». L’Église catholique n’a pas l’ex-clusivité de diffusion. Ainsi, les protestants, or-thodoxes, chrétiens orientaux, juifs, bouddhistes et autres musulmans disposent aussi de leur émission respective sur des chaînes spécialisées, qu’elle soit mensuelle ou hebdomadaire.

Pluralisme religieux sur les ondesC’est sur tout à la radio que la pluralité religieuse est la plus impor tante. À titre d’exemple, une messe est diffusée en direct, tous les dimanches de fête, sur les ondes de France Culture. On y trouve également quatre émissions hebdoma-daires pour autant de cultes différents (or tho-doxes, chrétiens, musulmans et protestants). Cependant, c’est RCF (Radio chrétiennes franco-phones) qui est la plus représentative de l’intérêt des Français pour la religion. Ce regroupement représente aujourd’hui 60 radios locales pour environ 300 salariés et dix fois plus de bénévoles. L’audience est colossale : 500 000 personnes se branchent quotidiennement sur RCF, pour 1,3 mil-lion d’auditeurs uniques par semaine. En plus de cela, il existe également des stations réservées exclusivement au culte musulman. Wafa Dahman, directrice et journaliste de Radio Salam, exprime la légitimité de sa radio à parler de religion :

« Notre approche est par ticulière car on maîtrise le sujet. Nous connaissons cette culture ara-bo-musulmane. » Pour tant, la journaliste admet qu’en presse écrite, la religion est aussi un argument marketing : « Dans la presse écrite, on va jouer sur les peurs, on va mettre une Marianne voilée pour vendre plus. » Pas étonnant dans un contexte où le marché de la presse écrite dégringole.

La presse écrite se tourne petit à petit vers le numériqueAlors que toute la PQN (presse quotidienne na-tionale) recule de 9,65 % entre 2011 et 2014, seule La Croix, média se réclamant chrétien et catholique (- 0,47 %), se maintient en termes de vente. Ce dernier est même le huitième quoti-dien (devant Libération) le plus diffusé en 2015,

selon l’OJD (Office de justification de diffusion). Le Pélerin est l’hebdomadaire catholique le plus diffusé avec 176 608 exemplaires en 2015, re-

présentant une baisse de 5,30 %. Cette diminution, qui se généra-lise, oblige les investisseurs à se tourner vers le numérique. Ainsi, de nombreux sites d’information religieux ont vu le jour ces der-nières années, à l’instar de Sa-phir News ou encore oumma.com.

La religion, bien qu’elle soit vectrice de tensions au sein de la société contemporaine, suscitera toujours curiosité et intérêt, car comme l’indi-quait Honoré de Balzac : « Une société d’athées inventerait aussitôt une religion. »

En presse écrite, on joue sur les peurs

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Il était une foi...

S’il y a bien un fait qui ne souffre d’aucune contestation, c’est que le ballon rond a de tout temps déchaîné les passions. Une passion fa-

natique que deux admirateurs de football argentin ont décidé de pousser un cran plus loin. Alors que Diego Maradona vient d’arrêter sa car-rière, Hernan Amez et Héctor Campomar décident un an plus tard, en 1998, de lui vouer un culte en créant l’Eglise maradonienne. Bien que cette idée puisse paraître amusante, force est de constater qu’au fil des années elle a séduit de nombreux membres. A l’aube de l’an 56 ap. D. (après la naissance de Diego Maradona en 1960, début du calendrier ma-radonien), elle possède actuellement entre 80 000 et 100 000 adeptes à travers plus de 60 pays. Une évolution qu’Ivan, expatrié Argentin de 28 ans vivant à Lyon, a observée dans son pays d’origine. « Je ne suis pas pratiquant mais depuis quelques années, il est vrai qu’au pays j’ai de plus en plus entendu parler de cette religion. Je l’ai découverte par le biais d’un ami et depuis je me suis rendu compte que je

Hugo Borrel

Les maradoniensCréée en 1998 par deux fans incondition-nels de Diego Maradona, l'Eglise marado-nienne, en comptant près de 80 000 fi-dèles à travers le monde, est une religion à part entière pouvant aller même jusqu'à célébrer des mariages.

côtoyais beaucoup d’adeptes, notamment dans les stades de foot, ce qui n’est pas surprenant. »« Notre religion c’est le football, et comme toute reli-gion, elle se doit d’avoir un dieu », explique l’un des deux inspirateurs au Courrier international, avant de préciser « nous avons deux grands jours de fête au cours desquels nous nous réunissons pour partager notre passion pour Diego. D’un côté Noël et le nou-vel an maradonnien, de l’autre les Pâques marado-niennes. » Le premier étant la veille de la naissance d’El Pibe de Oro (« Le gamin en or »), le 30 octobre. Le second étant célébré le 22 juin, le jour du match Argentine-Angleterre du Mondial 1986. Il est rendu un hommage à deux buts, deux miracles : celui de la « main de Dieu » et celui où il a driblé toute l’équipe d’Angleterre.

