Post on 21-Jul-2016
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1| Partenaires
Ce Voix OFF a pris forme grâce au soutien de:
L’Edito|2
Le mot de la
rédac’ chef
Bonjour à toi cher-e gémien-ne !
Le mois d’avril marque une transition de l’hiver gris et froid au
printemps coloré. A mesure que le soleil pointe le bout de son nez,
nos sens s’éveillent enfin. C’est d’ailleurs le thème de ce Voix OFF.
Le cinéma fait appel à nos sens. Evidemment, on pense d’abord à la
vue et à l’ouïe, mais certaines pépites nous en titillent d’autres.
Notre estomac crie famine devant Les Recettes du Bonheur, notre nez
devient soudainement très curieux face au Parfum, et notre peau
frissonne lorsqu’on regarde The Sessions.
Les sens sont vecteurs des émotions et des sentiments. Faire appel
aux sens au cinéma est un moyen de donner du relief à la vie des
personnages mais aussi de toucher plus directement le public. Les
sens appellent les instincts du spectateur.
Je vous laisse découvrir notre sélection au fil des pages de ce Voix
OFF et deviner à quel sens chaque film fait référence.
Bonne lecture !
Flora Goldgran
Rédactrice en chef du Voix OFF
Avril 2015
5 Retour sur...
5
Retour sur Une Nuit Trop Courte 2015
11
Match Point : Entre the Wall ou Inters-
tella 5555,qui sortira vainqueur?
19
Le thème du mois:
Les cinq sens
13
On a vu au cinéma
37 Le souci du détail
11
13 On a vu au cinéma
19 Le thème du mois
Les cinq sens
Notre sélection de films
La série
Le film coup de cœur
L’affiche du mois
33 Jeux
35 Quand tu ne sais pas
quoi regarder...
Match Point
Qui de The Wall ou Interstella 5555 sortira
vainqueur?
9
10 Court Métrage
Le tour du monde en 80
films
5| Retour sur ...
Sarah Houmeau
Une Nuit Trop Courte
édition 2015
L es 12, 13 et 14 mars s’est tenu la douzième édition du festival
Une Nuit Trop Courte. Trois soirées pour mettre à l’honneur les
courts métrages étudiants du monde entier, décerner un prix à jeune
étudiant et l’aider dans le début de sa carrière !
Soirée 1 : Ouverture du festival !
Au cinéma Le Club, la GP « Soirée d’ouverture du Festival » nous a fait découvrir le thème de
l’eau dans des courts métrages d’animation et fiction. Une soirée particulièrement conviviale et
agréable avec un magnifique buffet de makis, où le cinéma part à la rencontre de l’océan.
Le public a été charmé par les courts métrages et le mélange des genres : dans Narcose on a pu
découvrir la plongée sans bouteille et ses conséquences hallucinatoires, le tout baigné d’une es-
thétique poétique. On a aussi pu rire aux éclats en suivant les malheurs de deux amis poulpes
dans le court métrage d’animation Oktapodi…
Soirée 2 : Les courts métrages d’animation!
Cette année, la traditionnelle soirée de courts métrages d’animation a eu lieu sur le campus : la
salle Eve nous a ouvert ses portes pour nous replonger en enfance dans une ambiance chill et
décontractée. La sélection a été un très bon cru! On retiendra notamment Sweet Cocoon et Feast (ci
-dessus), parce que la mignonitude n’a pas de limite !
Soirée 3 : La soirée de compétition !
Enfin ! La soirée de compétition Une Nuit Trop
Courte est le point névralgique du festival ! Un
jury de professionnels du cinéma est convié
afin d’assister à la projection des courts mé-
trages étudiants sélectionnés par nos soins, un
entracte de 20 minutes animé par un concert de
Jam’In GEM et un buffet.
Cette année Guillaume Renusson (réalisateur
d’Une Minute de Silence), Stefania Sandrone
(programmatrice pour l’association Image de
Ville) et Fanny Saadi (productrice et réalisa-
trice) nous ont fait l’honneur de leur présence.
Pendant deux heures nous avons projeté des
courts métrages étudiants du monde entier :
fictions et animations, drames et comédies,
espagnol ou suisse… Le public n’est pas resté
insensible à notre sélection. A la fin de la pro-
jection, public et jurés se sont concertés, pour
élire les grands gagnants de la soirée :
Le prix du public a été décerné au court métrage Discipline de Christophe M. Saber
Le jury, quant à lui, a décidé de décerner son prix au court métrage Disfavour de
Friedrich Tiedtke de l’UF Berlin.
Deux réalisateurs pleins d’imagination et de talent que l’on va prendre plaisir à suivre de très
près !
7| Retour sur...
Flora Goldgran
La Nuit du Cinéma
édition 2015
C ’est au terme d’un travail acharné que la GP « La Nuit du Cinéma » nous a invité à prendre
l’air avec Moonrise Kingdom et La Vie rêvée de Walter Mitty.
Mais parce que vivre des aventures, ça creuse, la folle équipe n’a pas oublié de nous restaurer
comme il se doit entre deux projections : bagels, pizzas, salades en tous genres, petits gâteaux, et
surtout pâtisseries marocaines … Un véritable tour du monde des saveurs !
Wes Anderson a encore frappé ! Avec Moonrise
Kingdom, le réalisateur nous embarque de nou-
veau dans l’un de ses univers tout aussi loufoque
que tendrement humain.
Je n’ai pas pu cesser de sourire et je ne devais pas
être la seule : toute la salle riait de bon cœur de-
vant cette comédie. Il faut dire qu’il n’y a que le
talent d’Anderson pour réussir à traiter avec une
aussi jolie légèreté des thèmes pourtant graves.
Ben Stiller là où on ne l’imaginait pas (et je ne
parle pas (que) de l’Himalaya). L’acteur nous
avait habitués à des rôles de anti-héros pathé-
tico-comique. Dans La Vie rêvée de Walter
Mitty, nous découvrons son sens de la réalisa-
tion et du spectacle.
