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description
République du Bénin
&&&&&&&&&&
Ministère de l’Agriculture, de l’Elevage et de la Pêche (MAEP)
&&&&&&&&
Association pour le Développement de la riziculture en Afrique de
l’Ouest (ADRAO) &&&&&&&&&&
Institut National des Recherches Agricoles du Bénin (INRAB)
&&&&&&
Réseau Ouest et Centre Africain du Riz (ROCARIZ)
&&&&&&& Programme Analyse de la Politique
Agricole (PAPA) B.P. 128 Tél. 00229 21 27 73
E-Mail : lesr@intnet.bj Porto-Novo
&&&&&
Groupe d’Action Economie
&&&&&
Rapport technique
FACTEURS SOCIO-ECONOMIQUES DETERMINANT L’ADOPTION ET LA DIFFUSION DES NOUVELLES VARIETES
NERICA DU RIZ AU BENIN
REALISE PAR
Patrice Y. ADEGBOLA Aminou AROUNA Ingénieur Agro-Economiste Ingénieur Agro-Economiste Msc. en Economie Rurale arouna_aminou@yahoo.fr patrice.adegbola@coraf.org
© Février 2005
2
Table des matières
Résumé..................................................................................................................................... 3 1. INTRODUCTION............................................................................................................ 4 2. APPROCHE THEORIQUE........................................................................................... 6
2.1. Analyse des perceptions paysannes................................................................................. 6 2.2. Déterminants de l’adoption des technologies émergentes .............................................. 7 2.3. Courbe de diffusion et taux d’adoption........................................................................... 9
3. APPROCHE EMPIRIQUE .......................................................................................... 10 4. RESULTATS ET DISCUSSIONS............................................................................. 13
4.1. Perceptions paysannes des nouvelles variétés du riz .................................................... 13 4.2. Déterminant de l’adoption des nouvelles variétés NERICA......................................... 17 4.3. Diffusion des nouvelles variétés NERICA.................................................................... 19
5. CONCLUSION ............................................................................................................... 20 Références bibliographiques............................................................................................. 22
3
Résumé Cette étude utilise des modèles quantitatifs pour analyser les facteurs socio-économiques
déterminant l’adoption et la diffusion des nouvelles variétés NERICA du riz au Bénin. Il
ressort des résultats que le rendement, la durée du cycle, le goût, le gonflement à la cuisson et
le prix sont les principaux critères dans le choix des variétés du riz. Cependant, les nouvelles
variétés NERICA ne satisfont bien aux attentes des producteurs qu’en considérant les critères
de rendement et de durée du cycle. Tenant compte donc de ces deux critères, les variétés
NERICA seraient plus adoptées que la variété traditionnellement cultivée (Gambiaca). De
plus, aucune des variétés NERICA n’arrive pas à contenir ensemble toutes les importantes
préférences des producteurs. Il convient à l’avenir que plus d’attention soit accordée, surtout
aux trois autres critères importants que sont les qualités organoleptiques (goût), les qualités
culinaires (gonflement cuisson) et le prix de vente, par les institutions de recherche sur le riz.
Ces résultats d’analyse des perceptions paysannes ont été confirmés par le modèle de
régression. Les variables goût et prix ont un effet positif sur la probabilité d’adoption des
variétés NERICA. Ce qui montre que plus les nouvelles variétés vont remplir les attentes des
producteurs par rapport à ces critères plus elles seront adoptées. Par ailleurs, le nombre de
variétés améliorées connues dans le village a un effet négatif sur l’adoption des NERICAs.
Autrement dit, les producteurs adoptent ces nouvelles variétés dans les villages où peu de
variétés améliorées existaient. Ceci constitue donc des axes à prendre en compte pour la
vulgarisation de ces nouvelles variétés NERICA. En fin, la courbe de diffusion logistique des
nouvelles variétés NERICA au Bénin a montré que le pourcentage des adoptants à l’intérieur
de la population des informés a connu un accroissement de 23% en cinq années (en passant
3,3% en 1997 à 26,4% en 2001). De plus, ce pourcentage des adoptants a rapidement
augmenté en atteignant un niveau de 67,8% en 2004.
Mots clés : NERICA, perceptions, caractéristiques socio-économiques, diffusion, Bénin.
4
1. INTRODUCTION
Au Bénin, d’importantes quantités de riz sont importées chaque année en vue de satisfaire les
besoins en consommation. Ces importations ont atteint 129 011 tonnes en 1996 et se situent à
72 066 tonnes en 2001 (INSAE, 2001). Les autorités béninoises à l’instar de celles des autres
pays de l’Afrique de l’Ouest ont investi d’énormes ressources au cours des trois dernières
décades pour augmenter la production nationale en vue de réduire ces importations.
Cependant, la production rizicole du Bénin n’a jamais dépassé la barre des 20 000 tonnes par
an (ONASA, 1999), jusqu’en 1995. Toutefois, depuis 1996, on note une progression dans la
production nationale de riz pour atteindre une valeur de 52 441 tonnes de riz paddy en 2000
(DPP, 2000). Cette performance s’expliquerait essentiellement par la stratégie de relance de la
production rizicole qui consiste à réaliser de micro-aménagements peu coûteux, dont la
maîtrise de la gestion reste au niveau des producteurs (Adégbola et Sodjinou, 2003). Cette
production reste toutefois en dessous des besoins du pays qui sont estimés à 74000 tonnes en
1997 (Vautier et Bio Goura, 2000). De plus, cette augmentation est beaucoup plus due à
l’accroissement de la superficie qu’à l’accroissement du rendement. La plupart des auteurs
attribuent ce faible niveau de production du riz dans les pays de l’Afrique de l’Ouest à une
faible productivité et à la prédominance du riz pluvial (74%) (Malton et al., 1996 ; Lançon et
al., 2001).
