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Lesexe,c’estfacile.L’amour,c’estuneévidencequis’impose.Laconfiance,c’estpluscompliqué.

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Personnenelacroit,pasmêmelui…Maiselleseulepeutlesauver.HopeRobinsonestfleuristedansuneboutiqueàSanFrancisco.Entouréed’unepatronnerock’n’roll,d’unemèrepouleetd’unemeilleureamieaucœurd’or,ellemèneuneviequ’ellen’échangeraitpourrienaumonde.Jusqu’aujouroùHopeadesvisions.Hantéeparuncauchemarqu’ellefaitdésormaistouteslesnuits,ellevoitunhommesefaireassassinersoussesyeux,sansqu’ellepuisseluivenirenaideouleprévenir.Accusantlafatigue,Hopen’yprêtepasattention.Jusqu’àcequ’ellecroisecethommedanslarue.

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NinaMarx

BADLOVECAPTIVE,MAISINSOUMISE

Volume6

ZELS_006

1.TitusBarton

«Tudisencoreunmotetjet’encolleuneentrelesdeuxyeux».

Les mots résonnent encore dans mon esprit, alors que Ralph démarre. Je serre les dents pourm’empêcherdecrier.Deslarmesroulentlelongdemesjoues,sansquejepuisselescontrôler.

Soudain,jesursauteviolemmentlorsqu’unemainseposesurmonbras.Jememordsviolemmentlalèvrepourreteniruncri,tournelatête…Etunenouvellevaguedeterreurm’envahit.

Jamaisjen’oublieraicevisage.Sescheveuxroux,sesyeuxfousetsonfacièssontgravésdansmamémoire.CethommeatirésurOscaretmoilejourdenotrerencontre.Ilm’adresseunpetitsignedelamain,unrictusmenaçantauxlèvres.Jeremarquealorsqu’ilpointeluiaussiunearmesurmoi.Cecauchemarn’aura-t-ildoncjamaisdefin?

J’aiunmouvementdereculetmecollecontrelaportière.Jesuisunanimalcaptif.Aucundemesdeuxravisseursneprononceunseulmot,etlesilencerendlasituationplusangoissanteencore.

Les yeux rivés au paysage qui défile, je m’efforce de ne pas céder à la terreur. Unmot, et jepourraisperdrelavie.MaisquisaitoùRalphmeconduit?Va-t-ildemanderunerançon,m’enfermerloindesregards,oumetueretbalancermoncorpsdansunfossé?

RespireElsa.Tuvastrouverunesolution.Oscarvatrouverunesolution

J’essaie de repérer l’itinéraire, droite, puis gauche... Ça ne sert à rien, j’ai bien trop peur pourélaborer le moindre plan. Je finis par fermer les yeux, non pour m’assoupir, mais pour meconcentrer,jenedoispasperdrelatête,nepascéderàl’hystérie.

Quandj’ouvreenfinlespaupières,lavoitureralentitdansunpetitchemindeterre,auboutduquelsetrouveunportailmassifenferforgé,recouvertdelierre.Deuxhommesouvrentlesgrillesetnousnous garons devant un cabanon.Nous sommesdans un ranch,mais tout indique que cela fait bienlongtempsqu’iln’apasétéenactivité.

L’hommerouxmepousseaveclecanondesonarmepourquej’ouvrelaportière.Jem’exécutepourêtreaccueillieparRalphMobleyquim’adanssonviseur.

Menacéedetoutesparts,jerenonceaussitôtàmonenvieinstinctivedetenterletoutpourletoutetprendremes jambes àmon cou.Nul doute que ces deux-là n’hésiteraient pas àm’abattre de sang-froid.

–Tesmainsderrièreledos,Elsa!gronde-t-il.–Oùsommes-nous,Ralph?tenté-je.–Tubavarderasàl’intérieur.Pourl’instantobéis,ouMiltonvasefaireunplaisirdetetirerdans

lesgenoux!«Milton»c’estdoncleprénomdeceluiparlequelmoncauchemaradébuté.Cederniersaisitmes

poignetsetleslieavecunecorde.Lecontactrêchemefaitgrimacer.Moncorpsentieresttétaniséetildoitmepousserpourquej’entredanslapetitecabaneoùm’attendunechaise...Toutétaitprévu!

–Elsa,commenceRalphd’unevoixpluscalme,maisencoreplusinquiétante.Tunesaispasàquivousvous êtes attaqués. Jepensed’ailleursque si vous en aviez eu conscience, tune serais pas làaujourd’hui... Celui qui est derrière tout ça est extrêmement puissant. Et il va éliminer chacun desnomsdesaliste,l’unaprèsl’autre.Toi,tonOscar,ceSimontropcurieux…

Un profond frissonme parcourt, et la terreur glacéem’envahit de nouveau. Tant de personnesinnocentesendanger,tantdemenaces,deviesquirisquentd’êtrebrisées.Ettoutçapourquoi?

–Vous comptez tous nous tuer ?Pour de l’argent !m’exclamé-je soudain, ignorant l’armequeMiltonpointetoujourssurmoi,sansfaillir.Maisdansquelmondevivez-vous?

– Tu n’as jamais entendu parler de Titus Barton ? répond Ralph, prononçant le nom d’un tonpresquesolennel.

–Non.– Et bien, malheureusement pour toi, lui sait qui tu es, lâche-t-il comme s’il prononçait une

sentencedemort.

Jenedoispasmelaisseralleràlaterreur.Sijeluicèdeunpoucedeterrain,ellem’envahiradenouveau et m’empêchera de réfléchir, de réagir, de me protéger. La colère est mon meilleurbouclier!

– Et toi, qui es-tu ? assené-je. Tu ne peux pas être un faux vétérinaire, j’ai travaillé avec toi, àBrooklyn,toutlemondeteconnaît.Çaaussic’étaitunemascarade?

–Non,c’étaitbienunvraiharas,etnondesfigurants.Etjesuiseffectivementvétérinaire...Entreautres.

–Ettuesunhommedemainàlabotted’unmalfrat,entreautres.

Sonsourires’efface.

–Jetravaillepourl’hommelepluspuissantdumilieu,entreautres.Premièreleçon,Elsa:nesefieràpersonne.TitusBartonm’ad’aborddemandédet’embauchercommeintérimairepourtefaireveniràmoi.Çan’apasétésisimple!

SiRaph commence àme raconter tout ça en détail, c’est trèsmauvais signe.Dans les films, leméchantneseconfessepasàceuxqu’ilcomptelaisservivre.

Nepaspenseraupire,nepaspenseraupire.

–Quand j’aieuPegasus&Unicornau téléphonepouravoir tonadresse,continue levétérinaireimperturbable, ils m’ont expliqué que tu ne faisais plus partie de leur fichier en raison d’unedéfectiondedernièreminute.

–Oui, jen’aipaspualler travailler,àcausedevousquim’avez tirédessus ! rétorqué-jeenmetournantversMilton.

–Aumauvaisendroitaumauvaismoment...merépondlerouxenhaussantlesépaules.– J’ai dû expliquer au responsable du cabinet d’intérim que je te voulais, que tu avais une

excellentepopularité,etqu’ildevrait immédiatementtereprendre.Çaamarché.Effectivementtuesdouée,àpartcetteabsenceautravail!

Je commence à pleurer, sans vraiment savoir pourquoi à ce moment-là. L’émotion, la peur, lafatigue. Ce ne sont pas des larmes de rage, mais de détresse, qui désarçonnent les deux hommesdevantmoi.

Ralphs’accroupitàmahauteur,puisregardeMilton.

–Valuichercherdel’eau,çavalacalmer.

Ensilence,Miltons’exécute.

–EtPénélope, et ta femme... ?Savent-ellesque l’hommequ’elles aiment faitpartied’unemafiaéquestre?luidemandé-jealorsquemeslarmessetarissentunpeu.

–Cequetupeuxêtrenaïve,Elsa!s’esclaffeRalph.Jen’ainifemme,nienfant.D’ailleurs, tuasfaillim’avoirquandj’aioubliécebobardsurmasoi-disant«Pénélope»qu’ilfallaitquejeramènechezmoi!

– Que me veut ton Titus Barton ? lui craché-je soudain au visage, N’est-ce pas Oscar qu’ilcherche ? Il pense vraiment que la disparition d’unmilliardaire, aumoment de son enquête sur lemilieu, va passer inaperçue ? Et pourquoi avoir tenté dem’empoisonner à Rio et ne pasme tuermaintenant?

– Jene suispasdu tout au courantde cettehistoired’empoisonnement, rétorqueRalph.Pour lereste,tuneconnaispasTitusBarton.Ilestau-dessusdelajusticeetdeslois,etcrois-moi,vautmieuxêtreavecluiquecontrelui.Tuétaislaplusfacileàatteindre,maistun’esqu’unappât.Àlasecondeoùilvaréaliserquetun’espluslà,OscarIrvinvaaccumulerleserreurspourteretrouver.Tituslesait.

–C’estmalconnaîtreOscar!annoncé-je,sûredemoi.

Jeleconnais,ilestlesang-froidpersonnalisé,ilneferarienpouraggraverlasituation.

Penseràluimerendplusforteetmeslarmessèchent.

–TitustrouvequetonOscarachangédepuisquetuesentréedanssavie,insisteRalph,ilsaitquetuessafaiblesseetque...

Les mots du vétérinaire meurent dans sa gorge quand deux coups de feu retentissent. Quatrepoliciersdéfoncentlaporteàcoupdepiedsousmesyeuxébahis.Ralph,choquéparl’intervention,n’apasletempsdeleversonarmeetestrapidementmaîtriséparlesforcesdel’ordre.JevoisMilton,sur le perron, déjà menotté avec, à ses côtés, les deux cerbères qui tenaient le portail, eux aussimenottés.J’assisteméduséeauspectacledemonsauvetage.Toutvasivite, leshommescrientdansleurs talkies et sécurisent les lieux alors qu’une femme en uniforme et aux cheveux très courts’approchedemoiets’empressedemedélierlesmains.

–VousêtesElsaCarter?

Jehochelatête,désorientée.

Elleparledanssaradioetquandelleprononceun«saineetsauve»,c’estcommesijerespiraispourlapremièrefoisdepuisdesheures.Quandjelèvelesyeux,jevoisentrerOscar.Ettoutàcoup,lemondeseremetàtournerdanslebonsens,laterreurglacées’efface,impuissantefaceàlachaleurdesonamour.Jemelèvesurmesjambestremblantesetfaisunpasverslui,lamaintendue.Maisilestdéjàlà,puissant,rassurantettendre,ilmeserrecontreluidetoutessesforcesetjemeblottisdanssesbras.Sonodeur,sonbaisersurmescheveux,sesbrasautourdemoi,sesmainssurmoi…Ilnepeutplusrienm’arriver.

–OhmonDieu,Elsaj’aieusipeur!–J’aieupeurmoiaussi,murmuré-je.–Machérie, jem’enveux tellement !Abbottaassistéà tonenlèvementdepuisunefenêtrede la

maison,mais iln’apaseu le tempsd’intervenir. Ilaappelé le shérifpuism’aprévenupourqu’onvousfilediscrètement.Ilfallaitqu’onsacheoùilst’emmenaient.J’aicrudevenirfou!

Jen’arriveplusàparler.Jeveuxêtredanssesbras,lesentir,jeneveuxplusjamaislequitter.

Maisunevoixnous interrompt,unhommeauxairsdegentilgrand-pèrequime souritd’unairrassurant.Ilestvêtud’ununiformedesecouriste,etm’offresamaingantée.

–Onvacontrôlerquetoutvabien,mademoiselle,dit-il.

Oscarm’escortejusqu’àl’arrièreducamionoùmesreflexesetmatempératuresontanalysés.Et,misàpartunetensionunpeubasse–riend’étonnantvulechocquejeviensdevivre–toutvabien.

Abbott arrive et m’amène une tasse de café thermos, tandis qu’Oscar s’assied à mes côtés enpassantsonbrassurmesépaules.Jemelaisseallercontrelui,soudainépuisée.Mespaupièressontlourdes,matêteaussi,etjeneveuxqu’unechose:dormir,dormirensécuritédanslesbrasd’Oscar,oublierlemondeetsescomplications.

Maisceneserapaspourtoutdesuite.Leshérifs’approche,l’airgrave.

–Mademoiselle,noussommesheureuxdevousretrouversaineetsauve.Voussentez-vouscapablederépondreàquelquesquestions?

Oscarouvrelabouchepourprotester,maisjel’arrêteensaisissantsamain.Jesaisqu’ilveutmeprotéger,àtoutprix,maiscequej’aiapprispourraitbienfairepencherlabalanceennotrefaveur!

–L’hommequim’aenlevéesenommeRalphMobley,ilestvétérinairedansuncentreéquestredeBrooklyn.Sonacolyte,Milton,et luisontleshommesdemaind’uncertainTitusBarton!C’estluiquiestderrièretoutça,lesmenacesetlafusillade…soufflé-je,tremblante.

– « Titus Barton » ? répète le shérif, étonné. On ne sait rien de lui, c’est une sorte de mythe.Personnenesaitdequiils’agit.Nousn’avonspasdeportrait-robot,d’adresse,d’informationsursonâge. Il est impliqué dans plusieurs enquêtes criminelles, extorsions de fonds, crimes organisés,disparitionsmystérieuses.Nosindicsparlentde luienbaissant lesyeux, l’und’euxs’estmêmejeté

sousunevoituredepeurdesreprésaillesdugrandBarton.– Comme James Stanton ? dis-je estomaquée. Peut-être qu’il s’est jeté sous les roues de cette

voitureparpeur!–Quoiqu’ilensoit,siçaconcerneBarton,l’affairen’estplussousnotrejuridiction,elleestaux

mainsdesfédérauxdepuisunandéjà,etledossierestremplicommelabible,lemalfratestrecherchédansplusieursétats.

