Post on 31-Aug-2018
Festival Messiaen au pays de la Meije
20 ans : 1998-2018
La Musique russe selon Messiaen et
Bruno Mantovani en résidence
du 28 juillet au 5 août 2018
La Grave, Briançon, Le Monêtier-les-Bains
(Hautes-Alpes)
Sommaire
- Editorial P.3- Programme de l’édition 2018 P.4- La Musique Russe selon Messiaen P.9- Messiaen : les œuvres des années 1940-45 P.16- Bruno Mantovani en résidence P.19- Créations au festival 2018 P.24- Les Interprètes du festival 2018 P.25- Revue de presse P.35- Actions culturelles et éducatives P.37- Informations P.38- Partenaires P.39
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Editorial
Pour fêter ses 20 ans le festival Messiaen au pays de la Meije, créé en 1998 à La Grave (Hautes-Alpes), a
choisi choisi le thème : La musique russe selon Messiaen.
16 concerts pour illustrer un précieux héritage reçu et cultivé par Messiaen : une fabuleuse partie de ping-
pong où rivalisèrent compositeurs russes et français, Diaghilev arbitrant deux moments fondateurs :
- 1908, Paris s’enflamme pour Boris Godounov à l’Opéra de Pairs avec Chaliapine
- 1913, scandale lors de la création du Sacre du printemps au Théâtre des Champs-Elysées.
Moussorgski et Stravinski, au centre de l’enseignement de Messiaen au Conservatoire de Paris seront au
cœur de notre programmation.
La musique russe selon Messiaen, c’est aussi une rencontre rendue impossible : Messiaen refuse toute
invitation à séjourner en URSS. On lui a rapporté que les musiciens qui y avaient interprétés ces œuvres
subissaient des persécutions. Cela l’horrifie !
A défaut, il noue une relation chaleureuse avec un musicien exilé, Yvan Wyshnegradsky, l’apôtre du quart de
ton, puis, reçoit très chaleureusement dans sa classe, le compositeur Edison Denisov, qui, malgré tous les
obstacles posés par le régime soviétique, renoue un lien fertile avec l’avant-garde musicale française.
Un des sommets de cette édition sera « La Nuit magique de la musique russe », le jeudi 2 août, portée
par de grands artistes russes.
Cet héritage russe de Messiaen est particulièrement sensible au cours de la période de floraison
exceptionnelle qui voit éclore dans un laps de temps très court, le début des années 40 : Quatuor pour la fin
du Temps, Visions de L’Amen, Trois Petites Liturgies et Vingt Regards sur l’enfant Jésus. Pour la première
fois, il sera possible de les entendre dans un même festival.
Tout aussi excitante sera la résidence offerte à Bruno Mantovani : occasion de faire le point sur la puissante
inspiration d’un compositeur majeur de notre temps servie par de brillants interprètes : le Trio Wanderer, le
Quatuor Voce, L’ensemble Orchestral Contemporain, Nicolas Angelich, Philippe Bianconi, Varduhi Yeritsyan...
Il nous offre la création mondiale de « Cadenza N°2 », Concerto pour accordéon et ensemble lors d’une
édition qui proposera aussi des créations de Tristan Murail, Bryce Dessner, Thomas Lacôte, Camille Pépin et
Pascale Criton.
Cette édition 2018 comprendra aussi des journées d’étude et des colloques. Et que serait ce festival sans les
randonnées qui permettent aux festivaliers de découvrir ce territoire haut lieu d’inspiration pour Messiaen
et écrin unique de notre festival Messiaen au pays de la Meije.
Gaëtan Puaud
Directeur artistique du festival Messiaen au pays de la Meije
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Programmation 2018 du festival Messiaen au pays de la Meije
Samedi 28 juillet à 17h- Eglise de La Grave
Moussorgsky : Tableaux d’une exposition
Gaussin : Arcane
Messiaen : Catalogue d’oiseaux (extraits)
Kotaro Fukuma (piano)
Samedi 28 juillet à 21h - Eglise de La Grave
Messiaen : Quatuor pour la fin du Temps
Murail : Stalag VIII A (création mondiale)- commande du festival Messiaen au pays de la Meije et du
Melting Point Music Messiaen à Gorlitz
Mantovani : All’ungarese
Hae-Sun Kang (violon), Marie Vermeulin (piano), Marc Coppey (violoncelle), Martin Adamek (clarinette)
Dimanche 29 juillet à 17h - Eglise de La Grave
Messiaen : Les Préludes
Debussy : Préludes (1ER Livre)
Mantovani : Papillons
Philippe Bianconi (piano)
Dimanche 29 juillet à 21h- Eglise de La Grave
Debussy : En Blanc et Noir pour deux pianos
Mantovani : Tourbillon pour deux pianos
Lacôte : création pour deux pianos (commande du festival Messiaen au pays de la Meije)
Stravinsky : Symphonie de Psaumes (transcription de Chostakovitch)
Anne Le Bozec (piano) et Flore Merlin (piano)
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Lundi 30 juillet à 17h- Eglise de La Grave
Moussorsky : les Enfantines pour voix et piano
Messiaen : Trois Mélodies pour voix et piano
Mantovani : Pièces pour Paul Klee pour violoncelle et piano
Debussy : Le Promenoir des deux amants pour voix et piano
Debussy : Sonate pour violoncelle et piano
Pépin : création pour voix, violoncelle et piano (commande du festival Messiaen au pays de la Meije)
Fionna McGown (mezzo-soprano), Anne Le Bozec (piano), Yann Levionnois (piano)
Lundi 30 juillet à 21h - Eglise de La Grave
Denisov : Sonate pour violon et piano (1963)
Denisov : Trio à cordes (1969)
Denisov : Sonate pour violoncelle et piano (1971)
Denisov : Variations sur un thème de Schubert (1986)
Denisov : Sonate pour deux violons (1958)
Chostakovitch : Quintette pour piano et cordes opus 57
Liana Gourdjia (1er violon), David Petrlik (2ème violon), Marie Chilemme (alto), Marc Coppey
(violoncelle), Michel Beroff (piano)
Mardi 31 juillet à 17h-Eglise du Monêtier-les-Bains
Stravinsky : Trois pièces de Petrouchka (trasncription)
Denisov : Des ténèbres à la lumière pour accordéon
Mantovani : 8’30 pour accordéon
Wyschnegradsky : Préludes en quart de ton (transcription pour accordéon)
Criton : création de Wander Steps (commande du festival Messiaen au pays de la Meije)
Duo Xamp : Fanny Vicens (accordéon) et Jean-Etienne Sotty (accordéon)
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Mardi 31 juillet à 21h – Salle du Dôme du Monêtier-les-Bains
Mantovani : D’un rêve parti
Mantovani : You are connected pour trio à cordes
Dessner : création mondiale (commande du festival Messiaen au pays de la Meije et du Fe Cunningham
Fund)
Par les étudiants en DAI répertoire contemporain du CNSMDP de Paris
Direction : Bruno Mantovani
Mercredi 1 er août à 21h - Collégiale de Briançon
Messiaen : Trois Petites Liturgies de la Présence Divine
Denisov : Femme et oiseaux
Mantovani : Cadenza N°2 pour accordéon et ensemble – création mondiale (commande du Ministère de la
Culture et de la Communication)
Mantovani : Street pour ensemble
Chœur Spirito (direction Nicole Corti)
Ensemble Orchestral Contemporain
Direction : Daniel Kawka
Solistes : Marie Vermeulin (piano), Nathalie Forget (ondes Martenot)
Jeudi 2 août à 18h : Eglise de La Grave
Nuit magique russe
Scriabine : Prométhée ou le Poème du feu (réduction pour 2 pianos par Sabanïev)
Stravinsky: Le Sacre du Printemps (pour deux pianos)
Stravinsky : Souvenirs de mon enfance, 4 mélodies pour soprano et piano
Denisov : Ode pour clarinette, piano et percussion
Roslavets : Trio avec piano N°3
Tarnopolski : « Portait de jeune fille avec le livre de Pavese » pour soprano et instruments
Denisov : La Vie en Rouge pour soprano et instruments
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Lourié : Divertissement pour violon et alto
Irina Kataeva (piano), Marilyn Nonken (piano), Yekaterina Kichiguina (soprano)
Et le Studio de Musique Nouvelle de Moscou, direction Igor Dronov
Vendredi 3 août à 17h - Eglise de La Grave
Scriabine : Sonates N° 2 et N°5 pour piano
Mantovani : Dédale pour piano
Mantovani : Etudes N°4 et N°5
Denisov : Signes en blanc pour piano
Varduhi Yeritsyan (piano)
Vendredi 3 août à 21h - Eglise de la Grave
Mantovani : Huit Moments Musicaux
Ravel : Trio avec piano, violon et violoncelle
Chostakovitch : Trio pour violon, violoncelle et piano opus 67
Trio Wanderer
Samedi 4 août à 17h - Eglise de La Grave
Messiaen: Vingt Regards sur l’Enfant Jésus
Lorenzo Soulès (piano)
Samedi 4 août à 21h - Eglise de La Grave
Stravinski : L’Histoire du Soldat, musique de scène en forme de mélodrame (sur un texte de Ramuz)
l’Ensemble DesEquilibres
Récitant : Stéphane Varupenne (sociétaire de la Comédie-Française)
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Dimanche 5 août à 17h - Eglise du Chazelet
Debussy : Quatuor à cordes
Stravinsky : Trois Pièces pour quatuor à cordes
Mantovani : Quatuor à cordes N°2
Quatuor Voce
Dimanche 5 août à 21h - Eglise de La Grave
Messiaen : Visions de l’Amen
Mantovani : Suonare
Nicolas Angelich (piano) et Jean-Baptiste Fonlupt (piano)
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La Musique Russe selon Messiaen « La musique russe : un monde musical particulier, séparé, unique » Messiaen
A l’exemple de Debussy, son grand inspirateur, Messiaen a toujours éprouvé un faible pour la musique russe.
Il possédait dans sa bibliothèque personnelle une importante collection de partitions du groupe des Cinq
composé de Balakirev, Borodine, Cui, Rimski-Korsakov et Moussorgski. A l’instar, de Debussy, Moussorgski fût
son compositeur russe de prédilection.
Pour Messiaen, la musique russe tient son originalité du folklore : « Le folklore russe a eu la bonne fortune
d’être utilisé par les meilleurs compositeurs de Russie qui ont ainsi créé une sorte de style national. Style si
caractérisé que les mots musique russe indiquent un monde musical particulier , séparé, unique ». Depuis les
années 1870, une fascinante attraction réciproque aimante les musiques russes et françaises. Une émulation
musicale merveilleuse s’instaure entre les deux nations.
Tandis que les russes font leur miel de Berlioz, Bizet, Delibes, Debussy et Ravel, les compositeurs du groupe
des Cinq fascinent leurs collègues français. Chacun y trouve le « contrepoison » à l’influence de la musique
allemande dont ils veulent se libérer.
Durant une cinquantaine d’années, les musiciens français et russes vont féconder leurs imaginaires
respectifs dans une stimulante partie de ping-pong.
1914, interrompt brutalement ces brillantes relations musicales et intellectuelles. Dans les années 1970, c’est
grâce au courage et à la ténacité d’un compositeur, Denisov, que de nouveaux liens vont se créer entre les
élites musicales des deux nations. En plein régime soviétique, il parvint à les établir avec Boulez, Dutilleux et
Messiaen. C’est cette histoire que l’édition 2018 du festival Messiaen au pays de la Meije raconte et illustre en
musique.
Moussorgsky, Debussy, Messiaen
« Un art curieux de sauvage qui découvrirait la musique à chaque pas tracé par son émotion » Debussy
« Boris, c’est peut-être le plus beau des opéras ! » Messiaen
Bien que rattaché au groupe des Cinq, qui rompt avec la tradition germanique en utilisant de façon délibérée
plusieurs éléments du folklore russe, Moussorgski est un génie musical hors norme.
Dans son autobiographie rédigée en français, il s’assigne comme tâche : « La reconstitution avec des sons
musicaux, de la diversité de la parole humaine ». Et cette parole, c’est celle du peuple russe : « Je voudrais
représenter le peuple… Lui seul est vrai, grand et dépourvu de maquillage comme de tout
travestissement », écrit-il, en 1873, à son ami le peintre Répine. Et, dans une lettre à son collègue César Cui, à
propos de son opéra, Boris Godounov, il précise : « Dans mon opéra dialogué, je m’efforce de traiter de la
façon la plus claire possible les changements d’intonation qui interviennent au cours du dialogue dans la
bouche des personnages ».
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C’est en 1893 que Debussy, lors d’un séjour chez son ami Chausson, découvre la partition pour chant et piano
de Boris. Il vient tout juste de débuter la composition de son opéra Pelléas et Mélisande. Comme l’a souligné
André Schaeffner : « Sans la connaissance préalable de Moussorgski, Pelléas eût été différent. Qu’auraient été
Golaud et le petit Yniold, ces personnages quasi-moussorgskiens ».