Dès lors, le développement et l’introduction de nouvelles variétés du riz reste une bonne
option pour améliorer la productivité et la production. C’est dans cette optique que
l’Association pour le Développement de la Riziculture en Afrique de l’Ouest (ADRAO) à
travers son programme des croisements interspécifiques a mis au point de nouvelles variétés
de riz dénommées NERICA1. Contrairement aux autres matériels génétiquement améliorés
issus des méthodes traditionnelles de croisement, les variétés NERICA sont obtenues à partir
d’une nouvelle approche dénommée wide-crossing (croisement étendu). En effet, les
NERICAs sont issus d’un croisement interspécifique entre l’espèce asiatique Oriza sativa et
l’espèce africaine Oriza glaberrima. L’espèce locale glaberrima offre un potentiel génétique
très riche grâce à sa résistance à la sécheresse, à la compétition avec les mauvaises herbes, à la
verse et aux maladies virales, etc. (Johnson et al., 1998 ; Dingkuhn et al., 1999). En plus de
ces caractéristiques favorables, certains NERICAs sont riches en protéines et possèdent des
bonnes qualités culinaires et gustatives. Ainsi, les variétés NERICAs semblent être adaptées
aux conditions socio-économiques et agro-climatiques des ménages riziculteurs de l’Afrique. 1 En anglais, NERICA signifie “New Rice for Africa”.
5
Cependant, les performances techniques d’une technologie ne suffisent pas pour préjuger de
son impact sur les populations. Etant donné que le premier impact d’une technologie est son
adoption et sa diffussion, il se pose la question de savoir quels sont les facteurs qui expliquent
l’adoption et la diffusion des variétés améliorées NERICA au Bénin. L’intérêt de cette étude
se situe à deux niveaux. Premièrement, les NERICAs qui ont déjà fait leur preuve en
expérimentation sont encore à leur début de diffusion au niveau des producteurs. En effet, les
premières variétés NERICA ont été introduites au Bénin en 1997 par les essais PVS2. De plus,
le taux d’adoption d’une variété dépend de sa préférence et de sa connaissance par les
producteurs. La réponse à la question de préférence dépend des chercheurs tandis que celle de
la connaissance ou de l’information est plutôt du ressort de la vulgarisation. Ce qui justifie la
détermination des facteurs expliquant l’adoption et la diffusion des NERICAs pour mieux
orienter les politiques visant un impact élevé de ces variétés sur la production, la productivité
et le bien-être. Dans un second temps, en raison de l’importance accordée aux nouvelles
variétés NERICA et la demande croissante d’information sur l’adoption et la diffusion de ces
variétés, une étude d’adoption des NERICAs s’avère nécessaire au Bénin à l’image de celles
ont été déjà conduites dans certains pays membres de l’ADRAO comme la Côte d’Ivoire
(Diagne, 2004). En effet, en raison des caractéristiques des NERICAs, l’Initiative Africaine
pour le Riz (IAR)3 a été officiellement lancée en Mars 2002 pour une large diffusion de ces
variétés. L’objectif spécifique de cette initiative est de disposer des informations sur l’impact
quantifiable et durable des NERICAs et d’autres variétés améliorées intéressantes sur la
sécurité alimentaire et la pauvreté à travers une adoption massive de ces variétés (WARDA,
2002). Cette étude s’inscrit donc directement dans les attributs de l’IAR. Ainsi, l’objectif
principal de cette étude est d’analyser les facteurs déterminant l’adoption et la diffusion des
variétés améliorées NERICA au Bénin. De façon spécifique, le présent travail vise à :
analyser les perceptions des riziculteurs et rizicultrices des caractéristiques des
nouvelles variétés NERICA ;
déterminer les facteurs socio-économiques expliquant l’adoption des variétés
NERICA au Bénin ; et
quantifier le taux d’adoption et analyser la courbe de diffusion des variétés améliorées
NERICA au Bénin.
Le présent rapport est structuré en cinq parties. Après cette introduction, il sera présenté à la
section 2 le cadre théorique suivi dans la réalisation de cette étude. La partie empirique est
2 Sélection Variétale Participative. 3 En anglais, African Rice Initiative (ARI).
6
présentée dans la section 3 tandis que la section 4 aborde les résultats obtenus et les
discussions. Enfin, les conclusions et implications de l’étude se retrouvent dans la cinquième
section.
2. APPROCHE THEORIQUE
2.1. Analyse des perceptions paysannes
Des études ont montré que les perceptions paysannes des caractéristiques d’une technologie
sont déterminantes pour leur adoption (Adesina et Zinnah, 1992; Adesina et Baidu-Forson,
1995). Cependant, cette littérature sur les perceptions paysannes dans l’explication des
comportements d’adoption a utilisé simplement les variables de perceptions dans les modèles
d’adoption. Ce faisant les perceptions paysannes des attributs des technologies ne sont pas
quantifiées en vu de savoir jusqu’à quel degré un trait particulier d’une variété intéresse les
producteurs et jusqu’à quel niveau telle ou telle caractéristique encourage ou décourage
l’adoption de la variété. Ce qui permet de mesurer la satisfaction que les variétés améliorées
proposées par les services de recherche et de vulgarisation procure aux producteurs. Dans ce
sens, Sall et al. (2000) ont utilisé des indices relativement simples qui permettent de mesurer
le degré avec lequel une caractéristique donnée d’une variété rencontre les attentes des
producteurs. En effet, cette approche part de l’hypothèse selon laquelle les producteurs
ressentent un problème, une contrainte ; ce qui crée une demande. D’un autre côté, la
recherche et la vulgarisation proposent une offre de technologie qui seront évaluées par les
paysans. Le comportement d’adoption des paysans résulte donc du degré de compatibilité
entre les perceptions paysannes des caractéristiques des technologies introduites et celles des
technologies demandées ou recherchées. Ainsi, cette approche utilise trois indices que sont :
- L’indice de demande qui permet de connaître les caractéristiques des variétés
préférées par les riziculteurs et rizicultrices. Cet indice correspond à l’importance que
les paysans accordent à un critère donné dans le choix d’une variété de riz.
- L’indice d’offre qui concerne les caractéristiques des différentes variétés de riz. Cet
indice correspond à la valeur que les producteurs attribuent pour un critère donné en
prenant la variété qui lui est proposée.L’indice de réalisation qui montre jusqu’à quel
degré les caractéristiques des variétés améliorées de riz arrivent à satisfaire la
demande des riziculteurs. Ce troisième indice confronte donc l’offre à la demande. Il
donne une mesure du niveau de satisfaction que les paysans trouvent, pour la
caractéristique considérée, dans la nouvelle variété de riz.Ces trois indices permettront
7
donc d’analyser dans le cadre de la présente étude les perceptions des rizicultures et
rizicultrices des caractéristiques des nouvelles variétés NERICA en vue d’une réorientation
éventuelle de la recherche et de la vulgarisation.
