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Ma maison
1 Ma maison est toute une histoire
Qu’au fil des jours je réécris,
C’est un bazar, une méga foire,
Un cocon doux, un petit nid.
Elle est ouverte aux courants d’air,
Aux chiens, aux chats et aux amis,
A ceux d’ l’été, à ceux d’ l’hiver,
Aux bouts de bois, aux bouts de fer
Qu’on a cueilli p’tit à petit
Et qui n’en sont plus repartis.
2 Au plus profond de l’antre sombre
Où les enfants ont peur d’aller,
C’est l’escalier dans la pénombre
Derrièr’ la porte dérobée.
Même Prévert aurait du mal
A y faire son inventaire,
C’est un bordel monumental
Où quelques mulots libertaires
Les soirs d’été, mènent grand bal
Dans cette immense souricière.
3 C’est le crépi ancien chaulé
De Las Cuevas de mes vingt ans,
Vue sur l’église et le clocher
D’un tout petit port catalan.
Six pieds sous terre, fallait le faire,
Tu as mêm’ la vue sur la mer,
Avec en prime une sirène,
Sans gène aucune qui savoure,
Bouche gourmande et port de reine,
Le Dieu Priape de Collioure.
4 C’est un reflet dans un miroir,
C’est le soleil dans l’escalier
Qui rit même quand il fait noir,
Sur un ver de Joan Pau Giner.
Ce sont des larmes sur un mur,
Pas des larmes de crocodile,
Un gros chagrin à l’état pur
D’une colère puérile,
Un poing levé pour la victoire,
Maman, bébé, une balançoire.
5 C’est le carnaval qui défile,
Et le pépé pose au jardin,
C’est l’aquarelle indélébile
D’un visage bien juvénile,
Rencontré un jour en chemin.
6 C’est la grande encyclopédie
Où s’entassent les souvenirs
Qu’au fil des ans on a écrits,
Qu’on a brodés page après page,
Qui rodent encor’ dans les étages
Et qui nous regardent vieillir.
7 Des poêles pendent au plafond,
Une mouette blanche vole
Sur les océans et les pôles,
Une épave sur les hauts fonds,
Abrite en son sein un trésor,
Et Gauguin en toile de fond,
Ajoute sa note au décor.
8 C’est une voile qui s’en vient,
De Zanzibar ou de Carthage,
Gonflée encor’ du vent du large,
Et aux senteurs de tamarins.
C’est la colombe de la paix,
C’est la sardane à Cadaquès
C’est Don Quijotte et son valet,
C’est Manolete à Linares
Qui combat son dernier taureau,*
C’est l’Espagne de Picasso.
9 Ma maison c’est toi près de moi,
C’est la neige dessus le toit,
Trois bûches dans la cheminée,
Le balcon et son tas de bois,
Et quand cela ne suffit pas,
Mes deux bras pour te réchauffer.
Ca sent les années d’écriture
Et les devoirs à corriger,
J’entends encore les murmures
Des leçons à apprivoiser.
10 Ma maison c’est une presqu’île,
Qui doucement sort du brouillard,
Lorsqu’il étend sa mer tranquille,
Cachant la vallée aux regards.
C’est la petite île tranquille
Au milieu de l’immensité
De nos montagnes immobiles,
Où il fait bon se réfugier,
Loin des soucis de vos grands villes
Et des tracas d’ la société.
11 Et puis, et puis c’est l’escalier,
Echelle simple de meunier,
Qui nous mène au 7° ciel,
Pour si peu que l’on ait des ailes
Pour un jour, pouvoir s’envoler.
Francis Blanchon Mai 2011Francis Blanchon Mai 2011Francis Blanchon Mai 2011Francis Blanchon Mai 2011
*Le 28 août 1947, « Manolete » est grièvement blessé dans les arènes de Linares par le taureau « Islero » de la ganadería de Don Eduardo Miura. Lors de l’estocade, l'une des cornes pénétre dans l'artère fémorale et provoque une hémorragie qui lui sera fatale. « Manolete » décède le lendemain à cinq heures du matin. Il repose au cimetière San Agustín de Cordoue.
Islero a donné son nom à la Lamborghini Islero, voiture italienne de grand tourisme.
