08 Syn These

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La réalisation en 2008 d’une nouvelle enquête Pra- tiques culturelles des Français, plus de dix ans après celle de 1997, est l’occasion de faire le point sur les profondes mutations qu’ont connues récemment les conditions d’accès à la culture avec l’essor de la culture numérique et de l’internet. À un moment où plus de la moitié des Français disposent chez eux d’une connexion à haut débit et où plus d’un tiers d’entre eux utilisent l’internet tous les jours à des fins personnelles, comment se portent la lecture de livres, l’écoute de musique ou la pratique en amateur d’ac- tivités artistiques ? La fréquentation des salles de cinéma, des théâtres ou des salles de concert a-t-elle baissé ou augmenté ? Et, surtout, comment les nou- velles formes d’accès en ligne à la culture s’articu- lent-elles avec la consommation des anciens médias (télévision, radio) ou les pratiques culturelles « tradi- tionnelles » ? La diffusion extrêmement rapide de l’ordinateur et de l’internet dans les foyers, qui constitue à l’évidence le phénomène le plus marquant de la dernière décen- nie, ne doit pas être isolée du mouvement général Secrétariat général Délégation au développement et aux affaires internationales Département des études, de la prospective et des statistiques 2009-5 182, rue Saint-Honoré, 75033 Paris cedex 01 01 40 15 79 17 – 01 40 15 79 99 Téléchargeable sur le site http://www.culture.gouv.fr/deps Les pratiques culturelles des Français à l’ère numérique Éléments de synthèse 1997-2008 1 Olivier Donnat * culture études PRATIQUES ET PUBLICS Directeur de publication : Philippe Chantepie, chef du Département des études, de la prospective et des statistiques 2009-5 – octobre 2009 Responsable des publications : Edwige Millery * Chargé de recherche au Département des études, de la prospective et des statistiques, ministère de la Culture et de la Communication. 1. La présente publication est une synthèse de l’ouvrage Pratiques culturelles des Français à l’ère numérique publié aux éditions La Découverte/Ministère de la Culture et de la Communication. L’ensemble des résultats de l’enquête 2008 est disponible sur le site www.pratiquesculturelles.culture.gouv.fr d’enrichissement du parc audiovisuel domestique. En effet, au cours de la même période, beaucoup de choses ont changé : les conditions de réception des programmes télévisés se sont améliorées, parallèle- ment à la diversification considérable de l’offre de programmes, avec le succès des écrans plats et du home cinema que près d’un ménage sur cinq possè- dent désormais ; les lecteurs et graveurs de DVD ont presque complètement remplacé les magnétoscopes, les consoles de jeux ont conquis de nouveaux foyers, et les lecteurs MP3 ont démultiplié les facilités d’écoute de la musique, amplifiant encore les ondes de choc du boom musical provoqué il y a maintenant plus de trente ans par l’arrivée de la chaîne hi-fi et du baladeur. Si l’on ajoute le spectaculaire succès des téléphones portables multifonctions, on prend la mesure de l’élargissement considérable des possibili- tés de consommation, de stockage et d’échange de contenus audiovisuels auquel on a assisté depuis la fin des années 1990, et ce aussi bien dans l’espace privé du domicile qu’ailleurs, compte tenu du caractère sou- vent nomade des appareils les plus récents. French Cultural Participation in the Digital Age Summary 1997-2008

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La réalisation en 2008 d’une nouvelle enquête Pra-tiques culturelles des Français, plus de dix ans aprèscelle de 1997, est l’occasion de faire le point sur lesprofondes mutations qu’ont connues récemment lesconditions d’accès à la culture avec l’essor de laculture numérique et de l’internet. À un moment oùplus de la moitié des Français disposent chez euxd’une connexion à haut débit et où plus d’un tiersd’entre eux utilisent l’internet tous les jours à des finspersonnelles, comment se portent la lecture de livres,l’écoute de musique ou la pratique en amateur d’ac-tivités artistiques ? La fréquentation des salles decinéma, des théâtres ou des salles de concert a-t-ellebaissé ou augmenté ? Et, surtout, comment les nou-velles formes d’accès en ligne à la culture s’articu-lent-elles avec la consommation des anciens médias(télévision, radio) ou les pratiques culturelles « tradi-tionnelles » ?

La diffusion extrêmement rapide de l’ordinateur etde l’internet dans les foyers, qui constitue à l’évidencele phénomène le plus marquant de la dernière décen-nie, ne doit pas être isolée du mouvement général

Secrétariat généralDélégationau développementet aux affairesinternationalesDépartementdes études,de la prospectiveet des statistiques

2009-5182, rue Saint-Honoré, 75033 Paris cedex 01! 01 40 15 79 17 – " 01 40 15 79 99 Téléchargeable sur le site http://www.culture.gouv.fr/deps

Les pratiques culturelles des Françaisà l’ère numériqueÉléments de synthèse 1997-20081

Olivier Donnat*

cultureétudesPRATIQUES ET PUBLICS

Directeur de publication : Philippe Chantepie, chef du Département des études, de la prospective et des statistiques 2009-5 – octobre 2009Responsable des publications : Edwige Millery

* Chargé de recherche au Département des études, de la prospective et des statistiques, ministère de la Culture et de la Communication.1. La présente publication est une synthèse de l’ouvrage Pratiques culturelles des Français à l’ère numérique publié aux éditionsLa Découverte/Ministère de la Culture et de la Communication. L’ensemble des résultats de l’enquête 2008 est disponible sur le sitewww.pratiquesculturelles.culture.gouv.fr

d’enrichissement du parc audiovisuel domestique. Eneffet, au cours de la même période, beaucoup dechoses ont changé : les conditions de réception desprogrammes télévisés se sont améliorées, parallèle-ment à la diversification considérable de l’offre deprogrammes, avec le succès des écrans plats et duhome cinema que près d’un ménage sur cinq possè-dent désormais ; les lecteurs et graveurs de DVD ontpresque complètement remplacé les magnétoscopes,les consoles de jeux ont conquis de nouveaux foyers,et les lecteurs MP3 ont démultiplié les facilitésd’écoute de la musique, amplifiant encore les ondesde choc du boom musical provoqué il y a maintenantplus de trente ans par l’arrivée de la chaîne hi-fi et dubaladeur. Si l’on ajoute le spectaculaire succès destéléphones portables multifonctions, on prend lamesure de l’élargissement considérable des possibili-tés de consommation, de stockage et d’échange decontenus audiovisuels auquel on a assisté depuis la findes années 1990, et ce aussi bien dans l’espace privédu domicile qu’ailleurs, compte tenu du caractère sou-vent nomade des appareils les plus récents.

