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MOOC La maladie d’Alzheimer : tout ce que vous avez toujours voulu savoir …
MOOC La maladie d’Alzheimer : tout ce que vous avez
toujours voulu savoir …
Transcription de la ressource vidéo de la semaine 5B
Réalisée par Laetitia Breton et Julie Giner
5B. Les pistes de la recherche sur la maladie
d’Alzheimer et la prévention
Diapositives 1 et 2 : « Alzheimer, tout ce que vous avez
toujours voulu savoir ... »
Pr Joël Belmin : « Bonjour, bienvenue sur votre cours sur
la maladie d'Alzheimer. Nous arrivons maintenant à la
toute dernière partie de notre séquence et donc si vous
avez suivi le cours jusque là, déjà je peux vous féliciter.
Diapositive 3 : « Les pistes de la recherche sur la
maladie d’Alzheimer et les maladies apparentées et la
prévention »
Nous allons aborder maintenant les pistes de la recherche
sur la maladie d'Alzheimer. C'est effectivement une maladie
pour laquelle on a besoin de beaucoup de progrès. Je vais
essayer de vous montrer en quelques minutes les différents
aspects des pistes que suit la recherche actuellement.
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MOOC La maladie d’Alzheimer : tout ce que vous avez toujours voulu savoir …
Diapositive 3 : « Position de la séquence »
Sur cette diapositive vous voyez que cette dernière partie
sur les pistes de la recherche, c'est la toute dernière
séquence de notre cours sur la maladie d'Alzheimer.
Diapositive 4 : « Recherche sur les médicaments »
Alors, pour aborder ce sujet il faut parler en premier de la
recherche sur les médicaments. Alors véritablement, les
médicaments c'est extrêmement important, nous
attendons tous des traitements très efficaces pour enrayer,
bloquer cette maladie. Cette recherche est très intense, elle
stimule beaucoup les laboratoires pharmaceutiques car
certainement, l'entreprise qui trouvera un médicament très
efficace aura des retombées extrêmement positives.
Alors, vous savez et je vous en avais parlé dans le premier
cours, les modèles animaux dans la maladie d'Alzheimer
ont permis de faire beaucoup de progrès puisqu'on peut
tester un grand nombre de médicaments sur les modèles
animaux, et notamment, il y a eu toute la recherche sur
l'immunothérapie, ce qu'on appelle les vaccins anti-
Alzheimer qui ont pu être testés chez les animaux et qui ont
eu des effets extrêmement intéressants chez ceux-ci.
Malheureusement la transposition chez l'homme a été
couronnée de beaucoup moins de succès, ce qui fait
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MOOC La maladie d’Alzheimer : tout ce que vous avez toujours voulu savoir …
qu'aujourd'hui ce n’est pas encore une thérapeutique qui
peut être utilisée.
Alors pour vous exprimer à quel point cette recherche est
intense, on peut consulter une banque de données qui
recense tous les essais cliniques qui sont faits aujourd'hui
chez l'homme. Il y a plus de 200 essais cliniques
actuellement en cours dans le cadre de la maladie
d'Alzheimer. Vous voyez, c'est tout à fait considérable.
Diapositive 5 : « Stratégies diverses »
Alors pour vous expliquer brièvement les stratégies qui
sont utilisées pour rechercher des médicaments et bien je
vous propose de revenir un petit peu en arrière au premier
cours de cette séquence où je vous parlais de ce qui se
passait dans le cerveau des malades Alzheimer.
Si vous vous souvenez bien, il y avait ces protéines
amyloïdes, ces dépôts de protéines amyloïdes et ces dépôts
de protéines tau qui survenaient dans les neurones et puis,
un certain nombre de facteurs qui pouvaient intervenir
aussi dans la physiopathologie de la maladie d'Alzheimer,
comme par exemple l'inflammation, le stress oxydatif, le
dysfonctionnement neuronal et puis la mort cellulaire plus
généralement. Et bien chacun de ces phénomènes peut être
envisagé comme une cible pharmacologique pour tenter
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MOOC La maladie d’Alzheimer : tout ce que vous avez toujours voulu savoir …
d'enrayer, de bloquer les mécanismes qui conduisent à
cette maladie.