Dans une chronique consacrée au cycle vocal « Les Enfantines », entendu au concert en 1901, Debussy rend
hommage à l’art de Moussorgski : « Un art sans procédés, sans formules desséchées… Cela ressemble à un
art curieux de sauvage qui découvrirait la musique à chaque pas tracé par son émotion… Cela se tient et se
compose par petites touches successives, reliées par un lien mystérieux et par un don de lumineuse
clairvoyance ».
Dans la pure filiation debussyste, Messiaen considère Moussorgski comme un compositeur à part dont les
intuitions même maladroites sont placées très haut : « Moussorgski est peut-être, de tous les musiciens
russes, celui qui a le mieux utilisé le folklore russe, qui a pénétré le plus profondément l’âme russe de son
pays : Les Enfantines, les Tableaux d’une exposition, la Kovantschina, et plus spécialement les scènes
populaires de Boris (les deux tableaux du prologue, le tableau de l’auberge, les scènes des vagabonds et de
l’innocent), tout cela, c’est la Russie toute entière qui s’exprime musicalement avec une force, une franchise,
un couleur particulière ». Tome VII du Traité de Messiaen.
L’étude de Boris est au programme de ses classes d’analyse, en 1946, 1952, 1959, 1963 : « Malgré les
faiblesses de l’acte polonais, c’est peut-être le plus beau de tous les opéras. Quand, c’est beau, ça écrase tout
le reste, s’enthousiasme-t-il devant ses élèves, c’est au-dessus de Wagner, et de Debussy ». C’est tout dire !
Harry Halbreich a très subtilement repéré des traces de cette admiration sans bornes en signalant la présence
d’un thème de Boris circulant dans plusieurs œuvres : La Vierge et l’enfant (première pièce du cycle pour
orgues La Nativité du Seigneur), Amen de l’Agonie de Jésus (troisième pièce des Visions de l’Amen), Noël et Je
dors mais mon cœur veille (treizième et dix-neuvième pièces des Vingt Regards sur l’Enfant Jésus).
Tant qu’au Thème-Statue de la Turangalîla-Symphonie, il s’agit d’un hommage explicite aux Catacombes des
Tableaux d’une exposition, vues à travers « l’orchestration géniale » de Ravel. Ce dernier fait partie du cercle
des admirateurs français de Moussorgski. Diaghilev lui confie, en 1913, ainsi qu’à Stravinski, le soin de
réaménager et réorchestrer la Kovantschina.
Stravinski, Debussy, Messiaen
« Stravinski a le génie instinctif de la couleur et du rythme » Debussy
« Le Sacre est d’une extrême importance car il fût le premier à mettre l’accent sur le rythme » Messiaen
L’apogée de l’amitié musicale franco-russe, on la doit à un homme extraordinaire, Serge de Diaghilev, qualifié
par Souvtchinski de « merveilleux raté ». Ayant échoué comme compositeur, critique d’art, chanteur, il devint
un génial animateur culturel. A l’orée du 20ème siècle, il frappe à Paris, ville qu’il n’a pas choisi par hasard car
il bénéficie du soutien de l’Etat russe, les trois coups d’une aventure musicale décisive : 1907, cinq concerts
historiques de musique symphonique russe; 1908, la création française de Boris Godounov à l’Opéra de Paris
avec le célèbre Chaliapine dans le rôle-titre et en 1909, un saison de ballets dont les danseurs, Vaslav Nijinski,
20ans et sa sœur, Bronislava, 18 ans « stupéfient le monde ! » .
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L’année suivante, Diaghilev a l’audace de confier la composition d’un ballet inédit, sur un livret inspiré par la
légende russe de l’Oiseau de feu, à un compositeur quasi débutant, nommé Igor Stravinski. Le jeune homme,
ancien élève privé de Rimski-Korsakov, n’a que quelques œuvres mineures à son actif . Le soir de la création
de l’Oiseau de feu, le 25 juin 1910, l’immense succès de l’Oiseau de feu le précipite brutalement sous les
feux des projecteurs de la célébrité. Ils ne le quitteront plus.
Debussy se précipite dans sa loge pour le féliciter. Et quelque mois plus tard, après son nouveau triomphe
avec le ballet Petrouchka, le 13 juin 1911, Debussy écrit à son ami Robert Godet :
« Il y a un jeune musicien russe : Igor Stravinski, qui a le génie instinctif de la couleur et du rythme ! … C’est
fait en pleine pâte orchestrale… C’est enfantin et sauvage ». C’est le début d’une relation, entre ces deux
maîtres de la modernité, marquée par un respect et une admiration réciproque.
Un après-midi de juin 1912, ils sont invités chez Louis Laloy qui témoigne de la scène : « Stravinski avait
apporté la réduction pour piano à quatre mains de sa nouvelle œuvre : Le Sacre du Printemps. Debussy
consentit à jouer la basse sur le piano Pleyel que je possède encore… Quand ils eurent terminé, nous étions
muets, terrassés comme après un ouragan de feu, venu du fond des âges ».
C’est sans doute une impression semblable qui saisit le public lors de la création de l’œuvre dans une
chorégraphie de Nijinski, le 20 mai 1913, au tout nouveau Théâtre des Champs-Elysées.
Dans une lettre datée du 24 octobre 1915, Debussy adjure Stravinski : « Cher Stravinski, Vous êtes un grand
artiste ! Soyez de toutes forces, un grand artiste russe ». Nul doute que « Noces » créé en 1923, cinq ans
après la disparition de Debussy, l’eut particulièrement rassuré !
Cette disparition, en 1918, va beaucoup toucher Stravinski. Pour lui rendre hommage, il compose ses
Symphonies pour instruments à vents : « En composant mes Symphonies pour instruments à vents, je pensai
naturellement à qui je voulais les dédier… Dans ma pensée, l’hommage que je destinais à la mémoire du
grand musicien que j’admirais ne devait pas être inspiré par la nature même de ses idées musicales ; je tenais
au contraire, à l’exprimer dans un langage qui fût essentiellement mien, une cérémonie austère qui se déroule
en courtes litanies ».
Très tôt, Olivier Messiaen prend conscience de l’importance de Stravinski. Dès 1939, il publie, dans la revue
musicale, un article intitulé « Le rythme chez Stravinski » où il écrit : « Des répétitions brutales et forcenées,
d’une puissance incroyablement fébrile et déchirante, où la logique rythmique la plus rigide, s’allie aux plus
invraisemblables fantaisies ». Quelques mois plus tard, Messiaen est fait prisonnier mais un camarade
d’infortune le trouve plongé dans la partition de Noces de Stravinski.
Dans son enseignement, puis dans son Traité, Messiaen analyse de nombreuses œuvres de Stravinski : Noces,
Petrouchka, l’Histoire du Soldat, la Symphonie de Psaumes, et bien sûr au centre de tout Le Sacre du
Printemps : « le Sacre est d’une immense importance parce qu’il fût le premier à remettre l’accent sur le
rythme par l’emploi de thèmes uniquement rythmique, d’ostinatos rythmiques superposés et surtout en
créant le procédé des personnages rythmiques… J’ai fini par comprendre que le procédé qui conférait à la
Glorification de l’Elue, et la Danse sacrale, toute leur force magique était celui des personnages rythmiques ».
En Stravinski, Messiaen trouve celui qui le justifie dans sa démarche de mettre le rythme au centre de l’art
musical et de faire sauter le verrou de la forme rigide pour accueillir la souplesse, la spontanéité de
l’événement sous la forme d’un accord, d’un rythme, d’un mode, d’une couleur ou d’un chant d’oiseau.
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Wyschnegradski, Scriabine, Messiaen
« C’est une idée extraordinaire d’avoir appliqué le carré magique à la musique… Et le plus admirable est
que vous ayez introduit dans cette sorte de fatalité sonore une grande liberté » Messiaen
Un mystère que le silence de Messiaen sur Scriabine ? Une surprise que sa réponse évasive, à une question
posée par Claude Samuel, sur l’antériorité des recherches entreprises par Scriabine sur les correspondances
entre les sons et les couleurs ? Pourtant avec Prométhée ou le poème du feu Scriabine se livre à une
extraordinaire expérience de fusion entre les sons et les couleurs inscrites sur des portées séparées
présumées correspondre à un clavier à lumières.
Cette œuvre eu un profond retentissement sur l’avant-garde artistique russe de son époque : Kandinsky,
grand admirateur de Scriabine, commande à Léonid Sabaneïev, un ami du compositeur, une étude sur
Prométhée destinée à l’Album du Cavalier bleu 1912.
On peut supposer que Messiaen évoqua l’œuvre dans les échanges qu’il eut avec Ivan Wyschnegradsky.
Curieux personnage que ce Wyschnegradsky, né à Saint Pétersbourg en 1893, qui entreprend simultanément
des études de philosophie, mathématiques, chimie et musique. C’est le choc qu’il éprouva à l’écoute de la
musique de Scriabine qui décide de sa vocation : « L’intérêt pour la musique et le désir de composition, cela
coïncide à peu près avec la fascination qu’a exercée sur moi la musique de Scriabine… Dans un sens je
continue l’œuvre de Scriabine, à ma manière naturellement… Le fait que Scriabine soit mort prématurément
a été un terrible choc pour moi parce que j’attendais de Scriabine comme on attend une révélation
religieuse », avoue-t-il.
C’est dans cet état d’exaltation que Wyschnegradsky entreprend, en 1906, l’écriture de son grand œuvre La
Journée de Brahma qui au fil des années deviendra La Journée de l’existence . Il y aspire à une nouvelle
musique : « La musique tend vers une division plus fine de la gamme…On verra apparaître des quarts, puis
des huitièmes de ton parallèlement à un nouveau système de notation, de nouveaux instruments, de réelles
sonorités comme du verre, du métal, plus subtiles que les sonorités rudimentaires des instruments actuels ».
Puis, il ajoute : « Nous devons nous immerger dans l’élément de l’omnitonalité, perdre le point de repère ».
Bientôt, les événements politiques vont rattraper Wyschnegradsky. Pourtant issu de la haute bourgeoisie
d’affaire russe-son grand-père fût ministre des finances du Tsar Alexandre III-il prend fait et cause, lors de la
révolution d’octobre 1917, pour le parti bolchévique. La concomitance entre la « révolution de l’ultra-
chromatisme » à laquelle il aspire, et la « révolution des soviets » lui semble évidente. A partir de mars 1919,
il se met au service de la section musicale du commissariat du peuple à l’éducation et à la culture, le
Narkompros. Il compose, en 1919, L’Evangile rouge, treize chants pour baryton et piano.
Son départ de Russie, en mars 1920, semble avoir été motivé par l’impossibilité de faire construire, dans son
pays, le piano en quart de ton qu’il projette. Il s’installe définitivement à Paris en avril 1923 et fait
l’acquisition, en 1929, d’un piano construit en quart de ton par le facteur allemand Foerster, selon les plans
qu’il lui a fournis.
Très tôt, Messiaen a voué une admiration sincère à l’œuvre et à la personne de Wyschnegradsky. Dans un
article daté du 28 février 1937, Messiaen écrit : « Il y a ici non seulement des contours mélodiques connus et
appréciés des seuls indous, mais encore un matériel harmonique absolument nouveau, qui nous apporte des
prismes, des grappes d’accords, des carillons touffus, d’aériennes guirlandes… On doit admirer le courage de
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cet homme qui, depuis 15 ans, seul avec un humble piano à trois claviers différemment accordés, écrit dans
un style et avec une notation musicale inusitée». Messiaen accorde ensuite son amitié et son soutien matériel
à Wyschnegardsky. Après la réception de sa partition des Etudes sur le carré magique sonore, en juillet 1970,
il lui répond : « Votre musique rend parfaitement et le carré et l’espace non octaviant… Et le plus admirable
est que vous ayez introduit dans cette fatalité sonore, une fantaisie rythmique, une grande liberté dans les
oppositions de registres et d’intensités».
Denisov, Chostakovitch, Messiaen
« Je crois que vous possédez un grand talent de compositeur » Chostakovitch
« Je crois que le compositeur le plus important pour moi a été Messiaen » Denisov
Un compositeur russe sous le régime soviétique
La formidable émulation entre les avant-gardes musicales russes et françaises fût brisée nette par les
événements politiques. Dès 1914, la guerre européenne va rendre impossible le franchissement des
frontières. Stravinsky ne sait pas, quand il séjourne en juillet 1914, à Oustiloug, sa résidence d’été, qu’il ne la
reverra jamais ! La prochaine fois qu’il foulera le sol russe, ce sera en 1962, lors d’un voyage officiel organisé
par le régime soviétique. Mais, c’est en citoyen américain qu’il s’exprime: « C’est pour moi une grande joie de
me retrouver dans ma patrie russe ».
