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OPERATION «
I 7 Bel : 8,50 € - CH : 15,50 FS - Can : 12,95 S CAN - Esp : 8,20 € -Ita : 8,20 € - GR : 8,20 € - Afrique: 5300 CFA-
LE MAGAZINE DE L'AERONAUTIQUE MILITAIRE INTERNATIONALE
N° 300 - novembre 2003
Sommaire
L' Aviation navale outre-mer
D'un meridien a l'autre ... par Fn3deric Lert
Aeronautique navale
Les annees soixante:<iix aux antipodes par Alain Crosnier
Les Mousquetaires
de la mer Rouge
L'armee de I'Air a Djibouti par Eric Desplaces et Phlippe Roman
Dans la Corne de I' Afrique
Soixante-dix ans de presence aerienne franc;aise sur le
territoire de l'actuelle republique democratique
de Djibouti par Philippe Roman
Operation « Artemis »
Succes complet pour I'Union europeenne par Jean-Louis Prome
L'Alat en Algerie
De l'observation d'artillerie au transport d 'assaut
par Alain Crosnier
Mais aussi nos rubriques habituelles: Evenements, Simulation (Combat Flight
Simulator 3), Revue de presse et Analyse des nouveautes.
En couvertur" : Mirage 2000C et Mirage 20000 de J'EC 4/33 K Vexin " en patrouille au-dessus de la cöte djiboutienne, a proximite de Godoria (Photo Roman-Desp/aces/ Cockpit Photo).
En incrustation : quatre des cinq Fa/con 200 Gardian de la 25F, une flottil le basee en Polynesie francaise (Photo MT Cavallo). Un C·130 de J'armee de l'Air sur le terrain de Bunia, capitale de la province congolaise d'lturi (Photo C. Amboise/Sirpa air). Vertol H-21 C du GH 2, en manceuvre avec des elements de la 25' OP en Aigerie (Photo J. -J. Bouschon).
Realise sous I'impulsion du lieutenant-colonel Colas, actuel patron du 3/3, cet ouvrage de 95 pages est entierement consacre au groupe " Ardennes ", de sa creation a Rayack en 1943 jusqu'a ses missions recentes sur Mirage 2000D, sans oublier un rappel historique sur la SR 44, troisieme escadrille rattachee· a I'escadron depuis 1994.
Prix : 25 € + 4 € de frais de port
Commandes a adresser a : Monsieur I'officier des traditions, EC 3/3 « Ardennes », BA 133, BP 62, 54200 Toul Cedex
Nombreux autres objets de tradition disponibles sur le site de I'escadron : www.ec3-3ardennes.com
Alat et IHEDN a Mourmelon AI'instar des autres armes,
I'armee de Terre organise chaque annee un grand
show visant a presenter ses capacites aux auditeurs de I'IHEDN et des grandes ecoles et institutions militaires (Centre des hautes etudes de I'armement, Cours interarmees de defense, Ecole d'etat-major, etc) Supervisee par l'Etat-major de forces n° 3 de Marseille, celte demonstration dynamique, qui a eu lieu du 5 au 8 octobre derniers au camp de Mourmelon, a implique plus de .1 800 militaires. La composante aeromobile etait particulierement mise en valeur, avec plus de trente helicopteres mobilises pendant quinze jours, des
Evenements
re petitions a la presentation. Lea- ~ ;i~~i~~i~~~-~"'-""'~~--'--'::! der du detachement, le 3' RHC ~ Il! d'Etain, commande par le colonel Gammatico, etait renforce par des elements des 1" et 6' RHC respectivement bases a Phalsbourg et a Compiegne. L'Alat a ainsi pu demontrer toutes ses competences en matiere de transport d'assaut et de soutien logistique, du largage de groupes de commandos parachutistes (GCP) a la depose de fantassins en passant par la mise
en place de plots de ravitaille- >-r---------------!!I-----I'----.'---.., ment. Le ramassage par grappes m
tt' n'a pu EHre realise qu'au cours @
des entrainements, cet exercice ayant ete interdit a la suite d'un accident survenu entre-temps a Djibouti. Par ailleurs, des patrouilles de Gazelle Viviane, Hot, Mistral et canon ont pris part a un simulacre de combat haute intensite aux cates des chars Lee/ere. Leur vol tactique a tres basse alti-
>-m
~~---~ tude a fortement impressionne les spectateurs, y compris les autorites de I'armee de l'Air qui avaient ete invitees par le general Thomann , commandant la Force d'action terrestre. Sur le site statique, la 4' brigade aeromobile de Nancy avait deploye son nouveau poste de commandement articule autour d'un Cougar, de deux Puma radio et de tentes aerotransportables gonflables permeltant un
~ montage tres rapide de I'en~ semble. Plus d'un grand chef de
I'armee de Terre avait un regard envieux devant ce systeme qui pourrait bien, a I'avenir, etre utilise comme PC tactique par d'autres etats-majors de niveau superieur. Apres quelques annees difficiles, l'Alat a prouve qu 'elle avait conserve intact son savoir-faire, un constat rassurant a I'aube de la reception de ses nouveaux materiels - Tigre et NH90 - et a quelques mois de son cinquanti8me anniversaire. {>
R. Bily et F. Marsaly
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Plus des trois quarts des echanges mondiaux transitent aujourd'hui par la mer. Deux raisons bien simples a cela : d'une part, le faible coOt de transport maritime
et, d'autre part, la continuite des espaces oceaniques qui permet d'atteindre la plupart des territoires ou se deroulent les activites humaines. Pour I'ensemble de la planete, et notamment pour la France qui real ise environ 56 % de ses importations et pres de "40 % de ses exportations par bateau, la liberte et la securite des echanges maritimes revetent donc une importance primordiale. On retiendra ici un seul chiffre, a titre indicatif : I'organisation maritime internationale evalue a plus de 25 000 le nombre de pirates en action dans le monde, en particu-
En haut : quatre Fa/con 200 de la 25F en vol simultanement, un document exceptionnel ! Ces appareils
passent toute leu r vie operationnelle outre-mer.
Ci -contre : retour de mission sur le parking de Nimes-Garons pour cet equipage de Nord 262E. 11
est peu connu que ces avions participent a la surve illance des approches maritimes de la France
en naviguant loin en Mediterranee.
Page de droite : un Panther en finale sur une fregate furtive. Les approches sont directes de jour,
en se rapprochant du batiment par I'arriene.
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Ci-contre : au travai l ä bord d'un Atlantique. Le pilote est
en place gauche, le commandant d'aeronef a droite et le
mecanicien de bord au milieu, face aux comma ndes
moteurs.
En bas : la voilure ä grand allongement de I'Atlantique
procu re des ca racteri stiques de vol rema rquables qui se
traduisent par une tres grande autonomie doublee d'une
etonnante maniabilite.
En bas, a droite : des me ca niciens ä I'oeuvre sur une turbine Tyne d'ATL 2. Un moteur
exceptionnel qui allie puissance et fiabilite et permet
les evolutions loin des cates en toute confiance ...
lier du cöte de la mer de Chine. Espace economique, es pace strategique, la mer est aussi un champ d'action privileg ie pour les trafics illicites en tout genre. Avec son tres vaste territoire marin , le troisieme du globe, la France detient un enorme capital de ressources potentielles qu'il convient de preserver et de faire fructifier. Juste retour des choses, la possession de ces immenses espaces se traduit par des besoins en contröle et en surveillance qui reposent essentiellement sur les epaules de la Marine.
Nous n'aborderons pas directement dans cet article les moyens purement maritimes mis en ceuvre par la Marine, notamment le porte-avions dont la capacite operationnelle a largement ete evoquee dans ces colonnes, mais uniquement les moyens bases a terre et sur les navires specialises, qu'il
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s'agisse des detachements permanents ou occasionnels. Depuis plus de cinquante ans, la logique des deploiements outre-mer n'a pas change et l'Aviation navale realise toujours, grosso modo, 25 % de ses heures de vol hors de la metropole.
Atlantic et tique ... Des le debut de la 2e GM, les Latecoere,
Glenn Martin et autres Hudson de patrouille maritime ont commence a sillonner les cieux d'outre-mer. Apres-guerre , la defense de I'empire colonial a confirme celte presence et I'a renforcee. Lancaster, hydravions Sunderland, Catalina et Marlin sont alors mis a contribution avant que n'arrivent les premiers Neptune, auxquels succederont les Breguet ATL 1 Atlantic. Aujourd'hui , l'Aviation
navale ne dispose plus que de vingt-huit ATL 2 Atlantique, livres a la Marine entre 1989 et 1997, dont sept sont stockes pour des raisons financieres. Sept autres constitue nt un volant de fonctionnement, tandis que les quatorze appareils restants equipent les floltilles 21 F et 23F respectivement basees a Nimes-Garons et a Lann-Bihoue. Heritier direct de I'ATL 1, qui fit pendant trente-cinq ans le bonheur de la Patmar franr;:aise, I'ATL 2 met sa versatilite au service des nouvelles missions dictees par un environnement geostrategique tres mouva nt.
« La mission de projection est celle qui nous preoccupe /e plus aujourd'hui " explique-t-on Ei la 21 F. Ainsi, deux avions et trois equipages sont detaches en permanence depuis plus de deux ans Ei Djibouti dans le cadre de I'operation « Heracles " de lutte antiterroriste, et, en metropole, une machine est prete Ei etre deployee avec un preavis de seulement huit heures. Un autre appareil est base Ei demeure Ei Dakar, d'ou il assure le secours en mer au large des cates senegalaises. Gageons que ses capacites Elint etendues sont egalement mises Ei profit pour servir le renseignement franyais en Afrique de I'Ouest.
Si la cellule et la motorisation de l'At/antique ont peu evolue par rapport Ei son predecesseur, il en va tout autrement du
systeme d'armes et des moyens de navigation, de detection et de traitement des donnees qui ont ete considerablement modern ises pour faire face aux nouvelles menaces. « Dote d'une autonomie importante et d'equipements de communication et de navigation tres perfectionnes, /'ATL 2 est parfaitement adapte aux missions en milieu inhospita/ier, comme /a mer ou /e desert " , soulignent les equipages. Sept consoles de travail permettent aux specialistes - sous la supervision d'un CoTAC (coordinateur tactique) - de gerer simultanement I'ensemble des systemes de I'avion. Aces equipements de haute technicite s'ajoute le travail irremplayable realise par les observateurs qui disposent de bulles Ei I'avant et sur les cates afin de scruter la mer Ei I'oeil nu ou Ei la
Ci-contre : a 100 ft (30 m) au-dessus de la mer et 250 kts (450 km/h) au badin, I' Atlantique file sur sa proie ...
Au-dessous: ambiance studieuse dans la tranche tactique en cours de mission. A droite, le coordinateur tactique place devant son ecran orchestre le travail des autres operateurs.
Ci-dessous : les N 262E sont motorises par des Bastan VI qui entraTnent des helices tripales, a la difference des N 262 de I'armee de l'Air. C'est vieux, mais fiable ...
jumelle ... Illustration pratique de I'allonge exceptionnelle du biturbopropulseur, deux At/antique se so nt rendus en 2001 jusqu'en Nouvelle-Zelande dans le cadre d'un exercice.
Les 262E Surmar Pour les missions moins lointaines, mais
tout de meme eloignees des cates franyaises, la Marine peut egalement compter sur les Nord 262E dont I'emploi dans le rale de surveillance maritime est moins connu. Le « deux-six-deux " est un avion ancien dont le premier vol remonte Ei 1962. Equipe d'un radar de recherche , il a dünne naissance au Nord 262E qui est entre en service dans la Marine nationale au debut des annees 1980. Outre son radar, precisons Ei I'intention des puristes qu 'i l se distingue de son cousin en ligne dans I'armee de l'Air par la presence de turbines Bastan VI entrainant une helice tripale. Une douzaine d'exemplaires sont aujourd'hui rassembles au sein de la flottille 28F qui conduit sa double activite d'ecole et de surveillance maritime
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Ci-contre : le Nord 262E est equipe d'un radar ORS 32 qui lui permet de remplir son röle de surveillance au large des
cötes. 11 peut egalement conduire des miss ions
ESM simples.
