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N°2 Automne 2009
éditorial
Réseau d’Initiatives SolidairesREVU
ERIS
www.le-ris.org
Le RIS, un nouveau virage.
« Nous sommes sortis de la crise ! », annoncent banquiers et traders. Par un stratagème subtil, on amortit le choc, on couvre d’un voile trompeur l’impasse dans laquelle notre mode de vie nous a conduits, on confisque notre moteur d’évolution et on renvoie, sans état d’âme, la patate chaude à nos enfants, en refusant d’imaginer les épreuves plus terribles auxquelles ils seront nécessairement confrontés.
Était-ce bien cette issue que nous attendions ? Cette prétendue sortie de crise correspond-elle vraiment à nos aspirations profondes ?Certes, nous ne combattrons pas l’illusion en luttant contre elle. À ce jeu-là, nous serions perdants. « Ne corrige pas le mauvais, mon serviteur, mais augmente le bon, il absorbera le mauvais autour de lui. ». (Dialogues avec l’Ange, p 151)
Forts de cette réponse, des hommes et des femmes ont choisi de se servir des maladresses et des égoïsmes ainsi débusqués comme autant d’énergie de transformation personnelle. Au sein du mouvement RIS, par le biais de quatre partages (1), ils se sont promis d’incarner, de façon toujours plus concrète, les valeurs de vérité et d’amour du Monde auquel ils aspirent.
(Suite p.3)
Sommaire
Editorial ............................................................ 1
Chronique de Bernard Montaud ...................... 2
Témoignage des groupes ................................ 4
La «RIS-attitude» ............................................. 10
Interview : Luc Simonet....................... ............. 12
Coin de lecture ................................................ 14
Ils vivent l’avenir .............................................. 15
«Partager seulement ce qui me coûtecar seulement ce qui me coûte
me rapporte»
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Chronique de Bernard Montaud
Chronique de Bernard Montaud
{Suite}
Nous avions convenu de ne tirer la chasse d’eau de nos toilettes qu’une fois sur deux, dans le but d’expérimenter une attitude RIS plus respectueuse de notre consommation en eau. Et me voilà donc parti avec cette expérience !
Oh bon sang, je ne savais pas à quel point cette aventure allait
me surprendre et m’entraîner dans des contrées inconnues de moi-même ! Cela parait si simple au début : bon, je ne tire la chasse d’eau de mes W-C qu’une fois sur deux, et je note le nombre de fois pour pouvoir calculer l’économie d’eau ainsi obtenue. A la fin du mois, de cette manière, je saurai très exactement combien j’ai économisé d’eau avec cette petite habitude RIS !
Oui mais voilà, malgré de nombreuses précautions (carnet sur les W-C, avec crayon disponible) il m’arrivait d’aller aux toilettes et d’oublier de noter mon passage. Comme la présence à soi est difficile dans certains lieux, ou comme parfois d’autres urgences nous accaparent complètement ! Bref, il me fallut faire une estimation moyenne de ma fréquentation de ce lieu, tout en constatant combien mon chemin était fragile si de simples W-C me faisaient perdre parfois la conscience de mes actes. Décidément, il ne faut jamais oublier d’être modeste ! Jamais oublier que trois fois rien peut être plus fort que nos plus grands engagements spirituels. Quelle première leçon après trente ans de chemin, convenez-en !
Et puis je me suis appliqué à tirer la chasse d’eau une fois sur deux. Mais très vite un second problème est apparu : l’encrassage de la cuvette des toilettes dans de telles conditions. Alors bien sûr, avec l’aide d’un détergent puissant, ladite cuvette retrouva très vite sa blancheur virginale. Oui mais voilà, pauvre Bernard, il me vint peu à peu deux sentiments douloureux. Tout d’abord je ne parvenais pas à y gagner spirituellement, dans toute cette affaire. Où étaient donc l’expérience spirituelle et le gain intérieur en pareille circonstance ? Je ne pouvais me contenter de seulement économiser de l’eau. Je le savais bien : dans les attitudes RIS on gagne au-dehors une économie et au-dedans une expérience spirituelle. Mais, bon sang, où était-elle ? Et puis, secondement, je souffrais désormais de devoir polluer la terre avec un détergent sous prétexte d’économiser de l’eau. Quelle bêtise, quel gâchis, allant à l’encontre du but escompté !
Il me fallut plusieurs jours pour enfin me résoudre à la balayette des W-C en remplacement de l’utilisation du détergent. C’est à la force du poignet, avec un récurage énergique, que désormais je lutterais contre l’encrassage de la cuvette ! Et c’est là que se produisit
le second miracle de cette expérience après la leçon de modestie !
Car au bout de deux ou trois jours de frottage efficace, je me suis
soudain perçu comme un acharné de la blancheur virginale, une sorte de forçat de la propreté à tout prix ! Et soudain je l’ai eu sous les yeux, mon dialogue avec cette cuvette des W-C, tant mon passé se mit à défiler à chaque récurage de la cuvette. Il est écrit que pour ceux qui peuvent entendre, même les pierres parlent ! Eh bien, je peux le dire autrement, même les cuvettes des toilettes parlent à ceux qui veulent bien écouter.
Alors défilèrent mon histoire, mon enfance et les diverses occasions où il me fallut être bien propre
Dialogue avec la cuvette des WC
Privé de l’élan qui l’a fait naître, le RIS, fort de ses choix, a donc pris un second souffle qui lui permet de rester juste, même en l’absence de crise
"Partager seulement ce qui me coûte car seulement ce qui me coûte me rapporte"
Seuls les partages qui m’amènent à un dépasse- ment élargissent mon être et me rapprochent de ma véritable grandeur.
L’aventure vers un inconnu qu’il nous est difficile d’imaginer s’annonce bouleversante.Osons croire que nous serons nombreux à nous y risquer !
