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ESPERANZA TIERS-MONDE,
Commun : 000-025.77.36-07
Bolivie : 088-067.95.10-20
Pérou : 792-534.83.62-28
ESPERANZA T.M.
Belgique – België PP 9/2208
—————–—————–—–—————————————————-
4500 HUY P20 22 94
Bulletin ESPERANZA T-M a.s.b.l.
Trimestriel n° 4 - 2011
Editeur responsable : Jérôme de Roubaix
5, chemin de Gabelle – 4500 HUY
esperanza.tiersmonde@gmail.com
p. 2
p. 3
p. 4
p. 6
p. 8
p. 10
p. 12
p. 14
p. 15
Une femme d’exception - nouvelles de Bolivie
Marinaleda-un village en utopie
Le pape que même un athée voudrait
Nouvelles de nos projets au Pérou et en Bolivie
Industries extractives, modèle de développement au Pérou
La défaite de l’intelligence (Ollanta Humala)
Tipnis, Evo fait marche arrière, pour combien de temps?
L’or ou l’eau !
Le coin des bonnes choses
Souper St Valentin à Beaufays
le 11 février 2012
Marche ADEPS à Héron
le 18 mars 2012
ÉDITO Sentiment de colère que soulève une action qui heurte l
a conscience morale, le sentiment de la justice.
V oici la définition du mot INDIGNATION qui, pour moi, est le mot de 2011.
C'était une fameuse année que ce dernier cru. Fait de chutes de dictateurs
(soudainement in-recommandables), d'occupations d'espaces publics
enthousiasmantes malgré les sceptiques, de révolutions de colibris ou à coup
d'fusils, de nouveaux gouvernements (parfois pas si nouveaux), de faits tragiques qui ne seront
jamais “divers”, d'une crise qui sert d'excuse au lieu d'être une leçon. Comme le dit Stéphane
Hessel, les raisons de sentir notre dignité heurtée par ce qui se passe autour de nous sont
loin d'être épuisées mais les preuves qu'il est possible de changer les choses ensemble sont
bien réelles.
MARINALEDA : ça vous dit quelque chose ? C'est le nom d'un original village andalou de trois
mille habitants. A Marinaleda, depuis trente trois ans, la population essaie de convertir ses rêves en réalité, de les rêver tout éveillée, de faire de l'utopie un moteur au quotidien. Ils parviennent, à
force de courage et de lutte, à construire une société qui n'admet pas que “individu” et
“compétition” soient des idéaux absolus.
Esperanza a aussi cette ambition de construire un monde différent. Les gens que nous
connaissons et apprécions au Pérou et en Bolivie, qui se battent au quotidien pour contribuer à ces
changements valent la peine, croyez-nous ! Le récent voyage que j'ai eu la chance de réaliser à
travers l'Amérique Latine et celui d'Alain Laigneaux nous ont confirmé cette confiance. Chacun à
notre façon nous vous faisons part, ici, de nos impressions.
Comme vous le savez le PÉROU a un nouveau gouvernement. Malheureusement, il semblerait,
qu'après quelques mois prometteurs, les vestes commencent déjà à se retourner. Les habitants
de Cajamarca et alentours n'acceptent pas que les promesses de défendre l'eau avant l'or soient si
vite bafouées. La colère, toute légitime, gronde face à un nouveau méga projet minier qui met en
péril quatre lacs qui desservent en eau plusieurs villages. Le président choisit la main dure, la
répression est violente, le premier ministre démissionne, le couvre-feu est décrété, ce qui ne laisse
rien présager de bon. En BOLIVIE, la pression populaire, la marche sur La Paz a permis de faire
reculer le gouvernement qui a suspendu le projet de route qui devait traverser une réserve
indigène au centre du pays.
Le point commun entre ce village andalou et les contrées sud-américaines c'est que
l'indignation s'y manifeste, est militante, lutte au quotidien et obtient des résultats. Ce n'est
jamais facile, le prix à payer est souvent trop lourd mais le combat en vaut la chandelle. Des
gens qui, à leur manière, disent qu'ils n'acceptent pas cette vision uniforme, vérité soi-disant
indiscutable d'un modèle de développement du dieu capital. D'ici, de chez nous, nous pouvons
observer, nous résigner, faire preuve de scepticisme, nous sentir tout petits, trop petits. Mais
nous pouvons aussi nous intéresser, nous indigner, participer et contribuer à notre façon. Pour
contribuer efficacement il faut savoir ce qu'on fait et donc réfléchir et s'informer.
Oui, l'économie comporte certaines subtilités, d'évidentes complexités mais il n'est pas
normal que des phénomènes qui ont des conséquences si concrètes sur notre vie, qui servent d'alibi
à cette si en vogue politique d'austérité soient si peu compris par le commun des mortels. Lisons,
décortiquons, cogitons pour ainsi pouvoir répondre, résister, proposer des authentiques
alternatives sans que l'on puisse nous rétorquer : - C'est bien joli, mais ça ne marche pas comme ça. C'est beaucoup plus compliqué que vous ne le pensez. - Non monsieur, je ne suis peut-être pas économiste mais on ne me la fait pas. J'ai capté ce qui se joue et tout ça n'est pas inévitable ni irrémédiable !
Là-dessus, bon cru 2012, moi j'la sens bien cette année qui arrive, j'espère que vous aussi !
Thomas
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En 1998 elle fonda l’association Huarayo avec son mari Oscar Guadalupe qui lutte
avec persévérance contre la traite et l’exploitation de mineurs dans le
département de Madre de Dios. (traduit d’un article de Jorge Luis Cerda)
Plus ardu et noble est le combat mené, plus s’impose de manière évidente l’humanité
et la grandeur de la femme qui s’est mobilisée pour cette lutte depuis une douzaine
d’années. Nous voulons parler ici de la sociologue péruvienne Ana Hurtado Abad, qui
depuis tant d’années se confronte à toutes les sortes d’exploitations et de violences qui
affectent garçonnets et fillettes du petit village de Mazuko perdu aux confins de la forêt
vierge proche de Puerto Maldonado (extrême sud-est du Pérou, projet Huarayo soutenu
par Esperanza depuis quelques temps et depuis que, Vincent de Roubaix d’abord y a
travaillé quelques mois, puis, surtout, depuis que Julien Lefèvre y a vécu près de 3 ans,
plus récemment).
Pour ce travail magnifique, Ana a été nommée, par l’organisation One World Action, parmi
les 100 femmes qui changent le monde ! (One Hundred Women: The Unseen Powerful
Women Who Change The World). “J’ai appris cela complètement par hasard en surfant sur
internet”, nous a-t-elle dit, “Je n’ai jamais rien attendu d’autre de mon travail avec les
enfants qu’un peu de justice et bien-être, pour les petites victimes que nous récupérons
chaque jour avec notre Association Huarayo à Mazuko. Dans cette zone, il n’y a pas de
présence de l’état péruvien. Les enfants et adolescent sont honteusement exploités sur le
marché du travail mais aussi sexuellement !» dénonce Ana Hurtado indignée.