Ci-dessous : ce Nord 262E de la 28F quitte le parking
de Nlmes-Garons. La faible autonomie de I'appareil est
compensee par le choix judi-cieux d'esca les dans d'autres
pays europeens, dans le cadre des missions Medor.
En bas : vol d'instruction a bord d'un N 262E. Au pre
mier plan, le poste de navigateur avec la tab le cartogra
phique. Au fond, un eleve au poste de radariste.
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~ (Surmar) au depart de la BAN de NTmes-~ Garons.
" Naus surveillons la Mediterranee de Malte a Gibraltar, confie un pilote. Le N 262 presente plusieurs qualiti9s, au premier rang des quelles tigure le cout de mise en ceuvre, sept tais interieur a celui d 'un avion comme le Breguet Atlantique qui, il est vrai, dispose d'une capacite d 'intervention tres superieure. " Ces missions en Mediterranee (jolime nt appelees Medor, pour Mediterranee orientale) ont pris un relief particulier apres I'echouage dans le midi de la France d'un bateau charge de plus d 'un millier de Kurdes. Un " remake " stupefiant du livre prophetique de Jean Raspail, Le camp des Saints, qui a souleve quelques questions sur la defense des approches maritimes de la France et que les pouvoirs publics souhaiteraient dorenavant eviter en pistant les navires suspects jusqu 'au fond de la Mediterranee ..
Du fait de I'autonomie relativement faible du Nord 262E, limitee a un peu plus de trois heures dans le meilleur des cas, les patrouilles sont amenagees de fac;:on particuliere, en prevoyant notamment des escales regulieres en Espagne ou en Italie. En vol de survei llance, le bimoteur embarque un equipage de six personnes: deux pilotes (dont un commandant d'aeronef qui est egalement chef de mission), un mecbo (mecanicien de bord) , un radio et deux " denae "
~ (detecteurs, navigateurs aeriens) , I'un orgat nisant la patrouille dans la zone d'evolution ~ choisie, I'autre etant charge de la mise en @ ceuvre du radar ORB 32 loge sous le fuse-
J
lage. A noter que le N 262 peut EHre equipe d'un appareillage ESM (mesures de renseignements eleetroniques) lui permettant de reperer et d'identifier les radars en fonetionnement alentour. « L'l3quipage est peu nombreux et fes systemes embarques assez basiques, mais /'ensemb/e forme un tout coherent pour fes missions de Surmar qui sont confiees a /'avion ", resume-t-on Ei la flottille 28F.
Partout dans le monde
Autres aeteurs importants de l'Aviation navale outre-mer, les Dassault Fa/con 50 de la flotti lle 24F basee Ei Lann-Bihoue. Leur al longe de plus de 6 000 km, leur motorisation seeurisante (trois moteurs) et leur vi tesse elevee les designent tout naturellement pour les missions lointaines, de la mer d'lrlande jusqu'Ei la Mediterranee orientale en partant de Franee, et meme jusque dans les DOM-TOM pour des interventions ponetuelles. En pratique, le trireacteur peut real iser un sauvetage Ei 2 000 km de sa base tout en restant plus d'une heure sur zone. Avec un equipage de trois Ei cinq hommes suivant les missions, il est donc parfaitement Ei me me de remplacer un Atlantique, notoirement surdimensionne pour les aetivites de service public. Les Fa/con 50 eompletent les ATL 2 dans de nombreuses missions (surveillance en Guyane lors des tirs d'Ariane, eontröle des approches maritimes et de la peche, action de l'Etat en mer, lutte contre la
Ci-contre : le Fa/con 50 etale sa puissance. Huit chalnes SAR peuvent iHre emportees dans
I'avion, le panachage de grands et petits modeles etant courant
Ci-dessous: c'est une evidence, I'experience de la maison Dassault en matiere de chasse urs transpa
ralt dans les lignes tres fluides des Fa/con. ..
pollution , etc) et peuvent etre deployes tres rapidement vers La Reunion.
L'avion est date du radar Thales Ocean Master 100 qui permet la detection d'un chalutier Ei pres de 90 km et celle d 'un radeau de survie Ei 30 km. Ce radar Ei agilite de frequence, ideal pour la surveillanee diserete de petites eibles, est eapable de suivre jusqu'Ei trente-deux pistes simultanement II est mis en oeuvre par le radariste qui fait egalement fonction de navigateur et s'occupe de la camera infrarouge Ch/io montee sur une tourelle retractable, Ei I'arriere du fuselage. Comme tous les autres apparei ls de Surmar, le Fa/con est genereuseme nt equipe en materiel de communieation , avec un systeme de liaison satellitaire Inmarsat cötoyant deux radios HF/BLU pour les communications Ei grande distance et deux postes VHF/UHF pour les echanges maritimes. Par ailleurs, un dispositif de goniometrie automatique (VHF et UHF) est
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cale sur les frequences de detresse afin de pouvoir rallier faci lement un bateau ou un avion en difficulte. Enfin , huit conteneurs 8AR (ensemble de survie integre dans un radeau gonflable capable de recueillir vingtcinq personnes) peuvent etre embarques et largues en vol via une trappe situee dans le plancher.
Les Gardian en Polynesie La France possMe dans I'ocean
Pacifique un domaine maritime gigantesque de pres de 6 mi llions de ki lometres carres , soit dix fois la superficie de I'Hexagone ! L'isolement relatif dO a I'eloignement im pose une presence permanente de l'Aviation navale. L'ATL 2 etant surdimensionne dans ce röle, la Marine s'est logiquement tournee vers des vecteurs plus petits, les Falcon 200 Gardian. Derives du Falcon 20 et fortement inspires du programme" Guardian" (qui a
don ne aux gardes-cötes americains un avion de survei llance made in France) , cinq bireacteurs de ce type sont aujourd'hui en service au sein de la 25F qui a repris dans le Pacifique sud les missions de la 98 et de la 128 dissoutes le 30 aoOt 2000. Trois sont bases en Polynesie fran9aise, qui abr.ite -aussi I'etat-major de la flotti lle, et les deux autres en Nouvel le-Caledonie. Une te ile repartition geographique ne va pas sans poser quelques problemes en matiere de maintenance. En fai!, I'entretien courant est effectue sur site par des personneis de I'uni-te tandis que les grandes visites, qui interviennent tous les deux ans, sont toutes realisees a Tahiti par un contractant civi llocal .
En reg le generale, le Gardian accuei lle un equipage de six personnes : pilote et chef de bord prennent place a I'avant, tandis que la cab ine est occupee par le mecbo, le radio et deux radaristes-navigateurs, le premier en charge du radar et le second de la
Ci -contre : un Fa/con 50 en vol au-dessus des Tles du Ghjnan.· Un paysage familier pou r les equipages de la 24F, mais qui peut rapidement laisser la place ä des theätres d'operations plus tropicaux.
Au-dessous : largage d'une chaTne SAR qui va se deployer automatiquement au contact de I'eau. La petite boule visible ä I'arriere du fuselage est le Flir escamotable qui olfre ä I'avion d'excellentes capacites de detection et d'identification.
Ci-dessous: les deux sabords du Fa/con 50 sont occupes en permanence par les observateurs. A bäbord est installe I'operateur largueur, tandis que la place droite revient ä I'operateur transmissions.
tab le de navigation . A noter que le medanicien de bord est responsable du largage des chaines 8AR, dont au moins deux exemplaires sont regu lierement embarquees. Une ouverture dans le plancher permet leur ejection en plein vol.
Peu nombreux, les equipages ont le delicat privi lege de faire face a un vaste eventai l de missions. A Tah iti, le protocole d'accord existant avec la DGAC (Direction generale de I'aviation civile) les conduit a assurer I'alerte 8AR sur I'ensemble de la superficie couverte par la Polynesie fran9aise. ,; La region est immense, de la taille de /'Europe,
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+
rappellent les pi lotes, et le Gardian est aux ~ limites de ses capacites quand il s'agit de i
::; patrouiller aux extremites de la zone impar- @ tie. " Les apparei ls participent egalement a la surveillance des approches maritimes, au transport des autorites et aux missions de service public. Toutefois, avec I'arrivee d'operateurs prives, la flottille effectue beaucoup moins d'evacuations sanitaires que par le passe, se recentrant davantage sur le secours en mer qui peut representer certaines annees jusqu'au tiers de I'activite des equipages bases a Tahiti . Depuis le debut
Ci-contre : les detachements outre-mer sont tres prises, c'est un euphemisme ... Ce Faleon 200 est
ici photographie sur un aeroport tahitien.
Ci-dessous: I'entretien courant des Gardian s'effectuant sur site par les marins, les appareils postes
outre-mer ne rentrent jamais en metropole.
En bas : evolution ä basse altitude pour ces deux avions de la 25F. Vo ler ä 100 ft au-dessus de la mer requiert une qua lification specia le des equipages.
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2001 , la 25F a realise une centaine de missions de ce type et secouru cent soixantehuit personnes.
Sur un plan militaire, le Gardian fai t preuve d 'une grande polyvalence, qu 'il s'ag isse de jouer les plastrons au profit des navires de passage ou de tenir une situation de surface : son radar a compression d'impulsion repere sans peine les gros bil.ti ments a 120/140 nautiques (250 km environ) . Pour I'identification visuelle ou la recherche en mer, il est dote de deux larges hublots - en avant de I'aile - derriere lesquels peuvent prendre place le mecbo et le radio qui font alors office d'observateurs.
Les missions des detachements sont a la fois proches et differentes. Par exemple, le secours maritime prime Ei Noumea, I'alerte SAR etant passee sous la responsabilite de
I'Australie et de la Nouvelle-Zelande. En Martinique, ou un appareil avait e18 detache jusqu'en mars 2003, une bonne part des vols etait consacree a la lutte contre le narcotrafic, avion et equipage etant aussi deployes en Guyane a chaque tir d'Ariane afin d'y survei ller la zone de retombee des elements de la fusee europeenne. Lors des operations de l'Onu au Timor oriental , un Gardian a egalement ete uti lise pour realiser de nombreux vols de liaison .
Helicopteres embarques Outre les avions bases a terre , la Royale
peut compter sur ses helicopteres embar-
ques. On citera ici les Lynx presents sur les fregates ASM et a meme d'interven ir au coup par coup outre-mer. Mais, aujourd'hui , ce röle est veritablement tenu par les AS 565 Panther de la 36F, la plus recente des unites de la Marine et qui a atteint son format definitif en 2002 avec dix-sept equipages et quinze machines en dotation.
Etablie depuis peu a Hyeres, la 36F si 1-lonne, en fa it, toutes les mers du globe grace aux detachements qu'elle fournit a treize batiments de guerre cinq fregates furtives type La Fayette, deux fregates antiaeriennes type Cassard et six fregates de surveillance type Floreal. Chaque detachement, qui comprend un helico et dix per-
sonnes tout au plus (mecaniciens inclus), est pleinement autonome a bord du navire qui I'accueille. « Pour toutes ces unites modernes qui /'emploient, le Panther n'est pas une piece rapportee posee sur un bout de pont d 'envol ." c'est un prolongement direct du bateau dans la troisieme dimension, explique le capitaine de fregate de Reviers , commandant la flottille. Notre vocation premiere etant la lutte antinavire, nous participons non seulement a /'ec/airage et a la sQrete de la flotte, mais egalement a /'acquisition et a la designation d 'objectifs. »
Pour remplir cette mission , I'AS 565 dispose de son radar ORB 32 et de I'ultime evolution du systeme de gestion tactique Titus, capable de transmettre une situation de tenue de surface a un autre aeronef ou a un navire. La fonction DOR (Designation d'objectif relais) autorise egalement I'equi-
Ci-dessus, ä gauche: au travail sur la console Tttus d'un Panther. La versatilite de I'helicoptE!re lui pe rmet de passer tres rapidement d'un röle guerrier (ici la tenue de situation de surface au profit d'un navire) ä des missions de service public.