–Ilteconnaît,Oscar,ajouté-je.Ralphm’aconfiéqu’iltetrouvaitchangédepuisnotrerencontre.– Il faut absolument que je découvre qui se cache derrière ce pseudonyme ridicule ! s’exclame

Oscar.–Onleveuttous,renchéritleShérif.–Récapitulons,annonceDavidAbbott.Onneconnaîtpas le«baron»maisonsaitqui travaille

pourlui.L’avocat,TomBergman,RalphMobleyetMilton.L’und’euxfinirabienparcraquer!–Trèsbien,ilfautquejeprévienneleFBI,annonceleshérif.–EtmoiSimon!Ilarrivepournousvoir,etmaintenantquejesaisqueBergmanfricoteavecce

tarédeTitus,j’aiaussipeurpourlui.–Ralphacitésonnom,dis-jepourconfirmerl’inquiétuded’Oscar,iladitqu’ilétaittropcurieux

pourresterenvie.–BergmanadûpercuterquandSimonacommencéàposerdesquestions.Est-ceque tu te sens

d’attaquepourallersurleslieuxdel’incendie?–Vousparlezdelamaisond’EuniceStanton?demandeleshérif.Parceque,sic’estlecas,çane

sertàrien,toutestcarboniséetonainterrogétoutlemonde.–Jeveuxm’enassurermoi-même,lanceOscar,sûrdelui.

NousprenonscongédushériftandisqueDavidrepartpourleharas.Ilcompteyarriverenmêmetemps que Simon et peut-être obtenir des informations sur Bergman, des détails qui pourraientparaîtreinsignifiantsmaisquisontenréalitécruciaux…

Escortés par Seth, nous pénétrons dans la grosse berline climatisée, enfin seuls tous les deux.Quandilclaquelaporte,aprèsavoirdonnésesindicationsauchauffeuretaugardiendelasécurité,touslesdeuxàl’avant.Ilexpireprofondément.

–C’estbientôtfini,machérie,déclare-t-ildoucement.

Ilm’attirecontre luid’ungesteà la foispossessifetprotecteur, sesdoigtsdécrivantdescerclesapaisantssurlapeaunuedemonbras.Satendressemevadroitaucœur,sonodeuretsaprésencemerassurent,maisquandjecroisesonregard,jesensqu’ilabesoindeparler.

–Commentvas-tu?luidemandé-jedoucement.– Je suis fatigué et je culpabilise de te faire vivre tout ça.Depuis que tum’as rencontré, j’ai le

sentimentqu’ilnet’arrivequedeschoseshorribles,quetun’auraisjamaisvécuessionnes’étaitpasrencontrés,lance-t-ilencolère.

–Tun’yespourrienOscar,assuré-je.Tuesloyal,droitetbienveillant.Cesontlesautresquisontfautifs.

–SiTitusBartonme«connaît»,commesemblelepenserRalph,celatemetaussiendanger.– Je pense qu’il veut dire que tu l’as croisé régulièrement, pas que c’est un ami, dis-je pour le

rassurer.

–Ets’iln’yavaitqueTitus…

Ilpincel’arêtedesonnezentresonpouceetsonindex,gestequ’ilfaittoujoursavantd’aborderunsujetgrave.Jemeredresseaussitôt.

–Quesepasse-t-il?demandé-je,inquiète.–Jenesuispassûrquecesoitlebonmomentpourteparlerdeça,maisladernièrefoisquejet’ai

cachéquelquechose,j’aicruquetuallaisimploserdecolère,alorsjepréfère…–Tuasraison,çameressemble.Dis-moitout,exigé-je,déterminée.–ÇaconcerneLucy.Elleaétéhospitaliséepourdépressionsévère.J’aieuLaurenau téléphone,

quiestsousl’eaupuisquenimoi,niLucynesommesàsescôtés,commence-t-il,trèsgêné.–MonDieu,Lucy?Maisc’estunroc.

Pournepasdireunrobot.

Depuis le jour où je l’ai rencontrée, elle n’a cessé d’être cette business woman que rienn’atteignait.Elle a étéparticulièrementdure àmonégard,mais aprèsRio, elle avait complètementchangé.

–Elleallaitmaldepuislongtemps...Cequil’apousséàcommettrequelquechosedemonstrueux.

Oscarfroncelessourcils,ilal’airtrèsencolèrecontreLucy.

–Monamour,ona tousnos failles,Lucy sedévouecorps et âmepour ta compagnie,pour toi,qu’a-t-ellefaitquit’affecteautant?Elleafaitdumalàlacompagnie?

–Non,àtoi.

Saphrasemeglacelesangetjeluilâchelamain,commeélectrocutéeparlanouvelle.Àmoi?Jesuisincapabledeluirépondre,maisjelefixeenattendantlasuite.

–Elleaavoué la tentatived’empoisonnementdont tuasétévictimeàRio, lâcheOscarentresesdentsserrées.

–Maisc’estinsensé!Pourquoi?

Jemets la têtedansmesmainspourneplusvoir lacruautédesgensquim’entourent.Commentvais-jerefaireconfianceunjour?Sont-ilstousdevenusfousàvouloiréliminerlesgensqui,seloneux,seretrouventsurleurroute?

–Ellenevoulaitpastetuer,poursuitOscarenmecaressantledos.Ellepensaitt’effrayer.Elleesttrèsconfusedanssesexplications,elle-mêmenesaitpastropcequiluiapris.

–Maisa-t-elleaumoinsunmobile?Ellen’estpasàlasoldedeTituselleaussi,parpitié!?–Non,jecroisqueçan’arienàvoir.D’aprèsLauren,ils’agissaitdet’éloignerdemoipourque

tunevoyagesplusàmescôtés.Elleavaitpeurquetunuisesàlabonnemarchedel’entreprise.

J’essaiedemeraisonner.Denepastoutmélanger,entreTitusBartonetLucy.Elleestactuellementenmaison de repos, lesmédecins parlent de dépression sévère, et évidemment pour empoisonnerquelqu’un,ilfautsoitêtreextrêmementdiabolique,soitêtrefou.Jepréfèreladeuxièmeoption.

–JenepensaisvraimentpasLucycapabledeça,soupireOscar,c’estunrequindansletravail,uneacharnée, mais de là à vouloir dumal. Elle a agi de façon irraisonnée, et elle était ivre. Elle estcomplètementperturbéedepuis lemomentoùelleaapprisque tuavais faillimourir.Elleacraquénerveusementsouslaculpabilité...

–Jevois...Etmaintenant?– Maintenant, ils la soignent. Je ne connais pas son avenir, mais il me faudra du temps pour

accepterneserait-cequedelarevoir.Ladépression,l’alcooln’excusentpastout.J’aifailliteperdreàcausedesoncoupdetête.C’esttroppourmoi.Etsituveuxporterplainte,jetesoutiendrai.

Ilmeprenddanssesbrasetmeserrefort.Jerespiresonparfumdanssoncoudélicat.Perdue...jesuiscomplètementperduesanslui.

–Jesuisfatiguéede toutça,Oscar.Maismercid’avoirétéfrancetdem’avoir tenueaucourantpourLucy.Jesavaisqu’ellenem’aimaitpasetjepensesincèrementqu’ellen’apasvoulumetuer.Jeneporteraipasplainte,maiseffectivementjeneveuxjamaislarecroiser.

– D’ailleurs, j’ai appris par Lauren comment t’avait traitée Lucy à l’inauguration de Rio... Tucomptaism’enparler?melance-t-il,presqueheureuxdem’attraperenflagrantdélitdecachotteries.

–Jenevoulaispas...commencé-je,gênée.–Onadit«honnête»,et je l’aicompris,alors,à tontourdemepromettredetoutmedire,me

répond-il.–TOUT?dis-jeenriant.–Oui,mêmetesrêveslesplusfous.

Ilmelanceunclind’œil.

Souriredanscettesituation,grâceàcethomme,aquelquechosedemiraculeux.

2.EuniceStanton

Àcôtédepetitesmaisonsmodestesse trouve lamaisond’EuniceStanton,dumoins,cequ’ilenreste:unefaçadenoirciequis’écroulerabientôt,delataule,desdébrisdeverre,letoutsécurisépardescordonsdesécuritéjaunesetdespanneauxdanger.

Les gens du quartier passent devant sans plus de considération, la vie a repris ses droits. Unemaisonbrûlée,undécès,çaadûsecouerlevoisinage,maisc’estdéjàterminé.

Oscaretmoinoustenonssurletrottoiretcontemplonsledésastre.Peut-êtreque,danslamesureoùnousensavonsbeaucoupplussurcequis’estpasséici,nousn’arrivonspasàdécrochernosyeuxdelanoirceurduspectacle.Aucundenousneparle,maisjesenslacolèrefroidequienvahitOscar.Iln’auradereposquelorsquelescoupablesserontderrièrelesbarreaux.Quantàmoi,jesuispartagéeentre l’horreuret la tristesse.Commentpeut-onenarriver là,commentpeut-ondéchaînerune telleviolencecontrequelqu’un?

–Heyvous,jepeuxvousaider?lanceunhommeenshortetdébardeurquipromènesonchien.

Lemégotaucoindes lèvres, lacinquantainebienavancée, ilnousdévisagedehautenbasaveccuriositémaissansméchanceté.

–Non,merci,bonnejournéemonsieur,répondOscar.

Loindesedécourager,lepetitmonsieuretsonJackRusselserapprochent.

–Vousêtesdesféd’?Ilresteplusrien,etonatousétéinterrogésdeuxfois...Iln’yaplusrienàvoir.

Ilseplantedevantnous,fermementdécidéànousfairedéguerpir.Oscarsetourneverslui.

– Je suis venu voir la maison d’Eunice, elle était la mère d’un de mes employés, annonce-t-ildoucement.

–LepetitJames?luirépond-il,étonné.–JesuisOscarIrvin,etjevousprésenteElsaCarter.

L’hommeécarquillelesyeuxetlaissetombersacigarette.

–Nebougezsurtoutpas,ilfautquejepréviennemafemmequevousêteslà.

Nousn’avonspasletempsderépondrequ’ils’envaaupasdecoursedanslamaisonvoisine.Sethsortdelavoiturepourseposterànoscôtés.Mieuxvautêtretropprudentsetdissuasifsqu’endanger!

L’homme revient accompagné d’une femme plus grande et plus forte que lui. Elle remet ses

cheveuxenplace,toutentirantsursatuniquebigarréeetsonsacàmainfantaisiealorsqu’elleestenchaussons.

–Bonjour...VousêtesOscarIrvin?demande-t-elletremblante.–Toutàfait,répondOscarsolennellement.–Vousavezquelquechosequimeleprouverait,monsieur?demande-t-elle.

Oscars’étonnepuisprendsonportefeuilledanssapocheintérieuregauche.

–Monpermisdeconduire,çaira,madame...?–Pardon,jem’appelleCoralie,etlui,c’estmonmari,Kevin.Onestlesvoisinsd’Eunice,enfin,on

était.

Ellesesigne,etenvoiesamainaucielcommepoursaluersavoisinedisparue.Puiselleplongedanssongrandcabasetenressortuneenveloppeépaissequ’elletendàOscar.

– C’est pour vousmonsieur Irvin. Euniceme l’a confiée pour vous au cas où il lui arriveraitquelquechose.Jepensaisqu’elleavaitperdulaboule,maiscommeJamesvenaitdemourir,j’aipasprêtéattention.Quandonperdsonpetit,c’estnormaldedevenirzinzin.C’étaitilyaunesemaineàpeine,elleétaittrèseffrayée,jemesouviens,c’étaitunmatin,parcequeKevinregardaitlessélectionspourlaNBA.

–Ellevousaditautrechose?demandeOscarenrangeantl’enveloppedanssaveste.–Elleaététrèsferme,qu’ilfallaitvousledonneràvousetàpersonned’autres.Quandlesflics

sontvenus,j’aihésitéàparlerdeça,maisunepromesse,çasetient.Jevoulaisvenirvousvoir,maisjen’osaispas.Ilyaeul’incendie,çam’apasmalsecouée,puisjesavaispastropcommentfaire...Ondiraitunesériepolicière.QuandmonKevinm’aditquevousétiez là, jemesuisditquec’étaitunrappeld’Euniceàmaparole.

–MerciCoralie,vousavezétéunetrèsbonneamiepourEunice.

Leslarmesauxyeux,Coralieserapprochedenous.

–Vousêtesdesbonnespersonnes,jelevois.Alors,s’ilvousplaît,quiquecesoitquiaitfaitça...Faites-lepayer.

–Jevouslepromets.Etvoussavez,pourmoiaussiunepromesseestunepromesse.

Ellesourit,puisnousquittonslecouple.Oscarmetendlamain.

–RentronsàBluePine,onregarderatoutçalà-bas.

Je hoche la tête. Ce nouveau rebondissement va peut-être apporter un nouvel éclairage à lasituation,qui sait ?Nousnaviguons tellement àvueque lemoindreéclatde lumièrenousapparaîtcommeprovidentiel!