Selon ce qu’Ana et Oscar expliquent, la population pour laquelle ils s’engagent est non
seulement victime d’une pauvreté assez extrême, … mais, qui plus est, scandaleusement
exploitée par les petites compagnies minières, surtout informelles, qui profitent
outrageusement de la situation pour n’offrir que des salaires minimes aux hommes, tout en
prostituant les jeunes filles des environs.
« Le pire est que ces jeunes femmes pensent sincèrement n’avoir aucune possibilité de s’en
sortir, parce que dans leur situation elles ne voient surgir aucune opportunité de
développement. Là est pour nous le grand défi trouver le moyen d’offrir des formations
génératrices d’emploi » nous précise notre couple d’amis.
C’est bien là le rêve poursuivi depuis 1998. Aujourd’hui à 50 ans, Ana maintient toujours
bien vive l’espérance d’un monde meilleur pour le peuple de Mazuko ! Bon vent à elle et
toutes les félicitations d’Espéranza, fier et heureux de la voir ainsi méritoirement honorée !
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Petites nouvelles de nos amis de Bolivie :
Notre ami le prêtre et médecin André Verheylewegen a été contraint cette année de passer de long
mois en Belgique, pour de graves problèmes de santé de lui-même et de ses deux parents. Esperanza
présente toutes ses condoléances à André et à sa sœur Maïté suite au décès de leur maman en octobre.
Leur papa est maintenant dans une maison de repos. Le frère et la sœur durent se résoudre à vendre la
maison familiale, tout en affrontant la difficulté supplémentaire de la fin de l’asbl Volens laquelle
comme pour le padre Juan Claessen assurait l’acheminement des dons vers la Bolivie pour leurs projets.
Dans le cas d’André, Esperanza a accepté de reprendre le flambeau alors que pour Juan ce sera la
Fondation roi Baudouin qui remplira ce rôle.
4
Une des définitions du mot UTOPIE. En
Espagne il y a un endroit où le mot utopie est
un moteur au quotidien.
S i Marx était vivant, il irait vivre à Marinaleda, une
petite ville andalouse des environs de Séville, qui n’a
pas été touchée par la crise. Le maire, Juan Manuel Sanchez
Gordillo, foulard palestinien au cou et portrait du Che au
mur, est réélu depuis trente-trois ans avec la majorité
absolue. Son leitmotiv, convertir les rêves collectifs en
réalité. Son maître mot, la participation populaire. A
Marinaleda la démocratie directe n'est pas qu'un mot.
Soixante à septante assemblées citoyennes annuelles
(convoquées au mégaphone) décident de l'attribution des
deniers publics, définissent les priorités et peuvent, à tout
moment, démettre les élus.
Ils ont été à l’essentiel : le droit au logement, au travail, à la
santé et à l’éducation. “La spéculation immobilière ne
pouvait rien donner de bon. Les gens sont surpris lorsqu’ils
voient qu’ici, il n’y a presque pas de chômeurs et que tout le
monde a sa propre maison. Mais c’est pourtant ça qui est
normal. Ce qui n’a pas de sens, c’est ce qui se fait ailleurs. Et
qu’on ne vienne pas me dire que notre expérience n’est pas
transposable.”
L’aventure a commencé en 1978 (à la fin du franquisme).
Issu d'un syndicat paysan, Juan Manuel est élu le plus jeune
maire d'Espagne. Il décide, avec les habitants, d’appliquer à
la lettre le slogan “la terre appartient à ceux qui
l’exploitent” et de confisquer 1200 hectares en friche
appartenant au duc de l’Infantado (propriétaire de 17000
hectares et ami du roi Juan Carlos). Un coup de force qui a
valu aux habitants de Marinaleda plusieurs années de lutte,
de manifestations et de batailles judiciaires. Le maire n'a
pas été en reste. Il a subi deux attentats de l'extrême droite,
des calomnies, d'innombrables convocations de la justice,
quelques séjours en prison et passages à tabac de policiers.
“Le taux de chômage était très élevé, le peuple avait besoin
de ces terres. Nous les avons utilisées pour construire l’usine
de conserve de légumes qui fonctionne toujours et qui a
presque permis d’éliminer le chômage.” Le système est
simple : les habitants ont créé une coopérative qui ne
redistribue pas les bénéfices mais les réinvestit pour la
collectivité, pour la création d'emplois.
Le salaire des travailleurs (quel que soit le poste qu’ils
occupent) est de 47€/jour, 6jours/semaine, à raison de
6h30 de travail quotidien (soit 1.128€/mois). Mais lesdits
travailleurs n’ont pas beaucoup de dépenses, car le prix du
logement pour ceux qui sont inscrits au plan de logement
de la mairie est pour le moins abordable: “Les maisons sont
construites sur des terrains municipaux. Celui qui fait la
demande s’engage à construire sa propre maison, mais il est
aidé par un chef de chantier et un architecte rémunérés par
la mairie. Nous avons un accord avec le gouvernement
régional d’Andalousie, qui fournit les matériaux. En 2-3 ans,
les travaux sont terminés, la maison appartient à celui qui l’a
bâtie, et il n’a plus qu’à payer 15 €/mois.”
Le plein emploi et les logements à prix imbattables sont
probablement les aspects les plus visibles de la politique
municipale, mais Marinaleda réserve d’autres surprises. Par
exemple, il n’y a pas de policier.“Nous en avions un, mais
nous avons décidé d’économiser ce salaire quand il a pris sa
retraite.” N’y a-t-il pas de délinquants à Marinaleda ? “Il n’y
a pas de vandalisme, par exemple, parce que tout a été
construit par les gens du village. Si un jeune ou son père ou
un ami a installé un banc, il n’y a pas de raison de le
dégrader ou d’y faire des graffitis, non ? Le fait que les
budgets soient approuvés par tous contribue également à
l’absence de délinquance.”
La confiance de ses administrés, Gordillo la doit aussi à sa
gestion de la mairie. “Avant d’accepter le mandat, nous
devons nous engager par contrat à toujours être les derniers
à percevoir un quelconque bénéfice. C’est-à-dire que si nous
décidons, lors d’une assemblée, d’attribuer de nouvelles
maisons et qu’un élu en a besoin, il sera le dernier sur la liste.
Pour ce qui est de la rémunération, nous ne touchons rien. Je
n’ai jamais rien touché pour faire de la politique. Je suis
enseignant, c’est de ce travail que je vis.”
Marinaleda ce n'est pas le paradis assurément mais c'est un
endroit qui donne envie, un endroit où les gens rêvent
éveillés et réussissent peu à peu à construire un monde
différent. Apaga la tele, enciende tu conciencia ! (Éteins la
télé, allume ta conscience !). Un des slogans que vous
pouvez lire sur les murs de Marinaleda parmi diverses
peintures murales révolutionnaires. Si votre conscience est
titillée n'hésitez pas à allumer votre radio et écouter
l'émission « » consacrée à cette
réjouissante expérience andalouse*.
Thomas
MARINALEDA, UN VILLAGE EN UTOPIEMARINALEDA, UN VILLAGE EN UTOPIE
* Nous vous avions déjà conseillé ces excellents reportages de
D. Mermet téléchargeables et podcastables sur www.la-bas.org .
Je vous recommande aussi le documentaire en espagnol Marinaleda.
El sueño de la tierra .
