Post on 06-Jan-2016
description
Internet est-il vraiment conçu par les
Etats comme un territoire à défendre ?
L'exemple chinois
Qu'est-ce qu'un territoire pour les géographes et comment explique-t-on le territoire à l'école ?
Répond à leurs besoins
Est dominé
par un pouvoir
Est aménagé
Est un lieu d’affirmation
de leur identité
Un espace habité
Un espace limité et géré
Unespace
développé
Unespace
défendu
TERRITOIREUn espace approprié
par les sociétés
Si l'on prend par exemple la définition de Brunet dans les "Mots de la géographie" ou la plupart des définitions scolaires, le
territoire est l'espace approprié par les sociétés
Logique d'expansion
Logique de protection
Le cyberespace est bien un "espace" car il est composé de lieux, de réseaux, de carrefours, de flux
Mais est-il un "territoire" ?
En d'autres termes, comment les Etats se l'approprient par des logiques de territorialisation ?
En quoi constitue-t-il par là même un territoire de la défense comme les autres ?
L'exemple du cas chinois
Par quelles logiques de "territorialisation" la Chine s'approprie-t-elle le cyberespace ?
Quelles sont les particularités de ces logiques ?
En quoi sont-elles spécifiques à la manière dont la Chine d'aujourd'hui gère ses territoires et en conçoit la
défense ?
« Le développement rapide de l'Internet joue un rôle important pour la croissance économique et l'intensification des contacts entre les divers peuples du monde mais il faut remarquer qu'il existe des problèmes inquiétants relatifs à
l'Internet. »
Jiang Zemin,
extrait de son discours lors de la cérémonie d’ouverture
du World Computer Congress,
le 21 août 2000 à Pékin.
A bien des égards, la Chine s'approprie le cyberespace conformément aux grandes logiques générales qui président à la
gestion de son territoire
On ne peut comprendre comment elle s'approprie le cyberespace qu'en
comprenant les logiques de gestion et de défense de son territoire
→ Explique l'utilisation croissante de la cyberguerre
Une stratégie dite de "guerre sans restriction" qui utilise tous les moyens
possibles pour la réalisation des ambitions géopolitiques du pays
→ Explique l'utilisation de l'internet comme levier de puissance par la propagande
Une volonté de puissance et de rayonnement à l'échelle du continent asiatique
et, au-delà, à l'échelle mondiale
→Explique la mise en place et le développement des moyens de contrôle et de surveillance du réseau
Une volonté d'encadrer et de contrôler les différents espaces d'expression
→Explique sa volonté de faire fonctionner l'internet chinois comme un vaste intranet strictement borné et limité
Un choix historique de s'ouvrir de façon progressive et contrôlée au reste du monde
, pour protéger son modèle idéologique→Explique le développement croissant de ses réseaux internet et la couverture en voie de généralisation de son territoire.
→Explique l'utilisation des nouvelles technologies de l'information pour des stratégies d'aspiration des savoirs dans le cadre de l'intelligence économique
Une conquête progressive de son territoire poursuivant des objectifs de développement économique
LEURS "ÉCHOS" SUR LA MANIÈRE QU'À LA CHINE DE S'APPROPRIER LE
CYBERESPACE
LES LOGIQUES DE GESTION ET DE DÉFENSE DU TERRITOIRE CHINOIS
Un développement croissant des réseaux
internet et une couverture du territoire en voie de
généralisation
Une politique très volontariste
d'aménagement du territoire du littoral vers
l'intérieur
Une volonté d'accélérer le
développement du territoire= Faire du
territoire un levier de puissance pour
satisfaire les ambitions
géopolitiques du pays
Un cyberespace strictement borné et limité qui fonctionne
comme un vaste intranet
Une intégration lente et sélective de territoires
de plus en plus vastes à l'économie capitaliste
Une ouverture progressive et contrôlée du territoire à la
mondialisation= Contrôler la
défense idéologique d'un territoire qui
s'ouvre au capitalisme
LEURS TRADUCTIONS "CYBERSPATIALES"
LEURS TRADUCTIONS SPATIALES
LES LOGIQUES DE GESTION ET DE
DÉFENSE DU TERRITOIRE
Un cyberespace strictement
(auto-)contrôlé et (auto-) censuré par les
autorités, avec l’aide implicite d’acteurs de
l’internet
Une surveillance globale à tous les échelons du
pouvoir et de la sociétéUne volonté de contrôler et
d’encadrer tous les espaces
d’expression = Empêcher toute
déstabilisation interne du régime autoritaire chinois
LEURS TRADUCTIONS "CYBERSPATIALES"
LEURS TRADUCTIONS SPATIALES
LES LOGIQUES DE GESTION ET DE
DÉFENSE DU TERRITOIRE
Une utilisation du web pour organiser des
"cyberattaques" contre ses adversaires
Une détermination à employer un "hard power", sur ses marges intérieures
et proches
Une politique de défense basée sur la stratégie de la
"guerre sans restriction"
= Utiliser tous les instruments
nécessaires à la satisfaction des
ambitions de puissance
Une instrumentalisation des honkers par Pékin pour
diffuser une information manipulée
Une ambition de devenir la première puissance
asiatique et de compter dans le monde
Une volonté de rayonner sur le
plan géopolitique à plusieurs
échelles= Devenir un centre
dominant et une superpuissance
LEURS TRADUCTIONS "CYBERSPATIALES"
LEURS TRADUCTIONS SPATIALES
LES LOGIQUES DE DÉFENSE ET DE GESTION DU TERRITOIRE
Des ZES expérimentées dans le Guangdong dès 1980
Généralisées aux métropoles littorales en 1984
Etendues aux régions littorales au cours des années 1980
Puis progressivement à l'ensemble du territoire d'est en ouest à partir des années 1990
Beaucoup d'informations cherchent à entrer ... ou à sortir
Mais l'accès au cyberespace chinois est verrouillé par un système de contrôle …
… de sorte que les informations qui circulent réellement sont sélectives et limitées …
… et qu'il fonctionne comme un gigantesque intranet
« La Chine doit bâtir un réseau
national indépendant de l’Internet global.