Épuisée, jem’endors dans les bras d’Oscar pendant le trajet du retour.Quandnous arrivons auharas,Simon,sonamid’enfance,se trouveà l’entréede lamaison.NouslevoyonsserrerGrigoridans ses bras, puis se bagarrer avec lui comme un gosse de huit ans.C’est la première fois qu’ilrevientàBluePinedepuissadisputeavecOscar...

Jeme tourneversmonamoureuxquiassisteà lascène,et il semble touché.«Touché»commepeutl’êtreOscar,c’est-à-direavecunlégersourirepudiquesurleslèvres.

Noussortonsdelavoiture,etc’estànotretourd’êtreaccueillisparlefuturpapa.

–Mesamis,ilesthorsdequestionqu’ilvousarrivequoiquecesoitalorsqu’onvientàpeinedeseretrouver!lanceSimon.

–C’estunplaisirdeterevoirici,répondOscaraprèsunefurtiveaccolade.–C’est surréaliste ! J’ai tellement rêvédecemoment, j’auraispréféréquece soitdansd’autres

circonstances,crois-moi.

Simons’approchedemoietmeprenddanssesbras.Cetteétreinteamicalemefaitunbienfou.

–ÇavaSimon.Unefoisdeplus,ilyaeuplusdepeurquedemal.–TuesuneguerrièreElsa,lanceGrigorienmeserrantàsontourcontrelui.–Jesuisbiend’accordavectoi,renchéritOscarenmecouvantduregard.

Davidsetientderrièrenous,sonéternelcalepinàlamain.

– Je viens de débriefer Simon sur le chemin de l’aéroport, à propos des derniers événements,annonceledétective.

– Pour une fois, c’est moi qui aie du nouveau, annonce Oscar, la lettre à la main. La voisined’Eunicevientdemelaremettre,etelleavaitpourconsigneden’enparleràpersonned’autrequ’àmoi.

Nousnous installons tousdans lebureaud’Oscaretdécouvrons lecontenudupli :des feuilletsmanuscrits, d'autres qui ressemblent à des ordonnancesdemédicaments, des relevés de comptes…Oscars’empared’unedeslettres,tandisquejetentededéchiffrerlesautresdocumentsavecDavid,SimonetGrigori.

Uneexclamationétoufféemefaitbrusquementreleverlatêteetjevoislesyeuxd’Oscarparcourirlepapieràtouteallure,ilesteffaré.

–OK,jecroisquenoussommesenpossessiondesconfessionsdeJames!déclare-t-ild’unevoixblanche.

–Quoi?!répondons-nousenchœur,Simonetmoi.– James travaillait bien pourAlex Patterson, l’homme qui voulait acquérirOrion. Il espionnait

poursoncompteleschevauxdeBluePine.–Çacommencebien,onaenfinunnom,mêmesionavaitaperçuJamesauharasdePatterson,on

aunepreuveécrite,analyseDavid.–Etcen’estpasterminé,ditOscar.Ilexpliqueàsamèrel’enferdelaculpabilité.Iladécidédetout

arrêter, mais pour ne pas se faire prendre par la police, il a menacé Patterson de tout révéler,moyennantfinance.

–Oui,c’étaitunmoyendes’offrirunesécurité.PattersonavaittoutintérêtàprotégerJames,s’ilvoulaitcontinuersesmagouillestranquillement,dis-jeàmontour,hallucinée.

–Enfin,c’étaitsanscomptersurl’hommequiafiniparterrorisernotrelad.Ilnelenommepas,il

expliquejusteàsamèrequ’ilamislespiedsdansquelquechosequiledépasse,que«c’estunfoufurieux».IlparledeTitusBarton,j’ensuissûr!fulmineOscar.Enfin,ils’excuseauprèsd’Eunicedes’êtremisdanscettesituation.

–Etdeluiavoirvidétoutesseséconomiessemble-t-il,ajouté-jeenregardantlescomptesd’Eunicequipassaitsontempsàenvoyerdel’argentàsonfils.

–J’aiunelettred’Eunice,déclareSimonenfouillantdanslespapiers.Apparemment,aprèslamortdesonfils,elleexpliquequ’elleacontactéAlexPatterson,qu’elleestimeresponsabledusuicidedetonlad.Elleconsignetoutçaparécrit,«aucasoù»,citeSimon.Elleademandéréparation,seule,sans argent, avec son fils mort dans le déshonneur.Mais, il semble que tout ne se soit pas passécommeprévu.Quandelleécrit,elleestpaniquée.Elleexpliquequ’elleauraitdûcroiresonfilsquandildisaitqueceshommesétaientfous,etaussidangereuxquepuissants.Elleterminelà-dessus.

Ensilence,nousenregistronsces informations.AlexPattersonépiait leharasdeBluePinepouracquérirlesmeilleurschevaux.QuandOscarluiarefuséOrion,ilavurouge,pensantquelechevalallaitremporterlesprixetempêchersesmagouilles.Ill’afaittuerenpayantJamespourfairelesaleboulot, mais Oscar s’est montrémenaçant, commençant à répandre la rumeur devant témoins. Lemilliardaireestdevenugênant,etplusilsonttentédeluifairepeur,plusils’estrebelléetafouillé...Maisdelààvouloirsamort…Lesmenacesd’Oscaronteuplusdepoidsqu’ilnelepense,etsurtout,l’enjeudoitêtreimmensepourcestypes!

–PattersonnepeutpasêtreTitusBarton,annonceOscarrompantlesilence.–Jesuisd’accordavectoi,surenchéritDavid.–Cetypeestuneverminequiveutquelquesdollars,iln’apasl’envergurenécessairepourêtreun

chefcriminel,continueOscar.–PourlesautreséleveursreprésentésparBergman,onn’arien,aucuneallusion,dis-je.–C’estvrai,déclareDavid,maisçane les innocentepaspourautant.Onpeutenapprendreplus

grâce à Patterson et Bergman.Avec ce qu’on a, la police peut les interroger surOrion, peut-êtreaccepteront-ilsdecollaborer.

–ConnaissantBergman,ilpréféreraçaplutôtquedevoirsaréputationentachée,lanceSimon,sûrdelui.

Jepriedetoutesmesforcespourqu’ilnesetrompepas…

3.Lacolonie

–ÀquelleheurearriveIsobel?demandé-jeàOscar,tandisquejemebrosselescheveuxdanslasalledebainsattenanteàlachambre.

Je l’entends marmonner. Je me rapproche et je surprends le beau milliardaire fredonnant unechanson,toutenmettantseschaussures.Depuislechambranledelaporte,jel’observeensouriantetmoncœurfondd’amour.Noussommesbien.NoussommesinstallésàBluePinedepuistroisjours,etjemesensenfinunpeuplusensécurité.D’autantquemasœuretThomassontarrivésceweek-end.

Oscaradûinsisterpourlesarracheràleurvienew-yorkaise.Nousnevoulionspasleseffrayer,mais nous n’avons pas eu le choix. Nous leur avons appris que j’avais été kidnappée. À l’heureactuelle,ilsdoiventêtreentraindedormir,officiellementdansdeuxchambresséparées,mêmesiunedeschambresresteraprobablementinhabitée.Jen’aipaseul’occasiond’aborderlesujetavecl’unoul’autre,maisjecomptebienyremédierauplusvite.Masœuretmonmeilleurami…Encouple!

Oscarsursauteenmevoyantetarrêtesamélodie.

– Comment ? me lance-t-il en souriant, conscient que j’attends une réponse depuis quelquesminutesdéjà.

–Isobel?Danscombiendetempsarrive-t-elle?lancé-jeenriant.–Enfindematinée,jecrois.–Çavaêtreunesacréetabléecesoir!dis-jeenthousiaste.–Ouiettusais,curieusement,çamefaitvraimentplaisir.Jecroisque...Nousenavonsbesoin.

Oscar m’embrasse fougueusement et je me laisse prendre au jeu. Ses baisers sont toujoursmagiques,sensuelsetsauvagesàlafois.

–Disdonc,onapromisdeprendre lepetitdéjeuneravecSimon...préviens-jeOscarentredeuxbaisers.

–Onadînéensemblehier soir... ilpeutattendreunepetitedemi-heure !me lance-t-il aveccetteflammedanslesyeuxquejeconnaisdésormaisparcœur.

–Elleestcuite!

–Complètement.Etçafaitplaisir...

–Pourunefois,jesuisd’accordavectoi.

***

–JeseraiscomplètementrassuréquandIsobelseraavecnous,j’aihâtequetulaconnaissesplus,

Elsa.Vousallezvousentendreàmerveille!–Jen’endoutepas.Dis-moi,l’arrivéedubébéestimminente,non?

Simonseressertuncafé,nerveux.

–Deux semaines et demie, j’ai hâte et je suis terrorisé à la fois.Mais après tout, desmillionsd’hommesetdefemmessontdevenusparentsavantnous,çadevraitaller.

–Jesuisvraimenttrèsheureuxpourvous,l’arrivéed’unenfant,c’estunbelaccomplissementdansuncouple,lanceOscarenmeregardantdanslesyeux.

NonElsa,necommencepasàt’emballer,tuleconnaisdepuisunmois!

–Jesuisétonnédet’entendredireçaOscar!Toiquinevoulaispasd’enfant,pasdefamille,pasdepatrie...Menertabarquecommeunloupsolitaire.

–Oui,maisleschoseschangent,répond-ild’untonmystérieux.

Lepetitdéjeunersepoursuitausoleil.MalgrélamenaceconstantedeTitusBarton,lesagentsduFBIquipassentrégulièrementetlasécuritérenforcée,nousréussissonsànousdétendreetàprofiter.NoussommesrapidementrejointsparApriletbientôtparThomas,tousdeuxsouriantset lesjouesétonnammentrouges…Chacundétourneleregardquandj’essaiedecroiserleursyeuxetladistancevolontairequ’ilsmettententreleurschaisesm’enditplusquetouslesaveuxdumonde!

QuandSethterminesatournéeetqueJudearriveàtable,jemeprendsàsouriredevantcegroupequinecessedes’agrandiretdediscourirjoyeusement.

Maria,lafemmedeGrigori,nousrégaleavecdesrollsàlacannelleetàlapomme,pendantquelestroismousquetairesOscar,SimonetGrigorin’ontdecessederessasserleursvieilleshistoires.Ilyaquelquechosed’adorableàregarderSimonévoluerdansledomaine,c’estunretoursurlesterresdesonenfance.Et,quandiln’évoquepaslessouvenirs,jelevoisposersesyeuxsurleschevaux,lespierres,lesfleursavecunegrandeémotion.

–TutesouvienslejouroùtuasmontéÉclipsesansselle?lanceGrigoriàSimon.Leplusbeauvolplanéquej’aiejamaisvu!

–Ettoi,quandtuasfabriquéunmurdebottesdefoinjustepourescaladerlamaison!rétorquesonami.

Tous éclatent de rire, et j’imagine sans peine trois petites terreurs semant le chaos dans tout leharas.Oscarrayonneetparleavecanimation.Moncœursegonfled’amouràlevoirsienthousiaste.

–Jecroisquandmêmequelapalmeterevient,reprendSimonenregardantmonamoureux,hilare.Pournousfairerire,tuascarrémentaspergéd’eautonpèreettamèrequiétaientattendusaugaladecharitéhippique,touslesdeuxsurleurtrente-et-un!

–Jenet’imaginaispasensalegosse,Oscar!s’exclamemapetitesœur.–Etpourtant…,répond-ild’unairfaussementcoupable.–Délinquant,va!dis-jeendéposantunbaiserfurtifsurseslèvres.– En revanche, je t’imagine très bien faire des bêtises, April, déclare Jude, le séducteur, en la

regardantdroitdanslesyeux.

MasœuréclatederireetThomasselèvepourallerchercherducaféalorsqu’ilyenaenfacedelui.JecroisquevoirJudeflirtersifrontalementavecAprillerendtrèsjaloux.IlfautquejetrouveunmomentpourparleràThomas.Jesuissameilleureamie,etmêmes’ils’agitdemasœur, jepensequ’ilabesoindeseconfier.Jesaisqu’Aprilnesecroitpasprêtepourrecevoirl’amour.Jeneconnaisquetropbiencesentiment.Entrenotrepèredécédétropjeuneetnotremèrequiadéménagéàl’autreboutdupayslejourdeses18ans,elleapeurdesouffrir.

LorsqueThomasrevients’asseoir,jetented’accrochersonregardpourluiapportermonsoutien.Maisilestconcentrésurl’horizonetlatensionévidentedesesépaulesnes’apaisequelorsqueJuderepart travailler.LaissantOscar et ses amis à leurs retrouvailles, je décided’aller faireun tour encuisine,voirMaria.

Jelatrouveenpleinevaisselle,chantonnantgaiement.

–Tuasl’airdetrèsbonnehumeur,dis-moi!–Jelesuis!s’exclame-t-elle.SimonestderetouretçarendGrigoritellementjoyeux,çaluipesait

depuislongtempscettehistoire.–Ouij’imagine,luiréponds-jeenessuyantlesverres.Ilfautsavoirpardonner,c’estimportant.–C’estexactementcequej’aiditàGrigoripourplaiderlacausedemonfrère,Diego.–Ahoui,c’estvraiqu’ilsneseparlentplus?

J’avaiseuventdecettehistoire,quandMariaavaitétéinjustementsoupçonnéedetravaillerpourl’ennemi.

–Etbiendepuishiersoir,si,figure-toi!Bon,onestloindusuccèsdesretrouvaillesentreSimonetOscar,maisjenepensaisjamaisrevoirGrigorietDiegodanslamêmepièce.