De « Notre Père » au « Notre Diego » À la manière du Pater Noster (Notre Père) dans la reli-gion chrétienne, la religion maradonnienne possède le Diego Nuestro. « Notre Diego - Qui est sur les terrains - Que ton pied gauche soit béni - Que ta magie ouvre nos yeux - Fais-nous souvenir de tes buts - Sur la terre comme au ciel - Donne nous aujourd’hui notre bon-heur quotidien - Pardonne aux Anglais- Comme nous pardonnons à la mafia napolitaine - Ne nous laisse pas

abîmer le ballon - Et délivre nous de Havelange. – Die-goooo ». « Diego » a été adoptée par l’Église maradon-niene comme la conclusion des prières. Mais cela ne s’arrête pas là. Toutes sortes de céré-monies sont effectuées autour du « Diez » (D10S, jeu de mots entre Dios, Dieu, et diez, le numéro 10 que portait Maradona). Mauricio Bustamante et Jaquelin Verón sont devenus, le 22 novembre 2006, le pre-mier couple uni par l’Eglise maradonienne. Ils se sont rendus sur le terrain du Newell’s Old Boys, le club de Rosario, l’un des temples où Diego a fait étalage de son talent, et se sont jurés un amour éternel sur un ballon et la bible maradonienne. Un mariage qui en a appelé bien d’autres. « De nombreuses personnes ap-pellent pour que nous les marions, rapporte Hernán Amez. Mais j’ai une famille, je ne peux pas passer tous mes week-ends à marier les gens. » De son côté, Ivan, bien qu’adorateur du footballeur argentin, n’envisage pas de se convertir à cette religion, encore moins de se marier. « Diego, je suis fan, mais il faut le laisser à sa place, c’est un footballeur, sûrement l’un des plus grands de l’histoire mais ce n’est pas un Dieu. » Une chose est sûre : que ce soit en tant que footballeur, citoyen ou de Dieu vivant, Diego Maradonna ne ces-sera jamais de faire parler de lui.

Les 10 commandements de la religion maradonienne

1. «La pelota no se mancha », célèbre phrase prononcée par le Diego2. Aimer le football plus que tout au monde.

3. Déclarer son amour inconditionnel pour Diego et le football.4. Défendre les couleurs du maillot argentin

tout en respectant ses semblables.5. Propager les miracles du Dieu Diego à travers toute la planète.

6. Honorer les lieux sacrés où Diego s’est rendu.7. Ne pas proclamer le nom de Diego comme un club à lui seul.

8. Prêcher les principes de l’Eglise maradonienne.9. Porter Diego comme second prénom et le donner à son fils.

Le quiz de la rédac

QUESTION 1 QUESTION 2

QUESTION 3 QUESTION 4

REPONSE 3 : A Il s’agit du jour de repos attribué au septième jour de la semaine juive. Le Chabbat a lieu le samedi et débute donc le vendredi soir, dès la tombée de la nuit. Durant cette journée, il est strictement interdit d’effectuer la moindre tâche afin d’honorer le culte religieux de Dieu.

REPONSE 4 : C L’Hégire marque le début de l’ère des musulmans. Elle commence en 622. C’est à cette date que Mahomet quitta La Mecque pour Médine. Le terme « Hégire », vient de « hidjra » qui signifie une « séparation d’avec les proches ». Un déplacement qui se trouve être à l’origine de la création de l’islam.

REPONSE 2 : Le Yad est le nom du pointeur utilisé lors de la lecture de la Torah. Lors de l’office à la synagogue, il permet au récitant de suivre le texte du parchemin, sans que celui-ci ne soit touché du doigt. D’une part par respect, mais aussi par pré-caution, pour ne pas abîmer l’encre.

REPONSE 1 B L’Eucharistie est le troisième sa-crement de l’Église catholique. Il s’agit de la célé-bration du sacrifice du corps et du sang de Jésus Christ, présents sous la forme du pain et du vin. Ce sont les évêques et prêtres qui effectuent cette célébration. Le mot « Eucharistie » signifie en grec « action de grâce ».

ntio

Comment nomme-t-on le partage du pain et du vin chez les catholiques ?

Quel est le nom du pointeur utilisé pour la lecture de la Torah ?

A quel moment débute le Chabbat ?

Comment appelle-t-on le départ de Mahomet de La Mecque pour Médine ?

A-Le vendredi soirB-Le samedi soir

C-Le dimanche soir

A-Le HajjB-La QiblaC-L’Hégire

A-La communionB-L’Eucharistie

C-L’Exégèse

A-Le YadB- La Mezouzah

C-Le Shofar