Post on 06-Oct-2021
BLOCS-PAYSAGES FAÇADE NORMANDE
Bloc-paysage « Marais arrière-littoral »
Panorama des paysages du littoral, 2017
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MARAIS ARRIÈRE-LITTORAL
Ce paysage typique de la côte ouest du Val de Saire et que l’on trouve aussi sur le littoral d’une partie du
Calvados, se compose d’une alternance de petits caps rocheux encadrant des cordons de galets ou de
sables. En empêchant l’écoulement des ruisseaux côtiers, ils ont formé un chapelet de marais arrière-
littoraux. La plaine est aménagée en petites parcelles cultivées et ponctuée de quelques hameaux. Dans le
Val de Saire, l’ensemble compte parmi les littoraux les mieux préservés de France. Les marais du Calvados
sont situés derrière un mince cordon dunaire cadenassé par des épis et des enrochements.
Bloc-paysage « Marais arrière-littoral »
Panorama des paysages du littoral, 2017
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Pressions/dynamiques
Cette côte basse est menacée par les risques de submersion marine et d’érosion du trait de côte lors de
grandes marées. Le littoral du Val de Saire connaît une fréquentation liée au tourisme, à la pêche à pied et
à la plaisance qui peut impacter localement la biodiversité. La déprise agricole constatée sur certaines
parcelles entraine un enfrichement (colonisation par des fourrés) et une fermeture du paysage. Les marais
arrière-littoraux sont menacés de comblement faute d’un entretien régulier.
Protections/enjeux
Le Conservatoire du littoral, le Département de La Manche le Syndicat Mixte des Espaces Littoraux (SyMEL)
de la Manche protègent activement ce littoral par une présence foncière forte sur l’ensemble de la côte.
Des zones de vigilance ont été établies le long des ruisseaux côtiers. Cela permet notamment de protéger la
biodiversité, de maintenir des paysages ouverts et d’anticiper la relocalisation de certaines activités
menacées par la montée des eaux. Plusieurs protections règlementaires (site classé au titre de la loi de
1930, site d’intérêt communautaire Natura 2000, arrêté de protection Biotope…) contribuent à
sauvegarder ce littoral. Dans le Calvados (secteurs de Juno Beach et Gold Beach), les marais sont les
derniers espaces littoraux non urbanisés dans un secteur très attractifs (sites du Débarquement et stations
balnéaires).
MOTIFS DU PAYSAGE
Bloc-paysage « Marais arrière-littoral »
Panorama des paysages du littoral, 2017
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Plaine légumière
Cette campagne basse et plate est une zone d’érosion marine* depuis longtemps délaissée par la mer. Elle
est sillonnée par des ruisseaux côtiers et aménagée en parcelles agricoles disposées en lanières et
délimitées par des talus de terre et des murets de granite rehaussés de végétation : prunelier, tamaris,
cyprès, saule et ajonc en bordure d’étang.
Quelques haies se maintiennent, vestiges de l’ancien bocage de prairies pâturées et de vergers. L’ensemble
ayant été reconverti après-guerre en une vaste plaine légumière qui bénéficie du climat hivernal doux et
des terres sableuses. Récemment les cultures se sont diversifiées - herbages, légumes, céréales - et des
haies sont progressivement replantées.
* « Estran rocheux en pente faible s’étendant au pied des falaises. […].» Définition extraite de Le littoral, paysages et dynamiques
naturelles, Marie-Claire Prat, Yannick Lageat, Teddy Auly, éditions Confluences, 120 p., 2014.
Plaine légumière du Val de Saire (Manche). « Les couleurs de la plaine légumière changent avec les saisons : la mosaïque est à dominante brune en
hiver puis verdit au printemps pour chatoyer de diverses nuances de vert tendre à vert intense lorsque les cultures arrivent à maturité. » Inventaire
régional des paysages de Basse-Normandie, Pierre Burnet, 2004. Unité de paysage n°3.0.5 : Le bas Val de Saire, une campagne légumière.
Route
Voie de communication qui contourne le marais et relie les hameaux côtiers.
Sentier littoral
Entre le cordon dunaire et le marais, un sentier piétonnier permet de partir à la découverte du paysage.