Alors, si on prend dans un premier temps la protéine tau
et les protéines amyloïdes, et bien une première stratégie
pharmacologique c'est d'essayer de bloquer leur formation,
ce qui est représenté sur la diapositive par les petites mains,
et là il y a plusieurs stratégies qui peuvent être développées
dans ce cadre-là.
Alors, une autre cible pharmacologique toujours pour les
protéines amyloïdes ou pour la protéine tau, c'est d'essayer
de produire leur élimination par un agent pharmacologique
et de faire en sorte que ces substances disparaissent, c'est à
dire qu'on ait une clairance de ces substances au niveau du
cerveau, et par exemple l'immunothérapie agissait un peu
comme cela sur la protéine amyloïde.
Bien évidemment, on peut développer d'autres stratégies
pharmacologiques, par exemple pour bloquer
l'inflammation au niveau cérébral, pour atténuer le
stress oxydatif et lutter contre le stress oxydatif, ou encore
pour essayer de réparer ou d'empêcher certains
dysfonctionnements neuronaux ou encore pour
empêcher la mort cellulaire et l'atrophie cérébrale. Vous
voyez que tous ces processus peuvent faire l'objet de
stratégies pharmacologiques.
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MOOC La maladie d’Alzheimer : tout ce que vous avez toujours voulu savoir …
Alors, je vous propose maintenant d'écouter le professeur
Bruno Dubois, qui est un professeur de neurologie qui est
très impliqué dans la recherche clinique sur la maladie
d'Alzheimer, et qui va vous dire ce qu'il pense aujourd'hui
des médicaments prometteurs et aussi des médicaments du
futur. »
Pr Bruno Dubois, neurologue : « Alors, quels sont ces
médicaments ? Et bien il y a en gros deux grandes pistes
actuellement. Il y a ce qu'on appelle les anticorps
monoclonaux, qui sont injectés dans le sang des patients
et qui vont venir capter ou dégrader les dépôts amyloïdes
dans le cerveau des patients. Là pour l'instant, plusieurs
études ont été réalisées qui pour l'instant sont négatives.
Une des raisons pour lesquelles ces résultats sont négatifs,
c'est peut-être que ces médicaments étaient développés
chez des patients trop avancés dans leur maladie, mais je
dois dire, et ça c'est un scoop, chez les patients plus
précoces au stade pré-démentiel, et bien apparemment des
indications semblent indiquer malheureusement que ces
produits ne sont pas non plus efficaces. Cela reste à
confirmer mais on a une petite déception car on pensait que,
peut-être, ils montreraient une efficacité sur les phases
précoces. Quoi qu'il en soit, d'autres produits sont en cours
de développement à des phases précoces, donc il faut
attendre au moins deux ans avant qu'on soit définitivement
fixé par rapport à cela.
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MOOC La maladie d’Alzheimer : tout ce que vous avez toujours voulu savoir …
Alors à côté de ces anticorps monoclonaux, il y a d'autres
molécules qui sont en cours de développement et d'étude.
Je pense notamment aux inhibiteurs de la BACE, c'est-à-dire
de la beta-secrétase et ça ce n'est pas inintéressant parce
qu'il semble que les propriétés de ces produits, sur
l'inhibition de la production de peptides amyloïdes, soient
très supérieures à celles des anticorps monoclonaux. Donc
peut-être que c'est ça la solution. On est encore dans cette
phase où l’on cherche. On a quelques indications mais pas
encore de confirmation de toutes ces recherches. Il faut
continuer.
Et puis il y a aussi une autre hypothèse qui est que peut-être
que la piste amyloïde n'est pas la seule, il faut savoir qu'il y
a aussi la piste anti-Tau et il y a là aussi, des inhibiteurs
d'agrégation des protéïnes tau qui sont en cours de
développement. Il y a aussi peut-être des anticorps anti-tau.
