Post on 13-Sep-2018
Rapport de stage
I. Présentation de la maison d'édition
I. 1. Fiche technique
• Alma-éditeur Paris
• 9 rue Casimir Delavigne, 75006 Paris
• N° SIRET : 51912182600027
• S.A.S au capital de 50 000 €
• 5 employés
• Site internet : http://www.alma-editeur.fr
I. 2. Historique et politique éditoriale de la maison
Alma éditeur est une petite maison d'édition, qui a vu le jour très récemment, elle a
été créée en 2010 sur une idée de Jean Maurice de Montremy, puis Catherine Argand s'y est
associée. Cette maison d'édition se situe dans les anciens locaux de La Martinière. Avant
cela, Jean Maurice de Montremy a créé le supplément de La Croix puis il a été rédacteur en
chef de Lire et producteur à Radio France Internationale et à France Culture. Mais il est
également auteur de romans et d'essais, il a constitué la collection "Dieu, mythe & héros"
chez Larousse. Catherine Argand, elle, est diplômée de lettres et de journalisme, elle a
d'abord été reporter (RTL, La Croix) puis journaliste spécialisée et critique (Lire, France
Culture) avant d'entrer dans l'édition : elle dirige depuis sept ans une collection de littérature
étrangère aux éditions Rivages. C'est au sein de la rédaction du magazine Lire, il y a 30 ans
que Jean Maurice et Catherine se sont rencontrés. Leur décision de créer une maison
d'édition est le fruit d'une idée bien réfléchie, ils ont préalablement travaillé un an chez eux
afin de faire murir leur projet et de faire connaitre leur maison : ils ont pris contact avec des
journalistes de leur connaissance, ils ont établi un comité de conseillers littéraires afin de
trouver les futurs ouvrages et l'identité de leur maison. Leur première publication est un
roman : Nos cheveux blanchiront avec nos yeux de Thomas Vinau, en août 2011, cet auteur
est aujourd'hui l'auteur majeur de la maison.
1
Depuis 2011 ils ont réussi à se forger une identité et à établir une politique éditoriale
précise : ils veulent faire de la littérature, des essais historiques et de sciences humaines. Le
roman tient une place centrale dans le projet d'Alma. Dans leur collection "romans" ils ne
publient que des premiers romans, mais ils font, par contre, appel à des auteurs connus afin
de nourrir leur collection : "Pabloïd", (cf. infra p 7). Un de leur précepte est écrit ainsi sur
leur site : "l'art du récit donne sa couleur à la manière de voir le monde et de lire l'histoire
en train de se faire. L'écrivain participe de la vie politique, de la société, de tout ce qui
s'imagine, de tout ce qui fait image." Leurs essais ont déjà obtenu une certaine notoriété, ils
en ont publiés à peu près autant que des romans. Ce sont pour la plupart des essais
historiques, ils cherchent à apporter des nouveautés, une nouvelle vision de sujets qui ont
déjà été traités : il ne s’agit pas de republier ce qui c'est déjà fait ailleurs en France.
Étant une petite maison d'édition ils ne publient pas plus de 20 livres à l'année : ils en
ont publié 18 en 2012, 16 en 2013 et vont en publier à peu près 19 cette année. Ils ont par
ailleurs construit une filiale : A&M associés qui est une marque déposée, ils publient sous
cette marque des livres commerciaux, pour ce faire ils ne passent pas par interforum et ils ne
sont ni distributaires, ni commercial.
I. 3. Organisation de la maison
I-3-1. Organigramme
ÉDITEUR ÉDITRICE
Jean Maurice de Montrémy
ASSISTANTE D’EDITION
Catherine Argand Le jabiru
COMMUNICATION
Léa Arthémise Angélique Gautheron
2
I. 3. 2. Les acteurs d'Alma, rôles et fonctions
� Le service éditorial
Le service éditorial est géré par l'assistante d'édition : Léa Arthémise. Elle est
titulaire du Master 2 Etudes Internationales de la Sorbonne-Nouvelle, elle est spécialisée en
littérature et civilisation anglaise, elle a travaillé aux éditions Anne Carrière et chez LP
Conseils. Elle a été embauchée chez Alma après avoir effectué un stage auprès de l'ancienne
assistante d'édition Pauline Miel, qui est désormais au Seuil.
Jean Maurice et Catherine, en tant qu’éditeurs tiennent eux aussi une part importante dans le
service éditorial, ils participent aux choix des publications et s’impliquent activement dans
les corrections apportées aux manuscrits. Les corrections sont également faites par une
personne extérieure : M.Vandenbroucque, qui est le chef correcteur de chez Belfond. Alma
fait également appel à des aides de rewriting, quand la traduction faite d’une œuvre doit être
retravaillée.
Léa Arthémise s’occupe également de la gestion des cessions de droits, il n’y a pas de poste
précis réservé à cette partie de la vie quotidienne d’une maison d’édition. Les cessions de
droits, droits d’auteurs et comptabilité sont de son ressort en collaboration avec la comptable
: Suzanna Catalan. Cela représente un travail conséquent, en effet, de nombreux romans sont
passés en poche (chez Pocket, 10/18 et Points) et certains romans ont étés vendus à
l’étranger.
� Le service de communication
Les relations presses et librairies sont gérées par Angélique Gautheron. Elle est
titulaire du Master 2 « Métiers du livre et de l'édition » de l'Université de Bourgogne. Elle a
travaillé au sein de la rédaction du Journal de Saône-et-Loire avant de rejoindre l'équipe
d'Alma en tant que stagiaire au service éditorial, puis elle a pris le poste de l'ancienne
attachée de presse.
3
Elle assure la promotion des ouvrages, par l’envoi de services de presse dans tous les médias
et également le suivi des ouvrages, en vérifiant qu’ils soient parvenus à chacun, ainsi que
l’organisation de soirées de lancement en librairies, etc.
� Le comité de lecture
Le comité de lecture est composé de Catherine Argand, de Jean Maurice de
Montremy et de conseillers littéraires, qui sont également appelés : apporteurs d’ouvrages.
Ils se réunissent une fois par mois pour présenter et proposer des manuscrits, cela permet à
Alma de découvrir de nouveaux talents ainsi que des livres étrangers qui n’ont pas encore
été achetés par la France. On y retrouve entre autre : François Angelier qui est producteur et
chroniqueur chez France culture et Sean J.Rose qui est journaliste à Lire, Libération et
critique littéraire pour Livres Hebdo. Certains sont donc journalistes et reçoivent des
manuscrits directement ou par des connaissances. Ils sont également amenés à entendre
parler d’essais publiés à l’étranger à la radio ou dans d’autres médias. Si jamais leur
proposition donne lieu à une publication ils touchent 2% des ventes et leur nom est
mentionné dans l’ouvrage.
I. 4. La production : les collections et les auteurs
I. 4. 1. Les essais historiques et sociologiques
Une des collections majeures d’Alma est représentée par les
essais historiques ou sociologiques. Ils s’attachent à dépeindre la
société en tant qu’enjeu des idées, de la science politique et de
l’intervention sociale. Pour ce qui est des essais historiques, Alma
les lie à la littérature, en se rapprochant de la définition de l’histoire
donnée par Hérodote c’est à dire « l’enquête ». Alma donne sa
place au récit qui permet à l’enquête, à l’histoire immédiate et aux
expérimentations nouvelles de trouver leur voie. Ainsi pour réaliser
l’index d’un de leur livre à sortir en septembre 2014, Une France
arabe d’Ian Coller, ils ont pris un contact sur Marseille qui a dû chercher toutes les versions
4
françaises des archives citées et qui sont pour la plupart manuscrites. Leurs essais doivent
donner des faits nouveaux sur un sujet qui a pu être déjà traité par d’autres, ainsi ils ont
publié Le dossier secret de l’Affaire Dreyfus par Pierre Gervais, Pauline Peretz et Pierre
Stutin. Ce sont pour la plupart des rachats de livres étrangers, qui sont proposés par le
comité de lecture, lors des réunions.
Il en existe deux formats : soit le grand format comme Le rhinocéros d’or de
François-Xavier Fauvelle-Aymar ou encore La fabrique des monstres de Robert Bogdan,
soit un format plus classique avec la maquette des essais de chez Alma : la couverture est de
couleur avec une illustration, souvent emblématique (par exemple le
compas pour l’illustration de l’essai sociologique : Se blesser soi-
même de Baptiste Brossard ou encore le
boomerang de La stratégie du boomerang de
Rafael Chirbes), qui suggère le thème étudié. Le
titre lui, est toujours écrit en grande capitale afin
qu’il soit le plus lisible et identifiable possible.
Ils comportent pour la plupart des folios, ou
cahiers photos, seuls ceux dit : les « grands formats » comportent un
nombre important de photos, de ce fait le budget n’est pas le même.
