UNICEF : Situation des enfants dans le monde en 2016

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    L'galit des chancespour chaque enfant

    LA SITUATION DES ENFANTS DANS LE MONDE 2016

    Les mmes chancespour tous les enfants

    LA SITUATION DES ENFANTS DANS LE MONDE 2016

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    ii LA SITUATION DES ENFANTS DANS LE MONDE 2016

    Table des matires

    La situation des enfants dans le monde

    Anthony Lake, Directeur excutif, UNICEF vi

    Pourquoi privilgier lquit maintenant ? 3Satisfaire lobligation dquit 5

    Schmas et risques en matire de mortalit de lenfant 10

    Perspectives de survie des enfants 12

    Ingalits en matire de survie de lenfant 13

    Disparits dans laccs aux soins et la qualit des soins 20

    Les interventions faible cot peuvent jouer un grand rle 21

    Atteindre les plus vulnrables 21

    Quelles consquences si lon ne rduit pas les carts ? 24

    Objectifs en matire dquit 26

    Des retours sur investissements importants pour la sant 26

    Avantages dune couverture sanitaire universelle 29

    Financement appropri et quitable 34

    La force des partenariats 37

    Avant-propos

    Introduction

    01La sant desenfants : un bondpart dans la viepages 839

    Atteindre chaqueenfant : lapromesse delquitpages vi7

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    iiiLA SITUATION DES ENFANTS DANS LE MONDE 2016

    02ducation :harmoniser lesrgles du jeupages 4067

    Laccs lducat ion, ds le plus jeune ge 42quit et acquis scolaires 46

    Lducation dans les situations durgence et de crise prolonge 52

    Les avantages dune ducation de qualit 55

    Atteindre les enfants tout au long du parcours dapprentissage 56

    Cibles dquit 59

    Limportance de lenseignement 60

    Financement de lducation 61

    Le rle de laide 62

    Progresser sur un pied d'galit, c'est possible 64

    Les rpercussions de la pauvret sur les enfants 70

    valuer le nombre d'enfants vivant dans la pauvret 71

    Les enfants vivant dans l'extrme pauvret 72

    Les enfants vivant dans une pauvret modre 75

    Les enfants pauvres vivant dans des pays riches 75

    La pauvret des enfants dans toutes ses dimensions 78

    Les dsavantages se chevauchent et se renforcent 78

    La mesure universelle de la pauvret des enfants 80

    Le rle des transferts en espces dans la rductionde la pauvret et des ingalits 81

    Les transferts en espces et l'accs aux services essentiels 83

    largissement de la protection sociale etperspectives d'avenir 84

    Information 90Intgration 92

    Innovation 94

    Investissement 97

    Implication 99

    03

    04

    Les enfants etla pauvret : briserle cercle vicieuxpages 6887

    Les cheminsvers lquitpages 88101

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    iv LA SITUATION DES ENFANTS DANS LE MONDE 2016

    Figure 1.1. Les pays bnciant dune faible croissance conomique peuvent malgr tout rduirele taux de mortalit chez les enfants. 13

    Figure 1.2. Les progrs lis la mortalit des moins de 5 ans ne saccompagnent pas ncessairementdune plus grande quit. 14

    Figure 1.3. Les pays pauvres devront raliser des progrs plus rapides pour atteindre les objectifs 2030. 15

    Figure 1.4. Les progrs doivent tre plus rapides pour les enfants les plus dfavoriss. 18

    Figure 1.5. Les taux de mortalit nonatale ne baissent pas assez vite pour atteindre la cible des ODD. 22

    Figure 1.6. De nombreux pays ne parviendront pas atteindre la cible relative la mortalit des enfantsde moins de 5 ans, certains avec une marge importante. 25

    Figure 1.7. Les soins prnatals et lassistance l accouchement par du personnel quali permettent desauver des nouveau-ns. 29

    Figure 1.8. Dans 63 pays, lquit dans la couverture des interventions pourrait faire baisser de prsde 30 % la mortalit des moins de 5 ans. 30

    Figure 1.9. De nombreux pays manquent dagents de sant. 32

    Liste des encadrs

    Point de vue

    Notes

    Liste des gures

    Table des matires, suite

    Une mme chance pour les lles La n des mariages denfantAnglique Kidjo 38

    Donner une chance aux enfantsGordon Brown 66

    Qu'attendons-nous ?Les enfants sont le pilier de la viabilit d'une socitKailash Satyarthi 86

    102

    Dnition de lquit 7

    ENCADR 1.1. Des femmes bnvoles aident les agents de sant atteindre les populationsmarginalises du Npal 23

    ENCADR 1.2. Chaque enfant compte : limportance de la qualit des donnes relatives la survie de lenfant 27

    ENCADR 1.3. Le Bangladesh illustre la difcult de raliser des progrs durables en matire de surviede lenfant 35

    ENCADR 1.4. Les fonds dquit assurent la gratuit des soins aux pauvres 36

    ENCADR 1.5. Lradication de la malnutrition peut contribuer rompre le cercle vicieux des ingalits 36

    ENCADR 2.1. Le dveloppement du cerveau : une premire possibilit dapprentissage 50

    ENCADR 2.2. Limpact destructeur des conits arms sur lducation 53

    ENCADR 2.3. Le Brsil et le Viet Nam donnent le la 63

    ENCADR 3.1. Mesure de la pauvret montaire des enfants 72

    ENCADR 3.2. Mesurer la pauvret multidimensionnelle des enfants 74

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    vLA SITUATION DES ENFANTS DANS LE MONDE 2016

    Figure 2.1. Plus de la moiti des 59 millions denfants non scolariss vivent en Afrique subsaharienne. 44Figure 2.2. Si la tendance actuelle se poursuit, le monde peinera atteindre lenseignement primaire etsecondaire universel d'ici 2030. 45

    Figure 2.3. Un grand nombre de garons et de lles abandonnent leur scolarit entre deux niveauxdenseignement. 45

    Figure 2.4. Au Pakistan, le niveau dducation atteint dpend du genre, du lieu de rsidence et du revenu. 47

    Figure 2.5. Au Nigria, le niveau de richesse, le genre et le lieu de rsidence inuent sur le niveau dducation. 48

    Figure 2.6. Les carts fonds sur le revenu concernant les comptences fondamentales enmathmatiques sont visibles ds le plus jeune ge et persistent dans le temps. 49

    Figure 2.7. Les ingalits daccs aux programmes ducatifs de dveloppement du jeune enfant varienten fonction du revenu et du lieu de rsidence. 57

    Figure 2.8. Les progrs en faveur des enfants les plus dfavoriss doivent tre acclrs. 58

    Figure 3.1. Une part disproportionne d'enfants vivent dans l'extrme pauvret 73Figure 3.2. En 2030, neuf enfants sur dix touchs par l'extrme pauvret vivront en Afrique subsaharienne 74

    Figure 3.3. Plus de la moiti de la population dans les pays revenu faible et intermdiairevit avec moins de 5 dollars US par jour 76

    Figure 3.4. Dans la plupart des pays de l'Union europenne, les enfants sont plus expossque les adultes au risque de pauvret montaire 77

    Tableauxstatistiquespages 107172

    Prsentation 108

    Notes gnrales sur les donnes 109

    Estimations relatives la mortalit de l'enfant 110

    Classement de la mortalit des enfants de moins de 5 ans 111

    Classement rgional 112

    Notes sur les tableaux 113

    Tableau 1. Indicateurs de base 118

    Tableau 2. Nutrition 122

    Tableau 3. Sant 126

    Tableau 4. VIH/SIDA 130

    Tableau 5. ducation 00

    Tableau 6. Indicateurs dmographiques 00

    Tableau 7. Indicateurs conomiques 00

    Tableau 8. Femmes 00

    Tableau 9. Protection de lenfant 00Tableau 10. Le taux du progrs 00

    Tableau 11. Adolescents 00

    Tableau 12. Disparits milieu rural et milieu urbain 00

    Tableau 13. Disparits richesse des mnages 00

    Tableau 14. Dveloppement de la petite enfance 00

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    vi LA SITUATION DES ENFANTS DANS LE MONDE 2016

    AVANT-PROPOS La situation desenfants dans lemondeLes ingalits mettent en prilla vie de millions denfants et

    constituent une menace pourlavenir de la planteLorsqu'on observe le monde actuel, une vrit gnante mais indniable s'impose : desmillions d'enfants voient leur destin bris par le simple fait d'tre ns lle ou garon, danstel pays, dans telle communaut, ou suivant les circonstances de leur naissance.

    Or, en juger par les informations contenues dans le prsent rapport, nous devonsacclrer le rythme des progrs raliss pour venir en aide ces millions d'enfantsdfavoriss et vulnrables, sous peine de mettre en pril leur avenir et par consquentcelui de leurs socits.

    Avant mme leur premier soufe, les opportunits offertes dans la vie aux enfants pauvreset marginaliss sont souvent marques par les ingalits. Les injustices et la discrimination lgard de leurs communauts et de leurs familles dterminent dans une grande mesuresils survivront ou non, et sils auront la possibilit de sinstruire et de gagner dcemmentleur vie plus tard. Les conits, les crises et les catastrophes climatiques aggravent leurdnuement et rduisent leur potentiel.

    Mais il peut en tre autrement. Comme dmontr dans le prsent rapport, le monde a djfait dnormes progrs pour rduire la mortalit des enfants, assurer leur scolarisation etles sortir par millions de la pauvret. Bon nombre dinterventions lorigine de ces progrs(vaccins, sels de rhydratation orale et meilleure alimentation) se sont avres pratiqueset rentables. Grce lessor de la technologie numrique et mobile, ainsi qu dautresinnovations, il est dsormais plus facile et plus rentable de fournir des services essentielsaux communauts difciles atteindre, tout comme dlargir les possibilits offertes auxfamilles et aux enfants les plus exposs.

    Pour la plupart, les obstacles qui empchent datteindre ces enfants ne sont pas dordretechnique. Il sagit plutt dune question dengagement politique. Il sagit dune questionde ressources. Et il sagit dune question de volont collective : unir nos forces pour nousattaquer de front aux injustices et aux ingalits, en concentrant l'investissement et l'actionsur la situation des enfants qui sont laisss pour compte.

    C'est maintenant que nous devons agir. Car, moins de raliser des avances rapides d'ici 2030 :

    prs de 70 millions denfants risquent de mourir avant leur cinquime anniversaire,dont 3,6 millions pour la seule anne 2030, date butoir des objectifs de dveloppementdurable.

    Des enfants jouent dans un centrede dveloppement de la petiteenfance dans la province de Gulu,Ouganda.