Il y a en fait toute une recherche qui va se développer et il
faut envisager à terme peut-être une conjonction de ces
approches. Enfin voilà, il y a encore beaucoup de travail à
faire pour les années qui viennent. »
Diapositive 6 : « Recherche sur le diagnostic et les
biomarqueurs »
Pr Joël Belmin : « Alors la recherche sur le médicament
bien sûr c'est très important mais ça ne résume pas tout ce
qui est travaillé dans le cadre de la maladie d'Alzheimer, et
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MOOC La maladie d’Alzheimer : tout ce que vous avez toujours voulu savoir …
il y a eu d'importants progrès récemment, et qui sont
toujours en cours, concernant les marqueurs de la maladie
notamment par l'imagerie. On a pu mettre au point des
marqueurs qui vont être capables de montrer les dépôts de
substances amyloïdes dans le cerveau, donc ça c'est tout à
fait nouveau et très prometteur. Il y a notamment deux
traceurs qui sont très étudiés, qui ont été mis au point, le
traceur PIB et le traceur Florbetapir, qui peuvent être déjà
utilisés maintenant sur des applications cliniques et qui
permettent de voir dans le cerveau les dépôts de protéines
amyloïdes et leur répartition globale. Alors bien sûr ça peut
être utilisé chez des patients qui ont la maladie d'Alzheimer,
mais chose encore plus intéressante pour le futur, ça peut
être utilisé chez des personnes qui sont à risque de maladie
d'Alzheimer, pour voir s'ils ne sont pas déjà en train de
développer une maladie d'Alzheimer au stade avant les
symptômes.
Alors bien sûr, il y a selon la même approche, d'autres
marqueurs qui sont développés pour essayer de visualiser
dans le cerveau les protéines Tau au niveau des neurones.
Là, il y a des recherches tout à fait intéressantes mais ce
n'est pas encore tout à fait abouti.
Et puis il y a d'autres équipes qui travaillent aussi sur des
marqueurs de la maladie, des marqueurs biologiques, par
exemple qu'on pourrait détecter en faisant une prise de
sang. Vous savez qu'aujourd'hui le diagnostic de maladie
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MOOC La maladie d’Alzheimer : tout ce que vous avez toujours voulu savoir …
d'Alzheimer est assez difficile. Je vous renvoie aux
différents cours qui ont été évoqués, et bien sûr, ça serait
formidable de pouvoir, par une prise de sang peut-être
affirmer le diagnostic ou au contraire l'infirmer. Cela
pourrait être une aide importante pour les médecins.
Diapositive 7 : « Recherche sur la réhabilitation et la
qualité de vie »
Alors il y a une recherche aussi qui est très importante, qui
est faite sur les patients atteints de la maladie d'Alzheimer
et qui porte surtout sur la réhabilitation et sur la qualité
de vie des patients. Donc ça c'est tout à fait essentiel pour
savoir comment bien prendre en charge les personnes qui
sont atteintes cette maladie. Alors certains travaux visent à
préserver l'autonomie des patients, notamment par des
programmes de réhabilitation à domicile ou dans des
centres de soins. Il y a aussi toute une recherche qui est très
intéressante qui porte sur les dispositifs technologiques qui
pourraient aider le maintien de l'autonomie et de l'aide à
ces patients.
Alors un autre sujet qui est très important, ce sont les
troubles psychologiques et comportementaux que l'on
observe au cours de la maladie d'Alzheimer et des autres
maladies neurocognitives. Et là aussi il y a une recherche
qui est assez intéressante et on a besoin aujourd'hui de
faire des progrès pour savoir comment mieux gérer toutes
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MOOC La maladie d’Alzheimer : tout ce que vous avez toujours voulu savoir …
ces difficultés psychologiques et comportementales. Cela
représente un choix extrêmement important pour la vie
quotidienne des patients et puis aussi de leur entourage,
que ce soit un entourage familial à la maison ou aussi
l'entourage professionnel, par exemple dans des
institutions.
Alors un autre enjeu de ce type de recherche c'est de
retarder l'entrée en institution. Vous savez que la
plupart des personnes âgées ne souhaitent pas rentrer en
institution. D'ailleurs, leur entourage non plus ne souhaite
pas que les personnes âgées rentrent en institution, mais la
maladie d'Alzheimer expose fortement à ce risque.