Collioure
1. Je suis d’un coin de terre, au fond de l’hexagone,
En pays catalan, au pied des Pyrénées,
Ou l’accent rocailleux un peu partout résonne,
Tout en nous donnant l’air, en parlant, de chanter.
1. Ce pays aux couleurs magiques et changeantes
Abrite en son écrin un joyau flamboyant,
Un petit port de pêche aux senteurs enivrantes,
Que tant de peintres ont célébré si souvent.
2. Son petit cimetière , blotti sous la colline,
Abrite en son exil un poète espagnol,
Qui dort près de sa mère dans la nuit opaline
Que vient parfois troubler le chant d’un rossignol.
3. Que le chemin fut long de la douce Séville
Jusqu’ à ce coin de terre où pousse l’olivier ;
Après avoir chanté les llanos de Castille,
Ici loin de chez lui, il a trouvé la paix.
4. Quand souffle le nord ouest, les jours de tramontane,
Emportant les nuages au diable vauvert,
Quand l’automne se pare des couleurs catalanes
Les moutons blancs se lèvent et courent sur la mer.
5. L’air devient transparent et le regard se porte
Jusqu’ au lointain cap Creus, posé sur l’horizon ,
Un chalutier s’en vient, suivi de son escorte
De mouettes qui crient, en quête d’un poisson.
6. Les vendangeurs descendent des vignes orphelines
Les comportes remplies de grappes parfumées,
Les ailes du moulin la haut sur la colline,
Dans les senteurs marines se mettent à tourner.
7. L’église a son clocher qui fièrement se dresse,
Entre château royal et plage St Vincent,
Priape imposant, tout empreint de noblesse,
F.B
F.B
Qui défie les rafales prodiguées par le vent.
8. Seuls les grands goélands et les frêles mouettes
Qui planent à l’entour s’en viennent l’effleurer,
Rasant du bout de l’aile sans jamais la toucher,
Sa calotte toscane aux couleurs de violette.
9. Mais lorsque le vent d’est étend sa houppelande
De lourds nuages gris sur la tour Madeloc,
L’air devient immobile à l’entour de la lande
Et les pierres ancestrales se fondent avec les rocs.
10. Le brouillard peu à peu descend de la montagne,
Enveloppant bientôt les troncs des chênes verts,
Saint Elme et ses murailles se ceignent d’un long pagne,
S’estompent et disparaissent et se noient dans l’éther.
11. Et Collioure repose dans l’été qui s’éteint
Ses terrasses ombragées, tout au long de la plage,
Epuisée, éreintée par le torrent humain
Des touristes venus croiser dans ces parages.
12. Un rayon de soleil péniblement se fraye
Un chemin audacieux comme une flèche d’or,
Jusque sur la chapelle qui doucement sommeille,
Comme les vieilles barques à l’abri dans le port.
13. Trois ou quatre voiliers à l’ancre se balancent
Sous l’imposant château qui plonge dans la mer,
Ses pierres séculaires et son omnipotence,
Imprenable galion, majestueux et fier.
F.B
14. Les ruelles frissonnent à l’air marin qui entre.
Le linge aux fenêtres ne pourra pas sécher,
Et de sa croix le christ ne veut pas redescendre
Attendant le coup d’est qui viendra le baigner.
15. Le fusain à la main, devant son chevalet,
Un Matisse, un Derain, à l’ombre d’un platane,
Esquisse sobrement en trois ou quatre traits,
Les souvenirs enfouis là, sous la promenade :
16. Un vieux pécheur assis au bord de la murette
Qui longe la grand plage, doucement ressurgit ,
Sous le pinceau habile, voguant de la palette,
A la toile tendue, remontant de l’oubli.
Photo : Nicolas Dunyach
17. Et la plage revit au temps des catalanes,
Et des filets dormant sur les galets polis,
Que ramendaient les femmes, les jours de tramontane,
Quand les embruns volaient sur la mer en furie.
18. Les anchois et sardines, péchés en abondance
Par les longs sardinals ou par les lamparos,
Frétillent encor parmi mes souvenirs d’enfance,
Quand les pêcheurs rentraient à bord de leurs bateaux.