    UNICEF/UN03308/Ose

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    viiLA SITUATION DES ENFANTS DANS LE MONDE 2016

    les enfants ns en Afrique subsaharienne seront 12 fois plus susceptibles que lesenfants des pays riches de dcder avant leur cinquime anniversaire.

    neuf enfants sur dix touchs par lextrme pauvret vivront en Afrique subsaharienne.

    plus de 60 millions denfants en ge daller lcole primaire ne seront pas scolariss,soit environ le mme chiffre quactuellement. Plus de la moiti dentre eux vivront enAfrique subsaharienne.

    environ 750 millions de femmes auront t maries avant lge adulte, soit trois quartsd'un milliard de lles maries.

    Ces profondes ingalits et les risques affrents portent atteinte aux droits des enfantset compromettent leur avenir. Mais cela nest pas tout : ils perptuent aussi les cyclesintergnrationnels des disparits et des injustices qui mettent mal la stabilit dessocits, voire la scurit des nations du monde entier.

    Plus que jamais, il nous faut admettre que le dveloppement ne sera durable que dans lamesure o il pourra tre poursuivi et soutenu par les prochaines gnrations. Nous avonsdsormais la possibilit de transformer les cercles vicieux en cercles vertueux, an depermettre aux enfants pauvres daujourdhui ( condition de leur offrir les mmes chancessur le plan de la sant, de lducation et de la protection contre les prjudices) de semesurer sur un pied dgalit ceux issus de milieux plus aiss, une fois parvenus lgeadulte. Outre le fait damliorer leurs conditions de vie, cela rendrait les socits plus richesdans tous les sens du terme.

    Car, lorsque nous aidons un petit garon obtenir les mdicaments et les aliments dont i la besoin pour grandir en bonne sant, nous lui donnons non seulement un meilleur dpartdans la vie, mais nous rduisons aussi les cots conomiques et sociaux associs auxtroubles de la sant et la faible productivit.

    Lorsque nous instruisons une petite lle, nous lui fournissons non seulement les outils etles connaissances dont elle a besoin pour prendre des dcisions claires et dcider de sonavenir, mais nous laidons aussi lever le niveau de vie de sa famille et de sa communaut.

    Lorsque nous procurons une ducation, un logement et une protection aux enfants prisdans un conit, nous leur offrons un baume pour le cur et lesprit, an quils aient un jourla capacit et la volont de contribuer la reconstruction de leur pays.

    Le prsent rapport sachve sur cinq recommandations visant renforcer notre action,fondes sur les enseignements de ces 25 dernires annes et sur les leons que nouscontinuons tirer : enrichir les informations concernant ceux qui sont laisss pour compte ;coordonner nos efforts dans tous les secteurs an de lutter contre les multiples privationsqui empchent de trs nombreux enfants de progresser ; innover pour acclrer les progrset amener les changements ncessaires pour les familles et les enfants les plus exclus ;investir dans lquit et trouver de nouvelles faons de nancer les efforts dploys pouratteindre les enfants les plus dfavoriss ; et encourager la participation de tous les acteurs, commencer par les communauts elles-mmes, ainsi que les entreprises, les organisationset les citoyens du monde entier qui sont convaincus que nous pouvons changer la vie demillions denfants.

    Nous pouvons le faire. Lingalit nest pas une fatalit. Cest un choix. Promouvoir lquit,offrir les mmes chances chaque enfant sans exception : voil qui est aussi un choix.Un choix que nous pouvons et que nous devons faire. Pour leur avenir, et pour lavenirdu monde.

    Anthony Lake Directeur excutif, UNICEF

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    viii LA SITUATION DES ENFANTS DANS LE MONDE 2016

    ATTEINDRECHAQUE ENFANT

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    1LA SITUATION DES ENFANTS DANS LE MONDE 2016

    La promesse de l'quitSi lon peut juger lme dune socit par la faondont elle traite les plus vulnrables, on peut, de

    faon similaire, prvoir son avenir ses perspectivesde croissance durable, de stabilit et de prospritpartage long terme par lquit des chances quelleoffre chaque enfant dans la vie. Offrir les mmeschances chacun dentre eux est la base mme dundveloppement quitable. Or, comme le dfend laprsente dition de La Situation des enfants dans lemonde , promouvoir l'quit est plus qu'une obligationmorale. C'est la fois un impratif pratique et stratgiquequi contribue briser le cycle intergnrationnel de la

    pauvret et par consquent rduire les ingalits quiminent lensemble des socits.

    Chaque enfant nat avec le mme droit inalinable bncier dun bon dpart dans lavie, dune bonne sant, dune ducation et dune enfance saine et protge toutes cesopportunits de base se traduisant par une vie adulte productive et prospre. Mais dans lemonde entier, des millions denfants voient leurs droits bafous et sont privs du minimumncessaire pour grandir en bonne sant en raison de leur lieu de naissance, de leur race,de leur sexe, de leur origine ethnique ou familiale, ou parce quils vivent dans la pauvret ouavec un handicap.

    Comment ces privations se manifestent-elles dans la vie dun enfant en route vers lgeadulte ?

    Un nourrisson priv de soins postnatals risque de ne survivre que quelques jours. Un enfantpriv de vaccination ou deau potable risque de mourir avant son cinquime anniversaireou de vivre en mauvaise sant. Un enfant priv dune alimentation adquate risque dene jamais atteindre son plein potentiel physique ou cognitif, ce qui limitera sa capacit apprendre et travailler. Un enfant priv dune ducation de qualit risque de ne jamaisacqurir les comptences ncessaires pour russir sur le plan professionnel ou ne paspouvoir envoyer ses propres enfants lcole. Et un enfant priv de protection contre lesconits, violences ou abus, lexploitation et la discrimination, le travail des enfants, ou lemariage prcoce et la maternit peut tre marqu vie, conservant de graves squellessur les plans physique et motionnel.

    Atteindrechaque enfant

    INTRODUCTION

    Musamat (assise face l'objectif),6 ans, est en train de jouer l'cole maternelle de Bakchora, Satkhira Sadar, au Bangladesh.

    UNICEF/UN016332/Gilbertson VIIPhoto

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    2 LA SITUATION DES ENFANTS DANS LE MONDE 2016

    Comment ces ingalits se manifestent-elles dans les pays et communauts o ces enfantsgrandissent ?

    Les faits sont perceptibles, tout autour de nous, travers le cycle de la misre. Celle-ci

    se transmet de gnration en gnration, aggravant les ingalits qui menacent lessocits partout dans le monde. Les enfants qui nont pas la possibilit de dvelopper lescomptences dont ils auront besoin lge adulte ne peuvent pas briser ce cercle vicieuxpour eux-mmes ni donner plus tard leurs enfants une chance de spanouir. Leurssocits aussi sont prives de la contribution quils auraient pu apporter. Non combls, lescarts vont se creuser et ce cercle vicieux va saggraver, pnalisant davantage denfants.Cela vaut, en particulier, dans un monde toujours plus menac par les conits, les criseschroniques et autres situations durgence humanitaire provoques par les catastrophesnaturelles et les effets croissants du changement climatique, lesquels affectent les enfantsde faon dmesure, en particulier ceux parmi eux qui sont les plus dfavoriss et les plusvulnrables.

    Lappel laction contenu dans le prsent rapport est donc motiv par un sentimentdurgence et par la conviction que nous pouvons faire mieux et quun monde meilleur estpossible. Les enfants ns dans la pauvret et le dnuement ne sont pas condamns vivredans le dsespoir. Lingalit nest pas une fatalit si les gouvernements investissent dans

    le dveloppement des chances pour tous les enfants en rorientant les politiques, lesprogrammes et les priorits des dpenses publiques an que les plus dfavoriss aient unechance de rattraper les populations plus favorises.

    La bonne nouvelle, comme le montre ce rapport, cest quil existe des moyens plusefcaces et rentables daider les enfants, les familles et les communauts les plusdifciles atteindre. Les nouvelles technologies, la rvolution numrique, les mthodesinnovantes pour nancer des interventions essentielles ou les mouvements dirigs pardes citoyens peuvent contribuer faire voluer les choses en faveur des plus dfavoriss.Linvestissement dans ces interventions et ces initiatives et la promotion de cesmouvements mergents proteront court et long terme des millions denfants ainsiquaux socits dans lesquelles ils vivent.

    Larithmtique de lquit est relativement simple et il ne sagit pas dune situation gagnant-perdant. Dans les pays riches comme dans les pays pauvres, chacun doit progresser. Maisen orientant linvestissement et les efforts sur les enfants et les familles qui ont le moins

    prospr, les avances dans la survie de lenfant, la sant et lducation peuvent trepartages de manire plus quitable, au bnce de tous. Pour atteindre nos objectifsde dveloppement mondiaux, nous devons miser en premier lieu sur les enfants les plusdmunis.

    Investir dans les plus dfavoriss est non seulement juste sur le plan des principes, mais lesfaits dmontrent que cest galement le cas sur le plan de la pratique. Dans une tude de20101, lUNICEF a dmontr quune approche axe sur lquit permettrait datteindre plusrapidement les objectifs de sant mondiaux que la voie actuelle et serait particulirementrentable dans les pays faible revenu et forte mortalit.

    Ltude tait base sur une simulation analysant deux scnarios destins atteindre desobjectifs relatifs la sant maternelle et de lenfant. Lune des approches mettait laccentsur les efforts en faveur des enfants les moins bien lotis. Lautre poursuivait la mthodeutilise qui naccordait pas une importance particulire aux populations dfavorises.

    Deux conclusions se sont dtaches : tout dabord, en agissant sur la concentrationdes diverses formes dingalit parmi les populations les plus dfavorises, lapprochequitable a permis datteindre plus rapidement les objectifs de sant que lapprochefavorisant le statu quo. Deuximement, en vitant plus de dcs avec les mmesinvestissements nanciers, lapproche quitable tait beaucoup plus rentable et durableque la seconde approche.

    Ainsi, investir dans lquit est non seulement une ncessit morale, mais cest aussi unimpratif pratique et stratgique.

    Atteindre chaque enfant : la promesse de lquit

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    3LA SITUATION DES ENFANTS DANS LE MONDE 2016

    Si rien nest fait dans le monde pour lutter contre

    lingalit ds aujourdhui, en 2030 :

    167 millions denfants vivrontdans lextrme pauvret 69 millions denfants de moins de 5ans dcderont entre 2016 et 2030

    60millions denfants en ge de frquenter

    lcole primaire ne seront pas scolariss

    Pourquoi privilgier lquitmaintenant ?Alors que les gouvernements du monde entier cherchent comment tenir au mieux leursengagements en faveur des objectifs de dveloppement durable (ODD) lhorizon 2030,les leons tires des efforts mondiaux raliss au cours des quinze dernires annes sontinstructives.

    Les progrs accomplis vers la ralisation des objectifs du Millnaire pour le dveloppement(OMD) entre 2000 et 2015 ont dmontr le pouvoir de laction nationale, soutenue par lespartenariats internationaux, dans lobtention de rsultats porteurs de changement. Lesenfants ns aujourdhui ont beaucoup moins de risques de vivre dans la pauvret que ceuxqui sont ns au dbut du nouveau millnaire. Ils ont 40 % de chances supplmentairesdatteindre leur cinquime anniversaire2 et sont davantage susceptibles daller lcole.