Ci-dessus: les Lynx de lutte ASM ne sont pas postes outre-mer. Mais, les deploiements des navires sur lesquels ils sont embarques peuvent les conduire ä intervenir tres loin de la metropole.
Ci-contre : image classique d'un Panther en mission de surveillance, contrö lant un navire marchand. L:h eli co peut etre arme tout au plus d'une arme automatique en sabord, mais il saurait, le cas echeant, mettre ä profit la puissance de feu de son navire d'accueil. ..
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page a designer, par transmission de don- ~ nees cryptees, une cible au profit des MM40 .~ Exocet de son bateau porteur. ~
Mais le Panther sait aussi rentrer ses 8)
griffes. En moins de trente minutes, la console Titus peut etre demontee et remplacee par une classique banquette plus adaptee au transport ou aux evacuations sanitaires. " Notre r61e secondaire etant le secours en mer, nous sommes toujours susceptibles d'etre detournes vers un sauvetage en cours de mission, expliquent les pilotes de la 36F. C'est pour cette raison que les Mlicopteres sont en permanence equipes de leur treuil. Par ailleurs, le Panther offre d'excellentes qualites de vol, notamment un taux de roulis digne d 'un chasseur, et dispose d'une tres bonne voilure qui le rend particulierement confortable et peu sujet aux vibrations. "
Dans un cadre plus tactique, les AS 565 peuvent assurer la police maritime, comme cela a ete le cas pendant I'operation
" Heracles " ou ils detectaient les navires au radar avant de proceder a leur contr61e visuel . Le Panther peut embarquer jusqu'a cinq commandos venant s'ajouter a I'equipage habituel compose de deux pilotes et d'un troisieme homme en charge soit du treuil (chef cargo) soit de la console Titus (tacticien, alias operateur lutte antinavire). " Le Panther est un M/icoptere avec lequel nous avons realise quantite de missions tres variees au gre des embarquements, resume-t-on a Hyeres, de la lutte contre le narcotrafic dans les Caraibes jusqu 'a la police des peches aux Kerguelen, en passant par
~ /'evacuation de ressortissants dans le golfe .§' de Guinee ou au Timor. "
En haut: autre image de la versatilite du Panther, qui est
ici utilise dans une mission de ravitaillement avec le trans
port de charges sous elingue.
Ci-dessus : largage de commandos a partir de
deux Panther, a une hauteur mesuree a I'aide d'une radiosonde : ni trap haut pour que cela reste acceptable par les
plongeurs, ni trop bas pour que les pilotes ne soient pas
genes par les embruns.
Ci-contre : pilotes et plongeur posent avec leur
materiel d'intervention. Pour illustrer la mission guerriere
de I'helicoptere, les pilotes ont revetu leurs gilets pare-eclats
et exhibent la mitrailleuse de 7,62 mm qui peut etre
montee en sabord.
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~ Avec relativement peu de moyens, <i. 8) l'Aviation navale parvient donc a remplir
avec succes ses missions aux quatre coins du monde. S'il n'est malheureusement pas dans les plans actuels de renforcer ses capacites, sans doute pourra-t-on assister a des adaptations du dispositif dans les mois a venir. Et notamment, peut-etre, a la mise en place d'un detachement permanent a La
. Reunion. La question se pose moins pour les Antilles, qui restent quand meme Ei portee de fusil de l'Europe. La Marine est aujourd'hui la seule Ei pouvoir intervenir en haute mer et I'on n'imagine pas la France renoncer Ei cette capacite , d'autant que I'ensemble des territoires et departements d'outre-mer so nt eux-memes tres demandeurs de la presence des aeronefs porteurs de la cocarde Ei hame<;:on. 0
FJ°ederic LERT
Ci-contre : trois Mirage 2000C ROI en patrouille au-dessus des rives de la mer Rouge, I'un des points geostrategiques les plus chauds du globe. A gauche, en bas : « assis » sur le moteur, becs sortis, ce Mirage 20000 en configuration lourde bibidon et POLCT double a 150 nceuds le Fennec de I'ETOM 88 a bord duquel a pris place le photographe d'Air Fan. A I'arriere-plan, le galle de Tadjoura. En bas : emmenee par le Lcl Montaigu, actuel patron du « Vexin », cette patrouille mixte illustre le nouveau dispositil chasse mis en place a I'escadron. Mirage 2000C et 20000 ont succede aux Mirage F1 C.
S ur le parking de I'aeroport d'Ambouli , bien qu'il ne soit que 6 h 55 locales, la chaleur est deja etouffante. Avec 35°C et pres de 98 % d'humidite, le climat djiboutien est particulierement eprou
vant pour l'Europeen peu habitue a un tel taux d 'hygrometrie. Mais a I'EC 4/33 " Vexin ", les mecaniciens, dont certains en sont a leur seconde annee d'affectation, savent se " hater lentement " autour des Mirage. Chaque appareil est stationne sous une hangarette betonnee ou une astroarche offrant une protection minimale contre le soleil et la poussiere, omnipresents sur ce territoire de la Corne de l'Afrique. Quelques instants encore et le mugissement des reacteurs M53-P2 dechire I'air. Alors que la premiere patrou ille du jour, deux 2000C en configuration 6F (canons armes, bidon ventral supersonique de 1 300 I et missile Magie d'exercice), emprunte le taxiway, un C-135FR
s'elance sur la piste 09/27 Venu convoyer une releve de deux 2000C affectes a I'escadron , ce tanker a ete mis a la disposition des pilotes de Djibouti pendant deux jours afin qu 'ils puissent s'entra7ner au ravitaillement en vol.
Alignes en 09, les deux chasseurs decollent a dix secondes d 'intervalle, puis rassemblent en formation de manceuvre offensive (FMO) a 100 m, avant d'emerger au-dessus de la brume seche tout en contournant la ville de Djibouti par I'es!, verticale la mer et les premiers 710ts coralliens. Montee a 400 nceuds, sous controle radar franyais, afin de rejoindre le C-135 orbitant a 15000 pieds plus au nord , sur le trait de cote au niveau de Godoria. Apres avoir chacun realise deux contacts et pris 1,5 t de petrole, les pilotes redescendent a 5 000 pieds, cap au nord, pour effectuer une mission de surveillance face au Yemen et a l'Erythree - portant jusqu 'a 70 nautiques, le radar RDI offre une
\ ... . 1 I I
o
Ci-contre : emergeant dans le ~ soleil implacable de Ojibouti, ~;o:
ce 2000C quitte son astroarche pour une mission d'entralne- ~~
ment standard, soit une '" heure de val en .moyenne. ~
Ci-dessous : comme la plupart des chasseurs bases a Ambouli, ce 20000 beneticie d'un stationnement sous abri permettant de
proteger ses parties sensibles du soleiI, notamment I'electro
nique, mais aussi de faire bais-ser la temperature en cabine, au grand bonheur des equipages",
En bas : pilote issu du 2/3 « Champagne » de Nancy,
le capitaine Benassis entame sa sec'onde annee a Ojibouti
en tant que chef des operations de I'EC 4/33.
26 AIR FAN
~ ~ 0:
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detection notablement plus importante que le eyrano IV du F1 C, et I'interrogateur IFF permet de lever le doute rapidement en cas de rencontres. Puis, longeant I'impressionnant mont Moussa'Ali , volcan qui culmine a plus de 2 000 m, il s se preparent a intercepter une autre patrouille composee d'un 20000 et d'un 2000C en mission d'assaut basse altitude a 500 pieds dans le relief tourmente des hauts plateaux desertiques de I'ouest djiboutien. C'est le 20000 qui navigue en tete, suivi en colon ne par le monoplace de defense aerienne. Une derniere ligne de crete franchie trois quarts dos et les deux avions basculent dans le" toboggan " , longue val lee encaissee au cap 160°
~ et qui debouche sur le mythique lac Assal :;0:0. (150 m sous le niveau de la mer, une eau
d'un vert presque phosphorescent et d'im-'-' ~ menses etendues de sei d'un blanc in-~ tense) , puis filent vers la grande barriere ~ rocheuse de la rive sud derriere laquelle se ~ trouve leur objectif. L'attaque a lieu en cabre
~-=~IIioIi""::I @ aux alentours de 5 000 pieds avec largage simule d'une bombe lisse en pique a 30°. C'est sur le trajet retour qu'ils se font cueil lir par les 2000C. Grace au detecteur Serval, ils reussissent neanmoins a eviter le tir d'un Super 5300 en realisant une evasive brutale de presque 90° Mais les intercepteurs, les poursuivant a vue, parviennent a placer un tir Magie 2 a la distance maximale avant de devoir mettre le cap sur I'aeroport, au petroie minimum. Au total , la sortie aura dure pres de 1 h 20 mn pour chacune des deux patroui lles. Vers 10 h 00, les avions redecolleront pour realiser des tirs canon air-sol reels sur le champ de tir de Godoria
Sur la base aerienne 188, le travai l commence t6t, a 6 h 15. Et, ici, point besoin de reveil ! Avec I'appel a la priere diffuse par les mosquees avoisinantes et la reprise des nombreux chantiers de construction, tout le personnel est debout des 5 h 00. En dehors du vendredi, ferie pour les musulmans, les mi litaires pratiquent la journee continue jus-
qu'a 13 h 15. Ensuite, c'est la sieste obl igatoire, car, le soir, la cha- ~
leur est teile qu'il est impossible de dormir avant minuit. Ancien Territoire fran<;:ais des Afars et des Issas devenu indepen
dant le 27 juin 1977, la republique democratique de Ojibouti couvre 23000 km2 (soit la moitie de la superficie de la Suisse) et compte 600000 habitants. Bordee par l'Erythree, l'Ethiopie et la Somalie, et faisant face au Yemen , elle est une des plus importantes places strategiques de la planete. Oe par sa situation au cceur du detroit de Bab el-Mandeb (debouche sud de la mer Rouge) , elle voit passer un tiers du trafic mondial d'hydrocarbures. Par ailleurs, son port parfaitement securise, qui plus est le seul en eau profonde de la region , est devenu le poumon de l'Ethiopie depuis que cet immense pays a perdu ses acces a la mer lors de la proclamation de I'independance de l'Erythree en 1993. Malgre cela, elle reste un Etat particulierement pauvre dont la population d'origine nomade se concentre majoritairement dans la capitale.
Point d'appui fran<;:ais historique pour contrer I'influence sovietique dans I'ocean Indien, Ojibouti se retrouve aujourd'hu i au centre de la lulle mondiale contre le terrorisme. Oepuis avril 2002, les Americains s'y sont en effet installes, implantant leur base -Ie camp Lemonier - juste au sud de la piste de I'aeroport d'Amboul i. Outre I'etat-major interarmees pour les operations dans la Corne de l'Afrique (CJTF-HOA), ce camp accuei lle plus de mille deux cents GI ainsi que des elements des forces speciales et des detachements de Marines venus s'entrainer en ambiance desertique.
Les FFDJ et la BA 188 Actuel lement commandees par le general Pons, officier de I'ar
mee de l'Air, les FFDJ (Forces fran<;:a ises de Ojibouti) comptent deux mille neuf cents militaires, soit le plus gros contingent fran<;:ais deploye dans le monde. A proximite du detachement aerien, I'armee de Terre aligne deux unites majeures, la 13e demi-brigade de la Legion etrangere et le 5e reg iment interarmes d'outre-mer. Ouant a la Marine, etablie dans la presqu'lle du Heron , elle beneficie d'infrastructures portuaires importantes et dispose de navires de debarquement ainsi que du commando marine" Arta ".