Son personnage, à l’origine un banal employé
de bureau sans saveur, prend de plus en plus
de relief au cours du film. De là à nous dire
qu’un héros se cache en chacun de nous, il n’y
a qu’un pas !
Court métrage|10 9|Le tour du monde en 80 films
L’homme Sans
Passé
Réalisé par Aki Kaurismäki Avec Markku Peltola, Kati Outinen
Durée 1h37
Année 2002
E nvie d'une immersion au pays des lacs et des
aurores boréales? Avec L'homme sans passé,
Kaurismäki offre un véritable plongeon dans la cul-
ture finlandaise, si dépaysante et touchante à la fois.
Tabassé en pleine rue, un homme devient amné-
sique. Livré à lui-même, sans nom, sans identité, et
sans passé, il doit recréer sa propre histoire.
Markku Peltola interprète cet homme qui ne se con-
naît pas lui-même, cette âme errante qui va trouver
un moyen de renaître. Grâce à la générosité de ce
peuple aux allures parfois burlesques, il va avoir
l'occasion de prendre un nouveau départ. Le mot
d'ordre ici semble être la simplicité, pas de place
pour l'exubérance, l'aspect est vieillot, le charme
désuet, les dialogues y sont rares, et l'humour sub-
til. En toile de fond, la critique d'une société deve-
nue capitaliste qui détruit tout, et qui laisse des mil-
liers d'ouvriers dans une nuit noire et sans étincelle.
Doublement récompensé à Cannes par le grand prix
du jury et le prix d'interprétation féminine pour
Katie Outinen, ce film est un poème et l'auteur s'ex-
prime à la manière de Rimbaud en parlant de cette
histoire comme de "cœurs solitaires aux poches
vides qui errent sous la voûte céleste des oiseaux".
Laurie Genthon
Le court-métrage du mois :
Whiplash
Réalisé par Damien Chazelle
s aviez-vous que pour parvenir à financer
Whiplash, Damien Chazelle a tout d’abord
commencé avec un court-métrage? On y re-
trouve déjà J.K. Simmons qui y incarne Te-
rence Fletcher, professeur manipulateur et
caustique. Déjà, aussi, Whiplash version 17 min
impressionne. En effet, le montage musical est
intense, tout comme la mise en scène de la
musique avec les feuilles qui se tournent, les
baguettes qui se touchent, les élèves qui
s’ignorent, et déjà le malaise nait chez le spec-
tateur. Le court met en exergue les points forts
du long métrage. En particulier, il vient souli-
gner la prestation de Miles Teller dans la ver-
sion longue puisque c’est Johnny Simmons qui
incarne Andrew, ou plutôt Neiman dans le
court. Ce qu’apporte Miles, c’est cette rage
intérieure qui rend possible et surtout crédible
l’affrontement avec ce professeur tyrannique et
la souffrance qu’il s’auto-inflige. Ainsi, c’est en
regardant le court-métrage que l’on comprend
à quel point ce duo d’acteurs incarnera au
mieux la pensée du réalisateur : « La question
posée est la suivante : cela vaut-il la peine de
souffrir à ce point pour cinq minutes de
gloire ? ».
Cécile Morel-Derocle
11| Match Point
Match
Point
2 films sur le ring, 3 rounds et à la fin… Un seul
vainqueur !
Règles : Aucune, tous les coups sont permis !!!
Ce mois-ci s’affrontent sur le ring deux films un peu spéciaux, puisqu’ils ont été réalisés
autour d’albums musicaux (Discovery de Daft Punk et The Wall de Pink Floyd). Les films
Interstella 5555 – The 5tory of the 5ecret 5tar 5ystem et The Wall, considérés comme cultes par
les happy few ayant été initiés, vont se livrer une lutte acharnée à coup de décibels !
VS
One More Time ou encore Harder, Better, Faster,
Stronger sont des hits du début des années
2000. L’album Discovery, aux sonorités électro-
disco-funk-house dansantes chères à Daft
Punk, compose la bande-son d’Interstella 5555.
La musique sert parfaitement la narration et
l’animation. Certains morceaux, teintés d’une
douce mélancolie, humanisent une musique
électro jugée parfois trop froide ou superfi-
cielle. On pressent déjà dans cet album un
talent incontestable chez Thomas Bangalter et
Guy-Manuel de Homem-Christo, les deux
membres de Daft Punk. Avec The Wall, les
Pink Floyd livrent une musique planante,
troublante et transcendante. La voix de Roger
Waters vient d’un autre monde. Les morceaux
Goodbye Blue Sky, Another Brick in the Wall (et
son refrain mythique: « We don’t need no educa-
tion, we don’t need no thought control… »), The
Trial ou encore Is There Anybody Out There?
sont absolument géniaux et confèrent au film
une ambiance glauque, mélancolique et ner-
veuse. Bref, la musique nous plonge dans une
folie délicieuse, on plane, on se déconnecte de
la réalité… Accro, on en redemande !
Round 2 : la meilleure musique
Fans depuis leur plus tendre enfance des ani-
més cultes des années 1980, que sont Albator et
Galaxy Express 999, les Daft Punk font appel au
mangaka japonais Leiji Matsumoto afin d’illus-
trer le film qu’ils ont co-écrit, se basant sur leur
album Discovery. Le trait de crayon de Matsu-
moto se marie parfaitement à l’univers futuriste
des robots Daft Punk, nous embarquant dans
une autre galaxie avec des extraterrestres hu-
manoïdes bleus. Il insuffle une touche très retro
aux dessins, que l’on retrouve également dans
la musique du groupe. C’est un mariage évi-
dent. Mais face aux dessins de Gerald Scarfe
ceux de Matsumoto sont bien trop lisses et inof-
fensifs. Dans The Wall, les dessins accompa-
gnent les délires schizophrènes et les hallucina-
tions de Pink, star du rock complètement dé-
pressif et défoncé. Un seul mot pour décrire ces
dessins : cauchemardesques !! Véritable délire
visuel, les images vous hantent pour un bon
bout de temps !