    Les gouvernements et les communauts du monde entier ont clbr juste titre cesavances. Pourtant, malgr ces progrs, des millions denfants continuent de vivre et demourir dans des conditions inacceptables. On estime quen 2015, 5,9 millions denfantssont morts avant datteindre lge de 5 ans, principalement en raison de maladies que lonaurait pu prvenir et soigner facilement et moindre cot3. Des millions dautres enfantsse voient encore refuser laccs lducation simplement parce que leurs parents sontpauvres ou viennent dun groupe stigmatis, parce quils vivent dans des pays touchspar des conits ou des crises chroniques, ou parce que ce sont des lles. Et bien que lapauvret soit en baisse au niveau mondial, prs de la moiti des personnes les plus pauvresau monde sont des enfants, et ils sont encore plus nombreux subir les multiples aspectsde la pauvret dans leurs vies.

    Dans de nombreux cas, les ingalits ont diminu au cours des 25 dernires annes. Parexemple, dans toutes les rgions, les mnages les plus pauvres ont connu une baisseplus importante de la mortalit des enfants, en valeur absolue, que les plus riches. Quatrergions ont atteint la parit entre les sexes dans lenseignement primaire4. Mais, bien trop

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    4 LA SITUATION DES ENFANTS DANS LE MONDE 2016

    souvent, les progrs gnraux nont pas contribu rduire les disparits profondes etpersistantes. Les gouvernements ne sont pas parvenus assurer le suivi des ingalitsentre les enfants les plus dfavoriss et le reste de la socit. Les moyennes nationalesretant les progrs globaux ont clips les carts agrants et parfois croissants entre

    les enfants des mnages les plus riches et ceux des plus pauvres.Nous ne pouvons pas nous permettre de voir l histoire se rpter.

    An datteindre les objectifs xs pour 2030, les progrs devront se poursuivre un rythmeplus lev que celui enregistr dans le cadre des OMD, au cours des 15 annes venir.Les consquences et les cots dun chec seraient immenses. En fait, si la tendance des15 dernires annes se poursuivait sur les 15 annes venir, on estime que 167 millionsdenfants, dont la grande majorit en Afrique subsaharienne, vivraient toujours danslextrme pauvret en 2030. Prs de 3,6 millions denfants de moins de 5 ans mourraientencore cette anne-l, de causes en grande partie vitables. Et plus de 60 millions denfantsen ge de frquenter lcole primaire seraient encore dscolariss5.

    Bien plus que les OMD qui les ont prcds, les objectifs lhorizon 2030 reconnaissentlimportance de promouvoir lquit. Les 17 objectifs rpartis en 169 cibles que lesgouvernements du monde entier se sont engags atteindre sont universels, lis par la

    promesse de ne laisser personne de ct et daider en premier les plus dfavoriss6

    .

    Pour tenir cette promesse, il faut commencer par aider les enfants qui ont t laisss dect. Et il est urgent de sen proccuper.

    LOrganisation des Nations Unies pressent des besoins humanitaires croissants et desperspectives peu encourageantes pour les enfants en 2016 7. Le Haut-Commissariat desNations Unies pour les rfugis a estim quen 2015, prs de 60 millions de personnesavaient fui leurs foyers en raison de conits et de violences8. La moiti d'entre eux sont desenfants9. Le nombre denfants victimes de catastrophes complexes et prolonges telles quele conit en Rpublique arabe syrienne est en constante augmentation 10.

    Les effets grandissants du changement climatique aggravent galement les risques pourles enfants les plus dfavoriss. Au niveau mondial, plus de 500 millions denfants viventdans des zones o le risque dinondation est extrmement lev et prs de 160 millions de

    Atteindre chaque enfant : la promesse de lquit>> Pourquoi privilgier lquit maintenant ?

    Un groupe de petites llespartagent leur djeuner l'cole primaire de lles deSalam #9, dans le camp depersonnes dplaces d'AbuShouk, au Soudan.

    UNICEF/UNI165741/Noorani

    Chinmaya Shrestha rchauffeson petit-ls g de 3 jours,au centre de soins de santprimaires de la province deGorkha, au Npal.

    UNICEF/UN016489/Shrestha

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    5LA SITUATION DES ENFANTS DANS LE MONDE 2016

    personnes vivent dans des rgions touches par une scheresse svre ou trs svre 11.LOrganisation mondiale de la Sant estime prs de 250 000 le nombre de dcsannuels supplmentaires jusquen 2030 dus la malnutrition, au paludisme, la diarrheet au stress thermique, attribuables au changement climatique 12.

    Atteindre et protger ces enfants par le biais de services fondamentaux reprsenteun immense d, mais les avantages en retirer sont galement considrables. Nousdevons absolument y parvenir, sans quoi nous risquons de perdre des avances durementacquises en matire de dveloppement et den voir les consquences sabattre dans lemonde entier.

    Il ne fait aucun doute que les progrs accomplis en faveur des familles et des enfantsles plus dfavoriss sont la condition sine qua non pour atteindre les objectifs 2030 etdterminer les opportunits des gnrations venir. Il est temps dagir.

    Satisfaire lobligation dquitIl y a 35 ans, paraissait le premier rapport sur laSituation des enfants dans le monde .Celui-ci dnissait une premire srie dobjectifs de dveloppement. Les auteurscrivaient alors : La question se pose de savoir si ces objectifs peuvent tre autre chosequun vu pieux Doit-on se contenter de prier pour quils se ralisent ou reposent-ilsau contraire sur des certitudes indiscutables ? 13 Le prsent rapport afrme que nosnouveaux objectifs en faveur des enfants ne pourront tre atteints que si nous accordonsla priorit aux enfants les plus dfavoriss, en orientant les politiques, les programmes etles dpenses publiques vers la promotion dune plus grande quit.

    Les domaines dans lesquels les enfants subissent des ingalits sont nombreux, maisnous nous intressons dans le prsent rapport trois domaines particuliers qui illustrent la fois lampleur du d et l'tendue des opportunits en mesure d'amliorer la vie demillions denfants.

    Le rapport dbute par lingalit la plus agrante de toutes celle concernant la survie desenfants et se poursuit par lanalyse des facteurs dterminants dune mortalit vitable

    NOS NOUVEAUX OBJECTIFSEN FAVEUR DES ENFANTS NE

    POURRONT TRE ATTEINTSQUE SI NOUS ACCORDONS LAPRIORIT AUX ENFANTS LES PLUSDFAVORISS

    Aida, 16 ans, et son bb nprmaturment l'hpital deBwaila, Lilongwe, au Malawi.

    UNICEF/UN018540/Chikondi

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    6 LA SITUATION DES ENFANTS DANS LE MONDE 2016

    chez ces derniers. On y afrme que, pour atteindre lobjectif de survie des enfants en2030, nous devons nous attaquer de toute urgence aux disparits persistantes dansles domaines de la sant maternelle, en mettant laccent sur la mise disposition dunpersonnel quali pour les accouchements, une alimentation approprie et laccs aux

    services de base, ainsi qu dautres facteurs tels que la discrimination, lexclusion etle manque de connaissances sur lalimentation des enfants, le rle de leau potable,lassainissement et lhygine dans la prvention des maladies de lenfant.

    La discussion se poursuit par lexamen de lun des facteurs de dveloppement lesplus efcaces et du plus grand correcteur dingalits, lducation. Sans une ducationde qualit, les enfants dfavoriss sont bien plus susceptibles dtre enfermsdans un emploi peu quali, mal rmunr et prcaire, les empchant de rompre lecycle intergnrationnel des disparits une fois adultes. Mais en mettant laccentsur le dveloppement ds la petite enfance, sur laccs lducation et la qualit delenseignement et sur loffre ducative dans les situations durgence, on obtiendra desavantages en cascade, tant pour la gnration actuelle que pour les suivantes.

    Aprs avoir examin deux des privations les plus agrantes subies par les enfants, lerapport aborde les diffrents aspects de la pauvret des enfants et le rle jou par lesprogrammes de protection sociale pour lattnuer. Faisant valoir que la pauvret des

    enfants nest pas seulement nancire, le rapport prsente des arguments en faveurde mesures complmentaires visant rduire cette pauvret en intgrant des solutionsprenant en compte les nombreuses privations subies par les enfants pauvres.

    Enn, lanant un appel laction, le rapport conclut sur une srie de principes visant orienter la politique, la planication et les dpenses publiques vers plus dquit. Cesgrands principes prvoient notamment de complter l' information sur les personnesqui sont laisses de ct et les raisons de cet tat de fait ; d'amliorer l intgration pour lutter contre les multiples aspects du dnuement ; de stimuler linnovation pouraider les enfants les plus difciles atteindre ; d'augmenter linvestissement dans lesprogrammes axs sur lquit ; et d'encourager l' implication des communauts et descitoyens du monde entier.

    Ces principes constituent un guide dorientation plus quun schma directeur, mais ilspeuvent contribuer dnir les politiques et les priorits et dterminer comment tenirau mieux les promesses des objectifs lhorizon 2030 et assurer un avenir meilleur, non

    seulement aux enfants les plus dfavoriss, mais galement nous tous.

    LA PAUVRET DES ENFANTS N'ESTPAS SEULEMENT FINANCIRE

    Djeuner l'colelmentaire de Kotingli,rgion du Nord, au Ghana.

    UNICEF/UN04350/Logan

    Atteindre chaque enfant : la promesse de lquit>> Satisfaire lobligation dquit

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    7LA SITUATION DES ENFANTS DANS LE MONDE 2016

    Le terme quit peut revtir diffrentes signicationsselon le contexte, mais lorsquil est utilis par lUNICEF, dansle prsent rapport ou ailleurs, il fait rfrence lgalit deschances en matire de survie, de dveloppement et de pleinpanouissement pour tous les enfants. Fondamentalement, ilsagit de justice et dopportunit une chance quitable pourchaque enfant.

    La conviction que tous les enfants possdent le mme droitde grandir forts et en bonne sant, instruits et capablesdapporter leur contribution la socit, constitue un principeessentiel de tout accord international visant reconnatreet protger les droits des enfants. Son point culminant, en1989, a t ladoption de la Convention relative aux droits delenfant, le trait sur les droits de lhomme le plus largementet rapidement rati de lhistoire.

    Lingalit se produit lorsque certains enfants sontindment privs des droits et des chances de base quisoffrent dautres. Elle est gnralement due desfacteurs culturels, politiques et systmiques complexes,profondment enracins, qui faonnent les socits et lestatut socioconomique des individus. terme, ces facteursdterminent une srie de rsultats, et notamment le bien-tredes enfants.