Même si le souci de la qualité graphique est un point fondamental chez Alma, ils ne sont pas
le point principal de cette collection mais plutôt de celle dîte « hors collection1».
La meilleure vente reste pour l’instant celle du Rhinocéros d’or de
François Xavier Fauvelle-Aymar, qui vient d’être vendu à la Corée.
Aujourd’hui, Alma éditeur a su s’imposer au niveau des essais par l’évocation de sujets
inédits ou par un éclairage original de sujets déjà traités.
1 Cf. Infra p 9
5
I. 4. 2. Les romans
Avec leur collection de romans, Alma cherche à découvrir de nouveaux talents,
principalement français, et parfois étrangers. Ils sont à la recherche d’auteurs de premiers
romans afin de les fidéliser, mais ils n’excluent pas de permettre à des auteurs confirmés de
poursuivre leur œuvre dans un climat de confiance. « Alma veut offrir
au roman - et plus largement à la fiction - le temps qui parfois lui
manque cruellement : temps d’écrire, de lire, de rêver, se réjouir,
avancer, évoluer. » Ils sont à la recherche de romans à l’écriture
littéraire, poétique mais qui avant tout traitent de problèmes de fond
précis. Ainsi ils éditeront le premier livre de Laetitia Chazel, qui
publiera ensuite son deuxième roman chez Alma, Dégoût qui parle
d’un jeune avocat d’affaire, Bart, qui après un accident de moto se
trouve privé de son odorat, de son goût et de sa libido. Son second roman s’intitule Drôle de
genre.
Ils se plaisent à dire « nous recherchons des auteurs et non pas des livres ».
La maquette des romans est la même pour tous, seul la couleur change : la couverture
est blanche, le titre est écrit en grandes capitales noires et le nom de l’auteur en petites
capitales noires, ils sont séparés par un jabiru, oiseau
emblématique d’Alma d’une couleur particulière qui sera
reportée sur le logo Alma mais aussi à l’intérieur du livre, sur
les pages de garde ainsi que sur la tranche et rappelé sur le
plat 4. Pour certains ouvrages la maquette change et les livres
possèdent une jaquette illustrée, cela dépend du potentiel du
livre (si l’on veut le mettre en avant) et du budget attribué.
C’est ce qui a été fait avec le Marcus de Pierre Chazal, dont
les droits poche ont été achetés par les éditions Points, ce
livre fait partie des meilleures ventes de chez Alma. Son
deuxième roman 95 rue de Rennes, va paraitre à l’office de
septembre 2014.
6
L’auteur phare, de romans, chez Alma est Thomas Vinau qui publiera en septembre 2014
son cinquième roman chez Alma : la part des nuages. Son
premier roman Ici ça va, s’est vendu à plus de 7 000
exemplaires, ce qui à l’échelle d’Alma est considérable, puis
il a publié Nos cheveux blanchiront avec nos yeux, Bric à
Brac Hopperien (qui s’inscrit dans les hors collections) et
son recueil de poèmes : Juste après la pluie. C’était un pari
risqué pour Alma, mais Thomas Vinau se définit comme
poète plutôt que comme romancier et son public est
désormais, bien présent. II a participé, pour ce recueil, à l’émission de télévision « Dans quelle éta-gère 2 » sur
France2.
Comme j’ai pu l’évoquer, les manuscrits des romans arrivent chez Alma à la fois par la poste mais aussi par le biais du comité de lecture3 et ses apporteurs d’ouvrages, seuls deux
romans reçus par la poste ont été publiés depuis la création d’Alma 4 : Un Yankee à
Gamboma de Marius Nguié en avril 2014 et Cercles de Sylvain Matoré en mars 2014.
I. 4. 3. La collection Pabloïd
Dans la collection « Pabloïd » se rencontrent des auteurs libres d’improviser, dans le genre
et le style qui leur conviennent, à condition de relever le défi proposé par Picasso : dans La
tête d’Obsidiennes d’André Malraux, Picasso affirme que les thèmes fondamentaux de
l’auteur, qu’il nomme “emblèmes”, sont et seront toujours : la
naissance, la grossesse, la souffrance, le meurtre, le couple, la
révolte et peut-être le baiser.
Les auteurs peuvent, donc, s’illustrer dans le style qu’ils préfèrent
autour de ces thèmes. Après Belinda Cannone et son baiser,
François Bégaudeau et la grossesse, Geneviève Brisac, à son tour
2 3 cf.infra p 21 cf.supra p 4 4 Constatation qui sera développée dans mon mémoire.
7
pioche dans l’inventaire de Pablo Picasso et choisit d’écrire un roman sur la révolte.
Pour alimenter cette collection, Alma passe commande à des auteurs, la régularité des
publications est par contre, difficile à assurer car certains auteurs tardent à rendre leur
manuscrit, parfois même ils les envoient des années après. Ils viennent juste, par exemple,
de recevoir le manuscrit d’Alain Mabanckou (il a remporté en 2006 le prix Renaudot pour
son roman Mémoires de porc-épic), dont le contrat avait été signé en 2012, peu après la
création d’Alma.
La maquette des romans Pabloïd est la suivante : la couverture
est composée d’une illustration pleine page qu’ils commandent
à un de leurs illustrateurs. Sur le plat 4 figure le dessin d’un
Jabiru, spécialement dessiné pour illustrer le thème et l’histoire
présente dans les romans.
Avoir recours à des auteurs dont la notoriété est déjà établie devait être prometteur de ventes
pour Alma, seulement le succès n’est pas tel qu’ils l’avaient espéré. Même le Pabloïd écrit
par François Begaudeau, Au début, sur le thème de la grossesse n’a pas été un grand succès,
cet auteur fait, pourtant, de très bonnes ventes chez Verticales.
Dans la même veine, Alma a publié en janvier La fille surexposée de
Valentine Goby sur le thème de la révolte, seulement elle a publié, à
peu près en même temps chez Actes Sud son livre Kinderzimmer,
qui lui a valu le prix des libraires 2014. Alma n’a pas pu profiter de
cet élan et ce livre est quelque peu passé inaperçu auprès du public
de Valentine Goby, du moins les ventes ne sont pas à la hauteur des
espérances.
8
I. 4. 4. Les publications hors collections
« N’est-il pas nécessaire que ce que dit un homme fasse image dans l’esprit de celui qui
l’écoute ? »
Charles Perrault, à propos de ses Contes.
Les publications « hors collections » ne sont pas une collection à proprement dit ; elles
regroupent tous les ouvrages qui sortent de l’ordinaire et qui ne peuvent s’apparenter ni à un
roman ni à un essai. Il s’agit pour la plupart de livres illustrés. La qualité graphique est le
souci constant d’Alma qui publie chaque année un livre illustré (dessins, photographies, …)
« Car dire c’est voir et voir c’est aussi par d’autres moyens.» Lors de mon arrivée, cette
non-collection devait être renommée, redéfinie et repensée : il faut en définir une ligne
éditoriale et graphique, seulement les publications n’ont pas de lien entre elles.
Sous cette appellation sont regroupés sept ouvrages, tous
de formes différentes. Ainsi Alma a pu s’essayer à la
publication d’une BD dans un format innovant et inédit, il
s’agit de : Les aventures de Ralph et Wulfran de
Emmanuel Pierre et Pierre Le-Tan. C’est un beau livre
illustré, relié avec des reliures tissées toilées, Alma
croyait beaucoup en cet ouvrage et les corrections avaient
été longues afin qu’il soit le plus parfait possible, mais
celui-ci n’a pas eu le succès escompté, les ventes ont étés très faibles.
Cette non-collection a également permis à Alma de créer eux-
mêmes un livre de toute pièce : Où sortir à Paris ? Le guide du
soldat Allemand, cet ouvrage est constitué d’une sélection
d’articles publiés de 1940 à 1944, il fait la part belle aux
images : dessins, photographies et publicités qui rythment les
pages. La traduction a été faite par l’ancienne assistante
d’édition et sa mère, mais le projet, l’idée vient d’Alma
directement. Une chronologie en fin d’ouvrage présente les
9
événements qui se déroulent alors en France et à Paris. « Presque rien n’en transparait dans
ce guide d’un « Gross Paris » transformée en ville-musée et ville-loisir où l’occupant doit se
sentir chez lui. »
Récemment, en mars 2014, ils ont publié sous un tout nouveau
format, nouveau papier et couverture cartonnée : Le cantique de
Frère Soleil de Jacques Dalarun, qui avait déjà écrit un essai
historique chez Alma (Gouverner c’est servir en mars 2012). Ce
livre fait partie de ceux qui ont été les plus chers à fabriquer : 15 à
20 mille euros, l’accent a été mis sur le côté inédit des
iconographies choisies : il y en a une sur chaque page de gauche
(les droits appartiennent à des bibliothèques).
