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Colloque international “Les frontières de la question foncière – At the frontier of land issues”, Montpellier, 2006 1
Morcellement et concentration foncière: des réalités complexes en pays
Bamiléké. L’exemple du département des Bamboutos (Cameroun)
Parcelling and land concentration: actors and complex realities in the
Bamileke country. Case of the Bamboutos division (Cameroon)
Aristide YEMMAFOUO
Université de Dschang-FLSH-Dpt Géographie,
B.P: 49 Dschang, mail: ayemmafouo@yahoo.fr
Résumé
Le pays Bamiléké de l’Ouest Cameroun est reconnu pour ses fortes densités de population,
comptant parmi les plus élevées des milieux d’altitude tropicaux, son fameux bocage et le dynamisme
éprouvé des peuples qui l’habitent.
Le café qui maintenait un équilibre instable ayant disparu, seules les mutations foncières
pouvaient permettre les réajustements internes nécessaires au rétablissement de cet équilibre. Rien de
plus normal que dans ces conditions, les transactions foncières se monétarisent et se marchandent,
mais comment et dans quel sens ? Il se forme un camp de vendeurs et un camp d’acheteurs. Vendre de
la terre dans cette société en crise relève plus des situations de détresse que de vente productive ; en
acheter, paraît plus être un prestige social, une épargne, qu’un calcul économique visant à produire
plus. Il s’opère un transfert progressif de terre des plus pauvres, dumoins les plus nécessiteux, aux les
plus riches ou les moins nécessiteux. Le morcellement par héritage prend l’allure de vente voilée
d’autant plus que les perceptions et le nombre de candidats aux morceaux du domaine familial
enclenchent une compétition aigue. Le prêt temporaire et la location pratiqués surtout par les femmes,
aboutissent à une concentration remarquable des droits de culture. En dépit des inquiétudes sur leur
degré de sécurité, ils sont à encourager d’autant plus qu’ils n’entraînent pas la dépossession tant
décriée.
A l’échelle des villages, les espaces de morcellement et de concentration sont imbriqués, mais
à l’échelle d’un département comme le Bamboutos, on peut à travers une analyse de l’ensemble
densités, titres fonciers et mobilités, spatialiser ce phénomène pour mieux comprendre les pratiques
foncières qui le sous-tendent et leurs conséquences socio-spatiales.
Mots clés : Morcellement, concentration foncière, acteurs, réalités complexes, Bamboutos, pays
Bamiléké.
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Abstract
The Bamileke country in west Cameroon is recognised with high population densities, within
the highest high tropical milieu, it’s remarkable bocage and the proven dynamism of the inhabitants.
As the coffee which assured instable equilibrium disappeared, there were only land mutations
to permit internal readjustment to re-establish this equilibrium. In these conditions, land transactions
became monetized and haggle over, but how and in which direction? It then formed a group of sellers
and a group of buyers. Selling land in this society in crisis is more of distressing than productive sales;
purchasing it appears to be more of social prestige, a saving, than an economic calculation aim at
producing more. There is a progressive transfer of land from poorest, at least the most needy, to the
richest or less needed. Parcelling by heritage take the form of indirect sale, dues to perceptions and
number of solicitors for the piece of the family land which increases the competition. Temporal lease
and rent practised mostly by women, leads to a remarkable concentration of farming right. Despite the
uncertainty in their degree of security, they should be encouraged due to the fact that they are not force
to the denounced dispossession.
At the villages scale, fragmentation and concentration spaces are interwoven, but at the
divisional scale like the Bamboutos, through an analysis of entire densities, land titles and mobilities,
we can spatialise this phenomenon to better understand the land practices and their socio-spatial
consequences.
Keywords: Parcelling, Land concentration, Actors, Complex realities, Bamboutos, Bamileke country.
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L’évocation de la concentration foncière en pays Bamiléké suscite de l’étonnement au regard
des densités démographiques et des discours politiques. Le fait de la rareté de la terre est réel, mais les
transferts actuels ne font qu’amplifier les disparités entretenues par la hiérarchie sociale. Nous nous
proposons de mettre en évidence ces réalités à travers l’analyse des différences de densités et les flux
migratoires internes conséquents, la taille des parcelles immatriculées et les pratiques sociales qui
sous-tendent les modes de transfert. On s’achemine vraisemblablement vers la formation de deux
types de territoires : un territoire de morcellement et un territoire de concentration foncière.
I- UN CONTEXTE DE CRISES MULTIFORMES QUI AMPLIFIENT LA QUESTION
FONCIERE
Parmi les crises que vivent les milieux ruraux de l’Ouest-Cameroun, celle de la terre paraît
comme la plus significative. Bien qu’elle soit depuis longtemps soulignée avec ferveur par les
chercheurs et les administrateurs, elle s’est révélée depuis la crise du café comme catalyseur des autres
crises et surtout de nouvelles dynamiques socio-spatiales.