    Les institutions jouent un rle essentiel dans la dterminationde ces rsultats pour les enfants, notamment en matire desant et dducation. Lorsque les politiques, les programmeset les priorits en termes de dpenses publiques sontquitables et ciblent ceux qui en ont le plus besoin, ils peuventavoir de bons rsultats pour les enfants les plus dfavoriss.Sils sont inquitables, ils oprent une prslection parmiles enfants en les exposant davantage la maladie, la faim,lanalphabtisme et la pauvret en fonction de leur pays,communaut ou famille dorigine, de leur sexe, de leur raceou de leur origine ethnique, entre autres facteurs. Cela peutperptuer le cycle intergnrationnel des disparits, nuireindividuellement aux enfants et saper les fondations de lasocit mesure que ces ingalits se creusent.

    Une approche quitable du dveloppement commence parune meilleure connaissance des personnes laisses de ct etdes raisons de cet tat de fait, une identication des enfantsles plus exposs et une analyse des facteurs dterminantces ingalits pauvret, gographie et discrimination, parexemple et de leurs interactions complexes. Cela oblige seposer des questions concrtes sur la faiblesse des politiquespubliques, les pratiques discriminatoires, linefcacit dessystmes de prestation de services ou sur dautres cueilsempchant les enfants dexercer leurs droits, et trouverdes solutions innovantes ces problmes. Cela exige uneapproche intgre permettant de combler les disparits etagissant la fois sur les secteurs du dveloppement et delhumanitaire, au niveau national, local et communautaire, anque chaque enfant puisse en bncier.

    Et comme souvent, cela exige que la communautinternationale reconnaisse le lien essentiel entre le bien-tredes enfants les plus dfavoriss et lavenir de notre mondecommun.

    ENCADR 1. DFINITION DE LQUIT

    Des enfants en classe de rattrapage, dans un btimentabritant des familles dplaces Homs, en Rpubliquearabe syrienne.

    UNICEF/UNI137681/Morooka

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    8 LA SITUATION DES ENFANTS DANS LE MONDE 2016

    LA SANT DESENFANTS :UN BON DPARTDANS LA VIE

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    9LA SITUATION DES ENFANTS DANS LE MONDE 2016

    un bon dpart dans la vieSagissant des droits de lenfant en matire de survie et dedveloppement, la partie est loin dtre gagne pour les

    familles les plus pauvres et dfavorises. Le fait quun enfantait moins de chances de survivre ou dtre en bonne santen raison de circonstances lies sa naissance constitueune injustice agrante et une violation de ses droits. Celareprsente galement un cot humain, conomique, socialet politique. An dobtenir des progrs durables pour lesenfants daujourdhui et pour les gnrations futures, il fautmettre laccent sur lquit en offrant une chance chaqueenfant. Aider les enfants les plus marginaliss est plusquune obligation thique, cest une condition indispensablepour atteindre les objectifs 2030 relatifs la sant et au bien-tre des enfants.

    Les disparits concernant les chances de survie et la sant des enfants issus de diffrentesorigines ne sont pas le fruit du hasard. Elles suivent systmatiquement les contours desingalits sociales lies non seulement la richesse mais aussi lorigine ethnique, lducation et au clivage urbain-rural, entre autres facteurs.

    Lun des principaux enseignements tirs des actions visant amliorer la sant des enfants et des mres menes au cours des 15 dernires annes est que les approches axessur les progrs densemble ne supprimeront pas les disparits qui font peser les plusgrands risques sur les femmes et les enfants les plus dmunis. Les ingalits persistent endpit des progrs considrables raliss par les pays les plus pauvres.

    En ce qui concerne la survie de lenfant, bien que l'cart absolu ait sensiblement diminudepuis 1990, de grandes ingalits subsistent entre pays riches et pauvres. Lcart relatif demortalit des enfants entre lAfrique subsaharienne et lAsie du Sud dun ct et les pays revenu lev de lautre n'a que peu volu en un quart de sicle. Tout comme en 1990, lesenfants ns en Afrique subsaharienne sont 12 fois plus susceptibles de mourir avant leurcinquime anniversaire14.

    Prisca, 18 ans, et son bb l'hpital Bwaila de Lilongwe,Malawi.

    UNICEF/UN018535/Chikondi

    La sant desenfants :

    CHAPITRE 1

    sowc 2016 FR interior PRINT.indd 9 6/29/16 1:04 AM

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    10 LA SITUATION DES ENFANTS DANS LE MONDE 2016

    Aujourdhui, un enfant n en Sierra Leone a 30 fois plus de risques de mourir avant lge de5 ans quun enfant n au Royaume-Uni. En Afrique subsaharienne, le risque de mortalitmaternelle sur la vie entire touche 1 femme sur 36 contre 1 sur 3 300 pour les pays revenu lev. Au Tchad, ce risque est de 1 sur 1815.

    Combler lcart entre pays riches et pays pauvres est lun des ds majeurs de notrepoque. Pour atteindre ce rsultat en matire de survie de lenfant, i l faut dabord ramenerle taux de mortalit des populations les plus pauvres au niveau de celui des plus riches,ausein mme des pays.

    Les perspectives lies la survie et la bonne sant de tous les enfants, au sein dechaque socit, riche ou pauvre, doivent progresser aussi rapidement que possible. Maisles perspectives des enfants les plus dsavantags sont celles qui doivent connatrelamlioration la plus rapide. En dautres termes, de rapides avances doivent treaccomplies en faveur de ceux qui sont les plus exposs aux risques de dcs et de maladie.Pour ce faire, il convient de sattaquer aux facteurs sociaux dterminants des ingalits,notamment la pauvret, la discrimination et l ingalit daccs aux services de base.

    Schmas et risques en matire demortalit de lenfantEn 2015, pour approximativement un million denfants, le premier jour de vie a galementt le dernier. Au niveau mondial, le taux de mortalit nonatale (dcs au cours des 28premiers jours de vie) baisse moins rapidement que le taux de mortalit des enfants gsde 1 mois 5 ans. Cela signie une augmentation de la part des dcs des moins de 5 anssurvenus au cours de la priode nonatale. En 2015, les dcs nonatals reprsentaient 45% du total des dcs, soit une hausse proportionnelle de 5 % par rapport 2000 16.

    La part croissante des dcs dans la priode nonatale illustre la baisse plus rapide du tauxde mortalit des enfants gs de 1 59 mois que de celui des nouveau-ns. Cependant,sur les 5,9 millions de dcs denfants de moins de 5 ans en 2015, prs de la moiti taientdus des maladies infectieuses et des pathologies telles que la pneumonie, la diarrhe, lepaludisme, la mningite, le ttanos, la rougeole, la septicmie et le SIDA. La pneumonie etla diarrhe restent les principales causes de dcs dans les trois rgions afchant le plusfort taux de mortalit chez les enfants de moins de 5 ans : Afrique de lEst et australe, Asiedu Sud et Afrique de lOuest et centrale. La charge de morbidit tout comme celle de lamortalit sont souvent plus leves parmi les populations les plus dfavorises17.

    Il existe dimportantes variations rgionales en matire de mortalit nonatale. En Afriquesubsaharienne, les dcs de nouveau-ns reprsentent environ un tiers des dcs desenfants de moins de 5 ans. Dans les rgions afchant des niveaux de mortalit de lenfantmoins levs, ces dcs reprsentent environ la moiti de la mortalit totale des enfants.Dautre part, lAsie du Sud enregistre des taux levs aussi bien pour la mortalit de lenfantque nonatale 18.

    La rpartition gographique de la mortalit chez les enfants est galement en train dechanger. Les dcs denfants sont fortement concentrs au niveau mondial. En 2015, environ80 % de ces dcs sont survenus en Asie du Sud et en Afrique subsaharienne, et prs de lamoiti dans cinq pays seulement : lthiopie, lInde, le Nigria, le Pakistan et la Rpubliquedmocratique du Congo19. Les enfants vivant dans des tats fragiles et des pays touchs parles conits sont davantage exposs. Selon le Rapport sur le dveloppement dans le monde2011, leur risque dtre sous-aliment est plus de deux fois suprieur celui des enfants despays revenu faible et intermdiaire, et ils sont deux fois plus susceptibles de mourir avantlge de 5 ans20. Parmi les vingt pays afchant les plus forts taux de mortalit chez les enfants,dix font partie de la liste des tats fragiles tablie par la Banque mondiale21.

    Dans les pays touchs par les conits, les dgts causs aux systmes de sant menacentla vie des enfants. La Rpublique arabe syrienne, par exemple, avait accompli des progrs

    La sant des enfants : un bon dpart dans la vie>> Schmas et risques en matire de mortalit de lenfant

    LA PART DES DCS DES MOINSDE 5 ANS SURVENUS AU COURSDE LA PRIODE NONATALE ESTEN AUGMENTATION.

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    11LA SITUATION DES ENFANTS DANS LE MONDE 2016

    impressionnants dans la rduction des taux de mortalit des enfants de moins de 5 ansavant le conit actuel. Depuis 1990, le taux tait pass de 37 13 dcs pour 1 000naissances vivantes. Cependant, depuis 2012, le taux de mortalit en excs cest--direla mortalit des moins de 5 ans attribuable une crise est estim entre un et deux dcspour 1 000 naissances vivantes22.

    La destruction des infrastructures et le manque de personnel, de matriel et demdicaments ont entrav laccs aux services de sant maternelle et nonatale, conduisant une forte augmentation des accouchements non assists dans un pays o 96 % des

    naissances taient assures par du personnel quali en 2009 23. La situation de crise agalement provoqu une augmentation des maladies vitables par la vaccination et desmaladies infectieuses, notamment la diarrhe et la pneumonie, chez les enfants de moinsde 5 ans 24.

    Au niveau mondial, laccs la terre, au crdit et la proprit prsente galement unimpact sur les chances de survie de lenfant. Les groupes marginaliss vivant dans deshabitats informels, des logements illgaux ou des bidonvilles sont exposs aux risquessanitaires du fait de la surpopulation, des conditions insalubres, des cots de t ransportlevs, des pratiques discriminatoires et des difcults daccs aux services de base. Cesfacteurs constituent galement des obstacles la demande, empchant laccs initial cesservices et leur utilisation rgulire par les plus dfavoriss. Sils sont associs de faiblestaux de vaccination, le risque de transmission des maladies telles que la pneumonie, ladiarrhe, la rougeole et la tuberculose sen trouve aggrav25.

    Le changement climatique entrane encore des risques supplmentaires. Quand leau se fait

    rare du fait de la scheresse, les enfants et les familles les plus pauvres sont susceptiblesde recourir des sources deau non potable, ce qui les expose davantage aux risques demaladies telles que le cholra et la diarrhe. Le changement climatique est galementassoci une incidence accrue des maladies infectieuses transmission vectorielletelles que le paludisme, ainsi qu linscurit alimentaire, laugmentation de la pollutionatmosphrique, les maladies diarrhiques et la malnutrition26.