Dominique Hubert
pour espérer un peu d’attention de ma maman. Alors cette cuvette devint tantôt l’histoire d’un petit garçon à la sortie de ses couches, tantôt ce lieu où durant mon enfance j’allais me cacher pour tousser sans déranger personne, tantôt cet autre lieu où mes premières masturbations coupables de saleté virent le jour. Il y eut même ce souvenir émouvant de ma première grande responsabilité à l’ashram
d’Arnaud Desjardins : responsable des W-C ( cela ne s’invente pas ! ) et mon application forcenée pour essayer d’attirer quelque peu son attention. Il me revint aussi combien les W-C étaient importants dans ma pratique spirituelle depuis trente ans, tant ce fut toujours le refuge où j’allais pratiquer en cachette mes VPA, Protocole et autres outils. Bref, sans entrer dans les détails, peu à peu je suis devenu curieux du curage de la cuvette, ne sachant jamais où il allait m’emmener. Décidément tout parle, tout peut parler à celui qui veut bien écouter !
Voilà, je voulais témoigner que même avec une cuvette de « chiottes » on peut y gagner spirituellement, et pas seulement faire une économie d’eau. A bon entendeur, salut !
«Même avec une cuvette de "chiottes"on peut y gagner spirituellement.»
(1) LES QUATRE PARTAGES :
. Partage des biens
(1) LES QUATRE PARTAGES : . Partage des biens . Partage des services . Partage des dialogues essentiels . Entraide envers les plus démunis ou la terre souillée.
éditorial {Suite}
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Témoignages des groupes
C’était mal parti !
Quand SKYPE vient au secours de la réunion RIS du groupe de Toul, alors le miracle arrive. En juin 2009, Annie Bauer réunit son équipe dans sa salle à manger, mais tout n’est pas si simple… Heureusement, quand on y croit, une autre dimension de nous-même apparaît, qui peut nous émerveiller.
Au matin de notre réunion, le téléphone sonne : une défection suite à un problème de déplacement; et, par voie de conséquence, une deuxième défection due au covoiturage. C’est mal parti !Nous ne sommes plus que six et cela m’attriste. J’ai besoin de la présence, de l’énergie de chacun. C’est si riche et si encourageant quand tout le monde est là ! Quelqu’un manque, et me voilà comme amputée. C’est une famille, un corps, que cette équipe !
Bref ! Cela aurait pu être mal parti. Mais, heureusement, maintenant il y a SKYPE ! Ca ne remplace pas la présence physique, mais, déjà, c’est une forme de présence. La famille est au complet. Désir profond, pour chacun, d’être là, avec les autres, à sa place, à l’œuvre. Et ça, c’est déjà un petit miracle !
Mais voilà ! SKYPE, c’est bien quand ça fonctionne ! Et là, c’est mal parti ! Une heure pour essayer de se connecter convenablement ! Quelle patience pour ceux qui sont dans l’attente ! C’est vraiment mal parti ! Ca devrait tourner au vinaigre ! Mais ce n’est pas du tout ce qui arrive. L’informaticien déploie des trésors d’ingéniosité, essaie toutes sortes de pistes. Le correspondant, dans son envie d’être avec nous, déploie, lui aussi, des trésors de calme, de persévérance, d’écoute, de confiance. Et, autour de la table, chacun patiente agréablement, dans l’espoir de pouvoir, comme d’habitude, vivre cette réunion tous ensemble. On y croit !!!
Tout ceci en vain… Car, au bout d’une heure, il faut bien admettre que l’un de nos correspondants ne pourra pas être avec nous ce soir.
Nous décidons de commencer la réunion. Et, tout à coup, au bout de quelques minutes seulement, surprise !!! Notre correspondant, que nous croyions perdu pour la soirée, nous retrouve enfin et définitivement. Il a trouvé la solution à sa connexion. Si ce n’est pas un petit miracle ça aussi ! Pas de crise, pas d’énervement, pas de jugement, de la patience, le désir d’être ensemble, de prendre sa place dans l’équipe et le miracle arrive.Il y a de quoi être émerveillé.Pourtant, c’était mal parti !
Et si l’on y regarde de près, de très près, d’encore plus près, qu’est-ce qu’on découvre dans ces petits
miracles successifs qui ont éclos en chacune des personnes présentes ?
Rien d’autre que de la foi et de l’amour qui entraînent chacun vers une envie, une aspiration
à une autre vie, une autre dimension de nous-mêmes, un vrai partage.
Le RIS c’est aussi tout ça !Et pourtant, c’était mal parti !
Annie Bauer
Témoignages des groupes{Suite}
Rendez-vous avec... la fête
Zut ! Samedi, j’ai rendez-vous RIS toute la journée ! Impression que l’horizon se bouche soudainement : j’ai tellement besoin des week-ends pour décompresser !
Très vite pourtant, mes fantômes s’évanouissent en regard de l’expérience vécue durant toute cette année. Certes, mon petit ego aime se sentir libre de tout engagement, il a peur des gens, des rassemblements, des connivences dont il se sent souvent exclu. Mais voilà, depuis plusieurs mois, il a pris part à une aventure qui s’est révélée riche et enthousiasmante. Après quelques réunions dans les salons des uns et des autres, à nous essayer aux dialogues en vérité, à lister les biens à partager, les services à rendre, surprise ! Brigitte, vivant seule et passionnée d’agriculture biodynamique, nous propose de faire l’expérience d’un potager, sur une parcelle qu’elle se réjouit de nous céder. Nos rencontres se font désormais chez elle. Après nos échanges « RIS », Brigitte se joint à nous, se fait pédagogue, nous parle amoureusement de la terre qui a besoin d’être nourrie, nous invite à la « dynamiser », à semer les légumes qui nous font envie, à ramasser au bon moment et à manger, sans plus attendre, les fruits de nos récoltes. Ne pavanons pas : notre potager en ferait sourire plus d’un ! À 40 kilomètres de nos lieux d’habitation à tous, il nous faut avouer que nous l’entretenons trop peu. Qu’importe ! Petit à petit, nous réapprivoisons des gestes oubliés, avec davantage de conscience et d’amour pour notre terre nourricière.