La crise économique est connue depuis la moitié des années 1985 avec la chute du prix du
café, principale source de revenu des ménages. On a assisté à une nouvelle1 remise en cause des
structures sociales, parfois avec une brutalité célébrée par le retour de la démocratie. La course aux
espaces de substitution à la caféiculture est amplifiée par le retour à la terre des migrants qui n’ont pu
s’insérer dans les villes, elles aussi en crise [Gubry et al., (1996), Kamga, (2002)]. Les zones encore
disponibles sont naturellement les secteurs marginaux contigus au territoire des chefferies ou les
villages les moins peuplés. Par ailleurs, on a constaté qu’il y avait une pression intense sur les anciens
terroirs caféicoles, pression visant le morcellement en parcelles de construction ou en jardins de case
plus intensifs. Dans l’ensemble du pays Bamiléké, une recomposition territoriale se dessine sur la base
de nouveaux jeux fonciers.
Le département des Bamboutos compte parmi les plus sensibles à cette dynamique territoriale.
Entité administrative de 1170 km_, il abrite 215523 âmes pour une densité de 132.6 hab./km_ en 1976,
184.2 hab./km_ en 1987 et 345.87 hab./km_ en 20052. Ces moyennes masquent les écarts entre les
villages très densément peuplés et les villages faiblement peuplés, pourtant ce sont ces écarts et
l’aptitude des sols qui expliquent une grande partie du morcellement et de la concentration foncière.
Le jeu foncier oppose non plus seulement les autochtones entre eux, mais les autochtones avec les
autres populations venues des zones « saturées ». La figure 2 montre l’évolution des densités et les
sens de transfert des droits sur la terre dans le Bamboutos.
Les plus fortes densités en 2005 sont supérieures à 600 hab./km_ (Batcham) tandis que les
plus faibles sont inférieures à 35 hab./km_ (Bamendjing). Cette inégale distribution des densités
1 La première remise en cause du système social date de l’introduction de la culture du café. Il est tout a fait normal que sa chute augure une
nouvelle remise en cause des structures sociales établies sur la base de cette culture.2 1976 et 1987 sont les seules années de recensement officiels au Cameroun, la population de 2005 est estimée. Ces chiffres incluent la
population urbaine. Les résultats du recensement en cours ne seront pas disponibles avant 2007.
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montre bien que l’Ouest-Cameroun n’est pas uniformément « saturé » comme certaines études laissent
croire. D’ailleurs, les écarts de densités sont parfois creusés. Dans ces conditions, les pratiques
foncières s’expriment de différentes manières selon qu’on soit dans un village « saturé » ou peu
peuplé. La régularisation du jeu foncier par les flux migratoires internes est certes insuffisante, mais
constitue une soupape essentielle quelque peu négligée dans les anciens courants migratoires dirigés
vers le Moungo et le Mbam [Tardits, (1960) ; Champaud, (1973) ; Dongmo, (1981)].
II- REALITE DU MORCELLEMENT ET DE LA CONCENTRATION FONCIERE DANS LE
BAMBOUTOS
Le morcellement est un processus d’occupation de l’espace et de fonctionnement social. C’est
donc un processus normal tout simplement amplifié par une pression démographique et sociale forte
dans un espace limité. Il aboutit à la formation des propriétés au sens du droit coutumier ou du droit
moderne. Il se fait alors par héritage ou par achat. Les droits délégués dans le contexte de cette étude
ne sont pas considérés comme des morcellements.
La concentration foncière quant à elle fait référence à l’accaparement de l’outil de production
par une poignée de personne disposant ou non des moyens nécessaire à l’exploitation : droits de
propriété et d’exploitation du sol. Elle n’est pas nouvelle au regard de la hiérarchie des droits fonciers
calquée sur celle de la société.
1- Réalité du morcellement foncier
Quand on regarde le paysage de bocage et les rapports population/superficie dans les villages
Bamiléké, l’idée de morcellement intense apparaît à l’évidence. A l’échelle du Bamboutos, nous avons
sur la base de la superficie et de la population de 1987 et 2005 obtenu des indices de morcellement sur
un ordre général, puis les détails à travers le dépouillement des titres fonciers (tableau 1).
De 1987 à 2005, on est passé de 17.17 ha/ménage, soit 3.56 ha/hab. à Bamendjing où l’on a le
plus de terres disponibles à 3.05 ha/hab. A Batcham où le morcellement est plus intense, on est passé
pour la même période de 2300 à 1700 m_/hab. Les villages les plus nécessiteux sont ceux dont les
indices de morcellement sont inférieurs à 5000 m_/hab. en 2005, soit 50 % des villages Bamboutos.
Cinq villages peuvent encore assurer au moins 1 ha de terrain à leurs ressortissants. Seul le village
Bamendjing disposent encore de terres « suffisantes ».