Aux missions traditionnelles de protection des approches maritimes et aeriennes du territoire s'ajoutent celles de securisation aux
Ci-dessus : compte tenu de la chaleur qui devient vite insupportable durant les mois d'ete, pilote et mecanicien apprennent ä se häter lentement lors du tour avion ...
Ci -c ontre : les avions de defense aerienne evoluent generalement avec tous leurs pyl6nes lance-missiles montes, un Magie 2 d' exercice et un bidon ventral de 1 300 I.
AIR FAN 27
I Ci-contre : I'un des trois ~~
Mirage 20000 du 4/33, au rou- '" lage en configuration de com- ~ bat aerien, A I'arriere-plan, le ~
camp americain Lemonier. ~
Au-dessous: la Marine nationale maintient un deta
chement permanent d'Atlantique a Ojibouti, principale
ment dans le cadre de la lutte contre le terrorisme en appui de la Task Force 150.
Ci-dessous: passage de relais dans le ciel djiboutien,
Oeux Mirage 2000C operationnels depuis deja deux ans au
« Vexin » accueillent un avion ·encore aux couleurs de
I'EC 2/12.
32 AIR FAN
0:
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Irontieres terrestres - en collaboration avec I'armee djiboutienne -pour controler les afflux de relugies pousses hors de leurs pays par la lamine et les conllits ethniques, comme c'est notamment le cas en Somalie.
La BA 188 dispose de tout le personnel d'une base aerienne normale. Organisee en plate-Iorme de soutien a vocation interarmees, elle abrite aussi I'etat-major des FFDJ ainsi qu'une importante escale de transit air. Le colonel Charaix, pilote de chasse et patron de la BA depuis I'ete 2002, insiste sur le role londamental que joue le site d'Ambouli au sein des FFDJ' . D'autant que I'aeroport presente une solide capacite d'accueil de renlorts, qu'il s'agisse de gros porteurs militaires ou d'avions de combat. C'est ainsi qu 'i l rer;:oit regulierement la visite de trois ou quatre chasseurs et d'un C-135FR, voire d'appareils embarques sur le porte-avions Charles-de-Gaulle lorsque celui-ci opere dans la zone.
Outre I'ETOM 88 (escadron de transport outre-mer) et le 4/33, la base heberge deux detachements de patrouille maritime, I'un de l'Aviation navale avec un ATL 2 (present, en lait, depuis de nombreuses annees a Djibouti) , I'autre de l'Ejerc ito dei Aire espagnol
~ avec un P-3C Orion. Engages dans I'operation " Liberte imI muable", ces avions epaulent les Atlantic de la marine allemande ~~ deployes a Mombasa (Kenya). Tous participent au controle du tralic '" maritime en appui de la Task Force navale 150. Pour le detache-]-~ ~ 0:
<9
1. Oepuis 1990, fes FFOJ disposent aussi d'une piste de secours construite par fa France a Chabelley, a quefques kifometres au sud-ouest d 'Amboufi, qui feur est reservee.
ment franc;:ais, cela represente une mission C 160, avec un moniteur. Une opportunite de patrouille tous les trois jours. rare appreciee autant par le Lcl Rigaut que
Dotee d'une piste balisee de 3 150 m, par son adjoint Au total, I'unite compte qu'elle partage avec I'aeroport civil, I'avia- quatre pilotes, deux navigateurs et trois me-tion militaire djiboutienne et les aviateurs caniciens navigants (mecnav) pour le sec-americains, la BA 188 a subi de nombreux teur C 160, et six pilotes (tous titulaires de la travaux ces dernieres annees. Les parkings double qualification Puma et Fennec) , cinq ont ete agrandis et, aux deux hangarettes mecnav et cinq plongeurs sauveteurs pour d'alerte betonnees, se sont ajoutees huit le secteur helicos. astroarches. En attendant la construction L'escadron realise deux types de mis-d'un nouveau hangar technique, un pole de sion: soutien et aerotransport des forces maintenance temporaire Mirage a ete instal- stationnees dans le pays d'une part, et SAR le avec des ateliers dans des Aigeco clima- sur I'ensemble du territoire (y compris en tises, deux hangarettes en dur et deux abris mer) d'autre part Outre les eventuel les eva-soupies pour avion , Oll sont realises les cuations de ressortissants et les Evasan, le visites d'entretien. Quant a I'ancien hangar, il Transall sert principalement au transport permet toujours d'accuei llir deux aeronefs, logistique intratheatre, mais aussi vers les bien qu'il ne soit plus de toute premiere jeu- Etats voisins. " En cas de crise, nous nesse. Contrairement aux F1C, leurs prede- sommes en mesure de projeter des 13/13-cesseurs, les Mirage 2000 ne restent plus ments d'intervention sur diverses regions du
territoire grace ades pistes sommaires, ou de parachuter troupes et materiel en attendant /'arrivee d'autres avions-cargos tactiques en provenance de France ", explique-t-on a I'escadron. Les zones a couvrir etant a moins de 100 nautiques (185 km) d'Ambouli , les deux Puma du " Larzac " sont aussi parfaitement a m§me d'executer une partie de ces missions. Identifiables a leurs ballonnets de train plus hauts, les machines de I'armee de l'Air emportent 2 250 I de carburant en interne, leur conferant un rayon d'action de 350 km contre 150 km pour celles de I'armee de Terre.
Toutefois, le role principal de I'ETOM 88 reste le SAR, qu 'il assure de jour comme de nuit pour le compte des avions de combat et de I'OACI, ainsi que le secours en mer (Samar) qu'il partage avec le detachement Alat L'un des deux Puma est maintenu en
en plein s~eil I ~te, m§me s'ils supportent 0 ~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~ plutot bien le climat local. ~
I Helices et rotors ~ t:::::;;:;:;:::;;;;;;IiII.
Comme c'est souvent le cas outre-mer, I I'ETOM 88 " Larzac " met en ceuvre des ~ aeronefs a voilure fixe et a voilure tournante. Longtemps equipe de Nord 2501 Norat/as, il evolue depuis 1983 sur C 160, tandis que les Alouette III ont cede la place a deux Puma et a un Fennec. Cette dotation mixte entraine une structure d'encadrement specifique : le commandant d'escadron est generalement pilote de Transall et son adjoint pilote d'helicoptere. Tous deux possMent en plus la qualification " echo " leur permettant de voler en mission simple respectivement en place droite du Fennec et du
Ci-contre : ce Puma SAR de I'ETOM 88 a re~u d'imposants filtres a sable, imperatifs pour realiser
des vols stationnaires en zone desertique.
Ci-dessous : pose sur un piton de roche vo lcanique, ce Fennec vient de debarquer I'officier de tir sur le
champ de tir de Godoria.
~ er: ©
alerte en permanence, a 1 h lors de I'activite chasse et a 3 h en heu res non ouvrables. Equipes d'un coupleur de pilote automatique pour le vol stationnaire de nuit audessus de la mer jusqu'a 100 pieds (30 m) et du systeme de localisation des bal ises de detresse, ces helicos peuvent accueill ir quatorze passagers ou six blesses couches. En mission SAR, I'equipage se compose des deux pilotes, d'un mecnav res-' ponsable du treuil et d'un plongeur (amicalement surnomme le " plouf " au sein du personnei). Les pilotes volent parfois avec des jumelles de vision nocturne, un equipement qui peut faciliter I'acquisition visuelle d'un bateau ou d'un naufrage en mer, mais egalement autoriser un poser terrestre sans balisage lumineux au plus pres d'un rescape. Si necessaire , jusqu'a quatre reservoirs
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Ci-contre : vue partie lle de la BA 188, prise a tra vers le cockpit d'un Mirage parque sous I'un des
abris equipant desormais la base d'Ambouli.
Au-dessous : tout n'est pas desertique a Djibouti, comme le prouve cette mangrove survolee a
basse altitude par un Mirage 2000C RDI.
Ci-dessous: herite de I'ERC IV/561, le « Mousquetaire noir » de la deuxieme escadri lle a ete peint sur les derives, sous la bande tigree rap
pelant I'origine cambresienne des intercepteurs.
supplementaires peuvent etre instal les en cabine, une conliguration limitant d'autant les places disponibles. ~
Dote lui aussi d'un treuil , le Fennee est jo cependant plutot reserve aux vols de liaison ~
u ainsi qu'a la mission de ratissage. Les FFDJ 1 disposant de trois champs de tir (sol-sol, air- ~
sol ou mer-sol), cet helico - parfois rempla- '% ce par une Gazelle de l'Alat - a pour tache ~ d'eloigner les eventuels nomades presents @ _____ ....... __ -...:;~ __ ~ ..... _ ..... ~;;;;;.J ......... ... oIJJI!., ..... 'W;SO~ ..... ~~_ ........................ _---"...I
sur les zones. C'est aussi lui qui, lors des tirs Mirage, depose I'officier charge d'autoriser I'ouverture du leu et d'annoncer les resultats.
Chaque annee, I'ETOM 88 effectue 800 h de vol en moyenne, soit 400 h sur Transall, 250 h sur Puma et 150 h sur Fennee.
Mirage sur Tadjoura Heritier des traditions des ERC 111 /561 et
ERC IV/561, I'EC 4/33 " Vexin " est completement operationnel sur Mirage 2000 depuis I'ete 2002. Le deploiement des deltas dans la Corne de l'Afrique s'est deroule en trois temps : arrivee de cinq 2000C RDI au cours de I'ete 2001 , remplacement des quatre derniers F1 C devolus a la reconnaissance
2. Oe juilfet 1998 a mars 2001, /'operation « Khor Angar " s 'etait traduite par une augmentation des regimes d 'alerte pour les Mirage F1C et par un renforcement de la presence navale ainsi que des moyens de detection et äe defense sol-air
par trois 20000 en juillet 2002, et, enfin, mise en place de deux 2000C supplementaires au mois de septembre 2003. Avec ses dix chasseurs , I'escadron est aujourd 'hui notablement plus performant. II faut dire que, depuis le retrait du service du missile Super 530F, les F1 C ne disposaient plus que de la capacite Magie 2 en combat aerien, se retrouvant un peu demunis face aux intercepteurs voisins du Yemen (MiG-29 et F-5E), de l'Ethiopie (MiG-23 et Su-27) et de l'Erythree (MiG-29) D'autant plus que, a I'epoque, le conflit entre ces deux derniers pays faisait peser le risque d'un raid aerien erythreen sur la vi lle de Djibouti2
.
Le role principal des chasseurs franyais est de garantir la securite de I'espace aerien djiboutien en protegeant tout particulierement le port et I'aerodrome. Les 2000C (au standard S52C, le plus performant) sont a meme de realiser tout I'eventail des missions de defense aerienne, de la police du ciel a I'escorte d'un dispositif de transport
tactique ou d'hel icopteres en passant par la couverture de zone (CAP).
Depourvus de reelle aptitude a la reconnaissance photographique (mais dotes quand meme d'une capacite de detection), , les 20000 ont, en revanche, propulse le " Vexin " dans I'ere du bombardement de nuit et de la frappe laser de precision. La recherche et la neutralisation d'un navire n'ont plus qu'un lointain rapport avec ce qui se pratiquait du temps des F1C. La nacelle Atlis (de jour) ou le PDLCT permettent d 'observer de loin et amenent confort et securite lorsqu'il s'agit de surveiller des zones sensibles comme les 71es Amish , au nord de la republique de Djibouti , qui font I'objet d'un accord de demilitarisation international. Toutefois , I'EC 4/33 a conserve son laboratoire photo argentique et peut donc traiter les films rapportes par I'ATL 2, mais aussi ceux des Mirage IV en cas de deploiement temporaire de ces vecteurs. Les 2000 etant ravitaillables en vol , les projections rapides
AIR FAN 35
Ci-dessus : en virage sur la cote cora llienne, le capitaine
« Marly » Lim ar nous presente la decoration de son
appareil arborant desormais les codes et I'insigne
de I'EC 4/33.