2.2. Déterminants de l’adoption des technologies émergentes
La littérature relative aux sujets d’adoption des technologies améliorées est importante dans
les pays en voie de développement (Feder et al., 1985 ; Sall et al., 2000). Ceci est
probablement dû à l’idée générale selon laquelle l’adoption des nouvelles technologies est
indispensable à l’amélioration de la productivité et du bien-être social des populations les plus
démunies. Cette littérature sur l’adoption des technologies améliorées peut être divisée en
deux catégories en se basant sur les paradigmes conceptuels et les procédures statistiques
utilisés pour modéliser la décision d’adoption. La première catégorie comprend les études qui
modélise le processus d’adoption comme une seule étape d’adoption (adoption versus non-
adoption). Dans la deuxième catégorie, les modèles utilisés partent de l’hypothèse selon
laquelle la décision d’adoption est un processus qui comporte deux ou plusieurs étapes
(généralement deux étapes). Notre étude est basée sur cette deuxième catégorie de littérature
en prenant comme point de départ les implications analytiques et empiriques de l’information
dans le processus de prise de décision d’adoption. Le choix des producteurs d’adopter ou on
une technologie est significativement affecté par le niveau d’information. Le rôle de
l’information est encore particulièrement plus important dans le cadre des technologies
émergeantes. Ainsi, la première catégorie de littérature qui utilise les modèles binaires
simples (Probit ou Logit pour les variables discontinues et Tobit pour les variables continues)
souffrent d’un biais (biais d’information et/ou de sélection). Alors, l’estimation des
déterminants d’adoption avec ces modèles est biaisée et inconsistante. Le biais d’information
résulte du fait que par le manque d’information, les producteurs non informés ne pourront pas
adopter la nouvelle technologie même s’ils seraient des adoptants s’ils avaient l’information.
Alors, le biais d’information serait encore plus important dans le cas des technologies
émergeantes ou naissantes comme le cas des variétés NERICA. Ainsi, dans le cadre de la
présente étude, la décision d’adoption est supposée conditionner par l’information. La
question d’adoption ou non est donc adressée à la population ayant l’information sur la
nouvelle technologie. Un modèle de sélection est donc appliqué et dans lequel le modèle
d’adoption sera estimé sans biais lorsqu’elle est complétée par un modèle d’information
(Adégbola et Arouna, 2003). L’information est définie comme le processus par lequel le
8
producteur arrive à avoir des connaissances de la technologie susceptibles d’augmenter ses
profits. Dans cette étape d’adoption, le niveau d’information acquise détermine sa capacité à
évaluer l’impact de l’adoption sur son activité économique. Le niveau optimal d’information
est donc le résultat d’un problème de maximisation de l’utilité tel que :
)(* xII ≡ (1)
avec I* représente le niveau optimal d’information et x est un vecteur des caractéristiques
socio-économique et démographique du producteur.
D’après Saha et al. (1994), le producteur est réellement informé et connaît la technologie
lorsque son niveau d’information dépasse un seuil d’information tel que SI
0)(** fSI IxIY −≡ (2)
Pour pouvoir l’estimer, l’équation (2) peut s’exprimer de la manière suivante : IIII xY µβ +≡* (3)
Avec les paramètres à estimer par le modèle et η est le terme d’erreur. L’exposant I est
mis pour l’information. Dans la pratique, le niveau d’information Y n’est pas observable.
Supposons une variable binaire Y qui prend la valeur 1 lorsque le producteur reconnaît qu’il
est informé (a entendu parler) de la technologie et 0 si non. Autrement dit :
Iβ I
*I
I
1, si IY soit 0*≥ IIIx ηβ −≥
=IY (4) 0, si IY soit 0*< IIIx ηβ −<
Après avoir eu l’information, le producteur décide dans une deuxième phase d’adopter ou non
la technologie. Supposons que le producteur prend cette décision dans l’objectif de maximiser
son utilité. Si U est l’estimation subjective de l’utilité que procure l’adoption des nouvelles
variétés NERICAs et U est l’utilité que procure la culture des autres variétés du riz, alors le
profit net issu de l’adoption des NERICAs peut s’exprimer par l’expression suivante :
N
O
AAAAON xxUUE ηβ +=− )( (5)
Comme dans l’équation (3), représente un vecteur des caractéristiques socio-économique
et démographique du producteur, les paramètres à estimer par le modèle et η est le
terme d’erreur. L’exposant A est mis pour l’adoption.
Ax
Aβ A
9
Dans un modèle de sélection, l’adoption est conditionnée par l’information et le profit net issu
de l’adoption des NERICAs (Eq. 5) s’écrit plutôt (Greene, 1998 ; Hilmer, 2001) :
AAAAAIAONA xYxUUEY ηλθβ ++==−≡ )1,(* (6)
Avec représentant un paramètre à estimer. est l’inverse du ratio de Mills et Aθ Aλ
[ ])(1/)( IIIA x ββφλ −Φ−=
A
Aθ
Ix−
Aλ
où φ et Φ désignent respectivement la fonction de distribution
cumulative et la fonction de densité de probabilité d’une distribution normale simple. Le
terme θ est un terme additionnel par rapport à un modèle binaire simple. Ainsi, le rejet de
l’hypothèse nulle Ho : conditionne le modèle de sélection et l’utilisation de tout
modèle binaire simple donne des résultats biaisés et inconsistants.
0=
*AY n’est pas observable et nous définissons une variable binaire Y qui prend la valeur 1
pour les adoptants et 0 si non. On a donc :
A
1, si 0)1,( ≥=IAO YxUU −NE
=AY (7)
0, si 0)1,( <=IAO YxUU −NE
L’estimation des paramètres , et θ se fait par la méthode d’Estimation du Maximum
de Vraisemblance (MLE).
Iβ Aβ A
2.3. Courbe de diffusion et taux d’adoption
Pour décrire l’évolution du taux d’adoption des technologies agricoles, plusieurs auteurs
utilisent la courbe de diffusion logistique (Willis, 1996 ; Adégbola et al., 2003). Cette
fonction est de la forme :
tt eMP .1 βα−−+
= (8)
Où représente le pourcentage cumulé de paysans ayant adopté la technologie à l’année t ;
est le pourcentage maximal des adoptants potentiels parmi les producteurs informés de la
technologie ; α est une constante ; est le paramètre reflétant le taux auquel le pourcentage
des adoptants évolue.
tP
M
β
Pour tourner la régression non-linéaire (Eq. 8), il faut d’abord générer les valeurs initiales des
paramètres α et . Ainsi, la transformation logarithmique de l’équation 8 donne : β
10
tPM
PLog
t
te .