A l’intérieur d’un même village, des écarts considérables apparaissent entre le cœur de la
chefferie et les marges territoriales. Les détails des indices de morcellement sont parfois effroyables à
l’intérieur des villages dont la montagne influence fortement la distribution de la population. A
l’échelle d’un lignage de 63 potentiels héritiers à Bangang, nous avons relevé des indices de 698,41
m_/personne, soit un carré de 26.42 m de côté. Considérant que seuls les 34 garçons du lignage
d’après les règles de succession seront dans l’obligation de laisser une parcelle de terrain à leurs fils
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d’ici à l’horizon 2030, nous avons abouti à un indice de morcellement3 de 266.60 m_/personne en
supposant que chaque garçon aura au plus 3 fils.
Le dépouillement des titres fonciers confirme nos calculs empiriques. En effet, la plus petite
superficie immatriculée est de 90 m_, c’est-à-dire un carré de moins de 10 m de côté. La majorité des
terres immatriculées à Bangang (37.50 %) a une superficie comprise entre 1000 et 3000 m_. Le plus
vaste terrain immatriculé (10.2843 ha) n’est qu’un bien collectif à une famille. Les zones les plus
morcelées sont celles où l’on retrouve les plus forts taux d’immatriculation comme l’atteste le tableau
2. Il n’est plus surprenant que dans ces conditions, les populations des villages densément peuplés
déportent leur « faim » de terres agricoles ailleurs. Il s’opère un transfert de population des zones
fortement morcelées vers les zones moins morcelées. Les immigrants avec l’expérience de la rareté
cherchent à s’accaparer un maximum de terres chez les populations autochtones qui tardent à prendre
conscience de cette rareté ou qui croupissent sous le joug des besoins incompressibles.
En ajoutant les ressortissants des villages concernés résident en ville – et on sait qu’ils sont
plus nombreux-, on obtient des indices de morcellement encore plus élevés. De la même façon, les
levés de terrain que nous avons réalisés à Bangang confirment la tendance du morcellement intense
dans les terrains non immatriculés, somme toute toujours plus nombreux en dépit de l’évolution
continue des immatriculations. On peut relativiser l’intensité du morcellement en posant que les
femmes d’après les règles de succession sont exclues de la propriété des terres. Cette règle n’est plus
de mise, bien qu’elle soit encore dominante.
2- Réalité de la concentration foncière
A l’échelle des Bamboutos, on ne peut chercher les concentrations foncières que dans les
nouvelles zones de colonisation agraire comme le mont Bambouto et la région de Galim. Certes, dans
les zones densément peuplées, le dépouillement des titres fonciers montre de rares superficies
supérieures à 5 ha., mais ces propriétés a priori non morcelées appartiennent à des notables qui ont
profité de leur position sociale pour se tailler de grands domaines. A l’analyse, on se rend compte que
certains sont de grands polygames, et donc disposent de beaucoup d’enfants à « loger ».
L’arrondissement de Galim4 est par contre une zone de colonisation agraire récente où se sont
côtoyées migrations spontanées et organisées, mais aussi les plus grandes plantations coloniales à
l’Ouest (Dongmo 1981). Cette situation est liée d’abord à la fertilité des sols issus du volcanisme
quaternaire, puis à la faiblesse des densités humaines.
L’indice de morcellement moyen dans cet arrondissement est de 1.80 ha/hab. Au regard du
tableau 2, on constate que 92.19 % de terres immatriculées ont une superficie comprise entre 1 et 5 ha
et plus. Les terres immatriculées de superficie inférieure à 1 ha ne représentent que 7.81 %. Dans les
détails, on atteint les records mentionnés au tableau 3.
3 Soit 63 potentiels héritiers + 34 fils _ 3 petits-fils = 165 potentiels héritiers pour une superficie de 4,39 ha.4 Il est constitué des villages Bagam, Bamendjing, Bati et Bamenyam
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Si on arrive à immatriculer des superficies de plus de 20 ha. en pays Bamiléké, cela signifie
tout simplement que le problème de rareté de la terre souligné depuis longtemps par les chercheurs et
les administrateurs doit être posé autrement : il y a une concentration foncière significative dans les
zones faiblement occupées.
Autour du mont Bambouto, les batailles sont rangées [Fotsing (1995), Tsaléfac (1993)] et c’est
avec le temps qu’on a mieux cernés leurs sens. Les élites s’octroient les espaces litigieux dans un
double jeu : le premier vise à taire les querelles de limites ou les conflits agropastoraux d’autant plus
que leur pouvoir monétaire est suffisant pour imposer le silence, voire « écraser » toutes contestations.
Les pouvoirs publics se retrouvent alors pris au piège ou sont complices d’autant plus qu’ils bénissent
assez rapidement ce jeu par voie de concession. On a vu par exemple dans la zone de Bafou-nord, une
élite s’octroyer 349 ha pour l’élevage en déguerpissant ses propres frères et autres « étrangers » qui
cultivaient dans cet espace. Le second jeu est la recherche du prestige et de la reconnaissance sociale.