19. Qui se rappelle encore ces barques sacrifiées,
Au bord de cette plage, en plein milieu du jour ?
Qui se souvient ici de cet autodafé ?
Le vent a dispersé les cendres à l’entour.
20. Mais qu’il souffle du nord ou qu’il vienne d’Espagne,
S’Il emporte à jamais ceux qui nous étaient chers,
Il rend le ciel plus bleu et blanchit nos montagnes,
Il mûrit le raisin et fait danser la mer.
21. Je sais un coin de terre au fond de l’hexagone,
En pays catalan au pied des Pyrénées,
Ou Collioure repose quand il n’y a plus personne,
A l’entrée de l’hiver, après un fol été.
Francis Blanchon (nov 2010)
F.B
A Claude, Henri et JojoA Claude, Henri et JojoA Claude, Henri et JojoA Claude, Henri et Jojo
Qui ont marqué le paysageQui ont marqué le paysageQui ont marqué le paysageQui ont marqué le paysage
Ils se sont acquittés du passage *Ils se sont acquittés du passage *Ils se sont acquittés du passage *Ils se sont acquittés du passage *
Et ont pris leur dernier bateau.Et ont pris leur dernier bateau.Et ont pris leur dernier bateau.Et ont pris leur dernier bateau.
Pontons Mise à l’eau 2011
Derrière la jetée qui protège la plage
De ces fameux coups d’est qui frappent tous les ans,
C’est le grand branle bas, le gros remue ménage,
Sur le quai encombré, dans le soleil levant.
Cela faisait 2 ans que la mer orpheline
N’accueillait déjà plus les barques colorées
Qui venaient s’amarrer en face la piscine
Après un long sommeil, au doux temps du muguet.
La digu’ emportée par la vague centenaire,
A coup de bulldozers s’est refait la santé.
Dans l’air frais du matin, tout le monde s’affaire
Pour cette mise à l’eau des pontons familiers.
Si ce coup de levant, cette grosse tempête,
A semé à l’entour les rocs de la jetée,
Le grand ordonnateur, d’un seul coup de baguette,
En emporta certains qu’on ne peut oublier.
Le banc des sénateurs fait bien triste figure
Sous le béton du quai, à moitié enterré.
Un qui s’y assiérait, mon dieu quelle aventure,
Aurait beaucoup de mal à pouvoir se lever.
La grue qui survécut au naufrage historique,
A du mal à sortir de son hibernation,
Grinçant et hoquetant, mais néanmoins stoïque,
Avec un peu de graisse, elle redit sa chanson .
Et le grutier décharge les uns après les autres
Les pontons avachis qui sont un peu crados,
En priant Dieu, ses Saints et tous les bons apôtres,
Pour qu’ils ne coulent pas, une fois mis à l’eau.
Entre 2 rotations, sur le coup de 10 heures,
La pause bienvenue, saucisson et pâté !
Mais hérésie totale, si je mens que je meure,
Il n’y avait pas la moindre p’tite goutte de rosé.
Un coup des écolos qui hantent les parages
Et qui auraient dérobé la précieuse boisson ?
Les anti alcolos? Un oubli ? Du mégotage ?
Tout le monde y allait de sa supposition.
Et le grand Bentouré, le Maigret de Cerbère
Qui clame haut et fort en tous lieux en tous temps,
En est resté sans voix et préférant se taire,
S’en fut mener l’enquête bien subrepticement.
Il s’éclipsa soudain, sans rien dire à personne
Et l’on ne le revit qu’un long moment après.
Certains mauvais esprits, que Jésus leur pardonne,
M’ont glissé à l’oreille, qu’il était au troquet.
Que dire, si ce n’est que dure fut la tâche,
Jusqu’à l’apéritif sur le coup de midi.
Car tout le monde sait, comme le dit l’adage,
Qu’ « a bon asmurza cal une bota de vi ».(1)
La semaine suivante on revint sur l’ouvrage :
En Delloncis peignit la girafe en vert,
Perché sur sa palette, après un décapage,
A vingt pieds de hauteur, à grands coups de karcher.
Et pendant ce temps là, l’équipe héroÎque
Des serreurs de boulons, ne baissait pas les bras.