Ci-contre : deux equipages de Nancy so nt en renfort
tournant a Djibouti, ce qui leur permet de profiter d'un
terrain d'entralnement hors du commun.
sont desormais possibles autour de Ojibouti, voire plus loin pour assurer notamment la couverture aerienne de La Reun ion, une mission secondaire de I'escadron qui s'y rend generalement une fois par an lors de I'exercice " Geranium ".
Mousquetaires polyvalents Cote personnel navigant, le 4/33 compte sept pilotes et un navi
gateur affectes pour deux ou trois ans, cet effectif etant complete par des renforts tournant tous les deux mois, generalement trois pilotes de 2000C (Cambrai ou Orange) et deux equipages de 20000 (Nancy) . Seuls le patron de I'escadron, le chef des operations et le commandant d'escadri lle volent sur les deux types d'avion.
L'entrainement des pilotes est oriente vers la recherche d'une polyvalence elargie. Ainsi , les chasseurs purs consacrent 30 % de leurs missions a I'assaut (Ieur role secondaire) tand is que les equipages de 20000 effectuent un tiers de leurs vols en defense aerienne. Chacun dispose d'une importante allocation annuelle de munitions, soit, pour I'air-sol, vingt bombes lisses F4 inertes, deux Mk.82 bonnes de guerre et la quantite d'obus d'exercice neces-
36 AIR FAN
Golft··""", ocLiN INDIEN
sai re a douze passes de tir canon (d ix-huit pour I'air-air) En mai 2003, I'escadron a ainsi realise une campagne de tir autonome sur cible electro-acoustique TAC 100 tractee par un Mirage 2000C au-dessus de la zone de ti r en mer, a I'est de I'aeroport. Pour I'airsol (canon et bombes), les aviateurs fran<;:ais utilisent le champ de tir de Oamerjog, juste au sud de la piste (en bord de mer) ainsi que celui de Godoria, au nord, tres caracteristique avec son axe de tir entre deux pitons rocheux et cinq vieux chars en guise de cibles . Le dernier champ de ti r, Marian Koron, est situe a I'ouest de la ville, dans une zone de desert caillouteux. II ne sert que pour les exercices d'appui feu au profit des forces terrestres. C'est la qu 'un Mirage 20000 s'est ecrase au printemps dernier, lors d'une mission de nuit. Cet accident a durement frappe le 4/33 qui a perdu son navigateur affecte et un pilote en renfort de I'EC 1/3" Navarre »
Entrainement exceptionnel Ojibouti offre aux pilotes et navigateurs
fran<;:ais un eventai l de missions remarquable. Le trafic civil etant limite , I'espace aerien est pratiquement libre et ils peuvent y evo luer en changeant rapidement de tranche d'altitude, jusque tres bas dans un relief varie parfaitement adapte au vol tactique, sans lignes a haute tension ni trop grosses concentrations d'oiseaux, du moins si I'on evite les zones des lacs et les mangroves. Outre les missions de defense aerienne ou d'assaut, ils pratiquent regul iereme nt I'appui aerien avec guidage depuis le sol ou un Atlantique en vol, la reconnais-
En haut : lance a pleine charge postcombustion, ce 2000C s'arrache sans difficulte de la piste
d'Ambouli.
Ci -contre : photographie devant la porte des locaux de I'escadron, le personnel navigant du
« Vexi n » present lors du reportage d'Air Fan, avec les deux equipages en renfort de Nancy.
sance tactique, I'attaque de bateaux et meme la penetration en suivi de terrain (sur 20000). Des corr~dors ont ete traces a cet effet, qui evitent les quelques villages ou regroupements nomades, mais leur emploi de nuit acependant du etre suspendu, car le risque etait grand de croiser des helicopteres des forces speciales americaines en vol d'entra'lnement tous feux eteints et non
mentionnes dans le planning d'activite. Culte du secret oblige !
La presence a la fois d'intercepteurs et de bombard iers tactiques permet de mixer les cultures et de faire travailler tout le monde ensemble. A I'occasion, les pilotes du 4/33 " Vexin » se frottent a d'autres adversaires de passage, chasseurs embarques a bord des porte-avions de I'US Navy en transit dans la mer Rouge ou AV-8B des Marines
~ deployes sur des batiments porte-helicop- teres. Tous attendent avec impatience le t retour du PAN Charles-de-Gaulle pour se l mesurer aux Rafale et aux Super Etendard. ~ Les pilotes ne volent pas plus qu'en ~ France, soit 180 heures par an , mais la qua~ lite des missions et une remuneration majo@ ree compensent largement les conditions
de vie difficiles et font de Oj ibouti une affectation exotique recherchee. O'autant que survoler les paysages extraordinaires qu'offre le pays, avec des lieux mythiques comme le golfe de Tadjoura, les 'Ilots coralliens des Sept Freres, la passe du Ghoubet, le desert du grand Barra ou les lacs Assal et Abbe, est un privilege que I'on savoure a chaque instant. 0
Eric DESPLACES et Philippe ROMAN
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Pour la premiere fois de son existence, I'Union europeenne a conduit cet ete une intervention militaire en totale autonomie. Qui plus est en Ituri, un district de la republique democratique du Congo, c'est-a-dire bien loin de ses frontieres naturelles. Une intervention qui a exige la projection a 6 500 km d'une force terrestre dotee de blindes et de nombreux vehicules. « Artemis »,
puisque tel est le nom de code attribue a cette operation europeenne, a donc vu la mise en place de ponts aeriens, mais aussi de moyens aeriens de combat importants. Son succes doit cependant beaucoup a la France, nation-cadre, qui a fourni le plus gros des forces et moyens de commandement. A I'heure ou Washington s'enferre dans I'apres-guerre en Irak, « Artemis »
a demontre le savoir-faire europeen en matiere de retablissement et de maintien de la paix. Des competences durement acquises dans les annees 1990 en ex-Yougoslavie. 38 AIR FAN
" J.:~ ~ ,;;,;--." ~ .. '
I
-
A erodrome de Bunia, capitale de la province congolaise d'lturi, EI I'aube du 6 juin 2003. Dans le lointain, un C-130H-30 se presente en approche sous
un fort angle de 10°, volets sortis en grand. 11 descend depuis le niveau 180 EI raison de 1 000 pieds par nautique, donnant veritablement le sentiment de vouloir pionger droit vers le sol. C'est assez impressionnant pour les passagers. Mais il s'agit d'eviter une
A gauche, en haut: I'armee de l'Air a montre une nouvelle fois, dans le cadre d'« Artemis », sa capacite a projeter rapidement a de grandes distances un module operationnel de Mirage 20000 ; des appareils quasi immediatement disponibles pour participer a d'eventuelles missions de combat
En haut: ce F1 CR base a Entebbe se rapprache de la nacelle qu'un Transall ravitailleur laisse trainer derriere lui. Evoluant le lang de la frontiere separant l'lturi congolaise de l'Ouganda, le C 160, lui-meme base a Entebbe, apportait aux F1 la capacite arester plus longtemps sur zone en cas de necessite operationnelle.
Ci-contre: c'est un C-130 de I'armee de l'Air qui a effectue le premier atterrissage europeen a Bunia.
longue approche au cours de laquelle I'appareil pourrait etre vulnerable EI d'eventuels tirs venant du sol. L'equipage est coutumier de ces conditions d'emploi non optimales. En effet, I'avion, qui porte les cocardes franr;:aises, vole dans le cadre de la DOS (Division des operations special es de I'armee de l'Air) au profit du COS, le commandement franr;:ais des operations speciales.
Le COS ouvre la porte Le C-130 touche enfin la petite piste de
1 800 m de long sur 30 de large, EI peine assez longue pour permettre une« acceleration-arret " au decollage. A I'evidence, ainsi que I'avaient indique au prealable le colonel franr;:ais Daniel Vollot (commandant le detachement de Casques bleus uruguayens en place EI Bunia) et la petite equipe de neuf militaires envoyee en reconnaissance des le 20 mai, le revetement asphalte n'est pas parfait. 11 est meme tres mince et en mauvais etat. Le pilote sent les plis du goudron au travers des vibrations du manche. 11 s'en inquiete aupres du copilote, craignant pour I'integrite des pneus. Les helices tour-
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nant maintenant en pas inverse ralentissent tres fortement I'avion qui s'arrete enfin. La rampe arriere s'abaisse et des soldats tout en armes et revetus de gilets pare-balles bondissent a I'exterieur, se precipitant aux alentours pour s'assurer du controle des points cles de I'aeroport, notamment des abords de la piste, du parking et de la petite tour de controle provisoire montee sur un systeme de ciseaux et installee la par la Monuc, la Mission des Nations unies au Congo. Aussi etonnant que cela puisse sembier puisque Bunia est bien loin de tout littoral maritime, les soldats en question sont des marins. Ils appartiennent au commando marine base aArta, en republique de Djibouti. Autrement dit, ce sont, eux aussi, des hommes du COS.
" L'ouverture de la porte ", ainsi que le COS aime a surnommer les operations d'entree de theatre, se deroule sans anicroche. Pas de reaction de la part des miliciens
pourtant bien visibles a proximite. L'effet de surprise a manifestement pleinement joue son role. Strictement franyaise et menee sous le commandement direct du COS par le colonel Rastou il , chef de corps du 1er RPIMa de Bayonne, I'operation " Mamba Noir " peut donc se poursuivre.
Chevauchee fantastique a Bunia Deux Transall et un autre C-130 arrivent
ainsi a Bunia le meme jour avec des elements du 1er RPIMa et quelques jeeps P4. Au soir du 6 juin, une centaine de soldats du COS ont deja pris position sur I'aeroport desormais securise. Les hommes du GFS (Groupement de forces speciales) s'installent pour la nuit, prets atout. Le lendemain et le surlendemain , le pont aerien se poursuit entre Entebbe, en Ouganda, et Bunia. Les avions franyais acheminent les premiers elements du GTIAM (Groupement tactique
interarmes multinational) de la force europeenne " Artemis " en charge de la securisation de Bunia. Le 8 juin au soir, on denombre deja sur place quelque 357 soldats franyais. Ainsi, parallelement au GFS, le GTIAM commence a prendre forme avec pour noyau une compagnie du 3e RIMa.
En ville, a la suite des combats intermilices qui ont fait une trentaine de morts (en sus des 400 comptabilises en mai) et seme a nouveau la panique au sein de la population civile reduite a une centaine de milliers de personnes sur 230 000 (Ie solde a fui ou a ete tue), le colonel Rastouil, le patron du GFS, decide, le 8 juin, de realiser une demonstration de force et, donc, de penetrer dans Bunia pourtant encore entierement aux mains des miliciens. C'est ainsi que, a bord de P4, une soixantaine de commandos du COS effectuent une premiere reconnaissance armee dans la capitale de la province congolaise. 11 faut imaginer ces soldats, s'engageant dans I'avenue principale et progressant precautionneusement, tous les sens en alerte, prets a tirer au Famas et a la mitrailleuse au moindre signe hostile, entre deux haies de 400 miliciens en armes, pour la plupart des adolescents, voire des gamins de douze ans, quasi incontrolables.
Malgre les risques et la disproportion des forces en presence, celte veritable chevauchee fantastique reussit. En effet, face a la determination des militaires franyais, les jeunes miliciens decident finalement de les
Ci-contre : les aeroports de Bunia et d'Entebbe se trouvant al 000 m d'altitude, les Transall, ici un appareil de 1'« Anjou », ne pouvaient emporter que 7 t maxi de fret (plus 5 t de carburant : 3,6 pour le trajet aller-retour et 1,4 en vue d'un eventuel deroutement vers I'aerodrome tanzanien de Mwanza, sur la rive meridionale du lac Victoria) contre 13 t pour les Hercules. Ce qui explique le recours quasi systematique aux C-130, notamment pour le transport des blindes (10 t environ pour un VAB).
laisser entrer en ville et mettre - provisoireme nt - un terme a leurs exactions sous les acclamations de joie de la population jusqu 'alors terrorisee.
