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Aéroport de Saint-Hubert
Analyse des impacts potentiels du bruit aux abords de l’aéroport sur la santé des gens
vivant à proximité
Jocelyne Sauvé, M.D., M. Sc., FRCPCDirectrice de santé publique
Présentation aux audiences publiques de la Ville de Longueuil10 mars 2010
PLAN DE PRÉSENTATION
1- Contexte de l’intervention de la Direction de santé publique (DSP) et démarche scientifique
2- Effets du bruit sur la santé et les activités quotidiennes
3- Mesures de bruit disponibles
4- Constats de la DSP
5- Recommandations
1- Contexte de l’intervention de la DSP et démarche
scientifique
Loi sur les services de santé et les services sociaux
Article 373. Le directeur de santé publique est responsable dans sa région :
1° d'informer la population de l'état de santé général des individus qui la composent, des problèmes de santé prioritaires, des groupes les plus vulnérables, des principaux facteurs de risque et des interventions qu'il juge les plus efficaces, d'en suivre l'évolution et, le cas échéant, de conduire des études ou recherches nécessaires à cette fin;
4° d’identifier les situations où une action intersectorielle s’impose pour prévenir les maladies, les traumatismes ou les problèmes sociaux ayant un impact sur la santé de la population et, lorsqu’il le juge approprié, de prendre les mesures qu’il juge nécessaires pour favoriser cette action.
Loi sur la santé publique
Article 53.
Pour prévenir les maladies, les traumatismes et les problèmes sociaux ayant un impact sur la santé et influencer de façon positive les facteurs déterminants de la santé de la population, le ministre, les directeurs de santé publique et les établissements exploitant un centre local de services communautaires, chacun au niveau d'intervention qui le concerne, peuvent notamment :
3° identifier au sein de la population les situations comportant des risques pour la santé et les évaluer;
6° soutenir les actions qui favorisent, au sein d'une communauté, la création d'un milieu de vie favorable à la santé et au bien-être.
Éléments déclencheurs d’une intervention de la DSP
• Données de surveillance de l’état de santé
• MIADO
• MCI
• Signalement
Démarche scientifique
• Valider la pertinence du signalement• Revue de littérature (effets du bruit sur la
santé) • Appréciation des mesures disponibles
(étude Dessau) • Analyse de risque
– Mise en relation des effets documentés dans la littérature et des mesures d’exposition de la population
Démarche scientifique (suite)
• Conclusions de l’analyse de risque– Quantification du risque– Appréciation du niveau de certitude– Recommandations
ATTENTION
Analyse préliminaire
2- Effets du bruit sur la santé
et les activités quotidiennes
Le bruit agit sur le bien-être
et peut avoir un effet néfaste sur la santé
dès qu’il est perçu comme dérangeant,
qu’il induit un stress
ou gêne la conversation.
L’OMS : la référence
Les réactions au bruit
Elles varient en fonction :• de l’intensité et la durée du bruit • du nombre de fois que le bruit survient• de sa répartition dans le temps
• de l’effet de surprise et de pic (si >15 dB)• de la sensibilité individuelle
Valeurs seuils de bruit (Leq*) selon l’OMS
Habitation École GarderieHôpital
Centre d’accueil CHSLD
Jour et soir
Gêne sérieuse
55 dB(A) à l’extérieur
Problème de communication (à l’extérieur)
Gêne sérieuse
55 dB(A) à l’extérieur
(cour de récréation, terrain de jeu)
Perturbation du repos et du sommeil
30 dB(A)
à l’intérieur
Gêne modérée
50 dB(A) à l’extérieur
Gêne modérée 35 dB(A) à l’intérieur
Gêne de compréhension du langage
Gêne modérée
35 dB(A) à l’intérieur
Gêne de compréhension du langage
Perturbation du sommeil 30dB(A) à l’intérieur
Nuit Perturbation du sommeil
40 dB(A) à l’extérieur
* Niveau Leq : Bruit continu équivalent.