    Si ces risques et dautres risques lis aux problmes de sant dans lenfance ne sont pasattnus, les progrs accomplis par les pays vers la couverture sanitaire universelle seront

    1,9 foisplus susceptibles dedcder avant lge de 5 ans

    Par rapport aux plus riches,les enfants les plus pauvres sont :

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    12 LA SITUATION DES ENFANTS DANS LE MONDE 2016

    rduits nant. Lassainissement fournit un exemple concret et montre comment lesobjectifs 2030 sont interconnects.

    En 2012, dans les pays revenu faible et intermdiaire, le manque deau potable,

    dassainissement et dhygine reprsentait environ 1 000 dcs denfants de moins de 5ans par jour27. Des recherches menes au Nigria indiquent que le manque daccs desinstallations deau et dassainissement amliores pourrait accrotre de 38 % le risque demortalit chez les enfants gs de 1 11 mois 28. Lutilisation dinstallations sanitaires nonamliores et en particulier la prvalence de la dfcation lair libre ont galement desincidences sur le retard de croissance, car ils exposent les enfants des problmes desant qui peuvent perturber leur croissance normale.

    Bien que les progrs en matire dassainissement aient t lents dans de nombreux pays,des indications encourageantes montrent que des avances plus rapides sont possibles. AuNpal, un mouvement social pour lassainissement a permis de mobiliser les communautslocales et les autorits municipales dans certaines des rgions les plus dshrites du pays,liminant ainsi la dfcation lair libre dans 27 districts29. Ces initiatives peuvent gnrerdimportants bnces en termes de survie de lenfant. Une valuation mene au Mali apermis de constater une rduction de 57 % des dcs lis la diarrhe chez les enfants demoins de 5 ans et une rduction de 13 % des retards de croissance dans les communauts

    o la dfcation lair libre a t limine30

    .

    Perspectives de survie des enfantsLes objectifs lhorizon 2030 ont mis la barre trs haut concernant les progrs en matirede survie et de sant des mres, des nouveau-ns et des enfants. Parmi les cibles delobjectif 3 gurent la rduction de la mortalit nonatale 12 dcs pour 1 000 naissancesvivantes au plus, et la rduction de la mortalit des enfants de moins de 5 ans 25 dcspour 1 000 naissances vivantes au plus. La couverture sanitaire universelle, autre objectifpour 2030, est lune des conditions permettant datteindre ces rsultats.

    Ces cibles ne sont atteignables que si les gouvernements portent une attention continueaux enfants les plus dfavoriss. Les rductions les plus marques et rapides de la mortalitmaternelle et de lenfant doivent bncier ceux qui sont exposs aux risques les pluslevs.

    Depuis 1990, le taux de mortalit des enfants de moins de 5 ans a t rduit de 53 % auniveau mondial31. De 2000 2015, le taux annuel mondial de rduction de la mortalit desenfants de moins de 5 ans a plus que doubl par rapport aux annes 1990. Entre 2000 et2015, toutes les rgions ont enregistr dimportants progrs dans ce domaine. Ce taux derduction a notamment connu une forte acclration en Afrique subsaharienne, o il estpass de 1,6 % dans les annes 1990 4,1 % depuis 2000 32.

    Les taux de mortalit maternelle chutent galement. Depuis 1990, le nombre annuelde dcs maternels a diminu de 43 %. Entre 2005 et 2015, le taux annuel mondial derduction de la mortalit maternelle a plus que doubl par rapport la priode 1990200033.Sur les 75 pays reprsentant 95 % des dcs chez les mres, les nouveau-ns et lesenfants, les trois quarts ont enregistr de rapides amliorations34.

    Certains pays parmi les plus dshrits ont fait des progrs extraordinaires. Alors que lemonde na pas russi atteindre la cible des OMD visant rduire de deux tiers la mortalitdes moins de 5 ans entre 1990 et 2015, 24 pays faible revenu et revenu intermdiaire dela tranche infrieure y sont parvenus35. Certains de ces pays tels que lthiopie, le Libria, leMalawi, le Mozambique et le Niger, ont dmarr avec des taux de mortalit t rs levs36, savoir plus de 200 dcs pour 1 000 naissances vivantes. Lgypte et le Ymen ont atteintrespectivement des taux de rduction de la mortalit des moins de 5 ans de 72 % et 67% malgr les conits chroniques et les difcults conomiques37. La Chine a quant elleconnu une baisse rapide et considrable de cette mortalit, avec un taux de 80 % depuis199038.

    La sant des enfants : un bon dpart dans la vie>> Perspectives de survie des enfants

    CES CIBLES NE SONTATTEIGNABLES QUE SI LESGOUVERNEMENTS PORTENTUNE ATTENTION CONTINUE AUXENFANTS LES PLUS DFAVORISS.

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    13LA SITUATION DES ENFANTS DANS LE MONDE 2016

    La diversit des expriences nationales montre quil est possible dobtenir des rductionsspectaculaires de la mortalit de l enfant dans des pays dont le contexte politique, social etconomique est trs variable. Il en va de mme pour la sant maternelle puisquun certainnombre de pays, dans des contextes et avec des points de dpart diffrents, ont atteint la

    cible des OMD visant rduire de 75 % la mortalit maternelle.Alors que la mortalit des enfants diminue gnralement avec laugmentation du revenumoyen, de nombreux pays pauvres devancent leurs voisins plus riches dans ce domaine(voir gure 1.1). Cependant, certains pays qui connaissent une acclration de leurcroissance conomique (notamment le Nigria et lInde) restent la trane en matire derduction de la mortalit des enfants. La leon politique en tirer est que la croissanceconomique peut contribuer lamlioration de la survie de lenfant mais quelle ne lagarantit pas et que le niveau de revenu dun pays ne constitue pas ncessairement un frein ses progrs.

    Ingalits en matire de surviede lenfantLes disparits en matire de sant maternelle, nonatale et de lenfant dans les pays fortemortalit reprsentent un obstacle majeur lobtention de progrs durables concernant ledroit de chaque enfant survivre et spanouir. En moyenne, les enfants ns dans les20 % de mnages les plus pauvres ont presque deux fois plus de risques de mourir avantlge de 5 ans que ceux ns dans les 20 % de mnages les plus riches 39.

    Remarque : Les pays slectionns avaient un taux de mortalit des moins de 5 ans (TMM5) de 40 dcs pour 1 000 naissances vivantes en 2015, 10 000naissances vivantes ou plus en 2015, et disposaient de donnes relatives au PIB pour la priode 20002014 ou la plus rcente anne disponible. Chaque cerclereprsente un pays. La taille de chaque cercle reprsente le nombre de dcs estims denfants de moins de 5 ans dans le pays en 2015.

    Source : Banque mondiale, Indicateurs du dveloppement dans le monde (actualisation 22 dcembre 2015) et Groupe interorganisations des Nations Unies pourles estimations en matire de mortalit juvnile (IGME), Levels & Trends in Child Mortality: Report 2015.

    Rductionannuelle du tauxde mortalit desenfants de moinsde 5 ans (%)

    Taux annuel dvolution du PIB (%)-2% 2%0 4% 6% 8% 10%0

    2%

    4%

    6%

    8%

    10% Rwanda

    thiopie

    Nigria

    Pakistan

    Rpublique dmocratique du Congo

    Inde

    Dcs des enfants demoins de 5 ans

    1 000 000

    100 000

    10 000

    FIGURE 1.1

    Les pays bnciant dune faible croissance conomique peuvent malgrtout rduire le taux de mortalit chez les enfants.Taux annuel de rduction de la mortalit des moins de 5 ans, 20002015, et taux annuel dvolution du PIB, 20002014, par pays

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    14 LA SITUATION DES ENFANTS DANS LE MONDE 2016

    La sant des enfants : un bon dpart dans la vie>> Ingalits en matire de survie de lenfant

    Les progrs lis la mortalit des moins de 5 ans ne saccompagnent pas

    ncessairement dune plus grande quit.volution du taux de mortalit des moins de 5 ans en fonction de la richesse des mnages et volution globale,20002014

    FIGURE 1.2

    Variation des taux demortalit des moins de5 ans en pourcentagechez les enfants desmnages les pluspauvres par rapportaux plus riches

    Variation des taux de mortalit des moins de 5 ans en pourcentage

    Pays afchant une baissedes taux de mortalit desmoins de 5 ans et unehausse des ingalits

    Pays afchant une baissedes taux de mortalit desmoins de 5 ans et unebaisse des ingalits

    Pays afchant une haussedes taux de mortalit des

    moins de 5 ans et une baissedes ingalits

    Pays afchant une haussedes taux de mortalit des

    moins de 5 ans et unehausse des ingalits

    80

    60

    40

    20

    -80 -60 -40 -20 20 40 60 80

    -20

    -40

    -60

    -80

    0

    HAUSSE DE LA MORTALITBAISSE DE LA MORTALIT

    A

    U G M E N T A T I O N D E S

    I N

    G A L I T

    S E N M A T I R E

    D

    E M O R T A L I T

    D I M I N U T I O N D E S

    I N G A L I T

    S E N M A T I R E

    D E M O R T A L I T

    Remarque : utilisation denqutes menes au cours des annes 20052009 et 20102014, ayant comme annes de rfrence respectives 20002004 et 20052009.

    Source : analyse de lUNICEF base sur des enqutes dmographiques et de sant (EDS), des enqutes en grappes indicateurs multiples (MICS) et dautressources nationales reprsentatives concernant 37 pays.

    Cette moyenne mondiale cache en ralit un ensemble htrogne de modles nationaux.Par exemple, au Bangladesh, les enfants ns au sein des 20 % de mnages les pluspauvres ont presque deux fois plus de risques de mourir avant lge de 5 ans que ceux issusdes 20 % de mnages les plus riches ; ce risque devient trois fois suprieur en Inde, en

    Indonsie et aux Philippines40

    .Certains pays ont enregistr des progrs rapides depuis 2000 tout en amliorantgalement lquit (voir Figure 1.2, points bleus ). Dautres pays ont accompli des progrsspectaculaires, sans amliorer lquit (voir Figure 1.2, points jaunes ). Dans ces dernierspays, lcart de survie entre enfants riches et enfants pauvres sest lgrement creus.

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    15LA SITUATION DES ENFANTS DANS LE MONDE 2016

    Les pays pauvres devront raliser des progrs plus rapides pour atteindre lesobjectifs 2030.Taux annuel de rduction de la mortalit des moins de 5 ans requis pour atteindre la cible des ODD pour 2030, parquintiles de revenus, 20152030

    Taux annuel de rduction requis pour atteindre un taux de mortalit des moins de 5 ansde 25 dcs pour 1 000 naissances vivantes dici 2030 (%)

    Remarque : donnes denqute les plus rcentes dans les pays ayant un taux de mortalit des moins de 5 ans suprieur 40 dcs par 1 000 naissances v ivantesen 2015, et bases sur les estimations 2015 du Groupe interorganisations des Nations Unies pour l'estimation de la mortalit juvnile (UN-IGME).