Plusieurs études ont montré que les programmes
d'éducation thérapeutique dirigés vers les aidants des
personnes Alzheimer étaient capables de retarder l'entrée
en institution par rapport à des patients dont les aidants ne
bénéficiaient pas de programme de ce genre. Donc vous
voyez, tout cela peut guider les médecins à organiser la
prise en charge.
Alors finalement il y a aussi un dernier volet qui porte sur
le bien-être et la vie quotidienne, par exemple des
travaux intéressants portés sur l'aromathérapie.
Finalement, en manipulant des stimuli odorants, on peut
atténuer l'anxiété, avoir des effets intéressants sur les
patients. Il y a aussi des recherches qui ont été faites par
exemple avec la stimulation multi-sensorielle, visuelle,
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MOOC La maladie d’Alzheimer : tout ce que vous avez toujours voulu savoir …
tactile, auditive, dans des espaces conçus pour cela. Là aussi
ça peut avoir des bénéfices thérapeutiques intéressants et
il y a aussi des recherches qui ont porté sur l'art thérapie.
C'est aussi une approche très intéressante au plan humain
et, en fait, souvent des travaux d'art thérapie ça peut
stimuler la créativité propre du malade et avoir des effets
intéressants sur son comportement. Aussi, des oeuvres
d'art peuvent être utilisées comme médiateurs pour
enrichir la communication entre le patient et son entourage.
Toutes ces approches sont très intéressantes au plan
humain mais c'est souvent des recherches qui sont difficiles
à conduire, il faut certainement en effectuer beaucoup plus,
avec des meilleures méthodes, des effectifs plus importants,
pour dégager des résultats qui permettent aux médecins et
au système de soin d’utiliser les techniques les plus
efficaces, les plus intéressantes pour les patients.
Diapositive 8 : « Recherche sur l’organisation des
soins »
Un autre aspect de la recherche qui est important pour
mieux gérer ces maladies, c'est une recherche sur
l'organisation des soins. Qu'est-ce que je veux dire par là ?
C'est finalement étudier comment les systèmes de soins
peuvent s'adapter, se construire pour être plus efficaces et
c'est une recherche tout à fait passionnante et importante.
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MOOC La maladie d’Alzheimer : tout ce que vous avez toujours voulu savoir …
Alors il y a des recherches qui portent sur des structures
de soins dédiés. Par exemple des structures de soins, à
l'hôpital, spécialisées dans la prise en charge de patients
Alzheimer. Est-ce que les patients sont mieux quand ils
vont dans les structures spécifiques comme ça que
quand ils sont dans des lieux d’hospitalisations
classiques ?
Il y a la même philosophie aussi avec des structures en
institution gériatrique, c'est à dire en maison de retraite.
Est-ce qu'il y a des unités spécifiquement dédiées pour
la prise en charge de patients Alzheimer ? Est-ce que
les patients y sont mieux que dans une maison de
retraite, que dans des unités plus standard réservées à
l'ensemble des patients ?
Il y a également toute une approche sur le diagnostic avec
les centres mémoires qui sont capables de faire le
diagnostic de ces maladies plus précocement et surtout de
suivre les malades.
Il y a aussi un volet très intéressant au niveau des soins à
domicile avec le concept de gestionnaires de cas. Il y a
beaucoup de recherches qui portent aujourd'hui sur les
gestionnaires de cas pour savoir à quel point c'est utile pour
les personnes ayant la maladie d'Alzheimer qui sont à leur
domicile.
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MOOC La maladie d’Alzheimer : tout ce que vous avez toujours voulu savoir …
Alors qu'est que c'est un gestionnaire de cas ? Et bien
c'est un professionnel du monde médico-social qui va se
rendre au domicile d'une personne atteinte de cette
maladie, faire un certain nombre d'évaluations dans son
milieu de vie et puis surtout mettre en oeuvre des
protocoles pour que le patient soit vraiment bien pris en
charge, de la meilleure façon possible. Le gestionnaire de
cas va pouvoir revenir plusieurs fois, faire un
accompagnement pour faire en sorte que cette prise en
charge se passe bien, et donc, ce terme qui a été inventé et
qui désigne le gestionnaire de cas, est un nouveau métier
de la gérontologie. Il y a beaucoup d'études qui portent sur
l'utilité de ce système pour voir si les malades sont mieux
pris en charge, ont des meilleurs devenirs que les patients
qui n'ont pas de prise en charge par les gestionnaires de cas.