Les effets potentiels du bruit sur la santé et la qualité de vie
À court terme Communication difficile Sommeil altéré Perturbation des activités quotidiennes (gêne, nuisance) Accélération du rythme cardiaque Élévation de la tension artérielle
À moyen et long terme Baisse de performance
• suite au manque de sommeil• difficulté de communication• difficulté de concentration
HTA, maladies cardio-vasculaires dont infarctus du myocarde Aggravation potentielle de problèmes psychologiques
À partir de 35 dB(A), intérieurProblème de compréhension de la parole
• Un niveau sonore de 35 dB(A) ou plus, gêne la compréhension de la parole
• Une conversation, à voix normale équivaut à 50 dB(A)
• Population plus vulnérable :– les personnes souffrant d'un déficit auditif
– les personnes âgées
– les enfants en phase d'apprentissage du langage et de la lecture
– les gens ne maîtrisant pas bien la langue
À partir de 40 dB(A) Lnuit, extérieurTroubles du sommeil
• Perturbation physiologique du sommeil • Réveil et difficulté à se rendormir• Sommeil moins ou pas profond • Sécrétion d’hormones de stress
Conséquences • Baisse de performance de jour• Perturbation du caractère• Risque d’accidents• Usage de somnifères
• Dans les écoles autour des aéroports, les enfants exposés au bruit aérien montrent les problèmes suivants :– Déficit d’attention soutenue et d’attention visuelle– Difficultés de concentration (en comparaison avec les enfants
d’écoles avec environnement sonore plus calme)– Moins bonne discrimination auditive et perception de la parole
(intelligibilité)– Moins bonne mémoire– Moins bonne habileté à lire (retards de lecture)– Moins bonne habileté à performer lors des tests standardisés– Résultats scolaires diminués– Somnolence diurne
Groupe vulnérable : LES ENFANTS
À partir de 40 dB(A) Lnuit, extérieur* plusieurs autres risques
> 40 dB(A)• Augmentation de la tension artérielle• Modification de l’humeur
> 55 dB(A)Danger croissant pour la santé
• Haute tension artérielle (HTA)
• Maladies cardiovasculaires dont l’Infarctus du myocarde
> 60 dB(A)Risque élevé
• Aggravation de problèmes psychologiques, troubles mentaux
* Exposition moyenne sur 1 an.
Autre source d’inquiétudes :
• À un impact direct sur la santé s’ajoutent les impacts négatifs sur l’interaction sociale
• Anxiété accrue par l’insécurité sous son propre toit (crainte d’un accident d’avion)
• Anxiété accrue due à « l’incontrôlabilité » du bruit
• La perte de jouissance de son chez-soi et de sa vie de quartier
les impacts psychologiques
NIVEAUSONORE
SENSATIONMOYENNE
CONVERSATION
Très bruyant
Bruyant
50dB(A) et + gêne communautaire
considérable (OMS)
Relativement calme
Bruit de fond calme
Très calme
Difficile
En parlant fort
À voix normale
À voix basse
80 dB(A)
70 dB(A)
60 dB(A)
50 dB(A)
40 dB(A)
30 dB(A)
20 dB(A)
80 dB(A)
70 dB(A)
60 dB(A)
50 dB(A)
40 dB(A)
30 dB(A)
20 dB(A)
30 dB (Ln ext.) Seuil NOAEL
30 dB (Ln ext.) Seuil NOAEL
40 dB(A) Valeur guide nuit, OMS
40 dB(A) Valeur guide nuit, OMS
55 dB(A) Perte jouissance cour et terrasse
55 dB(A) Perte jouissance cour et terrasse
70 dB(A) ext = 55 dB(A) int. Perturbation des conversations
et écoute TV à l’intérieur
70 dB(A) ext = 55 dB(A) int. Perturbation des conversations
et écoute TV à l’intérieur
Le bruit : quelques repères
35 dB(A) intérieur
3- Mesures de bruit aux abords de l’Aéroport
Appréciation de l’étude de DESSAU
Intérêts • Bonne méthodologie et données intéressantes• Pertinence des sites • Valeurs N70 : simples d’interprétation; permettent une meilleure
communication avec le public• Valeurs NEF : utiles pour comparer les aéroports et voir l’évolution
dans le temps
Limites • Le cadre d’analyse basé sur les NEF est discutable, car il repose
essentiellement sur le nombre de plaintes• L’analyse des données avec les indicateurs choisis n’est pas
optimale pour évaluer les effets possibles sur la santé • Valeurs Ln et Lden seraient plus représentatives • (NEF et N70 n’offrent pas de lecture spécifique pour la soirée
ni la nuit)• Absence de LA max (niveau maximal de bruit à un instant donné)
Pro
du
it p
ar :
DS
P d
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Mo
nté
rég
ie
Population dans un rayon de 4 km
108 512
Population dans un rayon de 2 km
17 575
Population de Saint-Hubert78 300
Calcul des résultats, aux six points de mesure, selon les indicateurs de l’OMS
Niveau recommandé de LAeq-16h à l’extérieur (de 7h à 23h) : <50 dB(A)
50 dB(A) = gêne modérée 55 dB(A) = gêne sérieuse
A B C D E FLAeq-16h 50,5 53,8 53,7 47,7 48,1 50,2
A B C D E FLAeq-16h 50,6 49,9 62,5 49,0 56,5 53,1
Journée plus achalandée (13 août 2009)
Journée peu achalandée (17 août 2009)
Jours et soirs, une gêne persistante…
Calcul de l’indicateur Leq 23-7 ou Ln, aux six points de mesure : un « proxy » des problèmes de sommeil
Niveau recommandé par l’OMS, la nuit, à l’extérieur : ≤ 40 dB(A) :
40 - 55 dB(A) = effets néfastes sur la santé≥ 55 dB(A) = danger croissant pour la santé
A B C D E FLn 56,8 54,2 55,2 53,1 53,7 58,7
A B C D E FLn 55,6 56,7 57,1 53,4 55,6 55,1
Nuit plus achalandée (13 août 2009)
Nuit peu achalandée (17 août 2009)
… et des nuits perturbées !