    Fuente: analyse de lUNICEF base sur des enqutes EDS, MICS et dautres sources nationales reprsentatives tires des tudes les plus rcentes menesdepuis 2006.

    0 1% 2% 3% 4% 5% 6% 7% 8% 9% 10%

    Sierra LeoneNigriaGuine

    CamerounRpublique centrafricaine

    Burkina FasoMali

    NigerSwaziland

    LibriaGuine quatoriale

    TogoBurundithiopiePakistan

    Rpublique dmocratique du CongoMozambique

    MalawiOuganda

    Cte dIvoireGuine-Bissau

    ZimbabweAfghanistan

    ZambieSngalRwanda

    MauritanieGambie

    Bnin

    HatiYmen

    LesothoRpublique-Unie de Tanzanie

    MadagascarCongo

    SoudanInde

    GhanaKenya

    Timor-LesteGabon

    NamibieTadjikistanMyanmar

    Mnages lesplus riches

    Mnages lesplus pauvres

    FIGURE 1.3

    Quintiles de revenus

    sowc 2016 FR interior PRINT.indd 15 6/29/16 1:04 AM

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    16 LA SITUATION DES ENFANTS DANS LE MONDE 2016

    Ces disparits ont de graves consquences. La combinaison de la dmographie (lesmnages plus pauvres ont plus denfants) et de lingalit des chances de survie (les enfantsdes mnages pauvres connaissent des taux de mortalit plus levs) signie que les enfantsles plus pauvres reprsentent la plus grosse part des dcs denfants.

    Mais cela signie aussi que des rductions quivalentes en pourcentage des taux demortalit de lenfant permettent de sauver plus de vies parmi les enfants pauvres. Lanalysedes donnes dune enqute couvrant 51 pays forte mortalit a rvl quen ramenant letaux de mortalit nonatale des 20 % les plus pauvres celui des 20 % les plus riches, onaurait pu viter quelque 600 000 dcs en 2012 41.

    La mortalit des moins de 5 ans ne doit pas cesser de baisser et ce pour tous les enfants.Mais pour atteindre les objectifs en matire de survie de lenfant, les taux de mortalit desenfants issus des mnages les plus pauvres devront chuter beaucoup plus rapidementque ceux concernant les mnages les plus riches (voir gure 1.3). Pour y parvenir, lesgouvernements devront sattaquer un certain nombre de facteurs importants affectant lesenfants les plus pauvres et les plus dfavoriss.

    Pour accrotre le taux de survie des enfants, il est essentiel dobtenir des amliorationssubstantielles en matire de nutrition une cible de lobjectif 2. La moiti des dcs

    denfants de moins de 5 ans est due la sous-nutrition et de larges disparits existentdans les indicateurs connexes tels que le retard de croissance. Une analyse mene dans87 pays pour lesquels des donnes rcentes sont disponibles montre que le taux de retardde croissance chez les enfants les plus pauvres est plus de deux fois suprieur celui desenfants les plus riches 42. En Afrique de lOuest et centrale, les progrs en matire de retardde croissance ont t lents avec moins de 25 % de rduction entre 1990 et 2014. Et dansplus dun tiers des pays faible revenu disposant de donnes sur les tendances, lcart secreuse entre les mnages les plus riches et les plus pauvres dans ce domaine 43.

    La richesse des mnages est lun des facteurs inuant sur les chances de survie de lenfant,mais linstruction de la mre joue galement un rle important. Dans une grande partiede lAsie du Sud et de lAfrique subsaharienne, les enfants dont les mres nont bncidaucune instruction sont presque trois fois plus susceptibles de mourir avant lge de 5ans que ceux dont les mres ont suivi un enseignement secondaire 44. Grce linstruction,les femmes sont davantage susceptibles de retarder et despacer les naissances, s'assurerl'accs aux soins de sant maternelle et de lenfant et de faire soigner ces derniers quand ils

    tombent malades.Si toutes les mres suivaient un enseignement secondaire, on comptabiliserait tous les ans1,5 million de dcs en moins chez les enfants de moins de 5 ans en Afrique subsaharienneet 1,3 million en Asie du Sud45.

    La pratique des mariages denfants et la gestion de la sant reproductive des femmesinuent galement sur les schmas de mortalit des enfants. Mme si le taux de cesmariages diminue, prs de 15 millions de lles sont maries chaque anne avant lge de18 ans46. Ces lles reprsentent un groupe hautement vulnrable : elles sont prives deleur enfance, ont des possibilits dinstruction limites et commencent souvent procrertrop jeunes. Les lles issues des 20 % de la population les plus pauvres, ainsi que cellesqui vivent en milieu rural, sont exposes aux plus grands risques47. A l'chelle mondiale, lafrquence des mariages denfants au sein des familles les plus pauvres demeure inchangedepuis 199048.

    Partout dans le monde, ces lles maries alors quelles ne sont encore que des enfants sontmoins susceptibles de bncier des soins mdicaux appropris pendant la grossesse queles femmes adultes. Le manque de soins et linsufsante maturit physique de ces llespour donner naissance un enfant exposent les mres et leurs bbs des risques. Lescomplications durant la grossesse et laccouchement sont la deuxime cause de dcs chezles lles ges de 15 19 ans 49. Et les nourrissons ns de mres de moins de 20 ans ont 1,5fois plus de risques de mourir au cours des 28 premiers jours de leur vie que ceux ns demres ayant entre 20 et 40 ans 50.

    La sant des enfants : un bon dpart dans la vie>> Ingalits en matire de survie de lenfant

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    17LA SITUATION DES ENFANTS DANS LE MONDE 2016

    Limpossibilit de grer sa sant reproductive entrane des souffrances pour les femmescomme pour leurs enfants. Ainsi, le risque daccouchement prmatur est par exempleaccru par le faible espacement des naissances 51, lui-mme aggrav par laccs limit lacontraception. Au niveau mondial, on estime que 216 millions de femmes maries nont pasaccs aux mthodes modernes de contraception alors quelles en auraient besoin 52. Si lesfemmes qui veulent viter une grossesse avaient accs ces mthodes, les grossessesnon dsires chuteraient de 70 % 53. Et la rduction du nombre de grossesses non dsirespermettrait son tour dviter 60 % des dcs de mres et 57 % des dcs denfants demoins de 5 ans 54.

    Le clivage urbain/rural contribue galement lingalit des chances de survie de lenfant.Les enfants ns dans des zones rurales ont 1,7 fois plus de risques de mourir avant lge de5 ans que les enfants ns dans les zones urbaines 55.

    Concernant plus particulirement les disparits lies la richesse et au lieu de rsidence,on peut faire une nouvelle comparaison (voir gure 1.4) en sappuyant sur les donnesdenqutes auprs des mnages pour suivre les tendances en matire de survie des enfantsentre 2015 et 2030 dans un groupe de huit pays prsentant chacun une situation de dpartdiffrente. Ces projections illustrent la ncessit de progrs plus rapides pour les groupes lesplus dshrits. Aider les mnages les plus marginaliss est plus quune obligation thique,cest une condition pralable pour mettre n aux dcs vitables des nouveau-ns, desenfants de moins de 5 ans et de leurs mres.

    Rita Iriati et Novia, sa lle detrois ans, devant l'entre deleur maison dans le villagede Kemalang, dans le districtde Klaten, province de Javacentral, en Indonsie.

    UNICEF/UN04255/Estey

    Zara, maman de deuxenfants, assiste sa toutepremire consultationprnatale dans un centre desant largi cr rcemmentpar l'UNICEF et Save theChildren NGuaguam, auNiger.

    UNICEF/UN010548/Abdou

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    18 LA SITUATION DES ENFANTS DANS LE MONDE 2016

    Les progrs doivent tre plus rapides pour les enfants les plus dfavoriss.Rduction ncessaire de la mortalit des moins de 5 ans (nombre de dcs pour 1 000 naissances vivantes) pouratteindre les cibles des ODD pour 2030, par sous-groupes dans diffrents pays, 20152030

    NIGRIA PAKISTAN

    THIOPIE MOZAMBIQUE

    0

    20

    40

    60

    80

    100

    2015 2020 20202025 2025

    Cible ODD25

    25

    25

    25

    2030 2015

    Cible ODD

    2030

    Cible ODD Cible ODD

    Remarque : taux annuel de rduction requis pour atteindre la cible de 25 dcs pour 1 000 naissances vivantes xe dans les ODD pour 2030, calcul partir de lanne derfrence (au milieu de la priode de rfrence de 10 ans prcdant lenqute) du taux de mortalit des enfants de moins de 5 ans issu des donnes denqutes. Les sous-groupes qui ont dj atteint la cible demeurent constants. Les sous-groupes sont slectionns selon la performance des rgions (meilleure/plus mauvaise), selon les quintilesde revenus (le plus riche/le plus pauvre) et selon les zones de rsidence (urbaine/rurale). Les groupes peuvent se chevaucher.

    Source : Analyses UNICEF bases sur les donnes EDS, MICS et autres sources reprsentatives l'chelle nationale.

    Nigria et Pakistan. Dans cesdeux pays, le taux de mortalitdes moins de 5 ans (TMM5) estsuprieur la cible, tant dansles mnages les plus riches quedans les plus pauvres et de fortesdisparits subsistent entre lesrgions. Dans le nord-ouest duNigria, par exemple, le TMM5 taitle double de celui du Sud-Ouest.Alors que les 20 % les plus richesdevront rduire le taux de mortalitde plus de la moiti pour atteindrela cible dici 2030, les 20 % les pluspauvres doivent obtenir une baissede trois quarts.

    thiopie et Mozambique Les deux pays ont atteint lOMD4 (rduire de deux tiers le TMM5entre 1990 et 2015). Pour quelthiopie atteigne la cible de lODDpour 2030, le TMM5 devra chuterde plus dun tiers Addis-Abeba(ville qui obtient les meilleuresperformances du pays). Quant la rgion de Benishangul-Gumuz,celle dont les performances sontles moins bonnes, elle devrarduire ce taux de plus de deuxtiers entre 2015 et 2030.