Elle est négociée auprès du chef qui dans tous les cas, ne dispose pas de marge de manœuvre pour
refuser le titre de noblesse au « valeureux fils ».
Dans la zone de Galim, les problèmes se posent autrement. Ce sont les immigrants qui se
taillent les gros morceaux du territoire qui s’aménuisent chaque jour. D’après le tableau 3, 54.54 %
des propriétaires de vastes superficies sont des allochtones5. Sur 41 attributaires de titres fonciers
natifs des Bamboutos à Bati, seuls 7.31 % sont des natifs de Bati. Aussi surprenant que cela puisse
paraître, près de 80 % des propriétaires fonciers ne sont ni agriculteurs, ni résidants. En mettant de
côté les extrêmes du tableau 3, on peut faire le même constat pour 90 attributaires de titres fonciers à
Bati d’après le tableau 4
Les acteurs de la concentration foncière sont essentiellement les fonctionnaires et les
commerçants. On sait très bien qu’ils ne sont pas les plus nécessiteux en terres, bien que la crise ait
contraint tout le monde à devenir agriculteur. Deux types de concentration se dégagent finalement de
cette course à la terre:
- la concentration de « plaisance ». Elle témoigne de cette attitude des élites urbaines à
s’attribuer des domaines dont la mise en valeur adéquate n’est pas au centre de leur acquisition. On a
certes vu quelques unes développées des activités agricoles d’envergure comme POUFONG à Galim,
FOTSO, à Bandjoun, FORCHIVE à Foumban, mais les rapports aux grands domaines sous-exploités
restent faibles, 1/5 à 1/10. L’exploitation est souvent « partagée » aux proches dépourvus de moyens
adéquats de production : membre de la famille, amis, migrants de retour et autres femmes capables de
mener une agriculture commerciale. Il n’est plus surprenant que les études d’agronomes6 révèlent que
les petites exploitations sont plus rentables que les grandes. La concentration de la terre devient une
sorte d’épargne, de prestige nécessaire à la reconnaissance et à l’ascension sociale.
5 Après enquête visant à savoir si le lieu de naissance des titulaires de titres fonciers était leur lieu d’origine.6 Comme le révèlent les résultats du projet OCISCA.
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- La concentration productive. C’est la forme de concentration positive. On concentre de la
terre pour mener des activités agricoles d’envergure. C’est le cas des migrants de retour en quête de
parcelles pour le maraîchage et le vivrier marchand. C’est aussi le cas des femmes venues des zones
densément peuplées et qui arrivent à concentrer les droits de culture sur plusieurs parcelles dont la
somme peut atteindre des superficies de 5 ha. Si la finalité de la concentration est la production
agricole pour la consommation et la vente, on ne saurait négliger cette concentration des droits
délégués.
III- PRATIQUES FONCIERES SOUS-TENDANT LE MORCELLEMENT ET LA
CONCENTRATION
Les pratiques des modes d’accès à la terre sous-tendent la concentration et le morcellement
foncier. Ces modes d’accès ont toujours existé, mais leur contenu a évolué au rythme de la rareté et
des dynamiques sociales par rapport à la terre. Il s’agit plus précisément de l’héritage, de la
vente/achat et des droits délégués.
1- Les héritages monétarisés dans le processus de morcellement
Dans le pays Bamiléké, la rareté progressive de la terre a abouti au passage d’un héritier
unique à un héritier principal. A chaque décès de chef de ménage correspond un nouveau
morcellement. En s’en tenant à une espérance de vie de 50 ans, on peut dire que la plupart des
ménages sont à la troisième génération de morcellement depuis la colonisation. Et déjà, il n’est plus
possible pour certains de procéder à de nouveaux morcellements, pour d’autres les parcelles héritées
ne sont plus que des lots de construction comme en ville. Mourir sans laisser un lopin de terre à
chacun de ses fils est pourtant une défaillance grave chez le chef de ménage en société bamiléké. Ne
pas pouvoir construire sa résidence de campagne dans le domaine familial est synonyme d’exclusion
qu’aucun héritier ne souhaite digérer. Ces situations déchaînent, au niveau des fils et des épouses, des
passions pour la conquête du domaine familial. La levée de bouclier se fait de deux manières :
- le chef de famille ouvre le jeu à travers les problèmes qu’il pose à ses fils : renouvellement
de case, organisation de funérailles, assistance régulière, etc. Certes, ces problèmes sont des appels de
cœur que chaque fils doit honorer envers ses parents, mais depuis la crise, la compensation ou la
récompense les accompagne.