Jesaisqu’OscarestaucourantdelaterribledisputeentreDiegoetGrigori,maisàchaquefoisqueje tente d’en savoir plus, il me répond « Ça ne nous regarde pas ! ». Quoi qu’il en soit, je suisvraiment heureuse pourMaria ! Je l’aide à terminer la vaisselle et nous sommes rejointes parmasœurquelquesminutesplus tard.Je lanceàAprilunimmensesourire,m’apprêteà luiparler,maisellemestoppedansmesélans.

–Jet’arrêtetoutdesuite,lance-t-elleenlevantlamain,jen’aipasenvied’enparler!

Ellemeconnaîtparcœur.J’aibeauêtredéçueetsurtoutconvaincuequecetteconversationestplusquenécessaire,jen’insistepas.

–D’accord,maistusaisquetupeuxvenirmevoirquandtuveux,sil’enviet’enprend.

Masœurm’adresseunbrefsourire,mefaitunbaisersurlajoue,avantdemesaisirparlamainetde m’entraîner vers la porte. J’ai juste le temps de saluer Maria avant d’être emportée par montourbillondepetitesœur.

– Je venais t’annoncer l’arrivée d’Isobel ! Je viens de bavarder avec elle, elle est super cettefemme!

–Jesuisbiend’accordavectoi!confirmé-je.

Jedécouvreune Isobelextrêmementprochedeson terme.Sonventreestbas, tendu,etmêmesielle est pourmoi la définition de la grâce, on sent bien qu’elle a dumal àmettre un pied devantl’autresanssouffrir.Oscarporteles–trèsnombreux–sacsdelafuturemaman,tandisqueSimonluidemandetouteslesquatresecondessielleabesoindequelquechose.

Désespérée,Isobelsetourneversmoi.

–Jet’enprieElsa,emmène-moiloindecettenourricebarbueoujel’étrangle!melance-t-elle.–Ça teditun tourenvoiturettedans ledomaine, loindeceshommesquipaniquentaumoindre

bruit?–Soisprudenteavecmafemme,Elsa!s’exclameSimon,toutpâle.

Je lui tapote l’épaule d’un geste rassurant tandis qu’Isobel le fait taire d’un baiser. Oscarm’embrasse à son tour et nous filons toutes les deux, suivies d’April. Thomas la suit du regard,impuissant,maisma sœur ne se retourne pas une seule fois. L’envie de faire un commentairemedémange,maisellem’aclairementfaitcomprendrequejeferaismieuxdemetaire.

Une fois dans la voiture, nous roulons au pas, suivies par Seth qui reste à distance pour nouslaisserunpeud’intimité.Nousnousasseyonssurl’herbedansuncoinombragédudomaine,tantbienquemalpour Isobelqui finitpar trouverunepositionconfortable.Ellecaressesongrosventreengrimaçant.

–Tuasmal?Tuasbesoindequelquechose?demandé-jeenimitant l’airanxieuxdeSimon,etelleéclatederire.

–OhElsa,j’aihâted’êtredélivréeetderencontrercepetitêtre!s’exclame-t-elle.Maissurtout,depouvoirtrinqueravectoi,auxretrouvaillesdeSimonetOscaretànotrenouvelleamitié.

–C’estpourbientôt,plusquedeuxsemaines,dis-jepourlamotiver.–Oui,deuxsemaines...çan’al’airderiencommeça,maisc’esttrèslong,minederien.– Tant de choses peuvent changer en deux semaines, acquiesce April, qui joue avec des brins

d’herbe.–Quinzejours,soitlamoitiédenotrerelationavecOscar.Pourtant,j’ail’impressionqueçafait

tellementlongtemps!

Isobelmeregardeavecdouceur.

– Oscar a l’air tellement heureux, son visage est ouvert, serein... Puis votre complicité estincroyable. J’ai euSimonau téléphoneavantd’arriver, et à chaque fois ilme répétait àquelpointOscar...AAAAAAAH!

Soncrimefaitsursauter,Aprilselèved’unbond,etdéjàjevoisSethquis’approcheencourant.Larespirationhachée,serrantlesdents,Isobeltouchesarobepuisregardesesmains.

–OhmonDieu!m’exclamé-je.Tuviensdeperdreleseaux,c’estça?

Isobelsaisitbrusquementmamainetlaserreàlabroyer.Lapaniqueselitdanssesyeux,etjefais

demonmieuxpourcontrôler lamienne.Ducoinde l’œil, jevoisAprilau téléphone,quiprévientThomasetlechargederépandrel’information.Beautravaild’équipe!

– Je vais accoucher Elsa ! s’écrie Isobel. Ce n’est pas du tout le bonmoment... Je n’ai aucuneaffairepourlepetit.Etpuis,j’avaisdeuxsemainesencore...

–Respire,jesuislà,Simonestlà,dis-jed’unevoixapaisante.Onvateconduireàl’hôpitalettoutvabiensepasser.Est-cequetupeuxtelever?

Elle hoche la tête mais Seth décide de la porter sans sourciller jusqu’à la voiturette. Nousretournonsàviveallurevers lamaison, Isobel refusantde lâchermamain. Je risquepeut-êtred’yperdreundoigtoudeux,maisjesuisprêteàlessacrifierpourlasoutenir.

Quandnousarrivonsdevantlamaison,unescènecomiquenousarracheàtousungrandéclatderire : Oscar, Simon, Grigori,Maria, Thomas, Jude... Tout le monde court dans tous les sens, cetenfantarriveplustôtqueprévu,maislemoinsqu’onpuissedirec’estqu’ilravitdéjàtoutlemonde.

***

–Bonjour,quelestvotremeilleurlitpourbébé,mademoiselle?J’enveuxunultrasécurisé,avecunmatelas adaptéet surtout, extrêmement confortable.Pouvez-vousmemontrervosmodèles ?Leprixn’estpasunproblème,maisjeveuxletopdutop.

La vendeuse est médusée face à cet homme sublime qui exige un lit d’enfant comme oncommanderaitunemontredeluxe.

Isobelaperdu leseauxet accoucheradansundélaimaximalde48heures.Ellea sespremièrescontractions,maisellesnesontpasencoreassezefficaces,illuifautencorequelquesheures.

NousavonslaisséSimonemmenerIsobelàl’hôpitalavecungardeducorps,pendantquetoutlemondes’affaireàBluePinepouraménagerdeuxpiècesprovisoirespourlanouvellefamille.

Oscaretmoisommesencharged’acheterlenécessairepourl’enfant,maisle«nécessaire»selonOscar,c’estlenecplusultra.

IlregardesonSmartphone.

–Poussette,OK, lit...Onest dessus.On repassera à laboutiquedevêtements, jene suispas sûrqu’ilaitassezde...Commentças’appelleletrucpourmettreendessousdesvêtements?medemande-t-il,inquiet.

–Desbodys?Jecroisquetrentebodys,dedeuxtaillesdifférentes,c’estassez,Oscar,lerassuré-je, attendrie.Heureusement que je t’ai freiné, sinon tu partais pour sa garde-robe de l’hiver.Monachatpréférérestetoutdemêmecedoudou!

Je tire du sac un lapin tout doux avec de grandes oreilles. Il ferme les yeux, comme endormi.Quand je l’aivu, j’ai euun immensecoupdecœur.Puisunpincement.C’est trèscurieuxdevivrecettefolleaventureparprocuration.

Pendantqu’Oscarrèglela livraisondumobilier,etenprofitepourrendrechèvrelaresponsabledumagasin,jem’approchedeluipourleprendredansmesbras.Jevoisàtraverscetteexcitationlerattrapaged’annéesdesilenceavecSimon.

Moiquiavaispeurqu’ilpuisseencoreressentirdeschosespourIsobel,jefaisaisfausseroute.Ilestheureuxqu’elleaccouche,maisilestencoreplusjoyeuxd’avoirretrouvésonami.

– Dites-moi, j’en ai vu des futurs papas aux petits soins pour leurs enfants, mais là, c’estimpressionnantmonsieur,serisquelavendeuseentendantleterminalàcartebleueàOscar.

–Jenesuispaspapa,pasencore.Maisc’estpourl’enfantdemesamis,etrienn’esttropbienpourlesgensquim’entourent.

–Alorsilsontbiendelachancedevousavoir,lance-t-elleenmefaisantunclind’œil.

Curieusement,jenemesenspastrèsbien.

–Qu’est-cequiluiarrive?

–Jesaispas...Ceshistoiresd’enfant,çacommenceàlatravaillerpeut-être?

–AvecOscar?Maisilsnes’aimentquedepuisunmois,c’estdelafolie!

–Tusaisenamour,iln’yapasdedurée«raisonnable».

–OK,heureusementquejesuislà,parcequ’avectoi,elleseraitmalbarrée!

–Quelquechosenevapas?medemande,Oscaralorsquenousentronsdanslavoiture.

Jebaisselesyeuxsurmesmains,jesuisincapabledecomprendrecequej’aisurlecœur.

Ilsaisitdoucementmonmentonpourramenermonvisagedanssadirection.

Après un long silence, alors que Seth conduit la voiture et que nous sommes tout au fond àl’arrière,Oscarmurmureàmonoreille.

–Tun’aspasaiménotreviréeshoppingspécialbébéurgent,plaisante-t-il.–Ohsi!C’étaitjuste,curieux...–Moij’aiadoré!Maisj’espèrequequandçam’arrivera,j’auraisplusdetempspourplanifiertout

ça,parcequejenesuispascertainquecematelassoitlemeilleurdumarché.

Jesouris.Ilvoitquequelquechosenevapas,maisnousarrivonsdéjààBluePine.

–Jevaismontermereposer,dis-jeavantquenouspénétrionsdansl’alléequimèneauharas.–OK,jevaisremettrenosachatsàMariaqu’ellepuisselaverlelingedubébéetjemontetevoir,

ilfautqu’onparle.

Jen’arrivepasàsavoirs’ilestsérieux,inquietouagacéetj’aipresqueenviedepleurer.Qu’est-cequ’ilm’arrive?Pourquoitantd’émotionsencebeaujour,alorsquepresquetouslesgensquej’aimesontlà,àmescôtés.

Discrètement,jemonteàl’étagemaispersonnenes’enaperçoit,ilssonttouscomplètementgagasde nos achats. Même Jude craque pour les petits chaussons en laine et fils d’or que nous avonsachetés.

Jem’allongesur le litet fixe leplafond. J’aiàpeine le tempsdechercherune raison logiqueàmonétatqu’Oscarestdéjàlà,inquiet,àcôtédemoi.

–Parle-moiElsa,lance-t-ilenmecaressantlescheveux.–Jenesaispasquoitedire.–Trèsbien,jevaistedonnerunetechniqueinfaillible.Fermelesyeux,etsansréfléchir,dis-moi

toutcequetuassurlecœur.–D’accord,dis-jeenfermantlesyeux.

Jefaislevide,essayantderepousserlesémotionsetlesquestionsquitourbillonnentdansmatête.Je sens les doigts d’Oscar dansmes cheveux, leurs caresses apaisantes, et jeme sens déjà un peumieux.C’estfoucommeilarriveàtoutarranger,toutcalmer,parsasimpleprésence!

Et déjà, la réponse s’impose àmoi. J’ouvre les yeux, croisant son regard, et lâche d’une petitevoix:

–Toietmoinousn’avonsjamaisparléd’avenir...

Oscarm’adresseunimmensesourire,etmefaitsignedecontinuer.Enhardie,jelaisseallermesréserves,mesdoutesetmesréflexions.

–Oscar, je t’aime etmes sentiments sont profonds, commencé-je. Ils ont été si rapides, et nosaventures,parfoisaffreuses,n’ontfaitquelesrenforcer.J’ail’impressionqu’onpeuttoutaffronter,maisjenesaispascequ’onferadansunmois,nioù...

Enguisede réponse,Oscars’allongesur le litenm’offrantunbaiserpassionné. Je le lui rendsaveclamêmeardeur,envahieparunevaguedechaleur,dedésiretdesoulagement.

Lorsqu’ils’écartelégèrement,c’estpourplongersonregarddanslemien.

–Jen’aijamaisétéaussiheureuxdemavie,déclare-t-il,nisûrdelapersonneavecquijesuis...Etveuxêtre.Tuasraison,nousn’avonsjamaisparléd’avenir,etj’auraisdûlefaire.

–Cen’estpasunreproche,dis-jeavecdouceur.

Ilcaressemeslèvresdesonpouce.

–Vivonsensemble.Un«cheznous»,ceseraitdéjàunbondébut,mêmesi,jeveuxtoutavectoiettoutdesuite!

Cetteannoncefaitl’effetd’unebombedansmoncœur.Vivreensemble...J’enrêvaissansmêmelesavoir.

–Oui.Jeleveux.

Jel’embrasseaussitôt,mettanttoutmonbonheurdanscetteétreinte.

–Tuveuxvivreenville?mechuchote-t-il.–Oupastrèsloin,unendroitoùilyauraitdelanature.

Jem’agrippeàsondosetlachaleurétreintmesreins.

–PourquoipasleConnecticut,c’estunboncompromis....Oulesdeuxd’ailleurs!Unemaisonenvilleetuneàlacampagne.

Jefrissonnedeplaisiralorsqu’ilsecollecontremoi.

–Non,sinousvivonsensemble,jeveuxquenousn’ayonsqu’unfoyer.Tuasprisl’habitudeavecteshôtels,maisrienn’estplusagréablequedesesentirchezsoi,dis-jeencaressantsonvisage.

Ilmeregarde,monhomme,aussisensuelquesauvage.