    La gure 1.4 utilise les donnes les plus rcentes des enqutes auprs des mnages an de tracer les tendances en matire de survie des enfants demoins de 5 ans, de 2015 2030, pour atteindre la cible des ODD dans un groupe de huit pays dont la situation de dpart est diffrente. Ces pays sontles suivants

    FIGURE 1.4

    0

    20

    40

    60

    80

    100

    0

    20

    40

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    100

    0

    20

    40

    60

    80

    100

    TMM5

    TMM5

    TMM5

    TMM5

    Nord-OuestSud-Ouest

    Addis-AbebaBenishangul-Gumuz

    Territoire de lacapitale IslamabadBaloutchistan

    InhambaneZambzie

    2020 20252015 20302015 2020 2025 2030

    Zoneurbaine

    Les plusriches

    Zonerurale

    TMM5 = Taux de mortalit des moins de 5 ans (dcs pour 1 000 naissances vivantes)

    Les pluspauvres

    Segments de population

    La sant des enfants : un bon dpart dans la vie>> Ingalits en matire de survie de lenfant

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    19LA SITUATION DES ENFANTS DANS LE MONDE 2016

    INDONSIE PHILIPPINES

    BANGLADESH CAMBODGE

    25

    25

    Cible ODD

    Cible ODD

    Cible ODD

    Cible ODD

    Indonsie et Philippines. Dans ces deux pays, les 20 %les plus riches et les rgions lesplus favorises ont dj atteintlobjectif x pour 2030. AuxPhilippines, les mnages les plusriches et les rgions urbaines ontatteint lobjectif mais les 20 % demnages les plus pauvres et largion autonome musulmane deMindanao devront rduire ce tauxd'environ deux cinquimes pour yparvenir.

    Bangladesh et Cambodge.Lune des russites les plusfrappantes depuis 2000 est celledu Cambodge : en 2015, sonTMM5 tait proche de la cible desODD. Cependant, deux provincespeuples principalement dethniesminoritaires enregistraient destaux de 79 et 80 dcs pour 1 000naissances vivantes. Les enfantsns dans ces deux provinces ont3,5 fois plus de risques de dcderavant leur cinquime anniversaireque ceux ns Phnom Penh.

    Le Bangladesh devra rduire lesdisparits lies la richesse desmnages et au niveau de mortalitlev de rgions telles que Sylhetan de poursuivre les progrs.

    0

    20

    40

    60

    80

    0

    20

    40

    60

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    0

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    0

    20

    40

    60

    TMM5

    TMM5 TMM5

    RiauPapouasie

    Valle de CagayanRgion autonomemusulmane deMindanao

    BarisalSylhet

    Phnom PenhMondolkiri/ Ratanakiri

    2015 2020 20202025 20252030 2015 2030

    2015 2020 20202025 20252030 2015 2030

    Zoneurbaine

    Les plusriches

    Zonerurale

    TMM5 = Taux de mortalit des moins de 5 ans (dcs pour 1 000 naissances vivantes)

    Les pluspauvres

    Segments de population

    TMM5

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    20 LA SITUATION DES ENFANTS DANS LE MONDE 2016

    Disparits dans laccs aux soinset la qualit des soinsEn offrant toutes les femmes des soins prnatals, une assistance laccouchement par dupersonnel quali et des soins essentiels aux nouveau-ns, on diminue considrablementles risques durant la grossesse et pour la survie de lenfant. Malheureusement, ce domaineest caractris par des disparits extrmes, non seulement en termes daccs aux soins,mais aussi de qualit des soins. Les faits montrent que lingalit daccs commence avantla naissance et se poursuit dans les premires annes, qui sont les plus importantes.

    Les disparits daccs aux soins prnatals et dassistance laccouchement par dupersonnel quali retent les ingalits sociales en matire de survie de lenfant. Auniveau mondial, les femmes issues des 20 % de mnages les plus riches sont toujoursdeux fois plus susceptibles de disposer de personnel quali lors de leur accouchementque les femmes issues des 20 % de mnages les plus pauvres 56. Et une amlioration trsmodeste de la couverture des soins prnatals depuis 2000 na pas vraiment contribu rduire les disparits au cours de la priode prnatale57. Les disparits entre populationsurbaines et rurales perdurent toujours. En 2015, peine plus de la moiti des femmes

    enceintes ont bnci des quatre visites mdicales recommandes. La grande majorit decelles qui nont pas bnci de ce suivi minimum sont pauvres et vivent dans des zonesrurales58.

    Au niveau rgional, des disparits agrantes existent en Asie du Sud et en Afriquesubsaharienne en matire de soins prnatals et dassistance laccouchement par dupersonnel quali. Au Bangladesh et au Pakistan, les femmes issues des mnages lesplus riches sont respectivement quatre et six fois plus susceptibles de bncier de soinsprnatals (au moins quatre visites) que celles issues des mnages les plus pauvres. Dautrepart, certains des carts les plus marqus en matire dassistance laccouchementsobservent en Afrique de lEst et australe. En rythre, les femmes issues des mnagesles plus riches ont 10 fois plus de chances de bncier dune assistance qualie lors delaccouchement que celles issues des mnages les plus pauvres 59.

    Les mres et les nouveau-ns les plus pauvres sont galement moins susceptibles debncier dun bilan postnatal. Ils sont donc exposs des risques plus levs lis une

    hypothermie non dtecte, une infection ou des complications postnatales.

    Ces ingalits importantes et vitables sont responsables de dcs denfants et causentdimmenses souffrances. Labsence dinfrastructures sanitaires adquates dans lescommunauts pauvres joue un rle dans ces rsultats, de mme que lattitude de certainsagents de sant. Les femmes issues de groupes socialement exclus font souvent face unsystme de sant hostile et des professionnels indiffrents. Mme lorsque les centresde sant sont accessibles et abordables pour les pauvres, les pratiques discriminatoirespeuvent tre un obstacle lgalit de traitement.

    En ce qui concerne la pneumonie, le diagnostic prcoce et la prise en charge des cas pardes prestataires de sant forms peuvent sauver des vies. Cependant, les enfants issusdes mnages les plus pauvres qui prsentent des symptmes de pneumonie et sontexposs aux plus grands risques sont les moins susceptibles dtre conduits dans un centrede sant. Les enfants issus des mnages les plus riches ont 1,5 fois plus de chance dtreconduits dans un centre de sant Madagascar 60 et prs de quatre fois plus en thiopie61.

    Des schmas similaires sont observs pour le traitement de la diarrhe, autre causemajeure de dcs.

    Les communauts marginalises telles que les populations roms dEurope centrale etorientale, par exemple, se heurtent constamment des ingalits daccs aux services desant. Un enfant rom sur cinq en Bosnie-Herzgovine et un sur quatre en Serbie souffrent

    CES INGALITS IMPORTANTES ETVITABLES SONT RESPONSABLESDE DCS DENFANTS ET CAUSENTDIMMENSES SOUFFRANCES.

    La sant des enfants : un bon dpart dans la vie>> Disparits dans laccs aux soins et la qualit des soins

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    21LA SITUATION DES ENFANTS DANS LE MONDE 2016

    dun x de croissance modr ou svre. En 2012, seuls 4 % des enfants roms de Bosnie-Herzgovine gs de 18 29 mois avaient reu toutes les vaccinations recommandes,contre 68 % des enfants non roms 62.

    Lquit ne concerne pas seulement les pays les plus pauvres. Dans certains pays riches,les perspectives offertes aux enfants de diffrents milieux sont profondment inquitables.Les tats-Unis par exemple connaissent un taux de mortalit de lenfant plus lev que lamajorit des pays revenu lev de l'OCDE. Pour les enfants ns dans ce pays, les chancesde survie sont troitement lies lorigine ethnique : en 2013, les nourrissons ns deparents afro-amricains avaient deux fois plus de risques de mourir que ceux ns de parentsblancs63.

    Aux tats-Unis comme dans dautres pays, des facteurs tels que le revenu, linstruction dela mre et le lieu de naissance continuent de dterminer les chances de survie dun enfantau-del de ses 5 ans. Ces disparits se retent de faon spectaculaire au niveau des tats.En 2013, par exemple, le taux de mortalit des enfants dans ltat du Mississippi tait deuxfois plus lev que celui du Massachusetts 64. La combinaison de visites domicile par desagents de sant avec des mesures plus larges visant rduire les ingalits en matiredducation et de revenus pourrait jouer un rle majeur pour remdier ce problme.

    Les interventions faible cotpeuvent jouer un grand rleLcrasante majorit des dcs denfants pourrait tre vite grce des interventionsbien connues, peu coteuses et faciles mettre en uvre. Cela vaut aussi bien pourles dcs se produisant au cours de la priode nonatale quaprs le premier mois. Dessoins de qualit pendant la grossesse, laccouchement et la priode postnatale immdiateprviennent non seulement lapparition de complications mais amliorent aussi leurdtection prcoce et leur prise en charge rapide. Les soins immdiats aprs la naissancesont particulirement importants pour rduire la mortalit dans les premiers jours de vie.

    La proportion croissante de dcs nonatals souligne les ds complexes relever an depoursuivre et dacclrer les progrs en matire de survie de lenfant. Les interventionsncessaires pour remdier aux principales causes de mortalit nonatale sont troitementlies la protection de la sant maternelle (voir gure 1.5 ) ; il est donc vital daccrotre laporte de ces interventions avant, pendant et aprs la grossesse.

    Selon une tude publie dans The Lancet , 40 % des dcs de nouveau-ns pourraienttre vits grce des interventions cls menes au moment de la naissance. Celles-cicomprennent lassistance laccouchement par du personnel quali, les soins obsttricauxdurgence, les soins immdiats au nouveau-n (dont laide lallaitement et les pratiquesdhygine lies laccouchement telles que les soins du cordon ombilical et la protectionthermique) et la ranimation du nouveau-n. Trente pour cent de dcs supplmentairespourraient tre vits grce la mthode kangourou avec le portage du bb peau peau contre sa mre ds sa naissance, la prvention ou la prise en charge des septicmiesnonatales, au traitement de lictre nonatal et la prvention des lsions crbrales dues un manque doxygne la naissance65.

    Les bnces de lallaitement sont encore insufsamment reconnus dans de nombreuxpays. Le fait de commencer lallaitement ds les premires heures aprs la naissance et dele prolonger sur une longue dure permet damliorer la protection de lenfant contre lesinfections, daccrotre ses capacits intellectuelles et de rduire la prvalence du surpoidset du diabte. L'tude a rvl que si lallaitement atteignait un niveau quasi universel, onpourrait sauver la vie de 823 000 enfants de moins de 5 ans chaque anne dans 75 pays revenu faible et intermdiaire. Lallaitement contribue par ailleurs protger la mre contre lecancer du sein et favorise lespacement des naissances 66.

    40 % DES DCS DE NOUVEAU-NS POURRAIENT TRE VITSGRCE DES INTERVENTIONSCLS MENES AU MOMENT DE LANAISSANCE.