French Cultural Participation in the Digital AgeSummary 1997-2008

LA MONTÉE EN PUISSANCEDE LA CULTURE D’ÉCRAN

Les conditions d’accès à l’art et à la culture ontprofondément évolué sous les effets conjugués de ladématérialisation des contenus, de la généralisationde l’internet à haut débit et des progrès considérablesde l’équipement des ménages en ordinateurs, consolesde jeux et téléphones multimédias : en moins de dixans, les appareils fixes dédiés à une fonction précise(écouter des disques, regarder des programmes detélévision, lire des informations, communiquer avecun tiers…) ont été largement supplantés ou complé-tés par des appareils, le plus souvent nomades, offrantune large palette de fonctionnalités au croisement dela culture, de l’entertainment et de la communicationinterpersonnelle.

Cette évolution a définitivement consacré lesécrans comme support privilégié de nos rapports à laculture tout en accentuant la porosité entre culture etdistraction, entre le monde de l’art et ceux du diver-tissement et de la communication. Avec le numériqueet la polyvalence des terminaux aujourd’hui dispo-nibles, la plupart des pratiques culturelles convergentdésormais vers les écrans : visionnage d’images etécoute de musique bien entendu, mais aussi lecture detextes ou pratiques en amateur, sans parler de la pré-sence désormais banale des écrans dans les biblio-thèques, les lieux d’exposition et même parfois danscertains lieux de spectacle vivant. Tout est désormaispotentiellement visualisable sur un écran et accessiblepar l’intermédiaire de l’internet.

La diffusion de ce nouveau « média à tout faire »qu’est l’internet a été rapide, notamment chez lesmoins de 45 ans (graphique 1) : plus de la moitié desFrançais l’utilisent dans le cadre du temps libre, etplus de deux internautes sur trois (67 %) se connec-tent tous les jours ou presque en dehors de toute obli-gation liée aux études ou à l’activité professionnelle,pour une durée moyenne de 12 heures par semaine.

Les jeunes et les milieux favorisés sont les princi-paux utilisateurs de l’internet et des nouveaux écrans,à la différence de la télévision dont la consommationa toujours été plutôt le fait des personnes âgées et peudiplômées. La profonde originalité de l’internet tientdans ce paradoxe : bien qu’utilisé très largement àdomicile – les connexions sur appareils nomades res-tant à ce jour limitées –, ce nouveau média apparaîtplutôt lié à la culture de sortie dont sont porteurs lesfractions jeunes et diplômées de la population, cellesdont le mode de loisir est le plus tourné vers l’exté-

rieur du domicile et dont la participation à la vie cultu-relle est la plus forte.

La situation actuelle est par conséquent radicale-ment différente de celle des années 1980 ou 1990 oùla culture de l’écran se limitait pour l’essentiel à laconsommation de programmes télévisés. En effet, siune forte durée d’écoute de la télévision était en géné-ral associée à un faible niveau de participation à la vieculturelle, il n’en est pas du tout de même pour l’in-ternet qui concerne prioritairement les catégories depopulation les plus investies dans le domaine cultu-rel : ainsi, la probabilité d’avoir été au cours des douzederniers mois dans une salle de cinéma, un théâtre ouun musée ou d’avoir lu un nombre important de livrescroît-elle régulièrement avec la fréquence desconnexions (graphique 2).

En ajoutant au temps consacré à l’internet et auxautres usages de l’ordinateur celui passé à jouer à desjeux vidéo sur une console ou à regarder des DVD, ilest possible d’évaluer le temps moyen que les Fran-çais consacrent aux écrans en dehors des programmestélévisés regardés en direct2. Celui-ci est légèrementsupérieur à dix heures par semaine3, soit environ lamoitié du temps consacré à la télévision (21 heures),ce qui porte le volume global de temps consacré auxécrans à 31 heures par semaine.

Au-delà de ces chiffres qui donnent la mesure del’importance qu’occupe aujourd’hui la culture d’écrandans le temps libre des Français, il est surtout inté-ressant de constater que les durées d’écoute de la télé-vision et d’utilisation des nouveaux écrans varient en

2 culture études 2009-5

Graphique 1 – Utilisation de l’internetà des fins personnelles selon l’âge

Source : Pratiques culturelles 2008, DEPS,ministère de la Culture et de la Communication, 2009

40

30

20

10

0

50

100

90

80

70

60

%

au cours du dernier mois

dont tous les jours ou presque

15-19 ans

20-24 ans

25-34 ans

9185

58

78

5757

66

42

52

34

38

2714

107

445-

54 ans35-

44 ans55-

64 ans65-

74 ans75 anset plus

Ont utilisé l’internet…

Sur 100 personnes de chaque groupe

2. Par commodité, on parlera dans la suite du texte de temps consacré aux « nouveaux écrans » pour désigner le temps passé devant un ordi-nateur ou une console de jeux ou à regarder des DVD quel que soit le support, par opposition au temps consacré à regarder en direct des pro-grammes de télévision.3. Soit sept heures pour l’ordinateur, trois heures pour le visionnage de DVD et une heure pour les jeux vidéo sur console.

sens inverse d’une catégorie à l’autre : quand l’une estsupérieure à la moyenne, l’autre en général se situeen dessous (graphique 3).

Ainsi, les hommes consacrent en moyenne deuxheures de moins que les femmes à la télévision maispassent quatre heures de plus devant les nouveauxécrans, surtout quand ils sont jeunes en raison de laplace importante qu’ils accordent aux jeux vidéo.

Par ailleurs, la durée d’écoute de la télévision aug-mente avec l’âge tandis que celle relative aux nou-veaux écrans diminue : les 15-24 ans passent, aujour-d’hui comme hier, moins de temps devant la télévi-sion que les adultes et surtout que les personnes âgées,mais sont les plus nombreux à regarder des DVD, àjouer à des jeux vidéo et à utiliser un ordinateur à desfins personnelles.

À l’inverse, la durée d’écoute de la télévisiondécline avec le niveau de diplôme alors que celleconsacrée aux nouveaux écrans a tendance à augmen-ter. Il en est de même pour le niveau de revenu, si bienque les cadres supérieurs compensent en partie les dixheures hebdomadaires qu’ils concèdent aux ouvrierssur la télévision par un investissement plus importantdans les nouveaux écrans de l’ordre de cinq heures.