–C’estavectoiquejemesenschezmoi,alors,toutcequetuveuxElsa...–Tout...?Àcommencerpar,toncorps?

Ilsouritetcommenceàmecaresser.

–Ilestàtoi.

Jerenversemanuqueenarrièreetilenprofitepourlacouvrirdebaisers.Jegémis,déjàexcitéeparlasuite...

Oscarselèvepours’assurerquelaportedenotresublimechambreestferméeàdoubletour.Ilyabeaucoupdemondedanslamaisonetmêmesinosappartementssontisolésdeceuxdesautres,nousnesommesjamaisassezprudents.

J’en profite pour me lever et aller tirer les rideaux, mais je suis happée par la vue sur ledomaine…Leharasestsibeau.

Alorsquej’admirelepaysage,Oscarvientseposterderrièremoi.Sesmainspuissantestouchentmes seins, mes hanches et son sexe se colle à mes fesses. Je ferme les yeux pour laisser l’ondesensuellequinaîtdansmonventreenvahirmoncorpsdelatêteauxpieds.Jechavire.

Jelaisseallermatêtecontrel’épauledemonamoureux,etilposesesdélicieuseslèvrescontrelachairdemonoreille.Sabarbededeuxjours,sisexy,mechatouilleetj’aienviedemeretournerpourattrapersonvisage.Jeveuxlevoir,monApollon,l’hommequisaitautantmerassurerquemefairegrimperauseptièmeciel.

Pendantquesesdentsmordillentmanuqueetquejesuisàfleurdepeau,jepenseàsesyeuxfélins.D’une couleur qui passe du grand ciel à la mer profonde. Oscar Irvin est un homme qui, en unbattement de cil, vous désarme.Vous lui appartenez et vous vous livrez à lui sans condition.Cette

autoriténaturelle luidonnel’assurancedesgrandsdecemondeet ilestcomplètementàmoi.Cetteidéem’exciteetmesseinspointentsousmondébardeur.Jesuisheureused’avoirmismapetitejupeàvolants,ilsuffiraitd’unrienpourqu’Oscarglissesamainetviennecaressermonintimité.

J’aienviequesesdoigtssefraientuncheminsousmaculottedecotonblanchefaussementsage.

Mes fesses secollentplus fortcontre le sexegonfléd’Oscar.Dehautenbas,avec finesse, je lemassesensuellement.L’effetnesefaitpasattendreetOscargrogne.Sonérectionestpuissante,jelaveux.

Oscarfermelerideauetmeguideenmaintenantmoncorpscontrelesien.

Je regardenotre lit…J’ai envied’êtreplus aventureuse, alors jeprends les coussins et les jetteaveclesdeuxcouverturesmoelleusessurlesol.

Ilyaunmatelasconfortablequinoustendlesbras,certes,maisj’aienviequelquechosedeplussauvage. Nous venons de traverser tant d’épreuves, il nous en reste de nouvelles et nous n’avonsqu’unevie,alorsilfautsuivresesenvies.

JemeretourneetembrassefougueusementOscar.Noslanguesdansentsensuellement l’uneavecl’autre, elles se frôlent, s’agitent, s’embrasent et jegémisdeplaisir en collantmonbassin sur sonsexedressé.Qu’ya-t-ildeplusexcitantquedesentirledésirdel’autregrimperalorsquenoslanguess’attisent?

–Jecroisqu’ilvafalloirquejet’enlèvecehaut…Ilm’ennuie,dit-il,agacé.–Maisalorsj’auraislesseinsnus…Jen’aipasdesoutien-gorge.–Tun’esqu’uneaguicheuse…

Jepasselamain,furtivementsursonsexe.

–Jen’aipasl’impressionqueçateposeproblème.

Oscarsefaitunplaisirdem’ôtersanssommationmonpauvredébardeurquiterminesacourseàl’autreboutdelapièce.J’essaied’attirersonregard,maisc’estpeineperdue,messeinsl’hypnotisent,illesregardeavecavidité,illesveut,etilssedressentfièrementdevantlui.Jen’enpeuxplus…

–J’aienviedelesprendredansmabouche,toutdesuite…m’annonce-t-il,sansjoindrelegesteàlaparole.

–J’enaienvieaussi…Qu’attends-tu?–Quetun’enpuissesplus…s’amuse-t-il.–Jevaistefairecéderalors.

Jenelequittepasduregardetcommenceàjoueravecmesseins.J’aiapprisàlesapprécierdanslesyeuxdel’hommequej’aime.Jelesmasse,pincelesextrémitésquidurcissentsousmescaresses.Oscarselècheleslèvresetcède.

Ilsemetimmédiatementàsucerlesdeuxtétonsbruns.Pluslapressiondesabouchesurmesseins

estforte,plusmesjambesseserrentd’excitation.Lesgenouxcollés,jedoismeconcentrerpourmemaintenirdebout.

Pendantqu’il embrassemapoitrine,mesmains sebaladent sur ses épaules, sondos. Je faisdesarabesques délicates pour l’émoustiller, savourant le plaisir qui me submerge par vagues. Tropexcité,ilabandonnesescaressespourqu’àmontourjem’occupedelui.Jeprendsmontempspourfaireredescendrelapression.

Je lui enlève sa chemise, et découvre la peau de son torse viril…La première fois que j’ai vuOscarnu,j’aiétéintimidée.Aujourd’huinotrecomplicitésexuelleestimmense,notrepremièrefoisme semble bien lointaine, et pourtant, arrive toujours cemoment, où quand il se déshabille,moncœurbatcommeaupremierjour.

Jeposemesdeuxmainssurlui,commesijem’apprêtaisàlesculpter.Lachairdepouleparcourtalors sa peau. J’ai envie de lui faire plaisir, ses baisers surmes seinsm’ont fait tant de bien.Nosintentionssontlesmêmesmaisnosfaçonsdefairedifférentes.Oscarestundominateur,sûrdelui,unconquérant.Jesuispluslente,joueuse,jelouvoie,hésite.J’aimel’allumer,lerendrefou.

–Continue,melance-t-ildesavoixsombre.

Oui,j’aimelerendrefou,mefaireplusallumeusequejenel’avaisimaginé.Oscarafaittombertoutes les barrières de ma pudeur et je me suis révélée sexuellement. Il est patient, son souffles’accélèremaisilreçoitchaquecontactavecunplaisirnondissimulé.Jesuisbientôtàgenoux,seinsnus,maisjupeetsous-vêtementsbienenplace.Faceàsonnombril,jefrissonne.Mamainseposesursonsexegonflé,enfermédanssonpantalon.Jeposeunbaiserinsistantdessus,etOscarrenversesatêteenarrière.

–Jeteveux,dis-jesanséquivoqueàl’hommed’affairesavantdedéboutonnersonvêtement.

Ses mains viennent caresser mes cheveux et mon visage. Il est temps qu’il se laisse aller auxplaisirsdemescaresses.Oscarprendappuisurlemurdelachambrederrièrelui,tandisqu’aumêmemomentmaboucheentreencontactavecsonglandgonflé.Je leprendsgénéreusementenbouche.J’aimecalquermesallers-retoursàsarespirationdeplusenplusample.

–C’est tellement bon,mon amour, oh, je t’aime, continue, oui, encore.Tumedonnes envie dejouir,dèsquetumetouches.Continue…ditOscardesavoixsigrave.

Lavoixd’Oscar…Sontimbrefaittremblermonbas-ventre,c’estundangereuxappelausexe,unchantde sirènequime fait toutoublier.C’estunedeschoses lesplus sexychez lui, etquandnousfaisonsl’amour,j’aimefermerlesyeuxpourmieuxl’entendre.Illesait,alorsilmeparlecommeilmecaresse,pourm’emmenerauseptièmeciel.

–J’adore…J’aimeraisqueçaduredesheures,maistuesbientropdouée,moncorpsnerésisteraitpas.Etpuis,j’aienviedem’occuperdetoi,moiaussijeveuxqueturessentescequejeressenslà.

Ils’agenouillefaceàmoietm’embrassetoutencaressantmesreins,àlalimitedemesfesses,enpassantsamainsousl’élastiquedemajupe.Puisilfinitparm’allonger,leplusdoucementdumonde,

commesij’étaisuntrésorfragile.J’aimelasensationd’êtreunepetitechoseauxmainsd’unhommepuissant.

Oscarpassesesdeuxpaumesentremesgenouxpourécartermesjambes.

Il s’agenouilleetme lanceuneœilladeavantdequittermesyeuxpourmaculotte.Commepourmesseins,ilesthypnotisé.Sesdoigtspianotententremescuissesavantdeseposersurletissuhumidequiprotègemonintimité.

–J’aimevoirquejetefaisdel’effet,annonce-t-ilsatisfait.

J’ailesjouesécarlatesetlesoufflecourtalorsqu’ilécartemaculotte,lafaitlentementroulersurmesjambesavantdelajeteràtraverslapièce.Majupelasuit.

Son index et sonmajeurmassent avec douceurmon intimité. Ils évitent, à raison,mon clitoris,pourm’exciter,puisfinissentpars’enfoncerenmoi.

Jesuissaisied’untremblement,prémicesd’unmagnifiqueorgasme.Jemedéhancheetgémisdeplusenplusfort.Delaracinedemescheveux,àlapointedesorteils,Oscarsaitmepossédercommepersonne.

Il se retire soudainement, et plonge en hâte son visage entre mes cuisses, je suis surprise etfurieusementheureuse.Mamaingauches’agrippeauxcoussins.Jesenssalanguecontremeslèvres,alleretvenir.Elleclaque, lèche,caresse.Oscarmedéguste tandisquemoncorpsenentier se tendversleciel.

–Oscarjen’enpeuxplus,dis-jeàboutdeforce.

Ilseredresse,essoufflé.

–Laisse-moitegoûter,encore,etencore.

Ilyretourneetjesensmonvaginsecontracterdangereusement.

–Viensenmoi…maintenant!

Monautoritémesurprendautantqu’elleallumeOscar.

Ilsecouchesurmoienposantsonsexesurlemien,puisremuesonbassin,etsonmembremassemonclitoris.

–Jevaism’enfoncerlentemententoi.Jeveuxquetunepuissesplusriencontrôler,annonce-t-ilenemprisonnantmespoignetsdanssespaumes.

Jesenssonsexeseprésenteràl’entréedumien.

–Oui,jet’ensupplie.

Unsouriredesatisfactionanimesonvisage.Ilmepénètre,profondément,etjeperdsmonsouffleenfermantlesyeux.Nousémettonstouslesdeuxdesgémissementsdeplaisirs.

Oscarvaetvient,enaccélérantlacadence.Confortablementinstalléesurlamontagnedecoussins,j’enserre son dos de mes jambes, mais il m’empêche de le toucher de mes mains. J’aime cettecaptivité.Chaquepénétrationmerapprochedel’orgasmeetj’aihâtequemoncorpslibèresonplaisir,pourlemomentmuselé.PouraiderOscar,j’agitemonbassin,contractemonsexe.Jesaisqu’ilaimequandmoncorpsl’aspiredel’intérieur.

Àforced’alleretvenirenmoideplusenplusrapidement,Oscarn’enpeutplus,jesensqu’ilestsurlepointdejouir,alorsjedécollemesfessesdusolpourqu’ilmetouche.Ilaccélèreànouveauetseraidit,l’orgasmearriveetsemblelechavirer.

Ilsemordlalèvrepournepascrierdeplaisir.Jesuisàmontoursaisieparunfeud’artificedeplaisirs.Jem’empêchedecrierdetoutesmesforcesalorsquemoncorpsentiersecontracte.Oscar,quiestencoresurlafindesajouissance,m’aideàmedécollerdusolpourprofiterlepluslongtempspossibledushootimmensequem’offremonorgasme.

Ilralentitsesalléesetvenues,pendantquejehoquettedebonheur,terrasséeparleplaisir.Oscarsepenchepourm’embrasser.

–C’étaitsibon,monDieuqu’est-cequejet’aime!medéclare-t-il,lesyeuxbrillants.–Moiaussijet’aimeOscar,luiréponds-je.

Ilmeprenddanssesbrasetnousroulonssurlecôté.Ilsedécolledemoipourpouvoirm’enlacerdansnotrepositionpréférée,encuillère.Jesouris,comblée,surlesoldenotrechambreàBluePinetandisqu’Oscarpicoredebaisersmondos.

Jeris,amoureuseetmerveilleusementheureuse.

4.Ladélivrance

–ÇasuffitThomas!Jen’aiplusenvied’enparler,alorslâche-moiavecça!

Je me réveille en sursaut, pas tout à fait persuadée que cette phrase criée par ma sœur ait étéprononcée dans la vie ou dansmon rêve. Oscar aussi tend l’oreille. Nous échangeons un regard,inquiets.

–Tunepeuxpasfuirindéfinimentcetteconversation,April.

LavoixdeThomasrésonne,ilssontsurlavéranda,justeendessousdenotrechambre.

Être témoin d’une dispute de proches est une situation délicate. Tout particulièrement alors quenoussommesnus,nousdormionsheureux,danslesbrasl’undel’autre,ensécurité.

–Rienàbattre,jemebarredèslapremièreheure!lancemasœur,àboutdesouffle.

Cette dernière phraseme décide. Je serre un instant les doigts d’Oscar entre lesmiens puismelève.J’enfileunjeanetuntee-shirt.Ilsfontunbazarpaspossible,ilfautquejecalmeleursardeurs.Etentendremasœursemettredansuntelétat…Ellenesemontreagressivequequandellesesentvulnérable. Commemoi, elle ignore comment exprimer ses sentiments et se laisser aller. PauvreThomas,ilaintérêtàs’accrocher!