5
Je ne connais pas l’auteur de ce beau
rêve mais ce que je sais c’est que la
hermana Fanny (qui dirige le projet
Alcides Vasquez à Bambamarca) me l’a
fait découvrir, ce qui vous donne une
petite idée de l’esprit de ces libérales
bonnes sœurs.
L a semaine passée, un bien beau rêve
m’a empêché de trouver le sommeil.
Depuis ce jour, tous les matins, entendant le
réveil, je me rue sur la télévision et les
journaux avec l’espoir d’y trouver une
dépêche qui dise quelque chose comme ceci:
1er septembre 2011: Le pape Benoit XVI a
disparu du Vatican. Les services secrets de toute la
planète redoublent d’efforts pour le trouver en
vie. L’OTAN est en état d’alerte maximum
craignant un magnicide ou un enlèvement
orchestré par Al Qaeda. Le catholicisme au bord
de la guerre!
2 septembre 2011: Consternation internationale. Benoit XVI a été
retrouvé souriant et transpirant à Mogadiscio,
capitale de la Somalie. Depuis un camp de
réfugiés, il vient d’annoncer qu’il entamait une
grève de la faim en solidarité avec la population
affamée. Sa détermination est telle qu’il serait prêt
à risquer sa vie si la communauté internationale
ne prend pas des mesures urgentes pour mettre
fin à la misère qui accable la planète. Le monde
écoute bouche bée sa déclaration.
3 septembre 2011: Tout n’est que chaos,
préoccupation et incertitude. Les réactions
officielles se succèdent. Personne ne
sait comment interpréter un geste
qui viole les protocoles
diplomatiques. Les autorités des
chancelleries européennes et nord-
américaine, tout en saluant
timidement le geste, désapprouvent
ce qu’elles considèrent un chantage
inadmissible de la part du leader
d’une Église. Ce mauvais exemple
pourrait donner lieu à une série
interminable d’ingérences de la part
d’autres dirigeants religieux dans
l’ordre politique international. Ils
exigent l’arrêt immédiat de sa grève
4 septembre 2011: Le Vatican, mis
sous pression par les gouvernements occidentaux,
a convoqué un conclave extraordinaire d’urgence
pour se prononcer sur l’inédit et perturbateur
évènement. La rumeur circule que le Pape pourrait
avoir perdu ses facultés mentales et devrait être
démis pour incapacité de ses fonctions de
légitime successeur de Pierre.
5 septembre 2011: Les marchés sont entrés
dans un état de panique généralisée. Les bourses
s’effondrent. Les multinationales craignent une
intervention de l’ONU qui pourrait limiter leurs
bénéfices a échelle globale. Les principaux centres
commerciaux exigent des gouvernements une
réponse urgente á la crise provoquée par Benoit
XVI, qu’ils qualifient ouvertement de communiste
6 septembre 2011: On s’attend à une action
imminente de l’OTAN, comme réponse à la
demande de la curie romaine, pour capturer le
Pontife, le rendre en vie au Vatican et le
soumettre à un diagnostic exhaustif de santé
mentale par d’éminents psychiatres. On évoque
des symptômes de démence sénile. Le droit
canonique admettrait in-extremis la possibilité de
nommer un successeur si la gravité de la maladie
mentale de l’actuel Vicaire du Christ se confirme.
7 septembre 2011: L’image d’un Pape
dépouillé de ses pompeux attributs, paré des
humbles vêtements des natifs et disposé à mener
jusqu’au sacrifice final son compromis avec les
plus pauvres a ému l’opinion publique mondiale.
C’est comme un délire collectif. Les gens sortent
dans les rues épris d’un sentiment de jubilation,
occupant rues, places et parlements.
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8 septembre 2011: Tout parait irréel, c’est
comme si le monde avait soudain perdu sa gravité et
flottait dans un espace de grâce et légèreté. Il y a des
gens partout. Les uns pleurent d’émotion, d’autres
chantent des psaumes, d’autres prient se donnant la
main, d’autres partagent ce qu’ils ont avec les plus
pauvres, d’autres s’embrassent sans raison, les
ennemis font une trêve. Un sentiment de fraternité
englobe la Terre. C’est indescriptible. Jamais on
n’avait vu quelque chose de semblable!
9 septembre 2011: Face au risque de capture
du saint Père, le Dalaï Lama, le patriarche de
Constantinople, de nombreux imams et rabbins, ainsi
que les principaux leaders protestants ont décidé de
se joindre à la grève de la faim de Benoit XVI. Chaque
jour se joint à eux une marée d’enfants, de femmes et
de vieux. Sur leur visage, se reflète l’orgueil de savoir
qu’au moins pour une fois Dieu est de leur côté.
10 septembre 2011: Philosophes et intellectuels affirment que ce qui est
train de se produire, que le Pape vienne à mourir ou
qu’il réussisse à vaincre la faim, constituera un point
d’inflexion pour l’humanité. Son importance est déjà
comparée à la chute de l’empire romain, à la
découverte de l’Amérique ou à la défaite du nazisme.
Des secteurs gauchistes, athées et libéraux se
mobilisent en faveur des chrétiens et le parlement
d’Israël a décidé de rendre les territoires occupés à la
Palestine. L’histoire semble avoir perdu sa rationalité.
Aucune étude sociologique, économique ou
politique n’avait prévu un succès aussi énorme.
Que se passe-t-il?
Le monde est-il devenu fou?
D'amour peut-être ?
PROJETS PÉROU PROJETS PÉROU -- BOLIVIEBOLIVIE
C e retour au Pérou n'a vraiment pas été comme les autres. Au lieu d'arriver en avion à Lima,
je suis arrivé en marchant et en stop à Piura, venant d’Equateur. J'ai donc entamé ces
toujours émouvantes retrouvailles par le nord-andin, rejoignant Bambamarca et Cajamarca avant
la capitale, puis poursuivi ma route vers la Bolivie. Je n'y ai pas manqué de rendre visite à
plusieurs personnes dont le travail au quotidien m'inspire le respect.
L'Alcides Vazquez: projet qui tourne avec quelques bâtons dans les roues. A Bamba j'ai logé dans notre ancien « chez nous », à l’Asistencia dans cette école rurale gérée par des sœurs pas
comme les autres1. Ce projet qui a maintenant plus de 20 ans, malgré son nom, n'a rien d'assistentialiste. Initialement
conçu comme une école primaire pour adultes du monde agricole, il accueille aujourd'hui environ 160 élèves,
essentiellement des adolescents inscrits en secondaire (les adultes sont 15% - les membres de la section primaire à
peine 10%). Le programme mélange cours traditionnels et ateliers techniques: confection de vêtements, électricité,
menuiserie et boulangerie. L'idée est que ces ateliers s'autofinancent ce qui n'est le cas, actuellement, qu'avec le pain.
Une partie importante des élèves sont internes et prennent des responsabilités dans la logistique du projet, répartis
en 5 postes: administration/finances, discipline, production (élevage et potager), pastorale, expression (concours/
festivités). Deux grands défis se profilent pour l'année 2012. Le premier est le déménagement forcé par les tensions
avec les nouveaux curés de Bambamarca. Ceux-ci, très conservateurs, désirent reprendre le contrôle des bâtiments et
ne partagent pas l'ouverture d'esprit des sœurs et des enseignants de l'Asistencia. La décision a donc été prise de
construire une nouvelle école avec l'appui de la congrégation. Le second défi est celui de lancer la section d'études
supérieures en obtenant le statut CETPRO (Centro Educativo Tecnico Productivo) ce qui permettrait aux élèves
d'obtenir un diplôme offrant de réels débouchés.
