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6 | Le SCIlophone - n°57 Le SCIlophone - n°57 | 7
M algré la volonté du gouverne-
ment de changer le code de
la famille1, la place de la femme est
encore très peu reconnue dans la
société marocaine. Notre associa-
tion El Khir a donc défini 5 objectifs
généraux qui devraient renforcer les
capacités des femmes afin de leur
permettre de prendre leur place et
de revendiquer leurs droits:
-lutter contre l’analphabétisme
-sensibiliser aux questions sanitaires
-apporter des connaissances juri-
diques
-promouvoir le pouvoir économique
des femmes en développant des acti-
vités génératrices de revenus
-fournir une aide sociale aux popula-
tions défavorisées.
Education et formation
A Essaouira, nous travaillons sur des
projets, allant de l’alphabétisation à la
formation et à l’insertion socio-pro-
fessionnelle. Le programme d’alpha-
bétisation a pour objectif principal
de permettre aux femmes d’avoir
accès à l’apprentissage de la lecture
et de l’écriture. Les bénéficiaires pro-
viennent autant du milieu rural que
du milieu urbain.
Parallèlement à ce programme d’al-
phabétisation, l’association a mis en
place des campagnes de sensibilisa-
tion en éducation à la santé repro-
ductive et à la planification familiale.
De plus, des cours de couture et de
raphia sont également proposés afin
de permettre aux femmes d’acquérir
des compétences qui leur permet-
tront de générer des revenus.
L’association ne répond pas seule-
ment aux besoins d’acquisition de
savoir-faire techniques (couture,
coiffure, etc.) et de connaissances de
base, mais elle aide la femme à s’in-
sérer sur le marché du travail et sur-
tout, elle est à son écoute tout au long
de son parcours.
L’association a créé un centre d’écoute,
de soutien juridique, psychologique
et médical pour les femmes en dif-
ficulté et souffrance qui ont besoin
d’un suivi très spécifique et souvent
d’une prise en charge médicale et/
ou juridique. En parallèle, l’esprit de
fraternité est toujours mêlé à nos
actions.
En 2011, nous avons travaillé en par-
tenariat avec l’association féministe
suisse pour la paix CFD et avons mis
en œuvre le projet d’insertion pro-
fessionnelle pour les femmes et les
jeunes filles en situation précaire à
travers l’organisation d’un module de
formation en cuisine de 300h. Vingt
femmes et jeunes filles d’Essaouira
ont bénéficié de ce module. Douze
d’entre elles ont décroché un travail
et ont pu améliorer ainsi leur situa-
tion sociale. Parmi les autres partici-
pantes à l’ensemble des formations
2011, sept femmes ont trouvé du tra-
vail. Elles sont aujourd’hui salariées et
contentes de réaliser leur autonomie
financière. Et huit autres sont en train
de créer leur propre coopérative !
S’exprimer et revendiquer
L’insertion professionnelle est une
première étape mais il est essentiel
d’aller plus loin en tentant d’amener
les femmes vers plus d’autonomie au
sens large, pour cela d’autres activités
sont nécessaires. Les femmes maro-
caines ont souvent peu confiance en
elles et en leurs capacités, elles ont
aussi peu l’habitude d’émettre une
opinion sur un sujet public ou socié-
tal.
Nous leur proposons entre autres
des activités de loisirs et d’épanouis-
sement comme l’art-thérapie, des
séances de respiration/relaxation,
de réflexologie, etc. et surtout nous
leur laissons la possibilité d’échanger
et d’apprendre à exprimer leur avis
sur plusieurs thèmes choisis lors des
réunions de groupe « focus » chaque
mois.
Au Maroc, nous travaillons aussi en
réseau avec d’autres associations
féminines de promotion des droits
des femmes et pour l’implication de
la femme dans la vie politique. Plu-
sieurs ateliers d’explication de la
nouvelle Constitution ont été organi-
sés et nous trouvons aussi primordial
d’informer sur les lois marocaines
en cours, car la plupart des femmes
Dossier
Les clefs del’autonomieDepuis sa création en 1998 à Essaouira au Maroc, l’association
féminine de bienfaisance El Khir œuvre dans le but d’aider les
femmes en situation précaire pour une meilleure intégration dans
leur environnement (social, économique et politique) et pour
améliorer leurs conditions de vie, notamment parce qu’elles sont
trois fois moins présentes dans la vie active et qu’elles gagnent
quatre fois moins que les hommes.
Durant la seconde moit ié du XX e siècle , on a beaucoup parlé de développement en termes idéologiques : i l existe un modèle et le suivre mè-nera au progrès, au bien-être, voire à la fél icité . Certes les voies du dé-veloppement n’étaient pas toutes identiques : les unes privi légiaient la modernisation des infrastructures, les autres le renverse-ment des impéria-l istes , d ’autres encore l ’ouverture des écono-mies et des marchés. Mais el les avaient toutes en commun de croire à un aboutissement : un Etat moderne et déve-loppé, une société l ibre et bien ordonnée, une vie confortable et relat ivement faci le . Une croyance qui sonne aujourd’hui comme un mythe.