Alors un dernier type de recherche qui est certainement un
peu plus compliqué. Ce dernier type de recherche ne vise
pas à étudier les bénéfices produits par tel ou tel type de
structure mais plutôt par une organisation d'ensemble du
système de santé, ce qu'on appelle les parcours de soins,
les organisations bien définies des filières de soins. Là, ce
sont des recherches qui sont plus difficiles à faire mais qui
sont quand même extrêmement importantes pour le
système de santé.
Diapositive 9 : « Recherche sur l’évolution et le devenir
des patients »
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MOOC La maladie d’Alzheimer : tout ce que vous avez toujours voulu savoir …
Alors un dernier type de recherche qui est très important
aussi, ce sont les recherches qui portent sur l'évolution et
le devenir de patients. C'est ce qu'on appelle les études
de cohorte, vous avez peut-être d'ailleurs déjà entendu ce
terme-là. Et bien qu'est-ce que ça signifie ? Cela signifie
que les chercheurs vont inclure un grand nombre de
patients qui sont soignés dans le cadre du soin courant et
ils vont étudier leur devenir d'une façon très soigneuse, ce
qui va permettre de mieux comprendre l'évolution de la
maladie et aussi de comprendre ce qu'on appelle les
facteurs de risque qui exposent les personnes à des
complications, ou au contraire des facteurs protecteurs qui
peuvent leur éviter un certain nombre de complications.
Donc vous voyez finalement ce panorama est très très large
et je vous propose d'écouter le Professeur Fati
Nourhashémi de Toulouse, qui est un professeur de
gériatrie, sur comment les patients et les familles peuvent
eux-mêmes aider la recherche clinique.
Pr Fati Nourhashémi : « C'est effectivement un sujet très
important parce que sans la recherche clinique, la
recherche n'avance pas et on ne pourrait pas avoir les
médicaments de demain qui guériront j'espère un jour
cette maladie. Alors c'est très important pour plusieurs
raisons. La première, pour la personne malade elle-même
parce qu’elle pourrait bénéficier avant tout le monde de ces
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MOOC La maladie d’Alzheimer : tout ce que vous avez toujours voulu savoir …
médicaments si effectivement l'efficacité était jugée
intéressante et c'est important pour la communauté. Les
patients atteints de la maladie d'Alzheimer ont été pendant
très longtemps exclus de la recherche clinique alors que par
exemple dans d'autres champs tels que le cancer ou le sida,
les malades eux-mêmes étaient désireux d'y participer.
C'est comme ça d'ailleurs qu'on a pu avancer, maintenant il
y a beaucoup de cancers qui guérissent. Les malades
atteints de sida, on en a de moins en moins, c'est surtout des
séropositifs qui vivent longtemps, donc on aimerait
effectivement pouvoir faire de même avec la maladie
d'Alzheimer. Donc, c'est le devoir, je pense, des médecins et
des soignants, que de proposer la recherche clinique et
d'informer les patients. Et c'est aussi aux patients de
réfléchir, de poser les questions qu'il faut aux médecins
spécialistes, aux médecins généralistes, de s'informer
auprès des associations également et puis de décider de
leur plein gré de participer ou non à la recherche. Mais il
faut que cette décision soit éclairée. »
Pr Joël Belmin : « Alors en pratique quelqu'un qui voudrait
participer à un protocole de recherche clinique, si on ne lui
propose pas, où est-ce qu'il faudrait qu'il se tourne pour
avoir des informations ? »
Pr Fati Nourhashémi : « Il y a un site internet, qui est
assez intéressant, qui est l'Observatoire National de la
Recherche sur la maladie d'Alzheimer ou ONRA. Quand on
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MOOC La maladie d’Alzheimer : tout ce que vous avez toujours voulu savoir …
tape ONRA sur n'importe quel moteur de recherche, on est
dirigé sur ce site internet qui collige les différents
protocoles de recherche clinique.