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Hameau
Groupe de quelques maisons implanté pour cultiver la plaine littorale. Sur ce paysage plat et peu arboré,
les zones d’habitation situées sur les hauteurs servent de points de repères. Des constructions humaines
récentes et souvent peu intégrées dans le paysage se développent le long des routes : bâtiments
d’exploitations, maisons d’habitations…
Ruisseau
Sillonnant la plaine, ce petit cours d’eau côtier a creusé un vallon (dépression) aux pentes très douces.
L’eau traverse les marais et alimente l’étang. Le Conservatoire du littoral a mis en place des zones
d’interventions foncières et de vigilances aux abords des ruisseaux côtiers afin de préserver la qualité de
l’eau.
Ruisseau côtier parcourant un marais à proximité de la pointe de la Loge à Cosqueville (Manche).
Marais endigué
Isolé du reste du marais par des digues (levée de terres végétalisées), une série de bassins en eau sert aux
activités aquacoles.
Marais
Terrain humide en pente douce, le marais est partiellement inondé et recouvert de roselières, jonchaies ou
prés salés selon le degré de salinité de l’eau. Au contact de la plaine légumière, des prairies humides
drainées par des fossés sont fauchées ou pâturées.
Bloc-paysage « Marais arrière-littoral »
Panorama des paysages du littoral, 2017
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Roselière traversée par des fossés de drainage aux
abords de l’étang de Gattemare à Gatteville
(Manche). La roselière sert au nichage des oiseaux et
à l’épuration de l’eau de l’étang.
Marais à Ver-sur-Mer (Calvados). Ces marais sont
abrités derrière un mince cordon dunaire. La mer est
si proche, la dune est si modeste, qu’on passe de la
plage au marais sans transition ou presque. À tel
point, qu’à marée haute, le bruit des vagues semble
envahir les roselières. Des successions de formations
végétales de pelouse, de vestige de maillages
bocagers, de prairies humides, de roselières et de
mares constituent le marais.
Étang
Nappe d’eau saumâtre ou douce qui recueille l’eau des ruisseaux côtiers bloquée derrière le cordon littoral
(voir le motif correspondant). La qualité de l’eau est impactée par la production intensive de légumes sur la
plaine. Longtemps, les marais étaient asséchés à des fins agricoles et sanitaires. Pour ce faire, on
construisait des tunnels – appelés nocs ou nôs – qui passaient sous le cordon littoral et permettaient
d’évacuer l’eau douce vers la mer. Lors de grandes marées, l’eau de mer réussit à y pénétrer. Quelques
mares, trous d’eau en périphérie de l’étang, sont les vestiges d’anciennes carrières d’extraction de sable ou
bien des mares de chasse au gabion.
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Panorama des paysages du littoral, 2017
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Mare de Vrasville-Rethoville (Manche).
« Noc » ou « nô » de
de Vrasville-Rethoville
en 2010 permettant
aux eaux de la mare de
se déverser dans la
mer.
Pointe rocheuse
Extrémité de terre qui s’avance dans la mer en se rétrécissant, la pointe rocheuse aux falaises déchiquetées
offre un superbe panorama sur le paysage marin. Seules des landes pionnières - bruyères, ajoncs et genêts
- s’accrochent à ce sol balayé par les vents et les embruns.
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Le cap Lévi à Fermanville (Manche).
La lande de la pointe de la Loge
(Cosqueville, Manche) est entretenue
par des chèvres. Sans leur travail le
paysage se fermerait et l’accès à la
pointe serait difficile.
Cordon littoral
Le cordon littoral* constitue à la fois la ceinture de protection du marais et un barrage naturel qui bloque
l’eau continentale. Il a été formé par la dérive littorale, un courant marin parallèle à la côte. En première
ligne des assauts de la mer, des brèches peuvent s’y former. Le sable est alors projeté jusque dans l’étang
permettant le développement d’une végétation pionnière à l’arrière du cordon. Lors d’une tempête, l’eau
de mer peut entrer dans le marais par submersion. Le versant le moins exposé aux vents et aux vagues est
colonisé par une végétation pionnière (diotis, oyat, panicaut, euphorbe…) qui fixe la dune.