Round 1 : les meilleurs dessins
Winner : Daft Punk
The Wall dépeint la décrépitude physique et
psychologique de Pink, star du rock, en proie
à une folie schizophrène. Il ressasse son passé
et ses échecs, seul dans une chambre d’hôtel.
Sous l’emprise de drogues, il est sujet à moult
hallucinations terrifiantes et morbides. Le film
aborde des thèmes très intéressants (critique
des institutions – Famille, Ecole, Eglise, Ar-
mée… – qui étouffent et briment toute forme
d’individualité ou encore l’aliénation des
foules). Le montage n'est pas linéaire mais suit
le trajet mental de Pink, ce qui rend le film
trop déconstruit.
Face à un film trop sombre et négatif semblant
vouloir nous pousser au suicide, Interstella
5555 a un scénario beaucoup plus fun et lu-
dique. Quatre musiciens extraterrestres sont
enlevés lors d'un de leurs concerts et amenés
sur Terre, après avoir été transformés en hu-
mains. Ils deviennent les pantins d’un mana-
ger peu scrupuleux, qui les exploite dans le
but de gagner son 5555e disque d’or, et deve-
nir maître absolu sur Terre. Il s’agit ici de dé-
noncer les travers de l’industrie du disque, la
surexposition médiatique, les groupes préfa-
briqués, le showbiz et la perversion du star-
system.
Round 3 : la meilleure histoire
Winner : Pink Floyd
Et le gagnant est…
Pink Floyd 2:1 Daft Punk
Nathalie Chabert
Winner : Pink Floyd
On a vu au cinéma|14 13| On a vu au cinéma
Le dernier coup de marteau
SYNOPSIS : Victor, 14 ans, observe de loin son père—qui ne sait rien de son existence—diriger la 6ème
symphonie de Mahler. Jusqu’à ce qu’il décide se montrer pour la première fois à cet homme.
L ’attente était soutenue pour ce deuxième
long métrage d’Alix Delaporte, après le
surprenant Angèle et Tony. C’est donc un peu
déçu que l’on ressort de la salle.
Le destin du personnage principal, jeune
homme de 14 ans, est pourtant intéressant. Pris
en étau entre l’espoir de faire carrière dans le
foot, apprendre à connaitre son père, tout en
vivant avec la maladie de sa mère ... Il y avait
de la matière pour dessiner une fresque sociale
qui se heurte aux réalités de milliers de héros
anonymes. Mais la magie du combat ordinaire
ne prend pas. Les sentiments dégagés par les
personnages ne parviennent pas à résonner et à
faire sens avec l’évolution de l’histoire et des
relations qu’elle construit. Ce film est comme
un magnifique puzzle dont les pièces sont mal
assemblées.
Cela reste néanmoins une belle histoire avec
des acteurs très justes : un jeune espoir du ciné-
ma et un acteur de l’académie française, il fal-
lait s’y attendre. On regrettera donc le manque
de puissance dégagé par ce film dont la base
demeure très intéressante.
Benoît François
Still Alice
Réalisé par Richard Glatzer Avec Julianne Moore, Kristen Ste-
wart, Kate Bosworth
Durée 1h39 Genre Drame
SYNOPSIS : Mère heureuse et professeure de linguistique de renom, tout semble aller pour le mieux pour
Alice Howland. Jusqu’à ce qu’elle commence à oublier ses mots...
A lors Julianne ? Il est mérité cet Oscar ? Au
-delà de la performance des acteurs, il
faudrait souligner l’intérêt du sujet, pas très
fun mais plutôt fascinant. On a souvent ten-
dance à considérer la maladie d’Alzheimer
objectivement, d’un point de vue extérieur à la
personne affectée. Mais comment peut le vivre
un linguiste qui perd les mots et la mémoire ?
Le résultat est réussi du fait de notre identifica-
tion immédiate au personnage : le pathos est
sobre et fluide, amené efficacement. Ajoutez-y
un jeu d’acteur irréprochable avec évidemment
Julianne Moore au sommet de sa carrière—sans
oublier Kirsten Stewart et Alec Baldwin tous
deux très bons—, et on obtient un résultat poi-
gnant. On appréciera également un cadre ciné-
matographique anti-blingbling qui laisse place
au pur jeu d’acteur, ce qui est logique à la vue
du thème.
Le film fonctionne finalement comme un
gouffre, à l’image de la maladie qui avale la
mémoire, et les émotions surviennent en cres-
cendo. Il ne faut donc pas s’attendre à un film
qui se laisse regarder avec rebondissements et
surprises à foison mais bien à une réalité dont
l’effroi banal est parfaitement illustré.
Benoît François
Réalisé par Alix Delaporte
Avec Romain Paul, Clotilde Hesme,
Durée 1h23 Genre Drame
On a vu au cinéma|16 15| On a vu au cinéma
The Voices
SYNOPSIS : Un jeune homme psychologiquement instable est tiraillé entre les conseils diaboliques de
monsieur Moustache, son chat qui l’incite au meurtre, et ceux plus avisés de son chien.
Réalisé par Marjane Satrapi
Avec Ryan Renolds, Gemma Arterton
Durée 1h49
Genre Comédie, Thriller
Big Eyes
SYNOPSIS : L’histoire vraie de Margaret Keane, une peintre américaine dont le mari s’est attribué les
œuvres pendant de longues années.
E n sortant de la salle de cinéma, j’ai voulu
vous dessiner cet article, l’esquisser, y
mettre de la couleur, et ajouter encore quelques
touches. Il faut dire qu’avec Big Eyes, Tim Bur-
ton nous plonge directement dans l’atelier de
Margaret Keane, peintre tout aussi excentrique
dans son art que le réalisateur ne l’est.
