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Risque(s) bancaire(s)
Journées du ManagementJézabel Couppey-Soubeyran
22 octobre 2012
Introduction
• Au niveau microéconomique, le risque bancaire renvoie d’abord à un ensemble de risques individuels
• Au niveau macroéconomique, le risque bancaire renvoie au « risque systémique »
• Le risque systémique n’est pas une simple somme de risques individuels
• La gestion des risques individuels ne suffit donc pas à prévenir le risque systémique.
Rappel avant-propos Bilan simplifié d’une banque
Actif PassifPrêts interbancaires
Crédits à la clientèleOpérations sur titresImmobilisations…
Emprunts interbancaires
Dépôts de la clientèleCertificats de dépôtObligationsFonds propres….
Hors-bilan
1/ Des risques individuels …
• Les banques sont exposées à un large ensemble de risques individuels :– Risque de contrepartie– Risque de liquidité– Risque de marché– Risque de taux d’intérêt– Risque de change– Risque pays– Risque opérationnel– …
a) Des progrès en matière de gestion des risques individuels …
• Développement d’outils de gestion des risques (contrôle interne):– Scoring, datamining, systèmes experts, …– Modèles de « Value at risk » : calcul de la perte
maximale potentielle (à 95%, 99% de niveau de confiance) d’un portefeuille sur un horizon donné et à partir d’une certaine distribution.
– Très fort engouement pour ces modèles VaR en dépit de leurs limites soulignées par les théoriciens de la finance
a) Des progrès en matière de gestion des risques individuels … (suite)
• « Il est faux de croire que l’on peut éliminer le risque, seulement parce qu’on peut le mesurer », Robert Merton, en 1998 après la quasi-faillite du fonds LTCM.
• Pas tant d’humilité du côté des banques, la preuve en image* …
• Fort activisme des lobbies bancaires dans les années 1990 afin d’obtenir l’autorisation du régulateur d’utiliser leurs modèles pour calculer la couverture réglementaire en fonds propres
Illustration : quand les banquiers se prennent pour des super héros !
b) … mais des évolutions inquiétantes
• Outils de gestion interne « Illusion du contrôle » prise de risque
• Outils d’externalisation du risque :– Titrisation : transformation de créances à priori
non négociables en titres – Dérivés de crédits : instruments de transfert du
risque de défaut des emprunteurs Bouleversement du modèle d’activité des banques : « origination – distribution » prise de risque
c) Des exigences réglementaires de fonds propres …
• Depuis 1989, les banques sont tenues de respecter un ratio de solvabilité (ratio Cooke à l’origine : FP/actifs pondérés par les risques ≥ 8%
• Couvrant initialement le risque de crédit• puis les risques de marché (à partir du milieu des
années des 1990’s)• puis le risque opérationnel à partir de Bâle 2
(2007)
Bâle 2
• Dispositif à 3 piliers
Pilier 1
• Exigences minimales de fonds propres
• Étendues à 3 catégories de risques
• Calculées selon 2 approches (standard / avancées)
Pilier 2
• Surveillance prudentielle
• Examen individuel par le contrôleur
Pilier 3
• Discipline de marché
• Communication financière
Bâle 3
• Bâle 2 entre à peine en application en 2007 que la crise éclate et oblige les régulateurs à réagir (G20, Washington nov 2008)
• D’où les accords de Bâle 3 qui visent à redéfinir plus strictement les fonds propres, à prévoir un coussin de conservation, à imposer un ratio de levier, et deux ratios de liquidité.