Alors quand je parle de recherche clinique d'ailleurs ce
n'est pas simplement la recherche clinique sur les
médicaments, ça peut être aussi sur l'histoire naturelle de
la maladie elle-même. Cela peut être une étude
observationnelle de suivi et tout ça fait qu'aujourd'hui on
est arrivé à quand même améliorer le quotidien des
malades et de leurs familles. Alors premièrement sur
internet c'est possible. Deuxièmement, le médecin peut
aussi donner les informations et donner un certain nombre
de documents pour que le patient et sa famille puissent les
lire à tête reposée chez eux et puis ensuite poser les
questions nécessaires. Et puis je crois aussi qu'il y a les
associations de malade, en particulier France Alzheimer,
qui a un certain nombre d'informations. Les malades aussi
qui ont déjà participé aux protocoles peuvent informer les
nouveaux patients qui souhaitent se diriger vers la
recherche clinique. »
Dr Hervé Maisonneuve, médecin, rédacteur médical et
blogueur : « Les investissements de l'industrie en général
dans la maladie d'Alzheimer sont très importants. On pense
immédiatement aux médicaments. Oui, les industries du
médicament investissent énormément et les programmes
internationaux nombreux existent. Mais ça ne se limite pas
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MOOC La maladie d’Alzheimer : tout ce que vous avez toujours voulu savoir …
aux médicaments. Dans les domaines de toutes les
technologies, de la radiologie, de l'imagerie médicale, il y a
énormément d'investissements et les progrès sont rapides
dans ce domaine pour investiguer le cerveau. Il y a aussi
beaucoup de développement dans la biologie, dans les tests
biologiques pour essayer de diagnostiquer la maladie
d'Alzheimer ainsi que des développements industriels dans
tout ce qui est génétique. Donc industries, oui on pense
médicaments, mais il faut penser radiologie et biologie.
Les entreprises internationales du médicament ont des
programmes dans la maladie d'Alzheimer. Elles ont des
programmes pourquoi ? Parce que toutes les maladies
neurologiques sont en augmentation dans le monde et ont
peu de traitement. Donc elles y voient des progrès
importants qui pourraient être faits. Quand je dis toutes les
industries, il y a peut-être une centaine de programmes
médicamenteux cliniques en cours dans le monde et chacun
de ces programmes représente des millions de dollars
annuels. On ne peut pas donner un chiffre mais les
investissements sont majeurs.
Pour développer un médicament pour la maladie
d'Alzheimer, il faut faire des essais cliniques chez l'homme
qui ne peuvent commencer que si on a eu des études chez
l'animal montrant que l'hypothèse mérite d'être testée. Ces
essais chez l'homme sont longs. Il s'agit d'une dizaine
d'années. Il faut d'abord, sur quelques personnes, étudier la
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MOOC La maladie d’Alzheimer : tout ce que vous avez toujours voulu savoir …
tolérance du médicament pour être sûr qu'il n’ait pas
d'effets indésirables. Ensuite, il y a un ou deux ans pour
trouver les doses que l'on va tester. Et ensuite, ce qui
s'appelle la phase 3, c'est à dire qu'il faut inclure des
centaines, voire des milliers de malades, dans des essais
comparatifs, rigoureux pour voir l'efficacité de ce
médicament. Tout ceci prend une dizaine d'années. Les
programmes de développement sont nombreux. Bien sûr
nous avons évoqué les programmes de développement du
médicament où les industries sont très engagées mais les
organismes publics aussi poussent à avoir ce qui s'appelle
des cohortes, c'est à dire qu'il faut s'engager à suivre des
populations de malades au cours du temps pour voir qu'elle
est l'histoire de la maladie, comment elle évolue, à quelle
rythme, et nous avons besoin de connaître ça. Pour cela,
l'engagement des patients et des aidants est majeur car ce
n'est que grâce à eux qu'on va pouvoir suivre la maladie au
cours du temps, et cela sert à avoir de nouvelles hypothèses
thérapeutiques, et à anticiper sur l'évolution de la
maladie. »
Diapositive 10 : « Peut-on prévenir la maladie
d’Alzheimer ? »
Pr Joël Belmin : « Donc nous avons vu ensemble un peu
tout ce panorama de la recherche. Vous voyez qu'elle est
très active et très diverse au niveau de ce type de maladie.