Promoteurs de santé: perte de vitesse mais de beaux résultats Il semble évident que le groupe de promoteurs n'a plus le même dynamisme qu'auparavant. La raison principale est
que dans plusieurs villages des postes de santé officiels ont été ouverts. Ceci est en soi une bonne nouvelle mais un
technicien fonctionnaire "étranger" ne remplacera jamais totalement une personne de référence expérimentée de la
communauté. Malheureusement, la complémentarité qui pourrait être bénéfique pour tout le monde n'est pas
spécialement encouragée par les structures mises en place par l'État.
Cependant, il ne fait aucun doute que plusieurs promoteurs (notamment Florencio...) sont bien décidés à continuer le
travail, à diffuser leur savoir et à continuer à se former. D'ailleurs, ils ont fait savoir que si d'aventure ils sollicitaient, à
l'avenir, une aide d'Esperanza ce serait afin de pouvoir participer à des formations (qui la plupart du temps
impliquent un déplacement hors de Bamba).
7
Chibolito: des appuis divers pour un projet qui a pris de la bouteille Les nouvelles sont bonnes même si le travail est laborieux et que le nombre d'enfants travailleurs dans les rues
augmente (ils seraient de 3 à 4000). Désormais, leur priorité est d'accompagner un groupe d'enfants/ados plus
restreint mais sur du long terme. Ainsi, 12 jeunes suivent des formations techniques: en gastronomie(5) –
cosmétique(5) – charcuterie(2). Ils développent, par ailleurs, un intéressant atelier de menuiserie et couture pour
les parents/enfants, atelier dont le bois a la particularité d'être fourni par le monstre minier Yanacocha. Cette
multinationale, pour tranquilliser sa conscience ou amadouer la population, se mue donc, à ses heures, en
bienfaiteur. Le Chibolito, qui aurait sans doute tort de s'en priver, espère obtenir de leur part un financement
pour acheter la maison qu'ils occupent (ne plus avoir à payer de loyer et y faire des aménagements).
Conscients qu'ils ne doivent pas se reposer sur un seul appui venu de l'étranger, le Chibolito sollicite souvent le
soutien de la mairie. Actuellement, elle prend en charge l'alimentation des jeunes (dont une moitié sont
pensionnaires et l'autre séjourne par intermittence). Prochainement, peut-être, elle financera l'acquisition de
matériel.
Red de Bibliotecas Rurales: rencontre furtive mais emballante J'avais, plusieurs fois, entendu parler d'Alfredo Mirez en bien. Bien que notre rencontre ne dura qu'une demi
heure cela a suffi à me convaincre qu'il s'agissait du genre de personne en lesquelles nous pouvions avoir pleine
confiance. D'une part, son engagement sincère dans ce projet ne fait pas le moindre doute. D'autre part, son
intelligence et ouverture d'esprit me laissent penser qu'entre ses mains ce réseau est entre de bien bonnes
mains. Ce qui me plait dans ce projet c'est sa dynamique itinérante et sa valorisation du savoir populaire. C'est
un projet culturel authentique et non du genre "on vous apporte un peu de culture bande d'incultes"3.
Escuela Puckllay: un petit bout d'femme qui déplace des montagnes Là aussi c'était une première pour moi. J'ai eu la chance de faire connaissance en live d'Anabeli Pajuelo directrice
de Puckllay. J'ai été séduit par l'humilité, la finesse et la détermination de cette femme artiste d'origine andine
qui n'a pas compté ses efforts pour faire du projet une histoire qui tourne. Elle souhaite, de plus, renforcer les
relations entre Esperanza et Puckllay au-delà de la seule question financière considérant que l'échange d'idées,
de contacts est aussi important que l'envoi d'argent.
J'ai pu aussi visiter les futures installations de l'école3 dans un quartier de l'extrême nord de Lima. D'ailleurs il y a
une excellente nouvelle avec l'attribution d'un financement d'Architectes sans Frontières qui devrait leur
permettre de commencer prochainement la construction.
A u Pérou, j'ai aussi rencontré le padre Rolando (projets avec des jeunes à Cajamarca), Pepe Távara
(Escuela Iniciativa à Lima) et Isabelle Beaufumé (Qosqomaki à Cuzco). Ils continuent énergiquement leur
travail respectif mais n'ayant pas de grande nouveauté à annoncer et étant contraint à être un peu succinct je
n'en parlerai pas plus en détail ici.
Nidelbarmi: la succession de Juan prend forme Mon séjour en Bolivie, bien que beaucoup plus court, m'a permis de revoir Juan Claessen (présent à El Alto pour
quelques semaines) et une partie de l'équipe du Nidel. Tout va plutôt bien et l'absence de Juan (qui doit passer
désormais plus de temps en Belgique) ne semble pas poser trop de problèmes. Les principales inquiétudes du
moment concernaient quelques tensions avec un groupe de voisins qui souhaiterait reprendre certains
bâtiments pour un autre projet et la disparition de l'ong belge Volens (par laquelle transitait une partie de leurs
donations)4.
La bonne nouvelle est que le Nidelbarmi est d'accord de permettre au Chibolito de s'inspirer de leurs créations.
Ils pourraient ainsi, dans leurs ateliers de menuiserie, réaliser à leur tour des jeux pédagogiques. Rien de tel que
l'échange de bonnes pratiques et de pouvoir jouer le rôle de pont entre les belles initiatives que nous
connaissons en Bolivie et au Pérou!
Thomas
1 Pour vous en convaincre lisez la traduction du texte que la soeur Fanny a proposé comme lecture pendant ma présence “Le pape que
même un athée voudrait”.
2 Je vous invite à consulter leur site internet qui a une version en français !
3 Les plans ont été réalisés par mon frérot Vincent et le papa de Soledad, Augusto.
4 Ce problème semble avoir trouvé une solution...
8
La "malédiction des matières
premières" est-elle une fatalité ?
A l’échelle des rapports Nord-Sud, rares sont
les échanges aussi significatifs que le
commerce des matières premières. C’est dans les
pays en développement, en Afrique, en Asie
centrale ou en Amérique latine, que se trouvent en
effet la majorité des ressources naturelles dont nos
sociétés développées font une consommation
toujours plus vorace.
Cette expansion sans précédent est bien à l’image
du modèle économique global qui s’est imposé à
l’échelle planétaire et qui repose principalement
sur une poursuite indéfinie de la croissance. Et
l’Amérique latine et le Pérou en particulier n’y font
pas exception, confondant allègrement, à quelques
exceptions près1, croissance économique, variation
du PIB et développement et oubliant au passage,
les autres dimensions constitutives de ce dernier:
durabilité environnementale, équité, justice sociale
et respects des droits humains.