Que me reste-t-il des journées comme celle qui m’attend ? Au plaisir d’œuvrer autour de projets communs, à la satisfaction de pouvoir apporter de l’aide à notre hôtesse, lorsqu’un groupe s’avère bien plus efficace qu’une femme seule, s’ajoutent les délices d’une complicité toujours plus grande entre nous, la saveur de réjouissances toutes simples,
d’un lunch improvisé dans le joyeux bordel d’une auberge espagnole, des petits sacs de haricots et de pommes de terre que l’on remporte tout fiers à la maison.
Bien sûr, pour nous imprégner totalement de l’esprit du « RIS », notre groupe va devoir faire un pas de plus, en s’engageant auprès des plus démunis. Cette nouvelle aventure, qui prend du temps, ne manquera pas de titiller mon petit « moi ». Mais je pressens que, là aussi, derrière mes peurs, la fête est au rendez-vous, si j’accepte de m’y risquer.
Plus que trois nuits avant la prochaine réunion « RIS » !
Dominique Hubert
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«De la foi et de l'amour qui entraînent chacun à une autre dimension de nous-
mêmes»
«Derrière mes peurs, la fête est au rendez-vous si j'accepte de m'y risquer»
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Bricolage du 1er mai
Le groupe Ris d’Amnéville sait relever ses manches.
Le 1er mai dernier les amis du groupe d’Amnéville m’ont donné un coup de main sacré pour enlever du papier peint, reboucher, peindre, poser des baguettes dans ma salle à manger et dans ma cuisine.
Je n’y arrivais pas toute seule, je me sentais démunie : démarrer un chantier, c’était au-dessus de mes forces. Je ne savais ni quoi acheter ni quoi faire, ni comment commencer.Alors, j’ai osé demander de l’aide pendant la réunion. C’était un vrai dépassement pour moi qui ai si peur de dévoiler mes faiblesses et mes manques.
Ils sont venus comme une armée d’anges : Annie, Essan, Christian, Jean-Luc, Jérôme avec sa fille. D’abord Jérôme avait organisé le chantier. Première visite, choix des priorités, des achats à faire. Puis les rôles ont vite été distribués. Chacun a reçu sa tâche, simple, facile, joyeuse. Les outils étaient prêts, le matériel disposé.
au semis d’automne, une destination agrément et potager.
Moi, toute joyeuse, je les vois arriver, ces petits elfes de la besogne, et c’est qu’ils ne tardent pas à s’y mettre, les courageux !Il fait beau, la vie est belle, les hommes sont à retourner la terre, les femmes à désherber entre les pavés.Puis une idée germe : « Ces mottes d’herbe, c’est lourd à débarrasser : on va lui faire un compost ! » Puis : « On va le lui faire beau, poétique, en arc de cercle… » Merci, les amis, j’ai aujourd’hui le plus artistique et plein d’amour compost du monde.
La journée est rythmée de pauses pour se désaltérer, se restaurer, se faire des massages…Puis, une partie de cartes endiablée, le « uno » où pénalités et injures fusent de toutes parts, nous remet les pieds dans l’ego. Diable de vie !
Quelques témoignages font suite à la journée.
Nous avons tous accepté de donner de notre bonne humeur, de notre simplicité pour nous engager dans une nouvelle expérience où il fallait un peu se motiver pour trouver du courage
Nous avons aussi donné du temps, et de l’argent pour les dépenses de la journée : l’essence ou la nourriture.
On a travaillé par étapes, et en musique, tout en prenant du bon temps pour boire, discuter, rire, se restaurer tranquillement d’un bon couscous à midi.
Témoignages des groupes{Suite}
Samedi au jardin : coup de main
C’est samedi matin 5 septembre. Ca commence à sonner chez moi, dans ma petite maison de Montigny-lès-Metz, en Lorraine. Les téléphones s’impatientent. « On va bientôt partir… Ah, on part… Eh, on arrive… Dis donc, on est là ! »
Les Alsaciens du groupe Jardin RIS de Strasbourg débarquent en Lorraine avec bêche, pioche, râteau, sécateurs, tronçonneuse… L’objectif : toiletter chez moi un bout de jardin un peu désenchanté pour lui redonner une âme toute propre et relookée , une aptitude
Maryse parle de ses gains intérieurs : « J’y trouve la naissance de projets communs, d’idées nouvelles de partages Ris au-delà du groupe initial. Je vois que je n’en ai pas fait de trop, j’ai su faire le juste. »Jean-Claude ajoute : « J’y ai
gagné un sentiment d’utilité, J’ai été reconnu en tant qu’être humain apprécié des autres. J’ai vécu ce temps comme une journée de bien-être, de calme et de bonheur. » Pascal lui aussi se réjouit de ce
qu’il a découvert et reçu : « J’ai gagné à être utile, à partager mon amour et mon savoir pour le règne végétal. J’ai vécu et créé des instants concrets. Mon dépassement a été d’être à ma place juste. »
Merci la vie : j’ai pu me tourner vers le vivant, j’ai expérimenté que je suis aimée et que peu à peu des projets nouveaux et des nouvelles rencontres me rejoignent et font sourire ma vie.
Martine Kochert
Témoignages des groupes{Suite}
Christian a été génial pour poncer et peindre la porte et pour nous faire des massages.
