Post on 03-Apr-2015
Chapitre 4 – Monnaie, Inflation et Politique Monétaire
[supports de cours]
Eric DARMON
eric.darmon@univ-rennes1.fr
Le problème de la double coïncidence des biens
Béleveur de mouton
souhaite échanger sa production
contre du pain
A (boulanger, végétarien)
C
11. Formes et fonctions de la monnaie
A quoi sert la monnaie ?
• 3 fonctions selon Aristote– Unité de compte– Intermédiaire des échanges– Réserve de valeur : permet de séparer l’acte de
vente de l’acte d’achat
11. Formes et fonctions de la monnaie
Quelles formes peut prendre la monnaie ?• Approche historique
– monnaie marchandise – Ensuite, monnaie métallique – Puis, monnaie fiduciaire (billets ; pièces = « monnaie
divisionnaire »)
– Monnaie scripturale: chèques, virements, cartes de paiement
• Aujourd’hui: pièces = 0.8%, billets = 12.7%, reste= monnaie scripturale (en % des moyens de paiement en circulation)
11. Formes et fonctions de la monnaie
Monnaie scripturale ≠ Monnaie banque centrale
Emplois RessourcesCA, BP,…
Agents ayant une Capacité de financement
Agents ayant un Besoin de
financement
12. Le processus de création monétaire par les banques de second rang
Les banques assurent deux fonctions :
1. Elles peuvent prêter à partir des ressources existantes (des dépôts des particuliers)
2. Elles peuvent prêter à partir de rien : ex nihilo
121. Le rôle des banques de second rang
Un exemple: M. X a besoin d’un crédit de 1000€ Actif Passif
LCL
Dépôts des clients (Y): 200€
Caisse: 200€
121. Le rôle des banques de second rang
2ème étape: M. X décide d’utiliser 500 de ses 1000€: différentes possibilités
Actif
Dépôts des clients (Y): 200€
Caisse: 200€
Dépôts du client X: 1000€
Créance sur X: 1000€
PassifLCL
121. Le rôle des banques de second rang
2ème étape (bis):• 2ème possibilité: X fait un
chèque à Z, client d’une autre banque (CA)
• « Fuite » du circuit bancaire de la LCL
• Différentes issues:1. Compensation
interbancaire:
2. Pas d’échange possible
Actif
Dépôts des clients (Y): 200€
Caisse: 200€ Dépôts du client X: 1000€
Créance sur X: 1000€
PassifLCL
122. Le refinancement des banques de second rang
La banque doit « se refinancer »
• La banque de Z n’acceptera pas un avoir à la banque LCL, elle souhaite disposer d’un avoir liquide = monnaie banque centrale
• Où ?– Marché monétaire
Marché monétaire
Marché interbancaire: BC + B 2nd Rg
Investisseurs institutionnels, Grosses entreprises
13. Les autres sources de la création monétaire
2ème source de création monétaire : les devises• Supposons qu’un exportateur français vende
des fromages au Japon– Il est payé en Yen (500Y)– Il doit convertir cette somme en € (200€): il
s’adresse à sa banque qui se retourne vers la banque centrale
– La France/Europe a une créance sur l’étranger
13. Les autres sources de création monétaire
3ème source de création monétaire : les facilités accordées à l’Etat
• L’Etat peut avoir deux types de besoins: – A court terme– A long terme
• Sur le plan financier, l’Etat agit par l’intermédiaire du Trésor Public et pouvait demander une avance à la Banque de France: seigneuriage
14. La Masse monétaire et ses contreparties
Quelle est la quantité de monnaie en circulation dans l’économie ?
• La Monnaie est un actif liquide– Elle a un pouvoir libératoire immédiat: toute
dette peut être éteinte instantanément grâce à la monnaie
• Mais, il existe différents degrés de liquidité: – Agrégats monétaires: classés du plus au moins
liquide
• Au-delà: « placement » (et non plus monnaie), agrégats P1/P2/P3
14. Les agrégats monétaires
« Agrégat large »:
« Agrégat étroit »
Conclusion de la section 1
• Monnaie exogène ou endogène ?
– « Jeu du chat et de la souris » entre les Banques de 2nd rang et la Banque Centrale: qui a l’initiative ?
– Monnaie exogène:
– Monnaie endogène:
Etape 2 Banque de
2nd rang
Etape 1 Banque Centrale
Etape 1 Banque de
2nd rang
Etape 2 Banque Centrale
Conclusion de la section 1
• Monnaie neutre ou non neutre ? – La monnaie n’est détenue que pour effectuer des
transactions. Elle est un simple « voile des échanges » :
– La monnaie peut être détenue pour elle-même: Keynes « préférence pour la liquidité »
• 3 motifs pour demander de la monnaie
• La monnaie n’est plus neutre: quel impact sur le système éco ?
212. Les causes de l’inflation
• Inflation tirée par la demande
• Inflation tirée par les coûts (offre)
• Inflation importée
• Combinaison de 1 et 2/3: “spirale prix-salaires”
212. Spirale prix - salaire
• Hypothèse: les salaires sont parfaitement indexés sur le taux d’inflation– Première étape: augmentation du niveau général des
prix (quelle qu’en soit l’origine) : – Deuxième étape: le pouvoir d’achat (mesuré par le
salaire réel) diminue– Troisième étape: les entreprises cherchent à maintenir
leur marge – Quatrième étape:
• Ici, jeu à somme nulle: • Solution: “casser” la boucle
213. Les coûts liés à l’inflation
• Est ce que l’inflation est vraiment un “jeu à somme nulle” ?