Les femmes soulal iyates en marche dans les rues de Rabat , des femmes maliennes et belges engagées dans des actions de sensibi l isat ion via GAMS 1 ou le théâtre de l ’opprimé, des jeunes occupées à se former au sein
des associat ions El Khir ou MSLF, 2 d ’autres encore im-pliquées dans des mouvements en Inde, en Bolivie , au Brési l , au Ca-nada, au Kenya, … toutes ces mil i-tantes part icipent à l ’émergence de quelque chose de neuf mais surtout de concret , réal iste
et sensé. El les sont ancrées dans leur culture et en apprécient la valeur, tout en voulant , en cohérence avec l ’évolution de leur
vie sociale , économique, poli-t ique, culturel le ,… faire évoluer certaines pratiques. El les reven-diquent et obtiennent ainsi les unes d ’accéder à des terres agri-coles , d ’autres de développer une activité d ’ indépendantes, d ’autres encore un soutien à leur lutte contre les muti lat ions et une protection de leurs f i l les .
Loin des grandes révolutions, ces femmes montrent qu’un monde autre – et non un autre monde – est possible , et qu’ i l existe au sein de leurs luttes et de leur créativité quotidienne.
Quand les femmes militent pour le changement
moitié du ucoup parlé n termes ste un mè-
bien-icité . dé-ent s : ent es es --
ore o-hés. outes ire à un
déve-ibre une elat ivement qui sonne un mythe.
l iyates en
des assoEl Khir oud’autres encpliquées dmouvemenInde, enau Brési l ,nada, au… toutes ctantes parà l ’émergequelque chneuf mais de concret ,
et sensé. El les sontdans leur culture apprécient la valeen voulant , en cohavec l ’évolution
vie sociale , économiqutique, culturel le ,… faire certaines pratiques. El lesdiquent et obtiennent unes d ’accéder à des tercoles , d ’autres de dévune activité d ’ indépend’autres encore un souleur lutte contre les muet une protection de leu
Dossier
M.T.
[1] Groupe pour l’abolition des mutilations sexuelles féminines[2] Le Monde selon les femmes
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ne connaissent pas leurs droits et ne
savent pas ce que signifie « revendi-
quer ».
Une campagne de sensibilisation
et de vulgarisation de la Constitu-
tion, pilotée par la Ligue Démocra-
tique pour les Droits des Femmes
Marocaines (LDDFM), a été lancée
dans tout le Maroc. La Ligue milite
notamment pour une loi en faveur
d’une plus grande représentation des
femmes au Parlement.
Lutter contre les violences
L’association organise également
chaque année, une journée d’étude
sur la violence basée sur le genre
grâce à des partenariats locaux et
nationaux. L’objectif est de réunir
différents acteurs (justice, adminis-
tration, services sociaux et associa-
tions) afin de discuter des dispositifs
pour la protection des femmes vic-
times de violence. Elle met en évi-
dence que le travail pluridisciplinaire
est indispensable pour soutenir les
femmes, notamment dans leurs dé-
marches juridiques.
Ces dernières sont en général très
longues et compliquées et, durant
la durée de la procédure en justice,
les femmes continuent de subir de
fortes pressions de la part de leur en-
vironnement, en particulier pour les
dossiers de demande de pension
alimentaire. Nous espérons que la
caisse sociale votée par le Parlement
sera rapidement mise en applica-
tion2.
En outre, il reste un gros travail de
fond à fournir pour changer les men-
talités. Le divorce reste un tabou, les
femmes préfèrent donc en parler le
moins possible car quand l’entou-
rage apprend que la demande vient
d’elles, celles-ci font encore souvent
l’objet de remarques désobligeantes.
El Khir est en train d’organiser une
autre journée d’étude sur le thème
« l’autonomisation des femmes
comme moyen de lutte contre la vio-
lence basée sur le genre » pour fin
novembre.
Nous savons qu’une femme qui tra-
vaille est une femme autonome fi-
nancièrement, pouvant faire face
plus aisément aux difficultés de la
vie. Mais l’autonomie de la femme
passe aussi par sa capacité à faire des
choix dans la vie quotidienne.
Ainsi la plupart d’entre elles sont tou-
jours obligées aujourd’hui d’accepter
différentes formes de violence parce
qu’elles n’ont pas de lieu où vivre en
dehors du foyer matrimonial et pen-
sent qu’il n’existe rien en dehors de
cela.
Fatima ou un goût naissant pour la vie
Nous terminerons par quelques mots
sur l’une des bénéficiaires de notre
association, Fatima, mère de trois
enfants, qui a pu récemment divor-
cer de son mari après de nombreuses
années de maltraitance. Elle a suivi le
module de formation en cuisine chez
El Khir ainsi que le processus complet
d’insertion sociale et professionnelle.