Le résultat de cet «oubli» est partout visible : une
pression croissante exercée par les compagnies
minières et pétrolières sur les Etats, sur de
nombreux écosystèmes fragiles et sur les
populations dont les terres deviennent l’objet de
toutes les convoitises. Et bien trop souvent,
gisements abondants deviennent synonymes de
malheur ou de malédiction pour leurs propriétaires
« naturels », a fortiori lorsque cette exploitation se
déroule dans un contexte de conflit interne
comme au Congo voire dans des pays à régime
autoritaire. Dans un cas comme dans l’autre, elle
renforce alors le pouvoir des autocrates et
empêche les couches défavorisées, pourtant aux
premières loges pour essuyer les « effets
secondaires » de l’exploitation des matières
premières, de lutter pour un meilleur niveau de vie
ou tout simplement pour le respect de leurs droits.
Mais y a-t-il à tout cela comme une espèce de
fatalité ou un autre développement qui prendrait
en compte les dimensions ci-dessus est-il possible,
en particulier au Pérou?
C’est à cette question particulièrement vaste et
ambitieuse que tente de répondre un livre publié
en avril de cette année au Pérou et intitulé
« Transitions : post-extractivisme et alternatives à
l’extractivisme au Pérou »2.
En partant du constat que les activités extractives
constituent aujourd’hui le principal moteur
économique du Pérou, l’auteur pose deux
interrogations: est-il possible de penser ce
développement autrement, en changeant le
moteur et si oui quelles peuvent être les
alternatives au modèle actuel ?
D ans ce livre, un ensemble de spécialistes
péruviens, partagent leurs réflexions au sujet
de modèles « alternatifs » de développement, en
s’appuyant sur un nouveau paradigme conceptuel,
celui de «transition vers le post-extractivisme ».
Celui-ci n’est pas rupture ou abandon complet des
activités extractives, mais pose clairement la
question de leur poids dans l’économie nationale
afin d’en diminuer le caractère extraverti et
amorcer la réflexion quant au caractère fini des
ressources disponibles.
Mais ce questionnement est loin de faire
l’unanimité et de très nombreux acteurs, et pas
seulement ceux situés à droite sur l’échiquier
politique, soutiennent toujours que la dépendance
économique vis-à-vis des ressources naturelles
n’est pas un problème en soi et qu’au contraire, il
faut encore approfondir cette logique et continuer
à appuyer le secteur primaire. Face à ce consensus
encore très large, qui s’apparente dans de
nombreux cas à la croyance d’un véritable
eldorado et à l’équation simpliste, développement
égal croissance économique, la partie semble loin
d’être gagnée.
Cette croyance et ce simplisme sont cependant
bourrés de problèmes et montrent au grand jour
toutes les contradictions dont ils sont porteurs :
impacts environnementaux négatifs, tensions
sociales qui souvent dégénèrent en conflits3, faible
création d’emplois et d’efficacité en terme de
réduction de la pauvreté et de recul des inégalités.
P our faire court, on pourrait dire que
l’extractivisme, loin d’être porteur d’un
développement endogène, est d’abord et avant
tout le symptôme d’un « mal développement », en
raison de son incapacité à améliorer durablement
la qualité de vie des populations et à protéger
l’environnement. Mais alors, quelles alternatives
envisager pour inverser cette situation et engager
le Pérou sur la voie post-extractiviste ? Deux pistes
sont possibles.
INDUSTRIES INDUSTRIES EXTRACTIVESEXTRACTIVES ETET MODÈLEMODÈLE((SS) ) DEDE DÉVELOPPEMENTDÉVELOPPEMENT AUAU PÉROUPÉROU : :
9
La première est celle d’agir à la marge sur le
modèle actuel en rectifiant et réformant les
stratégies mais sans en changer les fondamentaux,
par exemple en améliorant la technologie pour
une production plus propre et une meilleure
gestion des impacts environnementaux. C’est
certainement celle qui est la moins ambitieuse car
la moins porteuse d’une réelle alternative de sortie
du paradigme dominant, la logique d’extraversion
et de dépendance vis-à-vis des marchés mondiaux
restant inchangée.
La seconde, face à l’impasse à moyen et long
terme de la première, vise à questionner les
stratégies mêmes de développement sur
lesquelles repose l’extractivisme et à parler non
plus de «développement alternatif » mais bien
« d’alternatives de développement »4.
Si cela renvoie à un débat plus large sur la notion
même de progrès et celle de développement
qui y est liée, nous nous limiterons ici à
signaler qu’il ne s’agit pas, dans cette
perspective, d’interdire l’exploitation des
ressources naturelles mais bien de modifier
substantiellement les conditions et les
pratiques liées à cette exploitation. Une
première étape de cette transition permettrait
de distinguer trois modalités d’extractivisme
comme le montre la figure ci-dessous, partant du
modèle actuel pour aller vers un modèle beaucoup
plus « frugal » et sobre, le seul compatible avec un
véritable développement durable.
L a transition ou
les transitions, ici
à peine ébauchée(s)
mais beaucoup plus
l a r g e m e n t
développées dans le
livre en question,
appellent de fait à
une transformation
radicale du modèle de
développement actuel en vigueur au Pérou et plus
largement à l’échelle mondiale. Et cette transition,
on ne le répétera jamais assez, a besoin d’acteurs
politiques innovants et visionnaires et de citoyens
organisés capables de peser sur les décisions
quand celles-ci sont contraires à l’intérêt collectif.
Les récents événements de Cajamarca sont là
pour nous montrer toute la conflictualité des
processus en cours et la difficulté de tout type
d’ajustement. L’urgence de la situation actuelle et
les dégâts engendrés par la politique extractiviste,
qu’ils soient sociaux et/ou environnementaux,
appellent à des compromis inédits entre intérêts
forcément contradictoires. Les mois qui viennent
diront si la confiance que la majorité des électeurs
péruviens ont accordée à leur nouveau président
était bien ou mal placée…
Alain Laigneaux (ami de longue date, membre d’Esperanza, a vécu plusieurs
années au Pérou et travaille aujourd’hui à la CTB -
Coopération Technique Belge)
3.L’exemple récent du projet Conga à Caja-
marca et du traitement politique qui en a été
fait est exemplatif à ce propos. Pour davan-
tage d’information sur le sujet, voir par
exemple le site de l’Institut de Défense
légale www.idl.org.pe ou celui de la Defen-
4.Sur la nécessité de penser ici aussi en
Europe à un autre modèle voir notamment
le site les Economistes Européens pour une
Politique Alternative en Europe www. euro-
memo.eu ou celui des Economistes atterrés
www. economistesatterrés.org
2.Transiciones, post extractivismo y alterna-
tivas al extractivismo en el Perú. Editores:
Red Peruana por una Globalización con
Equidad - RedGE y Centro Latinoamericano
de Ecología Social – CLAES, Lima 2011.
1.On peut citer l’Equateur de Correa, la
Bolivie de Morales voire même le Pérou où
l’actuel président Humala avait promis,
durant sa campagne électorale, d’adopter
une politique nettement plus respectueuse
des droits des populations en matière de
conflits sociaux.