)(βα +=
−
(9)
La méthode de régression linéaire simple permet donc d’estimer les valeurs de α et qui
sont utilisées pour estimer la fonction de la courbe de diffusion des nouvelles variétés
NERICA du riz au Bénin.
β
3. APPROCHE EMPIRIQUE
La collecte des données de cette étude a été faite au cours d’une enquête par questionnaires
structurés dans 24 villages du département des Collines. D’abord, 12 villages ayant abrité les
tests en milieu réel sur les nouvelles variétés NERICA du riz ont été sélectionnés. Ensuite, un
village voisin a été choisi pour chaque village d’introduction des variétés NERICA. Les
enquêtés au nombre de 347 riziculteurs (soit environ 15 par village (Tableau 1)) sont des
informés ou non des nouvelles variétés NERICA. Deux types de questionnaires ont été
utilisés pour la collecte des données. Un questionnaire structuré a servi à collecter
individuellement des données auprès de chaque riziculteur et rizicultrice. La collecte de
données générales sur les villages et la classification par niveau de prospérité des enquêtés ont
été réalisées en entretien de groupe avec un second questionnaire. Les données collectées sont
relatives à la connaissance des variétés améliorées du riz par l’enquêté (variétés nouvelles et
traditionnelles entendues parler, date d’information et la source, variétés cultvées ou non,
variétés abandonnées, etc.), les préférences parmi les variétés connues et les raisons, les
perceptions paysannes des attributs des différentes variétés entendues parler, les
caractéristiques socio-économique et démographique des producteurs (sexe, niveau
d'éducation formelle, situation matrimoniale, accès au crédit, nombre d’actifs agricoles et de
personnes en charge, accès à l’information, importance du riz dans le revenu, appartenance à
une organisation de riziculteurs, expérience en riziculture, etc.), les caractéristiques socio-
économiques des villages des enquêtés (zone-agroécologique, distances à un marché
périodique et à une ville, nombre de NERICAs et autres variétés améliorées cultivées etc.) et
les caractéristiques des parcelles de riz cultivées en 2004.
Pour l’analyse empirique de l’adoption des nouvelles variétés NERICAs, les statistiques
descriptives (moyennes, minimum, maximum et erreur standard) des variables indépendantes
incluses dans les modèles ont été calculées (Tableau 2). Il ressort de ce tableau que les trois
variables de perceptions introduites dans les modèles sont importantes pour plus de 50% des
enquêtés. En effet, 69%, 76% et 95% de l’échantillon total pensent respectivement que le
11
goût, le prix et le rendement constituent des critères très importants dans le choix des variétés
du riz. Dans l’échantillon des informés des variétés NERICAs, ces valeurs sont
respectivement 75%, 64% et 93%. Bien que cela ne soit pas étonnant, le rendement est perçu
de façon unanime un critère de taille dans la culture des différentes variétés du riz. Cependant,
une attention est également accordée par les producteurs au prix de vente et aux qualités
organoleptiques (goût). Evidemment, il ne serait pas intéressant de produire en grande
quantité un bien à faible valeur économique.
Par ailleurs, une variété en moyenne de NERICA est connue dans chaque village en prenant
compte tout l’échantillon contre trois variétés environ pour l’échantillon des producteurs
informés. Ceci s’explique par le fait que l’échantillonnage a pris en compte les villages où le
NERICAs n’est pas introduit et montre une faible diffusion de ces variétés au niveau des
villages environnants. En effets, il y a de ces villages qui ne connaissent même pas une seule
variété NERICA alors que les expérimentations en milieu paysan ont commencé au Bénin
depuis 1997 (Gridley et al., 2002). Ce résultat est confirmé par le fait que seulement 26,5%
(92/347*100) des enquêtés connaissent au moins une variété NERICA. Pour ce qui concerne
les autres variétés améliorées, la moyenne par village est d’environ 4 variétés mais on
rencontre des villages où les producteurs connaissent jusqu’à 12 variétés. On note également
dans les villages certains producteurs qui connaissent individuellement plusieurs variétés
améliorées (jusqu’à 15 variétés améliorées). Il s’agit en général des producteurs
expérimentateurs.
En fin, l’analyse de la matrice corrélation des différentes variables incluses dans le même
modèle montre que les coefficients de corrélations sont généralement faibles. Alors, le
problème de multicolinéarité ne devrait donc pas se poser dans les modèles obtenus.