»
Jiang Mianheng, fils de Jiang Zemin
président de l’Académie des Sciences de Shanghai
et vice-président de l’Académie des Sciences de
Chine
Globalement, une politique d'aménagement du territoire de "Go West"
A partir des différents centres moteurs du littoral …
… vers les périphéries de la "Chine de l'intérieur" et la "Chine de l'Ouest"
En s'appuyant sur les villes continentales d'aménagement prioritaire
et grâce à la construction d'aménagements ferroviaires et fluviaux spectaculaires
Une accessibilité qui se rapproche des standards occidentaux dans les grandes métropoles du littoral
Des réseaux qui se généralisent lentement vers l'ouest
Mais qui laissent encore largement en marge les vastes espaces faiblement peuplés de l'Ouest, parfois fortement enclavés
L’espace de liberté de chaque individu (sphère privée)
… est borné par le régime plus ou moins assoupli du hukou
… est encadré sur le plan local par des associations de quartiers (comité de résidents…)
Ces associations sont les relais plus ou moins directs de la propagande du parti
… au niveau des provinces
… comme au niveau central
Les individus doivent adhérer à l’idéologie du parti
… et sont invités à la diffuser
La liberté d’expression de chaque individu sur internet
… est fortement restreinte et censuré par une législation d’Etat extrêmement contraignante et répressive.
En effet, le ministère de l’Industrie et de l’Information et le département de la Publicité, positionnés à Pékin
… verrouille le cyberespace par un gigantesque pare-feu (« la Grande muraille du Net »
… et le contrôle par l’intermédiaire de plus 30.000 cyberpoliciers
Obligent internautes pour se connecter à s’adresser à des fournisseurs d’accès locaux autorisés
Chaque fournisseur d’accès local a l’obligation légale d’acheter une connexion à l’un des 9 fournisseurs d’accès nationaux officiels
Ce qui crée un système où chacun participe à la censure à son niveau
Ce qui permet de canaliser la remontée des revendications individuelles sous couvert d’accorder un espace de liberté (e-gouvernement).
Une volonté de devenir un centre d'impulsion …
… au cœur de l'aire de puissance asiatique
Qui cherche à consolider la maîtrise de ses marges contestées et la polarisation du sud-est asiatique
Qui étend son influence à l'échelle mondiale
Dont la volonté de puissance se heurte toutefois à des concurrences fortes en Asie et dans le Monde
Une volonté d'utiliser le réseau Internet mondial pour diffuser une information manipulée
Par le biais d'un contrôle exercé par le pouvoir central
Qui utilise le réseau des 280 000 "hackers rouges" positionnés dans les grandes métropoles
Pour convertir l'information réelle en provenance de l'intérieur ou de l'extérieur …
… en propagande "rouge" conforme à l'idéologie officielle
Un puissant nationalisme centralisé
Qui s'impose par la violence à ses marges autonomistes
Qui revendique des territoires insulaires par la menace
Qui exerce une domination idéologique sur des pays périphériques
Qui entretient des relations tendues avec certains de ses voisins
L'armée populaire de libération développe le concept de "guerre sans restriction", dans laquelle tout peut être utilisé comme une arme
… y compris le réseau internet international
Dans le cadre du lancement de cyber-attaques souvent contestées sur des cibles institutionnelles et économiques des principaux
adversaires de la Chine
pour aspirer des savoirs et des données militaires, économiques et technologiques confidentielles
Et par l'intermédiaire "d'hacktivistes", + ou – livrés à eux-mêmes, localisés à Pékin ou dans les grandes métropoles chinoises ou occidentales
CNNIC, 2007
= 16 % de la population
Le profil sociologique de l’internaute chinois
En 2002, la Chine comptait déjà 46 millions d’internautes, 87 millions en 2004, pour atteindre quelque 137 millions début 2007, soit 10,5 % de sa population totale et plus de 30 % à Pékin. Près de 76 % d’entre eux bénéficient d’une connexion à haut débit. Le nombre de noms de domaines « .cn » a augmenté de 64,4 % (1,8 million) en une seule année [CNNIC, 2007].
