Post on 30-Mar-2021
Londres 2016, ville globale (petit bilan tiré du voyage des TLes HIGAN et TL2).
Bonjour à tous. L’expression de « ville globale » a été popularisée par de nombreux articles depuis la parution
en 2001 des travaux de la sociologue néerlandaise Saskia Sassen. Son ouvrage « The global city » a servi de
modèle d’analyse pour comprendre la montée en puissance de quelques métropoles organisées en réseau à
travers le monde. Le voyage que nous venons de faire avec les HIGAN et les anglicistes de TL2 va vous
permettre de saisir les caractéristiques majeures de ces villes à travers l’exemple de Londres.
A/ Portrait rapide d’une ville globale
Tout le monde a entendu parler de Londres et donc tout le monde croit la connaitre. A tort. Cette ville est, en
effet, en perpétuel changement. A l’image du reste du pays, Londres a dû entamer, dans les années 80, une
transformation spectaculaire pour faire face aux défis de la globalisation. La ville était la capitale politique et le
centre culturel du Royaume-Uni. Elle en est devenue le moteur économique. Voilà qui nous amène donc à voir
quelques critères mis en avant par Saskia Sassen (et ce sera une excellente occasion de tester votre anglais):
-Business activity : comment voit-on à Londres l’activité commerciale et financière sur laquelle repose la
mondialisation ?
-Human Capital and diversity: comment Londres illustre-t-elle l’idée de « mobilité » à travers l’étude de sa
population?
-Density : comment le paysage urbain illustre-t-il la puissance d’une métropole ?
-Cultural experience : comment Londres apparait-elle comme un centre d’expérience et d’innovation ?
-Political engagement : peut-on encore voir le poids géopolitique de la GB en visitant Londres ?
Toutes ces notions vont être reprises dans les lignes qui suivent.
B/ Londres, espace moteur de la Globalisation.
1. « Business »
Pour les géographes français, le terme « globalisation » ne peut réellement s’appliquer qu’à la sphère
financière qui a adopté dans le monde entier les mêmes règles : celles de l’économie de marché. A
Londres cet aspect de la mondialisation se manifeste dans un district emblématique de la ville : la CITY.
Centre des affaires de la capitale, la city correspond à l’espace occupé dans l’antiquité par la cité
romaine de Londinium. On y trouve des institutions financières majeures comme la bourse des valeurs
ou la banque d’Angleterre. La majeure partie de l’espace urbain est dédié à des immeubles de bureaux
que les Britanniques n’hésitent pas à ériger près de vénérables monuments historiques comme la
cathédrale ST Paul. Bref, un tour à pied ou en bus dans cette zone de Londres fait prendre conscience
de ce qu’est un CBD (Central Business District) comme le montrent les images suivantes. Ces tours
incarnent la puissance des TNCs (Transnationales) présentes à Londres où elles ont installé leurs sièges
sociaux (Headquarters). Inutile de dire que le prix du mètre carré est prohibitif. Si le secteur financier
fait travailler plus de 600.000 personnes, seules quelques milliers de résidents habitent aujourd’hui la
city. Seriez-vous tentés par des loyers de plus de 10.000 euros ? L’essentiel des gens que vous y
croiserez sont donc des salariés qui regagnent le soir leur résidence en banlieue, d’où des
embouteillages dantesques dont notre conducteur a su se dégager avec brio. Comme les traditions se
perdent, n’espérez plus y croiser un chapeau melon, cet accessoire emblématique de la City a disparu.
l’Immeuble de la Lloydd’s, la plus ancienne
compagnie d’assurance anglaise.
Autre vue de la city, au centre le « concombre » (The gherkin), voilà de quoi évoquer la
« density ».
2/ « Human capital » and « diversity »
La marque d’une ville globale est celle d’un espace cosmopolite, attirant des populations
du monde entier. Londres en est un bon exemple. Pour cela deux visites ont permis de voir
concrètement comment cette attractivité se manifestait.