Des Mirage 20000 tres mena{ants Entre-temps, le 4 juin, cinq Mirage 20000
de I'EC 3/3 et deux C-135FR ont quitte Istres pour rejoindre d'une seule traite I'aeroport tchadien de N'Ojamena, venant completer le dispositif deja present sur place et constitue de deux F1 CR et trois F1 Cl Oe la, equipes de leur nacelle de designation de cible POLCT-S et de bombes a guidage laser, les 20000 assurent, des les premiers jours de I' installation des forces europeennes a Bunia, une presence dissuasive au-dessus de la zone en effectuant de frequents survols au ras des toits de la ville. Le message est tres clair. Les chasseurs pourraient aisement frapper avec une extreme precision les milices, notamment leurs chefs - on
appelle cela des frappes de decapitation -, si jamais la situation a I'egard de nos troupes au sol devait se degrader.
A partir du 10 juin , le general fran<;ais Jean-Paul Thonier, commandant de theatre pour " Artemis " , prend le controle des operations interarmees. Oe son cote, le GFS continue, en etroite collaboration avec I'etatmajor d'" Artemis ", ses patrouilles et reconnaissances offensives dans un rayon d'une trentaine de kilometres autour de Bunia, contr ibuant ainsi a I'acquisition du renseignement.
Les jours suivants , la montee en puissance du dispositif " Artemis " se poursuit avec, notamment, le debarquement, les 12 et 13 juin , d'une deuxieme compagnie du 3" RIMa et de quatre blindes de combat ERC 90 Sagaie du 1"' regiment de hussards parachutistes (1 "' RHP) Les moyens disponibles se revelent des lors suffi sants pour pouvoir commencer a operer a I'exterieur de I'aeroport, partir a la recherche d'informa-
!; Ci-contre: dans les premiers ~ jours de I'arrivee a Bunia de la .g force « Artemis », au moment ~ Oll elle Mait le plus vulnerable, @ les frequents survols de la
ville au ras des toits par les Mirage 20000 dotes de pods POLCT-S et de bombes a guidage laser ont ind en iab lement marque les esprits de la population locale, et surtout des milices et de leurs chefs soucieux de possib les frappes de decapitation a leu r encontre au cas Oll des so ldats europeens auraient ete tues.
Au-dessous: les 20000 disposaient a N'Ojamena d'un petit stock de bombes a guidage laser. Le trio 20000/ POLCT-S/BGL a ainsi demontre avec un plein succes que la dissuasion, pour jouer, n'a pas besoin d'etre nucleaire.
tions, voire intervenir pour aider les populations locales, sans porter atteinte a la securite de la plate-forme.
Premiers accrochages Ainsi, le vendred i 13 juin 2003, les
Fran<;ais - une patrouille d'une cinquantaine d 'hommes du COS - realisent sans malleur premiere intervention dans un vi llage soidisant attaque par des miliciens lendus. 11
n'en va pas de meme le lendemain. La patrouille du GFS se fait , en effet, accrocher au mil ieu de la matinee, a six kilometres de Bunia, au cours d'une reconnaissance sur le vi llage de Oele. La colonne, forte de quinze vehicules tout terrain et d 'un ERC 90, tombe dans une veritable embuscade. Onze obus de mortiers encadrent les veh icules egaleme nt pris a partie par des ti rs de mitrailleuses et d'armes legeres. Les 70 soldats fran<;ais ripostent aussitot. Les echanges de tirs durent une bonne vingtaine de minutes. Assez vite, des Mirage 20000 survolent la zone des combats ; leur presence se revele dissuasive. Heureusement, aucune victime n'est recensee d'un cote comme de I'autre a I'issue de cet affrontement. Mais cela demontre bien que les milices tatent la determination des militaires fran<;ais .
Oeux jours plus tard , le 16 juin, une patrouille fran<;aise intervient a proximite du Iycee Chem-Chem a la suite de renseignements fournis par la population faisant etat de miliciens violant des enfants. Oe tres jeunes combattants hemas de I'UPC (Union des patriotes congolais) , a I'evidence ivres et drogues, prennent alors pour cibles les mil itaires. Lesquels ripostent aussit6t, faisant deux morts chez les agresseurs. Selon le colonel Oubois, porte-parole de la force " Artemis " : " Lorsque /'on nous tire dessus, nous ne procedons pas ades tirs d 'avertissement. Nous exigeons la liberte de
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Ci -dessus : I'armee de I'Air avait insta lle a Entebbe une station sol SAlM d' interpretation d'images permettant un traitement rapide des photos ramenees par les F1CR. Lutilisation des Mirage, de I'ATL 2 et
I'acquisition par le cas de renseignements humains ont suffi aux militaires europeens, malgre I'absence
de drones, a se faire une idee assez precise du dispositif des milices et de ses evolutions au fil des jours.
Ci-contre : la Mecanique du detachement CAS-Reco avait installe a Entebbe un abri provisoire permettant
d'assurer I'entretien courant de ses Fl CR.
circulation pour aller 18. ou nous voulons aller. "
Le message est c1air. Et entendu. Et comme les moyens d'" Artemis " continuent a s'etoffer (mi-juin, les effectifs deployes a Bunia atteignent les 500 hommes), le gene- .~
ral Thonier, commandant de theatre de la ~
force europeenne, peut se permettre, lors 1 de sa rencontre le 21 juin avec Thomas ~ Lubanga, le dirigeant de la milice UPC ~ hema qui contr61e Bunia, de lui fixer un ultimatum exigeant que plus aucun milicien arme ne soit visible a partir du 24 juin dans la vi lle.
Bunia enfin sous contr6/e Et le 24, le seu l pont a 30 km en amont
donnant acces au nord de la capitale de l'lturi est saisi par les hommes de la 2e compagnie du 3e RIMa qui tiennent ainsi un point strategique. Vehicules, pietons et cycl istes souhaitant entrer en vi lle sont desormais soumis au detecteur de metaux. A peine quelques jours auparavant, les snipers des milices s'amusaient encore a faire du tir au pigeon sur les civi ls traversant ce pont. Le 25 juin, c'est au tour du point d'entree sud de la ville de passer sous le contr61e des militaires frangais. Des lors, ces derniers commencent a patrouiller en vil le et les Sagaie font leur effet sur les miliciens.
Au fil des jours, le GTIAM prend de I'ampleur. Ainsi, debut jui llet, il atteint sa tai lle
42 AIR FAN
nominale d'un peu plus de 800 hommes, rassemblant un escadron mixte blinde du 1e, RHP (fort de huit ERC 90 et de quatre VBL d'investigation), deux compagnies d'infanterie du 3e RIMa (une trentaine de VAB, quatre VBL, des P4 et des camions), une section du 11 e RAMa (quatre mortiers de 120 mm), un detachement du genie de l'Air (vehicules specialises), une antenne chirurgicale et une autre de triage (une dizaine de blindes sanitaires Pandur belges), sans oublier divers moyens de soutien et de commandement (PC, transmissions, etc.).
Le 5 juillet, les soldats d'" Artemis " s'emparent du point d'acces nord-est de Bunia. Le 8, ils parviennent a maitriser une manifestation melant miliciens armes de I'UPC et civils. Le surlendemain, le general Thonier impose a Thomas Lubanga des conditions tres strictes sur les deplacements et I'armement de ses gardes du corps. Le 11 juillet, au cours de la prise de contr61e d'un camp de I'UPC, a Miala (nord-est de Bunia), un
echange de coups de feu fait encore trois morts chez les miliciens.
La determination sans fail le de la force eur9peenne est des lors parfaitement pergue par les dirigeants des milices. La situation se calme et la vie economique reprend petit a petit en vil le. Parallelement apparait tres rapidement le besoin d'une reconnaissan ce photo aerienne pour cartographier Bunia et ses environs, mais aussi acquerir un renseignement completant celui, forceme nt parcellaire, recueilli par les forces speciales au sol.
Bien loin de N'Djamena Les deux F1CR du 1/33 " Belfort "
deployes, comme les 20000, a N'Ojamena operent donc des la mi-juin au-dessus de la capitale de l'lturi. Toutefois , I'aeroport tchadien etant situe a 2 000 km de Bunia, ces missions (I'equivalent de raids aeriens qui seraient menes sur Istanbul depuis Nancy)
s'averent lourdes a organiser, notamment pour les rencontres avec les tankers qui exigent une navigation et un timing d 'une extreme precision. Elles sont aussi tres fatigantes pour les equipages, car excessiveme nt longues. Ainsi, afin d'assurer une presen ce sur zone de moins de deux heu res, les 20000 doivent-ils rester en I'air pendant sept heu res. Oe leur cote , les F1 CR doivent tenir I'air cinq heures pour moins de 45 mn de vol au-dessus de Bunia. Et tous ont besoin de ravitail ler plusieurs fois lors de la mission. Quatre C-135FR, deux bases a N'Ojamena et deux a libreville (Gabon), jouent ainsi les bons samaritains ou, plus prosa·iquement, les stations-service. Tout cela s'avere donc complexe a coordonner et bien coOteux en heures de vol. Ainsi , pour accomplir les 70 sorties qui leur seront creditees au cours d '" Artemis " , les cinq 20000 vont devoir accumuler en trente jours, jusqu 'au 6 juillet, pas moins de 362 h de vol. Quant aux quatre tankers concernes, c'est un total de 665 h de vol qu 'ils vont pa- .~
rallelement effectuer en 115 sorties. u; ~ Si cet effort s'avere acceptable de fac;;onö E ponctuelle , il devient neanmoins excessif «
lorsque I'action s'inscrit dans la duree, ~ Oebut juillet, le dispositif est donc modifie. Trois des cinq 20000 rentrent en France, les deux autres restant en reserve a N'Ojamena avec les trois F1 CT de Colmar. les deux F1 CR sont, eux, renforces par deux appareils du 2/33 " Savoie " en provenance de Reims et s'installent les 7 et 8 juillet sur I'aeroport d'Entebbe (precedes le 2 juillet par la Mecanique et le soutien technique correspondant, soit 70 tonnes de materiels et d'equipements, dont une station SAlM d'interpretation d 'images). Ils y resteront jusqu 'a la mi-septembre. Des lors, I'emploi des Mirage de reconnaissance se revele plus efficace. Sur alerte, il ne leur faut plus que 45 mn a peine pour rejoindre Bunia. le temps de presence sur zone est egalement legerement accru , tandis que la duree des
missions passe de cinq heures precedemment a moins de deux. Par ailleurs, le potentiel des quatre appareils est consomme plus lentement et les six pilotes se fatiguent moins. le maintien a Entebbe d'un Transall ravitailleur leur permet, en outre, de tenir I'air plus longtemps soit sur zone soit dans I'attente de meilleures conditions meteo sur Entebbe. Globalement, tout au long d'" Artemis ", c 'est-a-dire jusqu 'au retrait a la miseptembre du dispositif deploye en Ouganda, ce C 160 aura realise quarante sorties de ravitaillement au profit des F1CR ; quelque 210 t de carburant eta nt ainsi distribuees en vol.
Un ATl 2 de la Marine se trouve egalement base a Entebbe depuis le 26 juin Mis en ceuvre par une vingtaine de marins, il realise de nuit comme de jour des missions de surveillance, et surtout d'interception d'echanges radio. Grace a sa tres grande autonomie, il peut rester jusqu'a quatre
heu res sur zone. Ce qui en fait un excellent relais de transmissions et un PC volant de coordination des activites aeroterrestres pour le guidage des Mirage lors des missions d 'appui feu.