I. 5. La distribution et la diffusion
I. 5. 1. La distribution
La fabrication/distribution est gérée par une filiale d’Interforum : la Sogédif. Seulement
leur prix unitaire est parfois un peu excessif. Pour contrer cette difficulté, Alma fait appel
pour certains ouvrages à la société de packaging : Copyright. Contrairement à la Sogédif, ils
ne leur confient ni la correction, ni l’intégration des corrections, ces derniers ne jouent un
rôle que dans l’impression. Leur inconvénient majeur est le délai de rendu d’un BAT qui est
un peu trop court par moments (à peine quatre mois pour faire un livre).
Le nombre d’exemplaires, de tirage d’un livre dépend de l’auteur et de l’attente du public.
Par exemple le livre Ni cru ni cuit, paru en avril 2014 a été tiré à 4 000 exemplaires, ce qui
est un tirage très conséquent à l’échelle d’Alma. L’objectif était de ne pas avoir à faire de
tirages supplémentaires pour ne pas ajouter de surcoût.
Sur les livres qui leur sont livrés Alma garde toujours un exemplaire de modifications pour
repérer les coquilles en vue de fabrications supplémentaires.
10
I. 5. 2. La diffusion
La diffusion est assurée par Interforum et ses représentants dans la France entière. Ils
sont bien diffusés et pourtant ils sont peu visibles sur Paris et font de meilleures ventes en
Province. Ils avaient essayé d’organiser un déjeuner par semaine avec des libraires parisiens
pour la rentrée littéraire. Ils se divisent également les grandes régions et vont, parfois, eux-
mêmes démarcher les libraires, seulement cela leur demande beaucoup de temps et
d’investissement.
Les représentants d’Interforum ont accès à toutes les publications d’Alma par le biais des
réunions de représentants organisées dans leurs locaux à Ivry-sur-Seine. Chaque maison
d’édition présente son office à venir, c’est aussi un moment d’échange, où l’on peut
questionner les représentants sur un choix de titre, de couvertures, etc. Tous les diffuseurs
ont également accès aux publications d’Alma en ayant recours aux logiciels Yonix et
Electre : dès que l’on change une information quelconque, après la réunion, tous les
diffuseurs sont au courant.
Les mises en place en librairie ne sont pas énormes, cela dépend réellement du livre, pour le
roman Ocean Park de Ludovic Debeurme, qui est un auteur de BD, qui a pourtant un bon
public, la mise en place était de 1 100 exemplaires, le recueil de poèmes tant attendu de
Thomas Vinau, a eu une mise en place de 1 680 exemplaires, et pourtant les blogs en
parlaient déjà avant sa sortie. Les mises en place en librairie d’Alma peuvent paraitre faibles
mais elles sont à l’échelle des tirages et particulièrement des ventes. Pour un auteur encore
inconnu du public et dont il est difficile d’anticiper la notoriété, comme par exemple avec
Cercles de Sylvain Matoré, la mise en place a été de 515 exemplaires et le réassort de 22
seulement .
La maison participe également à la propre promotion de ses ouvrages dans tous les médias,
que ce soit dans la presse, à la radio ou dans les émissions de télévision, même si peu de
place est laissée aux maisons indépendantes, elles ont tout de même un soutien de la presse
conséquent.
11
II. Présentation du stage
II. 1. Conditions de travail
Mon stage s’est effectué du lundi 13 janvier 2014 au vendredi 11 avril 2014, soit une
durée totale de 3 mois. Mes horaires étaient les suivants : 9h30-13h/14h30-18h. Mon bureau
a dans un premier temps été celui de Jean Maurice de Montremy, qui a récupéré le bureau de
Catherine Argand pendant son congé maladie. Puis après de son retour, j’étais sur une table
face au bureau de Jean Maurice.
II. 2. Le service éditorial : les tâches effectuées
II. 2. 1. La gestion du service des manuscrits
Mon stage s’est centré autour de la gestion du service des manuscrits. Alma reçoit
beaucoup de manuscrits chaque jour, entre 5 et 10, mais étant une petite structure et ne
possédant pas de comité de lecture à proprement parlé, c’est le personnel en stage qui se voit
attribuer cette fonction. Lors de mon arrivée, beaucoup de retard avait été pris sur la gestion
des manuscrits, certains refus de janvier 2013 n’avaient pas encore été envoyés et les
manuscrits du mois de juillet 2013 n’étaient pas encore lus. En temps normal, leur temps de
réponse varie entre 4 et 10 mois. Par voie postale arrivent principalement des romans, les
essais leur parviennent par le biais du comité de
lecture. Les essais reçus par la poste ne répondent
généralement pas à leur critère car ils n’apportent pas
quelque chose de nouveaux et ne sont parfois pas écrit
par des professionnels.
Les manuscrits jonchaient l’étagère à mon arrivée.
12
Ma première tâche a donc été d’envoyer les refus des manuscrits qui avaient été lus
par l’équipe d’Alma, selon un modèle type de lettre, et de fixer des rendez-vous avec ceux
qui souhaitaient venir récupérer leur manuscrit. Mais j’ai aussi dû détruire les manuscrits qui
avaient été refusés il y a plus d’un mois et qui n’avaient pas été récupérés ou renvoyés aux
auteurs. Par manque de place, il est nécessaire de détruire les manuscrits qui ne sont pas
réclamés par leurs auteurs. Il s’agit de broyer le manuscrit, l’objectif étant de ne laisser
aucune coordonnée personnelle apparente mais aussi d’empêcher quiconque de s’approprier
l’œuvre d’un autre.
Puis, j’ai dû commencer à lire moi-même les manuscrits, dans un premier temps j’ai
trouvé cette tâche très fastidieuse et fatigante : lire toute la journée ne permet pas toujours de
rester dans un état de grande vigilance.
Mes premiers refus ont été durs à envoyer 5 , ma position, ce « pouvoir » me
dérangeait, car j’imagine ô combien cela représente un temps de travail pour l’auteur mais
aussi un rapport affectif certain avec son livre. Je ne savais pas comment lire un manuscrit :
devais-je le lire en entier, au risque de perdre du temps lorsque je savais par avance qu’il ne
correspondrait pas à la maison ? Devais-je le lire en diagonale au risque de ne pas saisir le
propos dans sa globalité ? Je ne savais comment procéder, et tout le monde semblait avoir
des avis divergents (Jean Maurice de Montremy semblait vouloir que je les lise dans leur
intégralité contrairement à ma tutrice de stage). J’ai alors pris le parti de lire au moins vingt
pages pour cerner l’histoire, les personnages et le style d’écriture de l’auteur. J’ai vite
compris que l’on se rend compte assez vite du potentiel d’un ouvrage. Toutefois, le poids
qui reposait sur mes épaules me semblait démesuré, du fait que mes refus n’étaient pas à
justifier. J’avais vraiment peur de passer à côté de quelque chose, donc dans un premier
temps je me suis forcée à aller au bout de certains manuscrits. De plus il est très difficile
d’appréhender l’identité d’une maison d’édition dans laquelle on est en stage depuis peu,
certains manuscrits pouvaient me plaire, me convaincre et pourtant ne pas leur convenir.
Certains, par contre étaient lus dans leur intégralité et je devais ensuite en parler au PDG : il
s’agissait de ceux qu’il recevait personnellement par tierce personne. Ils faisaient l’objet
Je développe ici le mode de faire que j’ai mis en pratique. Je me permettrai de le détailler dans mon bilan, car avec le recul, je pense que ces temps ont été pour moi très formateurs et l’essence d’une posture et réflexion professionnelle. Cette problématique est aussi à l’origine de mon travail de mémoire.
5
13
d’un compte rendu ; ainsi j’ai dû lire un manuscrit de quatre cents pages qui nous a été
confié par un auteur de la maison !
Puis petit à petit, j’ai réussi à m’organiser et à trouver quelle stratégie adopter. Il m’a
été plus aisé d’envoyer des refus de manuscrits que j’ai personnellement lu, car j’ai pu
atténuer les propos en me reposant sur des arguments concrets et tangibles, par exemple
lorsque la trame romanesque ne correspondait pas à Alma, ou à contrario le côté « déjanté »
de certaines œuvres (même si je pouvais être sensible à l’œuvre, je savais bien que les
patrons d’Alma ne seraient pas conquis), mais mes propos ont pu laisser transparaitre mon
engouement pour ces manuscrits et leur souhaiter le meilleur, car comme M. Flieder nous l’a
dit : « Tout bon écrivain, trouvera un éditeur ». Seulement, atténuer ses propos comporte
parfois quelques désavantages, ainsi certains auteurs m’ont renvoyé encore et encore leur
manuscrit corrigé. J’ai compris alors qu’il faut savoir être empathique et catégorique en
même temps. Mais cela m’a aussi parfois réservé de belles surprises ; beaucoup d’auteurs
m’ont remerciée d’avoir pris la peine de lire leur ouvrage et d’avoir répondu, car
certaines maisons ne répondent pas et laisse l’auteur dans une attente insoutenable. Une
réponse agréable, qui reconnaît les qualités d’un roman mais avec un refus argumenté leur
permet aussi de faire-valoir la reconnaissance que je leur ai accordée lors de l’envoi de leur
manuscrit à d’autres maisons.