• Non !– L’inflation a un effet sur la distribution des
revenus.– Effet 1: Les individus qui ont des revenus fixes
sont pénalisés
213. Les coûts liés à l’inflation (suite)
– Effet 2: différencié selon que l’individu est emprunteur ou prêteur
– Le taux d’intérêt réel (approximativement taux d’intérêt – taux d’inflation) diminue en période d’inflation
– Vrai problème: anticipations d’inflation
213. Les coûts de l’inflation (suite et fin)
• Coûts de l’inflation NON anticipée: – Les agents ne connaissent
pas le taux d’inflation pendant la période courante
– Déformation des prix relatifs
– HAYEK: Mauvaise allocation des ressources
• Coûts de l’inflation anticipée:– Coût d’opportunité lié à la
détention de monnaie liquide
– Coûts administratifs:
– “Overnights bonds”
22. Monnaie, prix et inflation dans le système économique
La courbe de Phillips
22. La courbe de Phillips• Ingénieur, article en 1958• D’un point de vue statistique,
– relation inverse entre taux de chômage et croissance des salaires nominaux
• Et les prix ?– Il existe aussi une relation entre prix,
salaires et productivité [hypothèse]– Justification côté offre
Taux de chômage
Taux de croissance des salaires nominaux
Taux de croissance des
salaires=
Taux de croissance des
prix+
Taux de croissance de la productivité
A
B
22. La courbe de Phillips (2)• Si le taux de chômage
augmente,…
• Le boucle est bouclée !
YC
S…
P: niveau général des
prix
Ajustement via le marché du travail
Taux de chômage
22. La courbe de Phillips
• Conclusion: relation décroissante entre taux d’inflation et taux de chômage
A
0
22. La courbe de Phillips
• Retour à la réalité : tests empiriques
Quelques exceptions…
23. Les critiques de la courbe de Phillips
• 231 Critiques empiriques
231. Les critiques de la courbe de Phillips
• Lecture plus précise: dimension chronologique
Taux de chômage
Taux d’inflation
A
B
C
232. Comment expliquer ces changements ?
La courbe de Phillips aurait changé de nature dans les années 1970: pourquoi ?
232. Comment expliquer ces changements ?
Quelle conséquence ?• “Inflation importée”: choc d’offre négatif
• Réponse keynésienne
• 2ème explication : rôle des anticipations de prix: thèse monétariste de Friedman
232. Anticipations et Courbe de Phillips
• Problème central: les anticipations sont à terme auto-réalisatrices
– Conséquence : lorsque les agents anticipent un niveau d’inflation plus élevé, la courbe de Phillips se déplace vers la droite
232. Anticipations et Courbe de Phillips
– Etape 1: inflation non anticipée
– Etape 2
Taux de chômage
Taux d’inflation
A
B
C
232. L’analyse de Friedman• Problème central: les anticipations d’inflation
– Comment sont formulées ces anticipations ?
– Hypothèse d’anticipations adaptatives
• Complément: il existe un taux de chômage “naturel”– Les caractéristiques du marché du travail empêchent la
réalisation du “plein emploi”: chômage frictionnel + structurel
232. Anticipations et Courbe de Phillips
Taux de chômage
Taux d’inflation
A
B
C
NAIRU
232. L’analyse de Friedman• Réhabilitation de la théorie quantitative de la
monnaieMasse
monétaireNiveau général
des prix
Vitesse de circulation de la monnaie Transac.=x x
Quantité de monnaie nécessaire pour effectuer les
transactions
Quantité de monnaie disponible dans l’économie
• Politique économique
232. Après Friedman
• L’école néoclassique– “Radicalisation” des positions– Les anticipations ne sont plus
adaptatives mais rationnelles: les agents connaissent le bon modèle de l’économie
chômage
Taux d’inflation
232. Après Frieman…
• Prolongement par Thomas Sargent– la désinflation est nécessaire– Impose des “sacrifices” à court terme
232. Après Friedman…
• Nécessite des institutions et politiques crédibles
• Impact important sur les institutions et la pratique des politiques monétaires– Banque Centrale Européenne
Section 3
31. Le contexte
• 1991 Traité de Maastricht– Volêt monétaire: volonté d’aller vers une monnaie
unique– Calendrier: 3 étapes
• Avant 91
• Janvier 94
• Janvier 99
32. Le fonctionnement de la BCE
• 321. Les institutions de la BCE– Objectif: rassurer les pays à faible inflation (Allemagne) et
les marchés financiers sur l’inflation
– Des institutions pour remplir cet objectif
– SEBC = BCE + Banques centrales nationales
321. Les institutions de la BCE
• La Banque Centrale Européenne– Société:
– Transfert des réserves de change au siège (Francfort)
– 2 institutions• Directoire
• Conseil des gouverneurs
• Banques centrales nationales:
• Action sur les taux d’intérêt et la masse monétaire– Action par les quantités:
politiques d’open market: appels d’offres ponctuels ou réguliers
– Action par les taux (d’intérêt):• Facilité de dépot
• Facilité de prêt marginal
– Action sur les réserves obligatoires
322. Les instruments de la politique monétaire
Taux d’intérêt
Taux euribor (« taux moyen »)
Taux « refi » (3.25%)
Taux prêt marginal(4.25%)
• D’un point de vue général, l’efficacité de la politique monétaire est liée à ses canaux de transmission– Canal privilégié: canal du crédit
• Autres canaux:– Canal du change: – Canal de l’investissement
323. Les marges de manoeuvre de la politique monétaire
• Dans le contexte de la BCE, la politique monétaire est rendue plus complexe en raison de l’hétérogénéité des pays de la zone €– Hétérogénéité des conjonctures– Hétérogénéité des pratiques bancaires
• Exemple : quel impact d’une hausse des taux directeurs ?– France– Allemagne
323. Les marges de manoeuvre de la politique monétaire