Aujourd’hui elle travaille dans une
maison d’hôte d’Essaouira et est très
fière de son parcours ; elle peut sub-
venir aux besoins de ses enfants et
de sa maman. C’est une Fatima nou-
velle qui a retrouvé confiance en elle
et qui souhaite encore apprendre, le
français par exemple.
Elle nous dit souvent: « le travail m’a
donné une force et un goût pour la
vie, je ne sais pas comment remercier
l’association El Khir ».
Souad Ouchen et Asma Masoudi,
permanentes de l’association El Khir,
Essouira, Maroc
L es terres collectives ont le statut
de terres ancestrales et inalié-
nables. Elles appartiennent à des
groupes ethniques et sont régies par
les normes coutumières 1 (dites aussi
« ôrf ») avec l’appui et le soutien de
l’Etat Dans le passé, elles ne pouvaient
être vendues ou louées puisqu’elles
appartiennent à la tribu et que c’est
à celle-ci que revient leur usufruit. 2
Elles étaient exploitées de manière
collective par le biais de l’usufruit
ou de la jouissance du revenu de ces
terres par les ayants droit. Ces ayants
droit sont les hommes de la tribu.
Depuis quelques dizaines d’années,
ces terres peuvent être cédées ou
louées à des investisseurs privés ou
à l’Etat. Elles peuvent aussi être prê-
tées, être partagées entre les ayants
droit ou encore être attribuées à un
héritier, moyennant une indemnisa-
tion aux autres ayants droit. Bref, on
observe une forme de privatisation
des terres collectives, une évolu-
tion dont les grandes perdantes sont
les femmes isolées (célibataires ou
veuves).
Les terres collectives constituent au-
jourd’hui un véritable réservoir fon-
cier : près de 12 millions d’hectares en
surface, soit près du tiers du territoire
ayant une valeur agro-sylvo-pasto-
rale. La problématique des terres col-
lectives est de grande ampleur : 48
provinces et préfectures concernées,
4631 collectivités ethniques, regrou-
pant 2,5 millions d’ayants droit et
une population totale estimée à près
de 10 millions d’habitants. Elle a une
dimension humaine, économique et
sociale.
C’est selon les droits coutumiers
que l’on gère les terres collectives au
Maroc. Ces droits sont basés sur le
système patriarcal et la famille tradi-
tionnelle : l’homme est le chef du mé-
nage, c’est lui qui possède les terres
(qui a le statut d’ayant droit) et qui
prend les femmes en charge. Dans le
passé, la polygamie était très réputée,
l’homme pouvait donc prendre aisé-
ment plusieurs femmes en charge.
Actuellement, avec le changement
des mentalités et la modernisation
de la société marocaine, la polygamie
est de moins en moins présente 3 et
la femme commence à se prendre en
charge elle-même. Or, la législation
concernant l’accès aux terres collec-
tives pour les femmes n’a pas avancé.
Les femmes se trouvent donc avec
moins de ressources et plus de pré-
carité.
Par exemple, une partie très impor-
tante des terres des Soulaliyates ont
été cédées à des investisseurs. Les
Soulaliyates sont des femmes qui
tirent leur nom de la terre des sou-
lalis (collective) dont elles sont ori-
ginaires, terre cultivée par leurs
ancêtres depuis des générations. En
cédant les terres, les autorités ont
privé ces femmes, mères, épouses
et cheftaines de famille de leur droit
fondamental à bénéficier des terres
collectives et même à être dédom-
magées. Les droits coutumiers sont
donc devenus totalement archaïques
et iniques. Et les femmes vivent de
véritables drames sociaux. Après
avoir été expulsées de leurs terres,
simplement parce qu’elles sont des
femmes, elles ont été amenées à en-
durer la pauvreté et à trouver refuge
dans les bidonvilles.
Privées de leurs biens et face à cette
situation insensée, dès 2007, des
mouvements spontanés de femmes
Femmes marocaines, terres collectives. Un combat pour avoir droit à une terre.Depuis quelques dizaines d’années, les terres collectives marocaines
– terres ancestrales et inaliénables – peuvent être privatisées :
une évolution du droit à la propriété dont les femmes, toujours
considérées dans le droit coutumier comme à la charge des
hommes, sont les grandes perdantes. Mais depuis la naissance de
mouvements féminins, les choses bougent !
DossierDossier
[1] D’importantes modifications à la Moudawa-na (le code civil de la famille) ont été appor-tées en 2004 : l’Etat marocain a donné plus de droits aux femmes, comme la fixation de l’âge minimum du mariage à 18 ans, le droit au divorce, le retrait de la tutelle parentale pour marier les femmes, la polygamie strictement contrôlée. La nouvelle Constitution marocaine de juin 2011 prévoit aussi l’égalité entre les sexes dans son article 19.