L’artisan principal d’un nouveau rapprochement entre les avant-gardes françaises et russes, dans la seconde
partie du 20ème siècle, porte un nom Edison Denisov. Né à Tomsk, ville de Sibérie, son prénom inhabituel, il le
tient de la passion de son père pour la radio. Denisov manifeste très tôt des dons pour les mathématiques qui
l’incite à étudier cette discipline à l’université de la ville, devenue lieu d’exil pour d’éminents professeurs de
l’université de Leningrad, en délicatesse avec le régime soviétique. Parmi eux, le professeur Klementiev qui
détecte l’agilité intellectuelle du jeune homme : « Les capacités d’Edison me semblaient exceptionnelles ».
Toutefois, dès l’âge de seize ans, c’est vers la musique que Denisov oriente sa carrière. Il passe avec succès le
concours d’entrée dans la classe de piano du lycée musical de Tomsk. Puis, sa vocation de compositeur
s’affermissant, il décide, à l’été 1948, de solliciter le conseil du compositeur soviétique qu’il admire le plus.
Comme il ignore son adresse personnelle, il rédige ainsi l’enveloppe:
« Moscou, Conservatoire, Dimitri Chostakovitch ». La réponse ne tarde guère : «Camarade Denisov, Je suis
ravi que vous aimiez la musique et que vous vous interrogiez sur les questions de cet art qui m’est devenu si
cher et sans lequel je ne pourrais certainement pas vivre ne serait-ce qu’un jour ».. Quelques mois plus tard,
Chostakovitch demande à Denisov de lui adresser des compositions. Il ne tarde pas à porter ce jugement
encourageant : « Je crois que vous possédez un grand talent de compositeur… Vous pourrez apprendre ce
qu’est un compositeur en étudiant profondément le riche héritage musical légué par les grands maîtres ». Et il
conclut : « Votre don est évident. Et si vous vous prenez à votre métier honnêtement, en chevalier, tout
viendra ».
Ecarté de l’enseignement par l’Union des compositeurs en 1948, Chostakovitch dirige son jeune protégé vers
son collègue, Vissarion Chébaline, professeur de composition au Conservatoire de Moscou. Quelques temps
plus tard, celui-ci, avec une remarquable intuition donne à Denisov un conseil décisif : « Chostakovitch n’est
pas votre compositeur… Le conseil que je peux vous donner : étudiez Debussy, c’est un compositeur qui
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vous est beaucoup plus proche ». C’est ainsi que tout en gardant un immense respect pour la conscience
morale de Chostakovitch, Denisov va s’éloigner définitivement de son esthétique musicale.
Son affinité avec la musique de Debussy va très vite s’affirmer : « En écoutant la musique de Debussy, écrit-
il, nous la percevons comme un message musical libre et spontané qui semble presque improvisé ».
Beaucoup plus tardivement, dans les années 1990, Denisov va pouvoir exprimer sa reconnaissance envers
Debussy, à l’occasion d’une commande exceptionnelle des éditions Durand et de la firme Erato d’une
reconstitution de : « Rodrigue et Chimène », un opéra que Debussy a laissé en l’état de partition pour chant
et piano. Le chef d’orchestre américain Kent Nagano dirige et enregistre ce « nouvel opéra » à l’Opéra de
Lyon, en 1993.
Dans les années 1950, Denisov doit partir à la conquête de sa liberté esthétique dans un monde musical
soviétique où rien ne lui facilite la tâche. Au sortir du Conservatoire de Moscou en 1956, Denisov a 27 ans. Il a
pleinement conscience de sa connaissance lacunaire de l’univers musical des cinquante premières années du
20ème siècle : « Durant mes études au conservatoire, mes camarades et moi n’entendîmes jamais les noms de
Bartok ou de Messiaen, sans parler de Stravinski, Varèse ou encore des compositeurs de la seconde école de
Vienne ». Denisov va s’employer avec ténacité à combler ces lacunes.
Après Debussy, vient la découverte de Messiaen : « Je crois que le compositeur le plus important pour moi a
été Messiaen. Sa musique, même si elle est loin de la mienne, m’intéresse beaucoup. Je l’analyse avec mes
étudiants du Conservatoire de Moscou, et j’ai également écrit des articles d’analyse sur ses œuvres ». Denisov
enseigne, dès 1960, l’analyse et l’orchestration au Conservatoire de Moscou.
Il découvre ensuite les œuvres de Boulez- Improvisation sur Mallarmé, Le Marteau sans maître et Eclat :
« J’avais l’impression que cette musique ne me disait rien. Mais plus je l’écoutais, plus je ressentais que ces
œuvres possèdent leur propre et très grande beauté et Boulez reste, dans son essence, un pur français avec
toutes les forces et les faiblesses du tempérament français ».
Cette connaissance intime de la musique française d’avant-garde va faire de lui l’homme d’une renaissance
de l’amitié musicale franco-russe.
Dès 1965, Boulez décide d’inscrire, au programme de la saison du Domaine musical qu’il a fondé, le « Soleil
des Incas », cantate pour voix et ensemble de Denisov. Mais toutes les démarches qu’il va entreprendre
auprès de l’Union des compositeurs de l’Urss afin qu’il obtienne un visa vont s’avérer vaines. Denisov fait
alors l’objet de brimades comme avant-gardiste bourgeois lui interdisant la publication et l’exécution de ses
œuvres en URSS. En 1967, c’est donc à Moscou qu’il fait la connaissance de Boulez à l’occasion d’une tournée
du BBC Symphony Orchestra dont celui-ci est le directeur musical. Dans des conditions rocambolesques,
Denisov parvient à ménager une rencontre clandestine entre son hôte et ses élèves à la maison des
étudiants. Denisov devra attendre 1976 pour effectuer sa première visite à Paris à l’invitation de Dutilleux.
Dès l’adolescence, Denisov étudie le français en autodidacte. Lecteur insatiable de littérature et de poésie
française, il intègre ses auteurs de prédilection dans ses œuvres : « La Vie en rouge » sur des textes de Boris
Vian pour une superbe cantate pour voix et ensemble composée en 1973, « Chant d’automne » sur des textes
de Baudelaire en 1971, Quatre poèmes de Gérard de Nerval en 1984, et bien sûr, son opéra « L’Ecume des
jours », d’après le roman de Vian, créé à l’Opéra-comique à Paris, le 15 mars 1986. Dès 1969, Denisov a
bénéficié d’une commande du Ministère de la Culture et de la Communication pour un Trio à cordes suivi par
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la Symphonie de chambre N°1 commande de l’ensemble 2e2m en 1982 et de sa Symphonie N°1 créée par
Daniel Barenboïm en 1987 à l’Orchestre de Paris.
Messiaen, la Russie et Denisov
En 1970, Messiaen décline une invitation à participer aux « Journées de la musique française en URSS ». Ce
refus est motivé par le fait les pianistes russes qui jouaient ses œuvres avaient été persécutés voir qu’on leur
avait brisé les mains. Il en était resté absolument horrifié !
Néanmoins, lors de ces journées, la pianiste Catherine Collard, lauréate du Grand Prix Messiaen de la ville de
Royan 1969, interprète Le Réveil des oiseaux. L’année suivante le chef Evgueni Svetlanov dirige la première de
la Turangalîla-Symphonie à Moscou puis en 1986 la firme russe Melodya autorise pour le première
enregistrement d’une œuvre de Messiaen en URSS : le cycle vocal Harawi interprétée par la soprano
Nathalie Razanova et la pianiste Irina Kataeva.
Lors de son séjour à Paris, Denisov a l’immense joie de recevoir un appel de Messiaen . Celui-ci l’invite à
assister à son cours. Il s’en souvient: « J’ai été profondément ému de voir que son cours portait non pas sur
Wagner mais sur mon Concerto pour violoncelle et orchestre. L’analyse de mon Concerto fût extraordinaire
et m’a profondément émue ».
En juillet 1994, Denisov est victime d’un terrible accident de la route, près de Moscou. Bouleversé par son
état, ses amis de l’ambassade de France se mobilisent et organisent son transfert vers un hôpital français afin
de lui assurer toutes les chances de survie. Après quarante jours de coma artificiel à l’hôpital militaire de
Saint Mandé, Denisov retrouve ses capacités vitales. Mais, deux ans plus tard, il est foudroyé par un cancer et
s’éteint à Paris, le 24 novembre 1996. Un office orthodoxe est célébré, le 28 novembre 1996, à la Cathédrale
Alexandre Nevski à Paris. Denisov repose au cimetière parisien de Saint Mandé.
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Messiaen, les années 1940-1945
Du Quatuor pour la fin du Temps à la Trilogie sacrée
Pour la première fois dans un même festival Messiaen au pays de la Meije, nous allons proposer l’écoute des
quatre grands chefs d’œuvre de Messiaen des années 1940-1945. C’est ce moment où le génie de Messiaen
éclot dans une prodigieuse énergie créative. Il faut rappeler les circonstances tout à fait exceptionnelles de
leur création.
Un soldat musicien dans la guerre et la création du Quatuor pour la fin du Temps
Le déclenchement de la guerre va briser net le début prometteur de la carrière d’Olivier Messiaen, très en
vue depuis la création du mouvement « Jeune France », en 1936.
C’est à Petichet, dans l’Isère, où il s’est fait construire une petite maison au bord du lac de Laffrey, oasis pour
composer tranquille, que Messiaen reçoit, le 3 septembre 1939, son ordre de mobilisation. Quelques mois
plus tard, fait prisonnier en juin 1940, lors de la débâcle de l’armée française, Il est transféré en juillet, dans
un camp de prisonnier de guerre à Gorlitz en Silésie.
Là, luttant contre la faim et le froid, Messiaen partage sa condition de prisonnier avec une fraternité qui fait
l’admiration de tous. Il s’acharne à composer une œuvre, destinée à être interprétée dans le camp avec
comme interprètes trois camarades musiciens repérés dans le camp : Henri Akoka à la clarinette, Jean Le
Boulaire au violon et Etienne Pasquier au violoncelle et lui-même au piano.
Le Quatuor pour la fin du Temps, est créé, le 15 janvier 1941, dans un baraquement sans chauffage où la
neige amassée sur le toit pénètre à l’intérieur. Il fait moins trente degrés à l’extérieur. Dans un langage qui
doit paraître bien étrange au public composé de camarades prisonniers français, belges et polonais, s’élève
une musique qui porte une vision de force et de paix, inspirée de « L’Apocalypse de Saint Jean ». Depuis, cette
œuvre est devenue un symbole universel de la résistance spirituelle à l’expérience carcérale. Le jour de la
création, Etienne Pasquier inscrit ces quelques mots sur la partition que lui tend Messiaen : « Le camp de
Gorlitz… Bloc 27B, notre théâtre… Dehors, la nuit, la neige, la misère… Ici, un miracle… le Quatuor pour la fin
du Temps nous transporte dans un paradis merveilleux, nous soulève de cette terre abominable. Merci
infiniment à notre cher Olivier Messiaen, poète de la Pureté éternelle ».
Une initiative inédite du festival Messiaen au pays de la Meije
Le festival Messiaen au pays de la Meije a pris l’initiative de s’associer avec une association
allemande, le Melting Point Gorlitz, qui y commémore chaque année la création du Quatuor Pour
la fin du Temps. Les deux associations ont commandé au compositeur Tristan Murail, une œuvre en
hommage à Messiaen qui réunira les quatre instruments présents lors de la création du Quatuor :
une clarinette, un violon, un violoncelle et un piano.
Cette œuvre intitulée Stalag VIII A sera créée à La Grave, le 28 juillet 2018 et reprise, le 12 janvier
2019, à Gorlitz par les musiciens suivants : Hae-Sun Kang (violon), Marie Vermeulin (piano),
Martin Adamek (clarinette) et Marc Coppey (violoncelle).
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La trilogie sacrée prodigieuse
Libéré en mars 1941, Messiaen est nommé professeur d’harmonie au Conservatoire de Paris. Il prend son
poste, le 7 mai 1941. Parmi les élèves de cette première classe, la très jeune Yvonne Loriod, 17 ans.
Messiaen partage alors le sort commun de tous les parisiens, survivre dans une ville occupée.
A l’automne 1942, a lieu un événement qui aura un grand retentissement sur la carrière de Messiaen. Denise
Tual, qui dirige avec son mari, Roland, la société cinématographique Synops, pénètre fortuitement, en après-
midi, dans l’église de la Trinité dont Messiaen est l’organiste depuis 1931. Elle est bouleversée par
l’extraordinaire musique provenant de la tribune et demande au bedeau qui est cet instrumentiste et
comment entrer en contact avec lui. Rendez-vous est pris au cours duquel Denise Tual propose à Messiaen sa
première commande : une œuvre pour deux pianos susceptible d’être créée au printemps 1943.