Durant ces trois mois au service des manuscrits, malgré le nombre important
d’ouvrages que j’ai lus (environ 300), j’en ai apprécié quelques un mais je n’en ai retenu que
quatre à présenter aux PDG, j’étais persuadée pour au moins un, qu’ils l’apprécieraient.
Après l’avoir lu et avoir été enchantée par ma lecture je l’ai directement confié à Catherine
Argand pour qu’elle le lise. Nous en avons longuement discuté, j’étais consciente que le
manuscrit était à retravailler, que les personnages devaient être plus creusés et l’histoire plus
limpide mais l’écriture de cet auteur me semblait très prometteuse. Catherine m’a dit à mon
départ (cette lecture date de ma dernière semaine de stage) qu’elle allait prendre un rendez-
vous avec l’auteur pour discuter de son œuvre, sans pour autant lui garantir une publication.
Pour les trois autres romans j’ai rédigé une fiche de lecture avec les différents temps du
roman, ce qui me plaisait dans cet ouvrage et j’ai également dû y rajouter les points forts.
14
II. 2. 2. La correction des épreuves
Mes tâches ne se sont pas cantonnées à la gestion du service manuscrit, j’ai
également pu aider à plusieurs reprises l’assistante d’édition. Pour ce faire j’ai eu quelques
épreuves de livres à corriger.
J’ai travaillé sur la correction du livre : Ni cru ni cuit de Marie-
Claire Frédéric qui est paru le 24 avril 2014. Il a pour objet les
aliments fermentés de l’Antiquité à nos jours. J’ai dû procéder aux
corrections orthographiques de cet ouvrage, mais surtout vérifier que
les noms propres étaient écrits correctement et que les grandes
capitales étaient bien mises au bon endroit, cela ne m’a pas posé de
gros soucis car il est aisé de le vérifier sur internet en cas de doute,
mais je me suis aussi servie du cours de M. Weis, sur les capitales et les nombres qu’il nous
avait transmis. J’ai eu peur au début de cet exercice qui m’était proposé de mal faire, car il
s’agissait du premier travail éditorial qui m’était confié et qui serait donc déterminant
concernant mes capacités à travailler dans l’édition. J’ai intégré mes corrections au texte
maquetté : il faut mettre en rouge les corrections que l’on souhaite apporter et au crayon à
papier les commentaires ou éventuelles informations que l’on souhaite ajouter. Nous étions
trois personnes à corriger ce livre : le correcteur professionnel (Bruno Vandenbroucque, chef
correcteur de chez Belfond), Léa et moi même; cela permet d’avoir une correction totale de
l’œuvre car personne n’est infaillible, et il arrive que certaines fautes ne soient pas visibles
par certains mais que d’autres les repèrent. L’auteur a également 15 jours pour corriger son
œuvre et en donner une version définitive, il est nécessaire de mettre une dead line aux
auteurs car ils ne sont jamais pleinement satisfaits de leur texte. Le correcteur lui, possède
trois semaines pour corriger un texte, ses corrections sont très importantes et sont celles qui
priment sur toutes les autres, elles sont conséquentes : il traque la moindre virgule, le
moindre nom propre et la moindre abréviation. J’ai été très fière de moi, je l’avoue, car Léa
m’a dit que mes corrections étaient cohérentes, bien faites et que j’avais réussi à mettre le
doigt sur les défauts principaux : le livre présentait une abondance de virgule, il a fallu
supprimer celles qui étaient mal placées. Cela m’a confortée quant à mes capacités à exercer
ce métier et m’a fait prendre conscience que je n’avais pas eu assez confiance en moi, à tort,
et que je ne peux de toutes façons, à mon niveau prétendre tout savoir. Je débute, j’ai donc
15
encore de nombreuses choses à apprendre. Mes corrections ne peuvent être parfaites, mais
elles ont tout de même été appréciées et ont aidé, c’était l’effet escompté.
La relecture de quatrième de couverture m’a également été confiée afin de vérifier
qu’elle serait compréhensible pour une personne n’ayant pas lu le livre. Je devais, alors
transmettre à ma tutrice ce qui ne permettait pas de comprendre le propos principal du livre.
Je n’ai pas eu l’occasion d’en rédiger, car je n’ai pas participé à la correction de tous les
ouvrages et ce sont les PDG, eux-mêmes qui les rédigent. J’ai également dû avoir un œil,
comme toute l’équipe, sur les argumentaires commerciaux (rédigés également par les PDG)
afin de vérifier leur cohérence, et Catherine m’a questionnée quant à d’éventuels titres
possibles pour le nouveau roman de Thomas Vinau qui va sortir à l’office de septembre
2014. Il s’intitulera finalement la part des nuages.
II. 2. 3. Le pointage des copies
La suite logique de mon apprentissage du métier au service éditorial a été : le
pointage des copies, il s’agit de reporter sur un jeu d’épreuves vierges les corrections qui ont
été faites par le correcteur et le service éditorial. Il ne s’agit pas de reporter bêtement les
corrections, il faut vérifier qu’aucune autre faute n’est présente dans le texte, et que les
corrections faites correspondent. Il faut aussi par moment faire des choix : les deux
personnes qui ont corrigé le texte peuvent proposer deux mots différents pour en remplacer
un autre. Il faut aussi faire attention aux commentaires qui sont faits par le correcteur, il
pointe parfois de nombreuses répétitions et il a fallu que je prenne soin de changer certains
mots. C’est une tâche qui demande une certaine rigueur, je m’en suis bien « sortie ».
Le premier travail que j’ai effectué était le bon pour secondes du livre
Vandenbroucke ou l’échappée de Olivier Haralambon qui sera finalement intitulé versant
féroce de joie. J’ai dû reporter les corrections faites par Bruno Vandenbroucque
(l’homophonie entre le nom du correcteur et le titre m’a perturbée en premier lieu), le chef
correcteur, et celles de Catherine Argand. Ce fut un exercice très fastidieux car Catherine
n’avait pas travaillé sur le texte composé mais sur un fichier Word, j’ai donc dû naviguer
entre deux jeux d’épreuves paginées différemment. Cependant, ce fut un exercice très
enrichissant : voir les corrections faites par le correcteur professionnel m’a permis de repérer
16
les fautes qui sont quasi systématiques, je détaillerai ce que j’ai appris lors du bilan de mon stage6. Puis c’est moi qui ai procédé au pointage du bon pour tierces, ma tutrice trouvait cela
logique, étant donné que c’était moi qui avais donné le bon pour secondes. Les corrections
ont été reportées par un compositeur de la SOGEDIF. Lorsqu’ils passent par le packageur
Copyright c’est leur maquettiste qui s’occupe de la composition, mais cela n’étant pas son
métier, la prestation est loin d’être la même : les compositeurs professionnels ne corrigent
pas « bêtement », ils comprennent les corrections qui veulent être amenées. J’étais inquiète
car visiblement je m’étais parfois trompée : j’ai intégré des mots au texte mais en me
trompant d’endroit, mais le compositeur a compris mon erreur d’inattention et a tout mis à la
bonne place ! Il ne restait plus que quelques erreurs secondaires à rectifier sur les tierces.
Le travail de pointage le plus éprouvant que j’ai eu à faire était celui du bon pour
tierces de l’essai Une France arabe de Ian Coller. J’ai prêté une grande attention à l’index :
il fallait vérifier que tous les numéros des notes se suivaient correctement (ce qui était loin
d’être le cas) et idem pour les numéros des illustrations, certains numéros avaient sauté ou
étaient les mêmes, j’ai donc du vérifier les quelques 400 notes qui se trouvaient dans le
livre… J’ai aussi du veiller à ce que l’harmonisation des noms propres qui comportaient des
fautes ait bien été faite sur ce jeu d’épreuves, mais aussi toutes les corrections qui avaient été
faites par l’assistante d’édition. Cette dernière a eu un travail plus conséquent encore lors de
mon départ car elle s’est rendue compte que les textes qui accompagnaient les notes ne
correspondaient pas aux bons numéros, il a donc fallu tout vérifier. Le travail engagé sur ce
livre et le temps imparti n’ont pas permis sa réalisation dans les délais exigés, il ne sortira
pas en juin comme cela était prévu mais sera présenté pour l’office de septembre. Le travail
de pointage des copies semble parfois plus conséquent que le travail de correction pur et
simple.