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    22 LA SITUATION DES ENFANTS DANS LE MONDE 2016

    1.000.000

    100.000

    10.000

    Neonatal deaths

    Atteindre les plus vulnrablesLes dirigeants nationaux, soutenus par la coopration internationale, ont jou un rle crucial dans

    les avances mondiales en matire de survie de lenfant au cours des 15 dernires annes. Lacroissance conomique, la hausse des revenus et la rduction de la pauvret y ont certainementt pour beaucoup, en amliorant le niveau de vie tout en gnrant des ressources pour investirdans la sant. Mais dans de nombreux pays revenu faible et intermdiaire, une grande partiede la dynamique est venue du renforcement des systmes de sant et des interventionscommunautaires dans le domaine de la sant. Les agents de sant communautaires ont largila porte des soins, favorisant la sant maternelle, nonatale et de l'enfant en donnant auxpersonnes vulnrables l'accs aux interventions fort impact et faible cot67.

    Lthiopie en est un excellent exemple. Entre 2004 et 2010, le gouvernement thiopien aform 38 000 agents de sant et les a dploys dans des localits travers tout le pays.

    Les taux de mortalit nonatale ne baissent pas assez vite pour atteindre lacible des ODD.Taux annuel de rduction requis de 2015 2030 par rapport au taux annuel observ de rduction de la mortalitnonatale

    Remarque : cette gure illustre les taux de rduction auxquels chacun des pays doit parvenir pour atteindre la cible relative la mortalit nonatale dici 2030. Chaque cerclereprsente un pays. La taille des cercles reprsente le nombre de dcs en 2015 et la couleur reprsente la classication des pays selon leur revenu (Banque mondiale). Lespays situs au-dessus de la diagonale doivent parvenir un taux de rduction plus rapide (cest--dire acclrer les progrs) pour atteindre la cible. Les pays en dessous de laligne seront en mesure datteindre la cible en maintenant leur taux de rduction actuel. Ceux sur laxe horizontal ont dj atteint la cible en 2015.

    Source : analyse de lUNICEF base sur les estimations de lIGME, 2015.

    FIGURE 1.5

    1 000 000 100 000 10 000

    Pays faible revenu Pays revenu intermdiairede la tranche infrieure Pays revenu levPays revenu intermdiaire de la tranche suprieure

    2 4 6 8 10

    Taux de rduction de la mortalit nonatale observde 2000 2015 (%)

    -2

    2

    0

    4

    6

    8

    10

    Pakistan E N

    R E T A

    R D

    Nigria

    Inde

    Rpubliquedmocratiquedu Congo

    Taux annuel derduction de la mortalitnonatale, requis partirde 2015 pour atteindreun taux de 12 dcspour 1 000 naissancesvivantes dici 2030 (%)

    E N B O

    N N E V

    O I E

    La sant des enfants : un bon dpart dans la vie>> Atteindre les plus vulnrables

    La taille des cercles reprsente le nombreestim de dcs nonatals en 2015

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    23LA SITUATION DES ENFANTS DANS LE MONDE 2016

    Le Npal, qui compte parmi les pays les plus pauvres au monde,a enregistr lun des reculs les plus rapides de la mortalitmaternelle depuis 1990. Ce progrs est le rsultat dune rformepolitique soutenue mene sur deux dcennies, dont une priodemarque par les conits.

    Le dveloppement du systme de sant npalais a jou un rlecrucial dans cette russite. Les politiques de protection de lamaternit introduites dans les annes 1990 et renforces depuisont permis daccrotre considrablement le nombre dagents desant communautaires et de personnel soignant quali pourles accouchements. Le gouvernement a par ailleurs fait de lasant maternelle et de la planication familiale une priorit deson budget pour la sant en pleine expansion, et les dpenses desant par habitant ont doubl entre 1995 et 2011. Quasiment aucours de la mme priode, la couverture de soins prnatals a tmultiplie par cinq. Le nombre de naissances assistes par dupersonnel quali a doubl entre 2006 et 2011, atteignant 36 %du total des naissances.

    Paralllement au systme de sant ofciel, le Npal a dveloppun rseau de femmes bnvoles pour apporter une assistancesanitaire aux communauts. Aprs avoir bnci duneformation de base de 18 jours et reu du matriel mdical, lesbnvoles travaillent en troite collaboration avec les agents

    de sant. Ce modle a permis dlargir la porte du systme desant certaines des zones les plus marginalises du pays.

    Les plans du secteur de la sant visent renforcer leprofessionnalisme du personnel de sant, amliorer laformation et tendre la prestation de services de base au-deldes chances politiques. Le plan de sant actuel National SafeMotherhood and Newborn Health Long Term Plan (20102017)met laccent sur le dveloppement des soins obsttricaux et dessystmes dorientation. En qualiant les soins maternels et delenfant de droits la sant, on a permis aux femmes de devenirplus autonomes : elles sont dsormais davantage en mesure dedemander des comptes aux prestataires concernant la mise enuvre dinterventions lies la protection de la maternit, lasant nonatale, la nutrition et la sant reproductive.

    Les volutions en dehors du systme de sant ont galementfavoris une plus grande quit dans les avances au Npal.Les changements de comportement, laccs aux soins de santreproductive et laccs accru lducation ont contribu uneforte baisse des taux de fcondit. En outre, la proportion de lapopulation vivant dans la pauvret a fortement chut, passant de68 % au milieu des annes 1990 25 % en 2011.

    ENCADR 1.1 DES FEMMES BNVOLES AIDENT LES AGENTS DESANT ATTEINDRE LES POPULATIONS MARGINALISES DU NPAL

    Source : Engel, Jakob, et al., Nepal's Story: Understanding improvements in maternal health , tude de cas, Overseas Development Institute, juillet 2013.

    Ceux-ci ont dlivr des soins prnatals et postnatals de base, atteignant des populations quintaient prcdemment pas couvertes par le systme de sant 68. De mme, au Malawi,des assistants de surveillance sanitaire ont assur un lien essentiel entre le systme desant ofciel et les communauts, contribuant ainsi lune des baisses de la mortalit delenfant les plus rapides lchelle mondiale69.

    Environ 70 % de la rduction mondiale des dcs des moins de 5 ans depuis 2000 peuttre attribue la prvention et au traitement des maladies infectieuses. Le nombre annuelde dcs denfants de moins de 5 ans causs par la pneumonie, la diarrhe, le paludisme,la septicmie, la coqueluche, le ttanos, la mningite, la rougeole et le SIDA est passde 5,4 millions en 2000 2,5 millions en 201570. Les dcs dus au paludisme chez lesmoins de 5 ans ont chut de 58 % au niveau mondial depuis 2000 71, notamment grce lutilisation de moustiquaires imprgnes dinsecticide et de traitements antipaludiques base dartmisinine. Les programmes de vaccination ont rduit de 79 % les dcs dus larougeole entre 2000 et 2014, sauvant environ 17,1 millions denfants72.

    Linnovation permet galement des progrs plus rapides pour les enfants les plus difciles atteindre. Au Malawi o 130 000 enfants de moins de 14 ans vivaient avec le VIH en2014 , le gouvernement, en collaboration avec des partenaires, teste lutilisation de dronescomme moyen rentable de rduire les dlais de dpistage du VIH chez les nourrissons, pourlesquels le diagnostic prcoce est essentiel pour bncier de soins de qualit.

    Aujourdhui, des chantillons de sang sch sont transports par route, depuis les centresde sant locaux jusquau laboratoire central pour tre tests, ce qui prend 16 jours enmoyenne pour le transport et huit semaines supplmentaires pour obtenir les rsultats. Lesobstacles lis au cot du carburant et au mauvais tat des routes entranent des retards,

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  • 7/25/2019 UNICEF : Situation des enfants dans le monde en 2016

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    ce qui compromet lefcacit dun traitement ventuel. En cas de succs, cette innovationconsistant recourir aux drones permettrait de rduire la fois les cots et les dlaisdobtention des rsultats par les familles, lesquels pourraient passer de plusieurs mois quelques semaines 73.

    Quelles consquences si lon nerduit pas les carts ?Les progrs en matire de sant et de survie des enfants et des mres peuvent tre plusou moins rapides selon les choix politiques oprs par les gouvernements et la communautinternationale au cours des prochaines annes. Cependant, si les tendances actuelles restentinchanges, la situation en 2030 sera la suivante :

    On comptabilisera 3,6 millions de dcs denfants de moins de 5 ans pour cette seuleanne et un total de 69 millions entre 2016 et 203074, dont prs de la moiti en Afriquesubsaharienne et un tiers en Asie du Sud 75.

    Cinq pays cumuleront plus de la moiti de la charge mondiale de mortalit des moins de5 ans : Inde (17 %), Nigria (15 %), Pakistan (8 %), Rpublique dmocratique du Congo(7 %) et Angola (5 %)76.

    Vingt-cinq des 30 pays afchant les taux de mortalit les plus levs chez les moins de5 ans seront situs en Afrique subsaharienne 77. Quelque 620 millions denfants serontns dans cette rgion entre 2016 et 2030 78 soit environ 30 % du total mondial79. Cestla seule rgion susceptible denregistrer une hausse de sa population denfants de moinsde 5 ans (celle-ci devrait augmenter de plus de 40 millions denfants)80. lui seul, leNigria enregistrera 6 % de lensemble des naissances lchelle mondiale81.

    Le taux mondial de mortalit maternelle sera denviron 161 dcs pour 100 000naissances vivantes, soit encore cinq fois celui des pays revenu lev en 1990 82.

    La pneumonie demeurera la deuxime cause de dcs chez les enfants de moins de 5ans et les complications lies aux naissances prmatures resteront la premire cause 83.

    Daprs les tendances actuelles, les perspectives lies la ralisation universelle des cibles lhorizon 2030 en matire de sant nonatale et de survie des moins de 5 ans sont donc peuencourageantes. moins que la tendance ne sinverse, des dizaines de pays les manquerontclairement (voir gures 1.5 et 1.6 ). LAsie du Sud natteindra pas la cible relative la mortalitnonatale avant 2049 et lAfrique subsaharienne ne latteindra quaprs le milieu du sicle84. Letaux annuel moyen de rduction de la mortalit nonatale ncessaire pour que lInde atteignela cible est presque le double du taux actuel.

    Par rapport au taux de survie des enfants de moins de 5 ans en 2015, le fait datteindre la cibledes ODD permettrait de sauver 38 millions denfants dans le monde dans les 15 prochainesannes. Si chaque pays parvenait suivre la tendance du pays de sa rgion enregistrant lesmeilleurs rsultats, 7 millions de vies supplmentaires pourraient tre sauves. Si chaquepays atteignait le taux moyen de mortalit actuel des pays revenu lev, voire descendait endessous, 21 millions de dcs supplmentaires pourraient tre vits 85. Ce dernier scnario toujours par rapport une stagnation au taux de 2015 permettrait de sauver 59 millions de

    vies dici 2030.Une analyse de 75 pays particulirement touchs rvle que huit seulement devraientatteindre la cible des ODD. Si chaque pays amliorait sa couverture d'interventions aussirapidement que celui enregistrant les meilleurs rsultats dans chaque domaine d'intervention(par exemple, assistan