2009-5 3culture études

Graphique 2 – Fréquence d’utilisation de l’internetet pratiques culturelles

Source : Pratiques culturelles 2008, DEPS,ministère de la Culture et de la Communication, 2009

40

30

20

10

0

50

80

70

60

%

Tous les joursou presque

Une ou plusieurs foispar semaine

Moins d’une foispar semaine

Jamais

Fréquence d’utilisation de l’internet à des fins personnelles

sont allées au musée

ont lu 25 livres ou plus

sont allées au cinéma

sont allées au théâtre

Au cours des douze derniers mois…

31

16

9

7 10

111515

242826

3943

63

76 78

Sur 100 personnes de chaque groupe

Graphique 3 – Temps hebdomadaire consacré aux écrans selon le sexe, l’âge, le niveau de diplôme*

et le milieu social

Source : Pratiques culturelles 2008, DEPS, ministère de la Culture et de la Communication, 2009

20151520 1010 55 00 25 heures25

Hommes

Durée moyenne d’écoute de la télévision**(heures par semaine)

Durée moyenne d’utilisation « nouveaux écrans*** »(heures par semaine)

Femmes

15-24 ans

35-44 ans

25-34 ans

45-54 ans

65 ans et plus

55-64 ans

Aucun, CEP

20

19

21

27

27

12

16

9

22

16

18

23

8

21

10

6

2

6

CAP22 10

BEPC

Bac

Bac + 3 et plus

Bac + 2

Cadres supérieurs

15

13

15

11

18

12

10

12

14

14

Ouvriers25 9

heures

Sur 100 personnes de chaque groupe

* Élèves et étudiants exclus.** Temps passé devant les programmes télévisés en direct.*** Temps passé devant un ordinateur ou une console de jeux et à regarder des vidéos, quel que soit l’écran.

LE RECUL DE LA TÉLÉVISIONET DE LA RADIODANS LES JEUNES GÉNÉRATIONS

Les Français sont dans l’ensemble plus nombreuxqu’en 1997 à regarder tous les jours la télévision, maisleur durée moyenne d’écoute est restée stable, autourde 21 heures par semaine. Le temps consacré au petitécran, pour la première fois depuis son arrivée dansles foyers, a cessé d’augmenter et a même diminuéchez les jeunes (graphique 4).

Le changement de comportement des jeunes géné-rations, celles qui consacrent le plus de temps à l’in-ternet et aux nouveaux écrans, constitue à l’évidencele fait marquant de la dernière décennie : les 15-24 ansd’aujourd’hui, tout en ayant des contacts plus fré-quents avec la télévision que leurs homologues de1997, ont dans l’ensemble un volume hebdomadairede consommation inférieur de deux heures. Cettebaisse est compensée au plan général par l’augmen-tation de la durée d’écoute des personnes de 45 ansqui, pour la majorité d’entre elles, sont peu ou pasconcernées par la montée en puissance de la culturenumérique.

L’ampleur de la baisse est encore plus marquéepour la radio qui a subi la concurrence de nouvellesmanières d’écouter de la musique ou de s’informer enligne (sites d’écoute en streaming4, blogs…). Avecune légère diminution de la proportion d’auditeursquotidiens et surtout une durée d’écoute nettement àla baisse, ce média qui avait connu une seconde jeu-nesse dans les années 1980 marque incontestablement

le pas par rapport à 1997, même en tenant compte del’écoute en ligne : plus des deux tiers des Françaiscontinuent à avoir un contact quotidien avec la radio,mais ils lui consacrent en moyenne environ deuxheures de moins par semaine. Seules les personnes de65 ans et plus n’ont pas réduit leur durée d’écoute(graphique 5).

Au cours de la même période, l’intérêt pour lamusique a continué à progresser : 34 % des Françaisen écoutent tous les jours ou presque (hors radio)contre 27 % onze ans plus tôt. Le boom musicalamorcé dans les années 1970 s’est poursuivi et sesondes de choc ont continué à se propager dans lasociété française avec l’avancée en âge des généra-tions qui l’ont porté. En devenant numérique, lamusique a encore gagné en accessibilité : les nou-velles possibilités de stockage, d’échange ou de trans-fert d’un support à l’autre ainsi que la multiplicationdes supports d’écoute, du téléphone portable à l’ordi-nateur en passant par le lecteur MP3, ont favorisé uneintégration toujours plus grande de la musique dansla vie quotidienne, au domicile mais aussi pendant lestemps de transport et pour certains le temps de travail.

4 culture études 2009-5

4. Diffusion en flux.

Graphique 4 – Durée moyenne d’écoutede la télévision selon l’âge

Source : Pratiques culturelles 2008, DEPS,ministère de la Culture et de la Communication, 2009

20

15

10

25

30heures

2008

1997

Regardent en moyenne la télévision (heures par semaine)

15-24 ans 25-34 ans

1919

1618

191921

19

2323

2726

35-44 ans 45-54 ans 55-64 ans 65 anset plus

Sur 100 personnes de chaque groupe

Graphique 5 – Écoute de la radio selon l’âge

Source : Pratiques culturelles 2008, DEPS,ministère de la Culture et de la Communication, 2009

40

30

20

10

0

50

80

70

60

0

20

15

10

30

25

5

2008

1997

2008

1997

Durée d’écoute hebdomadairemoyenne de la radio*

Écoutent la radiotous les jours ou presque

15-24 ans

25-34 ans

6972

56

717673 70

747069

6258

35-44 ans

45-54 ans

55-64 ans

65 anset plus

heurespar semaine%

14,517,4 18,4

19,7 19,8

16,5

17,116,716,116,413,5

9,7

Sur 100 personnes de chaque groupe

* Sur les auditeurs ayant fourni une réponse à la question (NSP exclus).

Note de lecture : en 1997, les 15-24 ans sont 71 % en moyenne à écou-ter la radio tous les jours ou presque et la durée moyenne d’écoute estde 14,5 heures par semaine. En 2008, ils sont 56 % de cette tranched’âge à l’écouter tous les jours ou presque, pour une durée hebdoma-daire moyenne de 9,7 heures.

UN PROFOND RENOUVELLEMENTDES PRÉFÉRENCES EN MATIÈREDE MUSIQUE ET DE FILMS

Les facilités offertes par les équipements nomadeset le caractère naturellement multitâche de l’ordina-teur ont favorisé une certaine musicalisation de la viequotidienne, permettant à une partie importante de lapopulation jeune de vivre dans un bain musical plusou moins permanent. Mais dans le même temps, lefait que les musiques dites populaires font l’objetdepuis maintenant plusieurs générations de modalitéscultivées d’appropriation et que certaines d’entreelles, le rock notamment, ont désormais une histoire,a considérablement modifié les contours et les formesd’expression de la mélomanie.