12
Tableau 1. Répartition des enquêtés en fonction des villages d’introduction des NERICAs et ceux environnants Communes Villages NERICAs Nombre d’enquêtés Villages environnants Nombre d’enquêtés Dassa-Zoumè Gankpétin 15 Ouissi 15 Dassa-Zoumè Kpingni 14 Togon 15 Dassa-Zoumè Mindédjro 15 Daho 15 Dassa-Zoumè Lèma 13 Loulè I 15 Dassa-Zoumè Erokowari 15 Odo-Otchèrè 15 Dassa-Zoumè Tré (Kpètè-Kpètè) 15 Lèma-Tré 15 Glazoué Sokponta 15 Gomé 15 Glazoué Sowé 15 Atogbo 15 Glazoué Kpakpaza 16 Yawa 14 Glazoué Ouèdèmè 15 Houala 15 Glazoué Kpakpa-Zoumè 15 Adourékoman 11 Savalou Dagadoho 12 Logossovidji 12 Total - 175 - 172 Source : ADRAO/PAPA (2005). Tableau 2. Statistiques descriptives des variables indépendantes pour les différents échantillons
Equation d’information
Equation d’adoption Description des variables (Nom des
variables) Unité de mesure des variables Moyenne
(Minimum, Maximum)
Erreur Standard
Moyenne (Minimum, Maximum)
Erreur Standard
Superficie disponible pour la riziculture (SUDISP) Hectare 1,80
(0,03 ; 30) 3,16 1,93 (0,1 ; 15) 2,31
Nombre d’années d’expérience dans la riziculture (EXPERIZ) Continue 11,26
(0, 40) 6,85 11,99 (1, 40) 7,59
Disponibilité des intrants du riz (semences et engrais) dans le village (DISPO) 1 si oui et 0 si non 0,29
(0, 1) 0,45 0,41 (0, 1) 0,50
Accès au crédit pour la riziculture (ACRED) 1 si oui et 0 si non 0,20
(0, 1) 0,40 0,28 (0, 1) 0,45
Participation à une expérimentation ou formation sur le riz depuis 1999 (FORIZ) 1 si oui et 0 si non 0,37
(0, 1) 0,48 0,55 (0, 1) 0,50
Nombre de NERICAs cultivées en 2004 (NECULT) Continue 0,18
(0, 5) 0,57 0,66 (0, 5) 0,95
Sexe (SEXE) 1 pour producteur masculin, 0 sinon
0,38 (0, 1) 0,49 0,39
(0, 1) 0,51
Disponibilité de terre propice à la riziculture dans le village (DITERV)
1=Très abondante ; 2=abondante ; 3=rare ; 4=Très rare
1,62 (1, 2) 0,49 1,66
(1, 2) 0,48
Village d’introduction des NERICAs (VILNERI) 1 si oui et 0 si non 0,51
(0, 1) 0,50 0,78 (0, 1) 0,41
Nombre de variétés améliorées (sans les NERICAs) connues dans le village (NVAANV)
Continue 3,69 (1, 12) 2,97 3,54
(1, 12) 3,11
Nombre de variétés NERICAs connues dans le village (NVNENV) Continue 1,36
(0, 6) 1,82 2,86 (1, 6) 1,90
Volume de production du riz du village (VOPMAV) 1=Faible ; 2=Elevé 1,57
(1, 2) 0,50 1,58 (1, 2) 0,50
Importance du goût dans le choix des variétés du riz (GOUT)
1=Important ; 0=Pas important
0,69 (0, 1) 0,46 0,75
(0, 1) 0,44
Importance du prix de vente dans le choix des variétés du riz (PRIV)
1=Important ; 0=Pas important
0,76 (0, 1) 0,46 0,64
(0, 1) 0,48
Importance du rendement dans le choix des variétés du riz (REND)
1=Important ; 0=Pas important
0,95 (0, 1) 0,21 0,93
(0, 1) 0,25
Nombre d’observations 347 92 Source : ADRAO/PAPA (2005).
13
4. RESULTATS ET DISCUSSIONS
4.1. Perceptions paysannes des nouvelles variétés du riz
Onze caractéristiques ont été utilisées pour évaluer les perceptions paysannes. Les indices de
demande de ces différentes caractéristiques montrent les critères de choix des variétés de riz
par les producteurs (Tableau 3). Il ressort de ce tableau que le rendement et la durée du cycle
sont les premiers critères les plus importants. Ainsi, à l’instar de toutes les autres spéculations,
les producteurs tiennent donc compte de l’output pour le choix des variétés du riz. Pour ce qui
concerne la seconde caractéristique, en raison des aléas climatiques de plus en plus prononcés
dans nos régions, il est préférable d’avoir des variétés qui se récoltent vite. De plus, ce critère
est important en ce sens que les variétés précoces ont généralement un prix élevé. Or le prix
de vente est aussi un critère de choix des variétés (indice de demande moyenne est de 0,82).
Deux autres caractéristiques importantes dans le choix des variétés sont le goût et le
gonflement à la cuisson (Tableau 3). Dans la zone d’étude, le riz n’est pas seulement produit
destiné à la vente mais pareillement pour la consommation domestique. Il tend même à
devenir un aliment de base dans certains ménages en raison du fait que le riz est bien apprécié
par les enfants. Alors, les caractéristiques culinaires (gonflement à la cuisson) et
organoleptiques (goût) seront évidemment pris en compte pour le choix des variétés du riz à
cultivées. Ces critères étant souvent peu considérés (comparativement au rendement par
exemple) dans les activités de sélection variétale, il convient à l’avenir que plus d’attention
leur soit accordée par les institutions de recherche sur le riz telles que l’Institut National des
Recherches Agricoles du Bénin (INRAB), l’Association pour le Développement de la
Riziculture en Afrique de l’Ouest (ADRAO), l’Institution Internationale d’Agricole Tropicale
(IITA), etc. Les indices de demande montrent que la grosseur des grains, la capacité de tallage
et la résistance à la sécheresse sont également des critères non moins importants dans le choix
des variétés du riz. En fin, les critères moins importants aux yeux des producteurs sont la
facilité de battage, la facilité de décorticage et le taux de brisure au décorticage. Le
décorticage dans la zone d’étude ne se fait plus en général de façon manuelle mais plutôt à
l’aide des décortiqueuses motorisées. Ainsi, on comprend pourquoi ces deux derniers critères
qui hier étaient prioritaires ne l’est plus aujourd’hui. De plus l’étuvage permet de réduire
fortement le taux de brisure au décorticage.