Les visions de l’Amen
C’est le début de la période où Messiaen pris d’une folle inventivité et un besoin irrépressible de musique. Il
va enchaîner les chefs d’œuvre.
Trois plus tard, le 17 mars 1943, Messiaen annonce fièrement que l’œuvre est achevée et qu’elle dure
quarante-cinq minutes. Pour la première fois, sa jeune élève, Yvonne Loriod est engagée dans l’aventure de
la création. Il lui confie le piano un : « Les difficultés rythmiques, les grappes d’accords, tout ce qui est
vélocité, charme et qualité de son ». Le compositeur, lui-même excellent pianiste, tient le piano deux : « La
mélodie principale, les éléments thématiques, tout ce qui réclame émotion et puissance ». Messiaen dédie les
« Visions de l’Amen » à Yvonne Loriod dont il souligne : « La capacité à jouer avec douceur sans perte de
tranchant ». Messiaen a trouvé l’inspiratrice et l’interprète qui lui permet de repenser son instrument de
prédilection : le piano.
Cette œuvre d’inspiration ouvertement théologique trouve son inspiration dans une citation des « Paroles de
Dieu », un ouvrage d’Hello que Messiaen a découvert en 1933 et qui l’enthousiasme : « C’est un livre
extraordinaire… Le dernier chapitre de ce livre est tout entier construit autour du mot Amen… Amen veut dire
oui, mais c’est aussi bien le oui de la Création, le oui de consommation, le oui de l’acceptation… ». La création
des Visons de l’Amen, le 10mai 1943, à la galerie Charpentier constitue un événement artistique majeur du
temps de l’occupation, en présence du tout Paris : Honegger, Poulenc, Jolivet, Cocteau, Mauriac, Colette,
Valéry mais aussi Dior.
La bataille des Trois Petites Liturgies
Devant le triomphe des Visions de l’Amen, Denise Tual commande immédiatement une nouvelle œuvre à
Messiaen. Après quelques tâtonnements, il se met au travail. Toujours animé par une grande urgence et une
grande inspiration, Messiaen compose l’œuvre en quatre mois.
Dans un courrier adressé à son mécène, le 24 avril 1944, Messiaen décrit les Trois Petites Liturgies de la
Présence Divine: « L’auteur a fait lui-même paroles et musique… le poème conçu en même temps que la
musique et pour la musique, rimé et rythmé comme elle, revêt un caractère très spécial. Pour l’écrire, l’auteur
a relu les Evangiles et l’Apocalypse, Saint Paul et Saint Thomas, l’Imitation et le Cantique des Cantiques, du
Paul Eluard et des ouvrages de médecines, de botanique, de géologie et d’astronomie… La composition
instrumentale est aussi inhabituelle que le reste : célesta, vibraphone, maracas, gong, tam-tam, chœur à
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neuf voix de femmes à l’unisson, piano et les ondes Martenot, orchestre à cordes et encore moins du grand
orchestre groupé à la façon classique, c’est une instrumentation hindoue ou balinaise européanisée ».
La création des Trois Petites Liturgies, le 21 avril 1945, provoque un des plus grands scandales de l’histoire de
la musique à l’instar du Sacre du Printemps. Néanmoins comme le ballet de Stravinski, l’œuvre va connaître
un succès mondial.
Vingt Regards sur l’Enfant Jésus
Une semaine après avoir posé ses crayons pour l’écriture des Trois Petites Liturgies, Messiaen entame la
composition des Vingt Regards, un vaste cycle pour piano solo qui constitue une formidable extension des
découvertes déjà présentes dans les « Visions de l’Amen ». Cette œuvre pour piano solo est dédiée « A
Yvonne Loriod dont la technique égale le génie… et qui a compris ma mission… », qui la crée, le 26 mars
1945. Cette mission, Messiaen l’exprime ainsi : « Beaucoup d’amour, la joie, la souffrance et la méditation
sont à l’origine de cette œuvre ; aussi beaucoup de lectures aussi : notamment Le Christ dans ses mystères de
Dom Columbia Marmion et les Douze Regards de Maurice Toesca. Enfin, elle contient nombre de traits et
d’effets pianistiques spéciaux - petite révolution dans l’écriture du piano - que je n’aurai jamais réalisé si je
n’avais pas entendu les premiers concerts d’Yvonne Loriod et eu la chance d’être moi-même pianiste ».
Ainsi s’achève un triptyque sacré exceptionnel dans l’histoire de la musique.
Le Figaro Littéraire du 13 avril 1946 titre : « Y a-t-il un « Cas Messiaen » ?
Honegger y apporte cette réponse : « Il y un cas Messiaen comme il y a un cas chaque fois qu’apparaît une
personnalité marquante dans la musique …Mon opinion : Les Petites Liturgies sont une œuvre magnifique
à côté d’autres comme les Regards sur l’Enfant Jésus ou les Visions de l’Amen. Celui qui les a créés est un
grand musicien ».
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Bruno Mantovani Compositeur en résidence au festival Messiaen au pays de la Meije 2018
Une jeunesse précocement musicale (1974-1992)
Si les fées de la musique se sont penchées tôt sur la destinée de Mantovani, c’est certainement qu’il les a très
précocement sollicitées. Indice indéniable : une photographie familiale, prise à un an, nous le montre déjà
entouré d’instruments : une batterie, un piano et une trompette !
Bien que né dans la région parisienne à Châtillon, c’est à Perpignan qu’il passe son enfance et son
adolescence, guidé par un père fonctionnaire d’origine italienne et une mère enseignante d’origine
espagnole, très attentifs aux attentes de leur garçon. Pas étonnant donc qu’ils accèdent à son désir de
pratiquer d’abord le piano puis la percussion : à 9 ans, il participe à une exécution d’Ionisation de Varèse.
La dimension manuelle, charnelle de la musique est donc très tôt à l’œuvre chez Mantovani contrebalancée
par une autre singularité : il se familiarise dès l’enfance avec un PC et reçoit comme cadeau de Noël, à 10 ans,
un synthétiseur Yamaha.
A 14 ans, Bruno Mantovani suit parallèlement l’enseignement de Serge Lazarevitch, alors guitariste de
l’Orchestre National de Jazz, et des cours d’analyse puis un an plus tard de composition au Conservatoire de
Perpignan dans une classe nouvellement créée pour Christophe Maudot : « C’est avec lui, entre 15 et 18 ans,
que j’ai le plus appris », témoigne-t-il.
Ses idoles d’alors sont Herbert von Karajan pour : « La qualité du son, l’articulation de la forme, la capacité à
tenir une phrase jusqu’au bout », Miles Davis pour : « L’énergie, la capacité à produire beaucoup avec peu, le
renouvellement stylistique permanent », et Stevie Wonder dont il place très haut : « Do I Do ».
Apprentissage parisien à bride abattue (1993-1999)
De l’enseignement du Conservatoire National Supérieur de Musique et de Danse de Paris qu’il intègre, en
1993, Mantovani attend une consolidation de son potentiel culturel et intellectuel. Pas un hasard que trois de
ses maîtres soient des anciens de la classe de Messiaen ; Alain Louvier à l’analyse, Guy Reibel à la
composition et Jacques Charpentier à l’orchestration. Laurent Cuniot, qui complète la liste comme professeur
d’électroacoustique, trace son portrait : « Je le connais depuis qu’il a 15 ans. Il a toujours écrit 8 à 10 pièces
par an alors que d’autres en composent péniblement une ou deux. C’est un extraverti mais qui porte sur lui-
même et sur sa création un regard acerbe ». Plus rare est son dense parcours consacré à l’enseignement
musicologique dispensé par l’institution : Remy Stricker pour l’esthétique musicale, Yves Gérard puis Alain
Poirier, pour l’histoire de la musique : « Tous ces exercices qui portaient sur l’identification d’une époque ou
d’un style m’ont fait réfléchir sur la musique d’aujourd’hui. Certains compositeurs ont inventé un son, mais
qui s’en souviendra dans 10 ans ? Seule comptera la manière dont on l’aura utilisé ».
Mantovani considère le répertoire comme une chose vivante, digne d’un intérêt toujours renouvelé. Ainsi
exprime-t-il son admiration pour la manière dont Schubert s’y prend pour conjuguer lied et opéra
dans Alfonso und Estrella.
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Sa formation, Mantovani la poursuit en participant, en 1998, au cursus composition et analyse de l’Ircam puis
en suivant à Royaumont les cours particuliers de Michaël Jarrel et de Peter Eötvos :
« Le premier m’a décomplexé en me disant qu’écrire un bel accord ne relevait pas de la prostitution. Le
second m’a invité à réagir à la tentation d’une musique française lisse et plaisante ».
Dès cette époque, Mantovani compose partout et tout le temps. Toutefois, grâce à son mentor, Peter Eötvos,
il bénéficie, à l’hiver 1999-2000, d’une résidence dans la ville allemande d’Edenkoben. Césure fertile que ce
moment dans une maison d’artistes où il compose trois œuvres magistrales : La Morte méditata, superbe
cycle vocal sur des poèmes de Giuseppe Ungaretti, D’un rêve parti, sextuor phénoménal qui intègre sans
complexe la techno et You are connected, trio à cordes dont le titre sonne comme un manifeste esthétique :
« J’appartiens plutôt à une génération synthétique qu’à une génération d’écoles ». Vous avez dit post-
moderne ? Mantovani assume volontiers cette posture !
La synthèse à laquelle il s’attèle a besoin de la rumeur musicale du monde mais chauffée à blanc.
Compositeur à plein temps et à pleine dents (2000-2009)
Dans son petit studio parisien d’étudiant où les outils audiovisuels et informatiques forment l’essentiel du
mobilier, Mantovani compose : « Formes et gestes, il faut les adapter à aujourd’hui », proclame-t-il. Sa
musique, qu’elle soit pour orchestre, voix ou instruments solistes, doit faire bouger les lignes, tenir en
haleine, communiquer l’énergie, explorer les limites des instruments tout en choisissant soigneusement
ses filiations spirituelles. Cette période, c’est aussi pour lui le temps des voyages.
Grâce à l’AFAA (Association française d’action artistique), Mantovani bénéficie d’une bourse pour un séjour de
six mois à Bologne (2011-2002), dans le cadre de la Villa Médicis hors-les-murs.
Le Sette Chiese, vaste cycle de neuf pièces pour grand ensemble est le merveilleux fruit de ce séjour. L’une de
ces pièces intitulée, Basilique des Saint Vitale et Agricola est dédiée à la mémoire d’Olivier Messiaen. Dans
cette œuvre, Mantovani s’inspire du complexe des sept églises, trésor architectural de la cité : « L’originalité
architecturale de l’ensemble ainsi que sa fonction religieuse ont été source de réflexion sur l’espace et sur la
poétique », commente le compositeur. Cette œuvre est aussi la deuxième commande de l’Ensemble
Intercontemporain à Mantovani après un cycle vocal pour soprano et ensemble dédié à Barbara Hendrick.
Au printemps 2003, l’AFAA organise, à New York, Sounds French, un festival d’un mois consacré à la musique
française contemporaine. Les invitations émises, qui vont de Pierre Boulez à Thierry Escaich, soulignent
l’éclectisme voulu par les organisateurs. Henri Dutilleux est le doyen des compositeurs invités et Bruno
Mantovani, le benjamin. A lui échoit néanmoins n’une des créations mondiales : une partition composée
pour accompagner East Side, West Side, chef d’œuvre du muet d’Allan Dwan.
New York va inspirer à Mantovani, deux ans plus tard, une de ses œuvres la plus emblématique Streets,
nouvelle commande de l’Ensemble Intercontemporain, dédiée à son créateur, Pierre Boulez : « La densité
d’activités humaines était telle qu’il m’était quasiment impossible d’isoler tel mouvement d’une personne
prise au hasard dans cette collectivité ... La perception de cet univers, composé de strates infinies, se résumait
donc à une globalité tendant paradoxalement vers le statisme. C’est un phénomène que j’ai tenté de
transcrire dans Streets ».
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Le séjour à la Villa Médicis, cette fois-ci dans les murs de Rome, s’est déroulé les deux années suivantes
(2004-2005). Da Roma, pièce qui y fût composée, a été créée par le Trio Modulation.
Dans cette période de sa jeune carrière, Mantovani a l’opportunité d’aborder tous les genres : le grand
orchestre avec les Six Pièces commandées, en 2002, par l’Orchestre de Paris mais aussi l’orchestre baroque,
en 2005, avec Le Cycle des gris à la demande de la Chambre Philharmonique d’Emmanuel Krivine. La forme
concerto est aussi explorée plusieurs fois avec notamment le Concerto pour violoncelle dédié à Jean-Guihen
Queyras (2005). A l’ensemble Accentus dirigé par Laurence Equilbey, il offre Cinq Poèmes de Janos Pilinsky, et
la musique de chambre n’est pas en reste avec L’Ere de Rien pour Emmanuel Pahud (flûte), Paul Meyer
(clarinette), et Michel Dalberto (piano). De grands solistes sont aussi créateurs de superbes pièces pour leurs
instruments : Alexandre Tharaud pour Quatre Pièces pour piano (2004), Nicolas Angelich pour Suonare créé
au Piano aux Jacobins en 2006, Varduhi Yeritsyan pour Dédales (2009) et Pascal Contet (accordéon) pour
8’20.