La progression de l’écoute fréquente de musiques’accompagne en effet d’un profond renouvellementdes préférences musicales, du fait de l’émergencerégulière de modes d’expression jeunes que les géné-rations n’abandonnent pas en vieillissant. L’une desexpressions de cette mutation qui court maintenantdepuis plusieurs décennies apparaît à la lecture du gra-phique 6 : plus on est jeune, plus la préférence pour lamusique anglo-saxonne est marquée.

La situation est presque identique pour les films :41 % des Français déclarent préférer les films françaiset 28 % les films américains (30 % affirmant ne pasattacher d’importance à un tel critère), mais lesréponses varient considérablement en fonction del’âge des personnes : en simplifiant, on peut dire queles moins de 35 ans préfèrent les films américains tan-dis que les 45 ans et plus penchent très nettement ducôté des films français, les 35-44 ans étant pour leurpart dans une position d’entre-deux qui les conduit àchoisir plus que les autres la réponse neutre consis-tant à se déclarer indifférent à la nationalité des films(graphique 7).

Incontestablement, ces résultats traduisent un puis-sant effet générationnel : depuis maintenant plusieursdécennies, les jeunes voyagent plus que ne le faisaientleurs aînés, ils sont plus nombreux à avoir vécu àl’étranger, à écouter de la musique anglo-saxonne ouà regarder des séries américaines en version originale.Bref ces générations ont eu accès précocement à laculture américaine sous toutes ses formes, des pro-duits les plus standardisés aux œuvres les plus confi-dentielles que s’échangent fans et amateurs, et ontgrandi dans des univers culturels largement globali-sés où la langue anglaise règne en maître. Dès lors,comment s’étonner que leur rapport à la productionfrançaise soit différent de celui de leurs aînés ?

2009-5 5culture études

Graphique 6 – Préférences pour la musique françaiseou anglo-saxonne selon l’âge

Source : Pratiques culturelles 2008, DEPS,ministère de la Culture et de la Communication, 2009

40

30

20

10

0

50

80

70

60

%

57

36

11

30

2622

56

47

28 18

3735

44

anglais ou américainfrançais

Écoutent principalementde la musique en*…

15-19 ans 20-24 ans 25-34 ans 35-44 ans 45-54 ans 55-64 ans 65 anset plus

Sur 100 personnes de chaque groupe

* Les personnes interrogées pouvaient déclarer ne pas attacher d’im-portance à ce critère ou citer une musique d’une autre langue.

Graphique 7 – Préférences pour les films françaisou américains selon l’âge

Source : Pratiques culturelles 2008, DEPS,ministère de la Culture et de la Communication, 2009

20

10

0

30

80

70

60

50

40

% américainsfrançais

En général,préfèrent plutôt des films*…

15-19 ans 20-24 ans 25-34 ans 35-44 ans 45-54 ans 55-64 ans 65 anset plus

22

5552

43

32

23

17

7

19

2529

41

53

70

Sur 100 personnes de chaque groupe

* Les personnes interrogées pouvaient déclarer ne pas attacher d’impor-tance à la nationalité des films ou citer des films d’un autre pays.

LA LECTURE DE PRESSE ET DE LIVRESTOUJOURS EN RECUL

En matière de lecture d’imprimés, les deux princi-pales tendances à l’œuvre depuis les années 1980 sesont poursuivies au cours de la dernière décennie : lalecture quotidienne de journaux (payants) a continuéà diminuer, de même que la quantité de livres lus endehors de toute contrainte scolaire ou professionnelle.De ce fait, la proportion de non-lecteurs est plusimportante qu’elle ne l’était en 1997, sans toutefoisqu’on puisse en déduire avec certitude que les Fran-çais lisent moins, compte tenu de l’arrivée au coursde la même période de la presse gratuite et surtout dela multiplication des actes de lecture sur écran(tableau 1).

Le recul de la presse quotidienne est dû essentiel-lement, aujourd’hui comme hier, à la diminution dunombre de lecteurs quotidiens : de moins en moins deFrançais lisent chaque jour un journal, ce qui a poureffet mécanique de grossir d’autant les rangs des lec-teurs occasionnels et des non-lecteurs. Ce recul, dontles origines sont bien antérieures à l’arrivée de l’in-ternet ou de la presse gratuite, touche aussi bien lapresse nationale que régionale : 11 % des Françaislisent un quotidien national plus d’une fois parsemaine contre 13 % en 1997 et 32 % lisent un quo-tidien régional contre 38 % onze ans plus tôt.

Dans le cas des livres, la baisse des forts et moyenslecteurs s’est poursuivie5. Cette tendance, dont l’ori-gine est, elle aussi, bien antérieure à l’arrivée de l’in-ternet, a continué à peu près au même rythme que lorsde la décennie précédente, entraînant une augmenta-tion de la part des très faibles lecteurs – 1 à 4 livreslus dans l’année – mais aussi des non-lecteurs : il y aaujourd’hui plus de Français à n’avoir lu aucun livredans le cadre de leur temps libre au cours des douzederniers mois qu’il n’y en avait en 1997, et ceux quin’ont pas délaissé le monde du livre ont réduit leurrythme de lecture d’environ cinq livres par an.D’ailleurs, les Français dans l’ensemble reconnaissenteux-mêmes que leurs relations avec le monde du livrese sont distendues puisque 53 % d’entre eux déclarentspontanément lire peu ou pas du tout de livres.

Cette double évolution n’a rien d’inédit. Elle s’ins-crit dans un mouvement de long terme que les précé-dentes enquêtes Pratiques culturelles avaient déjà misen évidence : depuis plusieurs décennies, chaque nou-velle génération arrive à l’âge adulte avec un niveaud’engagement inférieur à la précédente, si bien quel’érosion des lecteurs quotidiens de presse et des fortslecteurs de livres s’accompagne d’un vieillissementdu lectorat (graphiques 8 et 9).