- du côté des fils, on remarque que la prise en charge des cadets par les aînés justifie des
positions privilégiées ou influentes auprès du père et des abus de droits fonciers. Certainement, il ne
s’agit pas de pratiques nouvelles quand on regarde les conditions qu’il faut remplir pour mériter
l’attribut d’héritier principal ou unique, mais ces pratiques à l’origine discrètes se sont banalisées à
l’épreuve du temps. Les octrois préférentiels d’héritages, les soupçons accrus de détournement de
successeur que l’on constate actuellement dans les familles surtout polygames découlent de cette
logique d’héritage calculée. La transformation des droits d’usage en droits de propriété est alors la
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conséquence des successions mal planifiées ou encore des décès subite de chef de ménage. Chaque fils
ou chaque épouse s’arroge un morceau du domaine familial en fonction de sa capacité à maîtriser la
colère des autres ayants droits.
Autour de Mbouda, la proximité de la ville amplifie la monétarisation des parcelles héritées,
au fond des villages densément peuplés, c’est la proximité des axes routiers, dans les villages peu
peuplés et les hautes altitudes du mont Bambouto, c’est l’aptitude des sols aux nouvelles activités
agricoles qui accroît les batailles rangées au sein des familles.
Comme la corruption qui gangrène la société camerounaise, les preuves de la monétarisation
des héritages sont difficiles à trouver. Mais au cours d’une enquête il suffit de demander à un héritier
ce qu’il a fait à son père pour mériter la taille de sa parcelle. Si elle est petite, il sera très à l’aise de
vous dire que son père ne l’aimait pas autant que ses frères qui ont eu des superficies plus grandes, et
pourquoi ? Ceux qui ont reçu des superficies raisonnables ou grandes, brandiront l’amour réciproque
entre eux et leur père, quel amour ?
Dans le passé, il fallait apporter une tine d’huile et du sel pour demander sa parcelle de
construction à son père. Que devient la tine d’huile aujourd’hui, puisqu’on n’en parle plus ? Elle n’a
pas disparu pour autant, elle s’est transformée en assistance « calculée » ou en monnaie tout
simplement. La crise du café a mis les parents en situation d’assistés sociaux. S’il s’agit d’un retour
d’ascenseur comme le souligne Kuété (2002), nos enquêtes en milieu rural (Yemmafouo 2000, 2002)
comme en milieu périurbain7 montrent que les parents tiennent encore pour longtemps les fils-citadins
par le cordon de la terre. Il est légitime d’assister ses parents en difficulté, mais réclamer de la terre en
compensation n’est pas juste. De la même façon, un parent qui tarde à donner une parcelle de
construction à son fils qui en réclame, ceci sous prétexte qu’il ne l’assiste pas ou encore pour lever les
enchères entre ses fils, est comparable à un spéculateur. En évaluant les dépenses que certains
consentissent pour mériter leurs parcelles, on comprend davantage le « lien ombilical » tant souligné
entre l’individu et le domaine familial quelque soit l’assise socio-économique dans le milieu
d’émigration. En effet, les sommes dépensées sont toujours équivalentes si non supérieures à celles
requises pour l’achat d’un terrain hors du domaine familial. Mais la source de morcellement, mais
aussi celle de la concentration foncière la plus redoutée reste le fonctionnement du marché foncier.
2- La marchandisation imparfaite au cœur des réalités foncières
La vente des terres dont tout le monde en parle aujourd’hui mérite réflexion. Il s’agit d’un
processus qui est entrain d’arriver à terme à en croire les partisans de l’école des droits de propriété. A
travers l’évolution des faits historico-socio-économiques, on voit la vente se généraliser : c’est la
marchandisation de la terre. Elle suppose que celle-ci, autrefois sacrée et inaliénable, est devenue un
bien, c’est-à-dire que l’on peut lui affecter une valeur monétaire, qu’elle est une propriété et qu’il
7 Thèse en cours : Pratiques foncières et dynamiques des paysages périurbains de Mbouda ; une contribution à l’étude des mutations spatiales
autour des villes moyennes de l’Ouest-Cameroun.
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existe un « lieu de rencontre aux fins d’achat et de vente », donc un marché (Polanyi 1983). Tel n’est
certainement pas le cas. Les ventes se font à travers des réseaux sociaux bien connus : réunions
tribales, associations socio-professionnelles, rapports de clientèles, etc. En cas de besoin d’un terrain à
acheter, le premier conseil est d’éviter un terrain sur lequel se trouve l’étiquette « à vendre ». C’est
sûrement un terrain à problème. Les réseaux sociaux d’achat/vente de terre apparaissent comme les
seuls réseaux capables de fournir un accès à la terre face à un marché officiel incapable de garantir la
« circulation » équitable de la terre. Ces réseaux sociaux offrent une sécurité peu reconnue fondée sur
la confiance et le risque d’exclusion du groupe en cas de défaillance du membre impliqué dans une
opération foncière frauduleuse. Le seul problème est le sens de « circulation » de la terre et ses
conséquences.