* « Bourrelet correspondant à une accumulation linéaire de sables ou de galets, déposés à proximité de la côte, et généralement
parallèle à celle-ci. Son versant externe peut être accidenté de gradins correspondant à des positions successives de la haute mer.
[…]. » Définition extraite de Le littoral, paysages et dynamiques naturelles, Marie-Claire Prat, Yannick Lageat, Teddy Auly, éditions
Confluences, 120 p., 2014.
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Cordon littoral coiffé de
touffes d’oyats protégeant
la mare Jourdan à
Cosqueville (Manche).
Plage
La plage est un estran (espace situé entre les plus hauts et les plus bas niveaux de la mer) sableux en pente
douce. Adossée au cordon littoral, elle prend la forme d’un croissant. L’absence d’aménagements humains
invite à parcourir ce lieu sauvage et désertique. Le haut de plage est occupé par un cordon de galets et une
dune embryonnaire fixée par le Chou marin.
Plage et dune embryonnaire au niveau de l’anse de Gattemare. Au fond le phare de Gatteville.
Bloc-paysage « Marais arrière-littoral »
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Mer
Cette anse (petite baie de forme arrondie*) est délimitée par des pointes rocheuses. Des platiers rocheux
et des récifs sculptés par la mer sont découverts à marée basse et constituent des écueils dangereux pour
les navigateurs. De grandes algues brunes, les laminaires s’y épanouissent et protègent une faune et une
flore variées.
*Michel Godron, Hubert Joly. Dictionnaire du paysage. Paris, Éd. CILF, pp.287, 2008.
Platiers rocheux et récifs et à marée basse au niveau des marais de Réthoville.
Bloc-paysage « Marais arrière-littoral »
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POUR EN SAVOIR PLUS
DREAL Normandie - Données environnementales des communes de la région Normandie http://www.donnees.normandie.developpement-durable.gouv.fr/
Inventaire des sites classés : n° 50074 « Pointe de Barfleur ». Inventaire régional des paysages de Basse-Normandie, Pierre Burnet, 2004 : unités de paysage n° 1.2.7 « La côte
septentrionale du Cotentin » et n°3.0.5 « Le bas Val de Saire, une campagne légumière ». Fiche de Site d’Importance Communautaire (SIC) Natura 2000 : « Récifs et marais arrière-littoraux du cap Lévi à
la Pointe de Saire »
Syndicat mixte des espaces littoraux de la Manche (SyMEL) http://www.symel.fr
Natura 2000, les sites littoraux normands http://littoral-normand.n2000.fr
Stratégie d’intervention 2015-2050 du Conservatoire du littoral - Délégation de rivages Normandie http://www.conservatoire-du-littoral.fr/100-delegation-de-rivages-normandie.htm
Encyclopédie du littoral, les rivages du Conservatoire, Actes Sud/Conservatoire du littoral, 2010.
CRÉDITS
Conservatoire du littoral
La Corderie royale
17306 Rochefort
www.conservatoire-du-littoral.fr
Délégation de rivages Normandie
5-7, rue Pémagnie, BP 546, 14037 Caen Cedex
Tél. : 02 31 15 30 90
normandie@conservatoire-du-littoral.fr
Avec le soutien financier de la Fondation d’entreprise Procter&Gamble pour la protection du littoral
163-165, quai Aulagnier
92600 ASNIERES-SUR-SEINE
France
Dessin
Alain Freytet, paysagiste DPLG
Rédaction, iconographie
Thomas Berland
Application web
Nicolas Durou
Crédits images et photos
Plaine légumière : Pierre Burnet/DREAL Normandie.
Ruisseau : Conservatoire du littoral.
Marais : DREAL Normandie/P. Galineau ; Arnaud Guerin/Lithosphere.
Étang : Conservatoire du littoral ; Conservatoire du littoral.
Pointe : François Dubus – Travail Personnel, 2013, via Flickr, CC BY-NC-ND 2.0 ; Conservatoire du littoral.
Cordon littoral : Conservatoire du littoral.
Plage : DREAL Normandie/P. Galineau.
Mer : Frédéric Larrey/Conservatoire du littoral.