6 culture études 2009-5

Tableau 1 – Lecture de presse et de livres

Source : Pratiques culturelles 2008, DEPS,ministère de la Culture et de la Communication, 2009

Sur 100 Français de 15 ans et plus 1997 2008

Lisent un quotidien… . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 73 69tous les jours ou presque . . . . . . . . . . . . . . . . . 36 29plusieurs fois par semaine . . . . . . . . . . . . . . . . 11 11une fois par semaine . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15 15plus rarement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11 14Ont lu au cours

des douze derniers mois… . . . . . . . . . . . . 74 701 à 4 livres . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23 275 à 9 livres . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12 1210 à 19 livres . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18 1420 livres et plus . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19 17NSP . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3 1Nombre moyen de livres lus* . . . . . . . . . . . . . 21 16

* Sur 100 lecteurs de livres ayant répondu à la question (NSP exclus).

Graphique 8 – Lecture de quotidiens selon l’âge

Source : Pratiques culturelles 2008, DEPS,ministère de la Culture et de la Communication, 2009

40

30

20

10

0

50

100

90

80

70

60

%Lisent un quotidien (payant)

dont tous les jours ou presque

15-24 ans

70

23

66

16

35-44 ans25-34 ans

1997 2008

70

20

58

10

1997 2008

71

30

66

22

1997 2008

80

46

70

32

1997 2008

79

51

74

41

1997 2008

74

53

76

50

1997 2008

45-54 ans 55-64 ans 65 anset plus

Sur 100 personnes de chaque groupe

5. Si l’on définit les forts lecteurs à partir du seuil de vingt-cinq livres par an et non de vingt, le constat reste le même : leur part dans la popu-lation des 15 ans et plus est passée en onze ans de 15 % à 11 %.

En matière d’intensité de la politique lecture delivres, les différences en termes d’âge ont tendance às’atténuer car les jeunes d’aujourd’hui lisent moinsque leurs aînés au même âge tandis que les baby-boo-mers manifestent un intérêt pour les livres légèrementsupérieur à celui des générations nées avant guerre.

Les différences entre milieux sociaux, en revanche,ont eu tendance à se creuser au cours de la dernièredécennie du fait du décrochage d’une partie desmilieux populaires, notamment ouvriers (gra-phique 10). Il en est de même pour les différences desexe : les hommes comptent désormais environ 10 %de non-lecteurs de livres de plus que les femmes etreconnaissent d’ailleurs sans difficulté leur éloigne-ment croissant à l’égard du monde du livre : 62 %d’entre eux déclarent lire peu ou pas du tout de livres,contre 46 % des femmes. Ces dernières sont donc plusnombreuses à lire des livres et de plus, quand elles lefont, elles en lisent plus que les hommes (17 livres paran en moyenne contre 14) (graphique 11).

2009-5 7culture études

Graphique 11 – Nombre de livres lusselon le sexe

Source : Pratiques culturelles 2008, DEPS,ministère de la Culture et de la Communication, 2009

25 %24 %

36 %30 %

36 % 37 %

35 % 39 %

34 %41 %

26 %35 %

Hommes1997 2008

1997 2008Femmes

0

Nombre de livres lus au cours des douze derniers mois

1 à 9 10 et plus

Sur 100 personnes de chaque groupe

Graphique 10 – Nombre de livres lusselon le milieu social

Source : Pratiques culturelles 2008, DEPS,ministère de la Culture et de la Communication, 2009

42 %34 %

8 %7 %

24 %

35 %

41 % 39 %

18 %26 %

57 %

68 %

Chef de ménage cadre supérieur*1997 2008

1997 2008Chef de ménage ouvrier*

0

Nombre de livres lus au cours des douze derniers mois

1 à 9 10 et plus

Sur 100 personnes de chaque groupe

Graphique 9 – Lecture de livres selon l’âge

Source : Pratiques culturelles 2008, DEPS,ministère de la Culture et de la Communication, 2009

40

30

20

10

0

50

100

90

80

70

60

%

au cours des douze derniers mois

dont 20 livres et plus

75

20

73

15

83

20

78

15

1997

76

22

71

14

72

21

67

18

67

18

69

20

62

17

62

14

Ont lu un livre…

15-24 ans 35-44 ans25-34 ans

1997 20082008 1997 2008 1997 2008 1997 2008 1997 2008

45-54 ans 55-64 ans 65 anset plus

Sur 100 personnes de chaque groupe

* Retraités exclus.

• Un quart des Français n’ont fréquenté dans l’annéeaucun équipement culturel : ils ne sont allés ni aucinéma ni dans une bibliothèque, n’ont assisté àaucun spectacle vivant et n’ont visité aucun lieud’exposition ou de patrimoine. La plupart d’entreeux cumulent tous les handicaps en matière d’accèsà la culture et manifestent très peu d’intérêt pour laculture en général : ils lisent peu de livres, écoutentrarement de la musique, les trois quarts d’entre euxn’ont jamais utilisé l’internet et leur mode de loisirsreste largement centré sur la télévision.

• 29 % obtiennent un score d’un ou deux points, cequi signifie qu’ils se sont rendus quelquefois dansl’année au cinéma ou ont assisté exceptionnellementà un spectacle vivant, de danses folkloriques ou decirque par exemple. Leur profil sociodémographique

est moins marqué que celui du groupe précédentmais leur intérêt pour la culture n’est guère supé-rieur : sur bien des points, leurs comportements àl’égard des équipements culturels ne sont guère dif-férents, même si leur mode de loisirs est moins cen-tré sur la télévision et plus ouvert sur les activitésextérieures au domicile.

• Un autre quart des Français (27 %) atteignent unscore de trois à cinq points, en général parce qu’ilsmanifestent un intérêt plus diversifié pour la vieculturelle en visitant des lieux d’exposition ou depatrimoine ; une minorité d’entre eux fait égalementpreuve d’un engagement plus important dans ledomaine du cinéma ou des musiques actuelles. Lapalette de leurs sorties et visites culturelles est plusétendue que celle des deux groupes précédents, maisleur fréquentation reste majoritairement occasion-nelle ou spécialisée : leur rythme de sorties ou devisites est faible dans la majorité des cas et ceuxd’entre eux qui vont plus régulièrement au cinéma oudans les musées sont rarement familiers des biblio-thèques et des lieux de spectacle, comme si la logiquedu cumul qui conduit d’un équipement à l’autre neparvenait pas dans leur cas à s’exprimer réellement.

• Cette logique du cumul fonctionne en revanche pourle dernier quart de Français (22 %) dont le score estsupérieur à cinq points. Ces derniers, qui réunissentà des degrés divers les principaux atouts favorisantà la fois l’intérêt pour la culture et un mode de loi-sir tourné vers l’extérieur du domicile, constituentla grande majorité des usagers des établissementsculturels.