Le schéma global de vente montre un transfert quasi-continu de terres des plus pauvres vers
les plus riches. Au centre du schéma se situent les raisons de vendre. Elles justifient finalement deux
types de ventes : les ventes de détresse; dans cette société en crise, vendre de la terre est devenue la
solution ultime aux problèmes urgents qui se sont cumulés. Dans l’espoir de lancer ou de relancer une
activité commerciale, « négocier » un concours ou « intégrer » un fils dans les rouages de
l’administration, une famille peut décider de sacrifier un morceau de son domaine: on parle à ce
moment de vente productive.
Il est donc clair que ceux qui achètent sont ceux qui disposent d’un peu plus de moyens que
ceux qui vendent. Certes, les problèmes qui justifient les ventes s’évaluent dans le temps et dans
l’espace si bien que le vendeur d’aujourd’hui peut devenir l’acheteur de demain et vice versa, mais
force est de constater un morcellement toujours intense chez les plus pauvres. C’est donc les citadins
en quête de terrain de construction, les migrants de retour enquête de terrain pour l’agriculture
marchande et les élites enquête de prestige ou en mal d’épargne qui achètent.
3- Demander et louer de la terre : vers des morcellements et des concentrations sans histoires ?
L’accès aux droits de culture se négocie sous formes de deux types de contrat : la demande et
la location. La demande découle des relations étroites entre le demandeur et le donateur. Il ne s’agit
plus des dons que scellaient autrefois les liens de mariage, mais des dons somme toute calculés : Ce
sont des récompenses qui fixent une amitié, des invitations à rejoindre une personne ou un groupe.
Puisque ce mode d’accès est exclusivement réservé aux femmes, on ne manque pas souvent de
soupçonner –quand les liens ne sont pas consanguins- des liens de concubinage entre l’homme
donateur et la femme demandeuse. Dans tous les cas une contrepartie existe et on reconnaît très
souvent le payement en nature et le payement en travail dans le champ du donateur.
Dans le système locatif, les contrats de location écrits existent. Couvrant généralement une
période allant de 3 à 10 ans, ils ne concernent que l’usage de la terre à des fins de cultures maraîchères
ou de vivrier marchand. Au début de la frénésie du maraîchage, on a constaté une remise en cause
fréquente de ces contrats, mais de nos jours, ils sont plus stables.
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Les formes d’accès temporaire au sol constituent des formes de morcellement et de
concentration que l’on néglige très souvent. Pourtant, si la finalité est l’accès et l’extraction d’un profit
du sol, il vaut mieux les encourager puisqu’elles n’entraînent pas la dépossession décriée par les
autochtones. A la lumière du jeu foncier dans le Bamboutos, les débats sur la sécurité de ces contrats
d’accès au sol sont des vrais faux débats. Ce positionnement se justifie davantage par la problématique
des conflits fonciers, mieux celle des réactions sociales face à la dynamique du jeu foncier.
IV- QUESTIONS SOCIO-SPATIALES LIEES AU MORCELLEMENT ET A LA
CONCENTRATION FONCIERE
Il fallait s’attendre à ce que la concentration et le morcellement atteignent des seuils
insupportables pour que les conflits éclatent au grand jour. A l’échelle des familles, les conflits liés au
morcellement opposent non pas seulement les fils en compétition pour l’héritage, mais aussi les
épouses des chefs de ménages, les cousins et les tantes. Chaque membre de la famille veut
« positionner » son « protégé » auprès du chef de famille à chaque fois que l’occasion se présente. A
l’échelle du lignage, de véritables lobbies se forment quand les enjeux de la succession sont grands.
Tous les moyens à ce moment sont bons, y compris la course aux marabouts pour éliminer les
concurrents gênants.
Les conflits liés aux ventes confirment notre positionnement sur la sécurité des réseaux et des
contrats d’accès temporaire. Contrairement à ce à quoi on devrait s’attendre, les conflits opposent plus
les membres de la famille entre eux qu’avec les acheteurs. Cette situation s’explique par le fait que le
chef de ménage est chef des terres du domaine familial et c’est lui seul qui prend la décision de vendre
ou de louer. Très souvent la femme qui exerce des droits agraires sur la parcelle n’est informée
qu’après l’opération de vente. L’information des fils est plus une invitation à réagir qu’un souci de
conseil de famille au sujet de la vente. Tant que le parent-vendeur vit, l’acheteur est rarement inquiété.
Très souvent il s’active à immatriculer le terrain avant son décès. Quelques tentatives récentes de
remise en cause des ventes douteuses par des successeurs avares ont été très vite étouffées par la
régulation sociale et la force de loi de l’immatriculation. Les contrats d’accès temporaires sont souvent
conduits à leur terme après le décès du concessionnaire.