Représentation schématique de trois types d’extractivisme selon leurs impacts sociaux et environnementaux et
degré de dépendance vis-à-vis des exportations
10
T oute la région de Cajamarca et en
particulier les zones qui dépendent
pour leur approvisionnement en eau des
hauts plateaux situés entre cette ville et
Bambamarca se sont dressées et organisées
contre un projet minier dévastateur, celui de
Conga. A Bambamarca, la sœur Fanny,
responsable du centre Alcides Vasquez, a pris
la tête de l’équipe d’intendance qui a offert
alimentation et soutien logistique aux
manifestants et grévistes. Esperanza a
accepté de servir d’intermédiaire, pour lui
envoyer une aide d’urgence récoltée auprès
de ses amis de Belgique.
Plus les espérances pré-électorales avaient été
intenses, plus grandes sont aujourd’hui les
déceptions.
Nous savions, dès l’été dernier, que les concessions
qu’il avait du consentir pour vaincre au deuxième tour
allaient obliger Ollanta Humala à la modération et à
chercher à rallier à lui des secteurs nettement moins à
gauche. Néanmoins, il était évident que ceux qui
avaient voté pour lui ont conservé jusqu’il y a peu
l'espoir que son gouvernement allait apporter de
profonds changements sociaux au Pérou. C’est bien
pour cela que tant de personnes des secteurs
populaires s’étaient enthousiasmés et engagées à
fond dans la bataille politique et morale pour éviter à
tout prix le risque que représentait Keiko Fujimori.
Cette espérance de changements radicaux en faveur
des plus pauvres a dramatiquement pris fin le mois
dernier dans le conflit de défense de l’eau contre les
mines à Cajamarca.
H umala s'est résigné à se contenter de “gérer” le
Pérou. Les puissances économiques ont fait
rapidement de lui ce qu'elles avaient réussi à faire
avec presque tous ses prédécesseurs: les circonvenir,
les engraisser, les convertir, les contrôler. Seules
exceptions dans l’histoire, deux cas: un puissant
industriel, Billinghurst, trop riche pour se laisser
corrompre. Les forces ultralibérales n’ont pu le
transformer en domestique lui un grand patron, motif
pour lequel seul un coup d'État pouvait leur donner la
solution. Puis un chef militaire s’appuyant sur le
peuple et sur l’armée, le général Velasco. Dans les
années 60 la droite n'a pas pu lui faire peur
(impossible d’intimider le chef de l’armée soutenu par
tout le peuple) et par là même les forces de droite
n'ont pu le combattre que médiatiquement,
satanisant son image. Tous les autres sont
rapidement retournés au bercail de l’empire des
marchés si tant est qu’il aient essayé brièvement d’en
sortir. Très vite donc, Humala aura lui aussi décidé de
s’y résoudre contre les attentes de son électorat.
La brutale et injustifiable déclaration de l'état
d'urgence, alors qu’on était sur le point d'arriver à un
accord dans le conflit de Cajamarca, aura,
catastrophiquement, non seulement coûté son poste
de premier ministre à Salomon Lerner, mais aussi
laissé entrevoir une périlleuse direction que semble
avoir choisie le gouvernement: “ne pas conclure
d’accord par la négociation si la partie adverse n’est
pas suffisamment contrainte de les respecter, opter
plutôt pour une militarisation de la zone, mieux
susceptible de protéger les intérêts du grand capital
là où des populations tentent de prendre des
positions incontrôlables par lui”.
C ajamarca est bien loin d’être une ville à la
tradition turbulente, habituée à la rébellion ou
la sédition. Tout au contraire, Cajamarca ne s’oppose
pas à tous les projets miniers, mais elle est
extrêmement lassée de l’exploitation outrancière des
compagnies minières polluantes, exploratrices,
arrogantes et corruptrices (en tête desquelles
Yanacocha a largement démontré son intérêt
purement mercantile au détriment de tout respect
des organisations paysannes et/ou de tout
investissement dans le développement local).
Maintenant Cajamarca est une ville prise "par les
forces de l'ordre".
Celui imposé par le bâton et les balles si c'est
nécessaire pourvu que personne ne s'oppose à notre
destin de vendeurs de roches moulues. Et un bâton et
une balle pour ceux qui osent se redresser après 200
ans de mépris.
D éjà tombé le masque du réformateur, éteintes
les lumières du centriste, Humala marche à pas
légers vers un rôle d'exécuteur testamentaire du
modèle imposé, il y a peu, par une bande de
délinquants dont le meneur, Fujimori, purge
aujourd’hui une peine de 25 ans pour crime contre le
peuple péruvien.
4
LA DÉFAITE DE L'INTELLIGENCE
11
5
Que Humala se prépare demain à d'autres rébellions du type de celle de Cajamarca. Car s'il croit pouvoir intimider
impunément en ordonnant, sans aucun mandat d'arrêt, la détention dix heures durant de dirigeants qui sortaient d'un
rendez-vous au Congrès où ils s’étaient rendus en négociateurs pacifiques et constructifs, il se trompe. La population
n’est plus aujourd’hui un troupeau de moutons capable d’avaler toutes les couleuvres qu’on lui sert.
S'il croit qu'en investissant 500 millions de soles dans une infrastructure il va pouvoir s’acheter les bonnes grâces de
Cajamarca, alors que, dans le même temps, il paralyse, dans la plus totale illégalité, les finances du gouvernement
régional, il se trompe doublement.
Et s'il croit que les applaudissements de la droite supposent un verdict populaire en sa faveur, il se trompe trois fois.
Quand bien même vous publierait-on, Monsieur Humala, quelques enquêtes qui vanteraient votre popularité, méfiez-
vous-en, Mr le Président. Les enquêtes souriaient aussi à Mr Fujimori. L'histoire du Pérou est remplie de ces ovations
fallacieuses. Les succès "de l'ordre" seront toujours provisoires quand le but n'est pas de faire une justice mais de
durer en place, de gagner les bonnes grâces des investisseurs miniers.
O r, il ne vous fallait qu’une minute de courage politique : il s’agissait juste de biffer Conga de l’ordre du jour des
projets miniers à permettre ou favoriser en 2012. Non seulement parce qu'il s’agit d’un projet incompatible avec
l'agriculture et la préservation de ressources hydriques de la zone, mais aussi parce que son Étude d'Impact
Environnemental était intentionnellement et malhonnêtement incomplète. Et enfin parce que, de plus, Conga est fille
de Yanacocha, une entreprise qui a fait tout pour que les Cajamarquinos la détestent et la redoutent.
Maintenant, Mr le président, vous répétez l’argument totalement indigne d’Alan Garcìa : «le sol est à ceux qui le
cultivent mais le sous-sol est à l'État ». Pour arriver au sous-sol il faut perforer les sols, abattre les propriétés, changer
les paysages, tuer des eaux. Il est totalement inadmissible d’exposer sol et sous-sol à la voracité minière avec la
complicité de l'État, bien peu de temps après avoir solennellement promis juste l’inverse !
Dans son Canto General, Neruda a écrit, parlant d’un autre président ayant au Chili trahit les espoirs mis en lui dans un
autre conflit social minier :
"... les yeux dans les mines se dirigent vers un point, un traître vicieux qui pleurait à leurs côtés, quand il demandait leurs votes pour grimper au trône ... À mon peuple il a arraché son espérance, en souriant, l'a vendue aux ténèbres au meilleur enchérisseur, il l'a écrasé dans la gorge de la mine, et lui a dicté un salaire à la pointe des fusils, tandis qu'il gouvernait en dansant face aux dents aiguisées de caïmans nocturnes ".