J’ai gagné à cela d’oser demander de l’aide, de vivre une journée conviviale, très agréable, de ressentir l’amitié de tous ces gens merveilleux.Le lendemain, Thomas mon fils m’a dit : « Allez, je termine avec toi le chantier ! ». Un moment qui nous a rapprochés.
Martine Kochert
tourner nos garde-robes, changé de vêtements sans dépenser d’argent. Nous nous sommes
d’abord beaucoup amusées, nous avons fait des défilés qui étaient autant d’occasions de rire de bon cœur ... Et puis au fil des mois l’expérience a gagné en profondeur, chacune apportait un vêtement pour l’autre, en disant « j’ai pensé à toi, je suis sure que cela t’ira bien ». Ainsi, certaines femmes ont
Troc de féminité
Corinne Ferrer, jeune femme coquette soucieuse de toujours rester féminine a profité de ce talent de savoir s’habiller avec goût pour le partager avec son groupe RIS à Vienne. Ce groupe a donc pris une spécificité « troc de féminité ». Cette expérience qui au départ se voulait un simple partage de vêtements, s’est transformée en une expérience tournée vers l’autre où la beauté de l’autre devient la préoccupation de chacun. Elle nous confie : L’idée de départ, consistait à venir à chaque réunion avec des vêtements, chaussures, accessoires que nous avions dans notre armoire et que nous n’utilisions plus. Le principe était de donner ou de prêter, chacune se sentait libre. Ainsi nous avons fait
osé des vêtements différents ou certains accessoires. Fortes du regard d’amour du groupe, certaines femmes ont tenté plus de féminité sans que ça ne leur coûte rien. Nous étions contentes d’amener des vêtements en ayant ce souci de savoir qui il embellirait. Malgré la crise financière que j’ai traversée cette année, j’ai pu porter des nouveaux effets grâce à la solidarité et au regard bienveillant de celles qui ont vécu ces moments avec moi. Il m’en reste le goût d’un véritable partage, de féminité bien sûr, mais surtout de généreuses attentions des unes envers les autres.
Maryline Hubaud
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Témoignages des groupes{Suite}
Témoignages des groupes{Suite}
Quand l’Alsace cultive son potager
Depuis cet automne dernier, une aventure légumière réunit six protagonistes : Marie-José, Hélène, Marie-Laure, Saraï, Pascal, Jean-Claude, autour de la création et de l’entretien d’un jardin solidaire.
Cela a commencé en septembre 2008. Lors d’une réunion Ris à Strasbourg, une proposition est faite : celle de partager un jardin. Qui est intéressé par ce projet ? Six personnes du groupe adoptent ce choix, tandis que les autres préfèrent le bricolage.Pour le lieu : Marie-José et Jean-Claude proposent leur terrain, à Strasbourg sud. Pour le projet : ils optent pour une expérience relativement modeste, afin d’essayer une nouvelle aventure qui reste néanmoins légère.Et les voilà occupés dès la première rencontre à retourner un carré de pelouse. La séance suivante, ils préparent la terre en ajoutant du compost et déjà ils s’émerveillent : « Nous aurons notre jardin collectif ! »
Très vite, ils se réunissent pour définir les cultures, la façon de travailler. Dans le jardin, on plantera : concombres, tomates, salades, courgettes, carottes, poireaux, potimarrons, haricots et des œillets d’Inde comme fleurs curatives car elles attirent les insectes.Après les semis, les repiquages, il faut s’organiser pour désherber, pour arroser. Un système de tours se
met en place, on s’inscrit chacun son jour et si on ne peut pas, on trouve un remplaçant. Si les habitants ne sont pas dans la maison, ce n’est pas un problème, c’est ouvert, on connaît et on sait se débrouiller. Si les habitants sont là, raison de plus pour passer un bon moment après l’arrosage, échanger des trucs et des astuces, parler de tout. Moments d’échanges super sympas.
Bien sûr, ce n’est pas toujours simple, ceux qui habitent loin râlent quelquefois. Il va falloir trouver des modalités, parce que dépenser 20 kms d’essence pour donner un tour d’arrosage, ça fait cher la salade au bout du compte… Il va falloir adapter des modalités, calculer ce qui se gagne dans ce qui se perd apparemment… Par exemple, Pascal cultive de son côté, dans son jardin privé à Brumath une partie RIS : haricots, radis, blettes.
Jean-Claude, qui habite sur le terrain confie ses interpellations : « Souvent les participants viennent quand ils ont le temps, et pas en fonction des besoins du jardin. C’est donc moi qui assume le quotidien. Dans ces moments-là, je ne sens pas l’implication des autres. »
Juin-Juillet : c’est la période des récoltes. Nos jardiniers apportent des salades pour partager après
les assises. Ils organisent une Soirée du Jardin pour désherber et célébrer ensemble la concrétisation de leur projet. Cette soirée est un
moment convivial mais aussi crée une prise de conscience :
« Quand j’allais dans le jardin les derniers temps, dit Jean-Claude, j’avais le sentiment que j’aurais pu le faire seul, sans le RIS. Mais jeudi soir, je n’étais plus dans la dynamique d’enlever les mauvaises herbes. Après le passage du groupe, j’ai vu que je n’aurais
jamais pu faire ça tout seul. Vraiment je ne l’aurais pas fait. C’est une prise de conscience forte de l’importance de chacun des êtres du groupe ».
Car le groupe Jardin est en priorité une occasion de partage, autour du travail, des récoltes, mais aussi des idées, des ressentis. Une occasion de grandir en humanité.« Moi aussi, dit Marie-José, mon goût commençait à faiblir. Mais quand j’ai vu les places vides faites par le désherbage, ça m’a donné envie de continuer à semer des navets, des radis… » L’année dernière, elle avait ressenti une certaine contrainte à faire son jardin seule. Cette année, elle y va avec joie, quelquefois rien que pour le contempler.