Puis, j’ai dû vérifier les BAT « chromi » de ce même livre : il s’agit du rendu final,
composé avec les couleurs et le texte définitif, de la couverture (le plat 1) et la quatrième de
couverture (le plat 4), sur cet ouvrage j’ai aussi dû vérifier celui des illustrations : il faut
regarder si les couleurs des images ne paraissent pas aberrantes et si certaines doivent être foncées ou éclaircies7. Ce fut parfois un exercice un peu difficile pour moi, je n’avais par
6 7 Cf.infra p 26
CF. Annexes p 9
17
moment aucun commentaire à faire, je ne voyais aucune faute, aucune aberration sur la
quatrième de couverture, mais je pensais que si jamais je disais juste que tout me semblait
normal je passerais pour quelqu’un qui ne sait pas repérer les erreurs ou faire des
suggestions. J’ai su petit à petit prendre confiance en moi et affirmer que pour moi le texte
ne présentait aucune aberration et assumer le fait que certains passages au contraire était
bien trop flous et ne permettaient pas d’appréhender le texte correctement.
Une fois le livre corrigé, le BAT envoyé et le livre imprimé, il faut systématiquement en
envoyer un exemplaire à la Bibliothèque Nationale de France (BNF) pour procéder au dépôt
légal de l’ouvrage ; il s’agit de laisser une trace de l’existence du livre à la BNF.
II. 3. Le service communication : les tâches effectuées
Mon stage ne s’est pas déroulé uniquement au service éditorial, j’avais aussi des
missions à effectuer au sein du service de communication.
II. 3. 1. Les services de presse
Une fois le livre imprimé, sa promotion commence. Pour ce faire, l’auteur doit venir
effectuer ce qu’on appelle son service de presse : il vient dédicacer son livre avant l’envoi
auprès de différents médias ; il peut s’agir de journaux, de magazines, d’émissions de radios
ou de télévision. Puis un autre service de presse
est organisé pour les libraires ; ils reçoivent le
livre avant la sortie afin de pouvoir en rendre
compte ou de commencer à organiser des
évènements autour de celui-ci. On attend
impérativement que les livres soient bien arrivés
dans les locaux avant de bloquer une date pour
les services de presse. Une table dans la pièce de
la bibliothèque d’Alma est réservée à cet effet.
18
J’ai pu participer à l’organisation de ces services de presse, c’est-à-dire préparer les
enveloppes que l’on va mettre dans un livre, afin que la dédicace soit au nom du journaliste
ou du libraire directement.
Avec tout envoi de livres il est nécessaire de joindre également une plaquette des nouveautés à paraitre8, au cas où ils voudraient que nous leur envoyions un autre livre. Tous les livres ne
sont pas envoyés aux mêmes professionnels, cela dépend du domaine de compétence des
journalistes et de la thématique du livre à paraitre, par exemple avec le livre Ni cru ni cuit,
Alma a dû rechercher de nouveaux contacts dont les centres d’intérêt étaient l’alimentaire, le
culinaire. Nous verrons aussi que c’est ce qui m’a permis de démarcher des libraires pour la parution du Cantique de Frère Soleil de Jacques Dalarun9.
Les livres, une fois emballés et mis sous pli, une société de coursier vient les chercher
pour les distribuer. Alma faisait affaire au début de mon stage avec le Dissez, qui s’occupe
d’Éditis, du Seuil ou encore de la Martinière. Puis ils ont reçu un commercial de la société
Adar qui propose des prix plus attractifs et qui s’occupe maintenant du courrier de
Gallimard, Mercure de France, le Dilettante et qui est en pourparlers avec Flammarion. Ces
coursiers sont nécessaires pour l’envoi en grand nombre des services de communication,
pour tout ce qui est plaquettes de présentation, catalogues et services de presses, car cela
coute moins cher que de le réaliser avec La Poste.
Certains auteurs ne font pas appel au service communication de chez Alma, quand ils ont
les moyens de se financer un attaché de presse personnel, c’est le cas
de l’auteur Philippe Will qui a sorti son roman Mémoire Fauve le 17
avril 2014. Il possède donc l’aide d’un attaché de presse assez connu
dans le monde du livre : Gill Paris, qui représente plusieurs auteurs de
différentes maisons d’édition. Cet attaché de presse a lui-même rédigé
l’argumentaire de vente du livre, a organisé son service de presse
(tout de même dans leurs locaux) et s’occupe d’envoyer à Alma tous
les articles de presse qui parlent du livre. Cette méthode est
8 9 CF Annexes p 1-8
cf.infra p. 20
19
apparemment assez courante dans le milieu de l’édition.
II. 3. 2. Les relations presse et librairies
En plus des services de presse j’ai pu voir comment se présentait le logiciel de
l’Argus, qui récupère tous les articles qui sont parus dans la presse, ce logiciel reconnait
quand le nom d’Alma éditeur apparait dans les journaux et leur envoie par mail les scans des
articles. Ce logiciel est assez onéreux mais il est très pratique, cela serait trop chronophage
et moins efficace d’être à l’affut de la moindre parution dans la presse.
J’ai harmonisé les revues de presse de 2011 à 2013, tous les titres de journaux et les
dates devaient être au même format. La revue de presse est un fichier qui regroupe tous les
articles qui sont parus sur un ouvrage, on y trouve donc le nom du journal, la date et le
journaliste qui l’a rédigé. À partir des fichiers Word j’ai créé des fichiers PDF afin qu’on
puisse les envoyer au webmaster pour les mettre à disposition sur le site internet.
Une des tâches que j’ai effectuée et qui m’a le plus enthousiasmée a été le
démarchage des librairies. En mars 2014, Alma a sorti l’ouvrage Le cantique de Frère Soleil
de Jacques Dalarun, il s’agit d’un beau livre en lequel Alma croit beaucoup. Ils ont donc
décidé de mettre toutes les chances de leur côté pour le vendre et ont pensé qu’il serait
intéressant de contacter les librairies d’Abbayes. J’ai donc eu en charge de contacter les
librairies Siloé, celles gérées par la Procure, et d’autres dont l’auteur lui-même nous a donné
les contacts. Je me suis aidée de l’argumentaire pour contacter les différentes librairies.
Avec l’aide de Catherine, nous avions ciblé celles que nous devions appeler et celles à qui
nous allions envoyer un mail. j’étais un peu inquiète de ne pas savoir bien vendre le livre et
de desservir Alma plutôt que de les aider. J’ai petit à petit pris confiance en moi et j’ai même
appris que certaines librairies avaient par la suite contacté Interforum pour commander le
livre en question. Cela m’a permis de me rendre compte de mes capacités relationnelles et
commerciales. J’ai réussi à les convaincre en mettant en avant le fait que ce livre était
composé de très belles illustrations inédites. Cela m’a également fait prendre conscience que
la communication était un domaine de l’édition qui me plaisait beaucoup et qui je pense, est
en totale adéquation avec mon caractère, mon tempérament : j’aime échanger, j’ai plaisir à
convaincre et à participer à la défense de livres auxquels je crois.
20
II. 3. 3. Du salon du livre à l’enregistrement d’une émission en passant par des séances
dédicaces ...
J’ai pu découvrir le côté plus « sympathique » du service communication, qui est celui de
l’accompagnement d’auteurs lors d’émissions de télévision, la participation à des
évènements organisés comme des lancements en librairie ou encore la participation au salon
du livre…
Angélique, la responsable du service communication,
m’a proposé d’accompagner un auteur, Thomas Vinau
pour son livre Juste après la pluie, lors d’un
enregistrement pour l’émission Dans quelle éta-gère
présentée par Monique Atlan sur France 2, dans les
locaux de France Télévisions. Il a fallu au préalable
envoyer deux exemplaires de l’ouvrage à son assistante
Michèle Bajau. Cette expérience fut très enrichissante
et m’a permis de me rendre compte que cet aspect de l’édition était ce que je voulais faire
par la suite. J’ai beaucoup apprécié le contact privilégié que j’ai eu, alors, avec cet auteur. Le
paradoxe était drôle : c’était sa grande première en télévision, j’ai dû le rassurer sur ce qu’il
disait, sur l’image qu’il renvoyait, alors que c’était également ma première en tant
qu’accompagnatrice. Néanmoins ce fut un grand moment de partage et de discussions, j’ai
appris beaucoup en le rencontrant et il m’a fait comprendre que la relation qu’il entretenait
avec Alma était à ses yeux très importante, même s’il ne peut vivre de sa passion, Alma lui a
tout de même permis de réaliser son rêve. Cet échange a alimenté ma réflexion autour des
fondements de la relation auteur-éditeur.