14
Tableau 3. Indices de demande pour les différentes variétés du riz Caractéristiques Gambiaca Nerica 1 Nerica 2 Nerica 5 Nerica 43 Nerica 44 11365 Tox Demande moyenne Rang Rendement du paddy 0,98 1,00 1,00 0,95 0,97 0,95 0,95 0,99 0,97 1 Durée du cycle 0,83 0,89 0,93 0,82 0,85 0,86 0,82 0,85 0,86 2 Capacité de tallage 0,60 0,67 0,60
0,65 0,63 0,66 0,63 0,68 0,64 7Résistance à la sécheresse 0,66 0,61 0,60 0,61 0,65 0,63 0,61 0,60 0,62 8 Grosseur des grains 0,71 0,71 0,66 0,69 0,75 0,64 0,75 0,64 0,69 6 Prix de vente 0,87 0,83 0,80 0,82 0,83 0,78 0,81 0,85 0,82 5 Facilité de battage 0,56 0,56 0,51 0,60 0,63 0,57 0,52 0,63 0,57 9Facilité de décorticage 0,46 0,50 0,48 0,54 0,56 0,56 0,46 0,49 0,51 10 Taux de brisure au décorticage
0,48 0,50 0,48 0,50 0,59 0,52 0,50 0,54 0,51 10
Goût 0,83 0,90 0,85 0,88 0,93 0,86 0,85 0,91 0,88 3Gonflement à la cuisson 0,78 0,92 0,90 0,85 0,84 0,84 0,81 0,88 0,85 4Source : ADRAO/PAPA (2005). Tableau 4. Indices d'offre pour les différentes variétés du riz Caractéristiques Gambiaca Nerica 1 Nerica 2 Nerica 5 Nerica 43 Nerica 44 11365 Tox Rendement du paddy 0,38 0,68 0,80 0,65 0,63 0,39 0,78 0,73 Durée du cycle -0,40 0,77 0,73 0,79 0,82 0,82 0,74 0,57 Capacité de tallage 0,33 0,56
0,60 0,34 0,39 0,33 0,49 0,36Résistance à la sécheresse 0,13 0,31 0,17 0,32 0,48 0,38 0,14 0,12 Grosseur des grains 0,82 0,21 0,35 0,24 0,37 0,38 0,18 0,26 Prix de vente 0,87 0,29 0,42 0,20 0,30 0,42 0,11 0,24 Facilité de battage 0,38 0,10 -0,07 0,27 0,43 0,35 0,33 0,38Facilité de décorticage 0,43 0,04 0,00 0,34 0,32 0,45 0,34 0,25 Taux de brisure au décorticage
0,37 -0,03 -0,05 0,24 0,29 0,38 0,26 0,19
Goût 0,71 0,33 0,18 0,36 0,51 0,55 0,45 0,51Gonflement à la cuisson 0,77 0,31 0,08 0,35 0,48 0,45 0,39 0,55 Source : ADRAO/PAPA (2005).
15
Tableau 5. Indices de réalisation pour les différentes variétés du riz Caractéristiques Gambiaca Nerica 1 Nerica 2 Nerica 5 Nerica 43 Nerica 44 11365 Tox Rendement du paddy 0,37 0,68 0,80 0,63 0,64 0,40 0,74 0,72Durée du cycle -0,35 0,68 0,66 0,67 0,74 0,73 0,62 0,53 Capacité de tallage 0,20 0,42
0,40 0,23 0,26 0,20 0,34 0,25Résistance à la sécheresse
0,06 0,23 0,11 0,23 0,32 0,28 0,11 0,05
Grosseur des grains
0,59 0,17 0,22 0,18 0,30 0,26 0,13 0,17Prix de vente 0,78 0,26 0,38 0,12 0,23 0,33 0,08 0,19Facilité de battage 0,22 0,06 0,01 0,23 0,31 0,27 0,19 0,27Facilité de décorticage 0,18 0,03 0,03 0,25 0,20 0,33 0,17 0,11Taux de brisure au décorticage
0,17 -0,02 -0,03 0,15 0,18 0,23 0,14 0,07
Goût 0,61 0,33 0,17 0,32 0,48 0,42 0,41 0,47Gonflement à la cuisson 0,62 0,27 0,08 0,31 0,46 0,37 0,36 0,51 Source : ADRAO/PAPA (2005).
16
En observant le tableau 4 des indices d’offre, le premier résultat intéressant est la grande
variation de la valeur de ces indices entre les différentes variétés. Par exemple, l’indice
d’offre pour le rendement varie entre 0,38 et 0,80 et entre –0,40 à 0,82 pour la durée du cycle.
Ces résultats montrent effectivement que par les perceptions qui peuvent être subjectives, les
producteurs font belle et bien une différence entre les variétés de riz. De cette perception, il
ressort qu’en matière de rendement et de la durée du cycle, les nouvelles variétés NERICA
sont supérieures à la variété traditionnellement cultivée qui est le Gambiaca. Ceci n’est pas
étonnant en ce sens que ces deux critères sont les critères de bases dans la plupart des
programmes de sélection variétale. De plus, les producteurs sont unanimes sur le fait que le
Gambiaca ne donne pas de bons résultats vis-à-vis de ces deux critères. En effet, le Gambiaca
est une variété à cycle long (5 mois). De plus, de part sa grande taille cette variété est très
sensible à la verse ce qui l’expose à de forte attaque des rongeurs et à la pourriture. Par
conséquent, le rendement chute. Cependant, cette variété possède de fortes valeurs d’indices
de demande pour d’autres caractéristiques telles que le prix de vente, le goût et le gonflement
à la cuisson (Tableau, 4). Avec ces fortes valeurs, la variété traditionnelle est supérieure à
toutes les variétés NERICA en prenant en compte ces trois critères. Ces critères étant parmi
les critères prioritaires de choix des variétés (Voir indices de demande), il convient comme
cela a été dit plus haut de réorienter les actions de sélection variétale dans ce sens même si
cela ne semble pas être facile. Nous y reviendrons plus en détail en abordant les indices de
réalisations.
En fin, les indices de réalisation expriment les perceptions paysannes sur comment les
préférences des producteurs en matières de caractéristiques variétales sont satisfaites par
l’offre (Tableau 5). Il ressort de ce tableau comme précédemment qu’en prenant les cinq
critères de demande les plus importants, les variétés NERICA satisfont bien aux attentes des
producteurs seulement pour les critères rendement et durée du cycle. Tenant compte donc de
ces deux critères les variétés NERICA seraient plus cultivées que le Gambiaca. Par contre,
cette variété traditionnelle remplit bien les préférences des producteurs pour les trois autres
critères importants qui sont le prix de vente, le goût et le gonflement à la cuisson. Le
Gambiaca est supérieur aux NERICAs par rapport à ces trois critères. En prenant le prix de
vente, la supériorité de Gambiaca est liée au fait que les commerçantes connaissent déjà cette
variété et sont réticentes à l’égard des NERICAs qui sont encore nouvelles. Donc le prix bas
des NERICAs et aussi de la plupart des autres variétés améliorées ne serait donc pas lié à la
qualité mais surtout à un manque d’information. Une promotion de ces variétés auprès des
autres acteurs à savoir les commerçantes et les consommateurs s’avèrent indispensable. Du
17
côté des critères de goût et du gonflement à la cuisson, des travaux de recherche méritent
d’être poursuivis. En effet, l’habitude alimentaire est un facteur socio-culturel difficilement
modifiable et il convient de rechercher des variétés NERICA ayant un goût proche de
Gambiaca. De plus, ces NERICAs doivent bien gonflé à la cuisson et comment l’expriment
les producteurs « en prenant un peu, il faut que la casserole se remplissent ». En prenant les
NERICAs entre eux, le NERICA 43 semble mieux satisfaire aux différentes préférences les
importantes des producteurs. Vient ensuite le NERICA 1 et le NERICA 5. Par contre, le
NERICA 2 qui donne de rendement très bien satisfaisant mais son goût et son degré de
gonflement à la cuisson ne sont pas du tout ce que souhaitent les producteurs. Le NERICA 5
semble par contre présenté des caractéristiques en opposition directe avec le NERICAs 2. On
conclut donc que toutes les variétés NERICA n’arrivent pas à contenir ensemble toutes les
importantes préférences des producteurs. Voilà justement l’axe d’investigation qui restent à
explorer pour promouvoir une meilleure adoption des nouvelles variétés NERICA. Pour y
parvenir, le NERICA 43 pourrait selon les perceptions paysannes être un bon point de départ.