[2] Les femmes divorcées se retrouvent sou-vent sans moyen de subsistance mais avec la charge des enfants, cela dans un pays où il n’y a aucune aide sociale.
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ont vu le jour dans tout le Maroc pour
lutter contre cette loi coutumière
inégalitaire qui va à l’encontre de la
Constitution, de la Moudawana4 et
des Conventions Internationales rati-
fiées par le Maroc.
En 2009, ces mouvements ob-
tiennent une importante victoire :
le Ministère de l’Intérieur Marocain
a reconnu aux femmes soulaliyates
le droit de bénéficier, au même titre
que les hommes, des prochaines
opérations de cession des terres col-
lectives : elles peuvent enfin deve-
nir propriétaires ! Cette décision
est le résultat des nombreuses dé-
marches et actions entreprises par
les femmes et les associations qui
les soutiennent, en termes de sensi-
bilisation, mobilisation et plaidoyer,
auprès des responsables concernés.
Cette décision a également réparé
le sentiment d’injustice vécu par ces
milliers de femmes.
Depuis 2009, d’autres avancées
concrètes sur le terrain ont été
constatées : dans quelques zones,
les femmes ont obtenu le droit d’être
enregistrées au même titre que les
hommes sur les listes des ayants
droit.
Plus récemment (le 30 mars 2012),
une nouvelle circulaire du Ministère
de l’Intérieur a été publiée, qui recon-
naît le droit de ces femmes à bénéfi-
cier, au même titre que les hommes,
des indemnisations relatives aux ces-
sions des terres collectives ou encore
à la vente de ces terres. Et des cam-
pagnes se poursuivent, revendiquant
une loi spécifique qui protège les
droits des femmes marocaines.
A la lumière de ces nouveaux dé-
veloppements dans l’affaire des
femmes soulaliyates, les prémices
d’un dénouement se profilent à l’ho-
rizon, mettant ainsi un terme aux
souffrances de milliers de femmes
victimes de discrimination et d’ex-
clusion.
Douha Lemtouni,
ingénieur agronome au Maroc,
stagiaire au sein de l’ONG Le Monde
Selon les Femmes et au SCI (Bruxelles)
Q u’est-ce que
le GAMS ?
Le GAMS Belgique est le
Groupe pour l’Abolition des Muti-
lations Sexuelles féminines ; il a été
créé en 1996 par Khadia Diallo, une
Sénégalaise qui a elle-même vécu
l’excision et qui, à son arrivée s’est
donnée l’objectif est de faire de la
prévention auprès des communautés
africaines qui vivent en Belgique car
les femmes subissent une forte pres-
sion sociale de la part des membres
de ces communautés pour qu’elles se
fassent exciser.
Quelles sont les activités du GAMS ?
D’abord, on accueille chaque femme
de manière individuelle pour faire le
point sur ses demandes (médicales,
juridiques, psychologiques), ses be-
soins, ses problèmes. On ne fait pas
de consultations gynécologiques,
mais on a une liste de médecins de
confiance vers lesquels on oriente les
femmes. Les femmes peuvent ensuite
bénéficier d’un suivi psychologique
individuel au GAMS. On propose
également des activités en groupe,
pour que les femmes retrouvent une
estime de soi et qu’elles puissent
aussi dire non à l’excision de leurs
filles. On organise aussi des ateliers
pour parler de la sexualité, l’anatomie
des organes sexuels et reproductifs,
la grossesse, etc. Enfin, nous avons
des groupes d’expression corporelle,
de théâtre, d’alphabétisation…et des
groupes de paroles avec les hommes.
Quels traumatismes entraîne l’exci-
sion ?
Les femmes après l’excision peuvent
présenter un fort traumatisme, de
l’anxiété, de la dépression, des pertes
de mémoire… Et de lourds problèmes
médicaux, surtout avec l’infibula-
tion, car le sexe est complètement
cousu. Donc, pendant leurs règles
par exemple, elles souffrent énormé-
ment. L’excision peut aussi être vé-
cue comme une trahison parentale.
Quand une fille de 6/7 ans est excisée
avec l’accord de sa mère, en qui elle a
confiance et avec laquelle est se sent
en sécurité, elle ne comprend plus
rien. Elle se demande pourquoi, elle
se croit punie.
Quelles sont les possibilités médi-
cales de « réparer » une excision ?
On essaie de réparer mais on ne re-
trouve évidemment jamais son corps
d’avant. Il y a deux types d’opéra-
tions : la désinfibulation et la recons-
truction du clitoris. Mais cela ne peut
pas tout résoudre : il faut aussi tra-
vailler sur la vie de couple, le respect
de chacun, etc.
D’où vient la pratique de l’excision ?
On retrouve les premières traces
en Egypte, au temps des pharaons,
3000 ans avant Jésus-Christ. Ensuite,
cela s’est répandu sur la bande de
l’Afrique sahélienne, par le biais des
caravanes et des marchands. Mais
cette pratique dépend des ethnies.