Sans malheureusement aller jusqu’au bout de
son propos, Tim Burton touche du doigt des
thèmes fascinants. Dans les personnages de
Margaret et Walter se confrontent deux idées de
l’art : celui qui plaît parce qu’il touche le specta-
teur, et celui qu’on achète parce que c’est « le
bon moment, au bon endroit ». Romantisme et
société de consommation ne font pas bon mé-
nage !
Si la transformation du personnage de Margaret
est toute aussi subtile que remarquable, l’inter-
prétation exubérante de Walter par Christophe
Waltz manque de crédibilité. Burton aurait-il eu
du mal à se décider entre absurde et réalisme ?
En tous cas, on sent sa frustration. Pour autant
sa réalisation est très esthétique et colorée. Elle
joue sur les symétries et le spectateur averti
comptera d’innombrables clins d’œil aux réali-
sations « burtonesques » précédentes comme à
celles d’autres artistes, puisqu’il faut bien les
nommer ainsi.
Réalisé par Tim Burton
Avec Amy Adams, Cristopher Waltz
Durée 1h47
Genre Drame, Comédie
J e me doutais bien en allant voir le nou-
veau film de Marjane Satrapi (Persépolis,
Poulet aux prunes..) que je m’embarquais dans
une aventure particulière, mais l’expérience fut
au-delà de mes espérances. Tout au long de la
séance, on se demande où la réalisatrice trouve
ses idées : il semblerait que la réponse tienne
plus du talent que d’une quelconque drogue.
Ce qu’il y a de formidable avec ce film, c’est
qu’il ne ressemble à aucun autre, comme si Sa-
trapi venait de créer un nouveau genre cinéma-
tographique à elle seule. Bien qu’on passe la
majeure partie de la séance à rire, l’art du thril-
ler reste maîtrisé et quelques détails macabres
sont dignes des meilleurs films d’horreur. L’en-
semble, bien que complètement loufoque, garde
une cohérence et une esthétique remarquables
qui rendent le film très attachant, là où bien des
éléments auraient pu pousser à en faire un gros
nanar. Les acteurs ne sont pas pour rien dans la
réussite de The Voices : Ryan Reynolds parvient
à être crédible dans un rôle qui ne l’y aidait
pourtant pas, entouré d’un trio d’actrices parti-
culièrement fraîches.
Cécile Deschamps
Flora Goldgran
On a vu au cinéma|18 17| On a vu au cinéma
Un homme idéal
SYNOPSIS : Un homme idéal relate l’histoire d’un prêt à tout pour devenir un écrivain émérite et le rester à tout prix…
Ô toi, petit gémien qui s’est accoutumé à
notre cher Turnitin (pour ceux qui ne sa-
vent pas, c’est le logiciel anti-plagiat de l’école),
jamais tu ne commettras un crime semblable à
celui de Mathieu Vasseur.
Ce dernier est incarné par Pierre Niney qui
joue à merveille ce voleur sans scrupules. Il
mène la danse, à la fois impassible, et tou-
chant , et le spectateur se retrouve parfois plon-
gé dans ses pires angoisses pour subir avec lui
la crainte que la vérité éclate.
Et qu’on se le dise, ça fait plaisir de voir la nou-
velle petite gueule d’ange du cinéma français
porter le vice.
Toutefois, ce film m’a laissée perplexe sur de
nombreux points et je n’arrive toujours pas à
savoir s’il m’a vraiment plu. Tout semble trop
facile. Je m’explique : le personnage accumule
les crimes et commet de multiples erreurs, le
tout sans jamais se faire prendre (et ce ne sont
pas les occasions qui manquent !).
Il est peut-être temps pour toi , cher camarade,
d’en juger par toi-même !
Cécile Deschamps
Hacker
SYNOPSIS : Hong Kong—la centrale nucléaire de Chai Wan a été hackée. Le capitaine Dawai Chen est
chargé de retrouver et de neutraliser l’auteur du crime. Son plan? Libérer de prison un célèbre hacker.
C e phénomène courant qu’est le hacking est
souvent pris sous l’angle personnel : mes
coordonnées bancaires sont-elles à l’abri ?
N’importe qui peut me traquer ! On va tous
mourir ! Mais qu’en est-il d’une cyberattaque
envers des entités, des puissances et des orga-
nismes qui pourrait nous rapprocher d’un
chaos digne d’une World War III ?
L’originalité du film, surtout venant de Michael
Mann, cache une mise en scène plutôt déce-
vante et un certain manque de rebondisse-
ments. Ce manque est néanmoins défendable
par le refus de Mann de nous livrer un procès
de la techno-colonisation qui serait bien trop
facile.
Les personnages manquent de profondeur,
même si le jeu d’Hemsworth demeure plaisant.
On soulignera le plaisir que l’on ressent à re-
garder la nuit que Mann filme toujours aussi
bien, et ce grâce à une superbe photographie.
Mais derrière ce sujet original et cette forme
splendide, le fond fait office de légère redite
avec des thèmes trop récurrents chez Mann.
Alors certes Hacker ne pourra tenir tête à un
Heat mannien, mais on a cependant le senti-
ment à la sortie de la salle d’avoir vu un film
que peu de réalisateurs savent nous proposer.
Benoît François
Réalisé par Yann Gozlan
Avec Pierre Niney, Ana Girardot
Durée 1h37
Genre Thriller
Réalisé par Michael Mann
Avec Chris Hemtworth, Tang Wei
Durée 2h13
Genre Thriller, Action
Le thème du mois
Les cinq sens
L e cinéma, né muet, ne prend
la parole qu’en 1927 avec Le
Chanteur de Jazz d’Alan
Crosland, film musical dont la
bande sonore ne comporte que
354 mots (il faut bien un début à
tout !). Dès lors, les vedettes du
muet telles que Chaplin s’adap-
tent, tandis que d’autres comme
Howard Hawks ou Sacha Guitry
se font connaître, bien conscients
du pouvoir qu’ont le son et la
musique pour accompagner et
amplifier les histoires qu’ils ra-
content. La couleur arrive peu
après, dans les années 1930, et
fait le bonheur des cinéastes en
permettant la création d’atmos-
phères assez personnelles, pen-
sons par exemple à Wes Ander-
son ou Tim Burton.