« Finalement, ajoute Pascal, par cette activité, on découvre le vrai respect des autres, on comprend que chacun a sa vraie place dans le groupe. »
Maryse a été invitée à cette soirée exceptionnelle en tant que responsable de groupe RIS : « Ce n’est pas courant comme soirée et c’est super, J’ai donné un coup de main au jardin, puis on a fait la cueillette officielle des courgettes, chacun la sienne, et même celles réservées pour les absents ! J’ai vraiment bien aimé cette invitation et je l’ai prise comme un HONNEUR ! »
Finalement ce qui ressort, c’est la joie de cultiver la terre ensemble, de remercier pour ce qu’elle nous donne, On ne met rien au congélateur, on consomme ce qui vient au fur et à mesure, ce que laissent les limaces ! Elles sont coriaces, ces bestioles, même si elles paraissent mollasses, et prolifèrent avec les pluies. Jean-Claude les noie dans de la bière dont elles raffolent. «Dommage pour la bière perdue», regrette-t-il un peu.
Hélène, philosophe, pense qu’on pourrait apprendre à aimer les limaces. Quelle serait sa recette : en gratin, en soupe, ou limace les yeux dans les yeux ? Non, peut-être veut-elle dire : aimer que la vie mette sur notre chemin des êtres, des événements qui pimentent l’aventure, et nous disent que sur notre planète, après tout, nous ne sommes pas les seuls à exister et à devoir nous nourrir. Une occasion de plus d’ouvrir nos yeux sur la nature, de l’approcher peu à peu.
Martine Kochert
«Une occasion de grandir en humanité»
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Du bon usage de la crise La «RIS-attitude»
Du bon usage de la crise La «RIS-attitude»
{Suite}
valait mieux utiliser le savon que certains gels qui demandent un rinçage sans fin.
Alors, aujourd’hui, en me souvenant de Haïti, de ce pays où, bien que vivant dans des conditions si sommaires, j’ai appris à avoir l’âme en paix, j’utilise juste l’eau qui m’est nécessaire, à la douche ou même au lavabo, parce que pour moi, à chaque fois cela prend vraiment tout son sens. Nadine Tribout
Une rivière asséchée
Port au Prince
comme cadeau ? » Et je suis sûre de recevoir à chaque fois quelque chose de beau.
Valérie Robert
Deux petites attitudes RIS ont récemment fait sourire ma vie
C’est à 500m de chez moi qu’habite une petite dame de 84 ans. Je la voyais passer de temps en temps dans le quartier avec son chien. Et puis, plus personne. Où avait-elle disparu ?
Cela faisait bien plusieurs mois que je n’avais pas eu l’occasion de lui parler. L’autre jour en passant devant chez elle pour la Nième fois, un pincement au cœur m’a saisie : « Tu n’as même plus le temps de rencontrer les gens de ta rue ! » m’a dit une petite voix intérieure. Alors, avec Léa ma fille, nous décidons d’aller lui rendre une petite visite. On sonne. Super contente de nous voir, la dame nous offre du café, des bonbons. Oui, son chien est mort, elle n’a plus de compagnon pour faire le tour du quartier. Je lui propose de lui faire de temps en temps une petite course. Elle accepte, enthousiaste. On se quitte comme ça en se faisant la bise : « Moi, c’est Gilberte, dit-elle et vous ? » Maintenant quand je passe devant chez elle en partant aux courses, je m’arrête pour lui demander si elle a besoin de quelque chose. Un service se met en place tout simplement. Ca me coûtait d’aller vers elle et maintenant, c’est une joie.
Le cadeau
Chez nous, on a fait un jardin et dans un coin on a créé un compost. C’est bien ! Mais depuis quelque temps, je rentre le soir fatiguée. Tout est à faire : rangements, s’occuper des enfants, repas, etc… Et ça me coûte de ressortir, de remettre chaussures, pull, pour aller déposer les épluchures sur le compost. C’est tellement plus facile de les vider dans la poubelle ! Alors depuis quelques jours j’ai décidé de vivre l’instant conscient en sortant mes épluchures. Et à chaque fois, j’ai un cadeau. Tenez, avant-hier j’ai vu au fond de mon jardin trois chevreuils de tout près, juste devant moi. Merci la vie ! Chaque jour je peux me demander : « Que vais-je avoir aujourd’hui
Une autre douche
J’ai un temps pratiqué la « toilette au lavabo », en alternance avec la douche, pour me tester à ce geste de solidarité. Mais à chaque fois, je le vivais plutôt comme une restriction que comme un jeu qui m’amènerait à plus de conscience : une fois de plus, je n’avais pu m’empêcher de transformer une proposition de pratique visant à apprendre le partage fraternel, en ordre venu d’en haut, et ça rechignait au-dedans !
Un jour, parce que je n’arrivais pas à sortir de mon magma matinal et que j’avais besoin de frotter mon corps pour le réveiller, j’ai opté pour la douche… Tant pis pour la consigne !