[Si vous le souhaitez, vous trouverez la vidéo de son passage lors de l’émission à cette
adresse internet :
https://www.youtube.com/watch?v=ZOOkcW4Pnsc ]
J’ai également pu assister à une soirée de
lancement en librairie : La barbe d’Olympe de Gouges
écrit par Eli Flory, le 13 février 2014 à 19h30 à la
librairie « Les guetteurs de vent » à Paris. La vitrine
21
était décorée, de façon à mettre le livre à l’honneur, il se trouvait à côté de livres
« féministes » qui sont dans la même veine que celui-ci. Les libraires étaient très agréables
et ont tout fait pour que la soirée se passe le mieux possible, malgré l’étroitesse de leur
librairie, ils avaient mis une table réservée pour la dédicace d’Eli Flory, ils avaient prévu des
collations pour l’occasion. Il n’y a pas eu beaucoup de monde, mais cela a permis à certains
clients qui se trouvaient par hasard dans la librairie de découvrir le livre. L’auteure avait
aussi invité ses amis, les éditeurs avaient posté l’évènement sur le Facebook de la maison et
j’avais invité des collègues de formation. J’ai beaucoup apprécié le contact avec les libraires,
et l’auteure, une fois de plus j’ai pu être en relation avec des questionnements autour du
couple auteur/éditeur et de la place du libraire.
J’ai, également, participé au Salon du livre
de Paris en mars 2014 avec les éditions Alma.
C’était la première année qu’Alma avait son
propre stand. Habituellement ils étaient placés au sein du MOTif10 en Île-de-France, représenté
par la librairie Tschann 11 . Mais cette année
Alma a réservé un stand propre au sein du
Motif, où ils ont pu eux-mêmes vendre leurs
livres. Cela leur a permis de rencontrer directement leurs lecteurs et d’organiser des séances
de dédicaces : Valentine Goby (certains sont venus avec le livre qu’elle a publié chez Actes
Sud …) et François-Xavier Fauvelle-Aymar. Même si les ventes n’ont pas été très bonnes,
se faire voir est la meilleure des stratégies. J’ai trouvé, toutefois, que la place qui leur avait
été accordée n’était pas des mieux située. J’ai vraiment apprécié le contact avec le public,
pouvoir les conseiller dans leur lecture mais aussi partager avec eux leurs coups de cœur ou
même les livres qu’ils ont moins appréciés.
J’ai aussi pu assister à la réunion des représentants d’Interforum le lundi 17 février 2014
pour la rentrée de mai-juin 2014 de 17h45 à 18h15 à Ivry-sur-Seine, dans leurs locaux. Jean
Maurice de Montremy est venu avec Léa Athémise pour présenter les sorties : Une France
Le MOTif, observatoire du livre et de l’écrit en Ile-de-France, est un organisme associé de la Région Ile-de- France mis en place pour renforcer le lien entre les professions du livre et proposer des politiques publiques pertinentes, adaptées aux évolutions en cours. http://www.lemotif.fr/fr/ 11Tschann librairie. 125 boulevard du Montparnasse. 75 006 Paris.
10
22
arabe de Ian Coller (la date de parution a finalement été repoussée à septembre prochain) et
Versant féroce de joie de Olivier Haralambon. Il s’agit de présenter les publications, d’en
raconter le propos, de présenter l’auteur et de cibler le public visé afin que les représentants
sachent où ils peuvent le proposer et dans quelle catégorie. Il est intéressant de voir qu’il
s’agit aussi d’un moment d’échange où l’on peut discuter de choix éditoriaux comme d’un
titre ou d’une couverture, ce sont eux qui vendent le livre aux points de ventes, ils savent
quelles sont les attentes…
II. 3. 4. Gestion du site internet et du compte YouTube
Pendant mon stage, au-delà de la lecture des manuscrits, j’avais aussi comme mission
principale de m’occuper de mettre à jour le site internet d’Alma éditeur. Pour ce faire, j’étais
en lien avec le webmaster, qui travaille directement de chez lui : Thomas Lebrun. Ce fut un
travail très conséquent : tous les ouvrages n’apparaissaient pas encore sur le site et l’agenda
n’était pas à jour. Il a fallu que je procède à la création de fiches ouvrages, pour les années
2011 et 2012, sur des documents Word à partir des argumentaires commerciaux. J’ai dû faire
de même concernant les livres qui allaient paraitre en mars-avril 2014, pour les intégrer à la
rubrique : « à paraitre » du site internet. J’ai aussi dû, en lien avec Angélique au service
communication, mettre à jour de façon régulière l’agenda des rencontres sur le site : je
donnais les nouvelles dates à intégrer au webmaster et celles qui étaient à supprimer lorsque
l’évènement était passé. L’autre point essentiel a été de mettre à jour les fiches auteurs :
certains avaient publiés d’autres livres depuis la création de leur fiche, ou leur parcours
professionnel avait évolué, voire changé. Le travail le plus conséquent sur le site internet
s’est effectué en partenariat avec toute l’équipe d’Alma : il s’agissait de regarder le site dans
les moindres détails et de repérer ce qui n’allait pas, ce qui avait été mal ou pas intégré et de
repérer les coquilles. Le webmaster ne fait que du copier/coller mais parfois certains accents
sautent sur les majuscules et les titres ne sont pas harmonisés : pas la même police, pas la
même taille, pas la même couleur… Le site est maintenant à jour, mais des changements
réguliers sont à apporter : vérifier l’agenda des rencontres, rebasculer les livres qui étaient
« à paraitre » dans le catalogue une fois leur publication faite et les remplacer par ceux à
venir. C’est un travail qui peut paraitre insignifiant, mais qui est nécessaire et primordial
23
pour une maison d’édition : c’est le meilleur moyen de visibilité qui existe de nos jours,
mais il est, parfois difficile dans une petite équipe de trouver le temps de s’en occuper.
Je me suis, aussi occupée du compte YouTube d’Alma. Sur ce compte, Alma poste
des vidéos de quelques minutes où l’auteur répond à des questions afin de présenter son
œuvre. Les personnes en charge de l’interview sont le fils de Jean Maurice de Montremy et
son amie (ils travaillent dans l’audiovisuel), ils s’occupent aussi de photographier les auteurs
pour que nous puissions les intégrer au site internet. Je trouve que ce moyen de
communication est assez innovant, très peu de maisons d’édition possèdent un compte
YouTube, cela permet de voir les auteurs, de les entendre parler de leur livre, d’avoir le
sentiment d’établir un contact avec eux et je pense que pour les lecteurs c’est très agréable.
Je trouve que c’est une très bonne façon de procéder et cela traduit une certaine accessibilité
d’Alma et un esprit créatif.
II. 4. Les tâches effectuées en cession de droits
L’assistante d’édition étant aussi en charge du service juridique, des cessions de
droits, j’ai pu participer à quelques tâches dans ce domaine de compétence. Cela m’a
beaucoup plu car j’avais beaucoup apprécié l’enseignement de droit que j’avais suivi lors de
ma première année de licence.
Au cours de mon stage Alma éditeur a passé un contrat avec la Corée qui a acheté les
droits du Rhinocéros d’or, l’éditeur coréen a souhaité connaître le coût de rachat de
l’iconographie présente dans le livre, et en fonction du prix, quel geste commercial était
possible. Il y en a, en tout pour 1 077 euros, ce qui représente un budget trop important pour
l’éditeur Coréen mais nous ne pouvions pas faire de prix car la couverture, à elle seule,
représentait à peu près la moitié du prix. J’ai appris, à cette occasion, en créant un fichier
Word qui regroupe toutes les iconographies et leurs prix, qu’il fallait toujours mettre les prix
et plus généralement les factures en HT (Hors Taxes) plutôt qu’en TTC (Toutes Taxes
Comprises) car la TVA peut être amenée à changer.
Je me suis occupée de ranger les dossiers auteurs. Ils comportent les contrats, les cessions de
droits mais aussi les attestations des règlements de droits d’auteurs. J’ai dû extraire des
24
dossiers tout ce qui ne s’apparentait pas aux contrats, dans certains dossiers on pouvait
trouver toute la correspondance par mail qui avait été établie entre les éditeurs et l’auteur,
mais aussi des épreuves corrigées, des essais de couvertures… Cela devenait très compliqué
pour l’assistante d’édition de s’y retrouver lorsqu’elle cherchait ce qui avait déjà été réglé
ou non à l’auteur sur ses droits. Je ne peux pas dire que ce fut un exercice des plus
stimulants mais cela m’a intéressée tout de même car j’ai pu voir quel aspect a un contrat
d’auteur, comment il se remplit (certains paragraphes sont à barrer car ils ne correspondent
pas au contrat qu’on établit), et j’ai aussi observé les feuilles de règlement des droits
d’auteurs, les calculs des à valoir, j’ai appris qu’un auteur qui justement n’a pas dépassé son
à valoir ne touchera alors pas de droits cette année. Certes cela semble logique, mais je ne
m’étais jamais attardé sur cet aspect de l’édition. Je pense qu’il est nécessaire de connaître
des bases dans ce domaine pour travailler dans des petites maisons d’éditions, car il n’y a
pas toujours de service juridique ou de cessions de droits et je pourrai être amenée à le faire.