-La visite du Musée de la Science (Science Museum), du Museum d’histoire naturelle et
l’exemple de la « Frog Valley ».
Dédiés à l’histoire de la science, ces deux musées permettent de voir l’évolution des
technologies et des sciences à travers de magnifiques collections.
Les Normands à la découverte de la Science
Leur position, près de South Kensington, a un avantage. Après la visite, elle a permis, d’apercevoir
l’ambassade de France, le Lycée français (4000 élèves), le consulat, l’alliance française. Cela fait
prendre conscience de l’importance de la présence française à Londres : 225.000 personnes au moins
(les 3/4 des Français vivant en G.B). On trouve dans cette zone de nombreuses Startup françaises
attirées par la compétition et l’innovation…et des impôts nettement moins élevés. Exemple idéal pour
évoquer le « brain drain », la capacité à attirer les gens les plus qualifiés. Du coup, les Britanniques
parlent de la « Frog Valley » (la vallée des grenouilles). Le maire de Londres s’est d’ailleurs amusé à
dire qu’il dirigeait la 6ème ville de France. Cela dit, tous les nouveaux venus à Londres ne sont pas des
traders ou des étudiants. Une autre visite l’a montré.
-L’exemple de Brick Lane
Londres attire des immigrants du monde entier, et en particulier du Commonwealth ;
c’est ainsi qu’on peut trouver d’importantes communautés venant du Bengladesh ou du
Pakistan. Un petit tour dans « l’East End » du côté de Brick Lane permet de le voir. Ce
quartier est célèbre pour les œuvres de Street Art qu’on peut y trouver. Mais on y voit
aussi la marque des différentes vagues de migration. Voici par exemple un bâtiment
étonnant :
Cette façade est celle d’une mosquée, pourtant ce bâtiment fut
d’abord un temple protestant, puis une église catholique pour les Irlandais et une synagogue pour les Juifs
d’Europe centrale.
Cette idée de « diversité » ne doit pas être confondue avec le métissage. Chaque communauté garde son
identité, et cela pose aujourd’hui de sérieuses questions à la société britannique.
C/ Expérience culturelle et innovation
Le propre d’une ville globale est aussi de susciter la création, l’innovation. Au fil de notre parcours, nous avons
pu le constater à de nombreuses reprises. Revenons à Brick Lane, le Street Art s’y est exprimé dans des œuvres
parfois discrètes, parfois monumentales mais avec l’intention d’interpeller, voire de provoquer. Résultat ce
district a attiré designer et créateurs.
Il n’a fallu que sept heures pour réaliser cette œuvre.
Et aujourd’hui, ironie de la situation, le Street art s’expose dans les galeries.
L’innovation ne date pas d’hier. Voici le Globe Theatre ou plutôt sa reconstitution. Shakespeare en fit une
véritable affaire commerciale en faisant appel à des actionnaires. La culture à Londres était déjà un « business »
au XVIIème
siècle. Les élèves ont pu visiter ce bâtiment et s’initier au jeu théâtral avec des acteurs professionnels.
Normands en pleine séance de répétition. « Romeo, thou art a villain ! »
Dans le cadre de la compétition que se livrent les villes globales, la culture est aussi un atout :
spectacles, conférences, expositions, tout est fait pour attirer un maximum de visiteurs internationaux. Cela
explique que les grands musées de Londres ont été rénovés et modernisés. Nous avons ainsi découvert le nouvel
Imperial War Museum ou le Victoria and Albert Museum. Ce dernier vous permettra de faire un voyage dans le
temps pour le design et la mode sur tous les continents.
Robe de cour vers 1780.
Alors, ce petit tour vous donne t-il envie d’aller à Londres ? Ne vous gênez pas. Vous entendrez
tellement d’accents différents que vous n’aurez pas de complexe à avoir.
Difficile d’aller à Londres sans saluer la Reine.