Et là… je me suis souvenue de la douche que je prenais le soir, lorsque j’étais dans la mission de Mère Teresa, en Haïti. Là-bas, dans une salle de bain sans lumière, j’activais ma lampe-dynamo pour y voir un peu clair et repérer les blattes. De la pomme de la douche sortait un minuscule filet d’eau – non potable – et je me débrouillais avec ça. Il faisait chaud, et la douche c’était bon… mais je respectais cette eau si précieuse et n’en prenais que le strict nécessaire. J’en étais d’ailleurs tout naturellement venue à la toilette au lavabo, tant le filet d’eau était mince...En revivant ce souvenir si fort ce matin là, chez moi, j’ai compris que ce jeu qui nous était proposé n’était en rien une contrainte mais une invitation à partager ce que d’autres vivent à l’autre bout du monde - ou peut-être même souvent tout près de chez nous - et j’ai eu envie de m’essayer à utiliser le moins d’eau possible. C’est cela qui m’a permis de découvrir, ce que je n’avais pas compris jusque là, que ma nouvelle chaudière me permettait de tirer de l’eau chaude sans ouvrir le robinet à fond. J’ai aussi découvert que si l’on voulait épargner l’eau, il
Récupération d’eau de pluie et pratique sportive
Voici un peu plus d’un an, afin de recueillir l’eau de pluie, nous avons raccordé, à la gouttière de notre maison, deux cuves en plastique, d’un mètre cube chacune. Ces containers, achetés en seconde main, ont déjà été remplis plusieurs fois et utilisés pour le jardin. Auparavant, notre arrosage se faisait uniquement par le réseau payant mais, grâce à l’installation de nos cuves et à la gratuité de l’eau, nous avons pu doubler la surface de notre potager et de nos massifs floraux, un vrai régal pour la table et pour les yeux ! Notre choix de légumes et la variété de nos fleurs se sont multipliés et, avec l’arrosage et le jardinage, nous y avons gagné de surcroît… la pratique d’un exercice physique régulier et tellement sain !
Monique Delavaud
Le saviez-vous ?
Aux toilettes,vous pouvez économiser au moins 10 000 litres d’eau par an par personne, en interrompant la chasse dès que le papier a disparu dans les tuyaux. La chose est réalisable sur les WC à poussoir modulable ou à double poussoir, sachant que, sur ces derniers, il faut jouer avec le pouce et l’index pour faire cesser le flux. Plutôt que de gaspiller les huit litres d’une chasse habituelle, il est donc possible de n’en utiliser que trois et voire deux. Faites le calcul !
Economie d'eau
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Interview : Luc Simonet
Luc Simonet est un avocat de 55 ans. En octobre 2005, il crée la Ligue des Optimistes du Royaume de Belgique, à l’occasion du 175e anniversaire de
l’indépendance de son pays et, en novembre 2008, il cède son mandat belge pour devenir président d’ « Optimistes sans frontière ».
Quels sont les objectifs de la Ligue des Optimistes ?
Nous avons pour but de promouvoir l’évolution des mentalités vers davantage d’optimisme, et de renforcer l’enthousiasme, la bonne humeur et la pensée positive, la tolérance, l’audace et l’esprit d’entreprise, la fraternité, ainsi que l’entente des citoyens et des communautés.Nous sommes chacun responsables de notre propre bonheur, comme nous sommes responsables de notre propre malheur.
Que pensez-vous de la crise?
De plus en plus, les gens se rendent compte qu’il s’agit d’une véritable révolution. Il va falloir vivre autrement, sans doute avec moins de matériel et probablement un peu plus de spirituel. Je pense qu’il était temps que cette crise se manifeste car nous commencions à vivre comme des fous. Si le reste du monde avait suivi notre modèle, ce serait la catastrophe totale, l’Occident étant assez gaspilleur. Je tenais ce discours bien avant la crise, en 2006.
On nous a enseigné à vivre dans la peur. On nous a parlé de la survie du plus fort, de la victoire du plus puissant et du succès du plus habile. On parle rarement de la gloire du plus aimant.
Comment pourriez-vous dédramatiser le fait que beaucoup de gens perdent leur travail à cause de la crise financière ? Quels conseils pourrait-on leur donner ?
Chacun est responsable de son propre bonheur. Le droit au travail, ça n’existe pas. Car si quelqu’un a le droit au travail, ça veut dire que quelqu’un d’autre a l’obligation de lui en donner, ce qui n’a pas de sens. Quand on vit en société, chacun est respnsable à son
niveau individuel. Tout en s’exprimant avec tout le respect légitime face à la douleur, je pense que l’on peut dire aux gens qui ont perdu leur travail :
« Ne pourriez-vous pas trouver une solution en étant indépendants plutôt que de chercher du côté des contrats d’emploi ? »
Cette perte d’emploi peut donc, selon vous, devenir une certaine opportunité pour leur avenir ?
La réponse dépend des personnes. En effet, beaucoup de gens sont trop habitués à la sécurité et doivent apprendre à sortir des zones de confort. En acceptant ce risque, il est possible de devenir beaucoup plus aventurier et d’avoir une vie plus belle que lorsqu’on exige le confort auquel on était habitué. Dans la vie on ne sait jamais ce qui est un malheur ou un bonheur, car un malheur peut amener du bonheur. Il faut surtout que les gens ne perdent pas espoir et qu’ils apprennent à courir beaucoup plus de risques.
L’article qui suit et l’affiche ci-contre sont issus de revues réalisées par des élèves de terminale dans le cadre de leur cours de religion sur le thème de La Crise. (Belgique)
Que devons-nous faire, nous les jeunes qui n’avons pas encore de travail ?
Ne croyez pas que c’est la première fois qu’il y a une crise et ce ne sera pas la dernière. Nous connaissons des ajustements tout à fait normaux mais ce n’est pas pour ça qu’il n’y a plus de travail nulle part. Et si les entreprises ne vous offrent pas de boulot, vous créerez vous-même la vôtre. Vous devrez être beaucoup plus créatifs pour trouver de nouvelles formules. On va devoir s’accommoder d’une situation où les gens ne vont plus «recevoir la becquée» . Il faut arrêter ce système où tout le monde considère qu’il a des droits car il n’y a pas beaucoup de monde qui parle de ses devoirs. D’ailleurs quels sont les devoirs? Pour le découvrir, j’ai réuni un groupe de philosophes qui réfléchit à une Déclaration Universelle des Devoirs de l’Homme.