La frontière entre les 13 % dont la fréquentation estrégulière (six ou sept points) et les 9 % obtenant unscore supérieur à sept points ne relève pas à propre-ment parler de différences de nature : le profil des per-sonnes concernées comme leurs rapports à la cultureprésentent beaucoup de points communs, même si lesseconds accentuent les propriétés sociales des pre-miers et font preuve d’un engagement dans la vieculturelle à la fois plus soutenu et plus diversifié. Lesdifférences entre les deux groupes renvoient plutôt auxvariations que peut connaître la participation à la vieculturelle au fil de l’avancée en âge ou des aléas del’existence : ainsi une personne peut très bien avoirune fréquentation habituelle tant qu’elle est étudianteavant de réduire son rythme de sorties au moment del’installation dans la vie adulte, alors qu’une autre peutintensifier son rythme de fréquentation à la suite d’unchangement de domicile ou d’un allégement descontraintes professionnelles ou familiales.

6. Pour comparer avec les résultats de l’enquête de 1997, un indicateur synthétique reprenant exactement le même mode de calcul a été construit.Une note a été attribuée à chaque personne interrogée en fonction de son rythme de fréquentation des salles de cinéma, des bibliothèques etdes lieux de spectacle, d’exposition ou de patrimoine : pour chacun des cinq équipements retenus, aucun point n’a été attribué quand la per-sonne ne l’avait pas fréquenté au cours des douze derniers mois, un point quand elle l’avait fréquenté de manière occasionnelle et deux pointsquand elle l’avait fait de manière plus régulière. La note maximale était de dix points (deux points pour chacun des équipements). La moyenneobtenue pas les Français de 15 ans et plus est de trois points.

UNE FRÉQUENTATIONDES ÉQUIPEMENTS CULTURELSGLOBALEMENT STABLE

Le temps supplémentaire passé devant les écransn’a pas entamé la propension générale des Français àsortir le soir ni modifié leurs habitudes en matière defréquentation des équipements culturels. Les sortieset visites culturelles ont beaucoup moins souffert dansles arbitrages imposés par la montée en puissance despratiques numériques que certains loisirs du tempsordinaire comme l’écoute de télévision ou la lectured’imprimés.

La comparaison des résultats relatifs à la fréquen-tation globale, tous équipements confondus, avec ceuxde la précédente enquête confirme la remarquable sta-bilité d’ensemble des comportements en matière desorties et visites culturelles6 (graphique 12).

8 culture études 2009-5

Graphique 12 – Indicateur global de fréquentationdes équipements culturels 1997-2008

Source : Pratiques culturelles 2008, DEPS,ministère de la Culture et de la Communication, 2009

10 %12 % 24 %

Nulle Nulle

Fréquentation globale au cours des douze derniers mois

Habituelle Habituelle

Régulière Régulière

Occasionnelle OccasionnelleExceptionnelle Exceptionnelle

27 %27 %

9 %13 % 23 %

27 % 29 %

1997 2008

Sur 100 personnes de 15 ans et plus

Si la fréquentation des équipements culturels aconnu dans l’ensemble peu d’évolutions spectacu-laires au cours de la dernière décennie, certaines dif-férences apparaissent d’un domaine à l’autre(tableau 2).• Le cinéma en salle a touché en 2008 plus de monde

qu’en 1997 en parvenant à élargir la base de sonpublic occasionnel (1 à 5 fois par an), notammentchez les seniors et dans les milieux populaires : 57 %des Français sont allés voir un film en salle au coursdes douze derniers mois contre 49 % onze ans plustôt.

• Les bibliothèques et médiathèques ont connu unléger tassement de leur fréquentation qui fait écho àcelui enregistré au plan des inscriptions : 28 % desFrançais s’y sont rendus au moins une fois au coursdes douze derniers mois contre 31 % onze ans plustôt, ce qui semble indiquer que la progression desusagers non inscrits qui avait été forte dans lesannées 1990 s’est interrompue au cours de la der-nière décennie.

• La moitié des Français (51 %) n’ont assisté en 2008à aucun spectacle vivant dans un établissementculturel au cours des douze derniers mois. Même sil’ampleur très faible des évolutions oblige à la pru-dence, il semble bien que la fréquentation de type

exceptionnel ait progressé au cours de la dernièredécennie : le spectacle vivant serait parvenu à tou-cher une frange de nouveaux spectateurs tout en per-dant une petite partie des spectateurs réguliers.

• Les proportions de Français n’ayant pas visité delieux d’exposition ou de patrimoine au cours desdouze derniers mois sont respectivement de 58 % etde 62 %, niveaux proches de ceux de 1997 ; dans uncas comme dans l’autre, le rythme des visites paraîtavoir légèrement fléchi puisque la part des visiteursréguliers (trois fois ou plus dans l’année) dans lapopulation des 15 ans et plus est légèrement infé-rieure à son niveau de 1997.

D’une manière générale, l’âge moyen des publicsdes équipements culturels a eu tendance à augmenterdu fait de l’accroissement du poids des seniors dansla population française et de leur mode de loisirs plustourné vers les sorties, mais aussi parfois du fait d’unedésaffection des jeunes. Ce vieillissement des publicss’observe dans le cas de certaines formes de spectacle(notamment les concerts de musique classique) maisaussi pour le cinéma en salle : les moins de 35 anssont proportionnellement moins nombreux qu’en1997 à se rendre une fois par mois dans une salle, àla différence des seniors qui sont au contraire de plusen plus nombreux à le faire (graphique 13).

2009-5 9culture études

Tableau 2 – Fréquentation globaledes équipements culturels

Source : Pratiques culturelles 2008, DEPS,ministère de la Culture et de la Communication, 2009

Sur 100 personnes de 15 ans et plus 1997 2008

Sont allées au cours des douze derniers mois

Salles de cinéma0 fois . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 51 431 à 5 fois par an . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27 336 fois et plus par an . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23 24Bibliothèques, médiathèquesJamais . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 69 72Moins d’1 fois par semaine . . . . . . . . . . . . . . 22 201 fois par semaine ou plus . . . . . . . . . . . . . . . 9 7Lieux de spectacle vivant1

0 fois . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 53 511 ou 2 fois par an . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23 263 fois et plus par an . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24 22Lieux d’exposition2

0 fois . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 54 581 ou 2 fois par an . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21 213 fois et plus par an . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 25 22Lieux de patrimoine3

0 fois . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 61 621 ou fois par an . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21 223 fois et plus par an . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18 16

1. Spectacle de danses folkloriques, danse, cirque, music-hall, opérette,opéra, concert de rock, concert de jazz, concert de musique classique, autreconcert, théâtre.2. Parc comme le Futuroscope ou la Cité des sciences, exposition de pein-tures, exposition de photographies, galerie, musée.3. Monument historique, site archéologique, son et lumière.