Et la chasse au cochon, tous leurs hauts faits épiques,
A présent n’ont plus trop de mystère pour moi.
A 14 heures enfin, on a conclu l’affaire
Par quatre côtelettes et 2 verres de vin.
Mais le grand Bentouré, le Maigret de Cerbère,
Echaudé récemment, ne nous a point rejoint.
Francis Blanchon 28/05/2011
• Chez les Dieux de l’antiquité, Hadès régnait sur le Royaume
des morts. Pour y accéder, il fallait traverser l’Achéron, sur la
barque d’un vieux nocher immortel, Charon, qui embarquait
uniquement les ombres de ceux qui portaient dans leur
bouche le prix de leur passage…Cerbère, le chien à 3 têtes et à
la queue de dragon, gardien de la porte des Enfers laissait
entrer toutes les ombres mais ne leur permettait pas de sortir.
(1) Pour un bon casse croute, il faut une outre de vin. (proverbe de
moi-même)
Sur l’alu de service il y aurait à dire
Mais aux « faut que , y a qu’à », je n’abonderai point
Maserati
C’ était bien moi la plus jolie,
La plus belle fleur du pays :
500 bourins sous le capot,
J’faisais la pige aux ferraris,
Aux porches, à toutes les autos,
Aux trous du’c, à tous les blaireaux
Qui font vroum vroum, déboul’ t à fond,
En te faisant un’ queue d’poisson.
Mise à part toute modestie
J’étais la reine je vous le dis
Sur mon passage on m’admirait,
Toutes les têtes se tournaient.
J’ voyais briller dans les yeux
Des dames et aussi des messieurs,
Des éclairs d’envie, de passion,
Devant une telle perfection.
Mise à part toute modestie
J ‘étais la reine je vous le dis
Je me sentais pousser des ailes ;
Mes roues ne touchaient plus l’asphalte,
Et quand je faisais une halte
Je montais au 7° ciel.
On me touchait, me caressait,
On se couchait sur mon capot.
Les envieux en profitaient
Pour se faire prendre en photo :
C’est pas tous les jours par ici
Qu’on voit une maserati.
Et puis voila ce qu’il advint,
Un beau jour du mois de juillet.
Un apéro, 3 verr’s de vin,
Le chauffeur qui s’prend pour Zorro,
Qui pense qu’il pourra doubler,
Qui s’croit plus fort qu’ les aut’es zozos,
Qu’tous les pépés, tout’s les mémés,
Tous les ruminants du troupeau
Qui sont tous là à rigoler,
Maint’nant que j’ai le cul dans l’eau,
Que je suis toute cabossée.
Et l’trou du cul qui conduisait,
Il sort aussitôt dare dare,
Il pique un sprint et disparaît
Avant que déboul’ la fanfare
Des pompiers , des ambulanciers,
Laissant ses potes se démerder
Pour attendre la maréchaussée.
En attendant, je vous le dis,
Je rigol’ pas, je frime plus.
Je n’épate plus la galerie,
J’ai l’air plutôt d’ une tortue,
Le ventre à l’air et qui gigote
Pour sortir de ce mauvais pas.
L’en va de même du copilote
Qui s’ demande comment il va
Pouvoir expliquer tout’ l’affaire
Au légitime propriétaire.
En attendant j’suis bien marrie
J’étais un’ bell’ maserati.
Francis Blanchon. Nov 2010
Querroig
1. Dans la vallée des cerfs seul le vent m’accompagne
Et son souffle puissant fait frémir les halliers
Modulant ses stridences à travers la montagne
Entre roches pointues et chênes clairsemés.
2. Le sentier tortueux que l’on devine à peine
Me hisse lentement vers le lointain sommet.
Au détour d’un buisson, un antique dolmen
Sert parfois de refuge à quelque sanglier.
3. Qui donc a bâti là cette longue muraille
Qui enserra jadis ce glorieux château ?
Il ne reste à présent perdu dans la rocaille
Que des pierres éparses tell’s de vieux oripeaux
4. Les ravages du temps les méfaits de l’histoire
Ont eu raison de toi, ô donjon valeureux,
Qui veilla longuement, dessus ce promontoire
Protégeant nuit et jour le pays par tes feux.