Par exemple, au Sénégal, les Wolofs
n’excisent pas mais les Peuls le font.
Donc, dans certains villages 100% des
filles sont excisées, et dans d’autres,
aucune. Ce qui est sûr, c’est que c’est
une tradition païenne, née avant les
religions monothéistes. Cela peut
être repris par certains religieux,
mais il n’y a rien dans la Bible ou le
Coran qui prône l’excision.
Qu’est-ce qui motive l’excision ?
Comme c’est très culturel, les gens
n’arrivent pas à tout expliquer eux-
mêmes ; on pense que les choix des
ainés sont bons et donc on les repro-
duit. C’est très dur de changer des
pratiques traditionnelles, héritées
des anciens, des sages.
L’excision touche les femmes de
toutes classes sociales, à la ville
comme à la campagne ?
Même en ville dans les familles
riches, éduquées, les filles se font
exciser, mais elles ont recours à un
docteur qui les « opère » de manière
« propre ». Cette médicalisation de
l’excision nous inquiète, car elle re-
présente une forme d’acceptation ou
de légitimation de l’excision, et elle
n’a jamais conduit à un abandon de
la pratique. C’est le cas en Egypte, où
les ¾ des excisions sont médicalisées.
La pratique est-elle en hausse ou en
baisse ?
Cela dépend des pays. En Somalie
c’est la même chose depuis des dé-
cennies car il y a une forte instabilité
politique, et il est donc difficile de
faire de la prévention. Mais au Kenya,
il y a eu une diminution de moitié,
parce qu’il y a une volonté politique,
avec de la sensibilisation dans les
Entre excision et exclusionInterview de Fabienne Richard, coordinatrice du GAMS
(Groupe pour l’Abolition des Mutilations Sexuelles féminines).
Depuis 30 ans des femmes luttent contre l’excision, car elles en
souffrent dans leur corps et dans leur âme. Une lutte difficile car
elle représente une opposition à la tradition et aux anciens, qui
ont assuré la pérennisation de la communauté. Mais une lutte qui
permettrait de préserver leurs filles encore pleines d’insouciance.
Pour aller plus loin
www.adfm.ma
www.genreenaction.net
www.maghress.com
www.terrescollectives-maroc.
blogspot.com/
DossierDossier
[1] Ensemble des lois régissant les terres collectives : Le dahir de 1919 ; la loi du 19 Mars 1951 ; La loi du 25 Juillet 1969 ; circulaire 333
[2] L’usufruit est le droit de se servir d’un bien ou d’en percevoir les revenus, sans pour autant s’en dessaisir.
[3] Promulgation d’une loi qui interdit la poly-gamie sans l’accord de l’épouse.
[4] La Moudawana ou Code du statut per-sonnel marocain est le droit de la famille marocain, promulgué par le roi Mohammed VI le 10 octobre 2004. Il améliore entre autres les droits des femmes.
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écoles, etc.
L’enjeu est de sauter une génération,
d’avoir des mères non excisées : une
mère qui n’a pas été excisée n’exci-
sera pas sa fille. En Belgique, on est
dans une période charnière, où
des femmes se sont fait exciser et
leurs filles ne le sont pas encore. Et
notre travail consiste à encourager
ces femmes à tenir jusqu’au bout.
Pour elles, ce n’est pas facile : elles
doivent parfois choisir entre l’exci-
sion ou l’exclusion. En effet, ce sont
souvent les grands-mères ou les
tantes qui pressent les mères à faire
exciser leurs filles. Pour les mères, ne
pas suivre la tradition, c’est prendre
le risque d’être exclue de la famille.
J’ai rencontré récemment une jeune
femme sénégalaise de 21 ans, excisée
de force car son mari l’exigeait.
La pratique de l’excision a-t-elle évo-
lué ?
Dans certaines communautés, la pra-
tique était initiatique : on emmenait
les filles plusieurs jours dans la forêt,
pour leur apprendre à faire à manger,
à être de bonnes mères de famille,
etc. Maintenant, l’excision seule per-
dure, sans initiation ni explication.
Elle semble moins faire partie d’un
rite initiatique que d’une marque
identitaire. Certaines familles parlent
des femmes intactes comme de per-
sonnes impures. On ressent très fort
la défense et la protection d’une tra-
dition ou d’une identité. Notre mes-
sage au GAMS est le suivant, « on n’est
pas contre la culture, on est contre la
culture de l’excision, qui est néfaste ».
Il y a plein de choses dans la culture
africaine qui sont très bonnes : les
massages des bébés, la solidarité
familiale, le respect des ainés … Les
femmes de notre association disent
aussi : « il faut initier les jeunes filles
à devenir de bonnes futures mères,
mais sans les mutilations ».
Quels sont les risques d’excision en
Belgique pour une femme ?