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MOOC La maladie d’Alzheimer : tout ce que vous avez toujours voulu savoir …
Avant de finir ce cours, je voudrais aborder une question
essentielle finalement, est-ce qu'on peut prévenir la
maladie d'Alzheimer ? Est-ce qu'on peut l'éviter ? Donc
je vais vous présenter aujourd'hui les données apportées
par les études scientifiques sur cette question qui est tout à
fait importante.
Aujourd'hui il faut reconnaître qu'il n'y a pas véritablement
une approche préventive dont l'efficacité soit
scientifiquement complètement prouvée. On a des
éléments qui nous indiquent que de bien soigner
l'hypertension artérielle chez des personnes qui ont une
hypertension artérielle, ça peut effectivement diminuer le
risque d'installation d'une maladie neurocognitive. Donc là
on a des éléments scientifiques solides pour documenter
cela. Et en dehors de cela on n'a pas véritablement
aujourd'hui une stratégie bien définie dont on sait qu'elle
est capable de prévenir ce type de maladie. Toutefois, on
peut formuler un certain nombre de conseils à partir
d'éléments qui ont été repérés comme des éléments
préventifs, protecteurs ou au contraire des facteurs de
risque, bien qu'on n'ait pas aujourd'hui la preuve absolue
que de modifier ces facteurs de risque ça empêche la
survenue de la maladie. En tout cas ça semble logique de
s'orienter vers ces voies là.
Diapositive 11 : « Facteurs favorisants et facteurs
protecteurs »
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MOOC La maladie d’Alzheimer : tout ce que vous avez toujours voulu savoir …
Alors ces voies, quelles sont-elles ? Et bien vous voyez
sur cette diapositive la liste des facteurs de risque c'est-à-
dire des facteurs, si on les a, qui vont exposer les personnes
à avoir plus fréquemment le risque de maladie d'Alzheimer.
Et au contraire, des facteurs protecteurs, c'est à dire si on
les a, et bien la probabilité d'avoir une maladie d'Alzheimer
est diminuée. Vous voyez là, je vous ai fait apparaître en
couleur les facteurs de risque que l’on on appelle
« modifiables » c'est-à-dire ceux pour lesquels on peut
agir.
Bien évidemment, un facteur génétique n’est pas
modifiable car on ne peut pas changer ses gènes en tout cas
pas aujourd'hui. Tandis que vous voyez, l'activité physique,
la sédentarité, des facteurs alimentaires, le tabac, on peut
bien sûr agir dessus.
Diapositive 12 : « Prévention de la maladie
d’Alzheimer »
Alors très simplement, parmi les facteurs protecteurs, et
bien on peut citer par exemple le fait d'avoir une activité
physique régulière. Ce type de comportement est associé à
un risque diminué de maladie d'Alzheimer. Le fait d'avoir
aussi une faible consommation d'alcool, et puis aussi un
régime de type méditerranéen, qui a pas mal de vertus,
riche en fruits et légumes et en huile d'olive. Et puis
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MOOC La maladie d’Alzheimer : tout ce que vous avez toujours voulu savoir …
également le fait d'avoir un haut niveau d'éducation, là
aussi est associé à un moindre risque de maladie
d'Alzheimer. Donc, vous voyez ce type de comportements
peut logiquement protéger, avoir un effet préventif vis à vis
de ce type de maladie.
A côté de ces facteurs protecteurs, il y a ce qu'on appelle les
facteurs de risque de maladie d'Alzheimer, c'est-à-dire
des facteurs qui sont associés à un plus grand risque d'avoir
cette maladie. Alors qu'est-ce qu'on trouve parmi ces
facteurs de risque, et notamment quels les facteurs de
risque modifiables ? On trouve certaines maladies
comme l'hypertension artérielle, le diabète, l'accident
vasculaire cérébral, la dépression et ce sont des maladies
qu'on peut soigner, prévenir. Et logiquement si on fait cela,
on peut espérer avoir une certaine prévention de la maladie
d'Alzheimer. A côté de ces maladies il y a aussi, par exemple,
le tabagisme, la sédentarité, l'obésité. Il y a aussi la
consommation de tranquilisants, vous savez les
benzodiazépines, ces médicaments que l'on prend pour
dormir ou pour l'anxiété. On sait maintenant qu'ils sont
associés à un risque augmenté d'avoir une maladie
d'Alzheimer.