Graphique 13 – Fréquentation des salles de cinémaselon l’âge

Source : Pratiques culturelles 2008, DEPS,ministère de la Culture et de la Communication, 2009

40

30

20

10

0

50

100

90

80

70

60

%

au cours des douze derniers moisdont au moins une fois par mois

15-24 ans

59

18

69

15

35-44 ans25-34 ans

1997 2008

83

33

88

29

1997 2008

53

11

66

12

1997 2008

46

9

56

14

1997 2008

34

7

44

7

1997 2008

18

3

26

51997 2008

45-54 ans 55-64 ans 65 anset plus

Sont allées au cinéma…

Sur 100 personnes de chaque groupe

UNE CULTURE PLUS EXPRESSIVE

Le développement du numérique et de l’internetont profondément transformé le paysage des pratiquesen amateur, en favorisant l’émergence de nouvellesformes d’expression mais aussi de nouveaux modesde diffusion des contenus culturels autoproduits dansle cadre du temps libre. Les changements ont été par-ticulièrement spectaculaires dans le cas de la photo-graphie ou de la vidéo dont la pratique a presqueentièrement basculé dans le numérique en moinsd’une décennie. La diffusion des ordinateurs dans lesfoyers a également renouvelé les manières de faire del’art en amateur dans les domaines de l’écriture, de lamusique ou des arts graphiques. Aussi n’est-il passimple de se livrer au jeu de la comparaison puisquele regard porté sur les évolutions survenues depuis1997 dépend pour une large part de la manière dontles diverses activités d’autoproduction sur écran sontappréhendées et regroupées (ou non) avec les pra-tiques en amateur d’avant l’ordinateur (tableau 3).

Avec la diffusion des appareils numériques et sur-tout celle des téléphones portables multimédias, lespratiques de la photographie et de la vidéo ont pro-gressé, faiblement dans le cas de la première comptetenu de l’existence ancienne dans les foyers d’appa-reils de type Instamatic ou Polaroïd, plus nettementpour la vidéo puisque la proportion de Français ayantréalisé un film ou une vidéo dans l’année a doublédepuis 1997 (27 % contre 14 %).

Pour les autres activités, l’évolution apparaît enpremière analyse moins favorable : les pratiques musi-cales semblent connaître un léger tassement, de mêmeque celles relatives à l’écriture, aux arts plastiques etau dessin. Toutefois, une fois intégrés les usages àcaractère créatif de l’ordinateur, la pratique en ama-teur apparaît bel et bien orientée à la hausse, dans leprolongement de la tendance observée dans les années1980 et 1990. En effet, aux côtés des pratiques enamateur traditionnelles se sont développées, dans ledomaine de la musique, des arts plastiques ou gra-phiques et de l’écriture, de nouvelles formes de pro-duction de contenus (graphique 14).

10 culture études 2009-5

Tableau 3 – Pratiques en amateur

Source : Pratiques culturelles 2008, DEPS,ministère de la Culture et de la Communication, 2009

Sur 100 personnes de 15 ans et plus 1997 2008

Ont pratiqué au cours des douze derniers mois les activitéssuivantes*

Faire des photographies . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 66 70Appareil non numérique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 66 27Appareil numérique (dont téléphone) . . . . . . / 60Faire des films ou des vidéos . . . . . . . . . . . . . . 14 27Caméra ou caméscope non numérique . . . . 14 4Caméscope numérique (dont téléphone) . . / 26Faire de la musique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17 16Jouer d’un instrument de musique . . . . . . . . . 13 12Faire du chant ou de la musique

avec une organisation ou des amis . . . . 10 8Pratiquer une autre activité en amateur . . . . . 32 30Faire du théâtre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2 2Faire de la danse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7 8Tenir un journal intime,

noter des réflexions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9 8Écrire des poèmes, nouvelles, romans… . . 6 6Faire de la peinture, sculpture ou gravure . . 10 9Faire du dessin . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16 14Faire de l’artisanat d’art . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4 4Avoir une activité en amateur

sur ordinateur** . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . / 23Créer de la musique sur ordinateur . . . . . . . . / 4Écrire un journal personnel sur ordinateur . / 12Avoir une activité graphique

sur ordinateur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . / 8Créer un blog ou un site personnel . . . . . . . . / 7

* Sauf dans le cas des activités en amateur sur ordinateur.** Hors photographie et vidéo.

Graphique 14 – Pratiques en amateur traditionnelleset sur ordinateur

Source : Pratiques culturelles 2008, DEPS,ministère de la Culture et de la Communication, 2009

5

0

10

25

20

15

%

Musique Arts plastiquesou graphiques

Écriture

22

14

18 4

4

13

21

8

4

7

19les deux

sur ordinateur seulement

« traditionnelle » seulement

Ont pratiqué une activité amateur…

Sur 100 personnes de 15 ans et plus

RÉVOLUTION NUMÉRIQUEET GÉNÉRATIONS

À l’échelle de la population française, la plupartdes évolutions de la dernière décennie prolongent par-fois en les amplifiant des orientations dont l’origineest bien antérieure à l’arrivée de l’internet. Les seulesvéritables ruptures concernent la durée d’écoute de laradio qui a baissé de manière importante et celle dela télévision qui marque le pas après la spectaculaireprogression des dernières décennies. Dans tous lesautres domaines (écoute de musique, lecture de presseet de livres, fréquentation des équipements culturels,pratiques en amateur), les changements restent d’am-pleur limitée et surtout s’inscrivent dans le prolonge-ment de tendances mises en évidence par les précé-dentes éditions de l’enquête Pratiques culturelles.

Il est par conséquent tentant en première analysede relativiser l’impact de la révolution numérique surles pratiques culturelles : si celle-ci a radicalementmodifié les conditions d’accès à une grande partie descontenus culturels et déstabilisé les équilibres écono-miques dans les secteurs des industries culturelles etdes médias, elle n’a pas bouleversé la structure géné-rale des pratiques culturelles ni, surtout, infléchi lestendances d’évolution de la fin du siècle dernier.