Bref, si le cinéma a toujours fait
appel à nos sens, il semblerait
qu’il essaie de les toucher tou-
jours plus, en témoignent le ciné-
ma 3D et l’émergence du cinéma
4D, où sièges mobiles, jets d’air
et de fumée donnent au specta-
teur l’impression de faire partie
intégrante du film. Finalement,
seuls l’odorat et le goût man-
quent encore au cinéma, mais
sans doute plus pour très long-
temps.
En attendant, c’est pour mieux
toucher les sens des spectateurs
que le cinéma les aborde, d’une
manière parfois si juste qu’elle
les chamboule totalement. On se
prend une claque devant The
Tribe (M. Slaboshpytskiy, 2014),
entièrement en langue des signes
sans sous-titres ni voix off, notre
estomac gargouille devant les
plats gourmets de Soul Kitchen
(Fatih Akın, 2009), et nos poils se
dressent devant les images in-
soutenables d’Hannibal (Ridley
Scott, 2001).
En espérant que notre sélection
saura faire palpiter vos sens,
bonne lecture.
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29
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Notre sélection de films
La série
Le film coup de cœur
L’affiche du mois
Par Cécile Deschamps
Le Voyage dans la lune (7568) de Georges Méliès
Rémy dans Ratatouille de Brad Bird (2007)
Les 5 sens|22 21| Les 5 sens
Perfect sense
Réalisé par David Mackenzie Avec Ewan McGregor, Eva Green Durée 1h32
Année 2012
Les Recettes du
Bonheur
Réalisé par Lasse Hallström
Avec Helen Mirren, Om Puri, Manish Daya
Durée 2h03
Année 2014
A la suite d’un long périple depuis l’Inde, la fa-
mille Kadam atterrit après un énième coup du
sort dans un petit village de France. Le patriarche,
voit en cette situation comme un signe du destin et
décide d’investir dans un restaurant à l’abandon.
C’est ainsi que la Maison Mumbai est fondée mais
aussi que les ennuis commencent. Nombreux sont les
habitants qui voient cette ouverture d’un mauvais œil,
et notamment Madame Mallory, patronne de l’illustre
restaurant Le Saule Pleureur, une étoile au Guide
Michelin.
Madame Mallory se sent menacée par les talents de
Hassan (Manish Dayal), petit prodige de la cuisine
qui marie les épices avec une incroyable aisance. Et
quand ce dernier rencontre Marguerite (Charlotte Le
Bon), sous-chef au Saule Pleureur, il se lance le défi de
maitriser la gastronomie française. Les succès se mul-
tiplient alors jusqu’à atteindre les sommets, mais est-
ce vraiment ce dont il a envie ?
Certes, le film comporte quelques traits forcés, mais
sans pour autant tomber dans une mare de bons sen-
timents Au contraire, Les recettes du bonheur démontre
comment, grâce aux émotions provoquées par la
table, chacun parvient à s’entendre.
Les recettes du bonheur est définitivement un feel good
movie qui vous ouvrira l’appétit, FONCEZ !
Laura Mastrot
Q uel bonheur de s’abandonner aux vertiges de
l’amour ! Sentir la peau de notre bien-aimé(e)
contre soi, son odeur, le goût de ses lèvres, entendre sa
voix, sa respiration ou encore se perdre dans son re-
gard… L’amour et l’attirance sexuelle s’accompagnent
d’une exaltation de nos 5 sens, qui crée une dépendance
à l’autre et un sentiment de manque : « Un seul être vous
manque et tout est dépeuplé ! » disait Lamartine. Pas
faux… Pourquoi vivre si nous ne pouvons plus ressentir
pareils ravissements ?
Susan et Michael ne croient plus à l’amour, qu’ils vont
pourtant trouver au moment le plus cruel, alors qu’une
étrange épidémie fait perdre aux gens leurs sens un par
un. Ces amants maudits savent que le temps est compté,
la maladie se propage et évolue à grande vitesse… Et si
l’amour ne se limitait pas seulement aux plaisirs phy-
siques et sensoriels mais allait bien au-delà ? Et si la
perte progressive des sens ne faisait que renforcer leur
amour ?
Ce film, un brin fleur bleu, part d’une idée de scénario
formidable, malheureusement pas assez développée.
Néanmoins, la leçon donnée mérite d’être apprise : la vie
sans les sens est une question d'adaptation alors que la
vie sans les sentiments n'est rien.
Nathalie Chabert
Les 5 sens|24 23| Les 5 sens
Ratatouille
Réalisé par Brad Bird
Avec Lou Romano, Brad Garrett
Durée 1h50
Année 2007
Réalisé par Damien Chazelle
Avec Miles Teller, J.K. Simmons
Durée 1h47
Année 2014
A ndrew Neyman n’a qu’un seul rêve: devenir
l’un des plus grands batteurs de l’histoire.
Pour cela il est prêt à tout et sa rencontre avec le
célèbre Terrence Fletcher (J.K Simmons) ne va pas
arranger les choses.
Ce dernier ne recule devant rien pour entrainer le
groupe qu’il essaye de former. Le jeune Andrew
quant à lui n’hésite pas une seule seconde et se
lance à la poursuite de son rêve corps et âme. Jouer
encore et toujours, en repoussant ses limites phy-
siques et psychologiques et ce pour atteindre son
seul objectif : l’excellence.
J.K Simmons incarne avec brio ce mentor perfec-
tionniste et injuste à la limite du sadisme. Il est dé-
testable à souhait et ne cesse de jouer avec les nerfs
de son équipe mais aussi avec ceux du spectateur.
Cette remarquable prestation a par ailleurs été ré-
compensée par un Oscar en février.
La mise en scène laisse une belle place aux mul-
tiples sonorités, enivrant le spectateur par sa douce
musique. Le réalisateur a su allier avec malice la
force de l’image avec la puissance des instruments.