Il y a trois possibilités : soit l’excision
se pratique de manière clandestine
par une exciseuse qui vit en Bel-
gique ou en Europe ; soit les petites
filles sont renvoyées au pays pendant
l’été et se font exciser à ce moment-
là ; soit certains médecins acceptent
clandestinement en Belgique d’exci-
ser en prétextant qu’il y a moins de
risques si c’est médicalisé.
A-t-on des chiffres sur l’excision en
Belgique ?
Il est difficile d’avoir des chiffres
car c’est une pratique punie par la
loi belge. Mais une étude a montré
qu’environ 6000 femmes excisées
vivent en Belgique et qu’il y aurait
2000 petites filles à risque (petites
filles nées en Belgique d’une mère
excisée).
Où est née la lutte contre l’excision ?
La lutte contre l’excision a trop sou-
vent été vue comme une lutte de
féministes occidentales, alors que
c’est faux. Le mouvement est né en
Afrique. Dans les années 80 des
groupes de femmes africaines ont fait
pression pour que cette tradition soit
reconnue comme une mutilation. Ce
qui fut fait par l’OMS en 1997.
Est-ce qu’il y a le cas d’hommes qui
sont contre l’excision ?
Avec les migrations, il y a beaucoup
plus de couples mixtes qu’avant; et les
hommes ne comprennent pas tou-
jours cette pratique car elle n’existe
pas chez eux. Je pense notamment
au couple d’une Guinéenne et d’un
Congolais.
Dans quelle mesure l’excision est-
elle liée au genre ?
La mutilation est clairement une vio-
lence liée au genre, un reflet de la
représentation sociale de la femme.
A la base, l’excision est faite pour
réduire le plaisir sexuel de la femme
et la réduire à son statut de procréa-
trice. Quand on travaille sur les muti-
lations avec les femmes, on se rend
compte que ce n’est pas la seule vio-
lence. Les femmes souffrent aussi de
la polygamie, d’un mariage précoce
et/ou forcé, et on voit que dans leur
parcours de femme, elles ont tout un
fardeau de souffrances.
Existe-t-il des mutilations de ce
genre chez les hommes ?
Il y a la circoncision, mais ce n’est pas
à mettre sur le même niveau anato-
mique car on n’enlève pas la même
chose, on enlève un morceau de
peau (le prépuce) pas un organe. La
circoncision n’empêche pas l’homme
d’avoir des rapports sexuels et d’avoir
du plaisir, même s’il peut effective-
ment y avoir des complications si
celle-ci est mal faite.
Propos recueillis par
Claire Messager
P ourquoi t’es-tu inscrit au projet de théâtre de l’oppri-
mé ?
Moussa : Avant tout pour faire des
rencontres avec des personnes de
différentes culture et origines, pour
avoir plus d’expérience de vie en
groupe.
Aurélie : Un peu par hasard, je cher-
chais une chouette expérience de
groupe international autour d’un
projet commun.
Qu’avez-vous fait pendant ces dix jours de chantier ?
Aurélie : Nous avons progressive-
ment découvert le concept du théâtre
de l’opprimé au départ d’exercices de
jeu d’acteur et d’improvisation, qui
ont petit à petit évolué vers des say-
nètes. Nous avons construit ces der-
nières autour de situations d’oppres-
sion rencontrées dans notre propre
existence. Les saynètes ont ensuite
été jouées lors d’une représentation
publique, à la fin du chantier. L’objec-
tif était de susciter la réflexion, de dé-
noncer ce qui était injuste et d’inviter
le public à apporter une solution.
Moussa : Chacun de nous proposait
un sketch par rapport à un problème
qui le touchait. Le but était de pou-
voir dénoncer les injustices et les op-
pressions que chaque personne ren-
contre dans sa vie de tous les jours.
J’ai proposé un sketch sur les centres
pour demandeurs d’asile pour mon-
trer l’oppression et l’inégalité qui
existe entre les travailleurs et les ré-
sidents. On ne peut pas lever le petit
doigt car on a toujours peur qu’il y
ait un rapport négatif sur nous et que
ce soit mauvais pour notre procé-
dure d’asile. Ça fait descendre notre
moral très bas et ça nous met dans la
peur. Une autre volontaire a proposé
de travailler sur le thème de l’homo-
phobie parce qu’elle la vit au quoti-
dien. Elle a pu extérioriser ce qu’elle
vit, et cela nous a permis de nous
sentir solidaires et de mieux com-
prendre. Une troisième volontaire
a voulu montrer une injustice qui
existe entre l’homme et la femme
dans le foyer. Elle a montré une
femme qui est traitée comme une
bonne, qui a beaucoup plus de de-
voirs que de droits. Les gens savent
que ça existe mais ils font semblant
de ne pas le voir.
Quels ont été les points les plus positifs du projet ?
Moussa : L’interculturalité, et l’union
dans le groupe.