5. Tes ruines solitaires gardent encore en mémoire
Les échos de l’histoire que tous ont oubliée,
Et le vent des montagnes a pour seul auditoire
Quatre chèvres sauvages et un lièvre apeuré.
6. L’on croit entendre alors les soirs de lune pleine
Quand la tramontane rugit parmi les monts,
La plainte des gisants qui crient toute leur peine
Lorsque s’essouffle un cor auquel nul ne répond.
7. Et Querroig se souvient, dressé sur la montagne
Qui a vu défiler les légions d’Hannibal
De tous ces exilés qui fuyaient une Espagne
Où canons et fusils semaient les fleurs du mal.
8. Quermanço, Querroig, Taillefer, La Massane,
Saint Elme, la Gallina, Béar et Dugommier,
Et toi tour Madeloc , en terres catalanes,
Vous défiez le temps et nous faites rêver.
Francis Blanchon
Photos Francis Blanchon
Je suis un pays (chanson)
Jo tinc al cap a la muntanya
Al mitg dels cims coberts de neus,
Jo tinc al cor cap à la plana
I la mar me refresca els peus.
1. Je suis ce roc dressé en haut de la montagne
Où je défie le ciel et me moque du temps,
Je suis ce grand troupeau au cœur de la Cerdagne,
Plus fort que les hivers et les neiges et les vents.
Je suis la source vive au creux de la futaie
Où viennent s’abreuver tous les génies des bois,
Je suis l’ours qui hiberne aux premières gelées,
Sur les rochers abrupts, moi je me fais chamois (1).
Je suis un soir d’hiver, un soir de lune pleine,
Et je mire dans l’eau mon ciel tout étoilé,
Sur ce lac solitaire, au cœur de la forêt,
Ou Hercule a séduit l’innocente Pyrène.
2. Je suis cet âne gris qui longuement s’attarde Tout au long des chemins où l’on ne passe plus,
Je suis ce long sentier qui ondule et musarde
Entre les chênes verts et les hêtres moussus.
Je suis ce feu de bois messager d’espérance
Qui brule tout la haut, au pied de la grand croix,
Ce rythme sang et or qui donne la cadence
Aux sons du tambourin, du flaviol, du hautbois.
Je suis cette sardane qui danse un jour de fête
Au pied de ce clocher dormant les pieds dans l’eau,
Le pourro haut levé, du soleil plein la tête,
Je suis un soir d’été, sur fond lent d’adagio.
3. Je suis ce cep tordu planté sur la colline Qui protège des vents le hameau de Cospron,
Je suis ce cabanon cette simple chaumine
Où dans la nuit d’été vient chanter le grillon.
Je suis la grappe lourde qui murit sous la treille,
Que le soleil a fait, tout doucement gonfler,
Je suis ce jus doré qui sort de la bouteille
Et qui, divin nectar, va te faire rêver.
Je suis la tramontane qui chasse les nuages,
La marée sang et or qui pousse à la mêlée,
Je suis ce galet blanc parmi ceux de la plage,
Que ramasse un enfant pour faire un ricochet.
4. Je suis la crique bleue accueillante et sauvage Blottie au Cap Béar dans son écrin nacré
Où s’en vient jeter l’ancre le voilier de passage,
Alors que Madeloc veille sur son rocher
Je suis ce fier platane, plusieurs fois centenaire
Qui trône sur la place, prés du petit café,
Je suis Place Cassanyes, le gitan sédentaire,
Je suis ce pénitent au pied du Castillet.
Je suis un coin de terre au fond de l’hexagone
Que les Dieux ont béni dans leur grande bonté
On y roule les « erres » et notre accent chantonne,
Le ciel y est toujours bleu … et le muscat bien frais.
Al meu pais ten pas fronteres
Es un cami de llibertad
Que’m va fa neixer a Cervera
Y els meus avis de l’altre costat.
(1) Désolé pour certains puristes de notre montagne, mais la rime
oblige ; il s’agit en fait de l’isard qui est le…. chamois pyrénéen,
plus petit que l’alpin, mais ô combien plus axurit.
Francis Blanchon Juin 2011
Video à voir à http://youtu.be/-iFZ1dZRF9Q