A l’échelle des villages la remise en cause des limites territoriales est la conséquence majeure
des transferts non maîtrisés de terre. Cette recrudescence des conflits de limites intervillages bénéficie
d’un contexte favorable marqué par le retour du multipartisme. Les querelles étouffées dans les idéaux
d’unité nationale pendant le parti unique sont remises à jour et deviennent l’occupation d’une classe
d’élites soucieuses de la préservation du territoire ou tout simplement en mal de positionnement
politique. En effet, il se dégage plus un souci de contrôle des ressources foncières qu’un souci de
préservation.
Le cas de Galim nous sert d’illustration en temps que arrondissement le moins peuplé et le
plus fertile des Bamboutos, dont objet de toutes les convoitises. Il draine une population agricole assez
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importante8 et surtout mieux consciente de la valeur précieuse de la terre, raison pour laquelle les
parcelles achetées sont aussitôt sécurisées par des immatriculations, un peu en prévision au « réveil »
des autochtones. Ces derniers n’ont évidemment réalisé la valeur de leurs terres que tardivement. Mais
les stratégies pour les protéger sont plutôt paradoxales. Au lieu d’une action commune, chaque village
entreprend un peu précipitamment la délimitation de son territoire. Chemin faisant, les villageois se
rendent compte que les limites entre leurs villages ne sont pas matérialisées ou se chevauchent quand
elles le sont et que nombre de droits d'immigrants sont flous. Au nom de la coutume ou du droit
moderne, chaque communauté affûte ses arguments et revendique ce qu'elle estime être la continuité
de son territoire.
La recrudescence actuelle des conflits se solde toujours par de pertes en vies humaines et
d'important dégâts matériels. Les affrontements d'Avril-Mai 1998 (Bagam-Bamenyam) se sont soldés
par une dizaines de morts, plus de 200 maisons détruites, des plantations saccagées et une courte
épidémie de choléra qui aurait été l’une des nombreuses conséquences. Ceux d'Avril 2001 entre les
Bagam et les Bamendjing se sont soldés par trois morts (parmi lesquels un sous chef Bagam), plus de
50 blessés, des maisons et des plantations saccagées. Certes, pendant la colonisation et même à la
veille de l'indépendance, ce problème de précision des limites entre les différents groupements
bamiléké s'était posé. Les Allemands, puis les Français qui les ont matérialisées ont beaucoup plus pris
en compte les limites naturelles que celles reconnues par les populations. Après l'indépendance, ces
revendications se sont tues au nom de l'unité et de l'intégration nationale.
Face à l'afflux des immigrants déçus par la caféiculture et à la faveur de la démocratie au
début des années 1990, ces revendications refont surface. Cette fois, les moyens utilisés sont
importants et les acteurs recrutés dans les différentes classes sociales. En plus des paysans qui sont les
acteurs les plus en vue sur le terrain des conflits, on remarque que se sont de plus en plus de puissants
groupes d'élites locales ou urbaines, et les associations villageoises installées en ville, sous le nom de
"comité de développement" ou "associations des ressortissants de…" qui déclenchent et entretiennent
les conflits.
En réalité, on se serait attendu à ce que les populations autochtones s'entendent pour limiter
non pas l'immigration agricole, mais les ventes abusives. Curieusement on constate qu’elles se battent
plus entre elles. C’est davantage la preuve qu’elles ne se battent que pour le contrôle des ressources.
Depuis les évènements tragiques d’avril 2001, des comités se sont mis en place pour dissuader les
autochtones démunis de vendre et encourager la location, mais pour combien de temps quand on sait
que la pression des immigrants et celle des besoins incompressibles des autochtones sont continues.
8 Précisons qu’il ne s’agit pas seulement des populations Bamboutos qui convergent vers Galim, mais aussi les populations des départements
voisins comme Mifi, Nkoung-Nhi et Menoua.
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Conclusion
Le morcellement foncier et la concentration foncière sont des réalités palpables dans le pays
Bamiléké. Ce sont des phénomènes complexes d’autant plus que le territoire est étroit et les densités
de population élevées. Les représentations de la terre, la structure sociale et la conjoncture économique
sont autant des situations à l’origine d’une mauvaise « circulation » de la terre, donc du creusement
des disparités entre le morcellement et la concentration foncière. Le morcellement à outrance
caractérise les familles démunies et nombreuses tandis que la concentration rappelle les nantis ou les
jeunes qui retournent à la terre après un périple décevant dans les villes. La question qui peut être
évoquée est celle d’un blocage imminent des structures foncières. Le blocage foncier est en effet l’issu
attendue des processus en cours. Cela voudrait dire qu’on arrivera à un stade où les ventes seront
bloquées et où l’outil de production sera totalement concentré aux mains des nantis.