Un dirigeant qui perd ses idéaux, un gouvernement qui tourne le dos à son essence
même, et n’offre plus qu’un horizon de balles et de pragmatisme ? Le phénomène a un
nom: c'est l'échec de l'intelligence et le triomphe de l'administratif.
12
Un point sur une affaire qui a fait
grand bruit en Bolivie, qui est le
reflet des divisions de la société
bolivienne et de visions de
"développement" contradictoires.
L e projet est la construction d’une route dont un
des tronçons prévoit de traverser le cœur d’une
réserve indigène, le TIPNIS dont le territoire couvre
environ un million d’hectares de forêt tropicale.
Le TIPNIS a été déclaré parc national en 1965 et
territoire indigène dans les années 1990. Il est habité
par environ 10 000 indigènes subdivisés en 64
communautés et appartenant à trois groupes
différents : Yuracarés, Mojeños et T’simanes (Indiens
des terres basses - amazoniens). Il est aussi convoité
par d’autres acteurs, comme les colons cocaleros, qui
sont des indiens venus des hautes terres andines pour
cultiver la coca en zone subtropicale, à l’instar d’Evo
Morales dont ils constituent la base de soutien la plus
fidèle (Indiens des terres hautes – quechuas/aymaras).
Pourtant, dans les années 1990, les cocaleros avaient
passé un accord avec les indigènes locaux établissant
une "ligne rouge" à ne pas franchir. Il faut enfin
signaler qu’il s’agit d’une zone très isolée offrant des
conditions idéales à l’activité des narcotrafiquants et
des trafiquants de bois précieux. Il y a aussi des
prospections pétrolières dans la région.
Le gouvernement a des arguments recevables pour
justifier son projet de route : intégration du territoire
national, promotion du développement économique
et consolidation de la présence de l’État en Amazonie,
un région traditionnellement à la merci d’élites locales
plus ou moins mafieuses liées entre autres à
l’exploitation forestière et à l’élevage de bovins. De
leur côté, les autochtones craignent une invasion par
les cocaleros et les forestiers, et une dégradation
environnementale massive de leur habitat. Ils exigent
que leur soit appliqué le droit à la consultation prévu
dans la nouvelle Constitution.
Le 15 août débute une grande
marche de protestation vers
La Paz (VIII Marcha Indígena
arrivée à destination le 19
octobre). En cours de route, le
25 septembre, la police est
intervenue de façon
inattendue et brutale contre un campement
d’indigènes. Théoriquement, les policiers étaient
censés empêcher un affrontement entre les indigènes
amazoniens et des paysans aymaras et quechuas
partisans du projet de route qui bloquaient Yucumo
pour éviter la progression de la marche. Mais
l’intervention a dégénéré en répression violente, les
policiers ont matraqué et menotté les protestataires
amazoniens, y compris des femmes portant leurs
nourrissons, et les ont bâillonnés avec du ruban
adhésif.
Il est par ailleurs exact que quelques heures avant les
incidents, le ministres de Affaire étrangères David
Choquehuanca – qui est paradoxalement un des
membres les plus "pachamamistes" du
gouvernement, au moins au niveau du discours –,
venu négocier avec les marcheurs, avait été « retenu »
par un groupe de femmes qui l’ont obligé à marcher
avec elles pendant plusieurs heures. Mais ce type de
pression est extrêmement fréquent en Bolivie, et Evo
Morales lui-même y a recouru dans le passé. Cela
n’excuse donc pas le débordement policier.
TIPNIS, EVO TIPNIS, EVO FAITFAIT MARCHEMARCHE ARRIÈREARRIÈRE, , POURPOUR COMBIENCOMBIEN DEDE TEMPSTEMPS? ? **
13
Ces actions ont engendré une vague
massive d’indignation et de manifestations
dans les villes du pays et un appel à la
grève de la COB, la centrale ouvrière
bolivienne. La ministre de la Défense
Cecilia Chacón a démissionné en signe de
désaccord avec la répression. 24 heures
après les affrontements de Yucumo, Evo
Morales a déclaré qu’il n’était pas
responsable de l’ordre de réprimer, que
l’action des policiers était "impardonnable" et qu’il
suspendait le projet de route et le soumettrait à
référendum dans les deux départements concernés,
Cochabamba et Beni. Le ministre de l’intérieur,
Sacha Llorenti – qui nie lui aussi toute responsabilité
directe – s’est vu forcé de démissionner.
Le 24 octobre 2011, le gouvernement a promulgué
la loi nº 180 de protection du TIPNIS. Quelques
semaines après, des ministres et le président lui-
même commencent une campagne de propagande
en faveur de la route stoppée et pour l'annulation
de la loi conquise par la VIIIème Marche Indigène.
Ces graves incidents seraient-ils le symptôme d’une
incompétence, d’un manque de dialogue, d’un
autoritarisme ou de "contradictions au sein du
peuple"? Les versions officielles contradictoires sur
l’origine et la nature des ordres impartis aux
policiers démontrent une certaine incompétence.
Mais il y a aussi une logique jacobine autoritaire à
travers lequel l’État prétend être le représentant
exclusif de l’intérêt général tandis que les
communautés ne seraient mues que par des
motivations particularistes, surtout lorsqu’il s’agit de
projets de développement (routes, exploitation
pétrolière, etc.).
E n outre, le
gouvernement manie
de façon systématique la
théorie de la conspiration,
accusant les indigènes des
terres basses d’être au
service de, ou bien
manipulés par,
l’ambassade des États-
Unis, l’USAID, des
politiciens de droite ayant
des visées putschistes, des
ONG, etc. Il existe des
preuves qu’il y a eu des conversations
téléphoniques entre certains dirigeants de la
marche et des fonctionnaires de l’ambassade
américaine, et une série d’ONG
environnementalistes internationales sont par
ailleurs bien présentes sur le terrain. Mais cela ne
change rien à la substance du problème ni aux
motivations de fond des acteurs locaux.
Quant aux "contradictions au sein du peuple", elle
sont manifestes. Les secteurs paysans-indigènes
originaires des hautes terres andines, et les
cocaleros en particulier, sont largement favorables
au "tout-développement" accéléré et à la modernité
marchande – ce qui est fort compréhensible dans
un pays pauvre comme la Bolivie. Ils sont eux-
mêmes porteurs d’une forme de capitalisme
populaire informel particulièrement florissant. Les
indiens de terres basses sont souvent plus hostiles
aux projets de développement à outrance, même si
par ailleurs certaines communautés amazoniennes
n’hésitent pas à entreprendre leurs propres
transactions lucratives avec les exploitants
forestiers, par exemple.
Enfin, la faiblesse de l’État amène fréquemment les
forces de l’ordre à intervenir de manière abusive,
sans capacité de prévention ni professionnalisme.
Les conditions de travail des policiers sont souvent
lamentables, ce qui ne justifie en rien les
débordements de la répression, mais explique en
partie leur caractère, sous ce gouvernement comme
sous les régimes antérieurs.
*Vous trouverez sur notre blog esperanzatiers-
monde.blogspot.com un documentaire et un article
sur cette affaire !