Aurélie : La motivation et l’entente
entre des personnes de nationalités
et cultures différentes, mais aussi la
qualité du public qui a assisté à notre
représentation.
Comment était la vie de groupe ? Avez-vous appris quelque chose du groupe ?
Aurélie : Toute vie en groupe est une
expérience enrichissante, mais elle
l’est encore plus quand le groupe est
mixte et uni malgré les divergences
d’origines et d’opinions. Cela permet
de se (re)-définir, de prendre du recul
et de se (re-)positionner par rapport
à notre propre condition et vision du
monde.
Moussa : Tout à fait. J’ai découvert
une autre façon de voir la vie en
apprenant à connaître la culture et
le mode de vie de chacun. Avant,
j’avais quelques stéréotypes par rap-
port à certaines nationalités, mais le
fait d’échanger avec ces personnes
a modifié ma manière de les voir.
Et puis, j’ai apprécié la solidarité. Le
groupe m’a beaucoup soutenu dans
ma demande d’asile. Ça m’a donné
de l’énergie, ça m’a fait renaître à une
Le théâtre pour interpeller
Moussa est un jeune Guinéen, Aurélie est une jeune Belge. Cet
été, tous deux ont pris part à un projet de volontariat international
du SCI qui avait pour objectif d’utiliser la technique du théâtre
de l’opprimé (et plus particulièrement du théâtre forum) pour
sensibiliser à la question du genre.
Pour aller plus loin
Site du GAMS :
www.gams.be
Site de l’asbl INTACT :
www.intact-association.org
BD : Patrick Theunen,
Diaratou face à la tradition,
GAMS, Bruxelles, s.d.
Livre : Waris Dirie,
Fleur du désert. Le combat d’un
top model contre l’excision,
Ed. J’ai lu, 2000.
DossierDossier
14 | Le SCIlophone - n°57 Le SCIlophone - n°57 | 15
autre manière de vivre. Je m’attendais
à quelque chose et j’ai reçu tellement
plus.
Quelles ont été les difficultés ?
Aurélie : Je ne vois pas de difficultés,
si ce n’est, peut-être, l’angoisse de la
réaction du public. Est-ce qu’il allait
participer ? Et, si oui, ne serait-il pas
trop « exubérant » ? Au final, tout s’est
bien déroulé.
Que t’a apporté la découverte du théâtre de l’opprimé ?
Moussa : Une chose essentielle : il
m’a appris à dénoncer un problème
ou une injustice à travers une pièce
de théâtre, à montrer une oppres-
sion que les gens vivent mais qu’ils
font semblant de ne pas voir ou qu’ils
n’osent pas dire.
Aurélie : Cela m’a apporté la décou-
verte d’Augusto Boal (un Brésilien
à l’origine du théâtre de l’opprimé),
de ses livres, de ses actions et de sa
pédagogie, qui permettent de mettre
en évidence les incohérences de la
société, d’interpeler les gens et de
susciter leur réaction. En dehors du
théâtre forum, nous avons aussi dé-
couvert l’arc-en-ciel du désir, une
autre technique mise au point par
Boal. L’objectif est le même, si ce n’est
qu’il est plus centré sur les relations
et traumatismes personnels et que
le travail s’effectue seulement en
groupe, sans représentation en face
d’un public. C’est un puissant outil
thérapeutique.
Si tu devais retenir un moment fort, quel serait-il ?
Aurélie : Les moments de partici-
pation du public, l’enthousiasme et
l’imagination amenés.
Moussa : Oui. Je pense qu’on a fait
passer notre message.
Quel message est passé?
Moussa : Je pense que les gens ont
réalisé qu’il y a des injustices au quo-
tidien dans la société, et qu’il faut réa-
gir. Ils essayeront peut-être de chan-
ger petit à petit.
Par exemple, un message est passé
par rapport à l’inégalité hommes-
femmes : les femmes ne peuvent
pas faire le même travail que les
hommes, elles ont moins de droits,
etc. Par rapport à ce problème, on a
poussé le public à se sentir solidaire,
à essayer de changer les choses,
d’abord dans la pièce, et puis aussi
dans la vie quotidienne.
Je pense qu’il y a aussi eu un message
fort sur l’immigration, sur les condi-
tions de vie des demandeurs d’asile.
Aurélie : Je pense en effet qu’une
réflexion sur les sujets mis en scène
est passée. Et puis, surtout, il y a eu
une prise de conscience que le fait
de se taire ou d’être indifférent face à
l’oppression, c’est déjà y prendre part.
Est-ce que tu as changé ton point de vue sur le genre ?
Aurélie : J’ai toujours prôné l’égalité
entre les hommes et les femmes.
Si mon point de vue sur le genre a
changé, c’est sans doute dans la per-
ception des actions menées par les
autres. De voir des hommes s’enga-
ger afin que les esprits évoluent et
que les choses bougent, ça console,
ça remplit d’espoir.