La modernité de Mantovani n’ignore rien du poids de l’histoire musicale : « A mon sens, dit-il, il y a deux
façons d’y faire face et j’ai testé les deux avec Schubert notamment. La première, c’est de rester extrêmement
proche du matériau initial, et d’en dévier complétement le sens (ce que j’ai fait dans mon concerto pour
clarinette basse Mit Ausdruch) - commande d’ l’Orchestre de Bamberg avec Alain Billard en soliste - et la
deuxième, c’est de tenir à distance le matériau initial, tout en retrouvant le sens (ce que j’ai fait dans un Trio
avec piano pour le Trio Wanderer) - Huit Moments Musicaux en 2008- recréer sa temporalité, ses formes, ses
atmosphères).
Pas moyen d’évoquer cette « décennie mantovanienne », sans aborder l’opéra. C’est le festival Musica et
l’Opéra National du Rhin qui donnent à Mantovani l’opportunité d’aborder ce genre, en 2006 : « L’opéra est
pour moi le lieu de la synthèse, pas celui de l’invention », commente-t-il. Avec son librettiste François
Regnault, psychanalyste et dramaturge à l’occasion pour Patrice Chéreau, il choisit d’adapter le roman
fantastique d’Alfred Kubin, L’Autre côté, pour raconter « cette histoire idéalisée, où tout progrès est refusé, et
qui sombre finalement dans la dictature ». Il s’agit donc d’un opéra politique.
Dans la plupart des créations de Mantovani transparaît son goût pour les plaisirs de la vie. « Comme la
cuisine et le vin, la musique se juge avant tout au savoir-faire du compositeur ». Mantovani assume ainsi
son épicurisme qu’il immortalise dans une œuvre opulente pour orchestre et lutherie électronique, Le Livre
des illusions (2009). Cette musique de table pour aujourd’hui comprend 37 mouvements, allusion aux 37
plats qui lui furent servis au restaurant El Bulli, tenu par son ami, le cuisinier catalan Ferran Adrià.
Mantovani achève cette décennie par l’attribution de la Victoire de la musique classique, comme
compositeur de l’année 2009.
Une ubiquité sous contrôle (2010-2017)
« Mozart était un infatigable travailleur, un stratège redoutable, un dramaturge au sens psychologique
aigu ». En écrivant cette ligne, en 2012), dans une préface à la réédition du Mozart de Victor Wilder,
Mantovani nous livre l’autoportrait d’un créateur de 38 ans qui concilie ses tâches de compositeur, directeur
d’institution prestigieuse depuis 2010 et de chef d’orchestre.
Car compositeur pour le rester, il faut s’organiser : « J’arrive à la Villette vers 7h30 le matin. Je compose
jusqu’à 9h. Puis je commence ma journée de directeur… Vers 18h30, je me remets à la composition jusqu’à 22-
21
23h ». Néanmoins, c’est avoue-t-il dans sa résidence des bords de Marne, qu’il s’isole le mieux pour
composer.
Compositeur d’abord
Cette décennie est marquée par une importante collaboration avec l’Opéra de Paris. Son complice, Nicolas
Joel, ancien directeur de l’Opéra du Capitole de Toulouse, est à l’initiative de trois œuvres majeures qui vont
éclore lors de sa prise de fonction à la direction de l’Opéra de Paris : successivement : un ballet, un opéra et
un concerto pour violon.
Le ballet Siddhârta été conçu à partir d’un livret original de l’écrivain Eric Reinhardt. Il conte les péripéties de
Siddhârta Gautama, futur Bouddha, sur le chemin de l’exil. Si Mantovani comme son chorégraphe Angelin
Preljocaj, fuient la tentation de l’exotisme, la musique se déploie comme une magique dance sacrale
ponctuée par des rifs d’une guitare électrique solo et un riche dispositif de percussions. Lors de la création,
en mars 2010, l’Orchestre de l’Opéra de Paris, est placé sous la direction de Susanna Mälki.
L’opéra Akhamatova, dont Mantovani a achevé la composition durant les répétitions du ballet, est la
rencontre de trois sensibilités : celle du compositeur Bruno Mantovani, du metteur en scène Nicolas Joel et
de son dramaturge à l’Opéra de Paris, Christophe Ghristi. C’est ce dernier qui après avoir recueilli les envies
du compositeur : « Parler de la guerre, d’un créateur, d’une figure féminine », lui répond qu’une seule
personne répond à ces trois conditions, celle de la poétesse russe Anna Akhmatova (1889-1966) : « J’aime
les êtres ambigus comme Akhamatova, s’enflamme Mantovani, une femme non engagée contre le
communisme, mais qui le subit. Sa dimension dramatique est double : son conflit avec Staline comme peu à
peu des relations difficiles avec son propre fils, une tension psychologique qui parle à tous, mais qui n’a jamais
été traité à l’opéra ». Sur le plan musical, Mantovani insiste sur les différences avec son premier opéra : « Je
voulais aborder les grands genres comme des ensembles vocaux…L’orchestre tire vers les graves avec cinq
cors, cinq clarinettes basses, pas de harpe mais un accordéon… Il n’y a pas d’ouverture, ou plutôt, elle se
trouve à la fin, comme si après ce drame, même une poétesse n’avait plis de mots ».
L’œuvre est créée, le 28 mars 2011, à l’Opéra de Paris, sous la direction de Pascal Rophé.
Un Concerto pour violon complète cette trilogie Jeux d’eau, créé par Renaud Capuçon avec l’Orchestre de
l’Opéra de Paris sous la direction de son chef, Philippe Jordan (2012). Une œuvre d’une puissance
époustouflante où le compositeur réussit à immerger l’auditeur dans la force de l’élément aquatique.
Enfin, il faut souligner, dans l’abondante production de cette dernière période, un impressionnant corpus
consacré à des formes classiques : un Quintette pour cordes créé par le Quatuor Ebène et l’altiste Antoine
Tamestit, en 2013 et deux quatuors à cordes : le Deuxième Quatuor créé par la Quatuor Voce, en 2014, et le
Troisième Quatuor, créé par Quatuor Signum, en 2015.
Directeur du Conservatoire National Supérieur de Musique et de Dans de Paris à plein temps
« J’ai fait acte de candidature un mois après avoir fini Akhamatova, me disant qu’à 36 ans, j’avais tout eu,
deux opéras, un ballet, l’Opéra de Paris… Un sentiment de culpabilité m’a envahi, les institutions m’ayant
singulièrement soutenu, il était temps de mettre les mains dans le cambouis ». Sa nouvelle fonction, depuis
2010, il la prend à bras le corps pas comme une sinécure mais comme une nouvelle vocation. Une année
après sa prise fonction, il peut déclarer : « Nous avons réformé tous les cursus, avec un objectif : donner
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d’avantage de liberté aux élèves… Beaucoup de bonnes volontés sont présentes, il faut juste donner une
nouvelle impulsion. Avoir une légitimité de compositeur change la donne ».
Chef d’orchestre
Mantovani embrasse aussi, certes avec modération (quelques programmes par an), mais tout autant de
passion, la carrière de chef d’orchestre. Cette activité, débutée avec es ensembles spécialisés comme
l’Ensemble Intercontemporain, et l’Ensemble Accentus, s’est déployée dans le cadre de résidences : avec
l’Orchestre National de Lille, en 2008, puis de l’Orchestre National du Capitole de Toulouse, en 2010.
Mantovani a aussi dirigé l’Orchestre de Pairs et l’Orchestre National de France.
Bien sûr, pour Mantovani se pose la question de sa légitimité concernant le répertoire à aborder : « Un
travail de chef sur des partitions que l’orchestre ne joue pas fréquemment : classiques de la modernité ou
de la musique contemporaine », précise-t-il.
Dans les programmes qu’il compose avec soin, figurent dans la première catégorie : Le Prince de Bois de
Bartok, La Nuit transfigurée et les Cinq Pièces opus 16 de Schoenberg tandis que le Concerto pour violon de
Ligeti, s’inscrit dans la seconde, ainsi, bien sûr que ses propres œuvres.
Mais Mantovani ne dédaigne pas de diriger les « romantiques » auxquels il voue une dévotion : Schumann et
Schubert, sans oublier Wagner.
Mantovani et le festival Messiaen au pays de la Meije
La relation entre le festival Messiaen au pays de la Meije et Bruno Mantovani se noue avec la création, le
28 juillet 2009, d’All Ungharese, pièce pour violon et piano (commande du festival Messiaen au pays de la
Meije), interprétée par la violoniste Hae-Sun Kang et la pianiste Florent Boffard.
Puis, lors de son arrivée à la direction du CNSMDP de Pairs, Bruno Mantovani prend l’initiative de mettre en
place un DAI (Diplôme d’Artiste Interprète), nommé « répertoire contemporain et création ». C’est autour de
cette classe que s’organise un partenariat fructueux entre le festival Messiaen au pays de la Meije et la
prestigieuse institution. Il se concrétise, dès la 15ème édition du festival, en 2012, par deux concerts dont l’un,
dirigé par Bruno Mantovani, comprend les Oiseaux exotiques de Messiaen, et le Concerto de chambre de
Berg, avec Hae-Sun Kang (violon) et Varduhi Yeritsyan (piano) en solistes et la création d’Orbitas de Francisco
Alvarado (commande du festival Messiaen au pays de la Meije).
Lors de la 17ème édition 2014 du festival, Bruno Mantovani revient diriger un programme comportant
notamment la création d’Izaaj, un Concerto pour violon et ensemble de Benjamin Attahir (commande du
festival Messiaen au pays de la Meije).
Enfin, Mantovani dirige à nouveau l’Ensemble du Conservatoire de Paris, les 26 et 27 juillet 2017, dans deux
programmes où sont inscrits : Travel Notes et Winter Fragments de Murail et sur Incises de Boulez.
Le festival Messiaen au pays de la Meije est donc particulièrement fier d’offrir à Bruno Mantovani une
résidence lors de cette 21ème édition du 28 juillet au 5 août 2018.
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Les Créations au festival Messiaen au pays de la Meije 2018
Six créations mondiales au festival 2018
Samedi 28 juillet 2018 à 21h- Eglise de La Grave
Création mondiale de « Stalag VIII » de Tristan Murail (commande du festival Messiaenau pays de la Meije et du Melting Point Music Messiaen à Gorlizt) par Hae-Sun Kang(violon), Marie Vermeulin (piano), Martin Adamek (clarinette), Marc Coppey (violoncelle)
Dimanche 29 juillet 2018 à 21h- Eglise de La Grave
Création mondiale d’une œuvre pour deux pianos de Thomas Lacôte (commande dufestival Messiaen au pays de la Meije) par Anne Le Bozec (piano) et Flore Merlin (piano)
Lundi 30 juillet 2018 à 17h- Eglise de La Grave
Création mondiale d’une œuvre pour soprano, violoncelle et piano de Camille Pépin(commande du festival Messiaen au pays de la Meije) par Fionna McGown (soprano), YanLevionnois (violoncelle) et Anne Le Bozec (piano)
Mardi 31 juillet 2018 à 17h- Eglise du Monêtier-les Bains
Création mondiale de « Wander Steps » de Pascale Criton (commande du festivalMessiaen au pays de la Meije et du Duo Xamp) par Fanny Vicens et Jean-Etienne Sotty(accordéons)
Mardi 31 juillet 2018 à 21h- Salle du Dôme du Monêtier-les-Bains
Création mondiale d’une œuvre de Bryce Dessner pour ensemble instrumental(commande du festival Messiaen au pays de la Meije et du Fe Cunnigham Fund) par lesétudiants en DAI répertoire contemporain et création du CNSMDP de Paris.
Mercredi 1 er août 2018 à 21h- Collégiale de Briançon
Création mondiale de « Cadenza N°2 » de Bruno Mantovani (commande du festvialMessiaen au pays de la Meije) par Pascal Contet (accordéon) et l’Ensemble OrchestralContemporain dirigé par Daniel Kawka
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Les Interprètes du festival 2018Le Studio de Nouvelle Musique de Moscou
Cet ensemble qui est en résidence au Conservatoire Tchaïkovsky de Moscou est le plus important consacré à
la musique contemporaine en Russie. Il a été fondé en 1993 par le compositeur Vladimir Tarnopolski, le chef
d’orchestre Igor Dronov et le musicologue Alexandre Sokolov. Leur premier concert, en France, fût donné
sous la direction de Mstislav Rostropovitch. Chaque année, le Studio de Nouvelle Musique donne une
cinquantaine de concerts à Moscou et dans toute la Russie ainsi qu’à l’étranger. Il a aussi été invité à animer
des master-class dans les universités d’Oxford, Harvard et Boston. Le Studio de Nouvelle Musique de Moscou
est le premier ensemble russe invité à la Biennale de Venise (2011 et 2015). Depuis sa naissance, il a été à
l’origine de la création de 900 œuvres aussi bien de compositeurs de toutes nationalités. Le répertoire du
Studio de Nouvelle Musique de Moscou comprend aussi des œuvres des compositeurs de l’avant-garde russe
des années 1920, notamment, Nicolaï Roslavets et Alexandre Mosolov.