Au-dela de leur fonction quotidienne de reconnaissance (jusqu'a quatre sorties quotidiennes), les F1 CR assurent egalement, avec leur unique canon de 30 mm, un role d'appui aerien rapproche (CAS) au profit des troupes stationnees a Bunia. En fait, des que le GFS conduit une patrouille de reconnaissance armee ou qu'un avion de transport tactique se dirige sur la ville, un ou deux F1 CR sont pi aces en alerte au sol, prets a decol ler pour assurer le CAS. O'ailleurs, les equipes du GFS comptent toujours un TACP, a savoir un homme des commandos parachutistes de l'Air (CPA 10), forme pour garder le contact direct avec les avions reco et les guider sur d'eventuelles cibles, ainsi qu'un pilote de chasse. Ce der-
Ci-dessus: les Atlantique se reve lent en terres africaines tout aussi indispensables que les Atlantic d'antan. l.'ATL 2 deploye ä Entebbe a ete tres apprecie de tous du fait de ses moyens d'interception radio, de localisation, de gestion de I'appui feu et de survei llanc e, et de sa duree de presence sur zone restee inegalee par les autres moyens aeriens eng ag es sur le theatre des operations.
Ci-contre : quatre C-135FR ont participe ä « Artemis» : deux ä
: partir de N'Ojamena et deux ~ depuis Libreville (Gabon). Le ~ dispositif permettait d'assurer ~ aux 20000 operant ä partir de :5 N'Ojamena la garantie de trou@ ver un tanker pour ravitailler.
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nier, integre dans la patrouille des forces speciales, consei lle le TACP pour I'ut ili sation des F1 CR en appui feu. Et, c'est vrai, les mi liciens sont impressionnes par I'intervention des chasseurs en radada, qui n'auront jamais a fai re usage de leur canon.
Les helicos s'installent a Bunia Depuis la mi-juin, le general Thonier a aussi a sa disposition ,
sur I'aeroport de Bunia, un duo de Gazelle canon de l'Alat armees par des equipages detaches du 5e RHC de Pau. Ces deux machines etant sur place, elles profitent d'un delai de reaction tres court et peuvent assurer I'eclairage de la patrouille ou sa couverture ades endroits apriori propices ades embuscades. Leur canon de 20 mm, d'une grande precision, constitue une arme particulierement indiquee en cas d'affrontements Oll les combattants des deux bords sont tres imbriques. Ce qui s'avere moins ai se pour les F1 CR dont I'emploi du canon n'intervient que pour des cibles eloignees d'au moins 400 m des troupes amies au sol.
Egalement presents depuis la mi-juin, d'abord a Entebbe, puis a Bunia a partir du debut juillet, deux Puma Resco du 1/67 « Pyrenees " de Cazaux en charge de la recuperation - eventuellement de vive force - de tout equipage ami en perdition. Ces deux machines blindees, armees et dotees de moyens d'autoprotection efficaces, sont mises en oeuvre par un detachement commande par un marin et qui rassemble 42 personnes, dont trois equipages complets de huit hommes (deux pilotes, un mecanicien embarque responsable des turbines, de I'aide a la navigation , de I'emploi du detecteur d'arrivee missile Oamien et des lance-Ieurres, un chef de soute s'occupant de I'helitreuillage, un plongeur sauveteur servant d'arme et trois paras des CPA 20 et 30).
Une Resco type s'effectue a deux Puma, I'un assurant la conduite de la mission proprement dite et I'autre la navigation. Parvenu au-dessus de la zone de recuperation, le leader
Ci-dessous : initialement bases a Entebbe, les deux Puma Reseo de I'armee de l'Air ont rejoint Bunia des I'extension par le Genie de I'helistation loeale. Prevu pour reeuperer tout equipage ayant a abandonner son avion, le duo s'est surtout essaye a la proteetion des Oryx et au soutien des hommes du COS .
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Ci-contre : les Puma Resco sont lourdement blindes,
armes d'une mitrailleuse de 12,7 mm tirant en sabord et
d'un ensemble complet d'autoprotection. En operations,
ils fonctionnent en duo: I'un assurant la protection rappro-
chee de I'autre pendant la depose DU la recuperation
des commandos et/ou de I'equipage ejecte.
Ci-dessous: Pretoria avait attribue ä « Artemis " deux
Oryx. 11 s'agit de Puma remotorises avec des turbines Makila, celles-Ia memes qui equipent les Cougar.
Autrement dit, les Oryx, qui n'emportaient aucun arme
ment ni blindage, beneticiaient d'une reserve de puissance qui, en ces zones mon
tagneuses, aurait certaine-ment ete fort appreciee des equipages des Puma Resco.
Neanmoins, ils se sont limites au transport de VIP.
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embarque I'equipage en perdition tand is que le second le couvre avec son arme de sabord. Au cours d' " Artemis ", une seule sortie· Resco aura ete realisee, sans succes d'ailleurs, au profit du pilote" caucasien " d'un MiG-21 ougandais crashe dans le lac Victoria, tout proche d'Entebbe.
En fait, le gros de I'activite de ces deux Puma aura surtout consiste dans I'accompagnement des deux Oryx sud-africains (Puma surmotorises avec des turbines Makila de Cougar, mais non blindes et non armes), bases respectivement a Entebbe et a Bunia, et utilises pour le transport de personnalites. Ils ont aussi beau coup ceuvre pour le compte des forces speciales du GFS (infiltration/exfiltration de commandos
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de ses infrastructures tres modestes et rustiques, est loin d'etre optimal pour recevoir les avions du GTO (groupe de transport operationnel) en provenance d'Entebbe, affectes au pont aerien. Ainsi , comme le raconte le lieutenant-colonel Luc de Rancourt, commandant le GTO, " il a fallu partager la plate-forme de Bunia avee les gros porteurs des Nations unies [qui assuraient paralielement la montee en puissance de la force locale de Casques bleus, la Monuc 11], mais aussi .avee les Antonov An-12 affeetes au World Food Program et les appareils plus
. ' ~ legers des diverses ONG travaillant sur ~ plaee. " Toujours selon le chef du GTO, ~ " avee trois avions sur le parking, /'arrivee
. ~ -, ~ d 'un quatrieme . aurait bloque /'usage de
a la recherche de renseignements , eclairage et couverture de patrouilles terrestres, etc), realisant au total quelque 95 sorties durant " Artemis ", soit 131 heures de vol.
Afin de gerer I'activite aerienne tactique au-dessus de Bunia, et central iser I'appui aux forces terrestres , un petit centre de coordination des operations aeriennes, fort de quatre pilotes dotes' de postes UHF et VHF les rel iant aux avions et au PC avance, sera mis en place sur I'aeroport.
Un aeroport apartager Simultanement se pour~u it un autre com
bat, quotidien celui-Ia. En effet, I'aeroport de Bunia, terme plutöt grandi loquent en regard
/'aeroport. Je me suis done entendu avee les responsables de la Monue ' pour ne jamais y faire stationner plus d 'un de mes C-130 ou C 160, eelle-ei s'engageant de son eote a en faire autant. Ce qui laiSsait un ereneau pour un appareil du World Food Program ou des ONG. Pour une meilleure eoordination, j'ai egalement mis en plaee un offieier de liaison aupres de /'etat-major de la Monuea Kinshasa, d 'ou deeollaient les avions de.)'Onu "
En plus de la contrainte du parking, il ya celle de la piste dont le revetement et I'assise ne correspondent pas vraiment aux standards usuels. Incapable d'accepter les gros porteurs, elle se deteriore tres vite, se craquelle et se plisse. Ce qui peut se reveler dangereux pour les pneus. En outre, I'insuffisante capacite de transport des Transall
oblige tres vite le GTO a se recentrer sur les Hereules qui abTment encore davantage le revetement, notamment a I'endroit de I'impact a I'atterrissage ou lors des virages au sol a pleine charge.
(
Refaire la piste chaque nuit Dans un premier temps, I'activite aerienne
totale de I'aeroport est limitee a douze rotations quotidiennes. Puis, decision est prise d'acheminer des moyens du genie de l'Air afin d'entreprendre la refection de la piste. Des le 8 juin, cinq specialistes debarquent a Bunia pour estimer son etat et prevoir les equipements necessaires aux travaux. Ensu ite, un detachement de 23 sapeurs, venus des bases aeriennes d'Avord et de Metz avec leurs materiels, est expedie sur place. 11 est pleinement operationnel le 23 juin.
Des lors, chaque nuit, car il ne faut pas e. interrompre I'activite aerienne diurne, les ~ sapeurs franc;ais , aides par une vingtaine ~ d'ouvriers locaux embauches par l'Onu, se ~
@
Ci-contre : le GTD assurant le pont aerien entre Entebbe et Bunia a profite de la presence de deux C-130 Hereules bresiliens et d'un autre detachement similaire ca nadien. Bien que non membres de I'Otan, les Bresiliens se sont parfaitement integres au pont aerien, les procedures etant, en fait, tres proches. En outre, un membre du GTO fran~ais parlait le portugais ...
Ci-dessous: la Monuc des Nations unies est restee a Bunia tout au long de I'operation « Artemis ». Son objectif consistait a permettre un accroissement significatif de la force de Casques bleus deployee a Bunia et dans ses alentours. Elle disposait, entre autres, d'un Mi-26 (notre photo) ainsi que de deux Mi-25 Hind indiens.
lancent avec ardeur dans la refection des tron<;:ons de piste les plus endommages (reperes lors de la visite d'inspection journaliere) , a la lumiere de puissantes lampes halogenes, essuyant plusieurs tirs de sn ipers qui les obligent a porter le Famas tout en travaillant. Faute de beton et d'enrobe, ils comblent les trous avec des ma!8riaux 10-caux, voire de la resine pour les petites surfaces. Cela dit, il ne s'agit pas de remettre la piste a neuf, mais simplement de la rafistoler afin de permettre au pont aerien de se poursuivre. D'ailleurs, ce sont bien souvent les memes portions qu'il faut reparer plu-
Ci-contre : mise a mal par les trains monotraces .~ des pesants Hercules, la piste de Bunia etait repa~ ree toutes les nuits. Le travail devait se faire en ~ I'absence de materiaux (asphalte notamment) et '0 ~ alors que des miliciens s'amusaient a tirer sur u les equipes du Genie. Les sapeurs devaient @ donc travailler avec leur Famas sur le dos !
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sieurs jours de suite. Un vrai travail de Sisyphe.
Au total, le genie de l'Air, epaule Ei partir de la mi-juillet par seize sapeurs britanniques (Iesquels ameneront sur place, Ei bord d'un C-130 de la RAF, un gros vehicule specialise de 16 t) , va ainsi assurer la remise en etat de 680 m' de piste, mais aussi creer une plate-forme de 2 100 m' pour les helicopteres, construire une extension de parking de 7 600 m' et effectuer I'amenagement de la zone vie.
Une infrastructure rustique S'agissant du controle aerien local , il est
confie des le depart Ei deux controleurs de I'armee de l'Air venus de la BA 112 de Reims, qui se relaient de 7 h 30 Ei parfois minuit ou une heure du matin lors des pics d'activite. Dans les premiers jours, ils operent avec des equipements rudimentaires et
en subissant bourrasques de vent et de terre , perches sur un mirador servant egaleme nt aux commandos parachutistes de I'air pour assurer la surveillance et la protection du parking. Jusqu'alors confines Ei la gestion du trafic du GTO, ils reprennent Ei leur compte le trafic civil Ei partir du 16 juin . Puis, en recuperant le 8 jui llet la petite mais effi cace tour de controle de l'Onu (montee sur un mat extensible Ei ciseaux), ils se retrouvent en charge de I'ensemble des mouvements de I'aeroport, y compris ceux des
Au-dessus: vision d'ensemble des installations aeroportua ires plutöt rustiques de la plate-forme
de Bunia. On aper~oit la tour sur ciseaux
avions des Nations unies. Du fait de la rusticite des lieux et des equipements, du stress et de la fatigue qui en decoulent, les controleurs effectuent des sejours limites Ei quatre journees · consecutives avant de rentrer Ei Entebbe Oll leur travai l consiste alors en un role de consei l et de liaison aupres des controleurs ougandais. Les deux equipes alternent ainsi leurs sejours Ei Bunia et Ei Entebbe.