Dans le même temps, nombreux sont les indicesqui laissent entrevoir la profondeur du changement encours quand on quitte le niveau général pour s’inté-resser aux comportements des jeunes générations. Lespersonnes de moins de 35 ans sont en effet les prin-cipales responsables de la baisse de la durée d’écoutede la radio et de la télévision au cours de la dernièredécennie, elles affirment sans ambages leur préférencepour les films et les musiques anglo-saxonnes à la dif-férence de leurs aînés, et ont activement participé aurecul de la lecture de quotidiens et de livres tout enmanifestant certains signes potentiellement inquié-tants en matière de fréquentation des équipementsculturels : légère baisse de la fréquentation régulièredes salles de cinéma masquée au plan général par laprogression des 45 ans, tassement de l’inscription etde la fréquentation des bibliothèques, recul dans ledomaine des musées et surtout des concerts demusique classique.

Il est logique que l’appréciation portée sur leseffets de la révolution numérique soit différente selonle niveau d’observation puisque près de la moitié desFrançais de 15 ans et plus n’utilisent pas l’internetdans le cadre de leur temps libre ou manifestent à sonégard un intérêt si limité que l’impact sur leurs pra-

tiques culturelles et médiatiques traditionnelles nepeut être qu’inexistant ou insignifiant. De plus, unautre élément contribue à atténuer les effets de la révo-lution numérique à l’échelle de la population fran-çaise : dans plusieurs domaines, le recul des jeunesgénérations est en partie compensé par la progressiondes baby-boomers dont l’intérêt pour la culture estgénéralement supérieur à celui des générations pré-cédentes au même âge.

Aussi est-il souvent utile, pour appréhender ladiversité actuelle des modes d’articulation de l’inter-net avec les médias ou les formes d’accès à la culturequi lui préexistaient et évaluer à sa juste mesure l’im-pact de la révolution numérique, de regarder la sociétéfrançaise comme l’addition de quatre générations« produites » dans des conditions très différentes etplus ou moins en phase avec les générations succes-sives de technologies apparues ces trente dernièresannées, selon l’âge qu’elles avaient au moment de leurdiffusion.

• La génération née avant la Seconde Guerre mondialea grandi dans un monde où rien ne venait contesterla suprématie de l’imprimé, elle a découvert la télé-vision à un âge déjà avancé et est restée assez lar-gement à l’écart du boom musical et a fortiori de larévolution numérique.

• La génération des baby-boomers a été la première àprofiter de l’ouverture du système scolaire et dudéveloppement des industries culturelles et conserveaujourd’hui encore certaines traces de l’émergenceau cours des années 1960 d’une culture juvénile cen-trée sur la musique.

• La génération des personnes dont l’âge se situe entre30 et 40 ans a bénéficié de l’amplification de cesmêmes phénomènes – massification de l’accès àl’enseignement supérieur et diversification de l’offreculturelle – et, surtout, a vécu enfant ou adolescentla profonde transformation du paysage audiovisuelau tournant des années 1980 : elle est la générationdu second âge des médias, celui des radios et destélévisions privées, du multiéquipement et des pro-grammes en continu, ce qui lui a permis de se saisirassez largement des potentialités offertes par laculture numérique.

• Enfin, la génération des moins de 30 ans a grandi aumilieu des téléviseurs, ordinateurs, consoles de jeuxet autres écrans dans un contexte marqué par ladématérialisation des contenus et la généralisationde l’internet à haut débit : elle est la génération d’untroisième âge médiatique encore en devenir. #

2009-5 11culture études

12 culture études 2009-5 Fabrication : TRANSFAIRE – 04250 Turriers

Cette collection est téléchargeable sur www.culture.gouv.fr/deps rubrique « publications »

Le DEPS n’assurant pas de di!usion physique de ces documents, nous vous proposons de vous informer régulièrementdes parutions par message électronique. Pour ce faire, merci de bien vouloir nous communiquer votre courriel à l’adresse

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Ç

LES PRATIQUES CULTURELLES DES FRANÇAISÀ L’ÈRE NUMÉRIQUE

Olivier Donnat

ENQUÊTE 2008

LA DÉCOUVERTE / MINISTÈRE DE LA CULTURE ET DE LA COMMUNICATION

Au moment où plus de la moitié des Français disposent chez euxd’une connexion à haut débit, où plus d’un tiers utilisent l’internetquotidiennement à des fins personnelles, comment les nouvellesformes d’accès en ligne à la culture s’articulent-elles avec laconsommation des anciens médias (télévision, radio, presseécrite) et avec les pratiques culturelles traditionnelles ? Commentse portent la lecture de livres, l’écoute de musique ou la pratiqueen amateur d’activités artistiques ? La fréquentation des salles decinéma, des théâtres ou des salles de concert a-t-elle baissé ouaugmenté et le profil de leurs publics a-t-il évolué ? Le présentouvrage restitue les résultats sectoriels de l’enquête dans ledomaine de la télévision, de la musique, du livre et de la presse,des sorties et visites culturelles et des pratiques en amateur, ensoulignant chaque fois les permanences mais aussi les lignes derupture qui se dessinent sous la poussée d’une culture numériquedéjà très présente dans le quotidien des jeunes générations.

LA DÉCOUVERTE / MINISTÈRE DE LA CULTURE ET DE LA COMMUNICATION20 ! – ISBN 978-2-7071-5800-0

www.culture.gouv.fr/depswww.editionsladecouverte.fr

Les résultats complets de l’enquête sont consultables sur :www.pratiquesculturelles.culture.gouv.fr

RÉSUMÉDepuis 1970, l’enquête Pratiques culturelles du ministère de la Culture et de la Communication constitue le

principal baromètre des comportements des Français dans le domaine de la culture et des médias. Les résultatsde 2008 révèlent, plus de dix ans après ceux de 1997, l’ampleur des effets d’une décennie de mutations induitespar l’essor de la culture numérique et de l’internet : montée en puissance de la culture d’écran, recul de la télé-vision et de la radio dans les jeunes générations, déclin persistant de la lecture de quotidiens et de livres et déve-loppement de la production de contenus.

ABSTRACTFirst published in 1970s, The Ministry of Culture and Communication’s Cultural Participation survey has been

the main barometer of French behaviour in the area of media and culture. Over a decade on from the 1997 results,those published in 2008 shows the impact of ten years of change wrought by the booming digital and internet-based culture: the increasing power of screen culture, the declining popularity of television and radio among theyounger generations, declining daily newspaper and book readership and developments in content production.