Ensemble Des Equilibres
Créé en 2006 sous l’impulsion de la violoniste Agnès Pyka, l’ensemble Des Equilibres réunit des effectifs en
fonction des projets de programmes explorant les nomenclatures du duo à l’octuor en passant par le quatuor
à cordes. Son répertoire est vaste avec un parcours allant des classiques au contemporain avec des chemins
de traverse. Des Equilibres est gourmand de dialogue entre la musique savante occidentale de nouvelles
approches : la danse contemporaine avec Thierry De Mey, la tradition japonaise avec Shiro Daïmon, la
musique classique algérienne de Nour-Eddine Saoudi. Des Equilibres a participé, en 2013, au concert
d’ouverture de Marseille-Provence 2013 avec le pianiste Fazil Say.
Trio Wanderer
Créé en 1987, au Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris, le Trio Wanderer fête en 2017 ses
trente ans. Formé auprès de grands maîtres tels que Jean-Claude Pennetier, Jean Hubeau, Menahem Pressler
du Beaux-Arts Trio et les membres du Quatuor Amadeus, le Trio Wanderer remporte le Concours ARD de
Münich en 1988. Célébré dans le monde entier, le Trio Wanderer est aujourd’hui internationalement reconnu
comme une des toutes meilleures formations de musique de chambre.
Le nom qu’ils se sont choisis évoque leur profonde affinité avec le romantisme allemand dont le thème du
« voyageur errant » est un leitmotiv. Cette affinité, ils l’ont confirmé par les magnifiques enregistrements
qu’ils ont consacrés à ce répertoire : Trios de Schubert, Mendelssohn, Brahms.
Mais aussi le Trio Wanderer excelle dans le répertoire du 20ème siècle : le Quatuor pour la fin du Temps de
Messiaen, les Trios de Chostakovitch. Le Trio Wanderer est aussi le commanditaire de plusieurs œuvres de
compositeurs d’aujourd’hui dont « Lettres Mêlées » de Thierry Escaich et les « Huit Moments Musicaux » de
Bruno Mantovani.
Le Trio Wanderer a été distingué à trois reprises les Victoires de la Musique du meilleur ensemble
instrumental de l’année (1997, 2000 et 2009).
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Quatuor Voce
En une décennie, le quatuor Voce a su se placer parmi les meilleurs en sembles du monde. A leurs débuts, en
2004, le quatuor Voce a su s’attacher les conseils de leurs ainés les plus prestigieux comme ceux de Günter
Pichler, violoniste du quatuor Alban Berg. Cela leur a permis d’être lauréat de grands Concours Internationaux
de Crémone, Genève, Bordeaux, Londres et Reggio Emilia. En 2013, le quatuor est nommé « Rising Stars » par
l’European Chamber Hall Organisation. Cela ouvre au quatuor Voce une brillante carrière internationale où ils
sont invités dans les plus prestigieuses salles de concert d’Europe ainsi qu’à une tournée au Japon.
Leur répertoire comprend les grand oeurves classiques et romantiques mais aussi des créations de Bruno
Mantovani, Graziane Finzi, François Meïmoun. Mais ils sont aussi avides d’expériences inédites,
l’accompagnement de chefs d’œuvre du cinéma muet –Murnau et Keaton- les concerts avec M- Chedid et le
chanteuse canadienne Kyrie Kristmamson et le chorégraphe Thomas Lebrun.
Leurs enregistrements d’œuvres de Mozart, Schubert, Brahms, Bartok, Janacek ont été salués par tous les
magazines musicaux, Télérama, Diapason, The Strad, Neue Zürcher Zeitung.
Duo Xamp
Projet de musique et d’accordéon augmentés, le Duo Xamp unit deux accordéonistes, Fanny Vicens et Jean-
Etienne Sotty, dans un duo de création musicale contemporaine. Un duo d’interprètes, mais aussi de
chercheurs et d’inventeurs. Chercheurs puisqu’ils travaillent à la découverte et à l’élaboration de nouvelles
sonorités, de nouveaux moyens d’expression et de nouvelles écritures avec les compositeurs de leur
génération. Inventeurs et pionniers, puisqu’ils créent un instrumentarium qui prolonge l’accordéon pour en
utiliser les potentialités sonores. A ce titre, ils possèdent deux accordéons à quarts de ton, premiers
instruments de ce type en France susceptible de révolutionner le paysage musical contemporain.
A ce titre, ils travaillent avec des musiciens qui sont intéressés avec cette écriture en quart de ton,
notamment la compositrice Pascale Criton.
Ensemble Orchestral Contemporain (EOC)
L’Ensemble Orchestral Contemporain est un collectif de musiciens fondé en 1992 par Daniel Kawka. A partir
d’une base instrumentale composée de cordes, bois, vents par un, percussion, piano et harpe, l’EOC participe
à une activité intense et féconde de diffusion du répertoire contemporain dont 170 créations.
L’EOC s’adjoint aussi à l’occasion l’électronique. Ce qui a été le cas, en 2017, au festival Messiaen au pays de la
MeIje pour un brillant concert qui a comporté la création de « A l’Air libre » de Jean-Luc Hervé, commande du
Ministère de la Culture réalisée au Cirm de Nice.
L’EOC a effectué, à l’automne 2017, une grande tournée de concerts an Corée du Sud.
En 2018, l’EOC va créer au festival Messiaen au pays de la Meije, une nouvelle œuvre de Bruno Mantovani :
« Cadenza N°2 » pour accordéon et ensemble.
Marie Chilemme (alto)
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Après avoir débuté dès l’âge de 3 ans l’étude de son instrument, Marie Chilemme est admise au
Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris, en 2005. Elle y obtient en 2010 le diplôme de Master
avec les félicitations du jury. De 2010 à 2012, elle suit l’enseignement de l’altiste Tabea Zimmermann à la
Hochschule Hans Eisler de Berlin et dans la même ville, le cours du Quatuor Artemis.
Cette prédilection pour la formation du Quatuor à cordes se confirme quand Marie Chilemme participe à la
création, en 2012, du Quatuor Cavatine. De 2008 à 2013, nul doute que sa présence à l’Académie Ozawa en
Suisse, fut un tremplin pour cette initiative car elle peut bénéficier alors des master class de Paméla Franck,
Sadao Arada, et Nobuko Imai. De 2015 à 2016, Marie Chilemme perfectionne encore sa formation en suivant
l’enseignement de Miguel da Silva à la Chapelle Musicale Reine Elisabeth de Bruxelles.
Nathalie Forget (ondes Martenot)
Nathalie Forget a obtenu le Diplôme de Formation Supérieure et le Prix d’ondes Martenot, mention Très Bien
à l’unanimité au Conservatoire National Supérieur de Musique et de Danse de Paris dans la classe de Valérie
Hartmann-Claverie. Depuis 2014, elle enseigne les ondes Martenot au CNSMDP de Paris. Egalement titulaire
d’une maîtrise de philosophie de la musique sur Olivier Messiaen et d’un master d’arts plastiques, elle est
interprète, improvisatrice et plasticienne. Elle conjugue ses différents talents dans des performances.
Nathalie Forget s’est produite sous la direction de chefs de grande notoriété tels que Pierre Boulez, Heinz
Holliger, Myung-Wun Chung. Elle fait partie entre autres de l’Ensemble Itinéraire et du groupe de rock
UlanBator.
Liana Gourdjia (violon)
Enfant prodige, Liana Gourdjia a très tôt connu la célébrité en se produisant, dès 6 ans, dans son pays, la
Russie aussi bien dans la grande salle du Conservatoire Tchaïkovsky à Moscou qu’à la Philharmonie de Saint
Pétersbourg. Elle s’est également produite au Vatican devant le Pape Jean-Paul II. Liana Gourdjia a d’Abord
étudié le violon à l’Ecole Centrale de Moscou puis aux Etats-Unis avec David et Linda Cerone au Cleveland
Institute of Music, puis à l’Université de l’Indiana dans la classe de Jaime Laredo. Lauréate du Concours
International Tibor Varga elle se fixe à Paris où elle est professeur à l’Ecole Normale de Musique. Soliste et
chambriste très recherchée, Liana Gourdjia joue aux côtés de Marc Coppey, François-Frédéric Guy, Bertrand
Chamayou et le Quatuor de Tokyo.
Hae-Sun Kang (violon)
Hae-Sun Kang débute le violon en Corée à l’âge de trois ans. Elle arrive à Paris à l’âge de quatorze ans et au
Conservatoire Nartional Supérieur de Musique de Paris où elle obtient ses premiers prix dans la classe de
Christian Ferras en violon et de Jean Hubeau en musique de chambre. Elle est lauréate des Concours
internationaux Carl Flesh (Londres) et Yehudi Menuhin (Paris). Hae-Sun Kang est nommée premier violon solo
de l’Orchestre de Paris en 1996 puis l’année suivante, en 1997, elle intègre l’Ensemble Intercontemporain.
Hae-Sun Kang entretient un dialogue avec les plus grands compositeurs contemporains qui lui dédient de
nombreuses créations : Quad, Concerto pour violon et ensemble de Pascal Dusapin, Anthème 2 pour violon
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solo et électronique de Pierre Boulez, Partita II pour violon et électronique de Philippe Manoury,
All’ungarese pour violon et piano de Bruno Mantovani.
Irina Kataeva (piano)
Irina Kataeva est la fille du chef d’orchestre Vital Kataev et de la musicologue Liouba Berger. Irina Kataeva est
diplômée du Conservatoire de Moscou dans la classe du Professeur Yakov Milshtein. C’est dès qu’elle fût
étudiante qu’elle manifesta un grand intérêt pour la musique contemporaine.
A son arrivée en France, en 1985, sa prédilection pour musique du XXème siècle pu s’épanouir grâce à la
rencontre avec Pierre Boulez, György Ligeti et Olivier Messiaen.
C’est grâce à Irina Kataeva que des partitions de Messsiaen ont été interprétées pour la première fois en
Russie. En 1986, elle enregistre avec la soprano Natalia Rozanova le grand cycle vocal Harawi pour la firme
soviétique Melodya. En 1987, elle interprète à Avignon devant Messiaen, les Vision de l’Amen avec Pierre-
Laurent Aimard. En 2008, Irina Kataeva a participé à la célébration du centenaire de Messiaen à Moscou.
Un autre compositeur, Gyögy Ligeti, a beaucoup compté dans sa carrière. Il lui a dédié une étude pour piano
intitulée « Pour Irina ». Irina Kataeva a participé à l’enregistrement des œuvres pou clavier de Ligeti dans le
cadre de l’intégrale publiée par Sony. Depuis 2013, elle dirige au Bolchoï à Moscou les master-classes
consacrées à la musique vocale française.
Ekaterina Kichigina (soprano)
Ekaterina Kichina est diplômée de l’Académie Musicale Gnesin spécialisée dans l’apprentissage du chant
soliste et la conduite de chœur. Elle a complété sa formation au Conservatoire d’Etat de Moscou auprès de
professeurs Nina Dorliak et Galina Pisarenko.
Ekaterina Kichigina est lauréate de plusieurs concours internationaux, Pampelone en Espagne et Kaliningrad
en Russie. Depuis, elle est soliste du « New Opera » et a interprété les rôles titres dans « Paillasse », » « Le
Démon » et « Eugene Onegin ». Ekaterina Kichinga est membre du « Studio de Musique Nouvelle de Moscou
depuis sa fondation. Elle a donc participé aux premières de plus de cent œuvres.
Anne Le Bozec (piano)
Le festival Messiaen au pays de la Meije doit à l’initiative et à la passion pour la musique d’Anne Le Bozec la
consécration de projets marquants : « Pelléas et Mélisande » de Debussy (2009), « L’Enfant et les Sortilèges »
de Ravel (2012) et « Saint François d’Assise » de Messiaen (2016 et 2017), dans des versions de chambre pour
piano et chants de ces trois chefs d’œuvre. Anne Le Bozec, professeur d’accompagnement au Conservatoire
National Supérieur de Musique de Paris, est une pianiste hors-pair dont la passion pour le chant et la
musique de chambre en fait une musicienne et accompagnatrice très recherchée par ces collègues
chanteuses, chanteurs et instrumentistes.