Inquiet,Oscarm’accompagne.

–Peut-êtrequ’onpeut essayerde les raisonner,me lance-t-il alorsqu’ils continuentde crier enbas.

–Thomasestamoureuxd’April.J’aisurprisdesregardsdemasœursurluiquimefontdirequece sentiment est réciproque, réponds-je.Mais ma sœur a un blocage et tant qu’elle ne l’aura pascompris,elleferacommes’iln’yavaitrienquedusexeentreeux.

–Jenevaispaslaisser tasœurpasseràcôtédel’amour,ellerisquedeleregretteramèrement!décideOscar.

Jel’embrasse,touchéequ’ilprennesonrôlede«beau-frère»ausérieux.Jesuisd’accordaveclui,Aprilvatoutficheenl’airparpeur,etça,cen’estpasunevie.

NousdescendonsetdécouvronsmasœuretThomas,l’unenfacedel’autre,debout,commedeuxboxeurssurlering.

Nonloin,ungardeducorpsassistegênéàlascène.

–Qu’est-cequ’ilsepasse?demandé-jed’untonferme.

Ilsbaissentlesyeuxets’écartent.Aucunnecroisemonregard.Cequ’ilsm’énervent!Jepourraisenprendreunpourtapersurl’autre,çaleurremettraitpeut-êtrelesidéesenplace!Maisj’ignoreparoùcommencer…Aumomentoùj’ouvrelabouche,letéléphoned’Oscarvibre.

–Oh,monDieu!s’écrie-t-iljoyeusement.–Quesepasse-t-il?questionné-jeenm’approchantdelui.– « Roméo Oscar Bridge est né. La maman se porte bien, et le papa est fou de bonheur »,

commence-t-ilàlire.

Ilnoustendensuiteletéléphone,ApriletThomassecollentàmoipourvoirlaphotodubébé.Ilestsipetit,simignon,sifragile.J’enaileslarmesauxyeux.

–Quellepetitemerveille,commencepardireThomas,quiaretrouvélavoixbienveillantequejeluiconnais.

–8,9,10...C’estbon,ilatoussesdoigts!annonceApril.

Thomassemetàrire,d’unéclatcommunicatif,etnousvoilàtoushilaresfaceàlaréactiondemasœur.Cettedernièrefaitmined’êtrevexée.

–Maisquoi,c’estimportantdixdoigts!Sit’enavaisquehuit,Thomas,tun’auraispaspuêtreunvirtuosedelamusique.

–Tupensesquej’ensuisun?demandemonmeilleurami,troubléparcecomplimentdéguisé.

Aprilrougitetdétournelesyeux.

Cesdeux-là...

–Tuesheureux?demandé-jeàOscarquiregardelesétoilesensouriant.– Oui... Et flatté qu’il porte mon prénom. Tu sais, je ne te remercierai jamais assez pour mes

retrouvaillesavecSimon.–Maisjen’ysuispourrien...TuirasrendrevisiteenprisonàTitusBartonpourleremercier,c’est

cetteaffairequivousa...–NonElsa,mecoupe-t-il.J’étaisaveuglépar lacolèreet tum’asapaisé.Tum’asmontréqu’on

pouvaitêtrehonnêtetoutenpardonnant.–Merci,réponds-jeenrougissant.

Sethrevientdelacuisineavecunebouteilledechampagne.

–J’aipromisàSimondevousl’apporterquandvousrecevrezlanouvelle!

Notre discussion avecApril et Thomas devra attendre !Nous nous installons sur la terrasse, etalorsquelebouchonvoledanslesairsdecettesoiréeparticulière,lespharescrusdedeuxvoituresquiempruntentl’alléeprincipaleduharasviennentnousaveugler.

LetalkiedeSethgrésille.

–FBI,nouslancelechefdelasécuritéquiseredresseinstinctivement.

–Lafêteauraétédecourtedurée,annonceThomas.–Onnesaitpas,cesontpeut-êtredebonnesnouvellesquiarrivent,dis-je,décidéeàmemontrer

optimiste.

Nous voyons arriver l’agent Amara dans un costume noir surmesure. Nous l’avons rencontréplusieursfois,lorsdesinterrogatoires,etavonsapprisàluifaireconfiance.Ilnoussaluetouspuisenvientdirectementaufait.

–C’esttrèsbienquevoussoyezlà,monsieurIrvin,ilfautqu’onagissevite.–Quesepasse-t-il?demandeOscarànouveautendu.– On ne pouvait pas vous en parler avant, mais nous avons réussi à amadouer Patterson pour

l’isoler.Noussouhaiterionsquevouscoopériezavecnous,pourunemissionsouscouverture.Vousêtesnotremeilleuratoutpourlefaireparler.

– Pardon, l’interrompé-je, mais je n’ai rien compris. Pourquoi Oscar doit-il faire parlerPatterson?

–NousavonscréédetoutespiècesunhommequifaitchanterPatterson,expliquel’agentAmara.IlestcenséêtrelecousindeJamesStanton,aucourantdetouslesméfaitsdel’éleveuretcedernieramordu.Illuiadonnérendez-vouscesoir,dansunedemi-heure,pourluiremettrel’argentenéchangedesonsilence.Biensûr,iln’yapasdecousin,etnouspensonsquenousavonsunecarteàjouerpourobtenirdesinformationscruciales.PattersonpréféreraitsetuerquedeparlerdeTitusauxflics,parcontre,àOscar,alorsqu’illecroitseul...

– OK, je vous suis, pour Patterson. Mais quel sera mon mobile quand il me verra ? Il va sedemandercequejefouslà,etsurtoutseméfierdececoupdethéâtre,affirmeOscar.

–Vousluidirezquevousêteslàpournégocier.QuevousavezeupeurpourElsa,quevousavezreçulemessageetquevousferieztoutpourneplusjamaisavoird’histoiresaveclui,etencoremoinsavecTitusBarton.Ilycroira,Elsaestvotretalond’Achilleseloneux.

Oscarmeregardeensouriant.

–Cen’estpasfaux.OK,j’enfilemeschaussuresetjesuisàvous.–Euh...Excusez-moi,maisjerefusequetuaillesrencontrercetypeaubeaumilieudelanuitdans

unhangar.C’esttropdangereux.Ildoitbienyavoirunautremoyen?annonce-jetrèsdéterminée.– Ne vous inquiétez pas. Oscar portera un gilet pare-balles et nous avons déjà quadrillé le

périmètre.AumoindregestedePatterson,nousinterviendrons.Jevouslepromets,Elsa,c’estnotreseulechance,etnousminimisonslesrisquesaumaximum.

–C’estdoncsansdanger?dis-je.–SileFBIteledit,monamour...–Super,alorspersonneneverrad’inconvénientsàcequejeviennesuivretoutçadeplusprès?

AmaraetOscarse regardent,gênés.Maintenantqu’ilsm’ontvenducetteopérationcommeétantsansrisque,ilsnepeuventpasm’enrefuserl’accès.

–Trèsbien,maisvousresterezavecnousdanslavoitured’écoute.– Jeveuxaussiqu’elleporteungiletpare-balles, trancheOscar, agacéque j’aieobtenugainde

causesifacilement.

***

Pour une dévoreuse de romans noirs et policiers, je suis servie ! Je me trouve dans unecamionnettequi,siellenepayepasdemineàl’extérieur,estunécrindetechnologieàl’intérieur.

Troistéléviseursnousretransmettentlesimagesdel’endroitoùsetrouvePatterson,quiattendprèsdesavoiture.

Amaraappuiesuruninterrupteur.

–Oscar,vousm’entendez?Parlezdanslevidequejepuisseréglerleson.–Jevousentends.Jesuisimpressionnéparlafinessedusystèmed’écoute,c’estindétectable.J’ai

l’impressiond’êtreBatman.

Je l’entends rire.Malgréça, jenepeuxm’empêcherd’être terroriséeà l’idéequeçapuissemaltourner.

–Allez-yOscar,c’estl’heure,annonceAmara.

Noussuivonstoutendirect.LescaméraszoomentsurlevisagedePattersonetlavoitured’Oscarquientredansl’entrepôt.

Pattersonsursauteenvoyantl’hommed’affairessortirdelavoitureetildégaineimmédiatementsonarme.

Nous avions beaunous y attendre, c’est tout demêmeun choc.VoirOscarmenacéme serre lecœur,et jedois lutterpournepasdétourner lesyeuxdecette scèneatroce. Je serai fortepour lui,pournous,pournotreamour.Jamais jenel’abandonneraidans l’adversité!Heureusement, lavoixd’Oscarrésonnedanslecamion.

– Patterson, je suis là pour parler. Je n’en peux plus de toutes ces histoires, je jette l’éponge,commenceOscar,d’unevoixparfaitementcalmemaisépuisée.

–Tum’asbieneuaveccettehistoiredechantage,chapeau,j’ycroyaisaucousin.Enmêmetemps,cettefamilleStanton,c’esttousdespourris,répondPattersond’untonméprisant.

–Jesuisprêtàvouscéderleschevauxqu’ilfaut,unepartiedemesbiens...pourlasécuritéd’Elsa.

Pattersonsourit,jen’aimepasça.Oscarestparfait,ilcampetrèsbienl’hommeauboutdurouleaumaisquisaitresterdigne.S’ilavaitjouél’éploré,l’éleveurvéreuxn’yauraitpascru,ilsaitqu’Oscaraunsang-froidàtouteépreuve.

–Maistusaisquejevaistetuern’est-cepas?JenevaispasprendrelerisquedetelaisserpartirIrvin.Detoutefaçon,ont’auraiteu,àunmomentouunautre.Tunousfaciliteslatâche.

–C’estqui«on»?TuparlesdeBergman?Quid’autreTitusBartonaréussiàembarquerdanssapassionpourlesang?Commentpeux-tuêtreàlabotted’unhommealorsquetuastoutcequ’ilfautpourréussir?

–TuferaismoinslemalinOscar,situsavaisdequoiTitusBartonestcapable…Ettuesdanssonviseur,commedanslemien.

–Cettehistoireaprisdesproportionsdélirantes.J’airefusélavented’unchevaletdoncilfautmetuer?Pourquoicetacharnement?C’estundemesconcurrents?Unclientmécontentduserviced’undemeshôtels? lanceOscar ironiqueen tentantdegagnerdu temps. Jene saispasmoi, le lit étaitpeut-êtremalfait?Lecafétropfort?

–ÉcouteOscar,cen’estpasdegaîtédecœurqu’onenestarrivélà.Maissitunet’étaispasobstinéaussi...Bergmanapourtantétéclair,ilt’avaitprévenu.Fallaitquet’ailleschouineràlapolice,quetuprennesunprivé,quetumetteslenezdansnosaffairesflorissantes,quetugueulesàtoutvaqu’ontruquelescourses...Tunenousaspaslaisséd’autreschoix,etBergmanaétésympadetemettreengarde.

Patterson caresse son arme, je frissonne,maisOscar ne vacille pas, son calme olympien forcel’admiration.

– Pourtant, vous avez beaucoup d’amis dans la police. Je ne devrais pas vous faire peur à cepoint…EtKramer,GatesetMcKenzie, ilssontmouilléseuxaussi?Oucesontdesgensquevousavezréussiàterroriser?

–Disonsqu’ilsontétémoinsbornésquetoi.Bergmann’apaseudemalàlesapprivoiser…PeudegensrésistentàTitus.

–TitusBergman?lanceOscarcommeondégoupilleunegrenade.–JediraisàBergmanquetuesmort,conscient...annoncePatterson.

MonDieu!Bergmanest l’hommede l’ombredepuis ledébut?DepuisquandOscar lesait-iletcomment?Pattersonlaissequelquessecondesdesilence,uneéternitépoureux,tandisqu’autourdemoi,toutlemondes’agite.Jusqu’àcequenousentendionsdistinctementleclicdurevolver.L’éleveuraenlevélecrandesuretédesonarmeàfeu,ilvatirer.

– Oscar, mettez-vous au sol immédiatement ! tonne Amara tandis que l’entrepôt s’illumine deflashsaveuglants.

Uneéquiped’unedizained’hommessurgit,tenantenjouePatterson,quilâcheimmédiatementsonarme.

Ilsedécompose.

–Jesuisfoutu.Tuez-moi,jesuisdéjàunhommemort.

Un agent le saisit par les épaules et lemenotte, lemettant hors d’état de nuire.MonDieu ! Lesoulagement,l’angoisse,lacolère,toutsemélangeenmoietjenesaisplusquepenser.Jen’aiqu’unseulobjectif:retrouverOscar.

NoussortonsducamionavecAmaraetnousvoyonslavoitured’Oscararriverversnousàtouteallure.Ilouvrelaportièreetn’apasletempsdelarefermerquejesuisdéjàdanssesbras.

– J’ai eupeur,mais j’ai surtout été impressionné.Tuasété tellementbrillant. Je t’aime !dis-je,essoufflée.

–Monamour,jet’aimeaussi.Maistusais,leplusbrillantresteBergman,depuistoutcetempsilestsousnotrenez,ilbosseavecSimon,ilfaitceluiquitravaillepour«quelqu’un»,alorsquedepuis

ledébutildécidedetout.Etnesupportepasqu’onluirésiste...–Çamerappellequelqu’un,luilancé-jemoqueuse.–Oui,c’estvrai,Bergmanetmoisommestouslesdeuxopiniâtres...–C’estbienlàvotreseulpointcommun,vousêteslanuitetlejour...Tuneferaispasdemalàune

mouche.–Saufsilamouchet’attaque,dit-ilenriant.