Pour en savoir plus concernant les origines de ce
petit bijou, rendez vous page 10.
Laura Mastrot
Whiplash
« Tout le monde peut cuisiner», voilà ce qu’af-
firme le titre du célèbre livre de recettes du
grand chef cuisinier Gusteau, l’idole de Rémy, le
rat. Le petit (et non moins adorable) animal rêve
d’avoir sa cuisine, afin de laisser libre cours à sa
folie culinaire. Seulement, lui et sa famille vivent
dans les égouts et sont probablement les animaux
les moins désirés dans les cuisines. Et pour ne rien
arranger, la passion de Rémy est incomprise par le
reste de sa famille qui considère la nourriture uni-
quement comme un moyen de subsistance et non
pas comme un art.
Le jour où la meute de rats dépose ses bagages sous
le restaurant de Gusteau, la vie de Rémy change:
c’est sa chance, et il compte bien la saisir.
En plus d’un scénario bien ficelé et d’un personnage
principal absolument délicieux, l’américain Pixar
nous gâte avec ce film d’animation aux images
fluides, colorées, voire même appétissantes. Sans
étonnement, on comprend que Ratatouille ait obte-
nu, entre autres, l’Oscar du meilleur film d’anima-
tion en 2007. Au passage, le film rend un bel hom-
mage à la cuisine française et nous offre des pers-
pectives originales de la ville de Paris, dont on con-
naît à présent les égouts.
Allez-y, et régalez-vous!
Vérène Gutfreund
Les 5 sens|26 25| Les 5 sens
The Sessions
Réalisé par Ben Lewin
Avec John Hawkes, Helen Hunt
Durée 1h35
Année 2012
M ark O'Brien, décide à 38 ans que la polio qui
le maintient alité depuis ses 6 ans doit cesser
d’être une entrave à sa vie sexuelle. Il prend alors
contact avec Cheryl, une « assistante sexuelle » qui
va l’initier aux plaisirs charnels, durant 6 séances.
Plongé dans l’intimité de ce « couple » peu anodin,
on assiste au lent domptage d’un corps que des
mains de femme n’avaient jamais touché à des fins
autres que médicales. Bien que paralysé, notre hé-
ros n’a rien perdu de sa sensibilité, d’où de mémo-
rables séquences où on l’observe réagir—parfois au
bord de l’hystérie—aux caresses qu’on lui prodigue
pour la première fois.
Le film a de quoi faire peur : aborder sexe et handi-
cap sans céder à la facilité de clichés pathétiques ou
vulgaires, peu de réalisateurs s’en seraient montrés
capables. Et pourtant, Ben Lewin livre un film léger
mais jamais stupide, touchant sans se vouloir lar-
moyant.
Finalement, la délicatesse du film et ses deux princi-
paux acteurs, frappants de justesse, préservent le
spectateur du malaise qu’il pouvait redouter, et lui
font passer un moment d’une rare fraîcheur, dont
on redoute la fin.
Cécile Deschamps
Sixième Sens
Réalisé par M. Night Shyamalan Avec Bruce Willis, Haley Joel Osment
Durée 1h47
Année 2000
P arce que parfois cinq sens ne suffisent pas à
expliquer le monde, Shyamalan nous en pro-
pose un sixième en la personne de Cole Sear, un
gamin de huit ans persuadé d’être fou. C’est Mal-
colm Crowe, pédopsychologue de renom, qui
s’intéressera à son cas. Mais voilà, Cole lui rappelle
un certain Vincent, un ancien patient qu’il a échoué
à aider. Comme Vincent, Cole a peur en perma-
nence et garde un lourd secret.
Le rythme du film est lent, l’image sombre et les
plans serrés et statiques, ce qui donne à l’œuvre
une atmosphère pesante et morbide où la mort est
omniprésente. Les deux acteurs principaux sont
extrêmement bien dirigés et nous proposent une
interprétation émouvante où les faiblesses des per-
sonnages sont tantôt camouflées ou exposées. Le
jeune Haley Joel Osment est incroyablement bon
dans le rôle de Cole, étrangement mature mais fina-
lement encore un tout jeune garçon qui s’insurge de
voir un adulte « dire des gros mots ».
Enfin, Sixième Sens fait partie de ces œuvres à plu-
sieurs degrés de lecture qu’il faut revoir à peine la
scène finale terminée. Je n’en dirai pas plus, et re-
tourne me plonger dans le film pour la sixième fois.
Flora Goldgran
27| Les 5 sens
Réalisé par Jacques Audiard
Avec Emmanuelle Devos, Vincent Cassel
Durée 1h59
Année 2002
La série|28
Switched at
Birth
Sur mes lèvres
C arla est une jeune femme banale, que personne
ne prend la peine de remarquer et que ses
collègues exploitent. Il faut dire qu’elle n’a rien
d’une femme fatale, et que ses appareils auditifs la
coupent parfois des autres et font d’elle le bouc
émissaire idéal.
Rien ne la prédestinait à rencontrer Paul, ancien
détenu en réinsertion, et encore moins à embaucher
comme secrétaire cet homme glacial qui n’a jamais
entendu parler d’Excel. Pourtant, chacun voit rapi-
dement en l’autre un allié, et tous deux vont s’en-
traider, pour réussir à se faire accepter dans cette
société qui ne leur a jamais fait de cadeaux.
Dans ce beau film entre thriller et romance, Au-
diard a su retranscrire toute la tension et la pudeur
avec lesquelles naît cette relation aussi atypique
qu’intense. Les rapports de force instables finissent
par trouver un équilibre fragile, où un homme trop
rude a appris à s’adoucir, et une femme trop douce
à s’affirmer. Sur mes lèvres est d’une sensibilité rare,
qui implique les sens et les émotions du spectateur,
en lui faisant notamment expérimenter la surdité de
l’héroïne par un jeu sonore. Cassel et Devos, qui me
déçoivent de toute façon rarement, livrent ici une
prestation remarquable et nous font croire à l’his-
toire qu’ils défendent.