Il est toujours intéressant pour un futur professionnel d’acquérir une forme de polyvalence.
J’ai également cherché des modèles de contrat sur le site du SNE (Syndicat National
de l’Édition), car Alma devait faire un contrat de rewriting pour une personne qui a
retravaillé la traduction d’un ouvrage. La question était de savoir si dans ce cas précis la
personne devait être payée au nombre de feuillets ou selon un tarif forfaitaire. J’ai découvert
le site du SNE et je l’ai trouvé très pratique, on y trouve toutes sortes de modèles de
contrats : traduction, auteur, cession audiovisuel… Le contrat des apporteurs d’ouvrages
s’établit pour leur part, selon le modèle d’un contrat de directeur de collection.
Sur le site, cette fois du CNL (Centre National du Livre) j’ai téléchargé les
documents nécessaires à une demande d’aide financière à la fabrication et à la traduction.
Avec l’assistante d’édition, nous avons rempli toutes les informations nécessaires pour la
fabrication : prix de la couverture, des illustrations, etc. Cela m’a permis de mieux
comprendre les factures qui sont faites pour la fabrication d’un livre. Afin de remplir toutes
les catégories demandées, il faut également motiver sa demande de bourse par un courrier.
Puis j’ai dû les contacter de façon informelle afin de savoir où en étaient les notifications de
bourse, ils m’ont informée que la demande d’aide à la traduction avait été acceptée pour le
livre La chute de Rome de Bryan Ward-Perkins mais pas pour Une France arabe de Ian
Coller.
25
III. Bilan du stage
III. 1. Un apport de savoir-faire
Ce stage a été très formateur, la structure réduite de cette maison d'édition m'a permis
d’appréhender toutes les tâches à effectuer au sein d’une maison d'édition mais aussi toutes
les complexités qu'elles représentent. Cette petite structure m'a donné à voir le monde de
l'édition dans son ensemble, de la réception des manuscrits à leur correction et promotion.
� La lecture des manuscrits, un premier pas vers l’essence de l’édition et une
introspection
La lecture des manuscrits a été la première épreuve à laquelle je me suis confrontée,
il me semblait être dans une forme de « toute puissance » et que reposait sur mes épaules l’avenir des auteurs12. C’était inquiétant, voire angoissant. Au début de mon stage, je prenais
le temps de lire tous les manuscrits qui me passaient entre les mains. Je me rends compte,
aujourd’hui, que pour une maison de cette envergure il est bien impossible de lire un
manuscrit dans son ensemble. J’ai énormément gagné en compétences autour de cet aspect
du travail éditorial, en effet, au départ j’avais des difficultés à me concentrer, je relisais le
manuscrit plusieurs fois pour être sûre de ne rien laisser au hasard. Assez rapidement, j’ai
appris à évaluer le style de l’auteur en ne lisant que quelques pages. Au fil du stage, j’ai pu
avoir une image assez claire de la ligne éditoriale d’Alma et des ouvrages susceptibles d’être
édités. Prenant confiance en moi, j’ai osé présenter des ouvrages aux éditeurs de chez Alma
au risque que ceux-ci ne leur plaisent pas. Des évidences se sont imposées à moi : on ne peut
aimer tous les ouvrages, ni les éditer, envoyer des lettres de refus fait partie intégrante du
rôle de l’éditeur. Cependant je pense que cela constitue une de mes limites, mon caractère
fait que les refus me sont très durs à envoyer. Lorsque l’auteur vient récupérer son
manuscrit, je suis, également, en proie à une certaine part de gêne, disons que ce n’est pas ce
rapport là à l’auteur et au livre que je recherche. Je reconnais, toutefois que certains refus de
12 cf.supra p 13-14
26
publication sont formateurs pour les auteurs et leur permettent parfois de retravailler des
sujets ou des formes d’écriture.
� Le repérage des rôles et fonctions : l’éditeur/ l’assistante d’édition
Avant de passer mon entretien chez Alma j’avais vu en regardant leur site internet que
Catherine Argand et Jean Maurice de Montremy étaient qualifiés d’éditeurs et Léa
Arthemise d’assistante d’édition, seulement je ne comprenais pas où était la nuance et la
réelle différentiation dans les fonctions. J’ai pu observer que leur rôle n’était pas tout à fait
le même. En plus d’être les PDG, les éditeurs ont le plein pouvoir sur le choix des
publications, même s’ils sont avides d’aide et d’apports extérieurs ce sont eux qui auront le
dernier mot sur les décisions : titre, couverture, publication… C’est ce pouvoir de décision
qui fait d’eux des directeurs éditoriaux, ils s’informent de toutes les dernières parutions et
ont beaucoup de contacts au sein des journaux et d’autres maisons d’éditions afin de pouvoir
correctement étudier la place qu’il leur est possible d’occuper dans le marché actuel du livre.
L’assistante d’édition est leur bras droit dans tout ce qui concerne les techniques de
publication d’un ouvrage : la correction, la vérification des délais à respecter, le contact avec
le graphiste… C’est l’assistante d’édition qui envoie elle-même les BAT, c’est elle qui
s’occupe de reporter toutes les corrections qui sont apportées à une œuvre, elle n’a donc pas
besoin de consulter les éditeurs au préalable qui lui auront eux-mêmes donné leur correction
du texte. Le rôle réel de l’assistante d’édition est parfois ambigu à définir car elle ne peut
être qualifiée d’éditrice et pourtant elle en endosse la majeure partie des rôles.
� Des connaissances orthographiques et typographiques
Lors de mon stage, j’ai assisté au travail orthographique et typographique auquel est
soumis un texte. Bien que nous ayons vu lors de la formation aux Métiers du livre certaines
règles, il y en a encore beaucoup qui m’échappaient et j’avais peur que ce soit mon talon
d’Achille. J’ai du effectuer un travail que parfois je néglige dans mes propres devoirs : je
suis allée à la pêche aux répétitions, aux mots mal définis et aux expressions trop pointues
voire incompréhensibles dans certains essais.
27
Ainsi j’ai découvert, en collaborant avec un correcteur professionnel, Mr
Vandenbroucque, que : « que » ne se contractait pas, si besoin on le sépare du mot qui le suit
par une virgule pour que cela choque moins lors de la lecture, mais on ne peut pas dire : « Il
dit qu’il veut aller la voir » mais : « Il dit que, il veut aller la voir ». J’ai découvert cela lors
du pointage de copie : avoir un œil sur le travail du correcteur professionnel m’a permis d’en
apprendre davantage sur les techniques typographiques, les erreurs qui reviennent
constamment mais aussi les déformations de langage. D’un point de vue orthographique j’ai
appris qu’il fallait mieux écrire « soûler » nouvelle orthographe du verbe « saouler », j’aurai
parié le contraire. Au début de mon stage j’étais sceptique quant à mes capacités dans ce
domaine, puis partant du principe une fois de plus que : « personne n’est infaillible », je me
suis laissée convaincre que j’avais des choses à apporter malgré ma petite expérience en
édition.
J’ai relevé beaucoup d’autres corrections ; je me suis fabriquée un classeur dans
lequel j’ai trié et conservé tout cet apprentissage. Il me sera, je pense, une aide utile au cours
de ma carrière.
J’ai pris conscience que même si le travail de correction se fait en partenariat avec
l’auteur et qu’il est l’occasion de collaborer et d’appendre à se connaître, ce n’est pas ce qui
m’a le plus attirée dans la relation à l’auteur au cours de ce stage.
� Les atouts de la polyvalence : l’acquisition de capacités organisationnelles et
l’affirmation de mon projet professionnel
Effectuer ce stage dans une petite structure m’a permis de « toucher à tout » et de
développer une capacité de polyvalence, j’ai su m’adapter à la diversification des missions
qui m’étaient proposées et pour moi c’était un grand atout. J’ai du apprendre à répartir mon
temps, à définir les priorités, si je devais préparer un service de presse en même temps que le
pointage d’épreuves de certains ouvrages, je prenais un peu de temps en fin de journée pour
le service de presse qui me prenait moins de temps que le report de correction d’un livre de
400 pages. J’avais en parallèle, à gérer la lecture des manuscrits dont j’avais l’impression de
ne jamais voir la fin... J’ai ainsi, au fil du stage, gagné en capacité d’organisation et de
planification.
28
Si j’avais effectué ce stage dans une grande maison d’édition, j’aurai eu un travail moins
polyvalent et beaucoup plus cloisonné. La taille de la maison d’édition a été un de mes
critères de choix afin d’avoir accès au travail de l’assistante d’édition, mais aussi à celui de
la chargé de communication..