Ilmeserreànouveaudanssesbras...

– Comment avez-vous deviné ? demande Amara en s’approchant de nous, visiblementimpressionnéparlesconfessionsqu’apusoutirerOscar.

–QuandPattersonadit«Bergmann’apaseudemalàlesapprivoiser…»,ilamarquéuntempsd’arrêt infime durant lequel, j’ai vu la terreur s’inscrire sur son visage.Ça n’a duré que quelquessecondes, puis il s’est repris et à ajouter « peu de gens résistent àTitus. » J’ai d’abord pensé quePattersonnevoulaitpasattirerl’attentionsurBergman,puisuneidéefollem’estvenue:est-cequeBergmann’étaitpasTitus?Jen’enétaispassûrmaisjemesuisengouffrédanscettebrècheenmedisantquesij’avaisraison,c’étaitgagné.Etsij’avaistort,Pattersonpourraitmecontredireetlâcheruneinfoimportante.

–Incroyablecoupdebluff,sifflel’inspecteur,etjenesaispassivousréalisezqu’onaenplusunebonneétoile surcecoup-là.Bergmanest actuellementdans les locauxde lapolice,pourparlerdel’empoisonnementd’OrionparJamesStanton,etPatterson...Ilnelesaitpasencoremaisiln’estpasprèsderevoirlejour.

–Etpourlesautres?demandé-jetoujoursunpeuinquiète.McKenzie,Gates,Kramer...– Nous allons les interroger Elsa, mais nous avons suffisamment de preuves pour démontrer

qu’ilsétaienttousàlasoldedeBarton.Donc,l’enquêtes’arrêtepourvous,paspournousmêmesijedoisvousavouer,àtouslesdeux,quevousauriezfaitdetrèsbonsagents.

–Nousavonsd’autresprojets,lanceOscaraupolicierquis’éloignedéjàrattrapéparl’agitationdel’affaire.

Oscarmeregardelonguementensouriantpuism’embrasse.Nousmontonsenvoiture,etlaissonsSeth nous raccompagner àBluePine, laissant derrière nous les horreurs de la scène. Je prends letempsd’envoyerunmessageàThomasetAprilpourlesrassurer,puisjemeblottiscontreOscarensouriant.

–D’autresprojets,donc...?–Oui!Ilfautannoncerlabonnenouvelleà tout lemonde,puisallerrencontrer lepetitRoméo.

Nousavonsaussiuncoupleàréconcilier...ouàcréer,plutôt.

Jefaissemblantdefairelamoue.Ilsaittrèsbienquecen’estpaslaréponsequej’attendais.

–Oh,oui,tuasraison,ondevraits’ymettretoutdesuite.

Jeluitapotesurl’épaulecommes’ilétaitunamietm’écarte.

–Vienslàtoi!merattrape-t-ilentirantsurmontee-shirt.Queveux-tusavoir?–Ohnonrien...Jevaisavoirunevaliseàfaire,jenesuisplusobligéederesteràBluePine,ilfaut

bienquejerentrechezmoi!

Ettoc!

–Horsdequestion,tuesmacaptive...Tumel’asassezrépété.Demain,onirasetrouverunchez-nous.

Moncœuraccélère,alorsilleveutvraiment?!

–Maisellelefaitexprèsouquoi?Combiendefoisva-t-ilfalloirqu’illuirépètequ’ill’aime.

–Oui,maisc’estbiendel’entendrenon?

–Àunmoment,ilfautfermerlesyeuxetfaireconfiance...Puissejeterdanslevide.

–Mêmesiçafaitpeur?

–Oui...Aupire,jesuislà.

–Jesuistellementheureuse,jen’arrivepasàlecroire!–Maistuessûrequ’onnepeutpasprendredeuxendroits?Untrèscitadin,untrèsrural?Comme

ça,onauraitlechoix,onferaitunesemainesurdeux,commenceànégocierOscar.–Maischéri,çan’apasdesens,sionestàchevalsurpleind’endroits,onn’estvraimentnullepart.

C’estpourçaqu’ilexistedesrésidencesprincipalesetdessecondaires...– Oui,mais on n’est pas obligé de faire comme tout lemondeMademoiselle-je-sais-tout !me

taquine-t-il.–Oui,maisonn’estpasobligédefairen’importequoiMonsieur-je-veux-tout!

Nousrionsdecettechamaillerie,alorsqueSethralentitdevantlamaison.

Aprèsl’angoissedecettesoirée,nousdécidonsdeprofiterd’unpeud’airfrais,delabeautédecedomaineoùnoussommesensécurité.Lespiedsdansl’herbe,faceauxécuries,danslesbrasl’undel’autre,noussavouronslesimplebonheurd’êtreensemble.Soudain,Oscartendledoigt.

–Regarde,uneétoilefilante!Faisunvœu,monamour,dit-ilenm’embrassantlajoue.

Jefermefortlesyeux,sachantexactementcequejedésire.JesensOscars’écarterdemoiet,unefoismonvœuterminé,jemeretourne…etmanquededéfaillir.

Un genou au sol, le sourire aux lèvres et un solitaire en diamant dans la main, Oscar resteimmobile.

MonDieu!

–Elsa,jesaisquec’estletrucleplusdinguequejevaisfairedansmavie,maisaussilameilleurechose.Tedemanderenmariage,unmoisaprèsnotrerencontre,parcequelavienetientqu’àunfil,parcequejerefusedepasseruneminutedeplussurterresi tun’espasàmescôtés.Parcequej’aidéjàunmillierdemerveilleuxsouvenirsavectoietquejeviselemilliard.Parcequejeveuxvieillir,

rireetmechamailleravectoipourlavie.Etque,moiaussi,jeveuxtefaireunpetitRoméo,oumêmequatre.Parcequejeveuxqu’onaitdeschevaux,êtreheureuxderentrerlesoirparcequejevaistevoir...Toiet tesgrandsyeux,et ta languebienpendue, toncaractèreparfoisexplosif, tagentillesseincroyable, ton humour... Tout, tu as raison, je suisMonsieur-je-veux-tout. Et je veux surtout uneseulechose:toi.Ettoi,leveux-tu?

Je ne sais pas quand les larmes ont commencé à couler mais c’est un torrent sur mes joues,douloureusesàforcedesourire.

–OhmonDieu,Oscar.Oui!

Jeris,luiaussi,nousnousembrassonsetOscarmeserrefortdanssesbras.

MadameOscarIrvin...Lavieestmagnifiquementimprévisible.

5.Unmariagesurprenant

–C’estfoucepaysagetoutblanc,c’esttellementdifférentdel’été,BluePineàNoël...

Aprilappuiesonfrontsurlavitreets’amuseàfairedescœursaveclabuée,tandisquefaceàlacoiffeusej’ajustemarobe,extrêmementstressée.JemesaisisdemontéléphonepourappelerOscar.

–Toutvabienmachérie?medemande-t-il,inquiet.–Oui...Tumemanques,dis-jeenchuchotantpournepasquemasœurentende.–Tusaisquejesuisdanslapièced’àcôté?merépond-ilamusé.– Je sais,mais cette traditionde«nepasvoir lamariée avant lemariage»... c’est dur.Bref, je

t’appelleparcequejeneretrouveplusmonpetitfoulardensoiebleu.–Laisse-moiréfléchir,ladernièrefoisquejel’aivuc’étaitsurlecanapédelamaison.

Jeréfléchis.Impossible,j’aifaitletourenpartantpourm’assurerquejen’avaisrienoubliéetjel’aurais vu immédiatement, son bleu flashy sur nos canapés crème. Je souris en repensant à notreappartementquej’aimetant.Unloftmoderne,maisaumobiliertrèscocooning.AprèsunejournéeauharasdeBrooklyn,jesuisbiencontentederetrouvermonniddouillet...Etmonfuturmari!

–TuessûrOscar?Jecroyaisl’avoirlaissédansleConnecticut.–Oui,c’estcequejedis,surlecanapédelamaison,répète-t-il.

Jelèvelesyeuxauciel,sousleregardamusédemasœur.

–Oscar,jetel’aidéjàexpliqué...NotremaisonestàManhattan,tutesouviens,notreappartementsurParkAvenue?Et leConnecticut...C’est lamaisonde campagne, celleoùonpart, de tempsentemps,enweek-endpournousressourcer.

–Oui,maisj’ypeuxrien,jemesenschezmoiAUSSIdansleConnecticut!Cen’estpasuncrime,non?

Je souris, amusée. Oscar a déjà fait l’effort de réunir toutes ses affaires en un seul et mêmeendroit,notrefoyer.Nousavonscraquéunmoisplustardpourunetrèsjoliemaisondecampagne,dansleConnecticut,quenousavonsleprojetdetransformerenharasparlasuite,puisqueledomaines’yprêtetotalement.

Nousaimonsêtreeffectivementdanslesdeuxendroits,maisnotre«cheznous»,resteNewYork.

–Bon...Jenesaispassic’estgrave,maisjen’airiendebleuàporter.–Onvatrouver!melanceApriltrèspositive.–Ouvre le tiroir devant toi et découvre ce qu’il y a tout au fond, ditmystérieusementOscar à

l’autreboutdufil.Jedoisfiler,Simonacomplètementloupémonnœudpapillon,jevaislerefairediscrètementpournepaslevexer.

Il raccroche sans plus d’explication et j’ai dumal à quittermon sourire.Oscar est le roi de lasurprise,ilestcommeunmagicien,etmonquotidienestponctuédecegenredemoment.Jemesenstellementchanceuse.

Intriguée, je découvre ce qui se cache dans le fameux tiroir et tombe sur une boîte noire envelours,unécrinqui renfermedeuxbouclesd’oreilles en saphir.Un toutpetitmot accompagne lebijou«Quelquechosedebleu...».

J’aileslarmesauxyeux.Commentfait-ilpourtoujoursmesurprendre,meravirets’occuperdemoi,mêmequandiln’estpaslà.

Aprillitlemotetsoupireens’allongeantsurlelit.

–Tonmecestvraimentleplusromantiquedeshommesdumonde...–Ohplains-toi,va!Quivientdetekidnapperpourunweek-endsurpriseàVegasafind’assisterau

concertdeCélineDion?Ahoui,tonchéri!

Ellemeregardeenriant.

– Oui, c’est vrai que Thomas assure. Il avait même mis discrètement des boules Quies poursupporter les deux heures de show.C’était génial.Quand on est rentré chez nous, par contre, il arefuséqu’onmetteleposterdanslachambre,annonce-t-elleenrâlant.

–Jepensequepourvotrevieintime,ilaeuraison!Tusais,jesuisheureusepourtoi,April.Est-cequeturéalises toutcequi t’arrive?Lacritiqueencensevotrepiècedethéâtre,monmeilleuramiaenfinréussiàt’amadouer,tuesamoureusecommejamais,vousaveztrouvél’appartementquivousressembleettuesdevenueunefemmetellementimpressionnante.

Apriletmoipassonsrarementnotretempsànousencenser,maisquandjevoislecheminqu’elleaaccompli,jenepeuxpasm’empêcherdeluidireàquelpointjesuisfière.

–Merci Elsa, c’est vraiment gentil, commence-t-elle en rougissant, mais j’ai aussi une grandesœurquim’amissurlesrails.Toiaussi,tuasréalisébeaucoupdechoses,alorsquetuasvécudesdrames si difficiles. Et le poste hallucinant à l’hôpital vétérinaire de NewYork qu’on vient de teproposer,quiferadetoilavétérinairelaplusenvuedelaville...

Àmon tour de rougir. Je n’ai pas pris encore de décision pour l’hôpital.Mais, comme je l’aiexpliqué à Oscar, j’aime le haras de Brooklyn où j’ai récupéré le poste de Mobley. Il y faisaitsincèrement du bon travail – dommage qu’il ait été plus attiré par l’argent et le pouvoir que leschevaux–etj’aimem’occuperdeschevauxalorsquejesuisenville.C’estunechanceinouïeetj’aipeurquelesgrandesresponsabilitésqu’onmepropose,m’éloignentdessoinsquej’aimedispenser.Jeme laisse le tempsde la réflexion,Oscarmedit toujours«Enaffaire, ilne fautécouterqu’unechose:soncœur».

–Tu as raison, on avance bien toutes les deux.Mais tu as réussi là où j’ai échoué pendant desannées:fairerevenirmamandansnosvies.Etpourça,jet’enseraiéternellementreconnaissante.

Aprilsourittimidement.Ellen’apasl’habitudedescompliments,maistoutcequejeluidis,jele

pense. Quelque temps après notre demande en mariage, Thomas l’a surprise en lui faisant unemerveilleusedéclarationd’amourenpublic,alorsqu’iljouaitsurscènedupiano.Çaaétéledéclic.Elleétaitamoureuse,maisilfallaitqu’ellequittelesdémonsquilatourmentaient.

Elle a appelé notre mère, l’a convoqué à New York pour tout lui déballer. Son sentimentd’abandon,lasouffrancedesonabsenceetlefaitqu’ellenenousaitjamaisplusparlédepapaaprèssondécès.Çaa étéunediscussiondouloureuse, violentepourmamèrequin’avait pas consciencequ’elleavaitautantfui.

Elle s’est excusée, elle est même allée voir un psy pour en parler, et s’est lancé le défi dereconstruireunlienavecnous.