Quant aux infrastructures d'approche et de piste, el les sont reduites Ei un balisage Miskit (Mini-operating standard kit) beige, pratique quoique sommaire, et Ei une remorque de feux " Papi " stationnee sur le cote gauche de la piste. Ce systeme permet d 'indiquer au pilote s'il arrive trop long (quatre lampes blanches), trop court (quatre rouges) ou comme il faut (deux blanches et deux rouges). Les equipages des avions de transport beneficient aussi d'un balisage SAT en bord de piste, generant un echo
appartenant a l'Onu. .~ t;:;;;==~~~~.",
Ci-contre : la montee en puissance de la Monuc 1 a genere, parallelement a « Artemis », un intense E
trafic aerien que les responsables du GTO :; europeen ont dG prendre en compte. @
radar sur I'ecran du pilote qui voit ainsi s'il se trouve ou non dans I'axe. L'ensemble est rustique, certes, mais off re le minimum indispensable pour garantir la securite des atterrissages.
Des le 15 juin, le cap des 1 000 t de fret acheminees sur Bunia est franch i. Et, Ei la fin du pont aerien, le 13 juillet, ce sont quelque 252 rotations d'avions de transport tactique qui ont ete effectuees depuis Entebbe, rotations ayant permis I'envoi sur place de pres de 2 000 t de fret et de 1 800 militaires. Par la suite, et jusqu'au 1" aoOI, date de demarrage du desengagemenl, le rythme se reduit Ei un simple flux d'entretien (ravitai llement en nourriture, eau et rechanges) de la force" Artemis " . Ce qui permet de relacher un peu la pression sur les equipages de transport et les mecaniciens detaches EI Entebbe.
Bunia est securisee Parallelement, le GFS se transforme. La
cinquantaine d'hommes du commando marine present au debut de I'operation quitte la scene, remplacee nombre pour nombre par des commandos parachutistes de I'air (CPA 20 et 30) constituant une cellule Rapace. Une bonne partie de ces derniers demeure Ei Entebbe afin de securiser les installations de la base de soutien EI vocation interarmees (BSVIA) ou participer aux operations Resco.
Quant aux hommes du 1e, RPIMa, ils sont rejoints EI la mi-juillet, EI Bunia, par 80 soldats des forces speciales suedoises. Un renfort nordique apriori inattendu en ces lieux, mais neanmoins fort apprecie du colonel Rastouil (commandant du GFS), notamment du fait de leur professionnalisme et de la richesse de leurs equipements. Le GFS dispose ainsi d'un contingent de pres de 180 mi litaires hautement entraines qui, jusqu'EI la
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fin de la presence europeenne, va assurer la securite de la BSVIA d'Entebbe (une vingtaine d 'hommes) et continuer ses patrouilles autour de Bunia et ses reconnaissan ces offensives visant a acquerir du renseignement humain (Humint). Tout en constituant une force de reaction rapide au profit du general Thonier.
De son cote, le GTIAM poursuit la securisation de Bunia en controlant ses points d'entree et en realisant, de nuit comme de jour, a pied ou avec des vehicules, des patrouilles incessantes dans ses rues. En fait , la determination des soldats et du commandement d'" Artemis " , I'importance des moyens mis en ceuvre, font que les incidents deviennent rares. Les miliciens abandonnent la ville et ses alentours aux militaires europeens. Le 16 aoOt, les Franc;ais transferent meme la responsabilite d'un point de controle a I'entree de Bunia aux Casques bleus de la Monuc. Quant a I'omnipresence des avions de combat de I'armee de l'Air, elle a pour effet de reduire a presque rien I'activite jusqu 'alors incessante de petits appareils utilitaires qui acheminaient depuis .~ les pays voisins des armes et des munitions ~ aux milices locales. o
E
L'Europe quitte Bunia Le desengagement de la force " Arte
mis " va donc pouvoir debuter. D'autant que, des le 11 juillet, ont commence a debarquer les premiers elements de Casques bleus bangladeshis destines a renforcer les 700 Uruguayens toujours en place a Bunia. Car, a terme, debut septembre, les effectifs de la brigade Ituri de la Monuc 2 devraient atteindre les 3 800 hommes (principalement des Pakistanais et des Bangladeshis), avec
Au-dessus : I'un des deux Hereules de la RAF. Chaque
force aeri enne off ra nt ses speeifi eites, le Lei de Raneourt,
responsa ble du GTO franvais ä Entebbe, a done dO en tenir
eompte. Ainsi, par exemple, a-t-il dee ide que tous les eq uipages de C-130, quelle que soit
leur nationalite, ea lqueraient leur methode de ca leu I pour les temps de repos sur eelle
des Britanniques, ä savoir un jour de repos par semaine. Exeeption faite des Belges
qui benetieiaient d'un jour de re pos pour einq d'aetivite.
Ci-eontre : ä quelques repri ses, le parking « Artemis », sur I'ae
roport d'Entebbe, vit passer des « oiseaux » peu eoutumiers de teiles latitudes. le i,
un Hereules suedois qui servit .0;
ä aeheminer su r plaee le deta- ~ ehement des forees speeiales ~
attribue ä I'operation par ·0
Stockholm. ~ u @
50 AIR FAN
« u @
meme en sus deux helicopteres d'attaque Mi-25 Hind indiens.
Ainsi , le 1"' aoOI, parallelement a la montee en puissance de la brigade Ituri , debute le po nt aerien visant a reacheminer de Bunia a Entebbe I'ensemble des vehicules, materiels, equ ipements divers et militaires europeens. Dans un premier temps, il s'agit essentiellement de rapatrier le fret non prioritaire, puis, le 1er septembre, c'est au tour des vehicules et du personnel. En cours de reduction de format, " Artemis " entre alors dans une phase de vulnerabi lite. C'est pourquoi il est demande au GTO de consentir un effort supplementaire. Ainsi, d'une moyenne de sept rotations par jour en aoOt, le rythme passe a quatorze les 3 et 4 septembre. La plupart des avions effectuent trois rotations quotid iennes. Le 3 septembre, le C-1 30 britannique en realise meme quatre. Ainsi le pont aerien Bunia-Entebbe de desengagement d'" Artemis " peut-il se conclure des le 6 septembre au soir, soit une huitaine de jours avant la date initialement fixee. 11 aura
necessite pas moins de 221 rotations (450 heures de vol) pour rapatrier 1 500 passagers et 1 800 t de freI. 11 reste alors a organiser le desengagement d'Entebbe. Lequel s'etalera du 24 aoOt au 25 septembre.
L'Europe, acteur militaire autonome En definitive, quelles lec;ons peut-on tirer
de I'operation " Artemis" ? Tout d'abord , et c'est certainement le plus important, que l'Union europeenne est pour la premiere fois intervenue militairement hors de son espace geographique naturei , parvenant a projeter une force mecanisee particulierement credible a 6 500 km de distance de maniere totalement autonome, sans avoir a s'appuyer sur des moyens americains. C'est le succes de la formule de la nation-cadre qui prevoit que certains pays membres de I'UE pu issent, en I'absence d'etat-major operationnel europeen permanent du type du Shape otanien, initier une intervention militaire et la souteni r en fournissant par
exemple des moyens de commandement et de transmissions, auxquels peuvent venir s'agreger des contingents de forces venus d'autres pays. Et celte intervention , parfaitement cadree dans le temps et dans ses objectifs, s'est revelee un indeniable succes en permeltant de pacifier la capitale de l'lturi durant la montee en puissance de la force de Casques bleus. 11 n'y a eu aucun debordement, ni enlisement. Pas de pertes cote europeen et tres peu chez les miliciens.
A I'echelle de la region des Grands Lacs, I'image de I'UE - et il faut bien le reconnaitre de la France - en sort etonnamment renforcee. Un autre enseignement tient a la reactivite, dont d'aucuns doutaient, de la chaine de commandement politico-militaire europeenne dans laquelle s'inscrivait I'operation " Artemis ", et qui , malgre ses indeniables faiblesses, a fonctionne sans a-coups et avec une bien plus grande celerite et effica-
Ci-dessous: le Transall, ici le tanker fran~ais base a Entebbe, ne souffre pas des travers du
C-130. En revanche, il emporte une charge marchande nettement moindre. A noter que les
C 160NG ravitailleurs en vol presentent une tres mauvaise visibilite vers I'arriere. Contrairement ace
qui se passe avec les C-135FR, qui disposent dans la queue du fuselage d'un specia liste surveillant
I'operation de ravitaillement en vol, I'equipage du Transall, quasi aveugle, doit se contenter d'un
simple periscope dirige vers I'arriere.
cite que ne le croyaient possible nombre d'observateurs. La France, en initiant I'intervention, puis en s'acquiltant avec competence de son role de nation-cadre, a donc parfaitement demontre I'effet multiplicateur que peut jouer I'UE au profit des puissances moyennes europeennes sur la scene internationale.
L'UE sort egalement gagnante de celte operation realisee dans une totale transparence, avec ses seuls moyens et dans la plus totale legalite onusienne. Malgre ses actuelles limitations structurelles, elle s'affiche desormais comme un acteur militaire credible sur la scene mondiale. Encore bien modeste, certes , mais promelteur. Les autres Etats membres ne s'y sont pas trompes qui, deja, envisagent d'aller plus loin , notamment dans la gestion commune des moyens de transport aeriens militaires. L'actuelle EACC (European Airlift Coordination Cell) d'Eindhoven, qui permet aux forces aeriennes de la France, de l'Allemagne, du Royaume-Uni, de l'ltalie, de l'Espagne, des Pays-Bas et de la Belgique d'optimiser les trajets de leurs tankers et de leurs avions de transport en s'echangeant des capacites d'emport de fret ou de carburant, pourrait ainsi prendre davantage d'ampleur. Aujourd'hui a I'etude, une hypothese verrait I'EACC se muer - peut-etre des I'ete prochain - en un European Airlift Center
e-~ Ci-contre: ce C-130 beige '0 souligne les deux grands ~ defauts du Hereules par u rapport au Transall. A savoir @ le train principal monotrace
de part et d'autre du fuselage avec des raues equipees de pneus haute pression, ce qui n'est pas I'ideal pour I'emploi a partir de pistes somma ires ; et I'etrang lement de la soute au niveau des nacelles du train principal, etranglement qui reduit a cet endrait la largeur disponible avec des consequences indeniables pour certains frets vo lumineux.
aux objectifs neltement plus ambitieux. A terme, la formation et I'entrainement des equipages, sans oublier la logistique, pourraient meme etre europeanises par parcs d'avions : A400M , C-130 Hercules, Transall, CN 235 ...
Enfin, s'agissant du futur A400M, " Artemis " a demontre plus que jamais sa necessite. Toutefois , et les operationnels en conviennent, son arrivee permeltra certes de doper les capacites de transport tactique et operatif, mais elle n'apportera toujours pas une veritable solution au besoin de transport strategique. Autrement dit, pour celte intervention en Ituri, la chance a voulu que les An-124 soient disponibles. Mais cela aurait pu ne pas etre le cas. L'UE aurait alors ete bien en peine, meme avec des A400M (Iesquels transportent quatre fois moins de fret qu'un An-124) , de realiser aussi rapidement une teile mise en place a grande distance. 11 est encore trop tot pour en parler, de crainte que cela puisse causer du tort au programme A400M a peine lance, mais il est quasi certain que I'UE - voire la France a I'egal du Royaume-Uni avec ses quatre C-17 - devra a moyen terme envisager de se doter en propre d'une capacite de transport aerien strategique. Et cela pourrait passer par I'acquisition d'un lot de Globemaster 111 ... 0
Jean-Louis PROME