Moussa : Moi aussi j’ai toujours
voulu qu’il y ait une égalité entre
les hommes et les femmes. En Bel-
gique, les droits des femmes sont
finalement assez bien respectés par
rapport à mon pays. En Guinée, les
inégalités hommes-femmes sont
encore très présentes. Quelques
ONG essayent de défendre les droits
des femmes, mais ça va prendre du
temps. Beaucoup de femmes sont
opprimées, entre autres à cause de
la religion qui est très présente et qui
dit que la femme doit se soumettre
à l’homme. On apprend cela dès le
bas-âge. On conditionne la petite fille
de sorte qu’elle ne peut plus se révol-
ter. On lui dit que son mari est son
paradis, et que si elle s’oppose à lui,
ses enfants ne seront pas bénis.
Est-ce que le projet t’a ouvert d’autres perspectives ? Donné envie de continuer dans cette voie ou de faire d’autres projets ?
Moussa : Oui, j’ai envie de faire
d’autres projets, que ce soit du théâtre
de l’opprimé ou un autre travail de
volontaire.
Aurélie : D’une part, ce projet m’a
confortée dans mon choix de mul-
tiplier les expériences de chantier.
D’autre part, ce chantier m’a ouvert
d’autres perspectives. Je continue à
me former aux outils du théâtre de
l’opprimé, car je cherche à amener à
la réflexion et à la discussion le su-
jet particulièrement tabou qu’est la
pédophilie. On pourrait croire que,
suite aux événements tragiques qui
ont bouleversé la Belgique il y a 15/16
ans, les mentalités ont fortement
évolué et les outils judiciaires égale-
ment. Or, relativement peu de choses
ont changé. Le théâtre de l’opprimé,
dans son objectif de conscientisa-
tion, me semble une bonne approche
pour aborder cette problématique.
De même, l’outil thérapeutique de
l’arc-en-ciel du désir est très inté-
ressant pour aider les victimes à se
reconstruire.
Propos recueillis par
Anaële Hermans Mixcity est un projet transmedia qui a pour but de sensibiliser
les jeunes au volontariat et à la mobilisation citoyenne. Pour dé-
couvrir tous les photos-reportages et toutes les vidéos réalisés
durant cet été, rendez-vous sur la page facebook MIXCITY ou
rejoignez-nous sur le compte facebook du SCI-Projets interna-
tionaux.
Projet Mixcity
En mai dernier, le SCI s’est rendu au Maroc dans le but de mieux
connaître quelques associations locales avec lesquelles il souhai-
terait collaborer pour des chantiers ou des projets de plus longue
durée.
Nous avons notamment visité El Khir et ses projets et aussi ren-
contré Souad et Asma. Cet été, Asma, permanente d’El Khir, a
participé à notre programme d’Accueil de futurs ou actuels par-
tenaires du Sud en Belgique. Elle a notamment participé à deux
chantiers SCI afin de s’immerger dans le monde du volontariat international avec nous.
En 2013, le SCI proposera un projet test à Essaouira pour quelques volontaires expérimentés. N’hésitez donc pas à
contacter Valérie pour plus d’info. De même, l’association El Khir a besoin de soutien en tout genre, vous pouvez vous
manifester auprès de Valérie également si vous avez envie d’appuyer cette association depuis la Belgique.
Valérie : valerie@scibelgium.be ou Marjorie : marjorie@scibelgium.be
Bientôt un nouveau projet au Maroc !
Initié dans les années 60 par Augusto Boal, un dramaturge et mili-
tant politique brésilien, le Théâtre de l’Opprimé est une forme de
théâtre interactif qui permet de rendre visibles des injustices et
de s’entraîner à lutter contre. Pratiqué aujourd’hui dans plus de
70 pays, c’est un outil de transformation sociale qui regroupe une
série de techniques dont la plus connue est le Théâtre Forum.
Lors d’un théâtre forum, les histoires mises en scène ne sont ja-
mais fictives, elles viennent toujours d’un témoignage ou du vécu
d’un groupe, et montrent un problème, une oppression, une situa-
tion non-résolue. Ces histoires, où des volontés s’opposent, sont
jouées devant un public concerné par les thématiques abordées et
permettent de mener un débat théâtral dans la salle en brisant la frontière entre acteurs et spectateurs. Les membres
du public peuvent devenir des spect-acteurs en venant sur scène tester leur proposition.
Le Théâtre de l’Opprimé est un outil puissant parce qu’il amène les gens à échanger, partager et chercher ensemble
des réponses à des problèmes de société qu’ils ne sont pas prêts à subir sans réagir. Il crée un sentiment fort de soli-
darité et d’empathie, et donne de la force et du courage à ceux qui en ont besoin pour lutter contre des injustices qui
les dépassent.
Géraldine Bogaert, comédienne et animatrice d’ateliers de Théâtre de l’Opprimé
Le Théâtre de l’Opprimé
A voir, à lire à suivreDossier
Projet avec le soutien de :