Depuis, maman vient une fois par mois, parfois avec son amoureux Trevor, que nous aimonsbeaucoup, parfois seule pour vraiment profiter de nous. On y va doucement, mais c’est un vraibonheurqued’êtreréuniestouteslestrois,commej’enrêvaissecrètement,sansoserledire.Onnepeutpasrattraperlepassé,maisonpeutconstruirel’avenir.

–Bonallez,arrêteavectoutescesgentillesses.Tueslamariée, tuescenséemefairetournerenbourrique,êtreexigeante,insupportable...Pasadorable!Alors,jerécapituleonaleneufavectarobedemariée,lebraceletanciendemaman,lebleu–merciOscar–etlepeigneennacrequet’aprêtélamèred’Oscar,énumèremapetitesœur,quireprendsonrôledetémoinàcœur.

–Leprêtdoitêtrefaitparunefemmemariéeheureuseenamour,etmesfutursbeaux-parentssontvraimentunmodèlepourmoi!

–C’estvraiqu’ilssontadorablescesdeux-là,merépondAprilenregardantl’heure.Tuesprête?conclut-elle,unimmensesourireauxlèvrestandisquemoncœurtambourinedansmapoitrine.

J’inspireungrandcoup,enmeregardantunedernièrefois.

–Tuesmagnifiquemelance-t-elle.

Elleposemonvoilesurmonvisageetjefermelesyeuxdebonheur.

Nousdescendonslesmarchesetsommesaccueillisparlescomplimentsdequelquesserveursquipréparentlevind’honneur.Nousavonsfaitmonterplusieurschapiteauxsurledomaine,pourprofiterdupaysage,sanssouffrirdufroid.Vind’honneur,repas,pistededanse...Toutvaêtreparfaitpourcemariaged’hivertelquenousenrêvions.

Lamusiquesefaitentendre.

C’estlesignal,jedoisyaller

Mamèrenous rejoint, elleadumalànepaspleurer, etpour sedonnerducourage,elle répète«Felicity, pense à tonmaquillage». Je sais qu’elle pense à notre père. J’aurais aimé le connaître,avoirdevraissouvenirsdelui.Ilm’auraitconduitàl’autel,peut-êtrequeluiaussiauraitétéémudemarier sa grande fille. Mais la vie nous l’a pris trop tôt, et nous avons réussi à continuer ainsi.Aujourd’hui,jesuisheureusedemaminusculefamille.Etpuis,sefaireaccompagnerparsamèreàl’autel,c’esttrèsmoderne!

Nous empruntons l’allée, pour arriver dans la grange chauffée par de grands braseros où nousallons célébrer le mariage. Je suis soufflée par le travail des décorateurs, on se croirait dans unchampàl’heuremagique,quandlesoleildéclinesurlesblésetquelacouleurestocre.Descentainesdepetitesbougiessontsuspenduesàdifférenteshauteursauplafondetsemblentflotterdanslesairs.Ilyadublépartout,etlesinvitéssontassissurdegrandesbottesdepaillespiquéesdepâquerettes.

Nousavonssouhaitéunmariagetrèschampêtre...Enpleinhiver,çanousressemblebeaucoupavecOscaretsesenviesfarfelues.Lecheminquimèneàl’autelestilluminéausol,ettousnosamissontlà, émus, alorsque j’emprunte l’allée. Je croise le regardd’Isobel, qui tientRoméodans sesbras,Seth,l’hommesisérieuxdelasécuritésetamponnelesyeuxavecunmouchoir,avantd’endonnerunàDavidAbbott, tout aussi ému.Grigori etMaria sont dans les bras l’un de l’autre etThomasmefilme, un immense sourire aux lèvres. Un peu à l’écart, Lauren m’adresse un doux sourired’encouragement,etjesaisquesaprésenceaujourd’huiestunbonprésagepourl’avenir.J’aperçoismêmel’agentAmaraaumilieudesinvités!

Jen’aipasoséregarderOscar,etj’aibienfaitcar,quandjesuisenfinenfacedeluietquejelèvelesyeux,jemanquedetomberàlarenverse.Ilestmagnifique.

Ilporteunsmokingbleuroi,ajustésurunechemiseblanchecintrée.Sonnœudpapillonturquoisefaitressortirsesgrandsyeuxetilporteàlaboutonnièredesfleursdeschampsbleues.Ilestparfait.

Jemesouvienscommesic’étaithierde l’effetqu’ilm’a fait lepremier jouroù je l’aivu.Septmoisaprès,ilmefaitlemêmeeffet.Jenemeseraispasdoutéequ’enplusdecesqualitésphysiques,l’hommequej’avaiscroiséàl’aubeseraitsidrôle,gentil,brillant,loyal,charmant.

Mêmesesdéfautsm’amusentplusqu’ilsnem’agacent.

Il ne peut s’empêcher de me prendre dans ses bras, rompant le protocole, ce qui fait rirel’assistance.

– Désolée, mais tu es si belle, je suis bouleversé. Belle, c’est trop bas, tu es magnifique, j’aitellementdechance.Tarobeestsublime,maisjepensequec’esttoiquilafaisrayonner,paselle.

Jebaisselesyeux,flattéesousmonvoile.J’aieuuncoupdecœurpourcetterobetailleempireendentellesbeige.Ellemetenvaleurmapoitrinemaisnem’emprisonnepaslecorps,j’avaisenviedepouvoirbougerjusqu’auboutdelanuitlejourdemonmariage.

Simon,letémoind’Oscarluitapesurl’épaule.

–Pastouche,cen’estpasencoretafemme,Oscar!

Nousrionstousdeboncœur,jevoismamères’asseoiràcôtédesonTrevor,deJaneetd’Andrew,lesparentsd’Oscar.Depuisqu’onlesaprésentéstouslesquatre,ilss’adorent.Ilsenvisagentmêmedefaireunetournéed’hôtelsensemblepours’amuseràtesterlepersonneldespalacesd’Oscar.

Jemetourneversmasœur,quimefaitunclind’œiletlemairedeLouisvillenousannoncequel’heureestàlacélébration.Ilaaccepté–aprèsqu’Oscarainsistépendantdesjours–denousmarier

àBluePineplutôtquedanssamairie.

Pour la cérémonie, nous avons fait les choses simplement. Nous ne voulions pas de textes àrallonge.Nousavonsdoncchoisiqu’illiseuntexted’Apollinairepourparlerdenotreamour,etnousavonsécritnosvœuxensemble,unephrasesimple,quivautmieuxquedelongsdiscours...Mêmesi,depuisledébut,j’aicachéàOscaretàtousmesproches,quejepréparaisunegrandesurprise.Jenesaispascommentj’airéussiàlagardersecrètejusqu’aubout,maisjemesensfière.

–Jeveuxt’aimer,techérir,teprotéger,tefairerire,tefaireplaisirjusqu’àlafindemavieElsa,annonceOscarennemequittantpasdesyeux.

Je connais par cœur son regard et je sais que tout commemoi, il lutte désormais pour ne paspleurer.

–Jeveuxt’aimer,techérir,teprotéger,tefairerire,tefaireplaisirjusqu’àlafindemavieOscar.

Il sourit, une petite larme s’échappe de son œil droit. Je l’attrape sous la rumeur attendrie del’assistance.

– Elsa Carter, voulez-vous prendre Oscar Irvin, ici présent, comme légitime époux, annoncesolennellementlemairedeLouisville.

–Oh,oui,jeleveux!réponds-je,euphorique.

Lesapplaudissementsdenosprochesmefontrire,etpeut-êtreaussipleuréenmêmetemps.

–OscarIrvin,voulez-vousprendreElsaCarter,iciprésente,commelégitimeépouse?–Oui,pourtoutelavie!répondOscar,enmesurprenant.

Nous n’entendons pas la fin du discours dumaire, ivres de bonheur, nous nous embrassons enpleurant.Toutenotrehistoireaététellementintense,àlafoismagiqueetterrifianteparlesépreuvesquenousavonsdûrelever.

–Çayest,ElsaestmadameCarter!

–Jesavaisdepuisledébutqueçaarriverait,alorsquetoitudoutais!

–Pfff,jen’avaisaucundoute,j’étaisjusteprudente.

–C’estçaoui,allez,c’estl’heure,tuentendssoncœurbattre?Tucroisqu’ilvaréagircommentdevantsasurprise?

Thomas entonne un rythme entraînant au piano, tandis que tout le monde se lève pour nousapplaudirendansant.Alorsqu’Oscartentedemefaireemprunterl’alléepourlasuitedesfestivités–vind’honneuretphotos–jel’arrête.Ilmeregarde,étonné.

Je lance un clin d’œil à Jude, à qui j’avais demandé à la fin de la cérémonie dem’amener unmicro.Ilm’avaitharcelépourquejeluiracontecequej’avaisprévudefaire,maismalgrésesbeaux

yeuxetsesroucoulades,j’aitenubon.

Jem’emparedumicro.

–Chersamis,chermari...commencé-jeàlancerunpeutropfortdanslemicro,J’aimeraisvousdireàquelpointjesuisheureusedevouscompterparmilespersonneslesplusimportantesdenosvies.Merci,d’êtrelà,mercidenousavoirsoutenusdanslespiresmoments,etDieusaitsil’onenaconnu,commedanslesbons.

Oscarhochelatête.Alorsquejemetourneverslui.

–Jevaisretenirvotreattentionencorequelquesminutes,maisj’aiquelquechoseàdireàmonchermari.

Lesilencesefaitettoutlemondeserassoit,intriguéparceprogrammenonprévu.

–Alorsquenouspréparions lemariage, jemedemandaiscomment tesurprendre.Toiquies lemaîtredes surprises.Pasplus tardqu’il y auneheure, cet hommea réussi àm’offrir desbouclesd’oreilles qu’il avait cachées dans ma coiffeuse... Mon Oscar, qu’offre-t-on à l’homme le plusmerveilleuxde la terre?Comment lesurprendre,sansqu’ilait lemoindresoupçon... Ilyaencoredeux semaines, j’hésitais entre des cours de guitare express ou de danse, mais une réponse s’estimposéed’elle-même.Oscar,tum’asdemandéeenmariage.Àmoideteposerunequestion...

–Toutcequetuveuxmonamour,melanceOscar,amuséparcetinterludenonprévu.

Jedéglutis.Mesmains sontmoites etmoncœur tambourinedansmapoitrine. Il fautque jemelance.J’aipeur,unefoisquej’auraiparlé,rienneseraplusjamaiscommeavant.

Jeluiprendslamain.

–OscarIrvin,es-tuprêtàfaireavecmoileplusfoudesvoyages?Iln’étaitpasprévu,maissachequeselonlesmédecins,ilnousrestehuitmoispournousypréparer.

Je pose samain surmon ventre, pour qu’il réalise, que sous la dentelle, sous le nombril qu’ilconnaîtsibien,secacheuntoutpetitêtre,notrebébé.

Ilouvregrandlesyeux,commesonnéetsemetàpleurercommejenel’aijamaisvu.Ilmeprenddanssesbras,puism’attrapelevisagetandisquedeuxlarmescoulentlelongdesesjoues.

Çayest, jeluiaidit, j’enaienfinparlé.J’aigardépourmoimesdoutes,letestdegrossesse,lebonheurd’apprendrequej’allaisêtremaman,pourqu’ilvivecetinstant,danslesconditionslesplusbellesquisoient.

–Elsa,monamour. Jevaisêtrepapa?C’estvrai?MonDieu...Monamour, jen’arrivepasàycroire.Jesuisleplusheureuxdeshommes.

Lesinvitésapplaudissentàenfairetremblerlagrangeetnousnousembrassonssousleurscrisdejoie. Thomas se remet au piano pour un rock des plus entraînants et nos invités, sans que ce soit

prévu,semettentàdanser.Oscaretmoidemeuronsdanslesbrasl’undel’autre,fousdejoie.

–Onavaitditplusdesecret,meconfie-t-iltaquinàl’oreille.–Oh,tumeconnais,j’enfaisunpeuqu’àmatête.–Etc’estcommeçaquejet’aime,monamour.

Nous nous lovons l’un contre l’autre, dansant un slow sur un tube d’Elvis. À contre-courant,comme toujours, Elsa etOscar, dans leur bulle de bonheur, aumilieu de la vie qui bat son plein.Bientôtunenouvellevieentreradans lanôtre.Noussommesdéjà lesplusheureuxdumondeet jepenseque,c’estquandonéchappeaupire,qu’onestenmesured’appréciersonbonheur.

Jefermelesyeux,j’entendsmoncœurbattre,jesuisvivante,jesuisamoureuse,jesuisaimée.Lavieesttropcourte,etjecomptebienfairebattrececœurpourtouslesgensprésentsdanscettesalle.Pournotreenfant,quej'aimedéjà.EtpourmonOscar,monsublimeetmerveilleuxOscar.

FIN

Egalementdisponible:

Agaçant,sexyetdangereux

CeluiqueBillieprenaitpourl'amantparfaitserévèleêtreunparfaitconnard.P-DGdujournalleplusludeNewYork,SeanCavendishn’apashésitéàrévélerdanssescolonnesqu’elleaeuunenfantdufuturprésidentdesÉtats-Unis!Lescandaleéclate,etlaviedelajeunefemmeestravagée.EllerefuselesexcusesdeSean,luttantcontrelessentimentsetlasensualitéqu’illuiinspire.MaisquandlapetiteCeliadisparaît,Billien’ad’autrechoixquedesetournerversSean.Pourretrouversafille,elleferaitn’importequoi…mêmerenoueravecl’hommequiestàl’originedesonmalheur!

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Août2016

ISBN9791025732595