Cécile Deschamps
Créée par Lizzy Weiss
Avec Vanessa Marano, Constance Marie
Année 2011 Format 4 saisons
E n cours de bio au lycée, nous avons tous
eu ce cours un peu lourd sur les groupes
sanguins. Pour la tumultueuse Bay Kennish, la
leçon devient légèrement plus croustillante
quand elle se rend compte que, vu son sang,
elle ne peut pas être la fille de ses parents.
Adoption ? Non, ce serait trop simple : Bay a
été échangée à la naissance. « L’autre », c’est
Daphné Vasquez, qui a grandi dans le quartier
latino de la ville. Là où la série prend tout son
intérêt, c’est dans un petit détail à propos de
Daphné : elle est sourde.
Au-delà d’une simple série pour teenagers,
Switched at Birth est une véritable plongée dans
la culture sourde. Lors des discussions en lan-
gage des signes (sous-titrées), il n’y a jamais de
musique en fond, afin de recentrer l’attention
sur le mouvement des mains et les expressions
du visage. Et c’est surprenant ! Le spectateur
apprend énormément, de manière parfois ex-
plicite, ou plus suggérée, sur la façon de com-
penser la surdité.
De plus, la série a l’intelligence de nous mon-
trer the big picture. Les conséquences de cette
situation surréaliste sur les deux familles sont
finalement traitées de manière relativement
réaliste. Les personnages sont très attachants et
la fluidité de la série nous entraîne, d’épisodes
en épisodes, à dévorer les quatre saisons.
Flora Goldgran
29| Le coup de coeur
Le Parfum
Réalisé par Tom Tykwer
Avec Ben Whishaw, Dustin Hoffman
Durée 2h27
Date 2006
SYNOPSIS : Jean-Baptiste
Grenouille, orphelin de son
état, est né avec un don, son
nez. Il n’a qu’une raison de
vivre : découvrir toutes les
senteurs du monde et créer le
parfum parfait. Sa quête fait de
lui un terrible meurtrier.
« L’âme d’un être est son
odeur » dit Giuseppe
Baldini, un vieux parfumeur
de Paris à Jean-Baptiste Gre-
nouille. Le jeune homme à
l’odorat exceptionnel n’a
qu’une obsession, une raison
de vivre : apprendre à préser-
ver une senteur pour ne plus
jamais en perdre la sublime
beauté. Et pas n’importe
quelle senteur : il veut mettre
l’essence des femmes dans un
flacon. Est-il assez fou pour
capturer l’âme des femmes ?
Adapté du roman de Patrick
Süskind, Le Parfum se savoure
lentement, précautionneuse-
ment. Les plans sont serrés,
parfois très rapprochés. La
caméra se balade dans les
détails des corps et des objets.
Parfois, le spectateur est
écœuré face à une profusion
d’éléments nauséabonds.
D’autres fois, il est fasciné,
comme envoûté, par la sen-
sualité d’une odeur qu’il ne
parvient pas à saisir mais qui
danse devant ses yeux.
La bande sonore magistrale
est totalement au service des
sensations olfactives et nous
fait découvrir, aux côtés de
Grenouille, une nouvelle fa-
çon d’explorer le monde.
Comme le conteur le dit lui-
même « la langue courante
n’est pas suffisante ». Mais à
grand renfort d’images, de
son, et de récit, Tykwer s’en
sort pourtant merveilleuse-
ment bien dans cette adapta-
tion ambitieuse. Il nous livre
alors une histoire de meur-
trier tout aussi malsaine que
fascinante.
Jean Baptiste Grenouille est
particulièrement inquiétant,
non pas par son aspect,
comme dans le livre, mais
plutôt par son rapport aux
autres et par son obsession.
C’est un collectionneur mor-
bide aux ambitions surréa-
listes. Il explore la distillation
et l’enfleurage avec une pas-
sion aussi forte que son em-
pathie est faible. Sans vous le
dévoiler, le final – pour le
moins étonnant – répond à
l’idéal de grandeur du per-
sonnage mais laissera le spec-
tateur perplexe. Etes-vous
prêt à vous laisser hypnoti-
ser ?
Flora Goldgran
31| L’affiche du mois
Nathalie Chabert
La piel
que habito
Réalisé par Pedro Almodovar
Durée 120 mn
Année 2011
Le regard d’Antonio Banderas
est froid et menaçant. Il se
place en léger retrait montrant
une domination et un contrôle
sur la créature au masque
blanc qu’il nous présente
comme étant son œuvre.
Ce très gros plan est oppres-
sant et révèle un lien intime
très fort. Le fait de ne voir que
la moitié des visages donne
l’impression que les person-
nages ont perdu une part
d’eux-mêmes ou ont une iden-
tité trouble, incomplète.
La peau semble irréelle, presque
plastique et inhumaine. Dans le
film, Antonio Banderas joue le
rôle d’un chirurgien esthétique,
qui après la mort de sa femme,
brûlée dans un accident de voi-
ture, travaille sur une peau ultra-
résistante à la douleur et aux
agressions extérieures.
Regard inquiet mais révélant
aussi une grande force psy-
chologique chez le cobaye du
Docteur Ledgard.
Cette police rouge sang entou-
rée d’une membrane blanche,
telle une peau, renvoie au
corps. Le rouge est aussi la
couleur de la passion et de la
vengeance.
33| Jeux
1)
4) 3)
Quel névrosé sensitif de film
es-tu ?
1) Enfin un peu de temps à toi, tu préfères…
une après-midi détente au musée
une petite balade chez Sephora
★ une belle soirée devant Le meilleur pâtissier
2) Ta vocation ratée :
L’ISIPCA (Institut supérieur inter-national du parfum, de la cosmé-tique et de l’aromatique alimen-taire )
★ CAP Boucher
médecine
Une majorité de…
: Tu es le célèbre Jean-Baptiste Grenouille (Le Parfum). Ton délire, c’est les grosses balades
en parfumerie, mais ce dont tu rêves vraiment c’est de créer LA fragrance à partir de
l’odeur des petites zouz que tu rencontres. Attention, ça risque de mal finir…
★ : On peut dire que tu es un sacré bon vivant mon cher Hannibal. Amateur de chair, tu
n’en demeure pas moins un fin gourmet !