4.2. Déterminants socio-économiques de l’adoption des nouvelles variétés NERICA
Les résultats du modèle de sélection sont présentés dans le tableau 6. Il ressort de ce tableau
que ce modèle de sélection est bien indiqué pour la détermination des facteurs déterminant
l’adoption des nouvelles variétés NERICA. En effet, les résultats permettent de rejeter
clairement au seuil de 10% l’hypothèse nulle Ho : θ (coefficient de λ ) et conditionnent
le modèle de sélection. Alors, l’utilisation de tout modèle binaire simple donnerait des
résultats biaisés et inconsistants. Le test de est hautement significatif au seuil de 1% pour
le modèle d’information et d’adoption. De plus, le pourcentage de prédiction correcte est de
81,84% pour l’équation et de 60,87% pour l’équation d’adoption. Ce qui montre en que ce
modèle possède d’assez bonnes qualités prédictives.
0=A A
2χ
Quatre variables sont hautement significatives au seuil de 1% dans l’équation d’information.
Il s’agit du nombre de variétés NERICA connues dans le village, la participation du
producteur à une expérimentation ou formation sur le riz ces 5 dernières, le volume de
production du riz du village et l’introduction des nouvelles variétés NERICA dans le village.
Comme on pourrait l’espérer, il ressort de ces variables que les producteurs sont informés des
variétés NERICA dans les villages où elles sont introduites et également cette information se
diffuse mieux encore lorsque le nombre de variétés NERICA introduites augmente. Un autre
résultat intéressant est que l’importance de la production du riz dans le village a un effet
18
positif sur la probabilité d’information sur les variétés NERICA. En effet, les villages à
grande production du riz sont souvent orientés vers le marché. Les producteurs de ces villages
sont donc en quête permanente des nouvelles variétés pour satisfaire la demande du marché.
Tableau 6. Résultats de l’estimation des déterminants de l’information et de l’adoption des
variétés NERICA au Bénin
Description des variables indépendantes (Nom des variables) Equation
d’information 1 Equation
d’adoption 2 Constante -3,42 (-5,45)*** -0,44 (-1,56) Sexe (SEXE) 0,03 (0,16) -0,05 (-0,55) Nombre d’années d’expérience dans la riziculture (EXPERIZ) 0,12 (0,81) __ Nombre de variétés NERICAs connues dans le village (NVNENV) 0,33 (6,58)*** __ Participation à une expérimentation ou formation sur le riz ces 5 dernières (1999 à 2004) (FORIZ) 0,52 (2,98)*** __
Volume de production du riz du village (VOPMAV) 0,83 (3,78)*** __ Village d’introduction des NERICAs (VILNERI) 0,75 (3,18)*** 0,25 (1,73)* Superficie disponible pour la riziculture (SUDISP) __ 0,03 (1,89)* Nombre de variétés améliorées (sans les NERICAs) connues dans le village (NVAANV) __ -0,04 (-2,81)***
Nombre de NERICAs cultivées en 2004 (NECULT) __ 0,21 (4,82)*** Disponibilité des intrants du riz (semences et engrais) dans le village (DISPO) __ 0,15 (1,57)
Accès au crédit pour la riziculture (ACRED) __ -0,14 (-1,39) Disponibilité de terre propice à la riziculture dans le village (DITERV) __ 0,16 (1,76)* Importance du goût dans le choix des variétés du riz (GOUT) __ 0,16 (1,71)* Importance du prix de vente dans le choix des variétés du riz (PRIV) __ 0,14 (1,65)* Importance du rendement dans le choix des variétés du riz (REND) __ 0,25 (1,49) Nombre d’observations 347 92 % de Prédiction correcte 81,84 60,87
2χ 112,81 (ddl=6)***
48,35 (ddl=11)***
Aλ __ 0,20 (1,71)*
Source : Résultats des modèles, ADRAO/PAPA, 2005. Note : Les valeurs entre parenthèses sont les valeurs du test t de Student. * ; ** et *** représentent respectivement le seuil de signification de 10%, 5% et 1%. L’hypothèse nulle selon laquelle tous les coefficients à l’exception de la constante sont égaux à zéro est testée avec le test . 2χ1 La variable dépendante prend la valeur 1 si le producteur est informé (connaît) au moins une variété NERICA et 0 si non. 2 La variable dépendante prend la valeur 1 si le producteur a adopté au moins une des variétés NERICA et 0 si non. Dans le modèle d’adoption, sept variables sont significatives et possèdent pour la plupart des
signes prédits. Le nombre des autres variétés améliorées connues dans le village a un effet
négatif sur la probabilité d’adoption des NERICAs. Autrement dit, les producteurs adoptent
ces nouvelles variétés dans les villages où peu de variétés améliorées existaient. Ceci
constitue donc des axes à prendre en compte pour la vulgarisation de ces nouvelles variétés
NERICA. De plus, la variable superficie disponible aussi bien au niveau individuel qu’au
19
niveau village est un facteur déterminant l’adoption des variétés NERICA. Ceci montre que
lorsque la terre est disponible les producteurs de la zone d’étude vont adopter les NERICAs.
En effet, avec la conjoncture actuelle du coton, les producteurs sont en train de rechercher une
culture de rente en substitution. Dans ce sens, les terres nouvelles sont mises en culture avec
les variétés NERICA.