Donc finalement, de l'analyse de ces facteurs de risque et
bien on peut en déduire une conduite à tenir qui est
finalement le secret pour éviter la maladie d'Alzheimer. Il
faut encourager un certain nombre de comportements
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MOOC La maladie d’Alzheimer : tout ce que vous avez toujours voulu savoir …
comme l'activité cognitive, l'activité physique, adopter les
régimes méditerranéens et pour certains aussi avoir une
consommation modérée d'alcool. Il faut éviter à tout prix la
sédentarité, l'obésité, le tabagisme et aussi la
consommation de médicaments tranquillisants. Et puis en
dernier lieu il faut s'occuper de prévenir ou de traiter un
certain nombre de maladies comme l'hypertension, le
diabète, la dépression et aussi l'accident vasculaire cérébral.
Donc là vous avez, je dirais la recette magique pour faire
une bonne prévention de la maladie d'Alzheimer.
Je vous propose maintenant d'écouter les conseils du
Professeur Jean-Jacques Hauw qui est un professeur de
neurologie plus exactement de neuropathologie, et qui est
membre de l'Académie de médecine, et qui va nous donner
ses conseils pour prévenir la maladie d'Alzheimer.
Pr Jean-Jacques Hauw : "On explique maintenant par le
phénomène de transconformation, ce cheminement des
protéines pathologiques. Et le point important, en ce qui
concerne la maladie d'Alzheimer, c'est que cette protéine
pathologique et en particulier la protéine tau, qui est celle
en fait qui est très proche de la mort neuronale, et bien cette
protéine Tau on la voit apparaître de façon anormale très
tôt au cours du développement chez l'enfant, chez
l'adolescent. Elle va peu à peu progresser, simplement chez
certaines personnes, elle progresse doucement, et alors
cela n'entraîne pas de mort neuronale et donc de maladie
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MOOC La maladie d’Alzheimer : tout ce que vous avez toujours voulu savoir …
d'Alzheimer. Et chez d'autres personnes elle va progresser
plus vite. Et bien entendu à ce moment là, la maladie
d'Alzheimer surviendra pendant la vie de la personne. Ce
qui est en général à partir de 65 ans, et puis de plus en plus
fréquemment lors qu'elle vieillit. Ce qui est intéressant
dans cette découverte, c'est que l'on a décidé de moyens de
supprimer la transconformation. Comme celle-ci apparaît
très tôt, on pourrait très bien supprimer, bloquer le
processus avant que qu'il ne se développe de façon trop
importante, entrainant une mort neuronale et donc
l'apparition de la maladie d'Alzheimer clinique, c'est à dire
des troubles de la mémoire par exemple, des troubles du
comportement, et tous les autres troubles, etc... qui
caractérisent justement cette maladie. »
Pr Joël Belmin : « Et bien voilà, nous sommes arrivés
maintenant au terme de ce cours sur la maladie
d'Alzheimer. Déjà, je voudrais vous remercier de votre
participation. J'espère que ce cours vous aura intéressé,
voire captivé et que vous aurez appris plusieurs choses qui
vous intéressent sur cette maladie.
N'hésitez pas, bien évidemment à nous communiquer sur
les espaces de communication, le forum, votre opinion sur
le cours. Bien évidemment ce n'est pas terminé puisqu'il
nous reste encore une petite évaluation à faire.
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MOOC La maladie d’Alzheimer : tout ce que vous avez toujours voulu savoir …
Avant de terminer, je voudrais remercier tous ces experts
que vous avez vu au fil de ces séquences et qui nous ont
apporté leur éclairage sur des points bien particuliers, sur
des sujets bien précis de cette maladie, de ces maladies et
de leurs conséquences. Je les remercie vraiment très
chaleureusement car leur expertise est très précieuse. »