Bâle 3• Le Tier 1 passe de 4 à 6% à partir de 2013– Au sein du T1, le core tier 1 (capital + réserves) passe
de 2 à 3,5% en 2013 et 4,5% en 2015 (7% en 2019)– Viendra s’ajouter au T1 un coussin de conservation de 2,5%
(exigence à 7%)– Ainsi qu’un matelas contracyclique compris entre 0 et 2,5%
• 2 ratios de liquidité (Liquidity Coverage Ratio, Net Stable Funding Ratio):– Actifs liquides haute qualité / engagements à 30 jrs > 100%– Ressources stables à 1 an / besoin de financements stables à
1 an > 100%• 1 ratio de levier : Tier 1/Actifs > 3%
d) … auxquelles les banques résistent
• L’Institute of International Finance (IIF) a produit plusieurs études d’impact « apocalyptiques », prédisant jusqu’à :– 360 pb d’augmentation du coût du crédit !– une chute du crédit bancaire de 20 % entre 2011
et 2015 ! – 4 points de PIB en moins dans la zone euro d’ici à
2020 !– 4 millions de perte d’emplois !
d) … auxquelles les banques résistent • Rien à voir avec les études plus sérieuses du du
BCBS, en liaison avec le FMI, le FSB, les Banques Centrales qui, pour un relèvement de 4 points de % du CET1 et le respect du NSFR, parviennent à une estimation moyenne de :– de 40 à 50 points de base d’augmentation du taux
moyen des crédits – de 0,1 à 0,2 % de réduction du taux de croissance.
• La dernière étude d’impact du BCBS (publiée en sept 2012) montre que les ajustements se font vite.
Résultats de l’étude d’impact du BCBS de sept 2012
• Étude réalisée à partir de données de décembre 2011, pour 2 groupes de banques (G1: banques internationales avec un T1>3 mds d’euros ; G2: autres banques)
• CET1 moyen des banques du G1 = 7,7% (>4,5% exigés); manquent 11,9 mds de FP pour que toutes les banques du G1 satisfassent l’exigence de 4,5%; manquent 374 mds de FP pour que toutes respectent l’exigence de 7%; à comparer aux 356 mds de profits des banques du G1 en 2011.
Résultats de l’étude d’impact du BCBS de sept 2012 (suite)
• CET1 moyen des banques du G2 = 8,8% (>4,5% exigés); manquent 7,6 mds de FP pour que toutes les banques du G2 satisfassent l’exigence de 4,5%; manquent 21,7 mds de FP pour que toutes respectent l’exigence de 7%; à comparer aux 24 mds de profits des banques du G2 en 2011.
• LCR : 91% pour les banques du G1 et 98% pour les banques du G2 (application en 2015)
• NSFR : 98% pour les banques du G1 et 95% pour les banques du G2 (application en 2018)
2/ … au risque systémique• Risque de défaillance globale pouvant provenir : – D’une défaillance en chaîne (effet de domino)– D’un choc commun– Dans les 2 cas, des interactions entre les comportements
amplifient les difficultés initiales• La supervision microprudentielle est une condition
nécessaire mais non suffisante à la prévention du risque systémique
• Facteurs aggravants : – La procyclicité qui produit les emballements du crédit et
des prix d’actifs– Les externalités qui augmentent le coût social des crises
bancaires
2/ … au risque systémique
• Prévenir le risque systémique implique donc de :– Réduire la procyclicité – Réduire les externalités
• Deux instruments pour cela en plus du microprudentiel :– Le macroprudentiel– La taxation (taxe systémique; taxation des
transactions financières)
Macroprudentiel
• Politique de surveillance globale du système financier :– Objectif : prévenir le risque systémique– Instruments : surcharges en capital pour les
établissements systémiques (Bâle 3 : entre 1 et 2,5% de FP supplémentaires); coussin contracyclique, LTV & ITV ; réserves obligatoires sur les crédits
– Institutions : comités de risque systémique, autorités de surveillance, banque centrale
Taxation• Les banques sont sous-taxées pour au moins 3 raisons :
– Exonérées de TVA– internationalisation et filiales offshore optimisation fiscale– Subventions implicites avantage évalué (Banque d’Angleterre,
FMI, NEF) à environ 10 fois le montant des impôts sur le revenu payés par les grands groupes
• Cela justifie une augmentation de la fiscalité des banques :– Pour augmenter les recettes fiscales– Constituer des fonds de réserve– Réduire les rentes du secteur bancaire et financier– prévenir les externalités