Par ailleurs, deux des trois variables de perception incluses dans le modèle sont significatives
avec des signes attendus. Les variables goût et prix ont donc un effet positif sur la probabilité
d’adoption des variétés NERICA. Ce qui montre que plus les nouvelles variétés vont remplir
les attentes des producteurs par rapport à ces critères plus elles seront adoptées. Ceci confirme
les résultats de la section précédente sur les indices calculés. Par contre, le coefficient de la
variable importance du critère rendement dans le choix des variétés du riz n’est pas
significatif mais a le signe attendu. En réalité, de façon unanime tous les producteurs
reconnaissent que ce critère est le premier critère de choix des variétés. C’est donc une
variable presque constante (93% des informés des nouvelles variétés NERICA estime que ce
critère est un critère important (Voir Tableau 2)). On conclut donc comme précédemment que
ces critères doivent être mieux visés dans le cadre des activités d’amélioration variétale.
4.3. Diffusion des nouvelles variétés NERICA
L’estimation de l’équation 8 a permis d’avoir la courbe de diffusion logistique des nouvelles
variétés NERICA au Bénin (Figure 1). Cette figure montre que le pourcentage des adoptants
des NERICAs est passé de 3,3% en 1997 à 26,4% en 2001. Ce qui correspond à un
accroissement de près de 23% en cinq années. Cet accroissement est proche de celui obtenu
pour les mêmes variétés en Côte d’Ivoire pour la période de 1996 à 2000 (Diagne, 2004). En
effet, le pourcentage des adoptants des NERICAs en Côte d’Ivoire est passé de 14% en 1996
à 38% en 2000. Par la suite, le pourcentage des adoptants des nouvelles variétés NERICA au
Bénin a rapidement augmenté en atteignant un niveau de 67,8% en 2004. En réalité, il s’agit
ici du pourcentage des adoptants à l’intérieur de la population des informés. En effet, on
obtient des valeurs extrêmement plus faibles lorsque l’on considère le pourcentage des
adoptants par rapport à toute la population (informé et non informé). Ce pourcentage ne serait
que de 18% (63/347*100) en 2004. Ce pourcentage des adoptants rapporté toute la population
est faible parce qu’il souffle de façon substantielle de biais d’information résultant du faible
niveau de diffusion de ces nouvelles variétés. En effet, ce biais résulte du fait que le
pourcentage des adoptants par rapport à toute la population compte parmi les non adoptants
20
les producteurs non informés qui auraient adopté s’ils avaient l’information.
Comparativement au pourcentage des adoptants dans la population, le pourcentage des
adoptants à l’intérieur de la population des informés est donc un bon estimateur du vrai
pourcentage des adoptants de la population (Diagne, 2004).
0,00
20,00
40,00
60,00
80,00
100,00
120,00
1997
1998
1999
2000
2001
2002
2003
2004
2005
2006
2007
2008
2009
2010
2011
2012
Années
Taux
d'a
dopt
ion
cum
ulé
Figure 1. Courbe logistique de diffusion des nouvelles variétés NERICA au Bénin.
5. CONCLUSION
Au Bénin, les nouvelles variétés NERICA du riz ont été introduites en 1997 par les essais
« Sélection Variétale Participative » (PVS). Cette étude a utilisé un modèle de sélection pour
analyser les facteurs déterminant l’adoption et la diffusion de ces nouvelles au Bénin. Il
ressort des résultats que le rendement, la durée du cycle, le goût, le gonflement à la cuisson et
le prix sont les critères les plus importants dans le choix des nouvelles variétés du riz.
L’analyse des indices d’offre et de réalisation montre que parmi ces cinq principaux critères
de demande, les variétés NERICA satisfont bien aux attentes des producteurs en ce qui
concerne le rendement et la durée du cycle. Tenant compte donc de ces deux critères, les
variétés NERICA seraient plus cultivées que le Gambiaca. Par contre, cette variété
traditionnelle remplit bien les préférences des producteurs pour les trois autres importants
critères que sont le prix de vente, le goût et le gonflement à la cuisson. Toutes les variétés
NERICA n’arrivent pas à contenir ensemble toutes les importantes préférences des
producteurs. Il convient à l’avenir que plus d’attention leur soit accordée par les institutions
de recherche sur le riz telles que l’INRAB, l’ADRAO, l’IITA, etc. Ces résultats des indices
pour l’analyse des perceptions paysannes ont été confirmés par le modèle de régression. Deux
21
des trois variables de perception incluses dans le modèle de sélection sont significative avec
des signes prédits. Les variables goût et prix ont donc un effet positif sur la probabilité
d’adoption des variétés NERICA. Ce qui montre que plus les nouvelles variétés vont
rencontrer les attentes des producteurs par rapport à ces critères plus elles seront adoptées.
Par ailleurs, le nombre d’autres variétés améliorées connues dans le village a un effet négatif
sur l’adoption des NERICAs. Autrement dit, les producteurs adoptent ces nouvelles variétés
dans les villages où peu de variétés améliorées existaient. Ceci constitue donc des axes à
prendre en compte pour la vulgarisation de ces nouvelles variétés NERICA. De plus, la
variable superficie disponible est un facteur déterminant l’adoption des variétés NERICA. En
effet, avec la conjoncture actuelle du coton, les producteurs sont en train de rechercher une
culture de rente en substitution et dans ce cadre les terres nouvelles propices à la riziculture
sont mises en culture avec les variétés NERICA.
La courbe de diffusion logistique des nouvelles variétés NERICA au Bénin a montré que le
pourcentage des adoptants à l’intérieur de la population des informés a connu un
accroissement de 23% en cinq années (en passant de 3,3% en 1997 à 26,4% en 2001). Par la
suite, ce pourcentage des adoptants des nouvelles variétés NERICA à l’intérieur de la
population des informés a rapidement augmenté en atteignant un niveau de 67,8% en 2004.
L’étude a montré qu’on obtient des valeurs extrêmement plus faibles lorsque l’on considère le
pourcentage des adoptants de toute la population (informé et non informé). Ce pourcentage
biaisé et inconsistant ne serait que de 18% en 2004.
En fin, au vu des résultats obtenus, l’étude suggère :
étendre cette recherche sur l’adoption et la diffusion des NERICA dans les autres
départements du Bénin où ces variétés ont été introduites ; et
des travaux soient entrepris pour estimer l’impact de ses nouvelles variétés NERICA
sur la pauvreté en milieu rural au Bénin.
22
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