Les missions qui m’ont été attribuées en communication combinées aux récits
d’expériences de certains de mes amis m’ont fait prendre conscience de mon fort intérêt
pour ce domaine. Je pense que le service communication est plus à même de répondre à mes
attentes que le service éditorial. Mon caractère jovial, mon bon relationnel et ma force de
conviction font que je pense être plus apte à exercer un emploi au sein du service
communication d’une maison d’édition et à en avoir plus d’appétence. Maintenant que mon
choix s’est affiné, il me reste à savoir si je souhaite m’orienter plutôt auprès des relations
presses ou librairies.
La problématique du déroulement de la communication dans une petite maison d’édition
m’a fortement intéressée : ce n’est pas la presse qui vient à nous, c’est à nous d’aller
chercher le moindre papier qui pourrait défendre un livre. Il faut apprendre à connaître les
goûts de chaque journaliste afin de proposer le bon livre à la bonne personne. Le manque
d’argent peut également être un frein, les événements organisés, les publicités programmées
ne sont nécessairement pas les mêmes que pour une grande maison d’édition. C’est tout le
questionnement autour de quelle stratégie adopter qui m’a sensibilisée à ce secteur de
l’édition et je pense avoir les compétences pour y répondre. La créativité nécessaire est pour
moi un élément mobilisant et motivant.
III. 2. La découverte de savoir - être
Ce stage m’aura également permis d’en apprendre beaucoup plus sur moi-même et
mon comportement dans un milieu professionnel. La position de stagiaire n’est pas
toujours des plus faciles : il est nécessaire de se comporter en tant que « professionnelle »,
tout en ayant conscience de ne pas être une « professionnelle ». Joli paradoxe... Au fil du
temps, j’ai appris à me positionner, et à garder la distance nécessaire au bon déroulement
du travail d’équipe. J’ai appris à faire face à certaines remarques et à, moi aussi, comme
certains auteurs, prendre conscience que la critique peut être constructive !
29
� La persévérance
Il m’a été difficile, comme la plupart des autres étudiants de licence, de trouver un
stage : soit les dates ne correspondaient pas aux demandes, soit la coupure du mardi posait
problème où encore les postes étaient déjà pourvus. Cependant je me suis découverte
persévérante et convaincante, j’ai envoyé plus de 100 demandes de stages, aussi bien des
candidatures spontanées à des professionnels que j’avais contactés l’été dernier pour
effectuer un stage, des adresses ou annonces trouvées sur internet. L’Asfored a, finalement,
été mon meilleur allié. Même si j’ai essuyé de nombreux refus, les réponses étaient
toujours avenantes et ne remettaient pas en cause mon potentiel, bien au contraire,
certaines personnes ont souhaité garder mon CV et m’ont recontactée par la suite, c’est
ainsi que j’ai obtenu un stage optionnel de cinq mois aux éditions Denoël. J’ai, tout de
même, eu des réponses positives et les entretiens que j’ai passés ont tous donné lieu à de
très agréables rencontres : la responsable des éditions À dos d’âne qui est seule et qui
n’était pas sûre d’avoir l’argent et le temps pour me confier des tâches intéressantes, idem
pour les Éditions de l’œil qui se trouvent à Montreuil. Mon entretien avec les éditions
Autrement s’était également très agréablement bien passé mais la coupure nécessaire du
mois de mai pour la rédaction du mémoire et la révision des examens ne leur convenait
pas. J’ai eu très peur de ne pas trouver de stage, que mon profil ne corresponde à personne
puis, j’ai pris conscience de mes capacités et de l’intérêt que mon profil pouvait
représenter, ainsi j’ai été très heureuse d’apprendre que l’équipe d’Alma était ravie de me
prendre en tant que stagiaire au sein de leur équipe.
� La compréhension d’un milieu nouveau
J’ai réussi à développer ce que l’on pourrait qualifier d’intelligence de situation. Au
tout début de mon stage j’avais très peu confiance en moi, je pensais systématiquement à
bien faire tout ce qui m’était demandé, à montrer sans cesse mon intérêt pour l’édition et
mon envie d’apprendre, toujours inquiète d’être un poids pour la maison d’édition. J’ai
finalement su me placer plus dans la retenue, montrer mon engouement pour les tâches à
effectuer sans pour autant déranger l’équipe et trouver les moments appropriés pour
m’exprimer. J’avais déjà une expérience conséquente de travail au sein d’un centre de
30
formation et d’une librairie, où régnait un climat amical et « familial ». Compte tenu de
mes premières rencontres avec l’équipe d’Alma, je pensais qu’il en serait de même. Cela a
été plus complexe, mais j’ai appris à développer une nouvelle posture professionnelle. Au
début je ne me suis pas laissée le droit à l’erreur, je pensais que si l’on m’avait prise en
stage c’était pour les compétences dont je m’étais réclamée et que de ce fait je me devais
de tout savoir et de tout faire correctement. Puis je me suis rendue compte que j’avais des
compétences, mais que je n’avais pas à être aussi exigeante avec moi-même et que j’étais
là pour apprendre.
Mon stage s’effectuait au sein d’une petite structure, existant depuis peu, ma
référente n’avait jamais accueilli de stagiaire, leur indépendance et leurs habitudes étaient
telles que mon rôle me semblait parfois secondaire. J’ai du gagner leur confiance et faire
ma place. J’ai, ensuite, pu m’exercer à toutes les compétences requises pour travailler dans
une maison d’édition mais je n’ai pas effectué ces tâches à de nombreuses reprises car il
demeurait difficile pour l’assistante d’édition de déléguer. Même si cela a été très difficile
à appréhender pour moi, j’ai fini par me rendre compte que mon travail, mes capacités
n’étaient tout de même pas remises en question et que j’avais toujours le premier rôle dans
la lecture et le traitement des manuscrits.
III. 3. L’articulation du stage et de la formation universitaire
La formation théorique que j’ai suivie à Paris Diderot en métiers du livre a été je
trouve très bénéfique et m’a permis d’appréhender mon stage le plus sereinement possible.
J’avais la sensation de déjà avoir découvert les tâches qu’Alma était susceptible de me
demander d’effectuer et d’en maîtriser certaines. Mais la confiance en moi m’a parfois fait
défaut ; étudiante salariée trois jours par semaine l’année dernière et le semestre dernier je
n’ai pas eu le temps de rendre tous les devoirs exigés et je n’ai pu approfondir comme je
l’aurai souhaité ce que M.Weis nous demandait, c’est donc entièrement de mon fait si je
n’étais pas sure de mes capacités.
31
Le cours de préparation au stage que nous avons suivi a été d’une grande aide et d’un
grand support, j’avais des documents sur lesquels me reposer. M.Weis nous a également
entrainé à l’oral et cela m’a permis de savoir quel ton et quelle méthode adopter lorsque je
présentais des manuscrits aux éditeurs. Les corrections orthographiques m’ont également
beaucoup apporté car certaines expressions m’étaient inconnues et cela m’a fait sourire
quand il a fallu que je corrige l’expression « mise au jour » et non « mise à jour » dans le
livre Ni cru ni cuit, car il s’agissait d’un piège fréquent dans les exercices qui nous étaient
donnés. Je me retrouvais en terrain conquis, c’était agréable.
Les cours d’outils et technologies de l’édition ne m’ont pas personnellement, servi
lors de mon stage, mais il s’agit d’une situation atypique car je sais que certains étudiants
ont été amenés à s’en servir. Cependant, j’ai trouvé ce cours très intéressant et il laissait part
à notre créativité. Ce sont, de toutes façons, des connaissances utiles à maîtriser d’un point
de vue personnel et qui seront toujours un plus sur mon CV.
Les cours plus théoriques comme celui de Pierre Vilar sur les images dans l’édition,
l’évolution du livre et de l’édition ou encore le cours de Danielle Cohen sur le paysage
éditorial contemporain, m’ont permis d’acquérir la culture nécessaire aux métiers de
l’édition. J’ai développé grâce à ces enseignements une curiosité du milieu de l’édition, des
parutions, car Mr Vilar nous avait mis en garde : il ne faut pas connaître seulement ce qui se
fait en matière de romans, il existe plusieurs genres différents et dominants et c’est une
connaissance globale des productions de chaque maison, reconnaître leur identité à la simple
vision des couvertures qui nous ouvrira les portes de ce milieu très fermé.
J’ai aujourd’hui la sensation qu’une première page se tourne, j’ai acquis des bases
culturelles indéniables, j’ai surtout appris à garder ma curiosité en éveil, à me questionner.
J’ai pu affiner mon projet professionnel et j’attends d’une poursuite en Master de gagner
encore en professionnalisme et compétences.
Je remercie, toutes les personnes qui m’ont accompagnée que ce soit dans les lieux de stage, dans les cours à la Faculté et mes compagnons de route. Tous ceux qui ont cru en moi, grâce à eux
je peux aujourd’hui, moi aussi, croire en moi. Je sais que je travaillerai dans le secteur de l’édition.
32