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Flore Merlin (piano)
Flore Merlin est diplômée du Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris dans les classes d’Alain
Planès (2010) et d’accompagnement vocal d’Anne Le Bozec (2015). Elle approfondit ses études instrumentales
au Koninklijk Conservatorium Brussel et à l’Académie Sibelius d’Helsinki. Flore Merlin prépare actuellement
un master de direction de chant au Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris. La musique de
chambre tient aussi une grande place dans ses activités. Elle se produit dans de nombreux festivals. Son
interprétation de la pièce « Territoires de l’oubli » de Tristan Murail au festival Messiaen au pays de la Meije
2017 a été très remarquée.
Fionna McGown (mezzo-soprano)
Remarquée pour son timbre chaud et lumineux ainsi que pour sa grande intelligence du texte, Fionna
McGown a obtenu sa licence au Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris avec mention Très
Bien à l’unanimité en 2015. Elle se perfectionne ensuite auprès de l’éminente pédagogue, Régina Werner, à
Leipzig.
Son riche parcours musical lui a permis de recevoir l’enseignement de Malcom Walker, Bernada Fink,
Christophe Prégardien, Christophe Rousset et Anne Le Bozec.
Ses prédilections musicales la portent aussi bien vers le baroque- Purcell, Haendel, le classique- Cherubin
dans les Noces de Figaro de Mozart ou Fidalma dans le Mariage Secret de Cimarosa ou le contemporain-
Manoury, Schoenberg (Le Pierrot Lunaire) mais que de jeunes compositeurs de sa génération- Camille Pépin,
Fabien Touchard.
Marilyn Nonken (piano)
Marilyn Nonken occupe une place à part dans l’univers musical américain. Formé à l’Eastman School de New
York dans le classe du pianiste David Burge, elle mené parallèlement des études musicologie à la Columbia
University où elle obtient le grade supérieur. Elle fait partie de ces rares artistes capables de théoriser leur
choix interprétatif et leur répertoire. Un répertoire qui la conduit à interpréter Messiaen (Visions de l’Amen et
Vingt Regards sur l’enfant Jésus), mais aussi l’école américaine dont elle crée de nombreuses œuvres. Mais
c’est envers l’école spectrale française qu’elle exprime une particulière affinité : Hugues Dufourt (Erlkönig),
Gérard Grisey (Vortex Temporum) et Tristan Murail qui lui dédie son cycle « Les Travaux et les Jours » et dont
elle a enregistré une magnifique intégrale de la musique pour piano. En 2015, Marilyn Nonken a publié avec
un notable succès une monographie « The Spectral Piano » chez Cambridge University Press.
Marilyn Nonken a donné des récitals au Lincoln Center, au Guggenheim Museum, au Chicago Cultural Center,
à la Barnes Foundation et au Festival d’automne à Paris. Elle dirige les études de piano à la Steinhardt School
de l’Université de New York.
Marie Vermeulin (piano)
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Marie Vermeulin est diplômé du Conservatoire National Supérieur de Musique de Lyon dans la classe de
Roger Muraro. En 2007, elle obtient le second Prix du Concours Olivier Messiaen de la Ville de Paris. Ses
interprétations des œuvres pour piano de Messiaen atteignant un niveau exceptionnel comme ses concerts
au festival Messiaen au pays de la Meije. Ce fut le cas du concert des « Visions de l’Amen », en 2017, avec la
pianiste Vanessa Wagner, enregistré par France Musique.
Marie Vermeulin a enregistré, en 2012, dans l’église de La Grave, un récital Messiaen qui a obtenu tous les
éloges de la presse spécialisée. Marie Vermeulin a créé, en 2016, au festival Messiaen au pays de la Meije,
Trois Etudes pour piano de Jérôme Combier.
Varduhi Yeritsyan (piano)
C’est pour marcher sur les traces de son célèbre compatriote Charles Aznavour qu’elle admire, que Varduhi
Yeritsyan débarque à Paris l’année de ses vingt ans, en 2001. Elle n’y vient pas sans bagages, car détectée
comme enfant surdouée, elle a étudié au Conservatoire de sa ville natale, Erevan, ainsi qu’au Conservatoire
Tchaïkovsky à Moscou. Inscrite au Conservatoire National Supérieur de musique de Paris, elle obtient ses
premiers prix an piano et musique de chambre puis travaille en cycle de perfectionnement auprès de Brigitte
Engerer et Pierre-Laurent Aimard.
En 2007, Varduhi Yeritsyan triomphe au concours « Avant-Scènes » du Conservatoire de Paris en interprétant
le Concerto pour piano de Katchatourian. Plus récemment, en 2010, elle est lauréate de la fondation Jean-Luc
Lagardère, ce qui lui permet de réaliser un de ses projets : l’enregistrement de l’intégrale des « Visions
fugitives » de Prokofiev. Unie au compositeur Bruno Mantovani, elle a créé sa pièce pour piano solo
« Dédales ».
Martin Adamek (clarinette)
Martin Adamek, né en 1196, vient de rejoindre le prestigieux Ensemble Intercontemporain, à Paris, en 2016.
Diplômé du Conservatoire de Brastilava et de l’Académie de musique et des arts du spectacle de Bron en
République Tchèque, Martin Adamek se forge en parallèle une solide expérience d’orchestre au sein du
Gustav Mahler Jugendorchester et de l’Orchestre des Jeunes de l’Union Européenne où il a l’occasion de
jouer sous les directions de Philippe Jordan, Christoph Eschenbach et Vladimir Ashkenazy.
Martin Adamek est lauréat du Concours International Léos Janacek en 2014. Résolument engagé dans la
promotion de la musique de notre temps, il créée, en 2016, le Trio Sen Tegmento dans un répertoire qui
comprend beaucoup de créations.
Nicolas Angelich (piano)
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Nicolas Angelich est certainement l’un des pianistes contemporain les plus talentueux de sa génération.
Fasciné par la musique de Mozart et Beethoven, il est aussi très à l’aise avec le répertoire romantique et la
musique contemporaine. C’est sa mère qui initie Nicolas Angelich au piano dès son plus jeune âge. Jeune
prodige il donne son premier concert à 7 ans. A l’adolescence, il quitte les Etats-Unis pour la France et intègre
le Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris où il est l’élève d’Aldo Ciccolini, Yvonne Loriod et
Michel Beroff. Nicolas Angelich se passionne pour des répertoires très variés : Liszt –les Années de
Pèlerinage- Brahms- les Concertos pour piano et toute la musique de chambre- Fauré- toute la musique de
chambre mais aussi la musique contemporaine- Messiaen, Boulez, Henry- il a créé son Concerto pour piano
et orchestre- Mantovani- création de la pièce Suonare pour piano solo et très récemment un Concerto pour
piano du pianiste de jazz Baptiste Trotignon.
Grand passionné de musique de chambre, il a trouvé une parfaite complicité artistique avec les frères Renaud
et Gautier Capuçon. Nicolas Angelich a été désigné « Soliste de l’année des Victoires de la Musique en 2013.
Michel Béroff (piano)
Michel Béroff a 17 ans quand, éblouissant le jury du premier Concours Messiaen de la ville de Royan, présidé
par le compositeur lui-même, il remporte la compétition, en 1967. Depuis Michel Béroff est
incontestablement l’un des plus grands interprètes de Messiaen dont témoigne des enregistrements devenus
références incontournables : « Vingt Regards sur l’Enfant Jésus », la Turangalîla-Symphonie sous la direction
d’André Prévin, le Quatuor pour la fin du Temps (EMI).
Michel Béroff, qui a enseigné au Conservatoire de Paris depuis 1989, a entrepris une brillante carrière
internationale avec i répertoire qui comprend les concertos pour piano de Bartok, Prokofiev, Liszt et Ravel
avec des chefs aussi prestigieux qu’Abbado, Boulez, Ozawa ou Mazur.
Debussy occupe aussi une place centrale dans son activité : participation pour « Wiener Urtext » à une
nouvelle édition de son œuvre pour piano. Sa popularité au Japon conduit la télévision japonaise NHK à lui
confier la réalisation de quinze master-class sur la musique française en 2008.
Philippe Bianconi (piano)
Depuis son succès au concours Van Cliburn, en 1985, Philippe Bianconi est certainement l’un des plus grands
représentants du piano français dans le monde. Formé au Conservatoire de Nice, il poursuit ses études au
Conservatoire de Paris dans la classe de Gaby Casadesus et à Freiburg auprès de Vitalij Margulis pour les
répertoires allemand et russe.
Son premier grand récital au Carnegie Hall, en 1987, marque le début d’une brillante carrière internationale
où il est l’invité des grandes formations : Cleveland Orchestra, Chicago Symphony, Los Angeles Philharmonic,
Concertgebouw d’Amsterdam sous la direction de Lorin Maazel, David Zinman, Christophe Von Dohnanyi et
James Conlon.
Parmi les grands moments de sa carrière, sa collaboration avec le baryton Hermann Prey qu’il accompagne
pour les concerts et enregistrements des trois grands cycles d lieder de Schubert.
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Son enregistrement des Préludes de Debussy a obtenu, en 2012, le Grand Prix de l’Académie Charles Cros et
une nomination aux Victoires de a musique classique. Philippe Bianconi assure, depuis 2014, la direction
musicale du Conservatoire Américain de Fontainebleau succédant à Nadia Boulanger et Philippe Entremont.
Pascal Contet (accordéon)
Pascal Contet est un accordéoniste saisi par la musique classique. Cela le conduit à repenser sa formation et à
étudier l’instrument là où il est enseigné en Allemagne et au Danemark. Fort d’une virtuosité transcendante,
Pascal Contet est un défricheur de répertoire infatigable qui se dépense en faveur de nouvelles
compositions. Citons parmi ses initiatives captivantes sa composition « Clair obscur » pour le chorégraphe
chinois Jing Xing, ainsi que sa participation à l’accompagnement de films muets d’Ozu et Murnau au Japon et
en France. Pascal Contet est aussi très actif sur les scènes jazz, pop et électro avec son trio « The White
Concert », formé avec les londoniens Scanner et le guitariste-chanteur Joël Cadbury.
Marc Coppey (violoncelle)
Né à Strasbourg, Marc Coppey sort du Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris avec un premier
Prix. Mais c’est par son succès au concours Bach de Leipzig, alors qu’il n’a que 18 ans, que Marc Coppey entre
dans la cour des grands violoncellistes de sa génération. A ce compositeur, Marc Coppey consacrera une
superbe intégrale des Suites pour violoncelle solo ( ffff de Télérama).
Marc Coppey se produit aussi bien en soliste qu’en musique de chambre. Son répertorie très vaste lui permet
d’aborder des œuvres allant de Haydn jusqu’à la musique contemporaine. Il a ainsi créé le Concerto pour
violoncelle d’Eric Tanguy et parmi ses enregistrements les plus importants figurent le Concerto pour
violoncelle « Tout un Monde Lointain » d’Henri Dutilleux. En mars 2015, il donne en première audition à la
Philharmonie de Paris, une dizaine d’œuvres pour violoncelle solo des plus grands compositeurs d’aujourd’hui
en hommage à Pierre Boulez à l’occasion de son 90ème anniversaire. Cet hommage fait l’objet d’un
enregistrement publié en 2017. Marc Coppey est directeur artistique du festival de Colmar et est enseignant
au Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris.
Daniel Kawka (chef d’orchestre)
Daniel Kawka est l’un des chefs les plus singuliers et intéressants d’aujourd’hui dont la carrière s’élabore
patiemment dans les deux répertoires, l’opéra et la musique symphonique. Parmi les grands moments de sa
carrière de chef lyrique : la très récente création de « Maria Republica » de François Paris, à l’Opéra de
Nantes, qui a obtenu le Prix de la Critique 2016. Il faut aussi souligner sa marquante direction de « Tristan et
Isolde » de Wagner dans la mise en scène d’Olivier Py à Genève, le « Château de Barbe bleue » de Bartok
dans la mise en scène de Caurier et Leiser à Nantes et en 2017, une représentation de « Lohengrin » à l’Opéra
de Saint Etienne, couverte d’éloges. Parmi sa discographie, ses enregistrements monographiques consacrés à
Boulez, Denisov et Dufourt ont tous été récompensés par des prix du disque.
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Jean-Baptiste Fonlupt (piano)
Jean-Baptiste Fontlupt a très jeune les feux de la renommée quand il remporte, à 13 ans, le célèbre Concours
du Royaume de la Musique et joue à cette occasion le Premier Concerto pour piano de Mendelssohn avec
l’Orchestre Colonne à la Maison de la Radio à Paris. L’année suivante, en 1990, il remporte le 1er Prix du
Concours Steinway Jeunes Talents.
En 1991, il est admis à l’unanimité du Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris dans la classe de
Bruno Rigutto puis se perfectionne auprès des pianistes Elisso Virssaladze et Michaël Endres à Berlin.