Depuis notre tendre enfance, on nous demande et nous nous demandons souvent quel sera notre boulot plus tard. Si nous n’en trouvons pas lorsque nous aurons fini nos études, comment ne pas nous sentir dévalorisés ?
Il faut trouver d’autres choses que l’avenir professionnel pour se valoriser. Les enfants devraient, par exemple, tous pouvoir entretenir un potager car celui qui en est capable a déjà la sécurité intérieure que jamais il ne mourra de faim. Il découvre la fierté de pouvoir contribuer aux charges de sa famille. Il apprend aussi à se nourrir correctement. Et il expérimente l’esprit d’entreprise ainsi que la discipline, car un potager nécessite des soins réguliers. Par ailleurs, il existe
de nombreux jeunes retraités qui s’ennuient et se sentent complètement dévalorisés. À ce sujet, il m’est venu une idée pour laquelle je suis en discussion avec le CPAS de la commune où j’habite : je voudrais trouver dix jeunes retraités issus d’une commune de Wallonie, de Flandre et de Bruxelles, leur apprendre à créer un potager pour qu’ils aient ensuite à charge de l’enseigner à des enfants, ce qui créerait une activité inter-générationnelle.
Quels conseils concrets pouvez-vous donner aux jeunes ?
Le conseil que je donnerais : « Prenez conscience de votre chance de vivre dans nos pays privilégiés et prenez la décision d’être optimistes à travers tout ! » Il y a une citation de Jean Dutour que j’aime bien: « Dans une situation désespérée, il n’y a qu’une
sagesse : c’est l’optimisme aveugle ». Il faut se dire que, de toute manière, on s’en sortira et donc prendre la décision d’être heureux. Je crois beaucoup à l’intelligence collective des hommes et je pense que le monde sera meilleur après qu’avant. Nous connaîtrons des périodes difficiles mais très passionnantes et ce sera pour un mieux. Indépendamment de la question de savoir si on aura autant de fric qu’avant. Mais ce n’est pas l’argent qui fait le bonheur.
Interview et affiche :Marie Mestdagh
Lien internet : http://www.liguedesoptimistes.be
http://optimistessansfrontieres.org/
Interview : Luc Simonet
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KKrriissiissC'est la crise ! Relativise.
Comprendre la crise actuelle :explications des causes
Interview exclusive de Luc Simonet
La crise, une chance ?
Économie ou écologie ?
Économie en baisse Solidarité en hausse
«On parle rarement de la gloire du plus aimant»
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Coin de lecture
les Créatifs Culturels en France (Ed. Yves Michel)
Créatifs culturels ? Qui sont donc ces personnes que l’on regroupe sous un même vocable ? Peut-être en faites-vous partie sans le savoir ? Pour vous en rendre compte, lisez ce qui suit…Ces “créateurs de nouvelles cultures” pourraient bien constituer la base de profonds changements économiques, politiques, sociaux et culturels de notre mode de vie occidental. N’apparaissant pas comme un groupe cohérent, isolé du reste de la société, il représente pourtant 17% des Français adultes, 17% de personnes qui ont choisi de penser globalement et d’agir localement autour de six pôles de valeurs communes : L’écologie et le développement durable qui englobent l’agriculture biologique, la consomm’action ainsi que les méthodes naturelles de santé.La promotion des valeurs féminines, comme la coopération, la solidarité et la non-violence. La primauté de l’être sur l’avoir et le paraître.Le développement personnel qui se décline en connaissance de soi, ouverture aux autres et à la dimension spirituelle de l’être. L’implication individuelle et solidaire dans la société, qui repose sur des actions locales.Le respect des autres cultures et de leurs différences.
C’est l’ouvrage des Américains, le sociologue Paul H. Ray et la psychologue Sherry Ruth Anderson, L’émergence des créatifs culturels qui a inspiré l’enquête réalisée en France par le Club de Budapest, publiée dans ce livre. L’objectif de l’étude n’est pas de définir un groupe de plus duquel certains seraient exclus, mais bien
d’inviter toute personne à participer à la prise de conscience de ce vaste mouvement. Personnellement, la lecture de cette étude m’a permis de me sentir moins seule face à mes petites actions qui m’apparaissent toujours comme « une goutte d’eau dans l’océan ». Force est de constater que les valeurs prônées par le RIS sont aussi véhiculées, du moins en partie, bien au-delà de nos groupes ! Ainsi, peut-être que les groupes RIS gagnerait à être mieux identifiés dans la société pour attirer un plus grand nombre ?
Céline Brazeau
Ils vivent l’avenirÀ leur manière, d’autres cherchent aussi...
Erwin Laszlo, fondateur du club de Budapest.
Philosophe des sciences, auteur et co-auteur de 47 livres, traduits en 20 langues. Fondateur et président du club de Budapest, Directeur du Groupe de Recherche sur l’Evolution Générale, Président de l’université des Economies et des Ethiques, Editeur du périodique international
« World Futures » (journal de l’évolution générale), Ervin Laszlo s’est vu attribuer de nombreux titres internationaux et a été nominé à 2 reprises pour le prix Nobel de la Paix en 2004 et en 2005.
Parmi ses ouvrages, on peut citer notamment Management évolutionniste , Aux racines de l’univers, les défis du 3e millénaire , Sciences et réalité ...Dans son dernier livre « sciences et champ akashique », l’auteur offre une vision nouvelle qui associe la science moderne et la sagesse des grandes traditions spirituelles.
Selon lui, le champ akashique contient la mémoire de l’univers, ce champ cosmique conserve et transmet l’information. L’univers n’est donc pas constitué uniquement de champ d’énergie, mais aussi d’informations du passé comme du futur. Erwin Laszlo parle désormais d’un champ énergétique informationnel ou champ virtuel (virtuel au sens où le nombre d’informations présentes dans ce champ ne sont pas réalisées) duquel surgit toute chose. Ce champ akashique serait une mine d’informations avec lesquelles l’homme devrait se relier sans cesse pour appréhender les solutions à son évolution.Pour en savoir plus, voici deux extraits d’une interview qu’Erwin Laszlo a donnée au magazine L’initiation.