Un tel scénario est invraisemblable, d’autant plus que le vendeur d’aujourd’hui est aussi le
potentiel acheteur de demain. Qui plus est, le système de régularisation sociale sécrète encore des
courants migratoires vers les villes et une réduction des naissances que devrait confirmer les résultats
du recensement en cours. Les fils nés dans les villes marquent peu d’intérêt pour la « terre du
village ». S’il fallait d’ailleurs s’en tenir aux administrateurs coloniaux, ce blocage aurait déjà eu lieu,
davantage de preuves pour dire qu’il est fort improbable. Nous postulons alors sur les rééquilibrages
sociaux que les Bamiléké ont jusque là su développer pour contenir les multiples crises qu’ils ont
traversées depuis leur implantation dans les Hautes Terres de l’Ouest Cameroun.
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Tableau 1 : Evolution des indices de morcellement dans le département des Bamboutos
villages superficie/ha
population
rurale
1987
Nombre
ménages
indice de
morcellement
(ha/hab.)
indice de
morcellement
(ha/ménages)
Accroissement
annuel entre
1976-1987
(%)
estimation
2005
indice de
morcellement
(ha/hab.)
Bagam 28800 10951 1985 2.63 14.51 2.18 16213 1.78
Bamendjing 10700 3007 623 3.56 17.17 0.85 3504 3.05
Bamenyam 6500 3318 594 1.96 10.94 1.91 4679 1.39
Bati 4200 2301 556 1.83 7.55 2.24 3444 1.22
Bamougong 1600 4141 631 0.39 2.54 -0.68 3664 0.44
Bangang 11000 28201 4615 0.39 2.38 -0.18 27302 0.40
Batcham 7400 32199 5064 0.23 1.46 1.84 44841 0.17
Balatchi 3000 7720 1222 0.39 2.45 0.92 9110 0.33
Bamessingué 7100 14470 2420 0.49 2.93 4.4 31947 0.22
Babadjou 16000 20487 3322 0.78 4.82 1.14 25153 0.64
Babété 2200 6362 1053 0.35 2.09 0.96 7562 0.29
Bafounda 2700 3038 590 0.89 4.58 0.53 3342 0.81
Bamendjinda 2200 6601 1185 0.33 1.86 3.48 12350 0.18
Bamendjo 1700 4921 769 0.35 2.21 1.8 6804 0.25
Bamenkombo 8500 6008 1172 1.41 7.25 0.22 6251 1.36
Bamesso 1600 1386 293 1.15 5.46 -2.74 846 1.89
Total
Bamboutos 115200 155111 26094 0.74 4.41 3.5 291138 0.40
Tableau 2 : Superficie des terres immatriculées dans 2 villages densément peuplés et 1 village
moins peuplé du département des Bamboutos
superficie Bangang Pourcentage Batcham Pourcentage Bamendjing Pourcentage
Moins de 1000 m_ 34 10.90 58 20.14 - -
1000-3000 117 37.50 95 32.99 - -
3000-6000 53 16.99 50 17.36 - -
6000-10000 33 10.58 34 11.81 - -
1 ha et plus 75 24.04 51 17.71 - -
Total 312 100.00 288 100.00 - -
moins d'1 ha - - - - 5 7.81
1ha - 5 ha - - - - 24 37.50
5 ha - 10 ha - - - - 19 29.69
10 ha - 20 ha - - - - 12 18.75
20 ha et plus - - - - 4 6.25
Total - - - - 64 100.00
Source : service départemental des domaines des Bamboutos
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Tableau 3 : Quelques records de superficie des terrains immatriculés dans les zones faiblement
peuplées des Bamboutos
Lieu superficie Profession du titulaire Résidence sexe
Village de
naissance
Bamenyam 50 ha2125 ca commerçant Douala Masculin Bamenyam
Bamenyam 53 ha 0400 ca commerçant Kumba Masculin Bamenyam
Bagam 80 ha 4807 ca
Administrateur civil hors
échelle Yaoundé Masculin Baham
Bagam 102 ha 5473 ca Fonctionnaire retraité Mbouda Masculin Bafou
Bagam 39 ha 7400 ca Elève Mbouda Féminin Bagam
Bagam 53 ha 2800 ca Ménagère Mbouda Féminin Bagam
Bamendjing 31 ha 1300 ca Urbaniste Bamenda Masculin Batcham
Bamendjing 24 ha 7700 ca Ingénieur agronome Bafoussam Masculin Bandjoun
Bamendjing 26 ha 7700 ca Secrétaire Dschang Masculin Menoua
Bamendjing 19 ha 9400 ca Directeur de Banque Douala Masculin Bafang
Bamendjing 36 ha 3811 ca Dentiste Bafoussam Masculin Menoua
Source : service départemental des domaines des Bamboutos
Tableau 4 : Répartition des propriétaires de titres fonciers en fonction de leur résidence et de
leur profession à Bati
zone de résidence
Profession Ville Campagne Total Pourcentage
Fonctionnaires 30 3 33 36.66
Commerçants 22 6 28 31.11
Agriculteurs 10 9 19 21.12
Autres 9 1 10 11.11
Total 71 19 90 100
Pourcentage 78.88 21.12 100
Source : Tsabang Fomena (2001)
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