Sa curiosité le conduit à explorer par des répertoires très variés, Il enregiste des monographies
remarquables consacrées à des œuvres rares de Franz Liszt, Carl Philipp Emanuel Bach, Schumann. En
décembre 2016, Jean-Baptiste Fonlupt a interprété le Concerto pour piano de Jolivet avec l’Orchestre du
Théâtre du Marinsky sous la direction de Valery Gergiev.
Kotaro Fukuma (piano)
Kotaro Fukuma a été l’élève de Bruno Rigutto et de Marie-François Bucquet au Conservatoire National
Supérieur de Musique de Paris, puis de Klaus Hellwig à Berlin. Premier Prix à 20 ans du Concours
International de Cleveland, ce succès lui ouvre l’accès aux salles américaines, Carnegie Hall et Lincoln Center
à New York, et européennes, Wigmore Hall à Londres, Philharmonie à Berlin, Gewendhaus à Leipzig, Salle
Olivier Messiaen. En 2013, il obtient le Prix Chopin au Japon.
Passionné de musique contemporaine, Kotaro Fukuma a créé en premières nationales ou mondiales des
œuvres de Takemitsu, Rautavaara, Escaich. Ses différents enregistrements ont soulevé l‘admiration de la
critique notamment ceux consacrés à Debussy et Albeniz.
Yan Levionnois (violoncelle)
Yan Levionnois a bénéficié très tôt de l’enseignement de son père, lui-même violoncelliste, puis a étudié à
Paris auprès de Marc Coppey et Philippe Muller, à Oslo auprès de Truls Mork et à New York avec Timothy
Eddy, tout en suivant des cours de philosophie à la Columbia University.
Premier Prix des concours internationaux André Navarra et « In Memoriam Rostropovitch », il est également
lauréat du 1er concours Reine Elisabeth consacré au violoncelle. Soliste, il est aussi très apprécié comme
partenaire en musique de chambre où il joue avec David Grimal, Renaud et Gautier Capuçon, Nicolas
Angelich. Il est invité à Lugano par la grande Martha Argerich et enregistre le Trio N° 2 dit « Elégiaque »de
Rachmaninov pour EMI.
Musicien éclectique, il est aussi régulièrement invité à participer à des concerts de l’accordéoniste Richard
Galliano sur la scène jazz. Yan Levionnois est aussi passionné par la création contemporaine ayant eu
l’occasion de travailler avec Jonathan Harvey, Eric Tanguy et Bruno Mantovani.
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Yan Levionnois a participé à la gestation de son violoncelle, réalisé par Patrick Robin et de son archet fait par
Yannick Le Canu.
David Petrlik (violon)
Né à Clermont-Ferrand, David Petrlik débute dès l’âge de 6 ans l’étude de son instrument puis bien décidé à
en faire sa carrière, il entre à 14 ans au Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris. Après les
classes de violon de Boris Garlitsky et Igor Volochine, il suit les cours de la classe de musique de chambre de
Claire Désert, Itaman Golan, François Salque et Marc Coppey. En 2015, il est invité à l’International Music
Academy fondée en Suisse par Seiji Ozawa.
David Petrlik est lauréat du Concours Jascha Heifetz (Lituanie) et Ginette Neveu (France). Il vient d’être
nommé « Génération Spedidam ».
Passionné de musique de chambre, David Petrlik est artiste en résidence à la fondation Singer-Polignac au
sein de l’ensemble Messiaen où il joue régulièrement avec Raphaël Sévère, Théo Fouchenneret et Volodia
Van Keulen. David Petrlik joue actuellement sur un violon de Petrus Guarneri de 1702 « ex Schubert », prêté
par la fondation « Villa Musica Rheinland-Pfalz ».
Lorenzo Soulès (piano)
C’est dans sa famille musicienne que Lorenzo Soulès s’installe devant son piano dès l’âge de trois ans. Après
cinq années d’études au Conservatoire Régional de Paris, dans la classe d’Olivier Gardon où il obtient tous les
prix, Lorenzo Soulès opère un choix crucial : confier la poursuite de son apprentissage musical auprès de
Pierre-Laurent Aimard et Tamara Stefanovitch à Cologne où il part s’installer à l’âge de 13 ans. C’est en 2012,
à 20 ans, qu’il se présente au prestigieux concours de piano de Genève où il fait l’unanimité absolue et rafle
tous les prix : Premiers Prix mais aussi Prix du public et Prix Coup de cœur Breguet qui lui offre l’opportunité
d’enregistrer son premier disque, un récital Mozart, Beethoven, Brahms et Scriabine qui obtient les ffff de
Télérama. Lorenzo Soulès entame alors une carrière internationale de soliste et se produit notamment dans
les festivals d’Aldeburgh, Davos et de la Ruhr.
Revue de presse du festival Messiaen au pays de la Meije
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A La Grave, les Neiges éternelles de la musique contemporaine (le Monde)
« Olivier Messiaen n’avait pas imaginé qu’il aurait un tel disciple post-mortem : depuis 1998, un professeur
d’économie nantais, Gaëtan Puaud initié à la musique contemporaine de l’auteur de Saint François d’Assise
alors qu’il était tout jeune élève à l’école Saint Stanislas de Nantes, a fondé au petit village de La Grave qui fût
l’un des lieux de villégiature de Messiaen, un festival dont la thématique « résonances, sons-couleurs,
harmonie-timbres, englobe créateurs et musiciens de renommée internationale ». Marie-Aude Roux-Le
Monde (30-31juillet 2017)
Festival Messiaen au pays de la Meije : une 20ème édition qui fera date (Diapason)
« Pour la 20ème édition du festival Messiaen au pays de la Meije, qui coïncide avec le 25ème anniversaire de la
disparition du maître et les 70 ans du compositeur Tristan Murail, le directeur artistique Gaëtan Puaud a mis
les petits plats dans les grands…Harawi constitue un autre temps fort, grâce à la voix ample et chaude de
Catherine Hunold, ceinte du piano-vitrail d’Anne Le Bozec, Messiaen a trouvé son Isolde. Salle pleine pour
chaque concert (les mélomanes férus de musique contemporaine, ça existe !)». Hélène Cao (31 juillet 2017).
La Tournée pédagogique est lancée (Alpes et Midi)
« Gaëtan Puaud a repris son bâton de pèlerin depuis le 22 mai, et jusqu’au 6 juin pour parcourir les écoles du
Briançonnais et initier ses élèves, pour les classe qui en font la demande, à la musique contemporaine. Cette
année, le thème du festival est : Voyage à travers le son. Un vaste programme tant pour le public que pour
cette tournée pédagogique qui doit en 50’ accrocher les enfants à une musique parfois, il faut bien le dire,
déconcertante ! Mais quel meilleur guide auraient-ils que l’initiateur du festival Messiaen au pays de la Meije,
Gaëtan Puaud, passionné, pédagogue et passionnant… ? ». Claudine Uscalt-Fouque- (1ER juin 2017)
Le festival Messiaen au pays de la Meije fête ses 20 ans (La Croix)
« Depuis 20 ans, Gaëtan Puaud voue son énergie au festival Messiaen au pays de le Meije, dédié à la musique
contemporaine. Dans le petit village de La Grave et ses alentours, les auditeurs comptent autant
d’autochtones que de vacanciers, mélomanes ou non. Gaëtan Puaud est le modèle du « quand on veut, on
peut », même avec des moyens limités ». Brun Serrou (27 juillet 2017)
L’édition 2017 du festival Messiaen au pays de la Meije fera date ! (Res Musica)
« L’édition 2017 du festival Messiaen au pays de la Meije fera date assurément, qui fête les 20 ans de la
manifestation, les 25 ans de la mort de Messiaen et les 70 ans de Tristan Murail, l’une des plus grandes
figures de la création musicale d’aujourd’hui dont une quinzaine d’œuvres sont au programmez. Après une
« escale musicale » à la maison Messiaen et deux créations mondiales, le festival atteint un premier sommet
avec « Des Canyons aux Etoiles… », dans l’espace grandiose de la Collégiale de Briançon ». Michèle Tosi (2
août 2017)
20ème festival Messiaen, Messiaen et Murail en dialogue (Concertclassic)
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« Grâce à la passion et à l’énergie de Gaëtan Puaud, son fondateur et directeur artistique le festival Messiaen
au pays de la Meije a depuis longtemps trouvé sa place dans le cœur des mélomanes, les férus de la musique
d’aujourd’hui certes, mais plus largement les auditeurs curieux qui apprécient la mise en perspective de la
modernité à laquelle la manifestation est attachée de puis l’origine ». Alain Cochard (20 juillet 2017)
Action culturelle et éducative du festival en 2018
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Sensibilisation des publics à la musique contemporaine sur le territoire du Briançonnais
Cette expérience de sensibilisation du jeune public à la musique contemporaine en est à sa 7ème édition. Le
festival Messiaen au pays de la Meije s’est fixé alors d’autres objectifs que le programme musical proposé
chaque année, jouant sur la valorisation du territoire et l’apprentissage à ce type de musique d’un public
scolaire. Cette proposition, en collaboration avec le Conservatoire du Briançonnais, permet un vrai atelier
musical qui décrypter les thématiques et les musiques proposées.
Chaque année plus de 15 écoles primaires de la Communauté de communes du Briançonnais. Cette tournée,
animée par le directeur artistique du festival Messiaen au pays de la Meije s’achève pour les élèves
participants par deux concerts offerts aux enfants par le festival Messiaen au pays de la Meije.
Voici les thématiques explorées lors des actions culturelles des années précédentes :
- En 2013, « La Viole qui pleure, le violoncelle qui rit », avec en concert Fernando Lima (violoncelle) et
Aude Vanacker (viole de gambe)
- En 2014 : « Et le souffle se fit musique » avec en concert Olivier Brisville (cor) et Julie Chevalier (flûte)
- En 2015, « La Voix humaine dans toutes ses langues », avec en concert Urcu Buyar (soprano) et
Danièle Dusseau (piano)
- En 2016, « Et le piano se fit oiseau », avec en concert Maire Vermeulin (piano)
- En 2017, « Voyage à travers le son », avec en concert Nathalie Forget (ondes Martenot) et une
rencontre avec le compositeur Tristan Murail
Tournée pédagogique 2018 dans les écoles du Briançonnais
L’atelier musical proposera, du 30 mai au 14 juin 2018, dans les écoles du Briançonnais, une animation
intitulée : « Dansez sur le Sacre du Printemps ».
Objectifs pédagogiques :
- Repérer les rythmes réguliers à 1, 2, 3 ou 4 temps
- Repérer les rythmes irréguliers : introduction à la notion de syncope
- Repérer les figures de la danse : danse de couple, danse en groupe
- Identifier différentes figures géométriques utilisées par les danseurs : le cercle, les lignes, les carrés
- Faire l’inventaire des mouvements du corps humain intégrés à la danse : le saut, l’élévation des bras,
la course…
- Cerner l’apport de la danse au cinéma muet : Chaplin-Charlot
Thématiques abordées : le Ballet : le livret, la chorégraphie, le décor, les costumes, la musique
- Le Ballet classique racontant une histoire : l’Oiseau de feu de Stravinsky
- Le ballet moderne sur un argument : Le Sacre du Printemps de Stravinsky
- Le ballet contemporain : Siddhârta de Mantovani
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Informations pratiques
Renseignements et réservationsOffice de Tourisme de La Meije
05320-La Grave
Tel. 00 33 (0)4 76 79 90 05
e-mail : ot@lagrave-lameije.com
site internet : www.festival-messiaen.com
Contacts professionnelsDirection artistique et communication : Gaëtan Puaud
Tel. 00 33 (0)2 40 52 14 98
Tel. Mobile : 00 33 (0) 6 73 11 12 93
e-mail : gpuaud@yahoo.fr
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Partenaires du festival en 2017
Le Ministère de la Culture et de la communication : Drac de Provence-Alpes-Côte d’Azur
Le Conseil Régional Provence-Alpes-Côte d’Azur
Le Conseil Départemental des Hautes-Alpes
La Communauté de Communes du Briançonnais
Le Sivom de La Grave-Villar d’Arène
La Ville de Briançon
La Fondation Olivier Messiaen (sous l’égide de la Fondation de France)
La Fondation Orange
La Fondation Francis et Mica Salabert
La Spedidam
La Sacem
L’Adami
Musique Nouvelle en Liberté
Edsb (Energie Développement Service Briançonnais)
Le Centre départemental de ressources des arts des Hautes-Alpes
Le Jardin Alpin du Lautaret
L’Office de Tourisme de La Grave-La Meije
L’Agence départementale de développement économique et touristique des Hautes-Alpes
Le Doyenné de Briançon et la paroisse de La Grave
Le Conservatoire National Supérieur de Musique et de Danse de Paris
France Musique
Télérama
La Croix
Le Dauphiné Libéré
Le BTS Communication du Lycée Saint Félix à Nantes
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