FRÉDÉRICK DOUZET , « Les frontières chinoises de l’Internet », Hérodote, 125 (2007)
Plus de 80 % des internautes chinois ont moins de 35 ans, avec une proportion de 35 % pour les 18-24 ans. Les internautes chinois sont donc avant tout des jeunes qui, dans leur grande majorité, semblent plus s'intéresser à la société de consommation qu’à la politique. Du point de vue sociologique, l’internaute chinois typique est un homme, jeune, éduqué, qui effectue plutôt un travail « intellectuel » avec un revenu assez confortable, un citadin ou un étudiant, et dont la pratique de l’Internet est en moyenne inférieure à quatre années.
CANDICE TRAN DAI, « L’Internet en République populaire de Chine », Notes de la FRS, 2006
A partir du 1er septembre, deux petits personnages vont commencer à se balader sur les écrans des internautes chinois lorsqu’ils surferont sur les sites basés à Pékin. A pied, en moto ou en voiture, ils se pointeront toutes les demi-heures rappeler aux utilisateurs que leurs activités en ligne sont étroitement surveillées. Car ces deux petits avatars sont les représentants virtuels du Bureau Municipal de la Sécurité Publique de Pékin.
Sous couvert de lutte contre les « activités illégales », le message est simple : Big Brother vous regarde, ce serait trop bête de l’oublier. « Nous allons continuer à promouvoir la nouvelle image de la police virtuelle, a expliqué un représentant du Bureau, et mettre à jour nos méthodes de sécurité pour améliorer la convivialité et devenir ainsi plus en phase avec la manière dont les internautes utilisent le web.
Erwan Cario (Libération 29/08/2007)
En septembre 2000, le Conseil des affaires d’État a établi la première liste formelle du type d’informations interdites :
« 1. Celles contraires aux principes fondamentaux de la Constitution2. celles qui portent atteinte à la sécurité nationale, divulguent des secrets d’État, constituent une menace pour le gouvernement3. celles qui nuisent à l’honneur et aux intérêts de l’État 4. celles qui incitent à la haine ou à la discrimination ethnique, ou qui vont à l’encontre de l’unité nationale 5. celles préjudiciables à la politique gouvernementale en matière de religion, qui contribuent à la promotion d’organisations hérétiques, de croyances féodales et de superstitions6. celles qui répandent des rumeurs susceptibles de provoquer des désordres sociaux ou de menacer la stabilité sociale 7. les documents de type pornographique ou à caractère licencieux ; ceux qui encouragent le jeu, la violence, l’homicide et la terreur ; ou qui incitent à commettre des crimes 8. les informations insultantes ou diffamatoires, ou qui portent atteinte aux droits et intérêts légitimes d’autres personnes 9. toutes autres informations prohibées par la loi ou les règlements administratifs »
[Amnesty International, 2002].
Le 7 avril, le relais de la flamme olympique à Paris a été interrompu quand certains alliés de "l'indépendance du Tibet" se sont rués sur le porteur handicapé de la torche Jin Jing et ont cherché à s'emparer de la torche.
Le moteur de recherche chinois Baidu a enregistré environ 170 000 entrées internet soutenant un boycottage de Carrefour à partir du 1er mai. Des appels similaires ont circulé sur www.qq.com, un site de discussion populaire, ainsi que par SMS.
La chaîne financière et économique du portail populaire Netease.com a mené une enquête sur un boycott des produits français. Parmi les 43 880 interrogés, 95,4% étaient favorables.
Chine-information
Seuls 9 fournisseurs d’accès contrôlés par
l’Etat : ce sont les postes frontières du
réseau chinois
La Grande muraille du
Net : un gigantesque
pare-feu
Plus de 30.000 cyberpoliciers (les
« patrouilles du Net ») + lois
contraignant les acteurs de l’internet
d’assumer leur part de responsabilité
sur ce qui est diffusé par leur
biais
Un particulier qui veut une connexion internet doit passer par un fournisseur d’accès local qui achète une connexion à un des neufs fournisseurs nationaux, chacun étant strictement identifiés et surveillés
Les FMN étrangères fournissent le système
technologique pour verrouiller l’internet
chinois et veulent s’implanter dans le
marché chinois
Le Le fonctionnement fonctionnement
de l’intranet de l’intranet chinoischinois