Comment peut on rentrer en contact avec ces informations ?
EL Toute information peut traverser la distance et le temps en quelques instants, il suffit de s’ouvrir et de laisser l’information entrer. Mais pour cela, un certain état de conscience est nécessaire. Il y a différentes techniques pour cela, la méditation en est une. En Inde, on appelle« diksha » le pouvoir de communiquer à distance. C’est une technique, un moyen de pouvoir travailler avec le cerveau d’une façon quantique. Il faut savoir que notre cerveau a le pouvoir de créer en lui et autour de lui un champ magnétique qui lui permettra d’être beaucoup plus communicatif, intuitif et donc solidaire.
Beaucoup de gens sont touchés par les problèmes planétaires mais ils se sentent impuissants face à la force écrasante du système économique ; quelle serait la solution pour vous ?
EL : Je pense que nous devons cesser de vouloir lutter contre ce système qui, de toute façon, est voué à l’échec mais plutôt oser se lever et agir pour un autre monde. Il est temps de prendre conscience que le destin de notre Terre dépend de notre orientation et que nous avons les capacités d’interagir et de participer humainement à l’évolution technique et économique du monde en général. Il faudrait trouver un autre chemin qui soit en harmonie avec la sagesse omniprésente dans la nature. Mais cela exige une ouverture d’esprit, une évolution de la conscience qui est d’ailleurs en train de se produire grâce notamment aux créatifs culturels. Un sondage en Italie a révélé que 35% des adultes pratiquent déjà une manière de vivre créative (de même en Allemagne, en Hollande, en Norvège et au Japon) et que les hommes politiques et le monde des affaires ignorent ce mouvement. Il faut donc garder espoir et courage et continuer dans ce sens.
Photo et extraits : copyright Magazine L’Initiation Pour en savoir plus sur Le RIS, connectez-vous sur le site www.le-ris.org
"Affiche du Forum des créatifs culturels en Belgique"
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À leur manière, d’autres cherchent aussi...
Le club de Budapest
Comme à chaque parution, nous nous ouvrons sur d’autres initiatives, qui comme le RIS, tentent de rassembler des hommes et des femmes autour d’un partage d’actions cherchant à faire progresser l’homme, le monde à sa mesure. « C’est seulement en nous changeant nous même que nous changerons le monde », telle est la proposition à laquelle se consacre Le Club de Budapest. Association informelle internationale de personnes créatives dans différents domaines de l’art, la littérature, la spiritualité, les membres du club cherchent et utilisent leur créativité et leur spiritualité pour augmenter la conscience des problèmes globaux et des opportunités humaines. Ils font des propositions face aux turbulences de ce début de XXIe siècle. Au cours de réunions, de journées, ils partagent leurs recherches, transmettent le résultat de leurs expériences et mènent des actions globales tentant à impliquer tous les citoyens du monde.
Officiellement fondé en 1993, Le Club de Budapest se mit à entreprendre sa tâche en appelant les artistes, les écrivains, les hommes et les femmes des domaines spirituels à joindre leurs forces afin de répandre un nouvel éclairage sur les problèmes et les opportunités auxquelles se trouvent confrontée l’humanité d’aujourd’hui et dans un avenir proche. « Il y a quelque chose qui peut être fait, quelque chose que nous pourrions et devrions faire. C’est de prendre appui sur l’exemple d’Einstein qui a montré qu’on ne peut résoudre un problème avec le même mode de pensée que celui qui a généré ce problème ».Erwin Laszlo (président et fondateur du club de Budapest).Essayer de penser d’une façon nouvelle et efficace, arrêter de créer le monde de demain avec les mentalités d’hier, créer un monde nouveau plus humain et plus supportable, voilà l’enjeu du Club de Budapest.Pour cela, devant la crise financière, les problèmes écologiques, la croissance de la population mondiale, l’apogée pétrolière, l’épuisement des ressources...
Le club de Budapest parle d’un état d’urgence mondial qui affecte aujourd’hui toutes les personnes et toutes les sociétés. Face à ce constat, changer le rythme actuel s’impose.
La Déclaration du Club de Budapest, rédigée le 30 octobre 2008 par Erwin Laszlo et David Woolfson fait un état des lieux consternant de la situation globale et propose une voie à suivre pour gérer de façon créative le futur. Pour eux, la pensée étroite et court-termiste qui nous a menés à la situation globale actuelle ne peut être maintenue. Aucune « recette rapide » ou « technologie miracle » ne nous sauvera des conséquences des valeurs erronées et des actions du passé. C’est seulement en engageant l’esprit humain dans toute sa créativité et sa sagesse potentielle que l’on pourra donner naissance à de nouveaux modes de pensées et d’actions nécessaires. Nous devons reconsidérer radicalement notre vision du monde et restructurer nos systèmes tels que l’énergie, l’économie, la gouvernance, les transports, la nourriture, l’utilisation et la distributions des ressources...
Mais n’oublions pas que toute crise porte en elle une opportunité de changement et de transformation, et en effet Le Club de Budapest espère et croit à un mode de pensée et des outils différents pour accélérer l’émergence d’un monde nouveau pour échapper aux scénari les plus pessimistes, mais il faut agir maintenant. Il propose une alternative en lançant un appel pressant à tous les habitants de la planète afin qu’ils témoignent de l’état d’urgence mondial et de leur ferme intention de contribuer à mettre en place un changement significatif dans tous les secteurs de la société.
Maryline Hubaud
(renseignements sur ce manifeste « clubdebudapest.org »).