Qu’en est-il du trafic aérien à Saint-Hubert ?
Point C : Secteur le plus touchéMoyenne d’un avion, toutes les 3 minutes,
à un niveau de bruit >70 dB(A), entre 7 h et 23 h la semaine
et entre 7 h et 18 h la fin de semaine
Nombre de survols
des six points de mesure
au 13 août 2009 (journée achalandée)
Niveau de bruit de 7 h à 18 h de 18 h à 23 h de 23 h à 7 h
> 70 dB(A) 294 130 6
> 80 dB(A) 23 4 -
> 90 dB(A) 3 - -
Pour un total de 1176 mouvements, 622 posés-décollés
Proximité des écoles, CPE et CHSLD
D’autres motifs de préoccupations• Activités croissantes à l’Aéroport de Saint-Hubert
• Nette progression des mouvements civils de 2005 à 2008
• Augmentation de 20 % de « posés-décollés » en 4 ans
• Le 3e plus important débit aéroportuaire au Canada, après Vancouver et Toronto (mars 2009) !
• Développements aéroportuaires projetés, à moyen et long terme
Mouvements à Saint-Hubert par annéeMouvements
Montréal/Pierre Elliot Trudeau
Année MilitairesItinérants
civilsLocaux
civils
Total civilsSaint-Hubert
Total civils Dorval
2008 1920 80 578 105 871 186 449 224 938
2007 1732 66 491 81 690 148 181 222 550
2006 2085 62 032 74 821 136 853 213 037
2005 3185 63 803 61 893 125 696 207 948
4- Constats de la Direction de santé publique
L’organisme humain arrive à s’adapter aubruit jusqu’à un certain point, mais au-delà
de ce point, il n’en a plus la capacité.
Des constats sans équivoque
Les plaintes des citoyens sont fondées : le bruit généré par l’aéroport occasionne une gêne sonore de modérée à sérieuse
Sur la base des niveaux de bruit mesurés et des calculs effectués, on peut conclure à la présence de risques réels pour la santé et le bien-être des personnes habitant aux abords de l’aéroport
Les risques sont possiblement sous-évalués, compte tenu de l’absence de mesures LA max à l’intérieur
5- Recommandations
Recommandations de la DSP
Que des mesures pour réduire l’exposition au bruit provenant de l’aéroport soient instaurées pour protéger la santé publique
Qu’un système de surveillance des niveaux de bruit soit mis en place rapidement avec résultats disponibles au public
Que les citoyens soient associés à la démarche d’identification des solutions pour réduire le bruit
Dans la mesure de notre expertise,la collaboration de la DSP vous est assurée.
Préparé sous la direction de Dre Jocelyne Sauvé
En collaboration avecDre Louise Lajoie, médecin spécialiste
Marie-Johanne Nadeau, coordonnatriceElisabeth Masson, agente de planification
Secteur de santé environnementale Direction de santé publique
Agence de la santé et des services sociaux de la Montérégie
Un merci spécial à nos collaborateurs externesTony Leroux, Ph.D., Professeur agrégé, Audiologiste,
École d'orthophonie et d'audiologie, Faculté de médecine, Université de Montréal
Dr Stephen Bly, Chef, Unité des Acoustiques, Santé Canada Dr Pierre Deshaies et Richard Martin, DSP Chaudière-Appalaches
Dr Stéphane Perron, DSP de Montréal