: Ton kiff c’est les grandes discussions les yeux dans les yeux, mais souvent ça devient
bizarre. Tu es la belle Sydney Wells (The Eyes), tu vois des trucs plutôt badants et tout le
monde croit que tu débloques. Ont-ils raison?
Fiche recette: les Doubitchous du
Père Noël est une ordure
250 grammes de farine
100 grammes de sucre
1/2 verre de beurre fondu
1/2 verre d’huile
1 cuillère de cacao
1 pincée de cannelle
1 tablette de chocolat
Pétrir farine, cacao, margarine, huile cannelle et sucre
Faire des petits boudins grossiers, autour d’un morceau de chocolat
Cuire une quinzaine de minutes à 160°
Particularité de cette spécialité : au bout de 10mn, il faut reformer les boudins qui sont en train
de s’étaler lamentablement…aidez-vous de deux gros couteaux pour faire un étau vite fait.
Lorsque les doubitchous craquèlent, ils sont cuits.
Alors qu’ils sont encore chauds, saupoudrez de sucre glace, afin qu’il fonde et donne cet
aspect bizarre et collant sur le biscuit.
Dégustez !
.Envie d’impressionner tes amis en soirée ? Evite de rame-
ner les Pringles habituels et confectionne plutôt de déli-
cieux Doubitchous, fidèles à ceux de monsieur Prescovik,
si tant est que les tiens ne seront pas roulés sous les ai-
selles! (enfin comme tu veux...)
En clinique spécialisée pour que tout redevienne normal À Grasse, capitale mondiale du parfum
3) Ta plus grosse angoisse
Ouvrir les yeux le matin
★ Perdre ta mallette à couteaux
Chopper un rhume
5) Ta chanson préférée?:
★ La peau dure—Etienne Daho
Odeur de soufre—NTM
Elle a les yeux revolver—Marc
Lavoine
3) Les vacances de tes rêves:
★ En Lituanie, dans la demeure familiale
35| Quand tu ne sais pas quoi regarder
A voir si… Le Pôle Ciné pense au gémien indécis qui a
envie de cinéma mais qui ne sait absolument
pas quoi regarder. Voici quelques idées
adaptées à la situation.
… tu en as marre de comédies
romantiques pourries. Où est
l’amour, le vrai?
… tu jalouses les gens qui font
carrément « warrior »
… tu veux redécouvrir les
Beatles
… tu penses que toi et elle/lui
c’est de la vraie amitié?
Ghost
Quand même sans se marier, c’est « à la vie
à la mort » (et à la gueule d’ange de
Swayze).
Les Combattants
Madeleine est une dure à cuire, et n’aspire
qu’à être assez forte pour « survivre ».
Arnaud, lui, il est comme tout le monde.
Nowhere Boy
Vous pensiez connaître John Lennon? N’en
soyez pas si sûr...
Beignets de tomates vertes
Deux époques, deux femmes, deux vies, et
des amitiés aussi banales qu’incomparables
et aussi fortes qu’inattendues.
… tu veux te convaincre
d’arrêter de boire
… tu te demandes ce que ça
fait de remonter le temps
… tu veux mater Godzilla mais
pas la daube avec le mec de
Breaking Bad
… tu veux voir un couple de
voleurs mais t’en as marre de
Bonny & Clyde
Le bruit des glaçons
C'est l'histoire d'un homme qui reçoit la
visite de son cancer. "Bonjour, lui dit le can-
cer, je suis votre cancer. Je me suis dit que ça
serait peut-être pas mal de faire un petit peu
connaissance... "
About time (il était temps)
A l’âge de 21 ans, Tim Lake découvre qu’il a
la capacité de voyager dans le temps. Il dé-
cide d’utiliser ce nouveau pouvoir pour
trouver l’amour.
The Host
A Séoul, Park Hee-Bong tient un petit snack
au bord de la rivière Han. Un jour, un
monstre géant et inconnu surgit des profon-
deurs.
Ain’t them bodies saints
Bob et Ruth s’aiment, envers et contre tout.
Et surtout contre la loi.
37| Le savais-tu ? Evènements|38
Le souci du détail
The Sessions est basé sur la vraie vie de
Mark O'Brien : paralysé à cause de la
polio, Mark a tout de même fait des
études brillantes et a écrit des ouvrages,
notamment de poésie. Le film s'inspire de
son essai On Seeing a Sex Surrogate paru
dans le Sun Magazine en 1990.
Richard Glatzer, co-réalisateur de Still
Alice, est décédé le 12 mars 2015. Il était
atteint de SLA (Sclérose latérale amyotro-
phique). Ne pouvant pas parler, il a ainsi
utilisé un Ipad durant le tournage pour
communiquer avec les acteurs et l’équipe
du film.
Lauréate de deux Victoires de la Musique,
la chanteuse Camille interprète la chan-
son-phare de Ratatouille, intitulée Le festin.
La chanteuse prête aussi sa voix à Colette,
la collègue de cuisine de Linguini. Pixar a
même poussé le perfectionnisme jusqu'à
demander aux chefs de cuisine fran-
çais Guy Savoy et Cyril Lignac de prêter
leurs voix pour les besoins du film.
Lundi 13
avril
Projection du film
Reservoir Dogs
Le Pôle Ciné te propose de (re)découvrir ce film
culte de Quentin Tarantino à la Nef à 20h30,
pour la modique somme de 5€.
Prépare-toi à des animations de folies et un con-
cert spécial Tarantino by Jam’in avant de plon-
ger au cœur d’un gang pas comme les autres. Et
bien sûr, si tu réponds correctement au quizz
d’après séance, tu ne repartiras pas les mains
vides !