14
L es péruviens disent à qui veut les
entendre : “Nous sommes des
mendiants assis sur un banc d’or”.
Aujourd’hui, plus que jamais dans
l’histoire, les entreprises
multinationales convoitent leur or et
démontent leur banc : alors il ne reste
plus aux péruviens que deux
solutions : se coucher ou se mettre
debout. Et ils sont de plus en plus
nombreux à se mettre debout.
Au nord du Pérou, à Cajamarca, l’entreprise
minière Yanacocha de Newmont exploite depuis
15 ans la mine d’or à ciel ouvert la plus grande
d’Amérique Latine. Les communautés paysannes
de la région ont souffert de la contamination et
de la pollution de leurs terres, lacs et rivières par
le mercure qui sert à fixer et récupérer l’or. Cette
entreprise veut s’étendre encore dans la région
avec un projet d’investissement de près de 5
milliards de dollars. Elle prévoit la disparition de
quatre lacs en amont de la vallée, deux pour
l’exploitation de l’or et deux pour le stockage
des déchets de minerais. Cela signifie pour les
communautés des dégâts écologiques et une
agression culturelle impossibles à comprendre et
à accepter. Pour les indigènes, la terre et l’eau
sont vivantes et donnent la vie. Ils se révoltent,
se mettent en grève. Sur leurs pancartes ils
écrivent : “L’eau c’est la vie”. “L’eau ne se vend
pas, l’eau se défend avec le sang”. Lors d’un
affrontement avec la police, il y a eu 18 blessés.
Ollanta Humala, notre président, déclare l’état
d’urgence dans la région. Les paysans
continuent la grève. La situation est très
tendue. L’issue du conflit, incertaine.
L’organisme gouvernemental qui porte le
beau nom de “Défense du peuple”
signale 217 conflits importants dans le
pays dont le barrage d’Inambari et les
mines de Puno. Partout le cycle de
violences se répète: agression des
entreprises d’extraction d’or, de pétrole,
de bois, résistance des peuples andins et
amazoniens, répression des forces de
l’ordre ou du désordre établi, avec son
coût en vies humaines. Comment briser
cette chaîne de violence ? Nous savons
que souvent cela se termine par la
militarisation des conflits sociaux : le
peuple paie le prix du sang et les
puissants gagnent en argent et en
pouvoir. Que faire ? Ne pas refuser toute
exploitation minière, mais la règlementer
pour réduire au minimum ses dégâts
écologiques et répartir de manière
équitable ses bénéfices avec les peuples
indigènes. Un rêve ? Une utopie ? Mais
“l’utopie n’est pas l’irréalisable, c’est
l’irréalisé”. “Un autre monde est possible”
disent depuis longtemps les participants
aux forums mondiaux alternatifs et les
“indignés” d’aujourd’hui. Un autre
système économique et financier, une
autre manière de produire, de répartir et
de consommer, un autre mode de vie
sont possibles, nécessaires, urgents. Un
chef indien disait aux blancs: “Quand vous
aurez abattu le dernier arbre, pêché le
dernier poisson, empoisonné l’eau, l’air et
la terre, vous vous rendrez enfin compte
qu’avec vos mains pleines d’or et de
dollars vous ne pourrez plus manger ni
vivre”.
Il faudra bien qu’un jour, pas trop lointain
je l’espère, les minorités riches du monde
comprennent qu’elles doivent renoncer à
leur “bonne vie” pour que la majorité des
habitants de la planète puissent
simplement vivre, et “bien vivre”. Car, “s’il
n’y a pas d’avenir pour les pauvres, il n’y
aura pas non plus d’avenir pour les
riches”.
L’O
R O
U L
’EA
UL’
OR
OU
L’E
AU
Comme je vous dit, l’eau et l’or peuvent aller ensemble. Mon robinet par
exemple, il est en or massif.
15
J e crois que ce que j'aime le mieux à Noël c'est
d' offrir des cadeaux... car attention pas
n'importe quels cadeaux! Devoir trouver Le bon et en
être convaincu: c'est ça qui est amusant!!
Ce qu' il y a de gai dans tout ça c'est que pour offrir
un bon cadeau on prend souvent plus le temps! C'est
ainsi qu'à chaque période de Noël, je prend un plaisir
fou à découvrir de nouveaux livres, à écouter de la
musique, à trouver de bons spectacles à offrir, un bon
film à regarder, un bon jeu de société à partager... Et
bien évidemment, je termine par offrir des cadeaux
que je me serais bien offert à moi même!
Donc voici la liste des cadeaux que je vous aurait bien
offert ce Noël, à vous et à moi bien sur!!!!
Soledad
Pedrosa / "PORTUGAL"
J'ai craqué pour le style
des dessins, l'histoire
assez simple et belle.
Ceux qui ont déjà été
faire un tour au Portugal aimeront à
coup sûr, et ceux qui, comme moi, ne
connaissent le Portugal que grâce à une
chouette colloc, un sympathique boulanger
dans le quartier ou les airs de Fado, je suis
sûre que ça vous donnera, une envie folle d'
y aller!
Des dialogues en français et en portugais....
mais même sans le parler, on suit très bien
toute l'histoire. Et sur certains passages, il
suffit juste de se laisser bercer par cette lan-
gue aux sonorités chaleureuses!
C'est aussi le retour aux sources qui est
émouvant dans ce livre: le personnage princi-
pal est invité à passer quelques jours au Por-
tugal, dont sa famille est originaire et où il
n'était plus allé depuis l'enfance....
Je vous laisse découvrir la suite...
Susheela Raman / "VEL"
(Née en Angleterre de parents
indiens, son dernier album s'appelle: "Vel" )
Je me suis laissée emporter par sa
voix, jusqu'au moment où quel-
qu'un est venu taper sur mon
épaule car je monopolisait les
écouteurs à la FNAC de Bruxelles...
Je vous la conseille mais je crois
qu'il vaut mieux l'écouter chez soi
et sans écouteurs! (je pense d'ail-
leurs que le mec de la FNAC râlait
juste parce qu'il voulait, lui aussi,
écouter Susheela!)
Orchestre Internationale du Vetex / "TOTAL TAJINE"
( http://www.myspace.com/orchestreinternationalduvetex )
Autre découverte à offrir où à s'offrir, l'Orchestre International
du Vetex est une sorte de fanfare constituée d'une vingtaine
de musiciens : flûtes, clarinettes, saxophones, trompettes,
trombones, tubas, percussions, accordéon et violon. Voilà donc
une formation "déambulatoire", mais dans un esprit
beaucoup plus rock'n'roll, voire punk et déjanté. Ils sont
Belges, pour la plupart, flamands et wallons, ainsi que
français. Et ils vous feront sauter, chanter, danser!
Bande Déssinée
Musique
Petits meurtres et faits divers:
Un super jeu pour adultes extravertis !! Si
vous avez bien aimé "Loup Garou", ceci est
encore mieux!
Rendez vous innocent aux yeux de l'inspec-
teur si vous êtes coupables et coupable si
vous ne l'êtes pas! De quoi bien embrouil-
ler l'inspecteur!
Mention spéciale
aux 241 diffé-
rents cas poli-
ciers que vous
propose le jeu!
Des jeux !!!